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10 août 2025
ÉCHANGES EXPLOSIFS ENTRE TRUMP ET MUSK
Après des mois de collaboration étroite, Donald Trump et Elon Musk ont rompu spectaculairement jeudi. Le milliardaire appelle à la destitution du président, qui menace en retour d'annuler ses contrats gouvernementaux
(SenePlus) - L'idylle entre Donald Trump et Elon Musk a pris fin de manière fracassante ce jeudi 5 juin, dans une escalade de critiques publiques qui illustre l'implosion de l'une des alliances les plus influentes de la politique américaine.
Selon les informations rapportées par Axios, Elon Musk a franchi une ligne rouge en appelant à la destitution du président Trump et en l'accusant d'apparaître dans "les dossiers Epstein". Cette attaque frontale fait suite à une semaine de critiques acerbes de la part du milliardaire contre ce qu'il qualifie de "grand et beau projet de loi" de Trump.
La riposte présidentielle n'a pas tardé. Trump a menacé d'annuler les contrats gouvernementaux de plusieurs milliards de dollars avec les entreprises de Musk, accusant son ancien conseiller d'être devenu "fou", rapporte le média américain.
Dans une déclaration particulièrement virulente sur X (anciennement Twitter), Musk a revendiqué son rôle décisif dans la victoire électorale de Trump : "Sans moi, Trump aurait perdu l'élection, les Démocrates contrôleraient la Chambre et les Républicains seraient 51-49 au Sénat", a-t-il écrit, ajoutant : "Une telle ingratitude."
Cette sortie intervient alors que Musk avait investi près de 300 millions de dollars pour soutenir la campagne présidentielle de Trump et les candidats républicains en 2024.
La querelle publique entre les deux hommes a déjà des répercussions économiques. Comme le souligne Axios, cette guerre ouverte "met en péril des milliards de dollars de contrats gouvernementaux" pour Musk, qui dirigeait jusqu'à récemment le département de l'efficacité gouvernementale (DOGE) avant de quitter l'administration Trump.
Les investisseurs semblent déjà nerveux face à cette escalade, selon les informations du média, qui évoque des pertes financières substantielles pour les deux protagonistes.
Il y a encore quelques semaines, Trump et Musk apparaissaient comme un duo inséparable. Axios rappelle que le PDG de Tesla était considéré comme "l'un des conseillers extérieurs les plus influents" du président et que leur relation semblait se terminer "sur une bonne note" lors du départ de Musk de l'administration.
Cette rupture spectaculaire marque ainsi la fin d'une alliance qui avait façonné une partie de la politique américaine, transformant deux des hommes les plus puissants du monde en adversaires déclarés.
La timeline détaillée des échanges sur X et Truth Social, publiée par Axios, témoigne de l'intensité de cette confrontation qui s'est déroulée en temps réel sous les yeux du public américain, illustrant une nouvelle forme de diplomatie à l'ère des réseaux sociaux.
LE SÉNÉGAL PERD DEUX FIGURES DES MÉDIAS, NICOLAS DIOP ET IBRAHIMA DIENG
Deux personnalités respectées, deux voix du professionnalisme, de l’engagement et de la passion pour la communication, qui laissent derrière elles un vide immense.
Le monde des médias sénégalais est endeuillé par la disparition de deux figures emblématiques : Nicolas Diop, célèbre animateur radio, et Ibrahima Dieng, directeur commercial du Groupe Futurs Médias (GFM). Deux personnalités respectées, deux voix du professionnalisme, de l’engagement et de la passion pour la communication, qui laissent derrière elles un vide immense.
Nicolas Diop, la voix chaleureuse de Sud FM
Animateur de l’émission matinale Ndeeki Li sur Sud FM, Nicolas Diop est décédé ce jeudi des suites d’une maladie. Journaliste au parcours remarquable, il s’était d’abord fait connaître à la Radio Futurs Médias (RFM) à travers l’émission Real One avant de rejoindre Sud FM, où il partageait l’antenne avec Oustaz Maodo Faye et Mbacké Sylla. Sa voix posée, son professionnalisme et sa proximité avec les auditeurs avaient fait de lui une référence des ondes matinales.
