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7 août 2025
PAR OUMAR NDIAYE
OUVERTURE DES PAYS DE L’AES À L’OCÉAN, LA MÈRE DES BATAILLES
L’audience accordée, le 28 avril dernier, par le roi du Maroc Mohamed VI, malgré sa convalescence aux trois ministres des Affaires étrangères des pays de la Confédération des États du Sahel, est illustrative des ambitions...
L’audience accordée, le 28 avril dernier, par le roi du Maroc Mohamed VI, malgré sa convalescence aux trois ministres des Affaires étrangères des pays de la Confédération des États du Sahel (Aes), est illustrative des ambitions et aussi de l’attention que ce pays donne à son Initiative atlantique. Lancé le 6 novembre 2023, lors du 48e anniversaire de la Marche verte, ce projet combine à la fois agenda national et international en développant en même temps des relations économiques et diplomatiques avec les pays du Sahel en conformité avec la verticalité africaine de sa politique étrangère amorcée depuis plus de trois décennies. « Ainsi, pour favoriser l’accès des États du Sahel à l’océan Atlantique, nous proposons le lancement d’une initiative à l’échelle internationale », avait affirmé Mohammed VI, lors du lancement de cette initiative.
En étant parmi les premiers pays à se jeter à l’eau pour assurer un accès à la mer des pays de l’Aes et à d’autres Sahéliens comme le Tchad, le Maroc a ainsi déclenché la mère des batailles pour l’ouverture à l’océan Atlantique, point stratégique dans la projection de ces pays enclavés. Avec ses grands hubs maritimes comme Tanger Med, parmi les plus grands de ce monde, le Maroc, très en avance dans cette compétition maritime, a ainsi saisi l’opportunité d’accroitre son potentiel dans ce domaine et aussi dans le même temps, développer l’activité de ses ports secondaires situés dans les provinces du Sud comme Layoune et Dakhla et du coup apporter des solutions économiques à la crise du Sahara occidental qui, sur le plan politique, a engrangé d’importants succès comme la reconnaissance de la marocanité de ce territoire par beaucoup de puissances occidentales.
À côté du royaume chérifien, certains pays ouest-africains comme le Togo ou le Ghana s’efforcent à s’incruster dans cette brèche pour ainsi se tailler des parts de marché dans cette course à la compétition maritime. Face au processus de désintégration de Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) entamé depuis le départ des pays de l’Aes (Mali, Burkina, Niger), il y a une résurgence de la compétition qui a rythmé l’économie maritime en Afrique de l’Ouest entre les ports de Dakar, d’Abidjan, Cotonou, Lomé et de Tema.
Situés sur la façade maritime, ces ports servent de points d’ancrage pour les pays de l’hinterland ouest-africain qui n’ont pas d’accès à la mer. Le port de Dakar en est ainsi pour le Mali, celui d’Abidjan ou de Tema pour le Burkina, Cotonou pour le Niger relevant ainsi les factures d’importations de ces pays et une importante rentrée de devises pour les pays côtiers concernés. À côté aussi, la Mauritanie, plus proche géographiquement de certains pays de l’Aes a aussi lancé il y a quelques années, son initiative maritime dénommée Projet de Port en eaux profondes (Pep) à Nouadhibou.
Toujours à la recherche d’un partenaire privé prêt à financer ce projet qui permettra à la Mauritanie de bénéficier de son ouverture maritime, ce pays peut aussi se mettre dans les starting-blocks dans cette compétition maritime et ainsi devenir un point d’ouverture aux pays sahéliens qui avec la crise dans laquelle à la Cedeao est plongée sont obligés de tous chercher un accès à l’océan. Cette mère des batailles se mènera de manière âpre entre beaucoup de pays côtiers de la façade atlantique ; chacun de son côté cherchera à faire de son mieux pour ainsi devenir là où penchera la balance…
VERS UNE RÉFORME DU RÈGLEMENT INTÉRIEUR DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE
Cette initiative, annoncée par Malick Ndiaye, s’inscrit dans une dynamique de réformes structurelles visant à renforcer les pouvoirs de contrôle du Parlement et à institutionnaliser les principes de transparence et de redevabilité.
