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7 août 2025
PAR Birane DIOP
GAZA COMME MÉTAPHORE
EXCLUSIF SENEPLUS - Cette destruction des Gazaouis nous enseigne ceci : au-delà du détricotage du droit international, nous assistons à une faillite morale de la communauté internationale
À l’heure où j’écris ces lignes, me reviennent en mémoire les mots poignants du regretté pape François, prononcés le samedi 21 décembre 2024, à la veille de la fête de la Nativité, face au drame de l’humanité qui se joue à Gaza : « Hier, des enfants ont été bombardés. C’est de la cruauté. Ce n’est pas la guerre. Je tiens à le dire parce que cela touche le cœur. »
À l’instar de cette grande figure de paix, désormais entrée dans le pays sans fin, je suis profondément préoccupé par la situation à Gaza. Mais, dans la même veine, je demeure sans les mots justes pour décrire la tragédie qui touche les Gazaouis.
Depuis l’attaque terroriste orchestrée par le Hamas le 7 octobre 2023 dans le sud d’Israël, causant la mort de 1 200 Israéliens et la prise en otage de 251 personnes, l’armée israélienne réplique de façon disproportionnée, en ciblant les civils palestiniens vivant dans le petit territoire de Gaza. Dans l’important livre Gaza, une guerre coloniale, paru aux éditions Actes Sud le 14 mai 2025, des anthropologues, historiens, sociologues et politistes spécialistes du Proche-Orient décrivent l’assaut dévastateur mené par Tsahal après l’opération Déluge d’Al-Aqsa. Selon ces spécialistes, la reprise des bombardements après l’accord de cessez-le-feu du 19 janvier 2025, rompu par le gouvernement de Benyamin Netanyahou le 18 mars, a conduit à la mort de plus de 50 144 Palestiniens. Dans le même sillage, plus de 113 704 personnes ont été blessées.
Pour celles et ceux qui l’ignorent, la bande de Gaza est un territoire minuscule. Nichée entre l’Égypte et Israël, elle couvre une superficie totale de 365 km², dans une enclave de 41 km de long et de 6 à 12 km de large, avec 2,3 millions d’habitants.
Presque tous les chercheurs, journalistes et intellectuels, etc. qui documentent le terrible quotidien des Gazaouis depuis plus de cinq décennies emploient le même mot bouleversant : une tragédie est en cours à Gaza. À l’aune de ce constat politique et humain, on peut inscrire les propos de la présidente de Médecins sans Frontières, Isabelle Defourny : « On assiste à une éradication des Palestiniens. »
Quel esprit doté de raison, lucide et foncièrement humain, peut réfuter ces dires ? Le mardi 6 mars 2025, le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a affirmé sans ambages sa volonté de déporter la population de Gaza vers le Sinaï. Voici ci-après les paroles glaçantes du ministre d’extrême droite du gouvernement de Benyamin Netanyahou, chef du parti Sionisme religieux – Mafdal : « Gaza sera totalement détruite. »
Je ne parle même pas des propos irresponsables de Donald Trump sur son projet de « Riviera du Proche-Orient ». Le but de ces gens sans morale ni humanité, par-dessus tout nés avant la honte, n’est pas de vaincre le Hamas — au regard des faits — mais plutôt d’effacer un peuple.
Je ne cesserai de le répéter : les massacres du 7 octobre et les prises d’otages sont inacceptables, mais rien ne saurait justifier une telle brutalité. Deux millions d’âmes sont privées de nourriture, d’électricité et d’eau, et risquent d’être déplacées. Il y a quelques jours, Madame Cindy McCain, directrice exécutive du Programme alimentaire mondial, alertait l’opinion publique ainsi que les dirigeants du monde à travers ces mots : « Les familles de Gaza meurent de faim alors que la nourriture dont elles ont besoin est bloquée à la frontière. Nous ne pouvons pas leur fournir cette assistance vitale en raison de la reprise du conflit et de l’interdiction totale de l’aide humanitaire imposée début mars. »
Je puis le dire sans réserve : notre humanité commune est en train de mourir à Gaza. Je vis loin des bombardements, loin des enfants, des femmes et des hommes tués, mais toute cette violence gratuite me hante.
Cette destruction des Gazaouis nous enseigne ceci : au-delà du détricotage du droit international, nous assistons à une faillite morale de la communauté internationale. Face à cette dépossession et à la douleur infligées aux Palestiniens, mes pensées vont à Mahmoud Darwich, poète intemporel.
Tous ceux qui ont l’humanité et l’humanisme chevillés au corps, et qui croient fondamentalement à l’altérité, doivent élever la voix avant que la catastrophe totale n’advienne.
Indignons-nous !
LE SÉNÉGAL, UNE SOCIÉTÉ HIÉRARCHISÉE
Fatou Sow dénonce le recul de la représentation des femmes au sein du nouveau gouvernement et pointe du doigt un système patriarcal toujours aussi puissant et l'influence du pouvoir religieux, malgré les lois
(SenePlus) - La sociologue sénégalaise de 84 ans, militante féministe reconnue pour ses travaux sur les droits des femmes en Afrique, dresse un constat alarmant sur l'état de la parité au Sénégal, dans un entretien accordé au journal Le Monde. Malgré une loi instaurant la « parité absolue » entre les sexes dans toutes les institutions électives, la représentation des femmes au sein des instances décisionnelles recule sous le nouveau gouvernement de Bassirou Diomaye Faye et d'Ousmane Sonko.
Honorée le 15 mai dernier à Dakar lors d'un symposium sur la « démocratie au féminin », Fatou Sow, ancienne enseignante-chercheuse à l'université Paris-Diderot et à l'université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, déplore le manque de volonté politique du nouveau gouvernement sénégalais en matière de parité. Malgré les promesses de changement, le gouvernement d'Ousmane Sonko ne compte que quatre femmes, soit 13% des ministres.
« Alors qu'on avait gagné quelques batailles, on constate que tout recule. Qui aurait pu imaginer qu'avec des dirigeants aussi jeunes, nous aurions aussi peu de femmes au gouvernement ? », s'interroge la sociologue dans les colonnes du quotidien français.
Ce recul est d'autant plus paradoxal que la loi sur la parité, votée sous la présidence d'Abdoulaye Wade (2000-2012), avait permis d'atteindre 44% de femmes élues au Parlement en 2022. Ce chiffre est tombé à 40% lors des dernières législatives de novembre 2024, selon les informations rapportées par Le Monde.
Un système patriarcal ancré dans la société
Pour Fatou Sow, l'explication est claire : « C'est une question de volonté politique. Aujourd'hui, sous la pression de cette loi sur la parité, il est difficile pour le pouvoir de ne pas nommer de femmes. Alors on saupoudre le gouvernement et les institutions publiques de quelques femmes, mais le gros du pouvoir revient toujours aux hommes. »
La sociologue pointe du doigt un « système patriarcal très fort, très marqué par les religions musulmane et chrétienne » qui maintient les femmes à l'écart des sphères de décision. Ce constat est d'autant plus frappant que, dans les domaines techniques comme la médecine, l'ingénierie et même l'armée, les femmes occupent de plus en plus de postes à responsabilité « non pas à la faveur d'une loi sur la parité, mais parce qu'elles ont des compétences », souligne-t-elle.
L'interview aborde également la polygamie, pratique ouvertement assumée par les nouveaux dirigeants sénégalais. Pour Fatou Sow, ce phénomène reflète une évolution paradoxale de la société sénégalaise.