Au-delà de la radio, Nicolas Diop était un homme de culture. Il avait entamé une carrière musicale et s’était illustré comme écrivain. Son premier ouvrage, You Génération, était un hommage vibrant à la star internationale Youssou Ndour, saluant l’impact d’un homme sur une génération entière.
Sa disparition est ressentie comme une perte inestimable pour la presse et la scène culturelle sénégalaise.
Ibrahima Dieng, un bâtisseur du développement commercial de GFM
Le Groupe Futurs Médias pleure également la perte de l’un de ses piliers. Ibrahima Dieng, directeur commercial du groupe, est décédé dans un contexte déjà lourd de tristesse. Figure respectée du monde des médias et du marketing, il s’est illustré durant de nombreuses années par son sens du devoir, sa loyauté et sa capacité à fédérer.
« Son départ laisse un grand vide dans le cœur de ses collègues, partenaires et amis. GFM perd un collaborateur, un homme de valeur » indique un communiqué du groupe.
Acteur clé du développement commercial de GFM, il incarnait une vision du service empreinte d’exigence et d’humanité. Son engagement a profondément marqué l’évolution de l’entreprise et le quotidien de ceux qui ont travaillé à ses côtés.
PLUS DE 2,9 MILLIONS DE BARILS DE PÉTROLE EXPORTÉS EN MAI DEPUIS SANGOMAR
Le ministère de l’Énergie, du Pétrole et des Mines a publié ce jeudi un point détaillé sur la production de pétrole et de gaz en mai 2025. À GTA, une deuxième cargaison de gaz naturel a été livrée.
Ce jeudi, le ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines a fait le point sur la production de pétrole et de gaz de Sangomar, GTA et Gadiaga lors du mois de mai 2025.
Ainsi, pour Sangomar, on note trois cargaisons (SAN031, SAN032, SAN033) qui cumulent à un volume total de 2,92 millions de barils. Ces cargaisons ont été commercialisées sur le marché international. Concernant les prévisions de production de l’année 2025, elles restent estimées à 30,53 millions de barils de pétrole brut.
Quant au Grand Tortue Ahmeyim (GTA), le chargement de sa deuxième cargaison (GTA_2025_002) de gaz naturel a été finalisé le 15 mai 2025. Son volume s’élève à 168 426 m³, soit 3,83 millions de MMBtu. Le ministère renseigne par ailleurs que « Les opérations de mise en service des installations se poursuivent, en vue d’une montée progressive en puissance de la production. ».
Enfin, pour le champ de Gadiaga, il a produit de 548 078 normaux mètres cubes (Nm³) de gaz naturel commercialisé au premier trimestre de 2025. Pour ce qui est de sa production mensuelle du mois de mai 2025, il est estimé à 207 737 Nm³.
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FADILOU KEÏTA APPELLE À DES RÉFORMES IRRÉVERSIBLES ET À UNE JUSTICE ÉQUILIBRÉE
Invité de l’émission Champ contre Champ sur la RTS, le directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations a insisté sur la nécessité de consolider l’État de droit et de restaurer l’autorité républicaine.
Invité de l’émission Champ contre Champ sur la RTS, Fadilou Keïta, Directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), s’est exprimé avec clarté sur les enjeux du dialogue national clôturé le 4 juin dernier, insistant sur la nécessité de consolider les réformes institutionnelles et de restaurer l’autorité républicaine.
S’il salue l’ouverture du président Bassirou Diomaye Faye et du Premier ministre Ousmane Sonko à maintenir un climat de dialogue, Fadilou Keïta souligne que les concertations doivent désormais déboucher sur des actions fortes pour stabiliser durablement le cadre institutionnel. Il plaide pour des réformes « sacrées et prioritaires », rendues irréversibles dans le temps, à travers des lois ancrées dans l’administration et les secteurs stratégiques.
Le rappel au droit face à la dérive des discours publics
Au cœur des débats, la question de l’article 80 continue de diviser. Cet article punit de trois à cinq ans d’emprisonnement « les manœuvres et actes de nature à compromettre la sécurité publique ou occasionner des troubles politiques graves ». Il s’agit là du fondement juridique de l’infraction qualifiée d’atteinte à la sûreté de l’État.
