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7 août 2025
LES SECTEURS DU BTP, DE L’INDUSTRIE ET DE L’IMMOBILIER EN LINK AUTOUR DE L’AGENDA 2050
Le triptyque « Jub, Jubal, Jubanti » et l’engagement patriotique des acteurs non étatiques, trouve une résonance concrète avec la mise en place d’un consortium innovant, catalyseur de changement et symbole de l’unité du secteur privé.
En parfaite synergie avec la vision souverainiste portée par le Président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, les secteurs du BTP et de l’immobilier sénégalais s’alignent désormais et de manière résolue sur l’Agenda Sénégal 2050. Cette vision de transformation profonde de l’économie nationale, fondée sur le triptyque « Jub, Jubal, Jubanti » et l’engagement patriotique des acteurs non étatiques, trouve une résonance concrète avec la mise en place d’un consortium innovant, catalyseur de changement et symbole de l’unité du secteur privé.
Face à une conjoncture économique tendue, marquée parla suspension de nombreux chantiers, des tensions de trésorerie et une pression sociale grandissante liée aux pertes d’emplois, les acteurs du secteur du BTP refusent la résignation. Inspirés par le modèle keynésien de relance économique parles grands travaux, ils proposent la création d’une industrie intégrée de la construction, couvrant toute la chaîne de valeur, portée par une société dont la forme juridique et le capital seront déterminés par les parties prenantes. Le partenariat public-privé (PPP) constitue le socle économique de cette initiative, garantissant ainsi l’accès à un logement décent et abordable pour tous.
Ce groupement inéditregroupe plusieurs organisations patronales et professionnelles issues du BTP, de l’industrie et de l’immobilier, déterminées à fédérer leurs ressources pour proposer un programme national ambitieux, capable de répondre aux besoins criants en matière de logement.
UNE RÉPONSE AUX ENJEUX SOCIO-ÉCONOMIQUES DU PAYS
« Les secteurs du BTP, de l’industrie et de l’immobilier, qui contribuent à hauteur de 23,7 % au PIB et emploient jusqu’à 35 % de la population active après l’agriculture, sont appelés à jouer un rôle clé dans cette dynamique de transformation », a dit le président du Syndicat National du Bâtiment et des Travaux publics (SNBTP), jeudi dernier à la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture de Dakar lors d’une rencontre surla proposition de partenariats public-privés d’accès aux logements et de mise en place d’un consortium de travaux et de promotion immobilière. Outre la résorption du déficit structurel de « 500 000 logements dont160000rien que pour Dakar, ce programme vise à: créer massivement de l’emploi, notamment pour les jeunes ; promouvoir une économie endogène basée sur les compétences et matériaux locaux ; valoriser le savoir-faire sénégalais ;
structurer un écosystème résilient face à la concurrence étrangère ; préserver le foncier au profit de la majorité et non d’une minorité privilégiée », a-til argumenté.
L’ÉTAT, UN PARTENAIRE STRATÉGIQUE INCONTOURNABLE
Les porteurs du projet, parmi lesquels Alla Sène Gaye, président de la Fédération nationale des industries du Sénégal, et Oumar Ndir, président du Syndicat professionnel des entrepreneurs de BTP, insistent sur la nécessité d’une collaboration étroite avec l’État. Ce dernier est appelé à jouer un rôle de garant et facilitateur, notamment en soutenant financièrement les sociétés publiques telles que la SNHLM et la SICAP, afin d’assurer une commercialisation fluide des logements. Selon eux, le défi de l’exécution est déjà maîtrisé, grâce aux capacités industrielles locales. Le véritable enjeu réside dans le financement et la capacité à anticiper les risques liés à l’invendu. Des dispositifs comme la location-vente, jadis efficaces, seront remis au goût du jour pour permettre aux populations modestes d’accéder à la propriété.
UN APPEL À L’UNITÉ ET À LA CONFIANCE NATIONALE
Dans un contexte mondial où les nations tendent à privilégier des solutions endogènes, les acteurs du BTP sénégalais appellent à un sursaut collectif. « Nous n’avons besoin de personne d’autre que de nous-mêmes », a affirmé Oumar Ndir, exhortant le pays à croire en ses ressources, en ses compétences et en sa jeunesse. L’agenda 2050 est désormais une boussole commune. Et l’union des forces vives du pays dans cette dynamique pourrait bien marquer un tournant historique pour le Sénégal, dans sa quête d’un développement inclusif, durable et souverain.
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AVEC L’AGENDA SENEGAL 2025, IL Y A UNE « QUETE SERIEUSE D’INDUSTRIALISATION DU SENEGAL »
Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm hier, dimanche 18 mai, le Pr Elhadj Mounirou Ndiaye, par ailleurs ministre conseiller en économique du président de la République a décliné les priorités du nouveau régime dans le référentiel
Invité de l’émission Objection de la radio Sudfm hier, dimanche 18 mai, le ministre conseiller en économique du président de la République a décliné les priorités du nouveau régime dans le référentiel : Agenda Sénégal 2025. Face à notre confrère Baye Oumar Gueye, le professeur Elhadj Mounirou Ndiaye par ailleurs enseignant chercheur à l’Université Iba Der Thiam de Thiès a résumé en trois mots-clés, les priorités qui fondent selon lui, la vision du référentiel : souveraineté, justice sociale, prospérité équitablement rétablie.
Poursuivant son propos, l’invité d’Objection a relevé une nette différence entre ce nouveau référentiel et le Plan Sénégal émergent (Pse). En effet, soulignant que « l'accélération dans le cadre de la stratégie de croissance accélérée du Président Abdoulaye Wade et le fast-track de son successeur Macky Sall nous ont mené à rien. Ça nous a fait bondir de manière très faible », le professeur Elhadj Mounirou Ndiaye a assuré qu’avec l’Agenda Sénégal 2025, ily’a une » quête sérieuse d’industrialisation du Sénégal pour favoriser la baisse des couts de productions par la réduction du coût de l’électricité et l’élargissement de l’assiette fiscale ».
