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24 mai 2025
par Thierno Guèye
APPEL À LA DÉSOBÉISSANCE SYNDICALE
EXCLUSIF SENEPLUS - De quelle légitimité peuvent se prévaloir ces leaders syndicaux pour nous inviter à suivre des mots d’ordre de grève dans le contexte manifeste de crise actuel dont la gravité est sans précédent ?
Alors que notre pays est à l'agonie, ceux qui devaient se retrousser les manches et se serrer la ceinture pour le tirer d'affaire ont pris la décision ferme de l'achever, malgré le diagnostic sans appel de ses médecins.
Dans le contexte critique actuel, qu’aucun leader syndical, quel que soit son bord, n’ait l’outrecuidance de nous demander de faire grève après le carnage financier que vient de subir le Sénégal sous le régime de Macky Sall et la profonde crise démocratique que nous venons de traverser.
Notre conviction profonde est que l’ex-président avait un plan machiavélique de déstabilisation du Sénégal en vue de confisquer le pouvoir en dépit de la lettre et de l’esprit de la Constitution. À cette fin, la manipulation éhontée des syndicats ne fut qu'un volet, après l'achat d'armes dissimulées à hauteur de plusieurs dizaines de milliards, si l'on en croit les révélations du quotidien Yoor-Yoor (26 janvier 2023, N° 00061) et d’autres organes de presse de la place à ce sujet. À cela s’ajoute la corruption de fonctionnaires partisans nommés à des postes stratégiques dans les appareils exécutifs et judiciaires. L’ex-président Sall est certes parti, mais les effets de son projet funeste continuent à nous hanter tout en faisant des ravages dans tous les secteurs de la vie socio-économique. Si nous ne sommes pas vigilants, il réussira à déstabiliser notre pays en tirant les ficelles de l'extérieur. Seuls notre loyauté au Sénégal et notre engagement pour sa libération permettront de déjouer ce plan machiavélique et hautement criminel. Notre pays va mal ! Notre pays est au bord du gouffre ! Nul ne saurait l'ignorer.
Alors que nous venons d’apprendre que notre pays, après avoir subi des assauts d’une violence inouïe de la part de Macky Sall et ses acolytes, est au bord de la banqueroute, des camarades syndicalistes se permettent d’inviter nos collègues à la grève, comme si le rapport de la Cour des comptes et ceux des autres corps de contrôle n’avaient jamais existé. C’est à se demander si ces agitateurs sont des Sénégalais et s’ils sont au courant des jours sombres que notre pays est en train de traverser.
De quelle légitimité peuvent se prévaloir ces leaders syndicaux pour nous inviter à suivre des mots d’ordre de grève dans le contexte manifeste de crise actuel dont la gravité est sans précédent ?
Ces leaders syndicaux restés bruyamment silencieux quand le peuple avait besoin de les entendre sur les injustices et les exactions qu’il subissait. Ces syndicats universitaires qui ont fait preuve de lâcheté, de fourberie et de déloyauté vis-à-vis de nos collègues et de nos étudiants. Où étaient-ils lorsque l’ex-Recteur Amadou Aly Mbaye et ses acolytes au sein de l’université de Dakar ont pris la décision ignoble de fermer l’université Cheikh Anta Diop pendant l’équivalent d’une année scolaire pour des raisons politiques ? Où étaient-ils lorsque la plupart des organisations de la société civile rejoignaient le F24 pour défendre la démocratie et sauver notre pays des griffes des prédateurs criminels qui l’avaient pris en otage ?
Ces leaders syndicaux, après leur silence infâme lors des évènements qui se sont produits de 2021 à 2024, ont subitement retrouvé un « courage » après l’heure et une « combattivité » sans adversaire dans un contexte où tout danger est écarté et la page des exactions du régime de Macky Sall est définitivement tournée. Leur lâcheté et leur mauvaise foi nous sont insupportables !
Notre exaspération face à l’inertie de nos syndicats était telle que des collègues du Sudes de la Fastef alliés à d’autres camarades du Sudes et du Saes, après avoir interpellé nos secrétaires généraux respectifs en vain, avaient commencé à entreprendre des démarches, et s’étaient même réunis pour créer un troisième syndicat dissident, dans le but de déjouer l’inaction complice de nos centrales respectives. Malheureusement, cette initiative n’avait pas abouti, mais nous invitons les camarades qui avaient été à l’origine de cette idée à se joindre à nous afin de la relancer, en vue de nous sortir des manipulations récurrentes de ces vampires du syndicalisme, collabos du régime déchu, mercenaires et porte-étendards de la nouvelle opposition, qui ne vivent que du sang et de la sueur de leurs pauvres collègues. Quelle infamie !
Nous espérons que cette initiative aboutisse enfin, en vue de contrecarrer les manipulations grossières et antipatriotiques de nos leaders syndicaux actuels. En effet, ces derniers ne peuvent plus nous représenter légitimement, en aucune façon, particulièrement après leur posture dans ce contexte de crise sans précédent qui malmène les fondements mêmes de notre Nation.
Dans les circonstances actuelles, que personne ne compte sur nous pour servir des intérêts occultes qui ne sont pas ceux de notre peuple meurtri, fussent-ils ceux de nos corporations. Les revendications agitées actuellement, quelle que soit leur légitimité, ne sauraient justifier les actions radicales auxquelles nous convient ces sombres syndicalistes, lâches, politiciens encagoulés (mais démasqués) et manipulateurs (mais démasqués). Nous désavouons leurs stratégies de la terre brûlée !
Le Sénégal a besoin de nous et de notre loyauté inconditionnelle. Que ceux qui veulent participer au salut de notre pays se lèvent et combattent fermement ces leaders malavisés, quelle que soit leur corporation, pour mettre fin à cette imposture cynique qui n’a que trop duré !
La désobéissance syndicale et la mobilisation pour le Sénégal, voilà ce à quoi nous appelons tous les citoyens soucieux de l’avenir de ce pays afin que le jub, jubal, jubbanti ne soit pas qu’un vulgaire slogan désubstantialisé, afin que le jub, jubal, jubbanti ne soit pas qu'une simple profession de foi, afin que le jub, jubal, jubbanti deviennent le nouveau visage tant attendu du Sénégal.
Dr Thierno Guèye est Enseignant-chercheur/Formateur à l’Ucad, Syndicaliste .
par Thierno Alassane Sall
PASTEF OPTE POUR LA MAGOUILLE
Le Bureau de l’Assemblée, agissant exclusivement dans l’intérêt de Pastef, vient d’annoncer aux Sénégalais que les crimes commis entre 2021 et 2024 ne seront pas jugés parce que cela coûterait trop cher à l’État du Sénégal
Je viens d’apprendre que le Bureau de l’Assemblée nationale a déclaré irrecevable notre proposition de loi portant abrogation de l’amnistie de 2024, au motif que son adoption aurait un impact budgétaire. Pastef s’agrippe au « coût financier » pour refuser que justice soit rendue et que toute la lumière soit faite.
D’emblée, dans leur précipitation à s’engouffrer dans cette forfaiture, les députés de Pastef membres du bureau ont littéralement violé la procédure législative prévue à l’article 60 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Selon cette disposition, après réception des projets et propositions de loi, le président de l’Assemblée nationale doit en donner connaissance à l’Assemblée, qui en constate le dépôt. Les Sénégalais peuvent eux-mêmes constater que ma proposition de loi n’a jamais été présentée devant l’Assemblée nationale. Le président de cette institution, dans une posture politicienne, a choisi de suivre une procédure qui lui est propre, en violant la loi pour satisfaire des intérêts purement partisans.