« Beaucoup d'hommes avec un niveau d'études poussées et qui occupent aujourd'hui des postes clés à l'université, en politique ou dans les milieux économiques, se revendiquent polygames, alors que l'on penserait que ce n'est pas un modèle pour eux étant donné qu'il était perçu comme rétrograde par les premières élites du pays post-indépendance », observe-t-elle.
Si la polygamie est acceptée par une grande partie de la population, c'est aussi parce que « les femmes sénégalaises veulent être mariées, parce que le mariage donne un statut social», explique la sociologue. Néanmoins, elle précise que « l'approbation des femmes ne traduit pas pour autant une société paritaire. La société sénégalaise reste une société hiérarchisée par sexe, par âge, par caste, par ethnie. »
Des pratiques traditionnelles persistantes
Malgré les avancées législatives, certaines pratiques traditionnelles néfastes perdurent au Sénégal. Évoquant l'excision et d'autres formes de violences basées sur le genre, Fatou Sow affirme que « ces pratiques existent toujours en 2025 et engendrent encore beaucoup de souffrance pour le corps des femmes. »
Elle déplore l'inefficacité de la loi de 1999 contre les violences basées sur le genre, estimant que « si ces pratiques existent toujours, c'est parce qu'il n'y a pas la volonté politique de les faire cesser face à un pouvoir religieux qui les soutient. »
La sociologue rejette fermement les critiques qui présentent le féminisme comme un produit occidental incompatible avec les « valeurs africaines ». « C'est insultant d'entendre les hommes africains dire des féministes africaines qu'elles copient les Occidentales, tandis qu'eux peuvent parler de Marx et Bourdieu sans que personne ne leur reproche d'être occidentalisés », dénonce-t-elle.
Pour Fatou Sow, le féminisme n'est pas une importation occidentale mais « une lutte multiforme des femmes contre l'oppression ». Elle souligne que les droits défendus par les féministes africaines sont aujourd'hui menacés par une offensive conservatrice mondiale.
« Il faut se souvenir de la loi votée par l'administration de Ronald Reagan en 1984, la Global Gag Rule », rappelle-t-elle, faisant référence à cette législation qui a interdit aux ONG étrangères de recevoir des fonds du gouvernement américain si elles travaillaient sur les questions d'avortement. Selon elle, cette offensive continue aujourd'hui avec le retour au pouvoir de Donald Trump, à travers « le démantèlement de l'Agence des États-Unis pour le développement international (Usaid) et son retrait de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ».
Sa conclusion est sans appel : « Aujourd'hui, je dirais que les droits défendus par les féministes africaines sont aussi menacés que ceux des Américaines. »
PAR Nioxor Tine
DIALOGUE ET RUPTURES
EXCLUSIF SENEPLUS - Nos nouvelles autorités font parfois preuve d’un conformisme consternant. Qu’est-ce qui peut donc expliquer cette méfiance maladive à l’endroit du processus de refondation institutionnelle ?
Le moins qu’on puisse dire, c’est que nos nouvelles autorités, dont on attend, qu’elles opèrent des ruptures décisives dans la manière de conduire les affaires de l’Etat, font parfois preuve d’un conformisme consternant. C’est dire que la tenue prochaine du dialogue appelle des remarques sur la forme et le fond.
Le 28 mai, journée de dialogue ou de duperie ?
Quelle idée saugrenue de confirmer la date du 28 mai comme journée du dialogue national !
Instaurée par l’ex-président Macky Sall, cette journée prétendument dédiée au dialogue politique n’a servi qu’à entériner les forfaitures de son défunt régime.
Il faut rappeler que cette journée du dialogue national avait été instituée en 2016, au lendemain du référendum du 20 mars 2016, qui correspond au tournant, à partir duquel, on peut acter le renoncement, par l’ancien président, de tous les engagements, qu’il avait pris devant le peuple des Assises. Il s’agit, en premier lieu de la promesse de réduction de la durée de son septennat de deux ans, qu’il avait claironnée, à travers toutes les grandes capitales occidentales, mais aussi et surtout de toutes les dispositions en faveur de la séparation et de l’équilibre des principales Institutions.
Il faut dire que son projet de réforme constitutionnelle, voté par 62,54% des électeurs et ne contenant essentiellement que des modifications insignifiantes voire pernicieuses, n’avait été approuvé que par moins d’un sénégalais sur quatre, en raison du faible taux de participation.
Depuis cette période, le pouvoir de Benno Bokk Yakaar devenu minoritaire ne s’est maintenu au pouvoir, que grâce à des combines et stratagèmes avalisés par ces fameux dialogues. On a ainsi procédé à des tripatouillages systématiques du code électoral et/ou de la charte fondamentale, pour diverses raisons, dont l’éviction ou la réhabilitation de leaders politiques de l’opposition, en leur déniant (ou leur restituant) leur qualité d’électeur ou l’adoption d’une loi sur le parrainage, déclarée illégale par la cour de justice de la CEDEAO.
Enfin, cerise sur le gâteau, le dialogue de Diamniadio, summum de l’illégalité et de la défiance envers la loi, a entériné le report de l’élection présidentielle du 25 février 2024, montrant, de manière caricaturale, à la face du monde, la nature anti-démocratique du régime de Macky Sall.
En définitive, les pseudo-dialogues de l’ère Benno Bokk Yakaar étaient plus un piège à cons ou un marché de dupes, permettant à certains politiciens véreux de rejoindre les prairies beige-marron ou d’être admis au banquet électoral, au prix de compromissions douteuses.
Un dialogue confiné aux questions électorales
À examiner les termes de référence du dialogue national sur le système démocratique, on se rend compte, que même dans le fond, ce dialogue ne diffère pas foncièrement des précédents, qui avaient essentiellement pour vocation d’insuffler un nouvel élan à un système décadent. On se rappelle, que devant des Assisards impatients de voir le nouveau projet de constitution de la Commission Nationale de Réformes des Institutions (CNRI) soumis à référendum, le ministre-conseiller juridique du président Sall avait rétorqué que le vénérable Amadou Mahtar Mbow et son équipe avaient outrepassé leurs prérogatives. Et M. Ismaila Madior Fall, de poursuivre, occultant les révoltes citoyennes de 2011-2012, que « le Sénégal n’est pas dans une situation de crise, de rupture ou de révolution nécessitant une refondation de l’Etat et de l’ordre constitutionnel ».
Comment se fait-il que plus de 13 ans après, au lendemain de ce qui est généralement admis comme étant une révolution démocratique consécutive à des actions quasi-insurrectionnelles, où l’ancien système moribond doit céder la place à l’anti-système, on retrouve la même logique, qui avait inspiré le précédent régime ?
Qu’est-ce qui peut donc expliquer cette méfiance maladive à l’endroit du processus de refondation institutionnelle ?
Le camp patriotique et ses alliés ont tout à gagner en changeant de paradigme, en sortant de la logique « électoraliste » qui transparaît, de bout en bout, dans le document des termes de référence.
Il ne s’agit plus simplement de réanimer une démocratie électorale agonisante, mais d’instaurer une thérapie de choc pour éradiquer les causes réelles et profondes du « mal-être démocratique », qui bien qu’universel, a une résonance particulière dans nos pays.