LA MORT DE L'ÉTUDIANT SENGHOR DEVANT LES TRIBUNAUX
Prosper Clédor Senghor, tué lors d'affrontements à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis en février 2024, a saisi la justice vendredi dernier
La famille de feu l'étudiant Prosper Clédor Senghor de l'Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis était, vendredi dernier, au Tribunal de Grande Instance de Saint-Louis, pour déposer une plainte contre X. Accompagné de leur avocat, avec le soutien de Amnesty International, parents, amis et camarades du défunttué lors d'affrontements entre étudiants et Forces de l'ordre, réclament justice et que la lumière soit faite sur ce dossier.
La famille de l’étudiant feu Prosper Clédor Senghor ne compte pas baisser les bras après la mort de leur fils, survenu le 21 février 2024, suite aux affrontements entre étudiants et Forces de l’ordre. Cela s’est passé lors des manifestations contre le report de la présidentielle en février 2024. Les membres de sa famille étaient au Tribunal de Grande Instance de Saint-Louis, vendredi dernier, pour porter plainte contre X. «Dans ce dossier, il y a un certificat du genre de mort qui a établi une mort violente. Ce qui exclut une mort naturelle où accidentelle. Le médecin, dans ses conclusions, a dit que Prosper Clédor Senghor est décédé parce qu'il a reçu un projectile à effet létal», a fait savoir Me Kandiack François Senghor, avocat de la famille, face à la presse.
Il a rappelé qu’ils n’ont pas porté plainte à l'époque à cause de la loi d’amnistie. «Mais, avec la dernière décision du Conseil Constitutionnel telle que rédigée, telle que libellée, qui stipule que les faits de meurtre ne sont pas amnistiés par cette loi, nous estimons que cette loi ouvre la voie aux familles des victimes pour porter plainte et réclamer justice», a déclaré Me Senghor, avant de rappeler le fait que le lieu où l’étudiant a reçu le projectile est une zone de compétence exclusive de la Gendarmerie Nationale qui y est intervenue pour maintenir l'ordre.
Pour sa part, le porte-parole de la famille de feu Prosper Clédor Senghor, le commandant Pape Top, a déploré la lenteur notée dans ce dossier. «Nous avons porté plainte parce que nous voulons des éclaircissements par rapport à la mort de notre fils. Nous voulons savoir les circonstances de son décès et que justice lui soit rendue», a-til précisé, tout en portant un grand espoir qu’ils obtiendront gain de cause. Il a beaucoup insisté sur le fait que le défunt était un jeune plein d'avenir. «Il avait validé sa 3ème année au département de Mathématiques appliquées à l’Informatique. Donc, nous avons perdu un brillant étudiant, un soutien de famille. Mais nous avons toujours espoir en notre justice», a-t-il conclu.
LE « OUI…MAIS » DE L’OPPOSITION AU DIALOGUE
Alors que certaines formations comme l'APR appellent au boycott, d'autres partis, tels que le PIT et l'ACT, se disent prêts à participer sous conditions
Ousmane GOUDIABY et Nando CABRAL GOMIS |
Publication 19/05/2025
La main tendue du président Diomaye Diomaye à un dialogue national autour du système politique est parti pour passer par tous les états. Alors que des appels au boycott dudit dialogue national est enclenché au niveau de certaines formations politiques comme l’APR, d’autres partis de l’opposition se disent partants pour une participation responsable, quoique sous conditions. A l’instar du Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT) et de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act) de l’ancien chef du premier gouvernement du Président Macky Sall, Abdoul Mbaye.
Participation au dialogue politique : le PIT-Senegal pose ses préalables
Par un communiqué rédigé à l’issue d’une réunion tenue hier, dimanche 18 mai, le Bureau Politique (BP) du Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT) a annoncé qu’il prendrait part au Dialogue politique dans le cas où il serait convié afin de défendre rigoureusement ce qu’il considère relever de l’intérêt supérieur de la Nation.
Réuni ce dimanche 18 mai, le Bureau Politique (BP) du Parti de l’Indépendance et du Travail dit avoir «examiné en profondeur la problématique du dialogue qualifié de « national », qui doit porter, selon les termes de référence transmis par le Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique, sur « le système politique ».
Ainsi, après des échanges épistolaires entre le Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité publique et le Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDR) sur la teneur de ce dialogue, le Bureau Politique déclare avoir «relevé le caractère inédit et préoccupant de la préparation dudit dialogue. »
Pis encore, le PIT-Sénégal regrette le fait qu’« au moment où le Bureau Politique tenait ses délibérations, aucune invitation formelle n’avait été adressée aux différentes parties potentiellement concernées, et cela à seulement dix jours du démarrage annoncé de ce dialogue ! », note le communiqué.
De même la source indique que « le Bureau Politique a relevé le climat délétère qui entoure ce processus, caractérisé par une remise en cause des libertés publiques, des agressions multiples contre le monde du travail et une détérioration continue des conditions de vie d’une majorité croissante de Sénégalaises et Sénégalais. »
Par contre, malgré ces importantes observations, « le Bureau Politique a décidé, dans le cas où le PIT-Sénégal serait effectivement convié à ce dialogue, d’y participer afin de défendre rigoureusement ce qu’il considère relever de l’intérêt supérieur de la Nation », indique le document, soulignant que « L’objectif clairement affiché est d’éviter au pays la perte de ses acquis démocratiques, ainsi que la remise en cause de la stabilité et de la paix civile, qui constituent ses principales caractéristiques historiques. »
Donc, précise le PIT, « Cette participation s’inscrit toutefois sans illusions particulières, car le régime en place a déjà démontré, de manière répétée, son incapacité à respecter ses engagements ainsi qu’un mépris constant et inquiétant à l’égard de tous ceux qui ne partagent ni ses choix, ni ses orientations A travers ce dialogue le PITSénégal, « entend prioritairement s’adresser aux Sénégalaises et Sénégalais tout en prenant date vis-à-vis de l’Histoire », a-t-on conclu.