Ce jeudi, lors de la journée de restitution publique des travaux des comités ad hoc mis en place dans le cadre d’un vaste chantier de réformes structurelles engagées depuis son installation, le président de l’Assemblée nationale a annoncé que le comité chargé du règlement intérieur allait, dans les prochains jours, présenter ses conclusions. Cependant, ce ne sera pas simplement pour la forme.
« Il s’agira d’une réforme en profondeur visant à renforcer les capacités de contrôle du parlement, à formaliser des pratiques jusque-là sans fondement juridique et à inscrire durablement les principes de transparence, de redevabilité et de pluralisme dans le fonctionnement de notre institution », assure El Malick Ndiaye.
El Malick Ndiaye, installé président de l’Assemblée nationale le 2 décembre 2024, est conscient de l’enjeu que constitue l’Hémicycle. Il rappelle également que les commissions chargées des changements avaient un rôle crucial à jouer. « Les réformes que nous avons présentées aujourd’hui ne sont pas imposées d’en haut. Elles ont été construites collectivement à travers des comités ad hoc pluriels, rassemblant toutes les sensibilités politiques, majorité, opposition, non-inscrits, mais aussi, l’administration parlementaire, les structures étatiques, le monde universitaire, la société civile, entre autres ».
Par ailleurs, toujours selon le Président de l’Assemblée nationale, tous les comités ont pour mission claire et précise : identifier les blocages structurels afin de proposer des solutions.
par Amadou Thiourou Barry
DES BOTTES, DES BAÏONNETTES ET DES BÉNÉDICTIONS
EXCLUSIF SENEPLUS - C’est à se demander si Guy Marius ne croit pas qu’un képi anti-impérialiste vaut mieux qu’un bulletin de vote, qu’un colonel qui crie "à bas la Françafrique" est automatiquement un démocrate. Un anticolonialisme de basse-cour
Dans la grande foire panafricaine du XXIe siècle, il y a désormais un ticket gagnant : enfiler un treillis, dénoncer la France, citer Sankara, et promettre la "souveraineté retrouvée". Le peuple ? On s’en chargera plus tard. Les libertés ? Patience. Les élections ? On y pense… entre deux décrets de suspension des partis politiques.
Guy Marius Sagna, héraut autoproclamé de la dignité africaine, s’est récemment illustré en apportant, avec une candeur désarmante, sa bénédiction militante aux militaires du Burkina Faso. Un pays où les libertés publiques s’effilochent à grande vitesse, mais qui a en commun avec certains de ses voisins, de dire "non" à la France. Cela suffit, semble-t-il, pour passer du statut de despote en treillis à celui de héros panafricain. C’est à se demander si Guy Marius ne croit pas qu’un képi anti-impérialiste vaut mieux qu’un bulletin de vote, qu’un colonel qui crie "à bas la Françafrique" est automatiquement un démocrate, et qu’un militaire sans projet mais avec une posture « anti-occidentale » vaut plus qu’un civil maladroit mais élu. Peut-être devrait-on envisager, au Sénégal aussi, de confier l’État à ceux qui savent manier le micro autant que le fusil.
Mais revenons aux faits, ceux que l’on cache sous les incantations souverainistes.
Au Burkina Faso, Ibrahim Traoré a transformé le pays en laboratoire de la militarisation absolue. La presse est bâillonnée, les opposants mis sous silence, la Constitution rangée dans un tiroir. Ceux qui protestent disparaissent. Mais qu’importe, on a remplacé les baguettes françaises par les fusils russes. Et puis, Traoré parle de Thomas Sankara comme on parle d’un grand-père dont on trahit chaque valeur, mais qu’on invoque à chaque repas.
Au Mali, Assimi Goïta gouverne comme un roi sans couronne. Les journalistes ? Trop bavards. Les ONG ? Trop curieuses. Les civils ? Trop exigeants. On préfère les "partenaires sécuritaires" russes, qui, eux, ne posent pas de questions. Et si les morts s’accumulent dans le centre du pays, ce n’est qu’un dommage collatéral du patriotisme. Le Mali, selon les nouveaux codes, se redresse à coups de propagande et de censure.