Renouer avec l’esprit des Assises
Et pourtant, le duo Diomaye-Sonko semble conscient de la nécessité et de l’urgence de mettre en œuvre des réformes institutionnelles. Dès leur installation, ils se sont attaqués au secteur de la Justice, en organisant des Assises. Ils semblent maintenant vouloir confiner le dialogue national sur le système politique au processus électoral, en essayant de juguler les signes externes de dysfonctionnement, tout en occultant les causes profondes.
Avec une approche aussi fragmentaire, il sera difficile pour les nouvelles autorités de mener à bien la noble entreprise de refondation institutionnelle figurant, depuis plus de 25 ans, en première place de l’agenda politique des patriotes et démocrates de notre pays.
Quid de la question des droits et libertés, dont l’opposition semble vouloir faire un fonds de commerce, précisément, parce que sentant que c’est le talon d’Achille du nouveau régime, préférant parfois rester dans l’illusoire zone de confort d’une violence d’Etat légitime ? Sinon, qu’est-ce qui les empêche d’abroger les lois liberticides, de protéger les libertés de manifestation et d’expression, de traiter le secteur de la presse avec la même bienveillance que le secteur religieux, de s’attaquer à l’hyper-présidentialisme, de revoir le mode de scrutin majoritaire à un tour (raw gaddu), de promouvoir la démocratie participative…
Toutes ces questions ont un début de réponse dans le projet de constitution et les recommandations de la CNRI repris par le pacte de bonne gouvernance démocratique signé par au moins douze des dix-neuf candidats de la dernière présidentielle, dont Bassirou Diomaye Diakhar Faye.
En somme, toute la question est de savoir s'il s'agit d'un dialogue de rupture ou de rafistolage.
ETE CHAUD TOUT SHOW POUR LES DIGNITAIRES DU REGIME SALL
Le temps va se figer pour les 5 ministres mis en accusation et qui seront auditionnés à partir de lundi par la Commission d’instruction de la Haute cour de justice, entrée désormais dans sa phase active.
Le temps va se figer pour les 5 ministres mis en accusation et qui seront auditionnés à partir de lundi par la Commission d’instruction de la Haute cour de justice, entrée désormais dans sa phase active. Passée cette étape, les dossiers de 4 autres ministères cités dans le rapport de la Cour des comptes sur la gestion du Fonds Covid-19 vont être activés. Un été show s’annonce pour les dignitaires de l’ancien régime.
Le temps de la Justice pour les anciens ministres du régime Sall est arrivé. Après la mise en accusation de cinq exministres, la Haute cour de justice entre dans sa phase d’instruction, avec la notification des mandats de comparution aux mis en cause et le lancement des ordres de conduite. Entre le lundi et le 26 mai, tous les concernés seront entendus a priori par la Commission d’instruction de la Haute cour de justice. Inculpés ou pas ? Sous mandat de dépôt ou en liberté provisoire en cautionnant, comme la plupart des Directeurs de l’administration générale et de l’équipement (Dage) ou des fournisseurs ou bénéficiaires de deniers publics durant cette période ? Wait and see !
Les anciens ministres Mansour Faye, Sophie Gladima, Ndèye Saly Diop, Moustapha Diop et Ismaïla Madior Fall vont ouvrir le bal, qui risque de durer assez longtemps. Car d’autres dossiers liés au Fonds Covid-19 sont en train d’être épluchés par le Parquet de Dakar, qui soulage le Parquet judicaire financier surchargé de dossiers à milliards de francs Cfa.
4 autres ministres en attente
Pour l’instant, il y a encore 4 ministères dont les dossiers sont dans le circuit judiciaire. Hormis Ismaïla Madior Fall dont les poursuites sont hors Covid-19, mais pour une affaire de corruption présumée, il n’y a que les ministres de la Famille, de l’Industrie, du Développement communautaire et des Mines dont les responsables bénéficient de privilèges de juridiction, qui sont poursuivis. Les dossiers des ministères de la Jeunesse, des Sports, de la Santé, de la Culture et de la communication dont les Dage ont dû cautionner pour échapper à la prison sont à un temps de latence, qui ne sera pas long. Une attente liée à une stratégie «pour éviter» de surcharger la Commission d’instruction et la Haute cour de justice, qui est une juridiction d’exception.
LE SAES DÉNONCE LES DÉRIVES DU RECTEUR DE L'UIDT
L’Université Iba Der Thiam de Thiès est à l’arrêt du 16 au 19 mai 2025. C’est le mot d’ordre décrété par le Saes du Campus de Thiès, en concertation avec le Sudes, face à l’agression «inacceptable» d’un de ses membres.
72 heures de grève non renouvelables, du vendredi 16 au lundi 19 mai 2025, avec une Assemblée générale convoquée ce même jour. C’est le mot d’ordre décrété par la Coordination du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) du Campus de Thiès, en concertation avec le Sudes, face à l’agression «inacceptable» d’un de ses membres.
L’Université Iba Der Thiam de Thiès (Uidt) est à l’arrêt du 16 au 19 mai. La Coordination Saes-Thiès, qui dénonce «la mise en œuvre d’une fouille systématique humiliante et dangereuse du personnel (Per et Pats) à l’entrée du campus», trouve «cette mesure attentatoire à la liberté individuelle et à la dignité du personnel, inacceptable dans un lieu de savoir». Elle propose «une alternative respectueuse : présentation de la carte professionnelle, mise en place de macarons et installation de caméras de surveillance». Dr Moussa Dia, membre du Saes-Campus Thiès, explique : «Ce mercredi 14 mai 2025, la ligne rouge a été franchie : un camarade chargé des revendications a été violemment agressé par les vigiles du Recteur à la descente du travail, sous l’œil complice de la direction.» Il exige une élucidation complète et transparente des faits, ainsi que le retrait immédiat des personnes mises en cause de l’espace universitaire.
Saes-Campus de Thiès dénonce les dérives à l’Uidt et exige des mesures immédiates
Il y a quatre (4) ans, se rappelle la Coordination Saes du Campus de Thiès, «l’Isfar quittait l’université Iba Der Thiam de Thiès pour intégrer l’Uadb, en laissant l’intégralité de son budget à l’Uidt. A l’époque, sous la coordination du camarade Mamadou Babacar Ndiaye - aujourd’hui Recteur de l’Uidt-, le Saes s’était battu pour que ces postes libérés soient réattribués. Une lutte similaire s’impose aujourd’hui». Et de poursuivre : «Depuis le 1er janvier 2024, l’Ensa a quitté l’Uidt en laissant dans son sillage un budget conséquent, représentant 31 postes d’enseignant-chercheur et 47 postes de Pats. A ce jour, aucun recrutement n’a été effectué, en dépit de l’urgence académique et institutionnelle.»
La Coordination SaesCampus de Thiès exige «la répartition immédiate des postes laissés par l’Ensa dans les différentes institutions de l’Uidt», dénonce «l’état catastrophique des infrastructures pédagogiques et administratives, notamment aux Ufr Santé, Ses et Set, et exige un plan Marshall d’investissement», «un audit indépendant sur l’utilisation réelle du budget transféré par l’Ensa».
Création d’une Ufr hors la loi
La coordination s’insurge contre «la tentative unilatérale du Recteur de créer une nouvelle Ufr des Sciences agronomiques, agroalimentaires et environnementales, sans validation du Conseil académique, comme l’exige l’article 20 du décret n°2021- 1504». Cette décision, dit-elle, est «illégale, nulle et non avenue, tant qu’elle ne respecte pas les procédures de gouvernance universitaire».
