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25 mai 2025
NDINGLER, LE TEST FONCIER DE DIOMAYE
Alors que l'ex-fonctionnaire des impôts, autrefois défenseur des villageois, est désormais président, la question se pose : parviendra-t-il à concilier légalité et justice sociale dans ce dossier explosif ?
(SenePlus) - Pour le président Bassirou Diomaye Faye, résoudre le conflit foncier de Ndingler représente aujourd'hui un délicat test politique. Lui qui, avant son élection, défendait ardemment les droits des villageois face à l'industriel Babacar Ngom, se retrouve désormais en position d'arbitre. Cette affaire emblématique, qui s'éternise depuis plus de dix ans, oppose des agriculteurs locaux au fondateur de Sedima, première entreprise avicole du pays.
"Rendre les 80 hectares aux paysans en laissant 150 hectares à une seule personne dont la survie n'en dépend même pas, c'est la seule solution juste qui tienne. Toute autre solution serait promotrice d'un capitalisme assassin", déclarait Diomaye en 2021, alors qu'il n'était qu'un inspecteur des impôts engagé aux côtés de l'opposant Ousmane Sonko. Aujourd'hui président, il doit concilier ses engagements passés avec son rôle de chef d'État représentant tous les Sénégalais.
À Ndingler, petit village situé dans le département de Mbour à plus de 100 kilomètres de Dakar, le conflit a débuté en 2014, lorsque Babacar Ngom est venu présenter son projet agro-industriel, comme le rapporte Jeune Afrique. "On lui avait tout de suite opposé une fin de non-recevoir, car nous n'avons que ces terres pour cultiver", explique Mbaye Diouf, coordonnateur du Collectif de défense des terres de Ndingler, cité par le magazine panafricain.
Pourtant, cinq ans plus tard, l'industriel revient avec un titre foncier en main. La commune voisine de Sindia lui a attribué 300 hectares, dont 224 hectares ont été immatriculés à son nom, incluant 75 hectares revendiqués par les villageois. Dans ce village sans eau courante ni électricité, ces terres sont vitales : elles permettent de cultiver "mil, arachide, niébé et maïs, en fonction des saisons" pour nourrir "plus de 100 personnes", précise Mbaye Diouf.
L'engagement de Bassirou Diomaye Faye dans cette affaire n'est pas anodin. Ndingler se trouve à seulement 10 kilomètres de sa commune natale de Ndiaganiao. "Lorsque nous l'avons interpellé, il a constaté l'injustice que nous vivions. Mais à présent, il est le président de tous les Sénégalais, et il doit tous les traiter de la même manière", reconnaît Mbaye Diouf auprès de JA.
Selon Seydi Gassama, directeur d'Amnesty International Sénégal qui soutient les villageois, le président "reste sensible à la cause" mais cherche à ne pas politiser le dossier. Une rencontre récente entre le Premier ministre Ousmane Sonko et Babacar Ngom a d'ailleurs ravivé les espoirs d'une résolution prochaine.
Cette affaire illustre les contradictions du système foncier sénégalais. La loi sur le domaine national de 1964, en nationalisant l'ensemble des terres du pays, "a favorisé l'accaparement des parcelles rurales par les élites urbaines", explique Jeune Afrique. Le problème est particulièrement aigu dans le "triangle de prospérité" entre Dakar, Mbour et Thiès.
"On parle de communautés qui ne sont pas scolarisées. Pour elles, ce sont les terres de leurs ancêtres, qu'elles vont cultiver et laisser à leur fils", explique le juriste foncier Mamadou Mballo. Si Babacar Ngom a acquis ces terres légalement, "que vaut cette légalité devant des gens qui ont occupé cette terre depuis des siècles ? Ils ne lui en reconnaîtront jamais sa propriété."
Quatre ans après l'éclatement médiatique du conflit, la situation reste figée. Les terres contestées sont en jachère, inaccessibles aux agriculteurs depuis un arrêté préfectoral pris après des affrontements. "Chacune des deux parties campe sur sa position : le premier brandissant ses titres fonciers, acquis légalement, les seconds demandant qu'on leur rende leurs terres ancestrales", résume Jeune Afrique.
Babacar Ngom défend un projet "d'utilité publique" qui offrirait des emplois aux villageois. Un argument rejeté par ces derniers : "Tu as ton champ, quelqu'un s'en empare, et tu dois devenir son employé. Est-ce que c'est logique ?", s'interroge Mbaye Diouf.
Seydi Gassama espère que l'État proposera d'autres terres à l'industriel, tandis que Mamadou Mballo salue le lancement d'un projet étatique de sécurisation foncière qui devrait aider les communautés rurales à faire reconnaître leurs droits.
Pour l'heure, les villageois restent dans l'expectative, comme le rapporte le magazine : "Avec le nouveau gouvernement, les choses changeront peut-être", confie Mbaye Diouf. "Nous, tout ce que nous voulons, c'est qu'on nous rende nos terres."
LES RUINES DU CENTRE UNIVERSITAIRE DE KOLDA
Sur un terrain de mille hectares, les bâtiments à moitié construits se détériorent, envahis par la végétation sauvage. Les étudiants, victimes collatérales de cette négligence, étudient dans des conditions précaires à l'ex-École normale ou à la Maison de
Dans l’enseignement supérieur, il y a le mouvement d’humeur du Saes qui réclame l’application de son indemnité de retraite. Mais, il y a surtout le problème des infrastructures qui enrage les étudiants et le personnel enseignant qui réclament leurs livraisons. Depuis 10 ans, le débat se poursuit, mais la réalité est la même dans toutes les universités publiques. C’est la même situation aussi bien dans les nouvelles universités que les anciennes qui fonctionnent dans des conditions exécrables, avec des années universitaires qui se chevauchent comme si de rien n’était. Une anormalité devenue la règle.
Dans la capitale du Fouladou, les travaux de construction du Centre universitaire de Kolda ne sont toujours pas achevés. Cela fait dix ans aujourd’hui que les bâtiments connaissent un état de délabrement avancé. Les campus sont un champ de patates parsemé d’herbes, lieux de refuge de différents animaux sauvages. Les travaux de construction avancent à pas de caméléon sur cet espace de plusieurs hectares offert par deux collectivités territoriales. A cause de la non-disponibilité des amphithéâtres, les cours se font dans des centres délocalisés comme l’ex-Ecole normale supérieure, le Crfpe, la Maison de l’outil. Et les étudiants sont contraints de loger dans des chambres louées en ville.
C’est un espoir anéanti par une longue attente. Dans le Fouladou, les populations sont dans l’attente qui se prolonge. Démarrés depuis 2015 sur un espace de mille hectares, les travaux de construction du Centre universitaire de Kolda avancent toujours à pas de caméléon. L’espace qui abrite les travaux a été offert par deux communes rurales : celle de Dioulacolon pour 600 hectares et la commune de Bagadadji 400 hectares. Sur les lieux, différents bâtiments sont sortis de terre avec une exécution des travaux très avancée. Malgré tout, les travaux ne finissent pas et les populations du Fouladou sont impatientes de la fin totale des constructions. Différents segments de la vie socioprofessionnelle sont toujours montés au créneau pour exiger des autorités la fin des travaux. Des revendications et réclamations qui n’ont rien donné malgré les fortes pressions des populations à travers de hauts responsables locaux. Les différentes entreprises qui se sont succédé dans l’exécution des travaux n’ont jamais mis le pied au plancher.