En Guinée, Mamadi Doumbouya gouverne par décrets et communiqués. Pas besoin d’élections : il suffit d’un bon discours sur la refondation pour faire taire les critiques. On coupe Internet, on disperse les manifestations à balles réelles, on reporte les élections à la Saint-Glinglin. Mais rassurez-vous : c’est pour "assainir le pays". Rien que ça. Et à défaut de liberté, le peuple aura la satisfaction d’une belle cérémonie militaire tous les 2 octobre.
Quant au Niger, depuis qu’Abdourahmane Tiani a déposé le président élu, la junte s’essaie à l’art du slogan. "La France dehors", "Le peuple est avec nous", "L’Afrique se lève". Entre deux envolées lyriques, on oublie les droits humains, les libertés fondamentales, et les difficultés sociales croissantes. Le peuple ? Toujours debout, mais affamé. Les militaires ? Toujours au pouvoir, et bien nourris.
Face à ce tableau, notre « vigilant » député applaudit depuis Dakar, lui qui aurait crié au scandale si un seul de ces faits s’était produit au Sénégal, avant l’accession de sa coalition au pouvoir. Il célèbre ces régimes comme des bastions de dignité retrouvée. Il salue leurs courages face à l’Occident. Il acclame leurs discours et cautionne, par ricochet, leurs répréhensibles actions. Lui qui n’a jamais toléré une coupure d’Internet à Dakar, sous l’ancien régime, trouve soudain des vertus à la censure au Niger. Lui qui dénonçait l’arrestation d’un activiste à Ziguinchor, ferme les yeux sur les disparitions d’opposants à Ouagadougou. Lui qui exigeait la séparation des pouvoirs au Sénégal, n’en demande pas autant aux colonels de Bamako. Il embrasse l’autoritarisme qui flatte ses fantasmes idéologiques. Une attitude où la pantalonnade et le cynisme idéologique dament le pion à la cohérence militante. C’est à croire que l’anticolonialisme, dans certains cercles, est devenu une indulgence plénière. Il efface tout. Le manque de légitimité, les abus, la violence d’État. Un anticolonialisme de basse-cour, prêt à applaudir n’importe quel coq pourvu qu’il crie « France dégage ! ». La ficelle est grosse mais elle passe. Certains intellectuels, autrefois fiers lecteurs de Fanon et de Cabral, tombent dans le panneau avec une grâce presque touchante.
Mais une tyrannie anti-française reste une tyrannie ! Et applaudir des régimes qui confisquent les droits du peuple au nom de slogans creux, c’est renier l’essence même du combat pour la justice. Sankara, encore lui, ne disait pas seulement : "l’impérialisme est l’ennemi". Il disait aussi : "La démocratie doit être l’arme des peuples." Pas des colonels. Pas des comités militaires. Sankara n’était pas qu’un capitaine insurgé. C’était un intellectuel rigoureux, un travailleur infatigable, un dirigeant visionnaire, un homme qui parlait d’éducation, d’émancipation, de santé, de dignité féminine et non de pouvoir pour le pouvoir. Il refusait les honneurs, les limousines, les flatteries. Ce qu’on voit aujourd’hui, ce sont des militaires qui utilisent sa mémoire pour légitimer leur emprise. Mais leurs bilans sont tragiquement éloignés de ses idéaux. Que font réellement ces juntes pour la santé, l’éducation, la justice sociale ? Où sont les programmes pour la jeunesse, les femmes, les agriculteurs ? Combien de temps encore va-t-on applaudir des discours pendant que les libertés s’effondrent ? Et pourquoi ceux qui se disent proches du peuple se retrouvent-ils soudain à bénir ses bourreaux, dès lors que ces derniers pointent un doigt rageur vers Paris ? L’Afrique mérite mieux qu’une révolution de façade. Mieux que des drapeaux brandis et des radios fermées. Mieux que des « activistes » qui deviennent des supporters de dictateurs qui chantent la « bonne » chanson. La souveraineté ne se mesure pas au volume des slogans, mais à la capacité à garantir la liberté, la justice, la dignité pour tous.