S’agissant de la déclaration d’irrecevabilité de ma proposition de loi abrogeant la loi d’amnistie, le régime Pastef s’inscrit une fois de plus dans une logique de banditisme d’État. Pour justifier cette décision, les députés de Pastef invoquent l’article 82, alinéa 2 de la Constitution, qui dispose que : « Les propositions et amendements formulés par les députés ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence, soit la diminution des ressources publiques, soit la création ou l’aggravation d’une charge publique, à moins que ces propositions ou amendements ne soient assortis de propositions de recettes compensatrices. »
Le Bureau de l’Assemblée nationale, agissant exclusivement dans l’intérêt de Pastef, vient donc d’annoncer aux Sénégalais que les crimes odieux commis dans notre pays entre 2021 et 2024 ne seront pas jugés parce que cela coûterait trop cher à l’État du Sénégal. C’est là l’usage le plus absurde du principe d’irrecevabilité financière jamais vu. Une absurdité comparable à celle qui consisterait à opposer ce même principe à une proposition de loi abrogeant la peine de mort, sous prétexte que l’incarcération des condamnés coûterait plus cher à l’État que leur exécution.
Le régime Pastef est tellement prévisible que nous savions qu’il s’accrocherait aux motifs d’irrecevabilité pour refuser l’abrogation de la loi d’amnistie. C’est pourquoi nous avions accompagné notre proposition de loi d’une note sur l’irrecevabilité financière, comme en atteste la lettre de transmission visée par le Secrétariat de l’Assemblée nationale. Dans cette note, nous rappelions que l’abrogation de l’amnistie ne diminuerait en rien les ressources publiques et n’entraînerait ni création ni aggravation d’une charge publique. Le Bureau de l’Assemblée nationale, verrouillé par Pastef, semble ignorer le sens même de cette disposition.
L’adoption de l’abrogation de l’amnistie n’aurait qu’une seule conséquence : la possibilité de juger les faits visés devant les juridictions sénégalaises. Nous avons soutenu qu’il n’y aurait aucune incidence financière majeure, car le Sénégal dispose déjà d’un budget dédié au bon fonctionnement de la justice. Et même si une incidence budgétaire existait, rien ne saurait justifier que la lumière ne soit pas faite sur ces crimes qui ont endeuillé notre pays.
Après leur agitation flagrante à la suite du dépôt de notre proposition de loi, le régime Pastef vient donc de confirmer aux Sénégalais qu’il refuse catégoriquement l’abrogation totale de la loi d’amnistie. Pastef/Jaay Doole opte donc, officiellement, pour la magouille et l’injustice, au vu et au su de tous.
Nous vous donnons rendez-vous ce jeudi lors d’une conférence de presse, pour de nouvelles révélations.
OUMOU WANE, NOUVELLE AMBASSADRICE ÉCONOMIQUE DE L'AFRIQUE EN ITALIE
La Sénégalaise devient la figure de proue d'ItalAfrica Centrale pour quatre nations africaines. Sa mission : promouvoir des initiatives de coopération économique et attirer les investisseurs européens vers des marchés prometteurs
(SenePlus) - La Chambre de Commerce ItalAfrica Centrale renforce sa présence en Afrique de l'Ouest avec la nomination de Dr. Oumou Yaya Wane au poste de Directrice Générale déléguée, chargée de promouvoir les initiatives de coopération économique dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest.
Le mandat de Dr. Wane s'étend initialement sur trois pays stratégiques : "responsable de la promotion des initiatives de coopération économique dans la République de Côte d'Ivoire, dans la République du Sénégal et dans la République Islamique de Mauritanie", précise le document d'annonce. Cette zone d'influence couvre des économies majeures de l'Afrique occidentale francophone, positionnant Dr. Wane comme une figure clé des relations économiques italo-africaines.
Selon Oumou Wane, son champ d'action s'étendrait également à la Sierra Leone, élargissant ainsi sa sphère d'influence à quatre nations ouest-africaines. "Ces pays africains en voie d'émergence pour lesquels je souhaite trouver des débouchés et des capitaux, disposent de ressources en talents et infrastructures capables de séduire les investisseurs italiens et européens", souligne la nouvelle Directrice Générale déléguée.
Dans le cadre de ses nouvelles fonctions, elle sera chargée de mettre en œuvre plusieurs axes stratégiques clairement définis dans sa lettre de mission. Il s'agira notamment "promouvoir et d'organiser des activités de nature économique, sociale, scientifique et institutionnelle visant à approfondir la connaissance mutuelle et les échanges" entre l'Italie, l'Europe et les pays africains sous sa responsabilité.
Son rôle comprend aussi la promotion des "collaborations, des accords et des conventions entre les institutions et les entreprises opérant en Italie, en Europe et en Afrique", ainsi que l'organisation de "conférences, des réunions, des recherches et des événements à ces fins, en accord avec la présidence".
"L'Afrique n'est pas condamnée aux seconds rôles, il est grand temps qu'elle rentre dans la cour des grands et soit innovante en termes d'investissements !", estime la cheffe d'entreprise dans une déclaration reflétant sa détermination à repositionner le continent dans l'économie mondiale, non plus comme simple fournisseur de matières premières, mais comme partenaire innovant et stratégique.
Le président de la Chambre de Commerce ItalAfrica Centrale Alfredo Carmine Cestari souligne que cette nomination n'est pas le fruit du hasard mais "le résultat de l'amitié témoignée à la Chambre de Commerce, de l'engagement pris au fil des ans pour promouvoir les activités commerciales, entrepreneuriales et institutionnelles au niveau international".
L'institution, dont le siège principal est situé à Milan, dispose également de bureaux à Naples, Rome, Bruxelles, ainsi qu'en Afrique à Kinshasa, Pointe-Noire, Malindi et Luanda.
Pour Oumou Yaya Wane, cette nomination représente à la fois une reconnaissance internationale de son expertise et une plateforme pour concrétiser sa vision d'une Afrique plus intégrée et mieux positionnée dans l'économie mondiale.
COUP D'ARRÊT À THIERNO ALASSANE SALL SUR L'AMNISTIE
Le texte d'abrogation proposé par le député a été rejeté pour des raisons budgétaires. Les implications financières non compensées et l'absence d'étude d'impact ont été considérées comme des manquements rédhibitoires
(SenePlus) - Une décision ferme vient d'être rendue par le Bureau de l'Assemblée nationale concernant la proposition de loi introduite par le député Thierno Alassane Sall visant à abroger la loi d'amnistie adoptée sous la présidence de Macky Sall. Selon une annonce publiée ce mercredi 26 février sur la page Facebook du premier vice-président du Bureau, Ismaila Diallo, le texte a été rejeté pour "non-conformité budgétaire".
"Après examen du texte, il a été constaté que cette proposition ne respecte pas les exigences constitutionnelles en matière budgétaire, entraînant ainsi son rejet pur et simple", a déclaré le député.