Face aux propos parfois haineux ou diffamatoires à l’encontre des institutions, Fadilou Keïta s’insurge :
« Il faut arrêter les abus, que ce soit quelqu’un qui est avec nous ou contre nous. Le président est la plus haute autorité de ce pays. »
Il convient toutefois de rappeler, sur le plan juridique, que l’offense faite au Président de la République relève en réalité de l’article 254 du Code pénal, distinct de l’article 80. Cet article 254 prévoit une peine de six mois à deux ans d’emprisonnement et une amende en cas d’offense au chef de l’État, infraction parfois qualifiée de « crime de lèse-majesté ». Ainsi, contrairement à certaines confusions fréquentes dans le débat public, l’article 80 ne traite pas de l’outrage au président, mais bien des atteintes graves à l’ordre public.
Une justice équilibrée et des réformes consolidées
Abordant également les débats autour de la création d’un juge des libertés, Fadilou Keïta marque son accord sur le principe, tout en appelant à éviter les antagonismes institutionnels : « Le juge des libertés ne doit pas être en opposition avec le procureur de la République. »
Pour lui, il est essentiel que les réformes en cours renforcent l’équilibre des pouvoirs, sans créer de tensions internes à l’appareil judiciaire. L’objectif est clair : bâtir une République plus solide, respectueuse des libertés, mais ferme face aux dérives.
POPOENGUINE, AUX ORIGINES DU PLUS GRAND PÈLERINAGE MARIAL DU SÉNÉGAL
À l’origine de ce sanctuaire dédié à la Vierge, une initiative des Spiritains, concrétisée après la visite d’un évêque séduit par la beauté mystique du site. Aujourd'hui, ce village devenu haut lieu spirituel attire des milliers de fidèles.
Le pèlerinage marial de Popenguine, dont la célébration de la 137e édition est prévue du samedi au lundi, trouve ses racines dans l’initiative des membres de la Congrégation du Saint-Esprit appelés Spiritains, a fait savoir Frère Prospère Joseph Carvalho, le conservateur du sanctuaire marial.
Ces religieux ont prospecté plusieurs lieux avant de choisir le site actuel, jadis appelé ‘’Bop Jinné’’ ou ‘’Tête du génie’’ et d’en faire un centre de pèlerinage chrétien, a-t-il précisé lors d’un entretien accordé à l’APS en prélude à la commémoration de cet évènement religieux d’envergure mondiale.
Selon lui, le site actuel aurait été choisi par un évêque émerveillé par la beauté des lieux qui, depuis 1888 est devenu le point de convergence annuel de milliers de fidèles catholiques du Sénégal et d’ailleurs.
‘’Au départ, il n’y avait même pas cent personnes. C’était juste les communautés de la Petite Côte qui venaient‘’, a dit Frère Carvalho. En comparaison, l’édition 2024 a accueilli 22 0000 marcheurs.
Avec le temps, le pèlerinage a pris de l’ampleur, en recevant des délégations venues de pays de la sous-région et, pour la première fois, du Mali.
Un engouement que le religieux attribue à l’attractivité mystique des lieux. ‘’Beaucoup achètent même des maisons ici, juste pour être au pied de Notre-Dame de Popenguine‘’, le sanctuaire qui abrite la statue de la Vierge Noire.
C’est surtout la marche-pèlerinage qui, selon lui, a permis de donner un certain engouement auprès des jeunes. ‘’Avant, ils n’étaient pas intéressés, car on venait juste le lundi en car, puis on repartait. La marche a changé cela’’, a-t-il dit.
Officiellement lancée, en 1981 sous l’impulsion de feu le colonel Pierre Faye, cette marche, qui contribue largement à la visibilité du pèlerinage, attire aujourd’hui des milliers de personnes, avec l’appui de sponsors.
Selon Frère Carvalho, ‘’Popenguine est un village paumé. Même pour trouver du poisson ce n’est pas simple, mais il y a quelque chose ici qui attire vraiment‘’
A l’en croire, le choix et l’implantation du sanctuaire marial à Popenguine trouve véritablement son origine dans une visite de Monseigneur Picarda (1845-1889), ancien vicaire apostolique du Sénégal.
