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22 mai 2025
Par Nioxor TINE
L’HEURE DE L’ALTERNATIVE A SONNE !
Il faut se rendre à l’évidence ! Autrefois présenté comme un havre de démocratie et de paix, notre pays est en train de se transformer en dictature, devant l’indifférence générale de la communauté internationale
Autrefois présenté comme un havre de démocratie et de paix, notre pays est en train de se transformer en dictature, devant l’indifférence générale de la communauté internationale, la même, qui détourne le regard, quand l’armée israélienne pilonne les modestes demeures palestiniennes de Gaza.
Autre similitude avec l’oppression israélienne sur les territoires arabes occupés depuis 1948, le métier d’opposant est devenu périlleux en terre sénégalaise, où il est assimilé à une entreprise séditieuse, de la même façon que la lutte palestinienne est confondue à du terrorisme par l’Etat colonial, intolérant et raciste d’Israël et ses soutiens (ou complices) occidentaux.
Enfin, prenant prétexte des émeutes du 1er juin 2023 déclenchées par le verdict arbitraire de corruption de la jeunesse pris à l’encontre d’Ousmane Sonko, les autorités de notre pays renversant la devise de l’UCAD, Lux mea lex, ont choisi l’obscurantisme, c’est-à-dire de saboter l’enseignement dans nos Universités, sous prétexte de risques sécuritaires.
Dans cet ordre d’idées et devant le refus persistant des autorités d’ouvrir des enquêtes judiciaires, il ne serait pas superflu de s’interroger sur l’identité des casseurs ayant opéré à l’UCAD, et plus particulièrement de questionner les fausses accusations d’incinération de livres portées contre l’Opposition !
En effet, le bon sens voudrait, que ceux qui instrumentalisent des secteurs de la Justice et du Ministère de l’Intérieur pour emprisonner des centaines de militants politiques soient les mêmes, qui ferment les Universités et orchestrent des autodafés de livres, comme naguère Goebbels, sous le troisième Reich.
En réalité, le régime du Benno Bokk Yakaar, qui considère le campus comme un foyer de contestation par excellence, a pris la mauvaise habitude de fermer l’UCAD, chaque fois qu’il planifie des coups fourrés.
Ce fut le cas lors de l’arrestation, le 28 juillet dernier, du président Ousmane Sonko. Il s’agit, cette fois d’évincer, de la prochaine compétition électorale, en usant de procédures judiciaires ou du parrainage piégé, tous les candidats représentant une menace pour l’impossible victoire de leur camp.
Pour preuve, la manière cavalière dont le processus électoral est géré par le président sortant et ses acolytes du « Benno éparpillé », qui laisse augurer de lendemains incertains dans notre pays.
Devant le silence assourdissant et désapprobateur d’une opinion publique désabusée, les politiciens du Benno, qui semblent être venus d’une autre planète, se croient tout permis.
De fait, les prisons sénégalaises sont remplies à ras-bord de plus d’un millier de détenus politiques n’ayant fait qu’user de leurs droits constitutionnels d’expression, de manifestation et de résistance.
La déliquescence de nos institutions a atteint un tel niveau, que les acteurs politiques sérieux devraient d’abord se préoccuper de la sauvegarde de l’Etat de droit et de la Démocratie avant la tenue d’élections, qui de surcroît portent les germes d’une désintégration du tissu national.
En effet, la récente posture de la Direction Générale des Elections, qui prétend pouvoir invalider une candidature, rôle dévolu au Conseil constitutionnel, éclaire d’un jour nouveau, les obscurs desseins d’un régime cherchant, coûte que coûte à éliminer ses adversaires les plus sérieux.
Jusque-là, le pouvoir apériste s’arrangeait, en usant, en amont, de divers procédés frauduleux, coercitifs ou corruptifs pour instrumentaliser l’administration territoriale ou la magistrature et leur faire prendre des décisions arbitraires ou rendre des jugements illégaux revêtus du sceau trompeur de l’impartialité.
Avec ce refus flagrant et manifeste d’appliquer une décision de justice, la personnalité centrale en charge de l’organisation des prochaines élections présidentielles, vient de franchir une nouvelle étape dans le coup d’Etat électoral en gestation.
En outre, il installe un profond malaise, qui accentue le déficit de confiance au sein de la classe politique, qui a atteint la côte d’alerte. Pire, l’incapacité des partis d’opposition, à faire solidairement front contre cette stratégie du fait accompli du pouvoir, conduit à l’exacerbation des contradictions en leur sein.
Il y a, d’un côté, les forces modérées acquises au principe de la pérennisation d’un système prétendument républicain, ayant participé au pseudo-dialogue national et de l’autre des forces dites radicales prônant la rupture avec la soumission servile aux puissances étrangères et la gabegie ambiante depuis plus de 60 ans.
Il faut prendre en compte le fait que le contexte sous-régional et la géopolitique internationale (BRICS, Ukraine) militent pour des politiques de rupture d’avec le système obsolète de domination du monde par les puissances occidentales et pour des partenariats mutuellement avantageux.
La pléthore de candidatures observée, que certains considèrent, à tort, comme un signe de vitalité démocratique, outre qu’elle justifie et/ou réhabilite la loi scélérate sur le parrainage, risque de brouiller les cartes au profit exclusif du régime du Yakaar désenchanté.
Les nouveaux leaders de la scène politique commettraient une erreur fatale en jouant la carte de la neutralité dans la confrontation entre le régime de Benno Bokk Yakaar profondément inféodé aux intérêts de l’impérialisme occidental et les nouvelles forces politiques, qui sont en train de payer un lourd tribut pour leur engagement patriotique.
Ignorer cette évidence conduira soit à l’installation d’un pouvoir autocratique à la congolaise ou à l’avènement d’un nouveau régime ayant certes des desseins progressistes, mais qui aura des difficultés à les matérialiser, faute d’une base sociale suffisamment large.
Un vaste front pour le rétablissement de l’Etat de droit, l’organisation d’élections transparentes, régulières et inclusives doit être mis sur pied. A défaut, notre pays risque d’être plongé dans le chaos.
Les jeunesses africaines, font, d’ores et déjà, sous nos yeux et quotidiennement, à travers l’émigration clandestine, la démonstration qu’elles sont prêts à tous les sacrifices, pour s’extirper de l’enfer néocolonial.
Elles n’accepteront pas les combines de la vieille classe politique, sous quelque modalité que ce soit, pour perpétuer le système de domination françafricain. Ils ne veulent ni de restauration d’ordres anciens ni de nouvelle alternance trompeuse, car l’’heure de l’alternative a sonné.
LES INSTITUTIONS COMPTENT PLUS QUE LE CONFORT ET LES CALCULS POLITIQUES
Gilles Yabi, fondateur du Think-Thank citoyen de l’Afrique de l’ouest Wathi - L’élite universitaire nationale peut jouer un rôle déterminant dans l’orientation de notre pays vers un avenir prospère et équitable.