Des pratiques managériales autoritaires et arbitraires
La coordination condamne «la prolongation illégale de Pats à la retraite, alors que de nombreux jeunes qualifiés attendent un emploi», s’oppose «fermement à la coupure arbitraire des primes d’encadrement pour les assistants, jamais versées pour certains depuis leur recrutement, et exige leur paiement rétroactif», rejette «la suppression progressive des avantages sociaux acquis, notamment le carburant et les cartes téléphoniques alloués aux collègues assumant des responsabilités administratives, sous prétexte de décisions opaques du Conseil d’administration».
Appel solennel au Mesri
La coordination tient «le Recteur pour responsable de la dégradation du climat social à l’Uidt», interpelle le Mesri sur «ses responsabilités face à ces dérives répétées», exige «la régularisation immédiate de la situation illégale de la direction de l’Ensa, en fin de mandat depuis sept mois»
Le Saes-Campus de Thiès, qui décide de continuer le combat, se réserve le droit d’user de tous les moyens légaux et syndicaux pour «restaurer la dignité de nos membres et garantir un fonctionnement universitaire conforme aux textes et à l’éthique républicaine».
UN MODELE ECONOMIQUE IDENTIFIE LA MEILLEURE COMBINAISON POUR 10 PAYS AFRICAINS
L'Afrique est confrontée à des défis en matière de réduction de l'extrême pauvreté et des inégalités. En 2024, 8,5 % de la population mondiale vivait dans l'extrême pauvreté (avec moins de 2,15 dollars/jour). 67 % de ces personnes vivaient en Afrique...
L 'Afrique est confrontée à des défis en matière de réduction de l'extrême pauvreté et des inégalités. En 2024, 8,5 % de la population mondiale vivait dans l'extrême pauvreté (c'est-à-dire avec moins de 2,15 dollars par jour). Près de 67 % de ces personnes vivaient en Afrique subsaharienne.
Pour lutter contre ces problèmes importants que sont la pauvreté et les inégalités, il est essentiel d'identifier les zones où vivent les personnes les plus démunies. Cela permet de concentrer les investissements sur la croissance et la productivité, dans une optique inclusive et durable.
Environ 70 % des personnes pauvres en Afrique subsaharienne vivent dans des zones rurales. La plupart (65 % à 70 %) travaillent dans l'agriculture. L'agriculture contribue également à hauteur de 30 % à 40 % au produit intérieur brut (PIB). Malgré son importance, l'agriculture est sous-financée. Les pays africains ne disposent pas de ressources suffisantes pour financer l'agriculture, et les financements extérieurs se font de plus en plus rares.
La région a donc désespérément besoin d'un plan innovant pour financer l'agriculture en vue du développement économique. Dans une étude récente, nous avons analysé comment différents modes de financement des investissements agricoles pourraient influer sur la croissance inclusive et l'économie en général dans dix pays africains. Nous avons examiné différentes options de financement, notamment l'augmentation des impôts, la réduction des budgets et l'aide extérieure.
Nous avons créé des modèles économiques destinés à aider les pays aux budgets serrés à comprendre les compromis et à choisir les meilleures options. Notre étude a montré qu'investir davantage dans l'agriculture, en particulier avec des financements extérieurs, était le meilleur moyen d'augmenter les revenus et de réduire la pauvreté, surtout dans les zones rurales. Le financement extérieur évite les coûts plus élevés du financement national. Mais une combinaison des deux est également efficace. Quel que soit le pays, toutes les options de financement ont entraîné une augmentation des revenus ruraux, une réduction de la pauvreté et de la faim. Cela montre que les investissements dans l'agriculture ont un impact positif tant au niveau national que dans les zones rurales.
LE MODELE
Notre étude utilise un modèle de simulation économique qui examine la situation dans son ensemble, mais aussi dans le détail. L'objectif était de mesurer l'impact des variations des dépenses agricoles sur les ménages (en termes de revenus et dépenses) et sur l'économie dans son ensemble.
Les pays étudiés sont l'Angola, le Mozambique, la Namibie, le Botswana, le Rwanda, le Gabon, le Malawi, l'Eswatini, le Lesotho et le Zimbabwe. Nous les avons choisis en fonction de la disponibilité et de l'accessibilité des données requises.
Le modèle a calculé les résultats de différentes stratégies de financement :
• Augmentation des impôts (directs, tels que l'impôt sur le revenu des ménages et l'impôt foncier, ou indirects, tels que la TVA ou la taxe sur les ventes). L'idée est que l'augmentation des dépenses agricoles serait compensée par une hausse des recettes fiscales. Celles-ci proviendraient de l'augmentation des revenus des ménages et des impôts fonciers.
• Réduction des dépenses d'investissement non agricoles. Dans ce cas, la part des investissements publics consacrés à l'agriculture reste fixe. Ce qui implique une baisse des investissements dans d'autres secteurs.
• Augmentation des emprunts extérieurs ou de l'aide au développement accordés par le gouvernement.
PRINCIPALES CONCLUSIONS
Nous avons constaté que le financement extérieur était le facteur qui stimulait le plus les revenus nationaux et ruraux. Cependant, les fluctuations du taux de change peuvent entraîner une augmentation des prix intérieurs et, par conséquent, une baisse des volumes d'exportation. Ce qui risque de nuire à la compétitivité économique du pays.
Malgré cet incovénient, ses coûts restent généralement inférieurs à ceux du financement interne, à l'exception des résultats obtenus au Mozambique en matière de revenus ruraux.
Parmi les deux mécanismes de financement interne testés, l'option consistant à réduire les investissements non agricoles s'est révélée plus efficace pour accroître les revenus nationaux et ruraux à l'exception de l'Eswatini..
Cette option apparaît donc comme un levier important à combiner avec le financement extérieur
Cette conclusion est encourageante pour les pays soumis à des contraintes budgétaires, car la modélisation a montré que le financement intérieur améliorait la capacité d'action des pays en matière de croissance durable. Une dernière phase de modélisation a permis d'évaluer comment ces interventions politiques peuvent influer sur la pauvreté et les inégalités. Pour ce faire, ils ont suivi l'interaction complexe entre la dynamique des revenus et celle des prix. Après une forte augmentation des investissements agricoles à la suite des scénarios politiques, les résultats ont montré une réduction plus marquée des taux de pauvreté et d'inégalité dans tous les pays étudiés. Il y a eu une exception notable : l'Angola. Dans ce pays, les investissements dans le secteur des services ont entraîné les baisses les plus importantes de la pauvreté et des inégalités, grâce à l'interconnexion profonde entre les services et son industrie pétrolière en pleine expansion. Même une légère augmentation des investissements publics a entraîné une nette baisse de la pauvreté, les investissements dans l'agriculture ayant eu le plus grand impact, suivis par ceux dans l'industrie et les services. Le Malawi a enregistré la réduction la plus importante de la pauvreté. Des effets notables ont également été observés au Rwanda, au Botswana, en Eswatini et en Angola. D'autres pays ont enregistré des effets modérés, maintenant des niveaux de pauvreté faibles.
CE QU'ON PEUT FAIRE
La modélisation de scénarios peut fournir des informations précieuses pour l'élaboration des politiques, car elle permet d'anticiper les impacts. Elle met également en évidence les implications des priorités stratégiques.
Les conclusions de l'étude montrent que pour parvenir à une croissance économique inclusive, les pays doivent investir massivement dans l'agriculture, en combinant des sources de financement externes et internes. Sur la base de ces conclusions, nous avons formulé les propositions suivantes.