D’après la légende, après avoir célébré des baptêmes à Guéréo, il découvre le site de Popenguine. Frappé par sa beauté et sa situation en hauteur sur le Cap de Naze, il s’écrie : ‘’Quel magnifique site pour un sanctuaire à la Vierge !’’.
D’origine bretonne et ancien missionnaire aux Antilles, Monseigneur Picarda est inspiré par le sanctuaire de Notre-Dame de la Délivrande de Bayeux, en France. Il a souhaité ériger en Afrique un lieu de pèlerinage dédié à la Vierge.
Popenguine s’est ainsi naturellement imposé pour ce projet, en raison notamment de la signification symbolique du nom du village en wolof : ‘’Tête du Génie ou Tête du Serpent’’’, une référence biblique à la Vierge écrasant la tête du serpent.
C’est ainsi qu’est née l’idée du sanctuaire marial de Notre-Dame de la Délivrande en terre sénégalaise.
DES PERTURBATIONS D’EAU ANNONCÉES À DAKAR LES 9 ET 10 JUIN
La société SEN’EAU procédera à des travaux d’entretien et de sécurisation sur des infrastructures stratégiques. Ces opérations, programmées durant la Tabaski, entraîneront des interruptions temporaires dans la distribution d’eau potable.
La société SEN’EAU, chargée de l’exploitation et de la distribution de l’eau potable en zones urbaine et périurbaine, a annoncé ce jeudi qu’elle effectuera des travaux d’entretien et de sécurisation sur des ouvrages stratégiques du 9 au 10 juin 2025, lesquels entraîneront des perturbations temporaires dans la distribution d’eau, notamment à Dakar ville et dans sa banlieue.
Dans un communiqué, SEN’EAU précise qu’elle a choisi d’intervenir durant la période de la fête de la Tabaski, qui coïncide généralement avec une baisse de la consommation d’eau dans la capitale.
”Ces travaux seront réalisés dans la nuit du lundi 9 au mardi 10 juin 2025 et entraîneront une baisse de pression, voire une coupure d’eau, dans plusieurs localités”, indique la note.
La société assure que le retour à la normale est prévu au cours de la journée du mardi 10 juin. ”La distribution reviendra progressivement à son rythme habituel dans les heures suivant la fin des travaux”, poursuit le communiqué.
Pour atténuer les désagréments, SEN’EAU annonce la mise en place d’un dispositif de camions-citernes dans les zones les plus touchées.
”SEN’EAU compte sur la compréhension de ses clients pour les désagréments occasionnés par ces opérations, dont l’objectif est d’améliorer durablement la qualité du service”, conclut le communiqué
DES BALLES DANS LES SQUELETTES DES TIRAILLEURS
Des squelettes humains criblés de balles ont été exhumés dans le cimetière de Thiaroye. Ces découvertes macabres relancent l'enquête sur le massacre de tirailleurs africains perpétré par l'armée française le 1er décembre 1944
(SenePlus) - Les archéologues ont exhumé les preuves d'un crime longtemps tu. Dans le cimetière militaire de Thiaroye, près de Dakar, des squelettes humains portent encore les stigmates de la violence coloniale : des balles logées dans leurs corps, témoins silencieux du massacre du 1er décembre 1944.
« Des squelettes humains ont été découverts avec des balles dans le corps, au niveau de la poitrine pour certains. Les balles sont de calibres différents », révèle une source proche du dossier à l'Agence France-Presse. Ces fouilles, menées depuis début mai, ne concernent pour l'instant qu'« une petite section du cimetière », selon Le Monde.
Le 1er décembre 1944, les forces coloniales françaises avaient ouvert le feu sur des tirailleurs africains rapatriés des combats européens de la Seconde Guerre mondiale. Ces soldats, venus du Sénégal et d'autres pays ouest-africains, réclamaient simplement le paiement de leurs arriérés de solde.
Les autorités françaises de l'époque n'avaient admis que 35 morts, mais les historiens avancent un bilan bien plus lourd, jusqu'à 400 victimes. Les découvertes actuelles pourraient enfin permettre d'établir la réalité des faits. Une expertise balistique déterminera « la nature des balles et des armes utilisées », tandis que des analyses ADN aideront à identifier les victimes inhumées sur place.