Le think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest WATHI, basé à Dakar, a organisé une table ronde sur le thème « les points de vue des enseignants chercheurs sur les priorités nationales avant l’élection présidentielle au Sénégal ». Cette rencontre du projet de WATHI avait pour but de donner la parole à une vingtaine d’enseignants chercheurs d’universités publiques de notre pays afin qu’ils s’expriment sur les priorités nationales en matière de réformes institutionnelles, de politiques économiques, éducatives, sociales, culturelles, environnementales pour les 5 prochaines années.
L’élite universitaire nationale peut jouer un rôle déterminant dans l’orientation de notre pays vers un avenir prospère et équitable. C’est en tout cas la forte conviction ressortie d’une table ronde qui s’est tenue à Dakar visant à contribuer à la création d’un espace pour un débat constructif sur ce que devraient être les priorités et les orientations de l’action publique. « Depuis le lancement de WATHI dans l’espace Ouest Africain, nous œuvrons à améliorer les conditions de vie des populations de la région et cela ne peut se faire qu’en organisant des débats publics de qualité mais aussi en mettant l’accent sur les savoirs, les connaissances, en les partageant le plus possible. L’objectif de ce projet est de se dire que lorsqu’on est en élection présidentielle, on ne devrait pas seulement discuter des conditions des élections », a expliqué Gilles Yabi, le fondateur du think tank citoyen de l’Afrique de l’Ouest WATHI. Selon lui, une élection présidentielle ce n’est pas seulement une compétition pour le pouvoir mais aussi des confrontations d’idées et de propositions. « Quand il y a une élection en Afrique de l’Ouest, à Wathi, nous remettons toujours un dossier sur le pays pour mettre l’accent sur la situation dans le pays, sur les candidats et leurs propositions. Notre mission générale est d’alimenter le débat public en idées. Et de faire en sorte que, dans ce contexte où on a beaucoup de polarisation et de disputes, on n’oublie pas le plus important pour les populations dans les politiques de santé, d’éducation et aussi en matière de changements à faire sur le plan de la gouvernance… pour améliorer les conditions de vie des populations », a ajouté le directeur exécutif de WATHI.
Selon Gilles Yabi, son think tank a choisi de mettre en avant le rôle spécifique et particulièrement important des enseignants chercheurs. Parce que, a-t-il expliqué, ce sont eux qui forment les élites futures du Sénégal et ce sont aussi eux qui sont censés produire de la connaissance, des savoirs et de les mettre au service du public.
« Il faut faire très attention à la constitution du Sénégal par rapport à la tenue de l’élection »
« Donner la parole aux enseignants c’est dire aux gouvernants politiques combien c’est extrêmement important que les politiques publiques s’inspirent des travaux des chercheurs », a indiqué Gilles Yabi. Lors de la table ronde, des enseignants chercheurs ont proposé des réformes précises sur les plans intentionnel, de l’éducation, de la santé, du cadre de vie, de l’environnement, de l’énergie etc. L’objectif est que ces messages des enseignants-chercheurs puissent parvenir aux oreilles du futur dirigeant du Sénégal.
Selon les participants à la table ronde, c’est le rôle collectif de la société civile de faire un travail de pression sur les décideurs après l’élection pour ces messages soient entendus et exécutés. « A WATHI, nous ne pouvons pas tenir un discours qui consiste à dire il faut violer la Constitution. Il est très important dans la région de donner le signal comme quoi les institutions comptent plus que le confort politique et les calculs politiques des uns et des autres » selon Gilles Yabi. Il a rappelé qu’il y a une décision du Conseil constitutionnel dont les décisions ne sont pas susceptibles de recours et sont donc définitives. « Si on veut respecter la lettre de Constitution sénégalaise, cela veut dire que l’élection doit se tenir le plus vite possible avec les conditions matérielles mais aussi de transparence qui doivent être garanties », a plaidé le membre de la société civile.
L’AMNISTIE DU PRESIDENT MACKY SALL INEDITE DANS LES ANNALES DE NOTRE PAYS
Alors que jusque-là toutes les amnisties (1976 Affaire Mamadou Dia, 1991 Affaire de la Casamance et 2002 Loi Ezzan) ont été faites après des condamnations définitives des auteurs impliqués dans ces dossiers, Macky Sall va rompre avec une telle tradition.
Alors que jusque-là toutes les amnisties (1976 Affaire Mamadou Dia, 1991 Affaire de la Casamance et 2002 Loi Ezzan) ont été faites après des condamnations définitives des auteurs impliqués dans ces dossiers, Macky Sall va rompre avec une telle tradition. Le projet de loi d’amnistie adopté hier en Conseil des ministres va effacer les événements politiques de 2021 à 2024 qui n’ont jamais fait l’objet d’une condamnation judiciaire de leurs auteurs constitués particulièrement par des agents des forces de défense et de sécurité et d’autres forces infiltrées. Si, pour Ousmane Sonko, l’imbroglio juridique est tel qu’il faut attendre la lecture du contenu du projet de loi d’amnistie pour être édifié, Bassirou Diomaye Faye, lui, pourrait difficilement bénéficier de cette mesure car non condamné définitivement. Il est aussi permis de s’interroger sur le sort qui sera réservé dans cette loi aux policiers, gendarmes et autres nervis impliqués dans les plus de 50 morts des événements de 2021 à 2024 ? Une chose est en tout cas sûre : l’amnistie annoncée par le président Macky Sall est inédite dans les annales de notre pays.
Macky Sall fait bégayer l’histoire du droit dans notre pays. Au niveau des facultés de droit et dans le milieu des pénalistes, on a beau revisiter les amnisties accordées dans notre pays depuis l’indépendance, le geste posé hier par le président de la République en Conseil des ministres à travers l’adoption d’un projet de loi d’amnistie est une jurisprudence unique dans le monde. Une loi d’amnistie qui intervient avant un jugement définitif sur les faits amnistiés ! Qu’à cela ne tienne. Macky Sall est obstiné et têtu. Malgré une forte opposition au sein de son propre camp, de l’opposition, de la société civile et des familles des plus de 50 personnes tuées dans des manifestations pacifiques qui réclament une enquête et justice, le chef de l’Etat affiche une détermination sans faille à amnistier tous les événements politiques qui se sont déroulés de 2021 à 2024. Lundi dernier, au cours du lancement du dialogue national, il avait encore élevé la voix pour rabrouer tous les contestataires de son projet. Le souhait exprimé par Macky Sall, c’est que « l’on puisse aller vers une élection apaisée, inclusive et transparente ». Pour accompagner cette dynamique et « dans un esprit de réconciliation nationale, je saisirai l’Assemblée nationale d’un projet de loi d’amnistie générale sur les faits se rapportant aux manifestations politiques entre 2021 et 2024 » avait-il ajouté.