Cette initiative législative, qui visait à revenir sur l'une des décisions controversées de l'ancien régime, s'est heurtée à des obstacles techniques majeurs. Le premier vice-président rappelle que "conformément à l'article 82 de la Constitution et à l'article 60 du RNI, toute proposition de loi susceptible d'entraîner une diminution des ressources de l'État ou une augmentation de ses dépenses doit impérativement être accompagnée de mécanismes de compensation financière."
Le Bureau a constaté une lacune majeure dans la proposition du député Sall : "le texte présenté ne prévoit aucune mesure compensatoire, rendant son adoption impossible sur le plan juridique et financier", précise l'annonce.
Au-delà de l'absence de mécanismes compensatoires, les membres du Bureau ont également pointé du doigt "une absence d'étude d'impact budgétaire", qualifiée par Ismaila Diallo d'"élément pourtant essentiel pour évaluer la faisabilité de toute initiative législative". Cette double insuffisance a donc conduit à déclarer la proposition "irrecevable", qui "ne pourra donc pas être soumise au débat parlementaire".
Le Bureau du parlement a laisse cependant une porte ouverte à une version amendée. "Face à ce rejet, Thierno Alassane Sall et ses partisans devront revoir leur copie s'ils souhaitent proposer une législation conforme aux exigences du Parlement et capable d'être adoptée par les députés", conclut Ismaila Diallo.
L’INTRIGANT SILENCE DU PDS
Ni le rapport accablant de la Cour des comptes, ni la levée de l'immunité parlementaire de Farba Ngom, ni même les licenciements massifs dans la fonction publique n'ont provoqué la moindre déclaration officielle du parti d'Abdoulaye Wade
Le mutisme du Pds intrigue au point que l’on ne manque pas de se demander ce qui pourrait l’expliquer. Aucune réaction de la part du Pds par rapport aux derniers développements de l’actualité politique. Du rapport de la Cour des comptes à la levée de l’immunité parlementaire du député Farba Ngom, l’opinion n’a eu droit à aucune sortie du parti de Me Abdoulaye Wade.
Le Parti démocratique sénégalais (Pds) est devenu, en l’espace de quelques mois, aphone sur la scène politique nationale. Une absence parlante et qui pousse plus d’un à s’interroger. Pourquoi ce silence du Pds face à la situation politique économique et sociale ? La formation politique du pape du Sopi, dirigée à distance depuis plusieurs années par son fils, Karim Meïssa Wade, n’a fait part d’aucune réaction par rapport aux derniers développements de l’actualité politique.
La publication du rapport de la Cour du compte relatif à la gestion des finances publiques de 2019 au 31 mars 2024 n’a pas amené les Libéraux à réagir. Pour des hommes politiques qui ont eu à gérer le pouvoir de 2000 à 2012 avec à leur tête l’ancien président de la République Abdoulaye Wade.
La levée de l’immunité parlementaire du député membre du Groupe parlementaire Takku Wallu Senegaal dont le Pds est membre, Farba Ngom, suivie de sa convocation par le Pool judiciaire dans une présumée affaire de blanchiment d’argent portant sur une somme de 125 milliards sur laquelle le député sera entendu demain, n’a pas fait bouger les militants et responsables libéraux.
Même la difficile situation que traverse le monde du travail, avec les nombreux licenciements opérés par le pouvoir et es nombreuses revendications non satisfaites, qui suscitent la révolte des organisations syndicales, n’a pas eu d’écho du côté des Libéraux. Tout comme les nombreuses arrestations de chroniqueurs, de citoyens et d’hommes politiques.
Le parti a-t-il reçu des consignes ou instructions fermes provenant de Doha où séjourne son lointain leader, Karim Wade ? Le Quotidien ne saurait le dire. Doyen des formations politiques qui totalise plus d’une cinquantaine d’années d’existence après sa création en 1974 par son leader charismatique Abdoulaye Wade, le Pds avait habitué son monde à réunir régulièrement ses instances nationales. L’organisation politique de Me Abdoulaye Wade s’était aussi illustrée par sa constance à se prononcer sur les questions d’intérêt national.
Ne faisant pas partie de la grande coalition de l’opposition lancée par Khalifa Sall et compagnie avec un nombre de 70 partis, mouvements politiques et organisations de la Société civile, le Pds, depuis un bon bout de temps, n’affiche plus sa position sur la situation politique. Contrairement à certains leaders et formations politiques de l’opposition, qui ne ratent pas l’occasion de s’en prendre au régime actuel en dénonçant sa démarche qui n’est autre, selon ces derniers, que de «chercher des excuses en masquant son incompétence», en désignant le régime sortant comme étant le responsable des difficultés que les Sénégalais sont en train de vivre.
Certains ne manqueront pas, avec le silence du Pds, de faire un rapprochement avec la visite rendue par Bassirou Diomaye Diakhar Faye à Karim Wade au cours d’un voyage du président de la République au Qatar où le fils de l’ancien président Wade séjourne depuis quelques années. La teneur des discussions qu’ils ont eues n’a pas été dévoilée. Mais cette rencontre intervient après le soutien apporté par le Pds à la Coalition «Diomaye Président» lors de la dernière élection présidentielle de mars 2024, contribuant ainsi à la victoire de cette coalition au premier tour de ce scrutin avec 54, 28% des suffrages. Alors que l’on s’attendait à voir le Pds faire alliance avec le régime actuel lors des dernières Législatives anticipées de novembre, ce parti choisit de rejoindre un ancien adversaire politique, l’ex-président Macky Sall, tête de liste nationale de la Coalition Takku Wallu Senegaal.
Un soutien à l’ancien président du Sénégal contre lequel s’étaient ligués des responsables du Pds comme Doudou Wade et Tafsir Thioye, entre autres, qui avaient décidé de se présenter sous la bannière de Sopi Senegaal avec comme tête de liste le dernier cité. Cela avait valu à ces derniers leur exclusion du Pds.
Par Thierno Ndiaye
REPENSER L'ACCES A LA TERRE
L’urbanisme social1, réflexion visant à créer des espaces urbains inclusifs et équitables, se heurte aujourd’hui à un défi majeur : la disponibilité foncière. Dans un contexte de croissance démographique et d’étalement urbain...
L’urbanisme social1, réflexion visant à créer des espaces urbains inclusifs et équitables, se heurte aujourd’hui à un défi majeur : la disponibilité foncière. Dans un contexte de croissance démographique et d’étalement urbain, la question de l’accès à la terre2 devient un enjeu central pour la conception urbaine. La rareté des terrains disponibles en ville, couplée à la spéculation immobilière et la dépossession foncière, complique la mise en œuvre de projets sociaux et durables.
L’urbanisme social vise donc d’un point de vue anthropologique3, à concevoir et à transformer les espaces urbains en tenant compte des dynamiques sociales, culturelles et symboliques qui structurent les communautés humaines. Il s’agit d’une approche qui place les usagers et leurs pratiques quotidiennes au cœur de la réflexion urbanistique, en reconnaissant que l’espace urbain n’est pas seulement un cadre physique, mais aussi un produit social et culturel.
Les résultats de l’enseignante chercheuse Françoise Navez-Bouchanine4 sur les pratiques habitantes et les représentations de l’espace mettent en évidence la nécessité d’une approche anthropologique, pour comprendre les besoins et les aspirations des populations. L’urbanisme social, ainsi envisagé, devient un outil de rationalisation plus adapté aux réalités sociales.