Cette démarche archéologique s'inscrit dans la volonté du gouvernement sénégalais de faire « la manifestation de toute la vérité », comme annoncé le 19 février dernier. Dakar reproche à Paris de dissimuler des faits sur ce massacre, « en retenant notamment des documents d'archives permettant de connaître le bilan humain ».
Des chercheurs réclamaient depuis des années ces fouilles au cimetière de Thiaroye et dans le camp militaire proche, où logeaient les tirailleurs tués. Un comité de chercheurs, mis en place en avril 2024 par les autorités sénégalaises, devait remettre un rapport sur le massacre le 3 avril. Ce rapport n'a toujours pas été publié, sans explication officielle.
La France a finalement reconnu le massacre comme tel fin novembre 2024, à la veille du 80e anniversaire de la tuerie, que le Sénégal a commémorée « avec une envergure sans précédent ».
Ces découvertes macabres rappellent le sort de ces 200 000 tirailleurs sénégalais envoyés en Europe durant la Première Guerre mondiale, dont près de 30 000 sont morts dans les tranchées de Verdun ou du Chemin des Dames. Malgré ce lourd tribut, « le travail de mémoire des tirailleurs sénégalais a longtemps été retardé en France », nombre d'entre eux ayant touché « des pensions bien inférieures aux autres anciens combattants ».
PAR IBRAHIMA KHALILOULLAH NDIAYE
TRAGÉDIE ET CUPIDITÉ HUMAINE
«Notre grande tragédie dans la vie est que nous n’apprenons pas des erreurs du passé ». Cette assertion du poète Boutout Mohamed garde toute sa pertinence quand on l’analyse à l’aune de la survenue des drames qui se succèdent dans nos sociétés.
«Notre grande tragédie dans la vie est que nous n’apprenons pas des erreurs du passé ». Cette assertion du poète Boutout Mohamed garde toute sa pertinence quand on l’analyse à l’aune de la survenue des drames qui se succèdent dans nos sociétés. Il ne s’agit pas de disserter ici sur la tragédie humaine, consubstantielle à la vie en société.
Cette tragédie, comme le rappelle l’écrivain Paulo Coelho, « surgit toujours et rien de ce que nous faisons ne peut changer une ligne du mal qui nous attend ». Deux récents drames, soldés par la mort de deux personnes, ont bouleversé, par leur violence et inhumanité, les Sénégalais. Deux récits qui choquent, déchirent et laissent pantois. Mais surtout laissent s’étioler nos certitudes et interrogent sur la cupidité et la folie humaine. Des attitudes qui peuvent conduire au pire. À la déchéance. Le premier drame est survenu à Arafat, une localité située dans la commune de Missira Wadène (département de Koungheul, région de Kaffrine). Dans ce village, sorti désormais de l’anonymat, l’infirmier chef de poste (Icp), Mamadou Samba Diallo, a été sauvagement tué dans la nuit du mardi 20 au mercredi 21 mai 2025 suite à un acte d’une violence inouïe.
L’Icp, qui résidait dans le poste de santé, a été alerté par des mouvements suspects près de son enclos vers 4 heures du matin. Il comprendra vite que son enclos de moutons était, en cette veille de Tabaski, la cible de ses visiteurs nocturnes. Il tentera alors de le défendre face à des voleurs déterminés à commettre leur forfait. L’affrontement vire alors au cauchemar : Mamadou Samba Diallo est poignardé à plusieurs reprises, et finit par succomber à ses blessures sur les lieux. Il s’en suivra une condamnation du ministère de la Santé et de l’Action sociale, de ses collègues et autres camarades syndicalistes du corps médical.
À juste titre d’ailleurs puisqu’il est tombé dans son lieu de travail, les armes à la main. L’alerte est très opportune vu que l’insécurité semble avoir franchi un pas. Même dans les sanctuaires que devraient constituer nos demeures et lieux de travail. Mais aussi l’arrestation de quelques présumés meurtriers de l’Icp. Le second drame, souhaitant naïvement qu’il soit le dernier, a eu pour théâtre Témento (commune de Paroumba, département de Vélingara) où a été tué Moussa Ndiaye, un commerçant de noix de cajou. Une sauvagerie qui a également conduit au lynchage de Babacar Ndiaye, l’agent de santé communautaire, chef de poste local accusé du meurtre.