Plusieurs arrêts des travaux ont été dénombrés, sauf quand on apprend l’arrivée du ministre de tutelle pour voir des ouvriers s’activer comme des orpailleurs sur une mine d’or. La lenteur des travaux repose sur des questions de financements : tantôt c’est l’entreprise en charge des constructions qui ne respecte pas ses engagements, tantôt ce sont les ouvriers qui boycottent le chantier faute de paiement. Des fois, c’est le matériel de construction qui est en rupture. Au même moment, on y voit des tas de sable blanc, de béton, des barres de fer en quantité industrielle, des réservoirs d’eau pleins. Finalement, les véritables raisons de l’arrêt des travaux sont un mystère difficile à élucider.
Négligence ou sabotage dans l’exécution des travaux
Nombreux sont ceux qui perçoivent la lenteur des travaux comme une négligence de la part des entreprises chargées d’exécuter les travaux de construction. Mais l’Etat du Sénégal est au banc des accusés en ce sens que c’est un chantier de l’Etat. Dans tous les cas, la première entreprise qui a démarré les travaux a fini par quitter les lieux pour non-respect des clauses du contrat. Selon les populations, il est inacceptable de constater ces lenteurs pour un Etat soucieux de l’équité dans le fonctionnement de l’enseignement supérieur. «C’est un manque de volonté politique», regrette Fabouly Gaye, responsable politique et ancien président du Conseil régional de Kolda. Il a toujours élevé la voix pour réclamer la fin des travaux au profit des enfants du pays, particulièrement ceux du Fouladou dont les échecs sont nombreux dans les autres universités du pays à cause du dépaysement et du manque de tuteurs. Autant de conditions difficiles pour la plupart des filles et fils de Kolda qui suivent leurs études supérieures hors de la région.
Une autre figure politique au Fouladou parle de sabotage par l’Etat dans l’octroi du marché de construction de cette université. L’homme s’interroge sur l’appel d’offres et les conditions de dépouillement qui ont fait gagner le marché à ces entreprises qui, selon lui, se sucrent sur le dos de l’Etat et refusent impunément d’exécuter correctement les travaux. Les chantiers non achevés de l’Etat au Fouladou, il y en a beaucoup ; c’est du sabotage, a-t-on l’habitude d’entendre en langue locale.
Sur le site qui abrite les locaux du Centre universitaire de Kolda, les travaux avancent et les populations ne cessent de réclamer leur fin. Du campus pédagogique au campus social, les travaux avancent à pas de caméléon dans cet espace parsemé d’arbres, d’arbustes et d’herbes sauvages, refuge des animaux sauvages.
Les salles de l’ex-Ecole normale servent d’amphis aux étudiants
Malgré la non-disponibilité des locaux du Centre universitaire de Kolda, plus de trois cents étudiants sont orientés dans ce temple du savoir. L’année universitaire 2024/2025 a démarré pour ces nombreux étudiants qui, pour le moment, font leurs cours dans les salles de classe de l’école de formation des instituteurs, plus connue sous le nom de l’ex-Ecole normale, située au quartier Saré Kémo, dans la commune de Kolda. Dans ces salles, les étudiants apprennent par cohorte, généralement de 8h à 12h et de 15h à19h tous les jours, avec des professeurs qui viennent de l’Université de Ziguinchor. La plupart de ces étudiants, qui n’ont pas codifié, louent des chambres loin du campus social qui est à quelques mètres du restaurant universitaire. Face à cette situation, ils dénoncent souvent les conditions d’hébergement à cause du surpeuplement au campus social et la qualité des repas. Quant aux conditions d’études, ils partagent la même enceinte avec les élèves-maîtres et le personnel du Centre régional de formation du personnel de l’éducation (Crfpe).
La Maison de l’outil, un bâtiment situé le long de la nationale au quartier Saré Kémo, est aussi un site dans lequel les étudiants font toujours cours. Il faut signaler que cette université est située en pleine brousse sur la Rn6, à plus de cinq kilomètres du centre-ville de Kolda. D’ailleurs, les étudiants déjà enrôlés dans cette université déplorent leurs conditions d’études dans les sites provisoires. L’étroitesse des locaux, l’insuffisance des salles de cours, l’absence de matériel pédagogique adéquat sont les principales difficultés que rencontrent les pensionnaires du centre universitaire délocalisé de l’université Assane Seck de Ziguinchor à Kolda.
Il s’y ajoute la qualité des repas et les conditions de vie au campus social. Pour réclamer de meilleures conditions d’études, de restauration et d’hébergement, ces étudiants ont pour la première fois observé, le 6 janvier 2025, une grève de 48 heures dans le sens de se faire entendre par les autorités.
par Jean Pierre Corréa
QUAND LE BÂTIMENT RÂLE…TOUT VA !
L’inauguration du siège du Syndicat professionnel des entrepreneurs du bâtiment du Sénégal est une preuve de la vitalité du secteur. Le gouvernement se doit d’être aux côtés des initiatives d’unité patronale, pour accompagner cette dynamique
La nouvelle permanence du Syndicat professionnel des entrepreneurs du bâtiment et des travaux publics du Sénégal (SPEBTPS), a été inaugurée mardi à Dakar, et baptisée au nom du défunt fondateur de la Compagnie sahélienne d’entreprises (CSE), Aliou Ardo Sow, choisi pour ses qualités d’entrepreneur et de bâtisseur, selon les syndicalistes.
Sous la houlette du président du Syndicat, Oumar Ndir, qui pour l’occasion, avait viré de son pourtant joli minois, son « niangal’ » de rigueur, cette cérémonie fut le lieu réjouissant d’un rassemblement tout en élégance de la fine fleur de notre patronat national.
Il est vrai qu’il était difficile de résister aux préparatifs aussi énergiques que délicatement menés des deux fées ouvrières de ce happening patronal, que furent mesdames Marième Ndiaye et Ndiémé Laye Ba, dont l’exquise élégance provoqua « des blessés », dans une assistance masculine et du coup, plus attentive.
Dans une atmosphère conviviale, marquée par un patronat unifié grâce à la présence d’Adama la Cness et du sémillant Baïdy Agne, Monsieur Oumar Ndir rendit hommage à Feu Monsieur Aliou Ardo Sow, qui fut selon ses propos un ‘’levier essentiel pour le développement et la transformation de notre nation’’, rajoutant que ‘’Les réalisations de cet éminent entrepreneur, à travers la CSE, ont marqué de manière indélébile le paysage économique et infrastructurel du Sénégal et de la région’’.
L’actuel président du Directoire de la CSE, Oumar Sow, dans le « parler vrai et juste » hérité de son défunt père, et en toute liberté que lui confère sa responsabilité de patron engagé, mit avec une franchise décontractée, les deux pieds dans le plat de l’immobilisme ambiant, en faisant le vœu que la fin du mandat de Baidy Agne au CNP soit marquée par le dépôt d’une loi mettant en pôle position les entreprises sénégalaises, dans cette construction d’un Sénégal nouveau et attendu par toute une population désireuse d’un futur avenant pour ses enfants. Tout ça dit en souriant…
A bon entendeur…. Salut !
Repoussant l’adage qu’il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut rien entendre, Yankhoba Diémé, le ministre des Infrastructures, des Transports terrestres et aériens, embraya sur la nécessité de faire de « Keur Aliou Ardo Sow le symbole de l’engagement, de la résilience et du dynamisme des acteurs nationaux du secteur du BTP, un lieu d’échanges et de partage, de concertation et de renforcement des capacités des entreprises sénégalaises du BTP.