À ceux qui, comme notre parlementaire de la CEDEAO, confondent révolte et réflexe, engagement et fanfaronnade, rappelons que l’indignation n’a de sens que si elle est constante. On ne peut pas « défendre » les droits à Dakar et les enterrer à Conakry. On ne peut pas exiger la démocratie chez soi et bénir la tyrannie ailleurs. Oui, la lutte contre le néocolonialisme est indispensable. Mais si c’est pour échanger une domination étrangère contre une oppression nationale, nous aurons perdu deux fois. Car une tyrannie ne devient pas vertu parce qu’elle crie plus fort contre l’Occident. Et une baïonnette ne donne pas raison simplement parce qu’elle brandit le drapeau de la souveraineté. Ce n’est pas trahir l’Afrique que de refuser d’applaudir ses bourreaux, fussent-ils habillés de patriotisme. C’est lui rester fidèle que de défendre, partout et toujours, les droits de ses enfants. L’Afrique n’a pas besoin de nouveaux maîtres. Elle a besoin de justice, de voix libres, de dirigeants redevables, de citoyens debout. L’Afrique a assez souffert des faux prophètes, des faux révolutionnaires, des faux sauveurs. Elle mérite une critique cohérente, exigeante, et fidèle à ses aspirations profondes. Et si certains veulent s’en remettre aux militaires pour restaurer la dignité, qu’ils n’oublient jamais que les bottes, elles, piétinent. Et ceux qui aiment l’Afrique, tant de fois blessée, doivent pouvoir le dire haut et fort même quand cela dérange les « héros » du jour. Parce qu’aimer l’Afrique, ce n’est pas la flatter. C’est la protéger. Contre tous les oppresseurs. Sans exception.
LA CENTRALE DE BEL AIR PASSE AU GAZ
Il s'agit d'un virage stratégique pour le Sénégal qui vise à développer plus de trois gigawatts de capacité électrique au gaz d'ici 2050, réduisant ainsi sa dépendance aux combustibles fossiles polluants
(SenePlus) - Le Sénégal vient de franchir une étape décisive dans sa transition énergétique en démarrant la conversion d'une centrale électrique fonctionnant au fioul lourd vers le gaz naturel liquéfié (GNL), un mois après avoir exporté sa première cargaison de ce combustible, selon les informations rapportées par Bloomberg.
D'après l'agence de presse économique, la transformation de la centrale de Bel Air, située dans la capitale Dakar, a débuté mardi 13 mai. Cette initiative s'inscrit dans la stratégie nationale visant à réduire la dépendance du pays aux combustibles fossiles plus polluants.
« La première phase du projet impliquera la conversion des moteurs de la centrale de 335 mégawatts, tandis qu'une seconde phase prévue plus tard cette année changera la source de combustible pour du GNL », a déclaré Arona Balde, directeur des opérations système et des achats de Senelec, cité par Bloomberg.
Ce projet de modernisation, confié à l'entreprise finlandaise Wärtsilä Oyj Abp, représente la première conversion d'une centrale au GNL au Sénégal, qui dépend actuellement du GNL importé. À terme, l'installation utilisera le gaz extrait du champ de Greater Tortue Ahmeyim (GTA), exploité par le géant pétrolier britannique BP, précise M. Balde.
Cette conversion s'inscrit dans un plan énergétique plus large et ambitieux. Selon Bloomberg, « le Sénégal prévoit de développer plus de trois gigawatts de capacité de production d'électricité à partir du gaz d'ici 2050 afin de réduire sa dépendance au pétrole et au charbon ». Pour cette nation d'Afrique de l'Ouest, le gaz naturel est considéré comme une énergie de transition vers un mix énergétique plus propre.
L'utilisation du GNL offre plusieurs avantages par rapport au fioul lourd traditionnellement utilisé dans les centrales thermiques sénégalaises. Le gaz naturel émet moins de dioxyde de carbone et pratiquement pas de dioxyde de soufre lors de sa combustion, ce qui en fait une alternative plus propre. De plus, il permet une production d'électricité plus efficace et moins coûteuse à long terme, réduisant ainsi la facture énergétique du pays.