Les faits remonteraient au 17 mai dernier d’après plusieurs sources concordantes. Moussa Ndiaye avait été attiré au domicile de Babacar Ndiaye par une offre alléchante de 8 tonnes de noix de cajou, évaluées à 4 millions de FCfa. Confiance faite, le commerçant aurait versé une avance de 2 millions de FCfa. Le jour du drame, Moussa Ndiaye s’est rendu à Témento pour finaliser le paiement et prendre possession de la marchandise. Malheureusement, il n’est jamais ressorti vivant de la résidence de Babacar Ndiaye.
Sa disparition, source d’une inquiétude croissante au sein de sa famille et de son entourage, a rapidement alerté les autorités. L’enquête de la gendarmerie de Pakour accable et cerne l’agent de santé communautaire Babacar Ndiaye, identifié comme la dernière personne ayant eu un contact avec la victime. Une perquisition de son domicile a conduit à une découverte macabre : le corps sans vie de Moussa Ndiaye, dissimulé dans une fosse située derrière les toilettes de la maison.
– La révélation de cette atrocité a provoqué une onde de choc et une vive émotion au sein de la population de Témento. La fureur et le désir de justice immédiate ont malheureusement mené à un acte de violence collective. Les populations ont violemment agressé Babacar Ndiaye, le passant à tabac dans des circonstances qui ont fait l’objet d’une large diffusion sur les réseaux sociaux. Que des images violentes révélant une barbarie humaine. Hospitalisé, l’agent de santé finira par être déféré. Dans les deux cas, des agents de santé sont impliqués. Comme victime et auteur. Ces deux faits-divers, loin d’être isolés et anodins, renseignent également sur la barbarie et la cupidité humaines qui peuvent aveugler et conduire à commettre l’indicible. Nous nous intéresserons ici à la cupidité qui est la « mère des crimes ». Une cupidité, maîtresse « dans l’art de nuire et chef de l’iniquité ».
Il serait donc plus sage de méditer sur les observations, bien à propos, d’Auguste Guyard, dans « Lettres aux gens de Frotey (1863) » avant de franchir le rubicond comme ceux qui l’ont fait à Arafat et Témento : « Rien n’est plus funeste à notre bonheur qu’une insatiable cupidité, que l’ambition d’une fortune rapide ; que l’envie du bonheur des autres ». Dans la perspective du même aveuglement qu’ils peuvent induire, « l’ambition et la cupidité ont les mêmes vices et se rendent coupables des mêmes crimes », selon « La sagesse populaire (1856) d’Adolphe de Chesnel (1856). Sauf que l’ambition peut être très saine là où la cupidité devient la « mère des crimes ».
Même si la vie est une tragédie, il nous faut la prendre à bras-le-corps comme le suggérait Mère Teresa. Mais surtout réfléchir à la commission d’actes qui seront regrettés en cette veille de fête. Encore que toutes ces armes blanches augmentent l’insécurité ambiante.
LOUGA, DEUX MORTS ET SIX BLESSÉS GRAVES SUR LA RN2
Un bus en direction de Saint-Louis est entré en collision frontale avec un véhicule particulier ce jeudi matin, à la sortie de Guéoul. Une enquête a été ouverte pour déterminer les circonstances exactes du drame.
Un grave accident s’est produit ce matin aux environs de 11 heures sur la Route nationale numéro 2 à la sortie de la commune de GuéoulGuéoul à vingt kilomètres de Louga.
Un bus en partance pour Saint Louis a violemment heurté un véhicule particulier roulant en sens inverse. Deux morts ont été dénombrés sur le coup pendant que six autres blessés graves ont été évacués d’urgence à l’hôpital Ahmadou Sakhir Mbaye De Louga par les éléments des sapeurs pompiers de Guéoul.
Les premières constations ont révélé des défaillances des freins du bus qui n’a pas pu éviter le véhicule particulier qu’il a heurté frontalement.