De plus, comme le montre Henri Lefebvre5, l’espace urbain est le résultat d’interactions complexes entre les individus, les groupes sociaux et les institutions. Il est à la fois un lieu de conflits, de négociations, de cohabitation, d’identité et d’appartenance. Et donc, ces engrenages devront davantage être prisent en compte pour freiner la dépossession souvent capitaliste.
Ces réflexions invitent à repenser les mécanismes d’acquisition et de répartition des terres pour favoriser un urbanisme plus juste et accessible.
En ce sens cet article explore les défis liés à la déficience conceptuelle, à une dépossession flagrante et a une nécessaire reconceptualisation.
La Terre : une déficience conceptuelle
¨La terre appartient à peu de gens qui y vivent aujourd’hui, à beaucoup de gens qui y ont vécu hier et à d’innombrable gens qui vont y vivre demain¨ n’est-ce pas là une piste de réflexion pour repenser fondamentalement notre conception sociale du foncier ?
La terre, en tant que ressource fondamentale, a joué un rôle central dans l’évolution des sociétés humaines. Loin d’être un simple support physique, elle constitue un espace6 chargé de significations culturelles, sociales et symboliques. Une approche anthropologique permet de comprendre comment les relations des humains à la terre ont façonné leurs modes de vie, leurs organisations sociales et leurs systèmes de valeurs.
Dans de nombreuses sociétés, la terre est bien plus qu’un espace de production : elle est le fondement des identités collectives. Pour exemple, Claude Lévi-Strauss7, décrit comment les peuples autochtones d’Amazonie entretiennent une relation intime avec leur territoire, perçu comme une entité vivante et sacrée. Cette conception holistique de la terre contraste avec la vision utilitariste des sociétés industrialisées.
La conception africaine de la terre est également marquée par une forte dimension communautaire. Contrairement à la notion occidentale de propriété privée, la terre est souvent considérée comme un bien collectif, géré au profit de la communauté et des générations futures. Ce principe est bien illustré par le concept de Ubuntu, qui met l’accent sur l’interdépendance et la solidarité entre les membres d’une communauté.
Le philosophe Paulin Hountondji8 souligne dans ces travaux que cette gestion communautaire de la terre repose sur des systèmes coutumiers complexes, où les chefs de terre (appelés LAMANE dans la tradition sénégalaise) ou les conseils de village jouent un rôle central dans l’attribution et la régulation des droits fonciers. Ces systèmes, bien que souvent informels, ont permis de maintenir un équilibre entre les besoins des individus et ceux de la collectivité. D’ailleurs au Sénégal la réforme foncière la plus audacieuse a été initié au temps du royaume du Baol, appelé ¨réforme foncière du Teigne¨ Thiendella Ndiaye. Ce dernier va mettre fin à des expropriations et accaparement des autres lamanes avec violence pour redistribuer de manière équitable les terres du Baol donnant naissance à des villages comme Djack, Ngoundiane…
Aujourd’hui ce qu’on constate est qu’à cause de la globalisation et de l’exploitation intensive, le rôle premier de la terre qui doit être d’assurer la survie existentielle des peuples est menacée.
Au Sénégal les communes lébous9 (Ouakam, Ngor, Yoff) à Dakar ont tous été dépouillées de l’essentielle de leur terre par appartenance communautaire pour les octroyé très souvent à des privilégiés sociaux. Alors que ces communautés traditionnellement très organisées avec des mécanismes sophistiqués ont vu brutalement leur mode d’organisation être remplacé par un autre système de propriété totalement extérieur. Donnant ainsi l’exclusivité absolue de la propriété foncière à des organisations extérieures totalement inégalitaire créant ainsi des défavorisés, que Levebvre10 vas appeler le précariat social pour remplacer traditionnellement le prolétariat. Ce précariat va ainsi encourager une occupation désagencée de nos espaces communes en ville. En 2024 le docteur Ibrahima Malick Thoune avait écrit un article11 critiquant la bordelisation de nos villes. La décomposition des mécanismes sociale, sur la distribution de la terre vas donc accroitre les inégalités sociales créant des groupes d’intérêts (Administrateurs, hauts cadres de l’Etat, Multinational, religieux, chef coutiers…) autour du foncier. De même la quasi inaccessibilité au foncier pour la plupart des communautaires et des résidents faisant du logement social un réel défi non pas structurel mais foncier. Au Sénégal c’est devenu banal qu’un individu dispose de plusieurs domiciles dans un même quartier ou commune tandis que la plupart des gens n’ont pas les possibilités de se payer un terrain. Le massacre foncier de Mbour-412 doit tous nous interpeller sur les politiques foncières. La révélation expose une chose dans le fond, comment une minorité s’accapare des biens de tous dans une politique de marché.
Cette politique de marché nous aura montré par dépossession comment la communauté autochtone de Ndingler13 va être privé et sa condition d’existence sociale et de survie. Ce cas expose comment par la politique de l’exclusivité absolue sur la terre, les zones rurales sont autant exposées que les zones urbaines.
Nos Etats doivent reconceptualiser la terre au service du social, de la vie et de la continuité. La considération juridique du foncier actuelle est un scandale qui a suffisamment montré ces limites. En 2024 un promotionnaire Hugues Alexandre avait fait un article13 sur la question des litiges foncier au Sénégal, qui est exemple de la limite juridique du foncier.
Pourquoi un natif d’une communauté, d’un Etat ou pays donné devrait payer pour acheter la portion de terre qui devra lui servir de domicile ?
Rien n’explique une telle absurdité si ce n’est pour des raisons capitaliste. Le droit à la terre devrait être une obligation sociale et non une question de moyen. Je pense d’ailleurs qu’il est impossible de régler au Sénégal la question des logements sociaux15 tant que le foncier n’est pas réglé, dans le sens d’en faire bien de tous dont le monopole commercial ne reviendrai qu’a l’Etat. Dans le cas contraire, cette considération capitalistique du foncier va faire accroitre la dépossession.
LA Terre : Capital, une dépossession flagrante
¨En réalité si vous ne comprenez pas la notion de capital, vous ne connaissez pas la valeur de la terre¨
Karl Marx16 nous explique que la terre n’est pas simplement un bien physique ou un facteur de production, mais un élément clé des rapports sociaux de production. Ainsi il met en lumière les dynamiques de pouvoir, d’exploitation et de lutte des classes qui se nouent autour de la propriété et de l’usage de la terre.
Pour lui, la terre est avant tout un moyen de production17, au même titre que les machines, les outils ou les infrastructures. Elle est essentielle à la production agricole, minière, immobilière et industrielle, et donc à la reproduction18. Cependant, contrairement aux autres moyens de production, la terre possède une caractéristique unique : elle n’est pas le produit du travail humain. Elle est une ressource naturelle, un don de la nature, mais son accès et son utilisation sont déterminés par les rapports sociaux. Il distingue la terre en tant que ressource naturelle de la terre en tant que propriété. Sous le capitalisme, la terre est privatisée et devient une marchandise, soumise aux lois du marché. Autrement dit, Marx nous révèle deux (2) fonctions centrales de la terre, sa fonction naturelle d’assurer la survie et sa fonction de moyen de production privatisée avec la conception du capitalisme.