La conversion de la centrale de Bel Air intervient peu après que le Sénégal a commencé à exporter du GNL, marquant ainsi son entrée dans le club restreint des pays producteurs de gaz. Le champ offshore de GTA, partagé entre le Sénégal et la Mauritanie voisine, représente une découverte majeure qui transforme progressivement le paysage énergétique de la région.
Cette démarche s'inscrit également dans un contexte plus large de transition énergétique sur le continent africain, où plusieurs pays cherchent à exploiter leurs ressources naturelles tout en réduisant leur empreinte carbone. Pour le Sénégal, l'enjeu est double : assurer sa sécurité énergétique tout en participant aux efforts globaux de lutte contre le changement climatique.
C'est une étape clé dans la stratégie énergétique nationale du pays, symbolisant le passage progressif d'une génération électrique basée sur des combustibles importés et polluants vers une production plus propre utilisant les ressources naturelles du pays.
D'après les experts cités par Bloomberg, si le projet est mené à bien, il pourrait servir de modèle pour d'autres conversions similaires dans la région ouest-africaine, où plusieurs pays disposent de ressources gazières mais continuent de dépendre principalement du pétrole et du charbon pour leur production d'électricité.
À LA FSF, UNE ÉLECTION SANS CAMPAGNE, NI PROGRAMME ?
EXCLUSIF SENEPLUS - C'est le jeu du chat et de la souris. Les potentiels candidats restent muets. Les affaires financières déterrées par le gouvernement ont figé les uns et les autres. Pourquoi une telle difficulté à se déclarer ?
A seulement quelques mois de l'élection du prochain président de la Fédération Sénégalaise de Football, l’audiogramme des débats semble tristement plat.
Alors que ce sujet est éminemment important, on assiste plutôt au jeu du chat et de la souris. Les potentiels candidats restent muets, tapis dans l’ombre, annihilant toute forme de discussions, de débats d’idées et de programmes pour la prochaine gouvernance de la FSF.
A ce jour, un seul réel candidat à la présidence a présenté son programme pour le football sénégalais, maître Moustapha Kamara. Son programme, “Le football pour tous”, développé de longue date grâce à l'expérience du terrain et au gré de rencontres et d'échanges avec de multiples acteurs du football, allie de manière cohérente tous les éléments nécessaires au bon fonctionnement d’un football inclusif, ambitieux sportivement et financièrement, avec la droiture, la conviction et l’intégrité que requiert une telle fonction. Il est, à date, l’unique candidat crédible à la succession d’Augustin Senghor.
Si cette candidature ravit ses nombreux soutiens et partisans, nous aimerions toutefois pouvoir jouir d’un débat d’idées permettant de faire avancer le football sénégalais. Mais comme évoqué supra, les candidats potentiels (Ablaye Fall, Cheikh Seck, Mady Touré, Limane Lam ?) sont désespérément silencieux. Pourquoi une telle difficulté à se déclarer et vouloir aider notre football ? Pourquoi une telle attente à présenter un programme digne de ce nom ? Sont-ils en manque d’idées pour apporter une valeur ajoutée au football et au Sénégal ?
Ce jeu de dupes semble prendre racine dans l’interconnexion entre certains de ces potentiels candidats. Les affaires financières déterrées par le gouvernement ont figé les uns et les autres, dans l’attente de savoir qui sera pris le premier, et qui pourrait être emporté avec lui.
Pour les autres qui n’auraient rien à se reprocher, et que l’on peut espérer nombreux, quel sérieux pourrait-on donner à leur candidature tardive, à trois mois de l’élection présidentielle ?
Présenter un programme développé et cohérent n’est pas une mince affaire. Ce ne sont pas quelques simples lignes écrites à la va-vite, sans fondement profond, ou le plagiat des programmes d'autres candidatures, un simple copier-coller d'idées qui font de vous un candidat crédible.
Ce manque de courage à se présenter à la présidence de la Fédération, avec un programme rationnel, à quelques mois du résultat final, confère à l'amateurisme. On ne doute pas que l’envie de briguer cette position ne manque pas, tant elle octroie pouvoir et notoriété. Mais rappelons-le, la chose est sérieuse, la fonction apportera un soutien au quotidien des Sénégalais, tant le football est important pour la Nation.