La sous-brigade de gendarmerie appuyés par des élément de la brigade mixte de Louga qui étaient sur les lieux ont ouvert une enquête pour déterminer les causes exactes du drame qui a fait deux morts et six blessés graves.
TABASKI CHEZ LES POLYGAMES, QUAND LE BÉLIER RÉVEILLE LES TENSIONS
Certains hommes préfèrent acheter le mouton en fonction du nombre d’épouses qu’ils ont. Mais avec les contingences de la vie, d’autres se limitent à un seul mouton. Ce qui n’est pas sans conséquence.
Avec la fête de Tabaski, certains hommes préfèrent acheter le mouton en fonction du nombre d’épouses qu’ils ont. Mais avec les contingences de la vie, d’autres se limitent à un seul mouton, et ce, conformément à la religion. Ce qui n’est pas sans conséquence sur la stabilité de nombreuses familles.
"Une épouse, un problème. Deux épouses, deux problèmes, trois épouses… ", dit-on dans le langage populaire. Ainsi, à l’occasion de la fête de Tabaski, certains hommes préfèrent conjuguer le nombre de moutons à sacrifier au nombre d’épouses. C’est le cas de Ousseynou Diop, agent au tribunal de Dakar. Depuis qu’il est devenu polygame, à chaque Tabaski, il achète deux moutons, mais théoriquement, un seul est destiné à l’une des épouses. « J’achète deux moutons. L’un est pour mon propre sacrifice en tant que chef de famille. L’autre est destiné à mon épouse qui n’est pas de tour le jour de la Tabaski », confie-t-il.
Cependant, avec les contingences de la vie et le coût exorbitant du mouton, il est devenu de plus en plus difficile de respecter la règle « une épouse, un mouton ». Les yeux rivés sur un journal, Ibrahima Baldé, trouvé à la gare de Rufisque, semble se braquer lorsqu’on aborde la question de la Tabaski avec lui. Le quinquagénaire dit passer des nuits blanches depuis quelques jours.
Car, cette année, sa troisième épouse a exigé l’achat d’un mouton. «Toutes ces années, j’en achetais deux et elle venait chez ma mère passer la fête avec la première. Cette fois-ci, elle m’a exigé un mouton à l’instar de ses coépouses, sinon elle préfère rester chez ses parents», raconte le sieur Baldé qui, à quelques jours de la fête, n’a qu’un seul mouton. Le septuagénaire Moussa Mbengue est dans un dilemme, même si, depuis sa retraite, il y a quelques années, ce sont ses enfants qui lui paient le mouton de Tabaski. Son inquiétude est liée au fait que ses deux épouses ne vivent plus dans la même maison.
La première loge à la Cité Mansour de Rufisque et la seconde à Hlm Rufisque. « Avant, nous vivions ensemble à Liberté VI. Mes enfants achetaient un seul mouton pour toute la famille. Depuis des jours, j’essaie de les convaincre pour qu’ils en trouvent deux afin que leur mère et leur tante aient chacune un mouton », dit le maître coranique, qui force le sourire.
Clerc dans un cabinet d’avocat, Ayouba Diédhiou est loin de cette tourmente. « L’islam parle de sacrifice pour l’homme et non pour les épouses. La religion n’a jamais dit un mouton par épouse », tranche d’emblée ce polygame. Ainsi, il renseigne que, comme l’année dernière, il compte acheter un seul mouton pour ses deux épouses qui vivent séparément. « C’est la deuxième qui vient chez la première. La fête sera une avec un seul mouton », indique M. Diédhiou.
Si son épouse accepte cette situation, il n’en est pas le cas pour Mme Sow, deuxième femme. L’inimitié entre elle et sa coépouse l’oblige maintenant à acheter un mouton pour elle et ses enfants. Son mari lui a fait savoir qu’il ne peut pas passer outre les recommandations divines. Mme Mme Sow a certes les moyens de s’acheter un mouton, mais d’autres préfèrent retourner chez leurs parents ou en arrivent même à des disputes conjugales. C’est dire que parfois, le mouton de Tabaski est source de tension dans certains couples polygames.