Poursuivant, le président de la République avait expliqué que « notre pays se trouve à un carrefour important. Mon souhait c’est que nous puissions aller vers une élection apaisée, inclusive et transparente. Je souhaite, au-delà du souci légitime de justice et de redevabilité, que l’amnistie et le pardon, par leurs vertus salutaires pour la Nation, nous aident à surmonter ces moments difficiles, afin que notre cher pays se réconcilie avec lui-même, en remettant toutes ses forces vives autour de l’essentiel : c’est à dire la sauvegarde de notre unité nationale, toutes sensibilités confondues, et la préservation de l’Etat de droit et de la République. Cela permettra de pacifier l’espace politique, de raffermir davantage notre cohésion nationale et de maintenir le rayonnement démocratique de notre pays.
Les amnisties de 1976, de 1991 et 2002 ont été faites après des condamnations définitives
La France qui reste un modèle pour nous dans plusieurs domaines, notamment celui judiciaire, dispose à travers l’article 34 de sa Constitution que l’amnistie est prise après la condamnation définitive. Au Sénégal, c’est l’art 67 de la Constitution qui prévoit la loi d’amnistie. Ce qui fait que le projet de loi d’amnistie du président Macky Sall est inédit, c’est que toutes les amnisties accordées jusque-là dans notre pays qu’il s’agisse de celle dont ont bénéficié le président Mamadou Dia et ses compagnons en 1976, des auteurs événements de Casamance, en 1991 et la loi Ezzan de 2002, ont été faites les deux premières à la suite de projets de loi déposés par les présidents Senghor et Abdou Diouf, respectivement, et la dernière par une proposition de loi du député PDS Isidore Ezzan. Mamadou Dia fait partie des premiers hommes publics de notre pays à avoir bénéficié d’une amnistie. En mars 1974, il avait été gracié par le président Léopold Sédar Senghor puis amnistié, en avril 1976. Arrêté par un détachement militaire (paras-commandos), avec quatre de ses compagnons, Valdiodio Ndiaye, Ibrahima Sarr, Joseph Mbaye et Alioune Tall, l’ancien président du Conseil de gouvernement avait comparu devant la Haute Cour de justice du 9 au 13 mai 1963, et condamné à l’emprisonnement à perpétuité. Lui et ses compagnons avaient été immédiatement transférés dans le bagne de Kédougou. Mamadou Dia, Président du Conseil du Sénégal de 1957 à 1962, avait prôné, le 8 décembre 1962, à Dakar, dans un discours portant sur « les politiques de développement et les diverses voies africaines du socialisme », une «mutation totale qui substitue à la société coloniale et à l’économie de traite une société libre et une économie de développement ». Cette déclaration avait poussé des députés à déposer une motion de censure contre son gouvernement les jours suivants. Jugeant cette motion irrecevable, Dia tente d’empêcher son examen par l’Assemblée nationale au profit du Conseil national du parti, en faisant évacuer la chambre le 17 décembre 1962 et empêcher son accès par la gendarmerie. Malgré ce qui est qualifié de « tentative de coup d’État » et l’arrestation de quatre députés, la motion est votée dans l’après-midi au domicile du président de l’Assemblée, Lamine Guèye.
1991 : Amnistie portant sur le conflit de la Casamance du président Abdou Diouf
En 1991, une amnistie est accordée aux combattants casamançais du Mouvement de forces démocratiques de Casamance (Mfdc) conformément à un accord trouvé en 1991 entre le gouvernement, rappelle le site Pulse.sn Ainsi, « sont amnistiées de plein droit toutes les infractions criminelles ou correctionnelles commises entre le 1er août 1987 et le 1erjuin 1991, tant au Sénégal qu’à l’étranger, en relation avec les évènements dits « de Casamance ». Sont amnistiés de plein droit les crimes d’attentat et complot contre la sécurité de l’Etat et l’intégrité du territoire national, prévus et punis par les articles 72 et 73 du Code pénal, commis antérieurement au 31 juillet 1987 en relation avec les évènements dits « de Casamance » et dont les auteurs ont fait l’objet de condamnation à une peine égale ou supérieure à 15 ans de détention criminelle ».
Loi Ezzan initiée parle président Abdoulaye Wade
L’Assemblée nationale a adopté, le 7 janvier 2002, une loi d’amnistie des infractions commises du 1er janvier 1983 au 31 décembre 2004, rappelle Pulse.sn. Les infractions criminelles ou correctionnelles, commises pendant cette période au Sénégal ou à l’étranger, en relation avec les différentes consultations électorales ou ayant des motivations politiques, sont toutes effacées. Cette loi proposée par Ibrahima Isidore Ezzan, député du Parti démocratique sénégalais (PDS), a été adoptée par 70 voix pour, 27 contre et une abstention. Le 15 mai 1993, alors que le Conseil constitutionnel s’apprêtait à donner les résultats des élections législatives, son vice-président, Babacar Sèye est tué par des hommes armés en plein Dakar. Abdoulaye Wade, alors chef de file de l’opposition, avait été arrêté avec de nombreux autres partisans avant de bénéficier d’un non-lieu. En revanche, en 1994, Amadou Clédor Sène, Assane Diop, arrêtés et jugés dans le cadre de cette affaire, sont considérés comme les assassins du magistrat et ont écopé d’une peine de 20 ans de travaux forcés. Un troisième accusé, Pape Ibrahima Diakhaté, a été condamné à une peine de 18 ans de prison. Ils retrouvent la liberté en février 2002 à la faveur d’une amnistie.
Ousmane Sonko éligible à l’amnistie ?
Le leader de l’ex-Pastef, Ousmane Sonko, est il éligible à l’amnistie que va accorder le président Macky Sall avant son départ du pouvoir ? La réponse pourrait s’apprécier en fonction des motivations contenues dans le projet de loi. Seulement le cas du leader de Pastef est une sorte d’imbroglio juridique du fait qu’il est impliqué dans trois procédures judiciaires. La première l’a opposé à la masseuse Adji Sarr et s’est traduite par sa condamnation par contumace à deux ans de prison. Ensuite, le 04 janvier 2023, Ousmane Sonko a été condamné définitivement à six mois de prison avec sursis parla chambre pénale de la Cour suprême pour diffamation sur plainte du ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang. Une condamnation qui lui a valu d’être déclaré inéligible à la prochaine présidentielle par Conseil Constitutionnel. Arrêté le 28 juillet dernier devant son domicile sous l’accusation de vol de téléphone d’une gendarme en civil, et surtout au lendemain d’un discours poignant, Ousmane Sonko, s’est vu coller dans la foulée près de 9 charges parle procureur de la République Abdou Karim Diop. Il s’agit notamment de l’appel à l’insurrection, atteinte à la sûreté de l’État, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, complot contre l’autorité de l’État, actes visant à compromettre la sécurité publique et à créer des troubles politiques graves et vol. « Cette arrestation n’a rien à voir avec la première procédure dans laquelle [Sonko/Adji Sarr] a été jugé par contumace où il a été condamné à deux ans de prison », avait expliqué alors Abdou Karim Diop.