Les gouvernements africains dépendent de l'aide au développement en raison de leurs finances publiques limitées et de leurs faibles perspectives de croissance. Cela entrave leur capacité à lever des fonds sur les marchés. Toutefois, si des financements concessionnels sont accessibles et que les effets sur les taux de change sont maîtrisables, le financement extérieur devrait rester une option privilégiée pour financer les investissements agricoles.
À moyen terme, les gouvernements doivent se concentrer sur :
• la réduction des dépenses non productives hors agriculture
• l'élimination du gaspillage
• la garantie de la rentabilité. Les économies réalisées devraient être réorientées vers l'agriculture.
À moyen terme, l'accent devrait être mis sur la réforme des politiques fiscales. Les impôts directs et indirects devraient être augmentés afin de financer les investissements agricoles. Il est toutefois essentiel de maintenir la transparence dans l'utilisation des recettes fiscales. Cela encourage le soutien du public et l'appropriation locale des réformes fiscales en démontrant leurs avantages.
À long terme, les gouvernements devraient synchroniser leurs plans de développement nationaux avec des initiatives ambitieuses de croissance agricole.
Par Bachir FOFANA
DIALOGUE COPIE-COLLÉ
L’urgence n’est pas à un dialogue politique, mais socio-économique. Nos hommes d’affaires sont persécutés
«Lettre au président Diomaye : Gagnons du temps, passons-nous des Assises de la distraction!» C’est le titre de la contribution que j’avais signée dans Le Quotidien du 27 mai 2024. Par cette contribution à la veille des «Concertations sur la Justice», nous attirions l’attention du président de la République sur l’inutilité de disserter sur un segment qui a fait l’objet de tant de discussions par le passé. «Pour les Assises de la Justice, il serait bien d’inviter Monsieur le président de la République et les 263 invités à éviter de perdre leur temps, en allant dépoussiérer «le Rapport du Comité de concertation sur la modernisation de la Justice» d’avril 2018. Tout y est, il ne reste qu’à les appliquer pour une Justice réconciliée avec les citoyens», disions-nous. Non sans ajouter : «Avec les Assises de la Justice, le président Diomaye devrait s’éviter de tomber dans une démarche qui ne tient pas compte du sens des urgences ni de l’ordre des priorités, et surtout de nous faire perdre du temps en voulant réinventer la roue. Evitons de faire de ces assises une arme de distraction massive pour détourner l’attention du Peuple des vraies questions et des vraies urgences. Tout est dans ce rapport de 2018 élaboré sous le magistère de Souleymane Téliko, président de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums).»
Les Assises de la Justice pour acter le reniement de Diomaye
Le temps semble nous donner raison sur plusieurs points. D’abord, les conclusions issues des conclaves sous l’égide du nouveau pouvoir ressemblent textuellement à celles issues des concertations de l’Ums, de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri) et des Assises nationales. Les mêmes points d’accord et les mêmes points de désaccord. Mieux, la seule chose que ces concertations ont permis de constater, c’est le reniement du président de la République quant à sa volonté de quitter le Conseil supérieur de la Magistrature comme il s’y était engagé dans son programme de campagne. Recevant les conclusions des Assises, le chef de l’Etat dira : «Il m’est revenu que des magistrats ne sont pas d’accord pour que le président de la République quitte le Conseil supérieur de la Magistrature. Je tiens à préciser que je ne tiens ni à y rester ni à en sortir. Je suis neutre par rapport au Conseil supérieur de la Magistrature.» Non sans ajouter : «Si les arguments du plus grand nombre ont plus de poids par rapport à la pertinence, sachez que je ne resterai plus dans le Csm. Et je n’en fais pas une obsession. Mais, je pense qu’il y a lieu de prêter une oreille attentive aux magistrats qui veulent que le président de la République reste au Csm, parce qu’après tout, il est question de leur indépendance. Mais, même si on les écoute, et que leurs arguments ne sont pas convaincants, je ne resterai pas. Donc, je ne tiens absolument pas à rester là-bas, mais je ne tiens pas non plus à en sortir.» Le 5 avril dernier, recevant des journalistes au Palais, il fera davantage montre de réserve sur cette sortie du Cms. Il dira que ce qu’il a vu après une année d’exercice du pouvoir le pousse à rester. On aura beau trouver des contorsions, le reniement est acté
L’autre élément qui consacre la distraction que ces Assises de la Justice ont constituée, est le suivi des recommandations. Depuis une année, rien de ce qui avait été retenu de ces conclaves n’a connu un début d’exécution. La Cour constitutionnelle promise en remplacement du Conseil constitutionnel n’est toujours pas installée. Le procureur de la République a toujours trop de pouvoirs. Le juge de détention et des libertés n’est toujours pas l’organe qui doit arbitrer entre le Parquet et le juge d’instruction. Pourtant, lors du Conseil des ministres du 10 juillet 2024, le Président Diomaye demandait au Premier ministre, au ministre de la Justice et aux ministres concernés, de «lui proposer un calendrier de mise en œuvre des réformes du secteur de la Justice en droite ligne du programme législatif du gouvernement». Le communiqué du Conseil des ministres disait en effet que «cet agenda législatif (devait) viser notamment la révision de la Constitution et des codes spécifiques». Le chef de l’Etat avait aussi demandé au Premier ministre et au ministre de la Justice, de «faire une communication mensuelle en Conseil des ministres sur l’état de mise en œuvre des recommandations et décisions issues des Assises de la Justice et de tenir compte, dans cet exercice, de leur conformité avec les valeurs de notre société, notre culture et nos croyances». Jusque-là, aucune communication en Conseil des ministres, ni aucune réforme issue des Assises proposée.
C’est dans ce contexte que le prochain Dialogue national sur le «système politique» sonne comme une nouvelle distraction. «Ce dialogue concerne le système politique devant être compris comme tous les mécanismes par lesquels la dévolution du pouvoir doit se passer au Sénégal et qui est soustendue par le contrat social sénégalais. Donc toutes les composantes de la Nation sont d’égale dignité», précise Dr Cheikh Guèye, Facilitateur général. Il insiste que «nous sommes vus un peu partout comme un exemple, mais nous tous ne sommes pas satisfaits de l’état de notre démocratie. Une démocratie qui génère autant de violences et de morts est une démocratie malade. Donc, il faut oser l’ausculter et la soigner. C’est le sens de ce dialogue». Sauf que la démocratie sénégalaise n’a pas généré «autant de violences et de morts». C’est plutôt une affaire privée qui a eu lieu dans un lieu sordide, opposant un opposant politique à une jeune innocente, qui est en réalité l’élément qui a causé autant de violences et de morts. L’origine des morts n’est pas politique, mais la politisation d’une affaire privée.
Vingt-cinq (25) points d’accord lors du dialogue de 2020 avec le Général Niang
Pourquoi dialoguer sur un «système politique» qui a généré trois alternances ? En effet, le Sénégal a connu des avancées démocratiques depuis le Code électoral consensuel de 1992 sous l’égide du magistrat Kéba Mbaye. Les alternances au sein des collectivités territoriales ou à la tête de l’Etat sont devenues une banalité. Le fichier électoral n’est plus un enjeu car sa fiabilité n’est plus à démontrer. Le professionnalisme de l’administration organisatrice des élections (commandement territorial, Direction générale des élections, Commission électorale nationale autonome…) n’est plus un sujet de suspicion entre pouvoir et opposition.