Dialogue national du 28 mai : L'Alliance pour la citoyenneté et le travail répond oui
L'Alliance pour la citoyenneté et le travail (Act), parti de l’ancien chef du premier gouvernement du Président Macky Sall, Abdoul Mbaye rejoint les partisans du dialogue national convoqué par le Président Bassirou Diomaye Diakhar pour le 28 mai prochain. Dans un communiqué rendu public le samedi 17 mai 2025, Ibrahima Thiam qui a été élu à la tête de cette formation politique à l’issue d’un congrès tenue le 12 avril dernier, et ses camarades ont soutenu que cette « décision de participer à ce dialogue national résulte d'un choix réfléchi, motivé par notre volonté de répondre positivement à l'invitation du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, dans un esprit d'ouverture et de responsabilité républicaine ».
Estimant que l'Act entend ainsi jouer pleinement son rôle d'opposition constructive en apportant des propositions concrètes pour l'intérêt général, lors de ce premier dialogue national organisé par le régime en place, Ibrahima Thiam et ses camarades ont dans ce sens annoncé avoir transmis une contribution détaillée contenant 23 propositions et recommandations.
Poursuivant, ils expliquent que ces dernières portent principalement sur cinq axes majeurs : « la réforme des institutions et la séparation des pouvoirs », « l'équité du système électoral », « la transparence de la vie publique », « la moralisation de la politique », ainsi que « le financement des partis politiques ». « L'Act prend part au dialogue pour porter une ambition forte pour le Sénégal, mais en gardant une exigence ferme : que cette concertation ne soit ni un rituel institutionnel, ni une diversion politique, mais bien un moment de refondation et de vérité » ont encore fait remarquer Ibrahima Thiam et ses camarades.
En tournée politique à Kaffrine : Anta Babacar Ngom Diack annonce sa démission du FDR
Fin de compagnonnage entre l'Alternance pour la Relève Citoyenne (Arc) et le nouveau cadre fédérateur de l’opposition sénégalaise, à savoir le Front pour la défense de la démocratie et de la république (Fdr).
En tournée dans la région de Kaffrine, Anta Babacar Ngom Diack, leader de l’Arc a annoncé hier, dimanche 18 mai, le départ définitif de son parti du Front. Cette annonce intervient à quelques jours de la tenue du dialogue national, prévue le 28 mai prochain par l’actuel président de la République où les partis membres du Fdr restent diviser. Se prononçant devant ses partisans, l’ancienne candidate malheureuse de l’élection présidentielle du 24 mars dernier rappelant que « depuis quelques temps beaucoup de questions sont posées quant à notre positionnement par rapport au Front pour la Défense de la République (FDR) ». « Je vais y répondre sans détour, avec la transparence qui guide toujours chacun de nos choix. Nous avions rejoint cette organisation dans un esprit de rassemblement, pour défendre des principes essentiels : la démocratie, l’État de droit, le respect des institutions, la rupture avec les dérives du passé… Mais aujourd’hui, le contexte a changé. Les défis ont évolué. Et notre responsabilité, c’est d’y répondre avec lucidité. ARC ressent le besoin d’assumer pleinement son autonomie d’analyse, sa liberté de ton, sa capacité d’initiative. C’est pourquoi, en accord avec nos instances nationales, nous avons décidé de nous retirer du FDR afin de tracer notre propre chemin, dans la clarté, la cohérence et la fidélité à nos engagements ».
Loin de s’en tenir-là, Anta Babacar Ngom Diack a également précisé que ce « choix est fondé sur notre volonté de rester nous-mêmes, et de continuer à construire, pas à pas, une force politique distincte, sérieuse, utile, profondément enracinée dans les attentes populaires ».
par Babacar Fall Baker
LANDING SAVANÉ, DE LA DIMENSION THÉORIQUE D’UNE ŒUVRE
Statisticien-démographe brillant, il a forgé sa pensée dans le sillage de Cheikh Anta Diop et Abdoulaye Ly, construisant une œuvre remarquable qui déconstruit les théories malthusiennes et affirme une vision africaine autonome
Pour comprendre la dimension théorique de l’oeuvre de Landing Savané, il faut situer sa prodigieuse réflexion dans le prolongement de deux Géants de l’Afrique : Le premier est la pharaon du savoir, parrain de université de Dakar, j’ai nommé Cheikh Anta Diop. Devant la négation de la place de l’Afrique dans la longue marche de l’humanité, il a démontré que l’Afrique est bien le berceau de l’humanité et terreau des premières civilisations bâties par les hommes et les femmes tout au long du grand fleuve du Nil qui a fécondé la civilisation pharaonique, la mère des civilisations.
Le second est l’Historien de la traite négrière, de la préfiguration de la mondialisation avec la connexion des continents: j’ai nommé le penseur radical panafricaniste , Abdoulaye Ly. Il a étudié l’évolution du commerce de la Sénégambie du XVII e au XVIII e siècles. Il a mis en évidence le rôle privilégié joué par la Compagnie du Sénégal dans la traite négrière et les formes de connexion entre l’histoire mondiale et l’histoire africaine. Abdoulaye Ly s’est attelé à déconstruire les codes multiséculaires du trafic atlantique de sucre et d’esclaves noirs qui caractérise la connexion des continents au profit de l’Europe mercantiliste. Son ouvrage magistral la Compagnie du Sénégal s’inscrit dans la même dynamique que les travaux de l’école de la dépendance et explique, en partie, les maux dont souffre le continent noir. Il préfigure les études sur l’histoire globale du continent africain.