Bassirou Diomaye Faye pas condamnés définitivement…
Bassirou Diomaye Faye peut-il bénéficier des effets de l’amnistie projetée parle président de la République ? Il est permis d’en douter. Le candidat à la présidentielle, arrêté en avril dernier pour diffusion de fausses nouvelles, outrage à magistrat et diffamation envers un corps constitué n’a pas encore fait l’objet d’une condamnation définitive. Il n’a d’ailleurs pas encore comparu devant un tribunal.
…Les forces de défense et de sécurité protégées par le Code Pénal
L’amnistie annoncée va aussi soustraire à la justice les auteurs des plus de 50mortslors des événements politiques de 2021 à 2024. Selon des pénalistes interrogés par nos soins, les forces de défense et de sécurité pointées dans ce massacre peuvent bénéficier des effets de l’art 315 du Code Pénal. Lequel dispose qu’il n’y a ni crime, ni délit lorsque l’homicide, les blessures, les coups sont ordonnés par la loi et commandités par l’autorité compétente. Cela veut dire, selon ces pénalistes, que les agents des forces de défense et de sécurité impliqués dans ces meurtres doivent être amnistiés ou graciés d’office.
LE SENEGAL REVOIT SES AMBITIONS A LA HAUSSE
Le Sénégal est sur les starting-blocks en vue des 13èmes Jeux africains prévus du 8 au 23 mars à Accra. Avec ses 98 athlètes, le Sénégal a revu ses ambitions à la hausse
Le Sénégal est sur les starting-blocks en vue des 13èmes Jeux africains prévus du 8 au 23 mars à Accra. Avec ses 98 athlètes, le Sénégal a revu ses ambitions à la hausse. En plus de faire bonne figure, il s’agit de faire mieux que lors de la dernière édition de 2019 à Rabat où ses athlètes n’avaient glané que 22 médailles dont une seule en or.
Le Sénégal affiche ses ambitions pour les prochains jeux africains qui se dérouleront du 8 au 23 mars à Accra au Ghana. Il se fixe comme objectif de faire mieux que les derniers Jeux de Rabat en 2019 où la délégation est rentrée avec 22 médailles dont une en or. «Lors des derniers jeux qui se sont tenu à Rabat, il y a cinq ans, le Sénégal n’avait glané qu’une seule médaille d’or en la personne de Mbagnick Ndiaye du judo. Cette année, le ministre des sports a voulu ratisser large pour permettre à la délégation sénégalaise de revenir avec autant de lauriers», a rappelé Mbaye Jacques Diop, conseiller technique au ministère des sports. Une délégation de 98 athlètes issus de 11 fédérations nationales sera ainsi en lice pour cette 13ème édition.
Il s’agit de l’athlétisme, du football masculin et féminin, du beach-volley, de la natation, du badminton et du triathlon.
«Toutes les dispositions sont en train d’être prises. Une réunion a été tenue entre le directeur du sport de haut niveau, Tahirou Fall et l’ensemble des fédérations, parties prenantes. Le ministre des Sports, Lat Diop a donné des instructions fermes à tous ses collaborateurs pour mettre les athlètes dans de très bonnes conditions de participation et de performance. Nous sommes sur la dernière ligne de préparation. Les Fédérations sont fin prêtes pour faire bonne figure à Accra. On attend de bonnes prestations», assure l’agent du ministère des Sports au micro de la RFM.
Il faut noter que les joutes panafricaines serviront de qualification pour les Jeux olympiques de Paris 2024 prévus du 26 juillet au 11 août. Elles concernent les athlètes issus des disciplines comme la lutte, le tennis, le cyclisme, l’athlétisme, la natation, le badminton, le tennis de table et le triathlon. A rappeler que le Sénégal s’était engagé aux Jeux de Rabat de 2019 dans 15 disciplines et avait terminé 22e avec 22 médailles parmi 54 pays dont 1 médaille d’or, 5 argents et 16 en bronze.
DES SYNDICATS D’ENSEIGNANTS DECRETENT 48 HEURES DE GREVE
Respect de la constitution, libération de tous les enseignants détenus… Cusems/A, Sadef, Sydels/Cntls, Uden/R, Sydels/O, Ues, Cis ont, en effet, décrété 48 heures de grève, ce jeudi 29 février et vendredi 1er mars 2024
L ’école va encore connaître de perturbations des cours. Des syndicats d’enseignants (Cusems/A, Sadef, Sydels/Cntls, Uden/R, Sydels/O, Ues, Cis) ont, en effet, décrété 48 heures de grève, ce jeudi 29 février et vendredi 1er mars 2024. Ils exigent «le respect de la Constitution, du calendrier électoral et la libération de tous les enseignants détenus arbitrairement dans les prisons», lit-on dans un communiqué rendu public hier, mercredi 28 février.
«Depuis le 3 février 2024, notre pays vit les moments les plus sombres de son histoire. Le processus électoral a été interrompu par un décret et une loi scélérate votée à l’Assemblée nationale, en violation flagrante de la Constitution. Malgré l’arrêt du Conseil constitutionnel déclarant nulles et non avenues toutes ces manœuvres sordides, le régime en place tente par tous les moyens de contourner la loi dans l’optique de confisquer la souveraineté du peuple. Auparavant, des dizaines d’enseignants qui n’ont commis aucun délit, avaient été arbitrairement écroués et mis en prison pour des raisons bassement politiciennes. Tout ceci s‘est passé dans un contexte où les accords souscrits ne sont pas respectés et les droits les plus élémentaires des enseignants foulés au pied», soulignent les syndicalistes.
Parmi les exigences des syndicalistes, il y a «l’éradication sans délai du statut des décisionnaires, l’augmentation optionnelle de l’âge à la retraite, la réforme des contenus et des grades et la régularisation de tous les statuts précaires». Les syndicats d’enseignants réclament aussi «la fin de toutes les lenteurs dans les productions des actes administratifs des enseignants», «l’apurement de tout le passif lié à la formation des enseignants », « le respect de tous les accords signés». Dans leur plateforme revendicative, on note également «l’octroi d’une indemnité de sujétion aux directeurs et directrices de Cases des Tout-petits».
ENSEIGNEMENT DE ABBE JEAN BAPTISTE MANGA
Carême rythme avec l’exercice du chemin de croix. Pendant ces quarante (40) jours de jeûne, de prières, de partage, les chrétiens, chaque vendredi, s’adonnent à cet exercice de foi, sous la présidence d’un prêtre ou d’un laïc.