Répondant aux attentes d’un patronat qui a posé ses doléances avec une calme détermination, Monsieur Diémé s’est voulu rassurant, hissant le « drapeau blanc » pour promettre que “l’État du Sénégal, sous l’impulsion de Son Excellence Monsieur Bassirou Diomaye Diakhar Faye, président de la République, accordera une place centrale aux infrastructures dans sa stratégie de développement économique et social. La volonté d’y aller avec le secteur privé sénégalais est sans équivoque”… Alhamdoulilah !
« Oupou bakhna ci lakh bou tang ».
L’inauguration de ce siège est une preuve tangible de la vitalité du secteur du BTP et de l’engagement collectif pour son essor. Le gouvernement se doit d’être aux côtés des initiatives d’unité patronale, pour accompagner cette dynamique, dans un esprit de concertation et de dialogue constructif. Pour qu’ensemble, nous puissions bâtir un Sénégal toujours plus moderne, compétitif et prospère.
Quand le bâtiment vaille…Tout va !
par Djibril Keita et Ibra Pouye
DE L’ÉCONOMIE DE L’HUMAIN POUR UN NOUVEAU PARADIGME EN POLITIQUES PUBLIQUES
Ce modèle d’économie est, sans nul doute, une source d’inspiration pour orienter les politiques publiques dans notre Sénégal engagé dans une séquence politique et sociale inédite pour sa transformation
Djibril Keita et Ibra Pouye |
Publication 01/03/2025
En Afrique subsaharienne et particulièrement au Sénégal, dans ce contexte politique issu et/ou inspirant des volontés dans la construction de souverainetés, d’autonomies dans la décision publique et de décollage définitif pour ne pas dire de développement social et économique irrépressible, le constat saute à l’oeil qu’au coeur des préoccupations contemporaines, l'économie de l'humain s’impose désormais. Elle est comme une approche indispensable en plus d’être innovante face aux défis socio-économiques actuels dans cette région du monde, dont la démographie est dynamique, les ressources naturelles généreuses sans être éternelles, un climat au beau fixe malgré le réchauffement climatique, nonobstant les besoins croissants avec en même temps une des meilleures marges, si ce n’est la meilleure, de transformation systémique dans le monde. En témoignent les ouvrages, les rapports et reportages aux titres évocateurs: «L’Avenir c’est l’Afrique...»1, «L’Afrique est l’avenir du monde...»2, «L’Afrique est le continent d’avenir...»3. Contrairement aux modèles économiques traditionnels qui privilégient systématiquement la maximisation du profit et l'accumulation des richesses avant la redistribution, et dans lesquels la plupart des pays du continent, si ce ne sont tous, ont jusqu’ici eu du mal à faire leur place dans le concert des concurrences entre nations en ce 21ème siècle, cette nouvelle vision, de l’économie de l’Humain, place l'être humain au centre des préoccupations économiques.
Les fondements de l'économie de l'Humain
Parmi les idées clés de l'économie de l’Humain, nous identifions principalement deux :
- D'abord, elle reconnaît la valeur intrinsèque de chaque individu, considérant l'être humain non pas comme un simple acteur économique, mais comme un porteur d’éthique et un créateur de valeurs à part entière. Cela implique une réévaluation des indicateurs de succès économique : au lieu de se concentrer uniquement sur le PIB, cette approche s'intéresse à des indicateurs de bien-être, comme l'éducation, la santé, et l'égalité des droits, les possibilités de se saisir d’opportunités diverses et cela dans l’autonomie qui sied fondamentalement à l’être Humain dans son contexte, écologie ou écosystème de vie malgré sa dimension éminemment sociable.
- Ensuite, l'économie de l'humain met l'accent sur la solidarité et la coopération. Elle prône des modèles où les individus et les communautés collaborent pour atteindre des objectifs communs, renforçant ainsi le tissu et lien social, bases pour la cohésion sociale. Ce modèle s'oppose à la compétition exacerbée souvent observée dans les économies orientées vers le profit et où l'individualisme prévaut.
Ce modèle d’économie de l’Humain est, sans nul doute, une source d’inspiration pour orienter les politiques publiques dans notre Sénégal engagé dans une séquence politique et sociale inédite pour sa transformation positive systémique irréversible.
Les enjeux sociaux et économiques
L'un des principaux enjeux de l'économie de l'humain réside dans la lutte contre les inégalités. Dans un Sénégal où les disparités économiques se creusent, inspirant et mobilisant une écrasante composante de la jeunesse et des moins jeunes à opérer un choix net envers et contre toutes les manoeuvres, cette approche de l’économie de l’Humain cherche à établir des mécanismes qui favorisent la redistribution des richesses. Elle opère, pour cela, par des politiques fiscales plus progressives et des investissements dans l’éducation, la protection sociale et la santé afin de contribuer à offrir de meilleures opportunités à tous, sécuriser les parcours de vie citoyen exposés à de multiples risques, réduisant ainsi les écarts socio-économiques et favorisant la cohésion sociale.
De plus, l'économie de l'humain prend en compte les enjeux environnementaux. La prise de conscience croissante des limites planétaires et des conséquences du dérèglement climatique invite à repenser les modèles de production et de consommation à l’échelle de notre Sénégal. Le développement de l'économie circulaire, qui vise à minimiser les déchets et maximiser la réutilisation, s'inscrit parfaitement dans cette vision, en plaçant la durabilité au coeur de l'activité économique. Dans la situation actuelle de notre Sénégal confronté à un chômage massif de la jeunesse, à une structuration plus importante de l’activité économique et donc un besoin important de création d’emplois, l’économie circulaire peut être un levier de création d’emplois mais aussi de maîtrise du traitement des déchets de l’inéluctable consommation et donc de l’aménagement et l’assainissement de nos villes et villages. Un vivier de développement de métiers de ce secteur dans les collectivités locales est ainsi à notre portée.
Les implications pour l’avenir du Sénégal
Adopter l'économie de l'humain nécessite des changements profonds dans les politiques publiques, les pratiques économiques et la manière dont nous concevons le progrès : celui-ci devant être au service de notre bien-être collectif et individuel. Les gouvernements doivent donc promouvoir, construire des initiatives qui favorisent le bien-être, comme un système de protection sociale, un accès universel et pérenne à l’éducation, un accès universel et de qualité aux soins de santé et la promotion de l'inclusion sociale.
Sur le plan entrepreneurial, les entreprises au Sénégal, formelles et informelles, doivent réévaluer leurs missions, qui au-delà de la recherche de profit, en intégrant des valeurs sociales et environnementales dans leurs stratégies comme concilier rentabilité et impact social positif, s’appuyer sur des exemples de modèles d'affaires responsables, coopératives.
L'économie de l'Humain adossée à la banque de la diaspora ou plutôt aux «Diaspora Bonds» représente une voie prometteuse pour répondre aux défis actuels de notre Sénégal de la Téranga à bâtir sans relâche sur la base de valeurs éthiques comme l’inspire de façon déterminée le projet Pastef: en plaçant l'individu au centre des préoccupations d'une transformation systémique, éthique et socio-économique ; cette approche ouvre la porte à un avenir où la solidarité durable et l'équité sont des piliers fondamentaux. Pour transformer le modèle économique de notre pays en un modèle économique humaniste, résilient et éthique, il est essentiel que chacun d'entre nous, à partir de sa position sociale et professionnelle ou relative à une activité économique, s'engage activement dans cette démarche de transformation systémique, afin de construire un Sénégal plus juste et plus harmonieux, où chacune et chacun a la possibilité de s'épanouir pleinement.