On ne peut se moquer sciemment d'un peuple que l'on souhaite représenter en prenant les élections à venir à la légère. Messieurs les candidats terrés, même s’il est probablement déjà trop tard pour vous, sortez de votre tanière, réprimez vos peurs et vos calculs politiques et débattez de votre programme ou à défaut, de vos idées, pour que le football sénégalais puisse, lors de la prochaine mandature, avancer et se développer de manière constructive.
Bassirou Sakho est conseiller sportif
Playmaker Sport Agency.
UN SOMMET ÉTATS-UNIS-AFRIQUE PROCHAINEMENT À NEW YORK
Annoncée par Troy Fitrell, haut responsable du département d'État pour l'Afrique, lors de l'Africa CEO Forum d'Abidjan, cette rencontre axée sur le commerce et l'investissement marque un tournant dans la politique africaine de Donald Trump
(SenePlus) - Selon des informations rapportées par Jeune Afrique, le président américain Donald Trump accueillera prochainement des dirigeants venus de tout le continent africain. Cette annonce majeure a été faite par Troy Fitrell, secrétaire adjoint par intérim aux Affaires africaines du département d'État américain, lors de sa participation à l'Africa CEO Forum organisé par Jeune Afrique Media Group à Abidjan.
« Cela aura assurément lieu cette année, sur le thème du commerce et de l'investissement », a déclaré Troy Fitrell à l'issue du premier Sommet des chambres de commerce américaines (AmChams) organisé en Côte d'Ivoire. Le diplomate a tenu à préciser qu'il ne s'agirait pas d'« un sommet uniquement axé sur la politique, la guerre et ce genre de sujets », mais que « l'échange entre partenaires et les relations d'égal à égal seront privilégiés ».
Si tous les détails ne sont pas encore finalisés, ce rendez-vous diplomatique d'envergure devrait se tenir entre juin et août, vraisemblablement à New York. Cette initiative renoue avec un format inauguré par Barack Obama, qui avait organisé un forum économique États-Unis-Afrique en 2016, après un premier sommet de dirigeants à Washington deux ans plus tôt.
L'organisation de ce sommet marque un tournant notable dans la politique africaine de Donald Trump. Lors de son premier mandat, le président américain n'avait jamais foulé le sol africain et n'avait pas organisé de rencontre similaire, montrant peu d'intérêt pour le continent. C'est son successeur Joe Biden qui avait repris cette tradition en décembre 2022, avant que Trump ne retrouve les clés de la Maison Blanche.
Une stratégie en six points pour dynamiser les échanges
Défenseur d'une approche résolument tournée vers l'économie et le commerce, Troy Fitrell a dévoilé les grandes lignes de la nouvelle stratégie américaine pour l'Afrique. L'objectif clairement affiché par l'administration Trump est « d'augmenter les exportations et les investissements américains en Afrique, d'éliminer les déficits commerciaux et de favoriser une prospérité mutuelle ».
Pour concrétiser cette ambition et inverser des décennies de stagnation - l'Afrique représentant moins de 1% du commerce américain - Washington a élaboré un plan en six points :
Faire de la diplomatie économique le cœur des relations États-Unis-Afrique, avec une évaluation des ambassadeurs américains basée sur leur capacité à défendre les intérêts des entreprises américaines et à faciliter la signature de contrats.
Collaborer avec les gouvernements de pays africains prioritaires pour mettre en œuvre cinq principales réformes du marché identifiées par le secteur privé, incluant la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires.
Développer des projets d'infrastructures durables clés dans ces mêmes pays prioritaires pour attirer les capitaux privés.
Multiplier les missions de diplomatie commerciale menées par le département d'État, à l'image de celle actuellement conduite en Côte d'Ivoire.
Connecter une part plus importante des 300 000 entreprises américaines qui exportent vers l'Afrique.
Réformer les initiatives de promotion du commerce américain pour qu'elles acceptent davantage de risques et soutiennent les entreprises américaines « de manière plus rapide et plus efficace ».