Je m’en voudrais de ne pas mentionner les efforts de Abdoulaye Ly de déconstruire le présidentialisme néo-colonial et de jeter les bases de la construction d’un État démocratique restituant l’initiative au génie créateur des peuples africains.
C’est dans le sillage des apports théoriques de ces deux grands penseurs qu’il faut situer ce que Landing Savané a apporté à Afrique et au Monde. En effet, les prédispositions de Landing sont remarquables. Après son passage au lycée Van Vollenhoven, actuel lycée Lamine Gueye qu’il a quitté en 1963, il a été consacré en 2010 comme le meilleur élève de sa génération de cet prestigieux établissement d’enseignement secondaire. C’est ce brillant sujet qui est sorti des universités françaises auréolé du diplôme de statisticien démographe. Ils sont alors un petit noyau qui avaient ce profil. Je pense au regretté Serigne Lamine Diop et à un des plus fidèles du moins le plus discret des amis de Landing, j’ai nommé Lamine Diop, une figure icône des statistiques en Afrique. Il guidera avec beaucoup de générosité les pas de ses jeunes collègues Awa Thiongane et Fama Hanne Ba dans le cercle si restreint des spécialistes des chiffres et de la mesure.
Quand Landing Savané amorce sa carrière professionnelle, l’écosystème mondial fait face à l’explosion de la démographie. Depuis 1950 avec les tendances dessinées sur l’évolution de la population mondiale, le problème démographique est devenu, dans les années 1971-1975, un grand sujet de préoccupation pour l’ensemble de l’humanité. Dans son livre “ Populations, un point de vue africain”, publié en 1987 à la maison d’édition EPO, à Anvers en Belgique, Landing Savané résume l’origine de cette préoccupation “ par le fait que la population mondiale, qui était estimée à 1 milliard en 1820, a atteint 2 milliards en 1927, 3 milliards en 1959 et 4 milliards en 1975. D’après les projections actuelles, elle dépassera 6 milliards en l’an 2000.
Ce presque quadruplement de la population en un siècle constitue un sujet légitime de préoccupation pourtous en ce sens qu’il pose le problème de la satisfaction des besoins de tous ordres des milliards d’habitants supplémentaires de la planète.” 1
Depuis 2000, chaque 12 ans, la population mondiale a enregistré un milliard de plus d’habitants. Les statistiques indiquent 8.250.000.000 habitants du Monde.
Avec une telle rapide croissance transposée au niveau de notre pays, on peut constater qu’au Sénégal, la population a été multipliée par 6 entre 1960 et 2023 en passant de 3,273 millions à 18 millions. Vous pouvez imaginer la forte demande en éducation, en santé, en emploi. C’est certes un sujet légitime de préoccupation mais pas de hantise comme le faire croire les partisans des théories malthusiennes.
Landing Savané rapporte que dès sa participation à la première Conférence africaine sur la population tenue en décembre 1971 à Accra ( Ghana) en qualité de membre de la délégation sénégalaise, il a réalisé à quel niveau la rapide croissance de la population mondiale faisait peur aux pays développés. Il écrit “ nous avons été profondément choqué parles activités de la forte délégation étasunienne dont l’objectif était de communiquer aux experts africains sa peur de la démographie galopante du Tiers Monde”.
Landing Savané a déjà pris la mesure des enjeux de l’offensive néo-malthusienne et l’exigence d’affirmer, loin de toutes formes de mimétisme, les positions de l’Afrique sur la forte croissance démographique . Dans son livre “ Populations, un point de vue africain”, Landing Savané déconstruit les thèses malthusiennes sous sa nouvelle mouture qui porte en bandoulière la limitation des naissances comme un des moyens pour accéder au développement. Landing Savané se démarque aussi de l’approche limitée de certains théoriciens qui estiment que la véritable pilule c’est le développement autrement dit c’est le développement qui va régler les problèmes de natalité.
Avec audace et engagement, Landing Savané se dévêtît de son statut de membre des délégations sénégalaise qu’il a porté aux conférences internationales sur la population tenue à Bucarest ( Roumanie) en août 1974 puis à Mexico en Août 1984. Cette dernière rencontre mondiale a été préparée par la deuxième conférence Africaine sur la population tenue à Arusha - Tanzanie en janvier 1984, pour formuler l’intégration de la variable population dans le développement économique et social des pays dits du Tiers Monde.
Landing Savané propose l’intégration des natalités dans les politiques de développement économique en équilibrant la production d’infrastructures éducatives, sanitaires et sociale à la croissance démographique. Il invite les différents pays à se doter de Déclaration de Politique de Population qui exprime leurs spécificités, leur vision et les stratégies choisies pour une maîtrise de la forte croissance démographique sur la voie d’un développement accéléré et durable avec la pleine utilisation de tous les potentiels de ces pays.
Il est heureux de constater que les éclairages du jeune charismatique et dynamique expert démographe africain des années 1970 et 1980 ont inspiré les politiques publiques du capital humain orientées vers la capture du dividende démographiques. Il s’agit d’un paquet d’intervention permettant de réduire la dépendance des jeunes en leur offrant une éducation, des services de santé de qualité et des opportunités de formation professionnelle adaptées aux besoins du travail pour leur garantir des conditions de vie décente.
Pour conclure sur les appréciations sur le livre “ Populations, un point de vue africain”, je voudrais partager avec vous cet extrait de la note de lecture publiée dans la revue Politique africaine de 1990 et rédigée par Philippe Bocquier, Professeur de démographie à l’ Université Catholique de Louvain, en Belgique.