Djibril Keita est sociologue, enseignant en santé publique et politiques sociales, co-fondateur de l’Institut Esprit Public Stratégies et Intelligences (IEPSI).
Ibra Pouye est éditorialiste et contrôleur des finances publiques.
1 Maeva Bougue, L’avenir c’est l’Afrique. Un continent en plein essor, une vision pour demain. », Independantly published en août 2024, 84 pages.
2 Carlos Lopes, L’Afrique est l’avenir du monde. Repenser le développement »Paris éditions du Seuil, mars 2021, 256 pages.
3 Rapport publié en 2016 sur le site du gouvernement français.
texte collectif
LETTRE OUVERTE À LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
Le refus d'Embaló de fixer la date de l'élection présidentielle conformément aux dispositions de la Constitution fait partie d'un plan de fuite en avant visant à rester au pouvoir et à consolider la dictature en place
Le mandat du président de la République de Guinée-Bissau Umaro Sissoco Embaló expire le 27 février 2025, conformément à la Constitution de la République en vigueur dans le pays.
Malgré ce fait, et en violation flagrante de la Constitution et des normes internationales, le président Umaro Sissoco Embaló a refusé de créer les conditions nécessaires à la tenue du scrutin présidentiel en vue de l'élection d'un nouveau chef d'État avant la fin de son mandat.
Les plans anticonstitutionnels de Sissoco Embaló pour conserver le pouvoir représentent non seulement un danger pour la Guinée-Bissau, qui est historiquement secouée par une instabilité politique militaire chronique, mais aussi une menace réelle de contagion imprévisible pour toute l'Afrique de l'Ouest.
Le refus d'Embaló de fixer la date de l'élection présidentielle conformément aux dispositions de la Constitution fait partie d'un plan de fuite en avant visant à rester au pouvoir et à consolider la dictature en place dans un pays présentant d'énormes faiblesses et vulnérable au crime organisé.
Il est clair que l'hostilité de Sissoco Embaló aux principes démocratiques et aux préceptes constitutionnels est un moyen d'échapper au contrôle du peuple guinéen, profondément affecté par l'extrême pauvreté résultant des cycles d'instabilité politico-militaire, de blocage institutionnel et de mauvaise gouvernance qui se sont aggravés au cours des cinq dernières années.
En effet, dans sa stratégie de maintien au pouvoir en marge de la loi, Umaro Sissoco Embaló a annoncé à plusieurs reprises que les élections présidentielles se tiendraient en novembre 2025, soit neuf mois après la fin de son mandat.
Depuis son arrivée au pouvoir le 27 février 2020, le président Umaro Sissoco Embaló dirige la Guinée-Bissau d'une main de fer, utilisant les forces de défense et de sécurité pour perpétrer de graves violations des droits de l'homme, notamment des arrestations arbitraires, des enlèvements et des passages à tabac de journalistes, de voix dissidentes, d'activistes civiques et d'opposants politiques.
Pour éclaircir les atrocités commises par le régime dictatorial d'Umaro Sissoco Embaló à l'encontre du peuple Bissau-guinéen, permettez-nous de porter à votre attention les faits suivants :
a) Attaque barbare et destruction de Radio Capital FM le 7 février 2022, avec sept journalistes blessés, perpétrée par des militaires de la garde présidentielle d'Umaro Sissoco Embaló.
b) Création d'une brigade d'enlèvement et de bastonnade, qui fonctionne comme une sorte de milice pour le régime d'Umaro Sissoco Embaló, qui a déjà enlevé et brutalement battu plus de 10 personnes.
c) Le coup d'État constitutionnel a été réalisé par la dissolution inconstitutionnelle du parlement le 4 décembre 2023, quatre mois après l'entrée en fonction des députés. Plus d'un an après la dissolution du parlement, M. Embaló refuse d'organiser des élections législatives.
d) Coup d'État institutionnel consommé avec l'utilisation de milices armées qui ont pris d'assaut les locaux de la Cour suprême de justice le 3 novembre 2023, forçant la démission coercitive du président élu de cette plus haute instance judiciaire. À partir de cette date, Umaro Sissoco Embaló a installé sa marionnette à la tête du système judiciaire Bissau-guinéen avec un programme clair de destruction des principaux partis politiques et de révocation obligatoire des juges qui vont à l'encontre de ses objectifs autocratiques.
e) Le coup d'État institutionnel contre le président élu du Parlement, réalisé le 22 septembre 2024, au moyen d'un assaut armé dans les locaux du Parlement. À partir de cette date, Umaro Sissoco Embaló a illégalement installé le deuxième vice-président du Parlement en tant que nouveau président de cet organe souverain.
f) L'interdiction totale, illégale et inconstitutionnelle de la liberté de manifestation et de réunion en Guinée-Bissau, depuis le 15 janvier 2024, sur ordre d'Umaro Sissoco Embaló.
g) L'arrestation arbitraire de 93 membres du Front populaire le 18 mai 2024, suite à la manifestation pacifique organisée par ce mouvement civique. Tous les détenus ont été soumis à des séances de torture brutale au ministère de l'Intérieur. À ce jour, les auteurs moraux et matériels de ces actes criminels n'ont pas eu à répondre de leurs actes.
h) La transformation de la Guinée-Bissau en une oasis du crime organisé, notamment du trafic de drogue, avec de graves répercussions sur la sous-région.
Malgré ces actes subversifs récurrents, les violations graves de la Constitution bissau-guinéenne, les coups d'État institutionnels qui ont renversé les institutions vitales de la démocratie bissau-guinéenne et les violations systématiques des droits de l'homme, la communauté internationale, en particulier la CEDEAO, n'a jamais pris les mesures adéquates pour contraindre le Président Umaro Sissoco Embaló à remplir ses obligations internationales.
En effet, la 66e session ordinaire de la Conférence des chefs d'État et de gouvernement, qui s'est réunie à Abuja le 15 décembre 2024, a instruit le président de la Commission d'envoyer une mission de haut niveau en Guinée-Bissau pour soutenir les efforts des acteurs politiques et des parties prenantes en vue de parvenir à un consensus politique sur le calendrier électoral. Malheureusement, à ce jour, la CEDEAO n'a pas été en mesure de mettre en œuvre cette résolution et d'autres en Guinée-Bissau.
En conséquence, le peuple guinéen est pris en otage par un régime violent, dictatorial, imprévisible et potentiellement dangereux pour la stabilité de la sous-région.
Dans ce contexte de destruction de la démocratie et de l'État de droit, il est impératif que la communauté internationale intervienne avec plus de force, sous peine de contribuer indirectement à l'instabilité permanente et à la consolidation conséquente de la dictature d'Umaro Sissoco Embalo, avec des conséquences sous-régionales.
En défense des valeurs axiologiques de la démocratie et de la stabilité sous-régionale, nous, organisations de la société civile des pays de l'Afrique de l'Ouest, profondément préoccupées par l'évolution de la situation politique et des droits de l'homme en Guinée-Bissau, avons décidé de signer cette Lettre Ouverte à la Communauté Internationale, l'exhortant à adopter les mesures urgentes suivantes contre le régime dictatorial d'Umaro Sissoco Embaló :
1. Interroger le président Umaro Sissoco Embaló sur la fin irréversible de son mandat le 27 février 2025, et sur l'abandon immédiat du pouvoir qui en découle au cas où des élections présidentielles ne seraient pas organisées avant cette date.