Carême rythme avec l’exercice du chemin de croix. Pendant ces quarante (40) jours de jeûne, de prières, de partage, les chrétiens, chaque vendredi, s’adonnent à cet exercice de foi, sous la présidence d’un prêtre ou d’un laïc. En cette troisième semaine du Carême, abbé Jean Baptiste Valter Manga, du Grand Séminaire Saint Jean Marie Vianney de Brin, dans le diocèse de Ziguinchor, revient sur l’importance de cet acte foi. Que représente le chemin de croix pour le chrétien ? Enseignement…
«Chaque année, les quarante (40) jours qui préparent les chrétiens à la célébration du mystère de la mort et de la résurrection de Jésus Christ, sont un temps favorable à divers exercices spirituels. Le chemin de croix est un de ces exercices.
Généralement, tous les vendredis les chrétiens se retrouvent à l’église ou dans un sanctuaire pour vivre ce moment de foi, sous la présidence d’un prêtre ou d’un laïc. Le chemin de croix est particulièrement développé le dernier vendredi de Carême, appelé Vendredi Saint, rappelant ainsi le dernier jour de la vie du Christ.
ORIGINES DU CHEMIN DE CROIX
Le chemin de croix, comme acte de dévotion privé ou communautaire, trouve son origine dans la volonté des chrétiens d’imiter le Christ et de vivre dans leur corps, en signe de communion, les derniers moments de celui-ci, notamment ses souffrances.
Son origine est liée à la ville de Jérusalem où Jésus a été condamné à être crucifié sur une croix et où il a donc vécu sa passion. Les chrétiens souhaitaient suivre le chemin de la passion du Christ sur les lieux où cette passion s’est déroulée des siècles auparavant. Quand l’Eglise passe de religion persécutée à religion admise et même officielle de l’empire romain avec la conversion de l’empereur Constantin en 313, le pèlerinage à Jérusalem prend de l’importance. De plus en plus de fidèles chrétiens se déplacent à Jérusalem la semaine de la passion afin de vivre le chemin de la croix, sur les pas du Christ. L’objectif était une véritable identification au Christ et une action de grâce pour ce qu’il a enduré pour l’humanité.
Aux XIVe et XVe siècles, les Franciscains (ordre créé par Saint François d’Assise en 1210), à qui est confiée la garde des lieux Saints de la Chrétienté en vertu d’un accord avec les Turcs, diffusèrent le chemin de croix en dehors de la ville de Jérusalem, notamment en Europe. L’idée de pratiquer le chemin de la Croix en dehors de son cadre ordinaire, à savoir Jérusalem, visait à permettre aux pauvres qui ne pouvaient pas se payer le voyage en terre Sainte, de vivre cet exercice spirituel dans leur propre terre. Les lieux de culte comme les églises devenaient du coup une Jérusalem où se reproduit la passion du Christ et que tout homme, quelle que soit sa condition et son cadre de vie, pouvait parcourir spirituellement le dernier chemin du Christ.
LES STATIONS DU «VIA CRUCIS»
Le chemin de la croix, «via crucis» en latin, est ponctué de divers étapes appelées stations, qui rappellent des moments marquants de cette marche. Certains de ces moments sont directement évoqués dans les évangiles, d’autres dans les textes apocryphes. Le nombre des stations a varié jusqu’à ce qu’il soit fixé à 14 au XVIIIe siècle par les Papes Clément XII et Benoît XIV. Toutefois, depuis 1958, la mise en place d’un chemin de Croix au sanctuaire marial de Lourdes en France a ajouté une quinzième station pour le faire terminer sur l’espérance en la Résurrection avec la Vierge Marie, la Mère de Jésus que celui-ci confia, à travers l’apôtre Saint Jean, à l’Eglise, du haut de la croix, avant sa mort.
LE VENDREDI SAINT, JOUR PAR EXCELLENCE DU CHEMIN DE CROIX
S’il a été étendu à d’autres jours comme les vendredis de Carême ou à l’occasion de circonstances particulières comme les pèlerinages, le chemin de croix du Vendredi Saint garde toute la symbolique de cet exercice spirituel. Dans beaucoup d’églises, l’on fait en sorte que l’heure de son exécution se rapproche des heures de la passion du Christ, suivant les indications temporelles des évangiles D’autres choisissent même de le vivre de façon plus intime, à travers un jeu de rôle des différents acteurs de la passion du Christ. Cet exercice est généralement appelé chemin de croix vivant. A Rome, par exemple, le Pape Jean Paul II s’est particulièrement illustré dans la pratique du chemin de croix le Vendredi Saint. Tant qu’il avait ses forces, il portait lui-même la croix. Tout en conservant le nombre de stations (14), il avait modifié le contenu des stations qui n’ont pas de références bibliques exactes, comme les trois chutes de Jésus, sa rencontre avec sa mère ou encore celle avec Véronique. Il les remplace alors par d’autres thèmes comme celui de Jésus au jardin des Oliviers, le reniement de Pierre, la promesse du paradis au bon larron. Le Pape Jean Paul II voulait ainsi montrer l’extraordinaire richesse du chemin de la croix pour la réflexion et la prière. Chaque année, il invitait une personne ou un groupe à proposer le texte qui accompagne le chemin de croix ; conviant même à cet exercice des non chrétiens. Le chemin de la croix reste sans aucun doute l’une des piétés populaires qui attirent le plus de monde, surtout en ce temps de Carême. Que cet exercice spirituel nous aide toujours à nous rapprocher du Christ dans sa souffrance, nous rendant sensible à la souffrance des autres, et dans sa glorification, qui sera aussi la nôtre au terme de notre vie. Bonne marche vers Pâques à la suite du Christ».
UNE LOI QUI REVOLTE LES FAMILLES DES VICTIMES A ZIGUINCHOR
Ziguinchor est l’une des régions très éprouvée et affectée par les manifestations sociopolitiques qui ont secoué le pays entre mars 2021 et juin 2023 et même récemment courant févier 2024.
Ziguinchor est l’une des régions très éprouvée et affectée par les manifestations sociopolitiques qui ont secoué le pays entre mars 2021 et juin 2023 et même récemment courant févier 2024. Une quinzaine de morts, de jeunes manifestants tués par balles, Bignona et Ziguinchor ont payé un lourd tribut à cette crise politique. La loi d’amnistie en gestation plonge déjà les parents et proches des victimes de ces manifestations dans le désarroi total. Révoltés, meurtris, ils s’expliquent difficilement la pertinence d’une telle loi.
Et lorsque Malick Mansal (oncle du jeune Ibrahima Goudiaby tué en juin dernier lors des manifestations à Ziguinchor) évoque la question, c’est pour exprimer toute sa désolation sur cette loi. «Nous n’avons pas encore fini de pleurer notre enfant tué qu’on nous sert une loi pour effacer ces crimes. Jusque-là rien. L’enquête n’a encore rien déterminé. Pire, aucune autorité n’est venue pour nous présenter des condoléances», s’offusque M. Mansal.