Je cite : “ L’ouvrage de Landing Savane est remarquable à plusieurs égards. C’est un livre de référence surles problèmes de population, qui privilégie le point de vue africain sans pour autant entrer dans le dogmatisme tiersmondiste ni dans une vision africaniste. C’est avant tout un ouvrage écrit par un scientifique qui prend des positions politiques, ce qui malheureusement est trop rare en démographie…. C’est une excellente introduction à l’étude des problèmes de population que n’importe quel enseignant ( d’Afrique ou d’ailleurs) pourrait employer pour dispenser un cours clair et général surles problèmes de population”. Philippe Bocquier in Politique africaine, 1990.
L’examen de la production intellectuelle de Landing Savané révèle une puissance d’analyse et de prospective qui s’appuie sur une érudition remarquable. Deux autres de ses ouvrages reflètent ses qualités de chercheur chevronné :
- Le premier est intitulé “ Le Grand Tournant du XXe siècle- Un Regard Africain sur le siècle de ruptures” publié par les Presses Panafricaines, Montréal, 2015. Avec une approche très critique et fort documentée, Landing Savané explique qu’au cours du XXe siècle, à travers toutes sortes de mutations et de crises, l’humanité est entrée dans une ère qui ne marque pas la fin de l’histoire. Car si le capitalisme ultralibéral a bel et bien triomphé, il a en même temps fait la preuve qu’il n’était pas capable de résoudre à lui seul les problèmes qu’il a contribué à créer en termes d’environnement et de répartition des richesses.
À l’heure de la globalisation, de la mondialisation et de la mise en réseau planétaire, si l’on veut éviter le pire - c’est-à-dire l’autodestruction - il devient urgent de penser l’avenir autrement, donc de promouvoir l’avènement d’une civilisation nouvelle et universelle. L’Afrique doit et peut y contribuer, riche qu’elle est de ses ressources humaines, de ses réserves naturelles et de ses valeurs intemporelle.
Savané analyse les problématiques globales que posent les grands événements du XXe siècle, particulièrement autour des thèmes jeunes et personnes âgées, hommes et femmes, villes et migrations, dans une perspective de recherche de solutions aux problèmes posés par la mondialisation et de propositions pour l’avenir de la civilisation
- Le second ouvrage est intitulé “Une brève histoire de l’Afrique Noire” publié en 2018 par les Éditions AFRIKANA, à Montréal, Canada
D’emblèe, Landing Savané invite les spécialistes en sciences sociales et surtout les historiens à la production d’un narratif africain mettant au centre l’analyse des dynamiques internes des sociétés. Il rappelle ce proverbe africain, je cite “ Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront de glorifier le chasseur”.
C’est cette approche que Landing Savané a privilégié en s’ efforçant, avec talent, de donner à la jeunesse négroafricaine une vision objective de son histoire débarrassée des préjugés véhiculés parla plupart des chercheurs de l’Occident et du monde arabe qui, volontairement ou non, tendent toujours à ignorer les faits majeurs de l’histoire du monde noir pour valoriser les actes liés à la pénétration arabe ou européenne pré coloniale ou coloniale
Il y’a un tort à privilégier cette période de domination du contient qui n’est qu’une brève partie de la longue histoire des peuples négro-africains. Il fallait pour cela rétablir, sur des fondements solides, le passé africain dans toute sa richesse et montrer que le continent n’était pas seulement le berceau de l’humanité, mais aussi une aire historique de déploiement du génie humain en général, négro-africain en particulier incarné par les brillantes civilisations de l’Egypte pharaonique, d’Axoum, de Zimbabwe, du Congo, des Zulus d’Afrique du Sud, d’Ifé et d’Oyo, d’Abomey, du royaume berbère d’Aoudaghost, du Ghana, du Mali, du Songhai, du Grand Jolof et du Gabou.
Depuis la seconde guerre mondiale, l’Afrique a progressivement remis en cause les chaînes de domination pour affirmer sa pleine souveraineté et tenir en main son destin.
Pour Landing Savané, pour les prochaines décennies, il faut s’attendre à ce que le continent africain redevienne, du fait de sa croissance démographique rapide, la région la plus peuplée mais aussi la plus dynamique du monde. Mais, pour cela il est indispensable que les Africains eux-comprennent mêmes les enjeux du futur et qu’ils prennent leur responsabilité dans la conduite des affaires du continent.
Enfin la capacité prospective de Landing est remarquable. Dès les années 1990, il publie un essai “Adieu la France” annonçant la perte d’influence de la France en Afrique. L’actualité, ne lui a -t-il pas donné raison ?
Mon dernier mot est signaler les recueils de poésie de Landing : Luttes et Lueurs suivi de Errances et Espérances et A cœur Ouvert. L’écrivain et poète Amadou Elimane Kane publie une Chronique parue dans SénéPlus du 02/02/2025 qu’il intitule : “LANDING SAVANE OU LA POÉSIE EN LETTRES RÉVOLUTIONNAIRES
Il écrit “La poésie de Landing Savané est aussi une ode à la liberté et aux combats que les hommes ont livrés pour conduire l’avenir vers l’insoumission. Afin de repousser les soubresauts, les chaos perpétrés par les hommes, on recompose encore et encore car l’histoire est un sable mouvant qu’il faut toujours rebattre pour voir poindre de nouvelles aurores. Cette histoire est ainsi magnifiée parla poésie intense de Landing Savane
Dans un remarquable poème, Landing dialogue avec l’Afrique
« mère nourricière », telle un être vivant
« Je te salue Afrique
Pour tes miracles
Inscrits en lettres d’ébène
Sur tous les continents ».