2. Exiger le rétablissement immédiat de l'ordre constitutionnel en Guinée-Bissau, ce qui implique la tenue d'élections à la Cour suprême de justice, le retour du président élu du Parlement à ses fonctions, l'élection des membres du secrétariat de la Commission électorale nationale et la tenue d'élections législatives et présidentielles inclusives et transparentes.
3. Demander aux autorités nationales de mettre fin immédiatement à la vague d'arrestations arbitraires, d'intimidations et de menaces à l'encontre des citoyens, des journalistes, des opposants politiques et des défenseurs des droits de l'homme.
4. Exiger des autorités Bissau-guinéennes l'ouverture d'enquêtes judiciaires transparentes afin d'identifier et de tenir pour pénalement responsables les auteurs moraux et matériels d'enlèvements, de tortures et de passages à tabac de citoyens.
5. Exiger des autorités Bissau-guinéennes qu'elles respectent scrupuleusement leurs obligations internationales en matière de droits de l'homme, en particulier la liberté de presse, de réunion, de manifestation et d'expression.
6. Envoyer une mission conjointe de facilitation du dialogue, incluant la CEDEAO, l'UA, l'UE, la CPLP et l'ONU, en vue d'établir un calendrier électoral consensuel selon les termes de la Constitution Bissau-guinéenne.
Les organisations signataires :
1. Guiné-Bissau
- Espaço de Concertação das organizações da Sociedade Civil
- Frente Popular
- Liga Guineense dos Direitos Humanos
- Rede Nacional dos Defensores dos Direitos Humanos
- Associação Juvenil para a Proteção dos Direitos Humanos
- Rede das Mulheres Mediadoras
- Conselho das Mulheres
- MIGUILAN
- ALTERNAG
- Rede Paz e Segurança para as Mulheres no Espaço CEDEAO
2. Sénégal
- Africajom Center
- Mouvement Citoyen
- Syndicat des professionnels de l'information et de la Communication du Sénégal
3. Gambie
- The Gambia Centre for Rights and Justice
- The Gambia Public-Private Integrity
- The Association of NGOs in the Gambia
- Gambia Participates
- Beakanyang (Equality for All)
- Accountability Project Gambia
- Solo Sandeng Foundation
- Gambia Foods and Nutrition Association, GAFNA
- African Network against Extrajudicial Killings and Enforced Disappearances (ANEKED)
4. Ghana
- West Africa Civil Society Institute (WACSI)
5. Cap-Vert
- Plataforma das ONG de Cabo Verde
- Donu Nha Distinu
- Associação Chã de Matias
- Associação Caboverdiana de luta contra a Violência Baseada no Género
- City Habitat
6. Togo
- Front Citoyen Togo Debout
- Tournons La Page Togo
7. Guinée-Conakry
- Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC)
- Forum des forces sociales de Guinée (FFSG)
- Plateforme des Citoyens Unis pour le Développement (PCUD)
8. Côte d'Ivoire
- Repenser la sécurité en Afrique
- Ong Vulnerable People EMPOWERMENT
par Christian Sagna
DE LA QUALITÉ ET DE L’HYGIÈNE DE LA VIANDE AU SÉNÉGAL
Au pays, environ 50% de la viande consommée provient d’abattages clandestins. Ces pratiques, qui échappent à tout contrôle sanitaire, exposent les populations à des risques de santé majeurs
La consommation de viande, un élément central de l’alimentation sénégalaise, soulève des questions critiques sur la qualité, l’hygiène et la sécurité sanitaire. Alors que l’importance de ces questions est souvent ignorée par le grand public, il est impératif de comprendre que la qualité de la viande, de l’abattage à la consommation, peut avoir des conséquences graves sur la santé humaine. Cet article vise à sensibiliser les consommateurs, mais aussi à attirer l’attention d’un lectorat plus averti sur les dangers liés à la consommation de viande provenant de circuits non réglementés.
De la ferme à l’assiette : La traçabilité de la viande en question
La chaîne de production de la viande, de l’élevage à la table du consommateur, est un processus complexe qui devrait être minutieusement régulé. En effet, chaque étape de cette chaîne, que ce soit l’élevage des animaux, leur abattage, ou leur transport vers les marchés, doit répondre à des normes strictes pour garantir que la viande soit propre à la consommation.
Cependant, au Sénégal, environ 50% de la viande consommée provient d’abattages clandestins. Ces pratiques, qui échappent à tout contrôle sanitaire, exposent les populations à des risques de santé majeurs. Les circuits clandestins ne respectent ni les standards de salubrité ni les conditions nécessaires pour garantir la sécurité sanitaire des produits carnés. Ces faits doivent interpeller à la fois les consommateurs et les décideurs.
Les risques liés à la consommation de viande de source non régulée
L’absence de contrôle vétérinaire sur les animaux destinés à la consommation humaine représente un danger sanitaire considérable. En effet, des maladies zoonotiques telles que la brucellose ou la tuberculose, qui se transmettent de l’animal à l’homme, sont souvent associées à ces circuits informels. Ces maladies, si elles ne sont pas détectées et contrôlées à temps, peuvent se propager rapidement et affecter une large portion de la population.
De plus, les abattages clandestins se déroulent dans des conditions insalubres où les règles de base d’hygiène ne sont pas respectées. Cette situation augmente le risque de contamination par des bactéries telles que la salmonelle ou l’Escherichia coli, responsables d’intoxications alimentaires graves. Les conséquences d’une telle contamination vont au-delà de la simple maladie individuelle, affectant l’ensemble du système de santé publique, déjà sous pression.
Abattage clandestin : Une pratique à dénoncer
Les abattages clandestins ne sont pas seulement un problème de santé publique, mais également un obstacle à la modernisation de notre système alimentaire. Ces pratiques, motivées par le profit à court terme, mettent en péril non seulement la sécurité des consommateurs, mais aussi l’image du pays en termes de qualité et de sécurité alimentaire.
La lutte contre l’abattage clandestin nécessite une mobilisation collective. Les consommateurs doivent être conscients de l'importance de privilégier des sources de viande traçables, issues d'abattoirs agréés par les autorités sanitaires. Cela implique un changement dans les habitudes d'achat, mais également une sensibilisation accrue sur les dangers liés à la consommation de viande provenant de sources douteuses.
Le rôle de la sensibilisation dans la préservation de la santé publique
Il est primordial de mener une campagne de sensibilisation à grande échelle pour informer la population des dangers associés à la consommation de viande non réglementée. Mais cette sensibilisation ne devrait pas se limiter aux consommateurs. Les leaders d'opinion ont un rôle clé à jouer dans la promotion d’une prise de conscience collective. Il est crucial que cette frange de la population utilise son influence pour appeler à une régulation plus stricte et à des sanctions sévères contre les abattages clandestins.
Conclusion : garantir une chaîne alimentaire sécurisée pour tous
L’enjeu de la qualité et de l’hygiène de la viande au Sénégal est un défi de taille qui requiert une approche rigoureuse et collective. L'abattage clandestin, s’il continue de proliférer, exposera de plus en plus de Sénégalais à des risques sanitaires évitables. Lutter contre ces pratiques illégales, exiger plus de transparence et de traçabilité, et promouvoir une meilleure régulation ne sont pas uniquement des mesures nécessaires pour la santé publique, mais aussi des actions citoyennes pour un Sénégal plus sûr et plus sain.