Même symphonie pour un autre parent d’une autre victime. Youssouf Sano, le père de Lamine Sano tué à Ziguinchor, est catégorique : «Nous ne comptons pas sur ce régime pour élucider ces crimes. Mon fils a été lâchement tué par balle, ici, à Ziguinchor. A 25 ans, il est parti à la fleur de l’âge. Et là, on nous parle d’amnestie pour faire table rase sur tout. C’est impitoyable», se désole le père Sano qui dit n’avoir aucun espoir quant au blocage de cette loi à l’Assemblée nationale. «Nous savons que cette loi va passer, comme lettre a la poste, à l’assemblée nationale. Car la majorité va voter cette loi sans se soucier des victimes», martèle-t-il.
Partagées entre révolte et désolation, les familles des victimes de ces manifestations ne cachent pas leur amertume, face à ce qu’elles qualifient de loi regrettable. «Cette loi d’amnistie pouvait prospérer si elle ne concernait pas les crimes commis sur des jeunes innocents qui n’avaient que le seul tort de sortir manifester pour éviter que leur avenir soit sceller par des décisions malheureuses…», peste Malick Mansal.
Le plus grand décompte macabre de ces manifestations de mars 2021, malheureusement, a été fait à Ziguinchor. Rien que dans la commune de Ziguinchor, dix (10) jeunes ont péri dans ces manifestations sociopolitiques qui ont également engendré des morts à Bignona. Dans la capitale du Fogny justement, cinq (05) jeunes sont morts entre 2021 et 2023.
A cela s’ajoute de nombreux dégâts matériels, des écoles saccagées et incendiées dans la commune de Ziguinchor, des stations à essence vandalisées, des maisons attaquées ; l’amplitude de dégâts à été très élevée à Ziguinchor et sa région. Et dans ce contexte de vote de loi d’amnistie, des voix discordantes continuent de résonner dans cette partie sud où les parents des jeunes tués lors des manifestations sont abasourdis et déçus par le triste sort qui a été réservé à leurs proches qui ont péri dans ces manifestations.
ALIOUNE TINE INVITE L’ETAT A «SE SERVIR DES PAROLES DE L’EGLISE POUR FIXER UNE DATE»
L’Eglise est sans ambiguïté. Elle demande la tenue des élections avant le 2 avril, conformément à la décision du Conseil constitutionnel. La position constante de l’Eglise Catholique sur l’actualité du pays a été saluée par bon nombre de Sénégalais.
L’Eglise est sans ambiguïté. Elle demande la tenue des élections avant le 2 avril, conformément à la décision du Conseil constitutionnel. La position constante de l’Eglise Catholique sur l’actualité du pays a été saluée par bon nombre de Sénégalais.
Abondant dans le même sens, Alioune Tine, de Afrikajom Center, invite les autorités étatiques à se référer sur les propositions de cette frange de la société sénégalaise pour fixer une date et tenir l’élection présidentielle. A en croire le membre de la société civile, «c’est la voix du peuple».
Selon le fondateur de Afrikajom Center, «Les paroles claires et nettes de l’Église Catholique dans ces moments historiques continuent de résonner très fort dans le cœur des Sénégalais. Les autorités publiques devraient s’en servir pour décider de la date de l’élection présidentielle. C’est la voix du peuple et celle de la raison. C’est la voie de la sagesse, de la paix et de la stabilité du Sénégal», a publié Alioune Tine sur X.
Le fondateur de Afrikajom Center invite les autorités publiques «à se servir des paroles de l’Église Catholique pour décider de la date de l’élection». Selon Alioune Tine, «c’est la voix du peuple et celle de la raison». Pour rappel, lors de son intervention au dialogue national, le président du Conseil national du Laïcat du Sénégal (CNLS), Philippe Abraham Birane Tine, qui a parlé au nom de l’Eglise Catholique, relativement à l’actualité actuel du pays, a souligné la nécessité de tenir le scrutin à date. «Nous pensons qu’il est important de poursuivre le processus (électoral, ndrl). Il peut arriver des erreurs, mais elles ne doivent pas remettre en cause ce qui a été fait. C’est pourquoi nous demandons que le processus soit poursuivi. Nous voulons aussi la tenue des élections avant le 2 avril 2024. C’est bien possible. Le processus a été engagé. Si on s’entend sur le principe, nous devons nous donner les éléments pour y aller», a dit le président du CNLS.
CE N’EST PAS AU DIALOGUE DE DECIDER A CE QU’ON OUVRE LE PROCESSUS
Ndiogou Sarr, enseignant chercheur en droit constitutionnel à la faculté de droit Ucad, est formel
«Je pense qu’il est toujours bon de dialoguer et quand on dialogue, c’est pour effectivement arriver à des consensus. Seulement, j’ai un peu de réserves par rapport à ce dialogue initié par le chef de l’Etat. En tant que juriste constitutionnaliste, bien que la politique soit tellement encrée dans le cadre même du droit, mais je pense que le processus a été enclenché depuis longtemps. Le Conseil Constitutionnel a eu à pendre position, à donner une décision qui est exécutoire, qui s’impose à tout le monde, aux pouvoirs publics et à tous les citoyens.
Maintenant, le président a dit qu’il va transmettre les conclusions au Conseil pour voir ce qu’il va décider mais d’emblée, je peux vous dire que ce n’est pas au dialogue de décider à ce qu’on ouvre encore le processus. Le processus a été finalisé par une décision de justice qui est exécutoire et qui s’impose à tout le monde. Je ne vois pas donc comment le Conseil Constitutionnel qui a déjà enclenché un processus qu’il a validé jusqu’à donner la liste des candidats, pourrait se dédire et revenir éventuellement sur ce processus».
«Donc, si le Conseil suit sa logique, je pense que l’ouverture de ce processus ne pourra pas être possible. Ensuite, sur la date du 2 juin proposée, je rappelle également que le Conseil avait demandé au président de la République de saisir les autorités compétentes pour arrêter la date avant la fin de son mandat. La fin de son mandat c’est le 2 avril. Le 2 avril je pense que Macky Sall ne sera plus président du Sénégal. Il devait arrêter une date avant le 2 et comme il n’a pas exécuté la décision de justice qui a été donné, par conséquent, le juge Constitutionnel qui a été saisi d’un recours en carence déposé les 16 candidats, doit pouvoir retenir une date qui s’impose à tous au regard de ses compétence de juge des élections »
MACKY SALL AU DEFI DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Après deux jours de conclave, le dialogue national initié pour échanger sur le processus électoral de la présidentielle initialement prévue le 25 février dernier et la nouvelle date issue des conclusions est loin de créer l'unanimité
Après deux jours de conclave, le dialogue national initié par le chef de l’État Macky Sall pour échanger sur le processus électoral de la présidentielle initialement prévue le 25 février dernier et la nouvelle date issue des conclusions est loin de créer l’unanimité. Le contenu de certaines propositions de ces conclusions qui remettent en question les décisions déjà rendues par le Conseil constitutionnel concernant cette élection peinent à passer. On risque même de connaitre une crise institutionnelle tant redoutée surtout si le Conseil Constitutionnel venait à nouveau à prendre le contre-pied des « dialogueurs ».