En créateur, il chante la solitude « du lutteur dans l’arène », « du penseur rebelle », « du chercheur hérétique ».
On peut citer ce morceau poétique: « Je chante la solitude
Prélude aux communions
Restituant à l’homme
Dignité et puissance
Enfin comment ne pas dire cet extrait du poème que Landing a consacré à Ndar, la ville merveilleuse d’eau où le fleuve Sénégal et l’océan Atlantique se rencontrent pour faire émerger un coin de paradis. Ce poème fut écrit lorsque
Landing était venu en 1973 rendre visite à sa bien-aimée sœur la belle Ciré Savané Sow, renvoyée des lycées de Dakar pour avoir dirigé les grèves des élèves et venue poursuivre ses études secondaires dans cette ville d’ hospitalité.
Landing écrit sur les lumières, les ombres de la ville de Ndar au Sénégal
« Citadelle séculaire
De Mame Coumba Bang
Ville fantôme
A l’ombre du Delta Ndar-Guedj, Ndar-Ndar
Les eaux glauques
Et la ville de sable
Bercent ta silhouette alanguie
Enlisés dans l’Histoire
les Fils du fleuve
Surgis des siècles engloutis
Poursuivent leur dérive austère”
1 Landing Savane, Populations - Un point de vue AFRICAIN, Bruxelles, EPO, 1987, p. 2
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PRIX LITTÉRAIRE : LES HOMMES NE SONT PAS PLUS PERFORMANTS
La romancière Amina Seck a lancé le Prix du livre féminin des lycéennes ainsi que le Prix Ken Bugul afin de réduire l’écart qui persiste entre les hommes et les femmes dans le monde littéraire. Selon elle, dans l’espace francophone africain, aucun prix littéraire n’était jusqu’ici exclusivement destiné aux femmes. Et les récompenses existantes sont bien souvent remportées par des hommes, non pas parce qu’ils sont meilleurs, mais parce qu’ils sont plus nombreux et davantage médiatisés.
Ces prix littéraires féminins s’inscrivent dans une démarche globale d’Amina Seck pour promouvoir la littérature au féminin. Romancière engagée, elle est également fondatrice de l’agence Les Cultur’Elles, qui organise depuis plusieurs années le Salon du livre féminin, ainsi que des résidences d’écriture à destination des jeunes plumes prometteuses.
En mars dernier, à l’Institut français de Dakar, l’avant-dernière cohorte de cette résidence – composée de jeunes talents – a présenté ses œuvres. À l’issue de quelques jours d’accompagnement intensif, les participantes ont pu publier un ouvrage collectif de nouvelles.
C’est en marge de cette rencontre littéraire que nous avons interrogé Amina Seck.
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REVUE DE LA PRESSE DE CE LUNDI 19 MAI 2025
La presse de ce jour reflète les secousses multiples que traverse le pays : des batailles politiques féroces, des affaires judiciaires retentissantes, une diplomatie active, mais aussi un deuil dans le sport
(SenePlus) L’actualité nationale de ce lundi est particulièrement riche et diverse. Des secousses au sein des partis politiques, des décisions judiciaires majeures, des échanges diplomatiques stratégiques et un drame qui endeuille le football sénégalais rythment les titres de la presse. Tour d’horizon des principales “unes” des journaux du jour.
Politique nationale : l’opposition interpellée, l’APR en recomposition
La scène politique sénégalaise reste en ébullition. Plusieurs quotidiens s’attardent sur les tensions internes et les repositionnements stratégiques.
Sud Quotidien ouvre sa manchette sur une analyse du discours du chef de l’État au dialogue politique en titrant : "Le ‘Oui… mais’ de l’opposition". Le journal revient sur les hésitations et les suspicions de l'opposition quant à la sincérité de la main tendue présidentielle.
L'Info, dans un ton plus acerbe, dénonce ce qu’il qualifie de "grosses tares de l’opposition", en mettant en exergue les divisions, l’opportunisme politique et l’absence de cap clair chez plusieurs leaders politiques.
Le journal Quotidien adopte une approche frontale avec son titre : "Tous sauf l’APR et TAS", illustrant le rejet dont font l’objet les figures du pouvoir dans certaines coalitions et regroupements politiques.
Dans le camp présidentiel, la tension est également palpable. Point Actu revient sur un entretien confidentiel avec le titre : "Le tête-à-tête qui pourrait tout faire basculer au sein de l’APR". Une discussion stratégique qui pourrait redessiner les équilibres internes du parti présidentiel.
Justice : rebondissement dans l’affaire Tahirou Sarr
La justice marque un temps fort dans la presse. L’affaire Tahirou Sarr revient en force dans l’actualité. Les Échos titre sans ambiguïté : "La chambre d’accusation donne raison à Tahirou Sarr", évoquant une décision qui pourrait redorer l’image du mis en cause dans une affaire de détournement de deniers publics.
L’Observateur (L’Obs) consacre également sa une à ce dossier en titrant : "Tahirou Sarr : la décision qui relance tout", détaillant les implications juridiques et politiques de cette évolution judiciaire.
Diplomatie : Sonko accueilli au Burkina, Matam au cœur de la coopération
Sur le plan diplomatique, deux événements retiennent l’attention.
Yoor-Yoor met à la une la visite du Premier ministre Ousmane Sonko au Burkina Faso : "Le pays des hommes intègres déroule le tapis rouge au PM Sonko". Une visite marquée par des discussions de coopération et une symbolique forte de rapprochement entre les deux pays.
Le Soleil, de son côté, met en lumière une dynamique bilatérale structurante avec ce titre : "Matam, cœur du nouveau modèle". Le quotidien national revient sur les projets d’intégration et d’échange entre le Sénégal et la Guinée dans cette région stratégique du Fouta.