En fin de compte, la protection de la santé publique est une responsabilité collective, et c'est ensemble, en tant que société informée et vigilante, que nous pouvons faire la différence.
Christian Sagna est co-fondateur de LS Groupe.
POUR MACKY SALL, DES POURSUITES INÉVITABLES
Moustapha Ndjekk Sarré, porte-parole du gouvernement, a affirmé que l'ancien président "fera inévitablement face à la justice" pour sa gestion des finances publiques, allant jusqu'à le comparer à un "chef de gang qui a commis des actes criminels"
(SenePlus) - Selon des déclarations rapportées par la radio privée RFM, le porte-parole du gouvernement a affirmé vendredi 28 février que l'ancien président Macky Sall sera traduit en justice pour sa gestion du pays jugée "criminelle". Ces accusations interviennent dans un contexte de tensions politiques croissantes après la publication d'un rapport accablant de la Cour des comptes.
"Inévitablement, [Macky Sall] fera face à la justice. Il est le premier responsable d'actes extrêmement graves qui ont été posés", a déclaré sans ambiguïté Moustapha Ndjekk Sarré, également ministre de la Formation professionnelle.
Le représentant gouvernemental a durci le ton en comparant l'ancien chef d'État, qui a dirigé le Sénégal de 2012 à 2024, à un chef criminel : "Je ne lui donne pas de circonstances atténuantes. Tout ce qui s'est passé s'est passé sous ses ordres. On peut même le considérer comme le chef de gang qui a commis des actes criminels. Des poursuites judiciaires ne sauraient être évitées."
Ces accusations font suite à la publication, le 12 février dernier, d'un rapport de la Cour des comptes qui met sévèrement en cause la gestion financière de l'administration précédente. Cette institution de contrôle indépendante a relevé que les faits constatés sont "présumés constitutifs de fautes de gestion, de gestions de fait ou d'infractions à caractère pénal".
Parmi les irrégularités pointées, le rapport révèle que l'encours de la dette représente 99,67% du PIB, un taux "supérieur" à celui officiellement annoncé par le gouvernement de Macky Sall. De même, le déficit budgétaire pour l'année 2023, "recalculé" par la Cour, s'élèverait à 12,3%, bien loin des 4,9% communiqués par l'administration précédente.
La Cour des comptes a également mis en lumière "une dette bancaire importante contractée hors circuit budgétaire" et "non retracée dans les comptes de l'État", soulevant des questions sur la transparence de la gestion des finances publiques sous la présidence de Macky Sall.
Face à ces accusations, le porte-parole du gouvernement a invoqué la crédibilité de l'institution : "La cour des comptes est certainement l'une des institutions les plus crédibles de notre République qui a certifié des audits faits par le ministère des Finances. Tout ce qu'il a à faire, c'est de demander pardon", a-t-il ajouté.
Actuellement installé au Maroc depuis qu'il a quitté ses fonctions, l'ancien président a vivement réagi à ce rapport dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique et publié jeudi. "Je m'inscris totalement en faux contre ces allégations de falsifications", s'est défendu Macky Sall, qui qualifie le rapport de la Cour des comptes de "procédé politique".
2 PRIX POUR LE SENEGAL ET RAZZIA DU BURKINA
Alors que le pays organisateur a trusté les prix spéciaux, le Sénégal a néanmoins pu tirer son épingle du jeu en accrochant deux bibelots pour ses réalisateurs. Ce qui n’est pas négligeable au regard de la concurrence.
Par Mame Woury Thioubou (envoyée spéciale) |
Publication 01/03/2025
Alors que le pays organisateur a trusté les prix spéciaux, le Sénégal a néanmoins pu tirer son épingle du jeu en accrochant deux bibelots pour ses réalisateurs. Ce qui n’est pas négligeable au regard de la concurrence.
Le Fespaco tire à sa fin. Et l’heure des récompenses a sonné pour les cinéastes du continent et de la diaspora, en compétition dans les différentes catégories. En attendant de connaître le lauréat de l’Etalon d’or du Yennenga, c’étaient les prix spéciaux qui étaient distribués hier. Sur les 22 prix spéciaux dont la valeur globale est de 97 millions de francs Cfa, le Sénégal repart déjà avec deux, ce qui n’était pas donné vu le grand nombre de compétiteurs. Le Prix Uemoa du court métrage documentaire est allé à Abdoul Aziz Basse pour «2002, Bataille contre l’oubli». Le court métrage de 16 minutes revient sur cette année 2002 où le Sénégal a oscillé entre l’euphorie née de sa participation à la Coupe du monde Corée-Japon et le drame effroyable du bateau Le Joola. L’ancien étudiant de l’Esav repart avec une enveloppe de 4 millions de francs Cfa. «Je ne m’y attendais vraiment pas et je dédie ce prix à mon père qui nous a quittés il n’y a pas longtemps», a déclaré le réalisateur, étreint par l’émotion.
De même, Fatimata Bathily, en compétition pour la section animation, est repartie avec le Prix du jury pour les aventures de Kady et Djudju. La série d’animation met en avant les rois et reines d’Afrique. «J’accueille ce prix avec beaucoup de fierté et énormément d’émotion. Très fière aussi du réalisateur Yankhoba Ndiemé.»
Durant cette cérémonie très attendue par les cinéastes, tous les prix étant dotés, sauf celui de la critique, le pays organisateur du Fespaco a raflé l’essentiel des prix. Entre Katanga, le long métrage du réalisateur burkinabè Dani Kouyaté, également coproduit par la société de Angèle Diabang, Karoninka, et «L’homme qui plantait des baobabs» de Michel Zongo, le pays des hommes intègres a engrangé plusieurs millions de francs Cfa pour ses cinéastes. Les deux, Michel Zongo et Dani Kouyaté, repartent avec une quarantaine de millions de francs Cfa. Le Prix de la Fédération africaine des critiques (Facc) est aussi allé à Katanga, alors que le Prix Ababacar Samb Makharam de la ville de Ouagadougou, doté de 3 millions, est allé à Lala de Oumar Sambassekou. Le Burkinabè Simplice Ganou remporte les 10 millions du Prix de la souveraineté pour son court métrage Kapital. Pour les śeries, c’est la Côte d’Ivoire qui a fait main basse sur les trophées avec Or Blanc de Johana et Cĺement Boyer Dilolo, et le premier prix remporté par Niabla de Alex Ogou
Par Bachir FOFANA
SONKO, CHURCHILL ET LA DÉMOCRATIE
Le Premier ministre rêve d’un « pays où les libertés ont été réduites, pour ne pas dire complètement annulées ». Personne ne mettra nos libertés sous ses pieds
Une grenouille balancée dans une casserole d’eau bouillante, tentera immédiatement de s’en sortir. Jusque-là, logique. En revanche, si l’eau est d’abord froide, puis chauffée progressivement avec la grenouille dedans, elle ne détecterait pas à temps l’augmentation de la température, et finirait complètement bouillie. Cette fable relate l’observation du comportement d’une grenouille placée dans un récipient contenant de l’eau chauffée progressivement. Elle vise à mettre en garde contre une accoutumance ou habituation conduisant à ne pas réagir à une situation grave. Ce récit, presque entièrement fictif, insinue que lorsqu’un changement s’effectue d’une manière suffisamment lente, il échappe à la conscience et ne suscite ni réaction, ni opposition, ni révolte.