Au Sénégal, le cas Ndingler illustre comment la dépossession foncière est légitimée avec une instrumentalisation du droit Sénégalais. Dans son article qui date de 2023 OpenEdition Journal19 a fait une exposition approfondie du scandale de Ndingler. Ce cas nous montre comment trois cents (300) ha situés dans le village de Djilakh vont être octroyé au plus grand firme de production de poulets et d’œuf du pays SEDIMA. Babacar Ngom va ainsi appliquer une des principes les plus efficace du capitalisme de production, la dépossession foncière. Imaginez-vous 300 ha utilisé par des populations communautaires pour habiter et cultiver se retrouve légalement entre les mains d’une seule personne. La violence de la dépossession foncière est cynique, elle prive un besoin non seulement essentiel pour la survie et aussi pour la production a tout une communauté, pour l’octroyé à une seule personne généralement.
Mais faisons l’historique de Ndingler, Babacar Ngom a été titré par délibération communale en Décembre 2012 et par titre foncier matricule 2247/MB en 2019. Alors que la communauté autochtone de Ndingler a au moins vécu sur ces terres par continuité générationnelle au moins 100 ans. Et c’est là, la violence de la dépossession capitaliste, elle ne vous arrache pas que votre moyen de survie, d’être, de production, de travail. Mais elle vous arrache votre histoire, votre passé, votre culture, votre tradition en deux mots VOTRE TOUT.
Au Sénégal on l’appelle le vieux de Ndingler20, lors d’une conférence de presse il dira ¨nous nous sommes toujours opposés à ce projet. Un jour, vers 2016, Babacar Ngom accompagné de son fils et du chroniqueur de lutte Khadim Samb étaient venus ici, c’était une matinée. Ils nous ont promis de l’électricité, de l’eau et la construction d’une route pour désenclaver notre localité ainsi que de l’emploi pour lutter contre la pauvreté si nous acceptons la réalisation du projet¨
Ces propos révèlent la vulnérabilité sur laquelle s’appuis généralement le système capitaliste, renforcé par des politiques libérales favorisant la dépossession foncière. Très souvent c’est cela les promesses, une amélioration des conditions de vie, un bon marché de travail, et de l’empois.
Mais en vrai ceux sont nos Etats qui montrent leurs limites (surtout juridique) et leur échec dans la conception de ce qu’on appelle urbanisme social. La considération du foncier comme un marché privé et l’absence de cadre juridique forte qui place le communautaire au cœur du foncier est en effet le plus grand défi en milieu rural. La privatisation de terre rurale est une limite assez visible pour la réformer. Car non seulement elle crée une possibilité légale de dépossession foncière, mais aussi encourage la corruption foncière. Il nous faut aussi définir c’est quoi une zone rurale, non pas par disposition géographique ni que démographique, mais par utilité de production agricole et industrielle. Cela permettra de donner un sens à la ville rurale et de verrouiller avec toute possibilité de modernité les structures communautaires rurales. Il y’a deux (2) semaines le Burkina a voté une loi interdisant l’achat de terres rurales à tous étrangers, une loi que peu de gens ont bien compris le sens et la portée. Une bonne initiative qui vise à protéger les zones rurales de la dépossession du capitalisme des multinationales. Mais cela est insuffisant, il faut aller plus loin pour la protection des communautés rurales, par exemple, limité la superficie pour les non résident avec une utilité agricole ou industrielle. Sinon deux (2) dangers nous guettes la dépossession par les multinationales étrangers et l’accélération de la vulnérabilité des communautés autochtones.
Ainsi, le procédé le plus visible et le plus efficace du capitalisme est la dépossession foncière des communautés locales ou paysannes. Les processus d'accaparement des terres, souvent légitimés par des lois favorisant les intérêts privés, privent les paysans, les peuples autochtones et les travailleurs ruraux de leur accès aux ressources naturelles. Cette dépossession entraîne une exclusion sociale et économique, poussant de nombreuses personnes vers la pauvreté et la marginalisation. Au Sénégal 80% des travailleur ruraux sont des femmes alors que ces dernières ne détiennent que 2% des propriétés foncières. Cela pour dire que ce qui travaillent la terre n’en ont pas accès alors qu’elles sont les vraies créatrices du profit suivant la production. Tout ceci n’est qu’injustice, mais aussi une mauvaise politique urbanistique. L’enseignante marocaine Mme Navez-Bouchanine n’a cessé de nous exhorter de rétablir le pont entre les réalités et la technique.
David Harvey21, explique de par le concept d'accumulation par dépossession comment le capitalisme s'approprie les terres et les ressources communes, souvent par la force ou par des réformes légales donc juridique. Ce processus déstructure les communautés locales et renforce les inégalités sociales.
Pour comprendre ce que dit David Harvey dans le ¨nouvel impérialisme¨ il faut analyser deux (2) cas, celui d’ERAMET a Lompoul et de TERANGA GOLD à Sabodala.
ERAMET une entreprise Française dans le domaine minier, qui entre dépossession des terres, destruction de l’environnement, épuisement des ressources en eaux quoi d’autre pour parler de scandale sur la terre. Après avoir saccagé les terres de Diogo au nom de la production, aujourd’hui ERAMET à travers son filiale GCO est en train de détruire, d’exclure tout une communauté a Lompoul. En janvier 2025 le journal les reporterre21 a fait un article sur le cas ERAMET. Elle seule, à une concession de 445 000 ha sur une longueur de 100 Km de littoral. En observant le cas de GCO a Lompoul on se rend compte de la destruction du désert historique et culturel, de la dépossession des terres agricoles et d’habitat, du transfert des communautés rurales vers d’autres terres inconnues et du saccage de l’environnement. Car GCO épuise 80% des nappes d’eau dans toute la zone. Tout ceci dans l’exclusion total des populations autochtones dans la répartition des profits. Ainsi GCO expose doublement les populations de Lompoul. Non seulement en faisant accroitre leur vulnérabilité, mais aussi à un déséquilibre environnemental condamnant totalement les zones rurales concernées.
Mais en matière d’accaparement par dépossession minière, le groupe TERANGA GOLD OPERATION (TGO) à Sabodala est l’exemple le plus parlant. En 2016 des révoltes populaires vont conduire à la médiation d’une des plus grandes mines du Sénégal. Les populations de Sabodala sont tous exposées dans l’ensemble de ce qui fait leur existence à être déplacé. Les villages, les champs, les commerces jusqu’au cimetière doivent tous être délocalisés pour la production. Un article de la maison des reporters23 à la date va exposer l’une des plus grandes séquestrations foncières du Sénégal. Mais une déclaration d’un communautaire a attiré mon attention, il dit ¨95% des terres fertiles pour l’agriculture dans cette zone sont occupées par les sociétés minières. Les gens n’ont pas de quoi vivre¨. La dépossession qu’a fait TGO est cynique, mais vous n’êtes pas encore surpris non, car l’accaparement foncier de TGO au cours des dernières années est encore plus choquant. Saviez-vous que TGO fait dix (10) fois la superficie de Dakar, oui je dis bien 10 fois. Car après leur dernière concession en 2020 TGO détient à lui seul 5 850 Km². Cela nous permet de comprendre le cri des communautaires lorsqu’ils disent que 95% des terre agricole sont accaparées par les sociétés minières. Et le plus souvent quand ces populations se révoltent, ils sont violemment réprimés par les forces publiques, dés fois même jusqu’à mort d’hommes.