Enquêtes et révélations : Sangue Cheikh Moussa Diagne au cœur d’un scandale
Le journal Libération publie une enquête explosive sur une affaire judiciaire impliquant un ancien haut fonctionnaire. Sous le titre "Les dessous de l’affaire Sangue Cheikh Moussa Diagne", le quotidien revient sur des soupçons de corruption, de trafic d’influence et de détournement présumé de biens publics. Un dossier qui pourrait entraîner des remous dans plusieurs cercles de l’administration.
Société : démission retentissante d’Anta Babacar Ngom
Sur le plan social et politique, Rewmi Quotidien annonce un départ inattendu et fracassant avec le titre : "Anta Babacar Ngom claque la porte". La femme politique, à la tête d’un mouvement en pleine expansion, aurait décidé de prendre ses distances avec les structures en place. Les raisons de cette décision restent encore floues, mais son entourage évoque un "manque de vision partagée".
Sport : l’US Ouakam en deuil après la mort de son capitaine
Un drame secoue le monde du sport. Le capitaine de l’US Ouakam, Fadouwe Ndiaye, est décédé en plein match. Le journal Stades rapporte le drame sous le titre : "Fadouwe Ndiaye, capitaine de l’US Ouakam, emporté par un malaise à la mi-temps", tandis que Rewmi Sports+ titre sobrement : "Le capitaine décède en plein match".
Ce tragique événement suscite une vive émotion dans le monde sportif sénégalais, d’autant plus que Ndiaye était une figure emblématique du club.
Autres faits sportifs
Dans le reste de l’actualité sportive, Record annonce que "Le Jarraf dépose une évocation contre Builders FC", contestant des irrégularités dans un match décisif. Pendant ce temps, Point Actu Sport salue l’exploit d’Ismaïla Sarr, "qui remporte la FA Cup avec Crystal Palace", une première dans l’histoire du club londonien.
Tabaski 2025 : la tension monte sur le marché du mouton
Alors que la fête de la Tabaski approche, les préoccupations liées au prix du mouton ressurgissent. Le journal EnQuête consacre sa une à ce sujet en titrant : "La psychose du mouton", évoquant la flambée des prix, les difficultés d’approvisionnement et la pression sur les ménages sénégalais.
FAUT-IL REPENSER LE SYNDICALISME ÉTUDIANT AU SÉNÉGAL ?
Le syndicalisme étudiant sénégalais, autrefois moteur de luttes légitimes pour l’amélioration des conditions de vie et d’études, semble aujourd’hui à la croisée des chemins. Devenu, aux yeux de beaucoup, un espace d’expression anarchique...
Le syndicalisme étudiant sénégalais, autrefois moteur de luttes légitimes pour l’amélioration des conditions de vie et d’études, semble aujourd’hui à la croisée des chemins. Devenu, aux yeux de beaucoup, un espace d’expression anarchique, parfois instrumentalisé, il est au cœur d’un malaise structurel qui mine l’enseignement supérieur national.
La multiplication des grèves, souvent déclenchées pour des motifs secondaires ou mal expliqués, interroge. À l’Université Alioune Diop de Bambey, la dissolution de toutes les amicales des Unités de formation et de recherche (Ufr) par le Conseil académique marque une rupture symbolique et politique. Cette décision, rare dans l’histoire universitaire sénégalaise, fait suite à une grève illimitée lancée par des représentants étudiants appelant leurs camarades à déserter les salles de classe et à regagner leurs familles respectives. Il ne s’agit pas d’un simple geste d’autorité, mais d’un signal fort. L’université ne peut plus être otage de factions revendicatives parfois coupées des préoccupations réelles de la majorité silencieuse des étudiants. Le cas de Saint-Louis, à l’Université Gaston Berger, illustre aussi le contournement d’un syndicalisme devenu routinier, procédural.
Journées sans tickets, suspension des cours, exigence de Wi-Fi et d’eau potable : si les revendications sont recevables, les formes d’action utilisées interrogent leur efficacité réelle. Le syndicat ne peut continuer à fonctionner comme une opposition systématique, sans vision ni calendrier, agissant plus en contre-pouvoir désorganisé qu’en partenaire de dialogue structuré. Pire, à Dakar, un fait divers grave vient noircir ce tableau déjà fragile. Un étudiant est arrêté au campus social de l’université Cheikh Anta Diop en possession de 41 cornets de chanvre indien, présenté comme le chef d’un réseau de trafic opérant sur le campus.
Ce type de dérive met à nu la porosité des structures de représentation étudiante qui devaient de plus en plus axer leurs actions sur la sensibilisation et la dénonciation de certaines pratiques et logiques mafieuses. Face à ce contexte, le gouvernement, par le biais du ministère de l’Enseignement supérieur, semble vouloir engager une réforme en profondeur, dont les premières mesures ont déjà été posées. L’ouverture anticipée de la plateforme Campusen, 45 jours avant le baccalauréat, est un geste stratégique, annonçant l’arrivée massive de nouveaux étudiants dans les universités et Isep. Le message est clair : le système change d’échelle, et le désordre ne pourra plus être la norme. Le ministre Abdourahmane Diouf a été catégorique : tous les bacheliers seront orientés, quel que soit leur nombre.
Cette massification assumée exige une gouvernance universitaire capable de planifier, mais aussi de résister à la pression de syndicats autoproclamés, souvent plus préoccupés par leur visibilité que par l’intérêt général. Le syndicalisme étudiant, dans sa forme actuelle, n’est pas durable. Il devient alors urgent de repenser ce syndicalisme. Cela ne signifie pas l’abolir, mais le refonder sur des bases claires : représentativité authentique, formation civique des délégués, transparence dans les mandats, responsabilité face aux actes posés. L’État doit encadrer ce processus, non pour museler, mais pour professionnaliser une fonction devenue trop souvent un tremplin personnel ou un terrain de clientélisme.