Cette histoire est souvent utilisée comme métaphore pour décrire le fait que l’être humain, de manière générale, a tendance à laisser des choses négatives s’accumuler dans sa vie, tant que c’est fait de manière progressive. Et un beau jour, on finit par se réveiller et on se retrouve comme une grenouille dans l’eau bouillante.
Sommes-nous en train de vivre cette situation au Sénégal ? Certains diront non. Mais un certain nombre de faits se déroulent sous nos yeux sans que cela ne soulève une indignation à la hauteur de sa gravité. Wade, arrivé au pouvoir en 2000, la famille du Juge constitutionnel assassiné avait été indemnisée en catimini. Mais dès que l’information fut rendue publique par Abdou Latif Coulibaly dans son livre Wade, un opposant au pouvoir, l’alternance piégée, le tollé qui s’ensuivit a obligé le pouvoir à s’expliquer. Il ne s’agissait pourtant que de 600 millions de francs Cfa. Or, le pouvoir Pastef est en train de distribuer 5 milliards de francs Cfa à des casseurs et pilleurs, dans une relative opacité, sans que cela n’émeuve les chantres de la bonne gestion et de la transparence.
La Dst et la Dsc pour imposer la régulation par la répression
Alioune Sall, ministre de la Communication, est en train de violer allègrement la Constitution et le Code de la presse qui consacrent la liberté de la presse. Et cela ne devrait pas uniquement «scandaliser» le Cdeps et Appel, mais tous les démocrates épris de liberté, particulièrement les organisations de la Société civile. Car saisir le ministère de l’Intérieur pour activer la Direction de la surveillance du territoire (Dst) et la Division spéciale de la cybercriminalité (Dsc) pour «fermer» les «médias non conformes» ou «non reconnus», c’est vouloir imposer la régulation par la répression. Il est loisible au pouvoir, au regard de ses critères, de collaborer et même d’aider financièrement les médias qu’il juge conformes, mais il ne lui revient pas de fermer un organe de presse. Mais cela semble passer parce que, au lieu d’affirmer avec détermination la défense de la liberté de la presse et l’indépendance des médias, tout en refusant la confiscation de leurs droits, comme la grenouille dans la casserole, nous assistons à la mise à mort de la presse sous l’œil bienveillant de tous.
Il en est de même des arrestations à tout va d’opposants, de chroniqueurs dont le dernier est Adama Adus Fall. Il lui a été reproché d’avoir diffusé de fausses nouvelles sur une information qui a fait l’objet d’une plainte par le ministère des Affaires étrangères, à travers le Bureau d’accueil et d’orientation des Sénégalais de l’extérieur (Baos). C’est tellement ridicule que les juges ont désavoué le procureur de la République, en relaxant purement et simplement l’Apériste, qui était jugé au Tribunal des flagrants délits, après cinq jours de garde à vue.
Sonko rêve d’un «pays où les libertés ont été réduites, pour ne pas dire complètement annulées»
La dernière des dérives que nous subissons sans broncher est la sortie du Premier ministre Ousmane Sonko, devant les centrales syndicales et le patronat, le jeudi 27 février 2025, lors de la clôture des travaux de la rencontre tripartite, qui a réuni le gouvernement, le patronat et les syndicats. Tout en admettant que le Sénégal est une grande démocratie, comme pour le regretter, Ousmane Sonko affirme sans gants : «Les pays qui ont décollé ces dernières années sont les pays où les libertés ont été réduites, pour ne pas dire complètement annulées.»
Si le chef du gouvernement sénégalais pense à des pays africains, nous voudrions bien lui demander lequel dans notre continent s’est développé dans l’autoritarisme ? S’il pense au Rwanda, à la Guinée de Sékou Touré et de Mamady Doumbouya aujourd’hui, ou au Mali du putschiste Assimi Goïta, tous ces pays ont deux points communs : la dictature et le sous-développement. Au Rwanda par exemple, un opposant est condamné à 25 ans de prison pour s’être opposé à Paul Kagamé en 2022. Si restreindre les libertés garantissait la croissance et la prospérité, alors pourquoi la Guinée équatoriale, riche en pétrole, reste-t-elle sous-développée ? Pourquoi le Zimbabwe s’effondre-t-il économiquement ? Pourquoi la Rdc est-elle toujours en crise malgré ses immenses ressources ?
Si d’aventure Ousmane Sonko prenait référence chez les pays asiatiques, le faux mythe du développement autoritaire a encore de beaux jours. Car les pays asiatiques n’ont jamais été des références en matière de démocratie et de libertés. Ils n’ont pas connu une régression politique, ils ont une trajectoire en dents de scie. En effet, la question de savoir si un régime de restriction de libertés peut mener au développement d’un pays est complexe et mérite une analyse approfondie. Bien que certains régimes dictatoriaux aient réussi à instaurer des politiques économiques et sociales qui ont conduit à des progrès notables, les coûts humains et les restrictions des libertés fondamentales posent un débat éthique important. La Chine sous Mao Zedong et plus tard sous Deng Xiaoping, a vu des transformations majeures dans son économie et son infrastructure. De même, la Corée du Sud a connu une industrialisation rapide sous le régime autoritaire de Park Chung-hee dans les années 1960 et 1970. Mais à quel prix ? Car tout développement économique sous une dictature a un coût social très élevé. La liberté d’expression est limitée, les dissentiments sont sévèrement punis et la population vit sous un climat de peur et de surveillance constante. Le développement humain, qui inclut la qualité de vie, l’éducation et la santé, peut être sacrifié au profit des objectifs économiques.
Nous sommes tentés de dire que, comme à son habitude, le patriote en chef ne sait pas ce qu’il dit. Les pays dont il parle n’ont aucune tradition démocratique. Une régression des libertés et de la démocratie n’a jamais propulśe un pays. Même au Maroc où il y a une monarchie, il y a des libertés. Cette référence est un lapsus dangereux qui traduit le fond de la pensée de l’individu. C’est dans la liberté et la démocratie que nous avons bâti notre pays, c’est dans la liberté et la démocratie que nous allons développer ce pays ou mourir dans la pauvreté. Personne ne mettra nos libertés sous ses pieds.
Il est vrai que la référence peut heurter certains, mais il y a quand même des traits entre ce que nous vivons actuellement au Sénégal et ce que l’Allemagne a vécu avec Hitler. En 1933, les nazis sont arrivés au pouvoir en Allemagne par la démocratie. Ils avaient obtenu 43,9% des voix aux élections législatives et 2/3 des députés. La première chose qu’ils ont faite a été d’éliminer les libertés, brûler des bibliothèques et pourchasser les intellectuels et les libres-penseurs. Oui, c’est extrêmement grave de tels propos. Restreindre la liberté d’expression va à l’encontre des principes démocratiques et des droits fondamentaux. Lorsqu’un gouvernement commence à vouloir limiter ce droit, cela ouvre la porte à l’autoritarisme, à la répression des opposants et à une société où la peur remplace le débat.