Je n’essaie pas de dire qu’il ne faut pas exploiter les ressources tel que minières. Non, mais il est impératif de placer les communautés au cœur des exploitations, car ils sont le début et la fin. Ces populations dépossédées de leur terre naturelle de survie et de travail sont cela qui vont migrer dans les villes surtout les capitales ou la politique foncière est encore plus violente, pour se trouver du travail. Les communautés doivent donc être les moteurs de toutes politiques de production dans les zones rurales. Il ne s’agit donc pas de les employer, mais de les intégrer dans la gestion des exploitations minières, avec une répartition équitable des profits et une gestion concertée de la terre. En ce sens, il faut adopter d’autre formes d’approche conceptuel avec les communautés.
La Terre : une nécessaire reconceptualisation collective en zone rurale et urbaine
Il est bien possible de mettre en place ce que j’appelle ici le conseil communautaire, dans le but d’intégrer dans la gestion des terres, la répartition des profits, et les décisions d’entreprise les communautés autochtones. La nouvelle forme politique appelée ¨El communard¨24 noté dans les pays d’Amérique latine ou la révolution Bolivar est passé (Bolivie, Cuba, Venezuela) montre que c’est bien possible de faire une construction communautaire de la terre en fonction des besoins (agricoles, infrastructurel, industriel…) et de la disponibilité.
Le conseil communautaire est une piste de solution en milieu rural qui consiste à organiser les communautés comme des institutions locales. Le but est de donner le pouvoir de la gestion des terres aux communautés autochtones. Ainsi il sera impossible pour qui que ce soit de vendre des terres. Le conseil lui-même ne pourra vendre les terres, mais la mission de la gestion lui reviendra, dans l’utilisation des terres et de sa distribution. Ainsi, il va falloir pour tout entrepreneur motiver son besoin foncier par un projet agricole et/ou industriel inclusif. Validé par le conseil communautaire, l’octroi ne fait nullement de lui le propriétaire de la terre. Car au moment où le projet prend fin les terres seront d’office récupérées par les communautés. Cela permettra de lutter contre la dépossession des terres comme à Ndingler. En zone rurale minière le conseil communautaire aura deux (2) rôles à jouer au-delà de la gestion des terres. La répartition équitable des profits, qui consiste pour l’entreprise minière en guise de compensation d’octroyer entre 15% et 20% de son chiffre d’affaire net au conseil communautaire qui se chargera de la répartition. Aussi de participer aux décisions des entreprises sur la terre. Pour une planification des zones d’exploitation, et une meilleure prise en compte des besoins de terre pour l’agriculture des populations autochtones. Avec ce modèle l’Etat pourra décentraliser la gestion du foncier au niveau des conseils, avec une interdiction de commercialiser les terres et de définir ce que j’ai appelé ici ville rurale quelque soit le niveau de modernité.
Dans les villes urbaines où la densité démographique est très élevée il faut concevoir le foncier collectif a l’exemple du model ¨EL communard¨. Cela permettra d’arrêter l’accaparement foncier de par les spéculations immobilières. Le foncier collectif permettra dans des zones comme les communes lébous d’établir des terres collectives pour la communauté. Non pas pour faire une distribution foncière, mais de concevoir des projets immobiliers social avec des immeubles à plusieurs appartements pour ces communautés. Le foncier dans ce sens n’appartiendra à aucun individu, mais sera un bien collectif dont ¨la communard lébous¨ se chargera de la distribution équitable des appartements via un projet immobilier adapté. Avec le modèle communard l’Etat pourra assurer une politique foncière pour tous avec l’établissement de foncier collectif, mais aussi en planifiant le foncier d’habitat dans chaque région. Cela permettra dans le cours, moyen et long terme de mettre à disposition dans les régions des zones d’habitats gratuitement.
Enfin l’Etat doit revoir son cadre juridique et urbanistique, établir des conditions de ruralité et faire du commerce foncier un monopole exclusif de l’Etat dans le but de l’abolir.
Dans cet article j’ai exploré l’urbanisme social dans un but, la reconsidération du foncier au profit des communautés, de la conception anticapitaliste et des limites du cadre juridique néolibérale. Il s’agit donc, de stopper la dépossession capitaliste et de faciliter la propriété aux communautaires.
Il est essentiel de repenser aujourd’hui humainement la question de la propriété foncière, de ne pas en faire une exclusivité individuelle mais un bien collectif enfin.
OUAGA EN PLEIN DANS LE FESPACO
La biennale du cinéma africain s’est ouverte samedi dans la capitale burkinabè, à l’heure où le concept «Pays en lumière » fait briller mille feux.
La biennale du cinéma africain s’est ouverte samedi dans la capitale burkinabè, à l’heure où le concept «Pays en lumière » fait briller mille feux.
À Ouagadougou, l’avenue réservée aux cinéastes africains brille de mille feux à l’occasion de la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO).
Un ensemble de guirlandes lumineuses et de parasols (noirs, verts et blancs) trône sur l’axe reliant le rond-point des cinéastes à la cathédrale de Ouagadougou.
« Le blanc symbolise la paix ; le vert pour l’espoir et le noir pour le difficile deuil que porte le Burkina Faso dans ce contexte d’insécurité. La rangée de lumières jaunes symbolise, quant à elle, la richesse du sous-sol », a expliqué la promotrice de cette innovation majeure du 29e Fespaco.
Selon Aysha Junior, « cette rue féerique n’est pas qu’un assemblage de lumière et de magie. Elle a le reflet de la résilience de notre pays et de notre engagement à contribuer à ce que le Burkina soit toujours debout et fréquentable ».
Le concept dénommé « Pays en lumière » se veut un espace de résilience, de découvertes touristiques, de partage, de brassage culturel.
Inauguré dans la soirée du mardi 25 février 2025, le chef de la diplomatie burkinabè, Jean Marie Traoré a positivement apprécié l’œuvre et a félicité la promotrice et son équipe d’avoir concrétisé cette idée novatrice.
«Je suis heureux et honoré d’avoir été associé à ce projet; le concept « Pays en lumière », le choix des couleurs et leurs symboliques coïncident avec le contexte que nous vivons et mon souhait aujourd’hui est que cette lumière puisse continuer de briller dans le cœur de chaque Burkinabè, que cette lumière puisse se transporter dans les recoins du Burkina Faso… », s’est-il rejoui.
La décoration et l’originalité des illuminations accueillent de nombreux visiteurs.
« Au vu de la convergence de la population sur le site, Pays en lumière, depuis sa construction, nous disons que le projet a déjà conquis les cœurs des festivaliers et des populations et mérite bien sa place de site d’animation pendant le FESPACO », a déclaré le président de la délégation spéciale de la ville de Ouagadougou, Maurice Konaté.
ANNA BJERDE EN VISITE A DAKAR CE MERCREDI
La directrice générale des opérations de la Banque mondiale, Anna Bjerde, arrive mercredi dans la capitale sénégalaise où elle effectue une visite officielle de trois jours.
La directrice générale des opérations de la Banque mondiale, Anna Bjerde, arrive mercredi dans la capitale sénégalaise où elle effectue une visite officielle de trois jours.
