Le drame, en Afrique, c’est de voir des aspirants au pouvoir se métamorphoser sitôt élus ou après quelques années d’exercice du magistère suprême. L’homme au visage d’agneau peut se révéler être en moins de temps qu’il n’en faut en méchant loup. Surtout si l’on arrive avec l’idée de régler des comptes à des gens avec qui on a eu des contentieux antérieurs ou dont le crime est de vouloir être Califes à la place du Calife que vous êtes devenu.
Dans les régimes dictatoriaux des premières années de nos glorieuses indépendances, où l’on faisait peu cas du respect des droits de l’Homme, on coupait les têtes ou faisait disparaitre ces empêcheurs de gouverner sans avoir de comptes à rendre.
Aujourd’hui, avec les réseaux sociaux et la toute-puissance des organisations de défense des droits de l’homme, c’est l’exil forcé ou la prison pour faire taire ces messieurs et dames qui ont le toupet de s’opposer aux nouveaux monarques au pouvoir. Ça vous fait penser à un pays à la démocratie très chahutée depuis quelques années ?
On peut bien se désoler de la trajectoire prise par ce charmant pays qui vit des moments d’incertitudes à quelques heures du démarrage de la campagne électorale et où l’on agite sournoisement l’idée d’un probable report de la présidentielle. Un report motivé par des calculs politiciens fort douteux. Report qui se justifie d’autant moins dans un pays ou aucune institution n’est en crise et où tout marche même si on peut déplorer les erreurs d’appréciation des Juges du Conseil constitutionnel concernant la candidature de Karim Wade.
Le chaos que l’on agite dans des discours martiaux et virils pourrait ne point venir d’opposants ou de populistes que l’on toise avec la haine au cœur comme s’ils n’étaient pas des Sénégalais. Il pourrait plutôt venir de gens qui n’ont cessé de déclarer qu’ils ne laisseraient pas ce pays, qu’ils croient être leur propriété, à des aventuriers qui se trouvent être des membres de la plus grande formation politique du pays. Un parti dont ils n’espéraient guère voir un des responsables faire valider sa candidature pour la présidentielle. C’est dans ces moments troubles que l’on nous tympanise avec l’idée d’un report du scrutin et la formation de je ne sais quel gouvernement d’union nationale de transition.
A tous ces « rentiers » de la tension – l’expression est empruntée à un proche du Chef — qui se sont réfugiés dans les dédalles du pouvoir. A tous ces gens, donc, on est tenté de demander d’arrêter de jouer avec le feu après avoir fait traverser le pays dans des zones de turbulences à cause de leurs calculs machiavéliques. Ce pays qu’on leur a confié dans la paix, ils doivent avoir l’élégance et la courtoisie de nous le rendre dans le même esprit et partir.
Par Moussa KAMARA
AUX URNES, CITOYENS !
Nos politiciens, encore eux, se manifestent en voulant faire différer l’élection présidentielle. Pour dire vrai c’est une infime partie de l’opposition, précisément le Pds, qui se démène ainsi pour faire revenir dans le jeu son candidat recalé...
Nos politiciens, encore eux, se manifestent en voulant faire différer l’élection présidentielle. Pour dire vrai c’est une infime partie de l’opposition, précisément le Pds, qui se démène ainsi pour faire revenir dans le jeu son candidat recalé par le Conseil constitutionnel. Ils oublient que ce parti a perdu de sa superbe depuis qu’il a été jeté dans l’opposition par Benno Bokk Yakaar.
Le puissant Secrétaire Général National des années de braise a pris de l’âge et tous ses ultimes projets ont été contrariés. Son fils biologique lui a succédé mais a causé le départ des fils putatifs et autres ténors du parti. Ceux qui sont restés dans le parti le sont plus par affinité avec la famille ou pour avoir bénéficié des largesses de Wade Président. Encore que, pour ces derniers, la reconnaissance du ventre n’est pas toujours mise en bandoulière !
Les caciques du Pds d’antan ne sont plus à l’Assemblée nationale. Où les jeunes d’aujourd’hui, très radicaux, voulant tout changer tout de suite, n’ont aucune idée des confrontations Ps/Pds d’antan avec des débateurs de très haute facture et maîtrisant leur sujet, qu’ils soient dans le pouvoir d’alors ou dans l’opposition. Cette époque est sans commune mesure avec ce que l’on voit et entend de nos jours. A l’époque il y avait aussi des analphabètes comme aujourd’hui, mais ils étaient très discrets et sans Internet. Aujourd’hui qu’il y a la traduction simultanée et la recherche du buzz, la parole n’est plus distribuée, elle s’arrache. Notre société se retrouve en miniature à l’Assemblée. Toutes les vilénies dans cette société peuvent se constater dans cette Assemblée. Après on viendra nous dire que nous n’avons que les dirigeants et députés que nous méritons.
M’enfin… Le Pds pourra-t-il réussir son projet de faire participer Karim Wade à l’élection présidentielle ? Un vaste chantier mené par des hommes et femmes pas forcément du même calibre que leurs devanciers. Faut savoir que les bisbilles entre le Pds et le Conseil constitutionnel ne datent pas d’aujourd’hui.
Ceux qui défendent le plan, pour ne pas dire projet, du Pds sont moins lourds, moins audibles, moins convaincants et moins hardis. La force du Pds, c’était sa capacité de mobilisation. Qui pouvait remplir tous les terrains vagues de Dakar où se tenaient ses fameux meetings. Avec l’effritement qui a vu ses cadres essaimer selon leurs intérêts vers d’autres cieux, ce parti est moins prégnant, plus absent que présent. Et malgré les foucades de son intrépide et frasque députée, Karim Wade est hors course. Et nous irons tous voter à Dieu ne plaise le 25 février.