Encourager un syndicalisme de proposition, plutôt que de contestation stérile, est aujourd’hui une priorité. Les étudiants doivent être vus non comme de simples revendicateurs, mais comme des acteurs à part entière du pilotage universitaire. À ce titre, ils doivent assumer leur rôle dans un cadre de dialogue renforcé, de médiation pérenne, et de coresponsabilité. La transformation des universités sénégalaises passe autant par les infrastructures que par les mentalités. Le syndicalisme étudiant, s’il veut survivre à cette nouvelle ère, devra se réinventer. L’État a ouvert la voie. Il appartient désormais aux étudiants, aux enseignants et aux administrateurs de reconstruire ensemble un pacte universitaire équitable, exigeant et porteur d’avenir.
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LE CHANTIER INSTITUTIONNEL EN COURS
Sidy Alpha Ndiaye, conseiller du président, évoque l'état d'avancement de la réforme des institutions promises. Cour constitutionnelle, réduction de l'hyperprésidentialisme, refonte du système judiciaire : le Pacte de bonne gouvernance se concrétise
Ce dimanche 18 mai 2025, dans l'émission "Point de vue" de la RTS, Sidy Alpha Ndiaye, conseiller juridique et directeur de cabinet adjoint du président de la République, a détaillé les avancées majeures dans la mise en œuvre du Pacte de bonne gouvernance, engagement phare du chef de l'État durant sa campagne électorale.
"Le devoir de mémoire m'impose de remonter le fil du temps", a déclaré M. Ndiaye, rappelant que le président Bassirou Diomaye Faye, alors qu'il était candidat et "dans les liens de détention" en janvier 2024, l'avait mandaté pour signer le Pacte de bonne gouvernance. Ce pacte, qui reprend les recommandations des assises de 2009 et de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI) de 2013, repose sur un triptyque : la création d'une Cour constitutionnelle, la réforme en profondeur du Conseil supérieur de la magistrature, et la réduction de l'hyperprésidentialisme.
"Il fallait qu'aujourd'hui la plume, l'écriture des textes soit au rendez-vous de la parole donnée", a souligné le conseiller juridique du président.
Des réformes institutionnelles d'envergure
Pour concrétiser ces engagements, un comité ad hoc présidentiel a été créé en décembre dernier. Ce comité, composé de magistrats, de professeurs d'université et de représentants de la société civile, a déjà finalisé plusieurs projets de textes qui seront bientôt soumis à l'Assemblée nationale.
Parmi les principales avancées :
La transformation du Conseil constitutionnel en Cour constitutionnelle : Celle-ci passera de 7 à 9 membres, avec une composition plus diverse incluant des professeurs, des avocats et d'autres profils de la société civile. Surtout, les citoyens pourront saisir directement cette juridiction en cas d'atteinte à leurs droits fondamentaux.
La création d'un Conseil supérieur de la justice : Remplaçant l'actuel Conseil supérieur de la magistrature, cette institution verra le nombre de juges élus doubler (de 7 à 14) et s'ouvrira à des personnalités extérieures au monde judiciaire, "pour inviter la société dans le fonctionnement d'une institution qui ne saurait appartenir qu'à des techniciens".
L'instauration d'un juge des libertés et de la détention : Présent dans chaque tribunal correctionnel, ce magistrat du siège sera seul habilité à décerner des mandats de dépôt ou à prononcer des libérations, limitant ainsi les pouvoirs du procureur.
Rééquilibrage des pouvoirs : la fin de l'hyperprésidentialisme
La réforme constitutionnelle prévoit également une meilleure répartition des pouvoirs entre le président de la République et le Premier ministre. "On modifie pour réduire l'hyperprésidentialisme. On modifie pour respecter un engagement. On modifie pour répondre à une attente populaire", a martelé M. Ndiaye.
Concrètement, le Premier ministre pourrait désormais présider le Conseil des ministres en l'absence du président et participer à la définition de la politique de la nation. Cette évolution répond notamment aux risques de blocage institutionnel en cas de cohabitation.
"Pourquoi le Premier ministre, en tant qu'institution, ne pourrait pas également participer de manière concertée, sous l'égide du chef de l'État, à la politique de la nation ?", s'est interrogé le conseiller présidentiel.
Au-delà du rééquilibrage institutionnel, la réforme constitutionnelle introduira des "droits nouveaux assez fondamentaux, assez révolutionnaires", selon Sidy Alpha Ndiaye.
Parmi eux figure le droit à la connexion ou encore l'interdiction faite à un président sortant de "signer des décrets qui engagent durablement et qui grèvent les finances de l'État" - une mesure inspirée par la polémique autour du renouvellement de concessions importantes signées par l'ancien régime juste avant ou après la dernière élection présidentielle.
M. Ndiaye a également évoqué le dialogue sur le système politique prévu dans 10 jours, tout en regrettant le boycott annoncé par certains partis d'opposition. Il a défendu la démarche "inclusive" du président, soulignant que les termes de référence de ce dialogue avaient été partagés avec toutes les forces vives de la nation un mois à l'avance pour recueillir amendements et suggestions.
"Le système politique n'appartient pas aux hommes politiques. Le système politique appartient aux chefs coutumiers, aux chefs religieux, à la société dans son ensemble", a-t-il conclu, appelant toutes les parties prenantes à contribuer à cette réflexion collective.
La réforme constitutionnelle pourra être adoptée soit par voie parlementaire à la majorité des trois cinquièmes, soit par référendum, une décision qui, selon le conseiller juridique, "appartient exclusivement au chef de l'État".