Anna Bjerde, directrice générale des opérations de la Banque mondiale, effectue une visite officielle au Sénégal du 26 au 28 février. Cette mission a pour but de « consolider le dialogue avec les autorités ainsi que les parties prenantes, notamment des acteurs de la société civile et du secteur privé », afin de renforcer le soutien de l’institution au développement socio-économique du pays, affirme un communiqué du bureau ouest-africain de l’institution de Breton Wood transmis à APA.
La visite s’inscrit dans le cadre de l’élaboration du nouveau Cadre de Partenariat Pays entre la Banque mondiale et le Sénégal. Mme Bjerde s’entretiendra avec plusieurs responsables, dont le Président de la République, Bassirou Diomaye Faye, le Premier ministre Ousmane Sonko, ainsi que des membres du gouvernement, des leaders du secteur privé et des personnalités de la société civile.
Lors de cette mission, la Banque mondiale réaffirmera son engagement dans plusieurs domaines clés pour le Sénégal, notamment en « mettant l’accent sur une participation accrue du secteur privé comme catalyseur de croissance » et en créant « des opportunités d’emploi, avec un accent particulier sur l’insertion professionnelle des jeunes ».
En outre, la Banque mondiale promet d’accompagner le gouvernement du Sénégal dans ses efforts pour « renforcer la transparence et la redevabilité dans la gestion des finances publiques », à la suite de la récente publication du rapport de la Cour des comptes accablant la gestion des deniers publics sous l’ancien régime, entre 2019 et mars 2024. Un autre point majeur sera la mise en œuvre du « Pacte National pour l’Énergie », visant un accès universel à l’électricité d’ici 2030.
Le portefeuille de la Banque mondiale au Sénégal comprend actuellement 21 projets d’investissement nationaux d’un montant total de trois milliards de dollars, ainsi que 11 opérations régionales pour 834,5 millions de dollars, tous financés par l’Association internationale de développement (IDA).
Du côté de la Société financière internationale (IFC), le portefeuille atteint 483 millions de dollars, tandis que les engagements bruts de l’Agence multilatérale de garantie des investissements (MIGA) s’élèvent à 773,8 millions de dollars.
Anna Bjerde, forte de plus de 30 ans d’expérience dans le développement international et les partenariats public-privé, dirige les opérations de la Banque mondiale. Elle supervise un portefeuille global de 340 milliards de dollars et a récemment lancé des programmes ambitieux, notamment la Mission 300, visant à fournir un accès à l’électricité à 300 millions de personnes en Afrique d’ici 2030.
Avant de rejoindre la Banque mondiale en 1997, la Suédoise, titulaire d’un master en commerce et économie de l’Université de Stockholm, était consultante senior en stratégie pour Gemini Consulting à Londres.
Par Baba DIENG
MATAR EN AVAIT MARRE DE NOS TARES !
Ce qu’il convient désormais d’appeler «l’affaire Matar» n’a pas encore fini de susciter des émotions et des initiatives. Chacun, à sa manière, a essayé de comprendre ce qui est arrivé à cet ange pour qu’il passe à l’acte fatidique
Ce qu’il convient désormais d’appeler «l’affaire Matar» n’a pas encore fini de susciter des émotions et des initiatives. Chacun, à sa manière, a essayé de comprendre ce qui est arrivé à cet ange pour qu’il passe à l’acte fatidique. La Commission sociale de l’Université, dans le cadre de la «Semaine de l’étudiant», a initié une série de discussions au sujet de la santé mentale de l’étudiant. Subitement et temporairement, le bien-être psychologique de celui-ci est devenu une préoccupation nationale. Ses camarades étudiants, eux, ses principaux bourreaux, ont inondé l’espace universitaire de larmes…
Les faits sont dramatiques : un jeune étudiant, Matar Diagne, déshumanisé par sa société, a décidé d’écourter sa vie. Il a été retrouvé mort, pendu, dans sa chambre universitaire. Une véritable tragédie. Nous l’avons encouragé, sans peut-être le savoir, à éteindre ses feux, ses énergies, à ranger prématurément sa belle plume. Un roman à publier est sorti de son imagination.
A l’Université Gaston Berger (Ugb), où j’ai passé trois belles années, je n’ai pas eu la chance de le connaître. Il lui arrivait, de manière sporadique, sur Facebook, de commenter certains de mes textes. En dehors de ces échanges virtuels, je n’ai pas eu à le côtoyer, à entrer dans l’intimité de sa grande souffrance. Comme il s’est décrit dans sa dernière bafouille, il était très réservé, préférant vivre à l’abri du danger que ses semblables - ou non-semblables- ont toujours représenté pour lui. Il se méfiait de l’homme ou, précisément, du Sénégalais. De l’étudiant et ses guindailles.
Il a fallu que cet étudiant se donne la mort dans la détresse absolue, comme un condamné à mort selon certaines pratiques judiciaires, pour que nous simulions de regarder nos tares, de nous adonner à une introspection. Au fond, qu’est-ce que Matar nous reproche ? Notre indifférence. Notre inimitié. Notre descente en inhumanité. Notre incapacité à faire preuve de sollicitude, à écouter les gens sans les juger, à aimer, surtout aimer. Notre tendance à détruire, par la parole, ceux qui nous sont très proches pourtant… Ces tares, nous les célébrons au plus profond de nos existences. Elles sont profondément sénégalaises.
Introspection ? Nous avons fait mine quand même, comme toujours. Sauf que c’est une «grande comédie nationale» -j’emprunte cette expression à l’écrivain Elgas, dans la belle préface qu’il a faite de L’écume du temps (L’Harmattan, 2020) du regretté Ibrahima Hanedans laquelle chacun tâche de jouer son rôle pour duper les autres, pour se duper, pour tenir son rang. Notre société se dit pieuse, porteuse en son sein de grandes valeurs et, pourtant, elle n’hésite pas, pour diverses raisons, à cibler et à exclure certaines parties d’elle-même. Ces mécanismes d’exclusion ont fait que plusieurs de nos concitoyens, surtout les jeunes, sont dans une situation de déréliction extrême. Nos «régimes de vérité» (Michel Foucault) sont violents, impitoyables.
Notre société est de plus en plus déliée, fragmentée.Il n’y a presque plus d’espaces de discussion et d’écoute, où les gens viennent s’interroger sur le vacuum de leur existence, sans être traduits devant nos tribunaux, ceux des réseaux dits sociaux, pour être jugés et condamnés sans appel. Matar s’est confessé. Et ses confessions ont été exposées sur la place publique. Il a donc décidé de vivre avec ses hantises, qui ont fini par avoir raison sur lui.
A partir des années 1980, avec tout ce que l’on sait de la crise économique de cette époque, la fabrique de l’homme total a cessé d’être au centre de nos politiques publiques. L’on a mis dans la tête du Sénégalais qu’il n’a pas droit aux œuvres de l’esprit comme la lecture, l’art, le cinéma, etc. Et qu’il ne doit avoir qu’une seule préoccupation quotidienne : trimer pour agglutiner des vivres, pour survivre… Tout est mécanique, mercantiliste, inhumain.
Un «semeur d’hommes» comme le poète-Président Léopold Sédar Senghor, le plus illustre des Sénégalais, construisait ce pays par le truchement de la Culture. Les dirigeants qui se sont succédé après l’Immortel ont choisi de privilégier les infrastructures, et non l’homme, dans leurs investissements. Notre indigence intellectuelle -qui est la suite logique de ce choix politique consistant à vouloir construire un pays en dehors de son substrat culturel- a fait que nous commençons à perdre l’art de vivre ensemble, de faire communauté, de monter en humanité.