Les conclusions du dialogue national initié par le chef de l’État Macky Sall pour échanger sur le processus électoral de l’élection présidentielle initialement prévue le 25 février dernier et la nouvelle date de cette élection peuvent-elles prévaloir sur les décisions rendues par le Conseil constitutionnel dans le cadre cette élection ?
La question mérite bien d’être posée au regard du tapage médiatique autour des principales propositions formulées par la commission en charge des questions politiques et dirigée par l’actuel ministre de l’Intérieur, Me Sidiki Kaba. En effet, cette commission semble tout simplement vouloir remettre en question le pouvoir régalien des «7 Sages» dont les décisions ne sont susceptibles d’aucun recours. Et ce, en préconisant entre autres la poursuite du processus électoral en cours avec les 19 candidats retenus par le Conseil constitutionnel, la réouverture des candidatures des candidats dits spoliés avec la possibilité de leur réintégration dans la course, la date du 2 juin prochain pour la tenue de la présidentielle et le maintien au pouvoir de l’actuel chef de l’Etat.
CANDIDATURE DE KARIM WADE ET CELLES DES SPOLIES FRAPPEES PAR L’AUTORITE DE LA CHOSE JUGEE
Une des principales propositions de la commission en charge des questions politiques et dirigée par le ministre de l’Intérieur, Me Sidiki Kaba, la révision des dossiers de candidatures du fils de l’ancien chef de l’Etat, Abdoulaye Wade et celles des candidats dits spoliés est quasiment impossible. Et pour cause, le Conseil constitutionnel qui est le seul juge compétent à «recevoir les candidatures» et à «établir la liste des candidats après avoir vérifié la recevabilité des candidatures» a déjà rendu sa décision concernant ces cas. Et au regard de l’article 92 alinéa 3 qui précise que les «décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles», les dossiers de candidature de Karim Wade et ceux des candidats dits spoliés sont donc frappés par l’autorité de la chose jugée. Autrement dit, elles ne peuvent plus être réintégrées dans le cadre de cette élection présidentielle. La preuve, interpellé sur cette question de la réintégration de ces candidats déjà éliminés de le Conseil constitutionnel par nos confrères du quotidien l’Observateur dans leur publication d’hier, le Pr Amath Ndiaye, maître de conférence titulaire en droit public à l’UCAD, n’est pas allé par quatre chemins : «Je vois mal, par rapport à quelle démarche et par rapport à quelle procédure, ils vont pouvoir retenir des critères pour décider parmi les «spoliés» qui va rejoindre le groupe des partants.
Finalement, on va créer une quatrième catégorie, c’est-à-dire des recalés doublement spoliés. Cela va encore nous installer dans une situation inexplicable». Poursuivant son éclairage, l’enseignant chercheur en droit à l’université de Dakar a indiqué au sujet de la procédure de réintégration des candidats que l’article 34 de la Constitution n’évoque que le cas de décès, d’empêchement définitif ou de retrait d’un candidat entre l’arrêt de publication de la liste des candidats et le premier tour. «Juridiquement, il n’y a aucune possibilité pour le Conseil de revenir sur sa liste parce qu’on n’est pas dans les hypothèses qui sont énumérées par la Constitution, même si c’est un dialogue», a-t-il ajouté.
POURQUOI LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL A INVALIDE LA CANDIDATURE DE KARIM WADE
Contrairement aux membres du collectif dits des candidats spoliés, Karim Wade qui avait été écarté de la course lors de la présidentielle de 2019 du fait de sa condamnation à 5 ans de prison ferme pour enrichissement illicite assorti d’une amande de 138 milliards de francs CFA était bien parti pour être au rendez-vous de cette élection. Pour rappel, son dossier de candidature qui a été déposé, dans la nuit du vendredi 22 décembre 2023 dernier a été même validé dans un premier temps par le Conseil constitutionnel. Seulement, dans la journée du 16 janvier dernier suite à un débat dans les réseaux sociaux sur l’effectivité de la renonciation à sa nationalité française du fait que son nom figurait toujours dans les listes électorales de la commune Versailles 78, lui-même est monté au créneau pour publier un décret portant sur sa renonciation à sa nationalité française signé ce même jour du 16 janvier 2024 par le nouveau Premier ministre français, Gabriel Attal nommé par le président Emmanuel Macron le 9 janvier 2024. Face à cette situation, le candidat Thierno Alassane Sall a donc décidé de saisir d’un recours le Conseil constitutionnel pour faire constater à Wade fils de la violation des dispositions de l’article 28 de la constitution qui dit : «Tout candidat à la Présidence de la République doit être exclusivement de nationalité sénégalaise... ». Or, Karim Wade était encore français à la date du vendredi 22 décembre 2023 au moment où il déposait sa candidature. Dans sa liste définitive des candidats pour la présidentielle du 25 février publiée le 20 janvier, le Conseil constitutionnel a retiré le nom de Karim Wade en estimant que la déclaration sur l’honneur attestant qu’il n’avait plus sa double nationalité et qu’il a fournie dans son dossier déposé en décembre est «inexacte».
CE QUE LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL A DEJA DIT SUR LA DUREE DU MANDAT DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Tout comme pour les candidatures de Karim Wade et celles des autres candidats dits «spoliés», le Conseil constitutionnel s’est déjà prononcé sur la question de la durée du mandat du président de la République dans sa décision du 15 février dernier. En effet, le 8 février les députés Mouhamed Ayib Salim DAFFÉ et Samba DANG, agissant en leur nom et au nom de 38 autres députés et leurs collègue député Babacar MBAYE, agissant en son nom et au nom de 16 autres députés, avaient saisi d’un recours le Conseil constitutionnel d’un recours. Dans cette requête, ces parlementaires demandaient au Conseil constitutionnel de «déclarer contraire à la Constitution la loi n° 4/2024 adoptée par l’Assemblée nationale en sa séance du 5 février 2024 portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution» d’ordonner la poursuite du processus électoral et «d’ajuster, si besoin, la date de l’élection présidentielle pour tenir compte des jours de campagne perdus».