Toutes ces questions, et bien d’autres, ont pourtant été déjà abordées en août 2020 dans le dialogue conduit par feu le Général Mamadou Niang, ancien président de l’Observatoire des élections (ancêtre de la Cena) et ancien ministre de l’Intérieur. Déjà, il est à souligner que les Termes de référence (Tdr) du dialogue de 2025 sont identiques à ceux conduits par Général Niang. Ce qui n’a pas échappé à l’expert électoral Alioune Souaré, ancien député : «Malgré tout le tintamarre autour, ils n’ont fait que copier les termes de références du dialogue de 2020», a-t-il notamment déclaré dans les colonnes du quotidien Les Echos. Et d’ajouter : «Il suffisait d’évaluer le dialogue de 2020 au lieu de mobiliser encore des millions de francs Cfa» pour un exercice déjà réalisé.
Selon le «Rapport spécial à Monsieur le président de la République» produit par la Commission cellulaire du dialogue politique du dialogue national, vingt-cinq (25) points ont fait l’objet d’un accord entre les différents acteurs politiques dont Pastef représenté par Aldiouma Sow (aujourd’hui ministre conseiller du Président Diomaye). Entre autres points qui ont fait l’objet d’accord, la modification de la loi 81-17 du 06 mai 1981 relative aux partis politiques, le renforcement des conditions de création d’un parti politique, le principe du financement public des partis politiques, le principe de financement des coalitions de partis politiques. Les acteurs politiques se sont même entendus sur la nécessité de conformer la loi 78-02 du 29 janvier 1978 relative aux réunions à la Constitution actuelle, en y intégrant la marche pacifique et le droit de marche.
Le Sénégal a toujours été un pays de dialogue, donc rien de neuf sous le soleil, les priorités et les urgences sont ailleurs. Nous avons connu les Assises nationales en 2008, les travaux de la Cnri en 2014 et le dialogue politique de 2020. Le pouvoir actuel dispose d’assez d’éléments pour renforcer les institutions de ce pays. Il suffit juste d’en prendre les conclusions et de les appliquer pour redonner un souffle nouveau à notre démocratie. Le Sénégal n’est pas né un 24 mars 2024 ; vouloir occulter les avancées majeures de notre démocratie et tenter une réécriture de notre histoire politique est peine perdue.
Goorgorlu fait face à des problèmes beaucoup plus sérieux qu’un «waxtaane national»
Le Sénégal peut bien se passer d’un dialogue sur des questions déjà évacuées. Les autorités ont mieux à faire que de vouloir nous faire perdre du temps et de l’argent. Les priorités sont là et attendent leur prise en main. L’économie sénégalaise est agonisante, malgré le pétrole et le gaz dont les retombées ne sont pas encore visibles. La précarité et la paupérisation grandissantes des populations des grandes villes doivent vous alerter. Le Goorgorlu fait face à des problèmes beaucoup plus sérieux qu’un «waxtaane national» qui ne lui apporte pas son pain quotidien. La Tabaski est dans moins d’un mois ; et point de moutons à l’horizon, encore moins de l’argent pour l’acheter. Les vagues de licenciements sont passées par là. Les étudiants sont dans la rue.
L’urgence n’est pas à un dialogue politique, mais socio-économique. Nos hommes d’affaires sont persécutés. Les investisseurs semblent préférer d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest, car le pouvoir Pastef a fait sauter toutes les garanties de sécurité juridique des investissements avec un règlement de comptes déguisé en reddition des comptes. Il est devenu dangereux, sous le régime Pastef, d’être un homme d’affaires et de gagner des marchés de l’Etat.
LA LONGUE MARCHE DE LANDING SAVANE
Porte-drapeau de la gauche révolutionnaire, d’une génération très politisée dans sa jeunesse, Landing Savané, 80 ans, aura droit, ce samedi, à un “sargal”, un hommage que lui rendront ses amis, au théâtre Daniel Sorano,
Porte-drapeau de la gauche révolutionnaire, d’une génération très politisée dans sa jeunesse, Landing Savané, 80 ans, aura droit, ce samedi, à un “sargal”, un hommage que lui rendront ses amis, au théâtre Daniel Sorano, une occasion pour eux de revenir sur ses combats dans le cadre des conquêtes démocratiques au Sénégal.
Mao Tse Toung a fait sa ‘’Longue marche’’ d’un an. Landing Savané, 80 ans, aura fait lui aussi sa longue marche… vers le pouvoir. Et même s’il n’a pas atteint son but, force est de noter qu’il aura tout de même été de tous les combats ayant conduit à la première alternance politique au Sénégal en 2000. Il y a aussi qu’il a contribué à la formation de plusieurs cadres et leaders politiques, syndicaux et de la société civile. La mine sérieuse, le regard grave, Landing Savané, drapé dans un grand boubou blanc, est à la bonne place dans ce présidium de Wade qui fit face à la presse au second tour de la présidentielle de 2000.
Le secrétaire général de And Jëf/PADS était avec Moustapha Niasse, faiseur de l’alternance avec ses 17 % décisifs et déterminants pour ‘’achever’’ un Abdou Diouf groggy. La gauche révolutionnaire a choisi la droite, le Libéral Wade, pour prendre le pouvoir. Pour lui ‘’confier’’ le pouvoir serait-on tenté de dire. Par pragmatisme politique, elle venait d’abattre le mur idéologique qui la séparait du libéralisme, à cause du combat contre Diouf et son régime. Son rêve de renverser Abdou Diouf à travers ‘’Folli’’, Landing le réalisera ainsi avec le ‘’Jallarbi’’ de Bathily et le ‘’Sopi’’ de Wade.
S’il n’a pas réussi à conquérir le pouvoir, c’est parce que Landing Savané peinait à mobiliser dans un contexte d’hégémonie socialiste. AJ/PADS était, cependant, une ‘’usine de fabrication’’ de cadres sur lesquels les différents régimes, de Wade à Diomaye, en passant par Macky Sallun de ses produits- ont pu- et même dû- compter pour gérer le pays.
Sa directrice de campagne, Aminata Touré (Mimi), en 1993, avait admis ‘’les petites lacunes’’, soulignant que ‘’sa force, c’est sa simplicité’’. Au regard de son parcours, Savané mérite bien cet hommage qui lui sera rendu ce 17 mai. Plus que cette contribution à la première alternance, c’est un homme qui a combattu pour des idéaux progressistes durant toute sa vie.
‘’Rendre hommage à Landing, c’est rendre hommage à des générations de combattants jeunes et moins jeunes qui sont montées sur le front de la résistance depuis les années 1970 au lendemain de la répression violente qui disloqua le Parti africain pour l’indépendance (PAI), après l’interdiction qui l’a frappé dès 1960’’, déclare Mamadou Diop Decroix, ancien numéro 2 de AJ/PADS, dans un entretien avec l’APS.
Bref, Decroix qui dirige depuis une quinzaine d’année AJ/PADS après sa séparation avec son ancien secrétaire général, dépeint Landing Savané en ces termes : ‘’C’est un leader politique, un travailleur culturel et un producteur scientifique’’.
80 ANS COMME COHN-BENDIT
A vrai dire, le géant Landing -physiquement et historiquement- a gardé son bagout. Pourtant, comme une autre figure emblématique de ‘’Mai 68’’ en France, Daniel Cohn-Bendit, il vient de fêter ses 80 ans. Cette fougue de révolutionnaire, il dit l’avoir piquée depuis le lycée, à l’occasion de ‘’petites grèves’’ qu’il dirigeait. ‘’Mais tout cela vous prépare à contester les choses et à vous exercer à un leadership’’, confie-t-il.