La souffrance fatale de Matar est aussi celle de plusieurs jeunes exclus, sans même être écoutés, compris, aimés. Avec les chambardements de notre société inhérents à l’ouverture au monde de celle-ci, il y a eu une dégénérescence progressive de nos liens sociaux. Ceuxci doivent être régénérés. La «régénération du lien social» dont parlent Gaël Giraud et Felwine Sarr, dans L’Economie à venir (Les liens qui libèrent, 2021), est une nécessité impérieuse pour reconstruire notre contexture sociale. C’est en produisant de nouvelles utopies que nous arriverons à féconder les inépuisables possibles de notre communauté.
Matar en avait marre de nos tares, de nos inimitiés, de nos hypocrisies. Son acte, fût-il malheureux, est posé à dessein : inviter ses compatriotes à entamer un réel travail d’humanisation de leurs rapports avec leurs prochains – au sens que la morale chrétienne donne à ce vocable : l’amour de l’Autre. C’est à souhaiter que cette invite ne soit pas renvoyée aux calendes sénégalaises.
lettre d'amérique, par rama yade
L’UNION AFRICAINE A BESOIN D’EFFICACITE, D’INDEPENDANCE ET D’AUDACE
Après la désignation de Ali Mahamoud Youssouf à la tête de la Commission de l’Union africaine, il faudra toute l’expérience de celui qui fut ministre des Affaires étrangères de Djibouti pendant vingt ans, pour faire mieux, beaucoup mieux que Faki
Après la désignation de Ali Mahamoud Youssouf à la tête de la Commission de l’Union africaine le 15 février, il faudra toute l’expérience de celui qui fut ministre des Affaires étrangères de Djibouti pendant vingt ans, pour faire mieux, beaucoup mieux que le Tchadien Moussa Faki Mahamat.
Ce dernier laisse à son successeur la lucidité d’une ultime missive adressée, le 30 septembre, aux chefs d’Etat africains, déplorant «déficiences» et «inactions», selon les termes relevés par Jeune Afrique. Dans la période de changements historiques initiée par la Présidence Trump, la feuille de route de Youssouf devrait se décliner autour de trois mots : efficacité, indépendance et audace.
Efficacité. Le 38e sommet de l’Union africaine, qui a vu l’élection de Youssouf, a été, sans surprise, tant les conflits sont persistants en Afrique, parasité par l’annonce de la prise de Bukavu par le M23 en Republique démocratique du Congo (Rdc). En 2025, aux côtés de l’Angolais João Lourenço, nouveau président de l’Union africaine, le président de la Commission aura fort à faire sur le front sécuritaire, de la lutte contre le terrorisme dans le Sahel au fragile cessez-le-feu en Ethiopie, du génocide au Soudan à la crise libyenne, en passant par la Rdc donc. Et, déjà, la tâche semble titanesque alors que les discussions sur le rôle et les moyens du Conseil de paix et de sécurité (Cps) restent encore en souffrance, bien que les Etats en avaient approuvé la reforme en… 2019. L’Afrique a trop à faire avec le doublement de sa population dans les vingt ans à venir, pour que ses dirigeants s’épuisent à tenter d’éteindre des incendies ici ou là.
Indépendance. Alors que l’Union africaine a gagné, en 2023, un siège permanent au sein du G20, c’est l’Afrique du Sud qui préside l’enceinte en 2025, renforçant la voix, sinon le poids, de l’Afrique sur la scène internationale. Avec l’ambition supplémentaire de gagner deux sièges permanents au sein du Conseil de sécurité des Nations unies, il n’est pas sain que l’Union africaine soit financée aux deux tiers par des non-Africains. Il faudra aussi dépasser les divisions internes, parler d’une seule voix au sein de cette enceinte, que les Etats-Unis de Trump ont décidé de boycotter prenant prétexte de la «loi de confiscation des terres» dont seraient victimes les Afrikaners en Afrique du Sud.
Le gel de l’aide internationale par l’Administration Trump ne doit pas effrayer les dirigeants de l’Union africaine : la fin de l’Usaid peut être un nouveau départ pour les Africains qui n’ont pas à éternellement dépendre de la (fausse) charité internationale et doivent, comme toutes les nations (vraiment) souveraines, prendre en charge par eux-mêmes des questions aussi stratégiques que la santé de leur citoyens, l’éducation de leurs filles et la sécurité de leurs territoires. Sur le plan commercial, à l’attentisme quant au devenir des outils commerciaux américains comme Development Finance Corporation ou African Growth and Opportunity Act dont la survie ne laisse guère d’espoirs à cette heure, doit se substituer une politique commerciale fondée sur la diversification des partenariats, déjà en cours, l’accélération des échanges commerciaux intra-africains (qui s’établissent à un niveau toujours inferieur à 20% des échanges totaux alors qu’il s’élève à plus de 60% entre pays européens), l’introduction de monnaies locales (la création de la monnaie Eco ne cesse d’être repoussée aux calendes grecques), la transformation industrielle locale et la formation d’une génération de scientifiques et d’ingénieurs sans qui ces ambitions n’ont aucune chance de voir le jour.
Audace. C’est ce sentiment d’urgence qui doit guider le nouveau président de la Commission africaine. L’histoire est entrée dans une phase vertigineuse d’accélération. C’est le moment du grand bond en avant, ou si l’on préfère, du leapfrog, pour les nations qui sauront capturer ce tournant. Qui aurait cru que les Etats-Unis rejetteraient, aux côtés des Russes, une résolution de l’Onu en faveur de l’Ukraine, comme cela s’est produit ce 24 février à New York ? Qu’ils plaideraient pour le retour d’une Russie, pourtant sous sanction depuis trois ans, au sein du G7 ? Qu’ils annonceraient la reprise «de partenariats économiques vraiment uniques et aussi potentiellement historiques» avec la Russie, selon le secrétaire d’Etat américain Marco Rubio lors du Sommet de Riyad le 18 février dernier. La volatilité et l’imprévisibilité de l’époque peuvent être une chance pour les audacieux. Dans un tel contexte, tout immobilisme africain serait une faute historique.
Les Africains ne devraient même plus autoriser ces interminables conférences sur la dette africaine. Ce n’est pas l’Afrique qui est endettée. C’est le monde qui est endetté à son égard : chaque année, ce dernier contracte une dette de cinquante-cinq milliards de dollars envers le continent africain et cette dette correspond à la valeur du service d’absorption de carbone fourni par le bassin du Congo, le plus grand puits de carbone au monde.
Au lieu de cela, l’audace consisterait, pour l’Union africaine, à doter l’Afrique d’une Constitution ainsi que d’un vrai parlement continental, et ses citoyens d’un passeport africain. Sur le plan militaire, l’audace supposerait de créer une armée commune pour pacifier le territoire. Sur le plan énergétique, le lancement d’une banque verte africaine permettrait de garantir les financements souverains nécessaires sur le front du changement climatique.
Efficacité. Indépendance. Audace. Tels sont les termes pour que l’Union africaine soit à la hauteur des enjeux historiques qui se sont ouverts.
Rama Yade est Directrice d'Afrique Atlantic Council.