Dans le même temps, des candidats retenus par le Conseil constitutionnel dont El Hadji Mamadou Diao, Thierno Alassane Sall et Daouda Ndiaye et Bassirou Diomaye Faye l’avaient également saisi pour la légalité du décret no 2024-106 du 03 février 2024 portant abrogation du décret convoquant le corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024. Dans son considérant 14, le Conseil constitutionnel a clairement rappelé qu’il «a déjà décidé, d’une part, que la durée du mandat du président de la République ne peut être réduite ou allongée au gré des circonstances politiques, quel que soit l’objectif poursuivi ; que le mandat du président la République ne peut être prorogé en vertu des dispositions de l’article 103 précité ; que la date de l’élection ne peut être reportée au-delà de la durée du mandat ; que d’autre part, la loi attaquée introduit dans la constitution des dispositions dont le caractère temporaire et personnel est incompatible avec le caractère permanent et général d’une disposition constitutionnelle».
CE QUE LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DISAIT AUX CANDIDATS «SPOLIÉS» PAR RAPPORT AUX DÉCISIONS DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Le 25 janvier dernier, en marge d’une audience qu’il avait accordée à une délégation de ces candidats dits «spoliés», le chef de l’État avait profité de cette tribune pour rappeler «l’impossibilité pour lui de faire réexaminer par le Conseil constitutionnel les dossiers de candidature à l’élection présidentielle déjà rejetés par cette institution, dont les décisions» insiste-t-il «ne sont susceptibles d’aucune voie de recours». «En réponse à la requête qui lui a été adressée, le 15 janvier 2024, le Président de la République, a reçu, ce mercredi 24 janvier 2024, une délégation représentant le Collectif dit de la quarantaine de candidats aux dossiers de parrainage invalidés. Le Chef de l’Etat a salué la démarche républicaine des requérants et recueilli les préoccupations des représentants du Collectif, tout en rappelant notamment que le Conseil Constitutionnel, par sa décision n° 2/E/2024 du 20 janvier 2024, a déjà proclamé la liste définitive des candidats admis à se présenter à l’élection présidentielle du 25 février 2024. Le Président de la République, garant du fonctionnement normal des institutions, a également précisé aux participants que, c’est la Constitution, en son article 92, qui dispose que «les décisions du Conseil constitutionnel ne sont susceptibles d’aucune voie de recours. Elles s’imposent aux pouvoirs publics et à toutes les autorités administratives et juridictionnelles», a rappelé le chef de l’État, selon un communiqué signé par le ministre, porte-parole et coordonnateur de la communication de la présidence de la République, Yoro Dia.
CES ACTES DU PRÉSIDENT MACKY SALL QUI SÈMENT LES GERMES DU CHAOS AU SÉNÉGAL APRÈS LA FIN DE SON MANDAT LE 2 AVRIL PROCHAIN
Dire que la situation que traverse actuellement le Sénégal fait craindre le pire est un secret de polichinelle,. En effet, la persistance du chef de l’État à ne pas se conformer aux décisions du Conseil constitutionnel et à passer outre les limites de ses prérogatives constitutionnelles font planer le chaos dans le pays. Alors qu’il avait hérité d’un pays quoique tendu par la crise de la troisième candidature de son prédécesseur mais gouvernable, Macky Sall semble aujourd’hui tout faire pour plonger le Sénégal dans une crise institutionnelle à travers des actes qu’il pose ces derniers jours. En témoigne, quand les députés l’avaient saisi d’une proposition de loi modifiant l’article 31 de la Constitution, le président Macky Sall tout en sachant qu’en touchant que la modification de cet article allait également avoir des incidents sur les articles 27 et 103 de la Constitution qu’il avait lui-même fait inscrit dans les clauses d’éternité, autrement dit, qu’on ne peut plus modifier, n’a rien dit sinon à prendre acte. Auparavant, c’est lui-même qui est monté au créneau pour annoncer à dix heures du démarrage de la campagne électorale, avoir pris un décret abrogeant celui convoquant le corps électoral alors qu’il n’a pas le droit de poser cet acte au risque de violer les dispositions de ces articles 27 et 103 de la Constitution et plongé le Sénégal dans une crise institutionnelle.
LE PROFESSEUR AGRÉGÉ EN DROIT, KADER BOYE AVAIT ALERTÉ SUR LE CHOAS QUE MACKY SALL VEUT SEMER
Interpellé par Sud quotidien le 23 février sur l’hypothèse du maintien au pouvoir de Macky Sall au-delà du 2 avril prochain évoquée par certains de ses camarades qui convoquent l’article 36 de la constitution, le Professeur agrégé en droit, Kader Boye par ailleurs, ancien Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD) avait alerté sur ce risque du chaos qui guette le Sénégal. En effet, précisant d’emblée que «l’article 36 vise un cas très simple qui est la normalité. C’est au cas où il y a eu élection présidentielle et qu’il y a eu un candidat qui a été élu prête serment. Après avoir pris le serment, il y a un jour de plus et puis le président sortant lui transmet les pouvoirs et s’en va». L’ancien doyen de la fac droit de l’Ucad avait prévenu que le refus du président de la République de respecter la décision du Conseil allait non seulement créé les conditions «d’un conflit ouvert» mais aussi «installer le chaos» au Sénégal. «C’est ça le chaos qu’il veut faire. Ou il (le président de la République, Ndlr) démissionne, ou bien il va dire, on reste là et on va dissoudre le Conseil constitutionnel. Et le conseil va lui rétorquer que vous n’êtes plus président ! Le cas échéant, il y aura un conflit ouvert. S’il ne tient pas l’élection présidentielle avant le 2 avril, il va installer le chaos».
CAROLINE ROUSSY, DIRECTRICE DE RECHERCHE À L’INSTITUT DE RELATIONS INTERNATIONALES ET STRATÉGIQUES (IRIS) QUALIFIE MACKY SALL D’UN «ROI QUI SAIT QU’IL VA MOURIR ET VEUT PRÉCIPITER SON PAYS DANS SA CHUTE»
Toutefois, l’ancien Recteur de l’Université Cheikh Anta Diop et Président de la plateforme «Le Sursaut citoyen», Groupe de réflexion et d’action, n’est pas le seul observateur de la scène politique sénégalaise, a déploré ce double jeu dangereux auquel s’adonne l’actuel chef de l’Etat en cette fin de son mandat. Invitée de l’émission « Le Débat » sur la chaine de télévision d’information continue française : France 24, Caroline Roussy, Directrice de recherche à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et responsable du programme Afrique n’avait pas hésité de qualifier le dialogue initié par le chef de l’Etat le 26 et 27 février «d’une mascarade». «Ce qui se passe au Sénégal est une mascarade. De toute façon, les 19 candidats sont la liste officielle du Conseil Constitutionnel et la plupart ont choisi de ne pas participer. Donc, un dialogue national pour faire quoi ?. Si les implications n’étaient pas assez dramatiques pour les Sénégalais, je vous dirais qu’on est en plein dans une pièce de théâtre où le Roi va mourir, il sait qu’il va mourir et il précipite son pays dans sa chute».