Disciple de Mao Tse Toung, il déclare, dans un entretien avec la chaine YouTube ‘’Le Blog du griot’’, n’avoir pourtant ‘’jamais visité la Chine’’. ‘’La première grève dans l’histoire de ce lycée [Van Vollenhoven] avait été aussi dirigée par Landing. C’était l’année scolaire 1961-62. J’étais en 5ème et lui en Terminale’’, confie Decroix.
”Quand j’étais jeune, j’étais l’antisystème de cette époque. (…) Le progrès, c’est le changement, et non la continuité. Il faut peu de continuité et beaucoup de changement. Donc, les jeunes doivent s’impliquer dans le combat démocratique’’, conseillait Landing Savané, ancien ministre, ancien député, dans un entretien avec SenePlus TV en mars 2019. Il se retrouvait presque dans le ‘’combat’’ de Ousmane Sonko contre le système !
‘’Sonko incarne la Gauche nouvelle contemporaine’’, avait affirmé, en 2021, Madièye Mbodj, une autre figure de And Jëf, devenu aujourd’hui membre de PASTEF, l’actuel parti au pouvoir créé par M. Sonko.
Landing Savané est né le 10 janvier 1945, à quelques mois de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Autant dire à l’aube de l’âge d’or du communiste et qu’il était comme prédestiné à embrasser ce courant idéologique. Pas étonnant donc de le voir devenir marxiste-léniniste et diriger l’Association des étudiants sénégalais en France (AESF, section de la FEANF). C’est au sein d’ailleurs de l’AESF qu’il rencontre sa future femme, Marie-Angélique Sagna à l’état civil, qu’il épousera à son retour au Sénégal en 1969.
UN COMBATTANT SURDOUE
Rien ne prédestinait l’enfant de Bignona, en Casamance (Sud), à un parcours de crack. Et c’était d’ailleurs davantage moins évident pour un jeune homme venu de Bambadion, dans le Pakao. Ce village était ‘’réputé comme celui où ne peut aller l’administration coloniale, ni plus tard celle du Sénégal indépendant du fait, diton, d’un sort jeté par un marabout’’, selon une notice de Françoise Blum et Martin Mourre, sur maitron.fr, un dictionnaire biographique.
Ce fils de garde-cercle de l’administration coloniale doit sa chance à ‘’l’attachement’’ de son père aux études de ses enfants. ‘’C’est à la fin de cette année scolaire de 1961, au moment de la cérémonie de distribution des prix qui était présidée par le président de la République, Léopold Sédar Senghor, que j’ai entendu pour la première fois le nom de Landing. A l’époque, on appelait les gens en commençant par leur nom de famille. A la distribution des prix, on entendait les haut-parleurs égrener son nom : Mathématiques, premier prix, Savané Landing ; Physiques, premier prix, Savané Landing ; français, premier prix, Savané Landing, etc. Une autre particularité au lycée Van Vollenhoven et qui va vous étonner probablement : on donnait un prix pour le meilleur élève sénégalais des grandes classes (1ère et terminale si je ne me trompe). En tout cas, cette année 1961, les haut-parleurs de la cérémonie ont dit : ‘’Prix du meilleur élève sénégalais des classes de première, Savané Landing’’’, raconte Mamadou Diop Decroix. Si pour lui ‘’Landing n’était sûrement pas encore un savant, il était déjà un sujet particulièrement brillant’’. Ses performances lui vaudront une bourse pour la France après son baccalauréat en 1963. Mais le virus révolutionnaire est encore dans les veines de Savané qui devient un lecteur assidu des écrits de Mao-Tse-Toung.
Beaucoup comme lui goûteront au ‘’petit livre rouge’’, qui influença nombre d’intellectuels nourris au maoïsme. Ils s’en inspireront pour leurs discours. Mais Landing ira plus loin. ‘’C’est lui qui organise, fin mai 1968, l’occupation de l’Ambassade du Sénégal en France pour soutenir les étudiants sénégalais en lutte’’, soulignent Blum et Mourre.
Le mathématicien, le scientifique, n’est en rien perturbé par son statut de révolutionnaire. ‘’Donc, j’ai retenu de lui ces deux caractéristiques : il était brillant et c’était un combattant. Plus tard, nous appellerons cela être ‘’rouge et expert’’, c’est-à-dire être brillant dans les études et dans son travail technique, et être un révolutionnaire’’, explique Mamadou Diop Decroix. Après son diplôme à l’Ecole nationale supérieure d’ingénieurs (ENSI), Savané brille aussi au Centre européen de formation des statisticiens économistes des pays en voie de développement (CESD) affilié à l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE). Landing Savané, c’est aussi la plume de nombreuses publications dont ‘’Le grand tournant du XXe siècle’’, ‘’Errances et Espérances’’, ‘’Luttes et Lueurs’’.
DECROIX-LANDING, LA DOULOUREUSE SEPARATION
Dans une contribution intitulée ”Le Sargal Landing Savané du 17 mai prochain”, publiée le 8 mai dernier, Mansour Aw demandait à Landing : ”Mamadou Diop Decroix…, personnage symbolique de cette Gauche révolutionnaire, membre fondateur et Secrétaire général de And Jëf/MRDN puis PADS, qui a toujours été à tes côtés sans jamais penser un seul instant te bousculer, qui t’a toujours secondé et considéré comme un grand frère, où est-il ? Sera-t-il du ‘’sargal’’ ?”. A priori la réponse ne parait pas si évidente à cause du divorce inattendu entre Savané et Decroix, des frères presque siamois et dont la séparation en 2009 fut douloureuse.
L’argent, comme souvent, serait le mobile mais tous les deux s’en défendent. Les ambitions aussi ? Le choix entre la continuité avec Wade ou l’émancipation de AJ de la coalition dirigée par le PDS ? D’autres parleront de divergences dans la voie de construction du parti. Landing accusait son second, Decroix, d’avoir été utilisé dans ”une entreprise de déstabilisation et de fragilisation du Parti pour saper son autonomie et le livrer pieds et poings liés à d’autres forces politiques”. Pour Decroix, ”ce qui s’est passé transcende les deux dirigeants et pointe ce que nous appelions la +lutte de lignes+ en notre sein”, précise le secrétaire général de AJ dans un entretien avec l’APS
JARAAF-US GOREE, LE CHOC DES LEADERS
Le derby entre le Jaraaf et l’Us Gorée de ce dimanche 18 mai au stade municipal de Yoff sera l’affiche phare de la 24e journée du championnat de Ligue 1.
Eliminé à la surprise générale en demi- finale de la Coupe du Sénégal par Builders FC, équipe de National 1, le Jaraaf a désormais l’objectif fixé sur le titre de champion. Mais il y a encore du chemin à faire pour les «Vert Blanc » qui engagent, ce dimanche, la 24e journée avec le duel au sommet qui l’opposera à son co-leader l’Us Gorée. Un choc qui s’annonce crucial. Une victoire permettrait de conforter le fauteuil mais aussi de se redonner confiance à sept journées de la fin. La bataille pour le maintien sera encore très disputée aussi bien entre les équipes de milieux que celles du bas du tableau qui se tiennent actuellement de près au classement.