Dans le contexte du Sénégal, où la démocratie et l’État de droit sont des acquis précieux, toute tentative de restriction de la liberté d’expression doit être scrutée avec la plus grande vigilance. Ce droit permet aux citoyens de critiquer, de proposer et de participer activement à la construction de leur Nation. Sans lui, il devient difficile d’exiger des comptes des dirigeants ou de dénoncer des injustices. Le Sénégal s’est construit une démocratie conforme à son histoire et à sa culture. Aucune régression démocratique n’est envisageable dans ce pays. C’est dans la démocratie et les libertés que nous avons bâti ce que nous sommes devenus, c’est dans la démocratie et les libertés que nous allons nous développer ou périr dans la pauvreté. Ousmane Sonko est très mal placé pour faire un tel discours. Comme le disait Sir Winston Churchill à la Chambre des Communes le 11 novembre 1947, «la démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes». Le prix Nobel d’économie, Amartya Sen, pense que les droits civiques et politiques, comme la liberté d’expression, le droit de vote, l’existence d’une presse libre et la participation poussent les gouvernements à rendre compte de leurs actions et à prévenir les crises économiques comme les famines. Le Sénégal a plus besoin de discipline que de restriction des libertés
Post Scriptum
Cette semaine, il m’a été donné de suivre deux économistes sur le même sujet : la situation économique du pays à la suite du rapport de la Cour des comptes. Seydou Bocoum et Khadim Bamba Diagne, tous deux des soutiens du pouvoir de Pastef. L’un s’est voulu alarmiste en justifiant à l’avance l’échec du pouvoir en place, l’autre, sans le dire, a plutôt souligné que «le Sénégal n’est pas en crise, économiquement parlant». Là où Bocoum a agi en un intellectuel accompli, c’est-à-dire celui qui ne cherche pas à caresser ni à savoir qui sera bénéficiaire de la vérité qu’il va sortir, la partisanerie militante a pris le dessus chez Diagne.
Pour illustrer son propos, Diagne soutient que sur les 595 milliards de recettes générés par Woodside sur le pétrole en 2024, seulement 70 milliards pourraient revenir à l’Etat Sénégalais. Ce qui semble être une ignorance du comment est structuré un Compte de résultat et son fonctionnement. Et même si les 595 milliards constituaient un bénéfice, le Sénégal ne peut pas toucher moins de 70 milliards de ce montant. Woodside étant une société commerciale de droit sénégalais et à ce titre, elle est soumise à l’impôt sur les sociétés de 30% sur le résultat fiscal. Un calcul basique, 30% de 595 milliards, est égal à 178,5 milliards. Ce montant, ajouté à la part du Sénégal dans la répartition du bénéfice, dépasse largement les 70 milliards annoncés. Plus de la moitié des revenus pétroliers reviendront toujours au Sénégal.
DIFFICILE AVEC LA MIGRATION CIRCULAIRE DE FAIRE CROIRE AUX JEUNES QUE L’ESPAGNE N’A PAS BESOIN DE MAIN-D’ŒUVRE
Pr Aly Tandian, président de l’Observatoire Sénégalais des Migrations, partage sa réflexion sur la migration circulaire
Aly Tandian est professeur titulaire au Département de Sociologie à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Il a bénéficié de nombreuses distinctions internationales. Il est le président de l’Observatoire Sénégalais des Migrations et s’intéresse beaucoup à la question migratoire. Dans cet entretien, le spécialiste des migrations partage sa réflexion sur la migration circulaire.
Quelle lecture faites-vous du nombre important de personnes à avoir déposé une candidature pour bénéficier de la migration circulaire ?
Ce n’est pas le travail à faire en Espagne qui intéresse les candidats aux programmes de migration circulaire qui ont été ouverts au Sénégal, en Gambie et en Mauritanie. L’effectif important de jeunes s’explique au fait que dans le subconscient des jeunes, la migration est associée à la réussite économique et à l’ascension sociale. Migrer, c’est se réaliser et en faire profiter à sa famille. Deuxième chose, l’Espagne est pensée comme le pays de cocagne, c’est-à-dire une sorte de paradis terrestre, une contrée miraculeuse où la nature déborde de générosité pour ses habitants et ses hôtes. Il sera difficile à la suite de ces programmes de migration circulaire de faire comprendre aux jeunes africains que l’Espagne n’a pas besoin de main-d’œuvre. Le manque de communication va indéniablement encourager l'immigration illégale vers l’Espagne. En résumé, l’effet émergent risque de se transformer en effet pervers.
Est-ce que les programmes de migration circulaire peuvent devenir une alternative à l'immigration irrégulière?
Je ne suis pas sûr que les programmes de migration vont être une alternative à l'immigration irrégulière. Je trouve que la migration circulaire telle qu’elle est proposée peut inciter au départ de candidats auparavant non prédestinés à la migration, mais qui saisissent cette opportunité de partir de manière tout à fait régulière et légale. Donc, cette migration circulaire va élargir la base de recrutement des candidats au départ et constituer sous ce rapport une incitation au départ. En plus, elle individualise les départs et affaiblit les réseaux de départ qui souvent étaient le fondement des réseaux d'insertion et de réinvestissement dans les pays d'origine quelle que soit leur obédience villageoise, ethnique ou confrérique.
Donc selon vous c’est quoi l’alternative ?
L’alternative n’est rien d’autre que l’élaboration d’une politique d’emploi réaliste avec une excellente maîtrise des lois du marché et des besoins. Je pense que la survie de nos politiques en Afrique et surtout au Sénégal dépend de l’élaboration d’une politique d'emploi qui nécessite une approche inclusive et structurée, prenant en compte les réalités économiques, sociales et éducatives du pays. Il faut un excellent diagnostic de la situation actuelle, une définition des objectifs de la politique et un renforcement de l'accompagnement et des partenariats. Je pense que l’urgence est d’identifier d’abord les secteurs porteurs et ceux en déclin ; ensuite les barrières comme le manque de formation, l’inadéquation des compétences, l’accès limité aux financements pour l’entrepreneuriat, etc. Il faut également encourager d’une part la création de PME et de start-ups par des jeunes ; d’autre part l'emploi dans les zones rurales par des projets d’agriculture durable et de transformation locale. Enfin, il faut un renforcement de l'accompagnement et des partenariats en mettant en place des programmes de mentorat pour guider les jeunes dans leurs parcours professionnels.
Mais quelles explications donnez-vous au grand rush des jeunes pour se faire inscrire au niveau des BAOS ?
Je pense que certains éléments de langage ne rassurent pas du tout. Malheureusement, depuis un certain temps c’est le grand doute et l’inquiétude qui semblent bousculer le quotidien de nombreuses populations sénégalaises. Il ne faut pas être un oiseau de mauvaise augure me dira-t-on mais on n’a jamais vu autant de pirogues chargées de candidats à la migration irrégulière qui quittent les côtes sénégalaises pour se rendre en Espagne en plein hiver. Nous connaissons un chômage élevé des jeunes accompagné d’une précarité professionnelle, d’une forte prégnance d’emplois exercés dans l’économie informelle et déconnectés de toute protection sociale. Avec la forte croissance démographique, la crise de l’emploi des jeunes risque de continuer à inquiéter du fait de ses liens avec l’émigration irrégulière. C’est difficile de ne pas nous demander : Écoutons-nous les jeunes dans leurs diversités et prenons-nous en compte leurs valeurs et aspirations profondes dans l’élaboration des programmes qui leur sont proposés ? Est-ce que les programmes mis en œuvre préparent les jeunes à prendre leurs propres destins en main ? Prenons-nous en compte les nouveaux phénomènes et signaux de résilience des jeunes, leurs capacités d’innovation et leurs intelligences dans un monde de plus en plus connecté, globalisé grâce aux technologies digitales ? Nous arrive-t-il de nous interroger sur nos propres limites pratiques et méthodes en nous référant davantage à ce que nous savons faire de mieux, ce que les autres savent mieux faire que nous et ce que nous faisons de bien ensemble?