Le derby entre le Jaraaf et l’Us Gorée de ce dimanche 18 mai au stade municipal de Yoff sera l’affiche phare de la 24e journée du championnat de Ligue 1. Un duel qui promet entre les deux co-leaders du championnat qui occupent respectivement la place de leader et celle de dauphine avec le même nombre de points. Eliminés, contre toute attente, ce jeudi en demi-finale de la Coupe du Sénégal par la modeste équipe de Builders FC de la Patte d’Oie, évoluant en national 1, les « Vert et Blanc » tombent de haut. Une élimination des moins attendu pour le tenant du record des trophées glanés en Coupe du Sénégal. Surtout si l’on sait que le club du président Cheikh Seck avait subi le même sort lors de la saison en se faisant écarter par les Lougatois de Férus de foot.
Le rêve de réaliser le double championnat- coupe envolé, le Jaraaf devra désormais batailler ferme pour s’imposer devant son dauphin de l’Us Gorée. Ce qui lui permettra de prendre sa revanche sur les Insulaires qui s’étaient imposés à l’aller (2-0) et de consolider son fauteuil. Un succès participera également à redonner confiance dans le rang des supporters qui se sont montrés extrêmement déçus de cette contre-performance. Les enjeux de cette journée seront aussi cruciaux pour le club insulaire qui entend poursuivre la bonne dynamique enclenchée depuis deux journées. Un nouveau succès sera précieux dans le dernier sprint qui mène au titre, parti encore pour être des plus indécis.
Sur le podium, le Wally Daan de Thiès ( 3e; 37 points) aura également un coup à jouer lors du déplacement qu’il effectue lundi chez les Banlieusards de Guédiawaye FC ( 9e; 30 points). Cette 24e journée de Ligue 1 démarre par le choc très prometteur qui opposera samedi au stade Ngalandou Diouf, le Teungueth FC (10e; 28 points) à l’As Pikine ( 8e; 30 points). Les rencontres se poursuivront le dimanche sur le stade rufisquois entre l’AJEL ( 4e; 35 points) et la Sonacos de Diourbel ( 12e; 26 points). Au même moment Dakar Sacré cœur (11e; 28 points) accueillera le duel des académiciens qui l’opposera à Génération Foot( 7e; 32 points). La Linguère (6e; 33points) entre en lice lundi en accueillant sur sa pelouse du stade Issa Mbaye Samb de Kébémer l’ASC HLM ( 14e; 23 points)-La 24e journée prend fin mercredi 21 mai avec l’affiche qui opposera au stade Aline Sitoé Casa Sports ( 13e; 24 points) à la Jamono de Fatick ( 15e; 21 points)
SAMEDI 17 MAI
Oslo Football Academy-US Ouakam
Teungueth FC-Pikine
DIMANCHE 18 MAI
AJEL- Sonacos
Dakar SC- Génération Foot
Jaraaf- US Gorée
LUNDI 19 MAI
Guédiawaye FC- Wally Daan -
Linguère- ASC HLM
MERCREDI 21 MAI
Casa Sports-Jamono de Fatick
LE FDDR EMBOITE LE PAS A YEWWI ASKAN WI, AU FRN ET AU FPDR
À l’approche du dialogue national prévu le 28 mai par le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, les partis membres du Front pour la Défense de la Démocratie et de la République, né en février dernier, peinent à s’entendre sur leur participation.
À l’approche du dialogue national prévu le 28 mai par le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, les partis membres du Front pour la Défense de la Démocratie et de la République, né en février dernier, peinent à s’entendre sur leur participation. Une cacophonie qui illustre une fois encore les fragilités de l’opposition sénégalaise face aux grandes questions politiques, à l’image des divisions qui avaient miné le FRN, Yewwi Askan Wi ou encore le FPDR sur ce même enjeu.
À peine lancé en février dernier comme nouveau cadre unitaire de l’opposition face à ce qu’elle qualifie de « dérive autoritaire » du régime Pastef, le Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDR) semble déjà rattrapé par les vieux démons qui ont conduit à l’éclatement de nombreuses plateformes politiques ces dernières années. La question de la participation ou non au dialogue national du 28 mai prochain, convoqué par le président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, cristallise en effet les divergences au sein des partis membres du FDR.
À quelques jours de ce premier grand rendez-vous entre le chef de l’État et la classe politique depuis la présidentielle du 24 mars 2024, aucune position commune ne se dégage au sein du Front. D’un côté, l’Alliance pour la République (APR) de l’ancien président Macky Sall et la République des Valeurs de Thierno Alassane Sall défendent le boycott. De l’autre, plusieurs formations du même front, à l’image de la Ligue Démocratique (LD), de l’Alliance des forces de progrès (AFP) et, dans une certaine mesure, du Parti socialiste (PS), affichent leur volonté de répondre à l’invitation présidentielle. Porte-parole du PS, Abdoulaye Wilane a d’ailleurs déclaré dans un entretien à WalfQuotidien que « l’APR, le PDS et le PS n’ont pas le droit de faire dans l’hommerie ». Ce manque de cohésion n’est pas une première. Depuis 2016, chaque tentative de rassemblement de l’opposition s’est heurtée à la même ligne de fracture sur la question du dialogue avec le pouvoir. Une réalité qui a miné l’efficacité et la longévité de plusieurs fronts.
Le plus récent en date, Yewwi Askan Wi, a connu une montée fulgurante avant de buter, lui aussi, sur l’écueil du dialogue national. Créée le 2 septembre 2021 autour du Pastef, de Taxawu Senegaal de Khalifa Sall et du PUR, cette coalition s’était imposée comme la principale force d’opposition, raflant de grandes villes lors des élections locales de 2022, puis obtenant avec Wallu Sénégal, 80 députés sur 165 à l’Assemblée nationale.
Mais la dynamique a été brisée par le dialogue du 28 mai 2023. Alors que la conférence des leaders de Yewwi dénonçait dans un communiqué un « faux dialogue » orchestré par Macky Sall, Khalifa Sall prenait le contrepied en y participant. Son objectif : une réforme du code électoral permettant à lui-même et à Karim Wade de retrouver leur éligibilité. Cette divergence provoqua l’exclusion de Taxawu Dakar de la coalition. En retour, les 16 députés proches de Khalifa Sall quittèrent le groupe parlementaire Yewwi, entraînant une perte d’influence à l’Assemblée au profit de l’ancienne majorité.
Avant Yewwi, le Front patriotique pour la défense de la République (FPDR), réunissant plusieurs partis dont le PDS, fut le premier à se fracturer sous le poids du dialogue national. Le 28 mai 2016, lors de la toute première édition convoquée par Macky Sall après le référendum du 20 mars, le FPDR volait en éclats. Mamadou Diop Decroix, coordonnateur du front, et le PDS décidèrent d’y participer, tandis que Rewmi d’Idrissa Seck, Bokk Gis-Gis de Pape Diop et le Grand Parti de Malick Gakou boycottaient. Le désaccord scella le sort de ce cadre politique, précipité dans l’inaction.
Le Front de Résistance Nationale (FRN), créé à la veille du vote sur le parrainage, subira le même sort le 28 mai 2019. Cette fois, c’est la décision de participer au dialogue qui provoqua le retrait du PDS. Le parti de Me Wade accusa certains leaders du front de « compromission » avec le régime de Macky Sall. Résultat : un front vidé de sa substance et des ambitions d’union avortées. Ainsi, le FDR semble déjà confronté à un dilemme historique : s’unir ou répéter les mêmes erreurs.