Face à la concurrence internationale croissante, particulièrement celle de la Chine, Troy Fitrell a reconnu les lacunes passées de l'approche américaine : « Les ressources du gouvernement américain sont souvent trop lentes, trop fragmentées et trop cloisonnées pour rivaliser efficacement avec des concurrents mondiaux comme la Chine ». Avant d'affirmer avec assurance : « Je suis ici pour vous dire : cela change dès maintenant. »
Cette nouvelle approche américaine vis-à-vis de l'Afrique pourrait marquer un tournant significatif dans les relations économiques entre les deux parties, alors que les enjeux stratégiques sur le continent n'ont jamais été aussi importants dans le contexte géopolitique mondial actuel.
LA HAUTE COUR FACE AUX DÉFIS DU DROIT INTERNATIONAL
L'absence de possibilité d'appel et la partialité présumée des juges contreviennent aux engagements du Sénégal. Un paradoxe pour le gouvernement d'Ousmane Sonko, lui-même victime hier de lois désuètes
(SenePlus) - La reddition des comptes, promise par le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko lors de leur campagne, se concrétise progressivement. Cependant, les procédures judiciaires engagées contre d'anciens hauts responsables du régime de Macky Sall se heurtent à des obstacles juridiques potentiellement majeurs.
Le 8 mai dernier, l'Assemblée nationale sénégalaise a voté la mise en accusation de cinq anciens ministres du président Macky Sall devant la Haute Cour de justice (HCJ). Salimata Diop Dieng, Moustapha Diop, Ismaïla Madior Fall, Mansour Faye et Aïssatou Sophie Gladima sont soupçonnés d'être impliqués dans "des détournements financiers qui se chiffreraient en milliards de francs CFA".
Cette juridiction d'exception, prévue par l'article 101 de la Constitution sénégalaise, n'a été saisie que deux fois en 65 ans d'indépendance. Elle est spécifiquement conçue pour juger "le Premier ministre et les autres membres du gouvernement" qui sont "pénalement responsables des actes accomplis dans l'exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes ou délits au moment où ils ont été commis".
La composition même de cette cour soulève des interrogations quant à son impartialité. En effet, si les ministres concernés devaient être renvoyés devant la Haute Cour de justice, ils seraient jugés par "huit députés titulaires et huit députés suppléants choisis dans les rangs de l'Assemblée nationale au lendemain des dernières législatives", rapporte Jeune Afrique.
Or, compte tenu de la "victoire écrasante de Pastef lors de ce scrutin", parti du Premier ministre Ousmane Sonko, ce seraient "majoritairement des juges partisans, hostiles envers le régime déchu, qui seraient chargés de se prononcer sur l'innocence ou sur la culpabilité des anciens ministres de Macky Sall".
Cette situation est difficilement compatible avec les engagements internationaux du Sénégal. Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, voté en 1966 par l'Assemblée générale des Nations unies, stipule que "toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue équitablement et publiquement par un tribunal compétent, indépendant et impartial". Un principe également consacré par la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples.
Plus problématique encore, les décisions rendues par la HCJ sont sans appel. "Les arrêts de la Haute Cour ne sont susceptibles ni d'appel ni de pourvoi en cassation", précise Jeune Afrique. Une disposition qui contrevient directement au Pacte international relatif aux droits civils et politiques, selon lequel "toute personne déclarée coupable d'une infraction a le droit de faire examiner par une juridiction supérieure la déclaration de culpabilité et la condamnation, conformément à la loi".
Me Doudou Ndoye, avocat et ancien ministre de la Justice sous Abdou Diouf, aujourd'hui défenseur du député Farba Ngom, s'inquiète : "Cette absence de toute possibilité de recours devant la Haute Cour de justice pose un problème sérieux par rapport aux conventions internationales auxquelles le Sénégal a adhéré."
Fait notable, des critiques émergent également du côté des soutiens du pouvoir actuel. Cheikh Dieng, président du parti Fepp-Tawfekh et membre fondateur de la coalition "Diomaye Président", reconnaît que "la HCJ risque de produire des condamnations fragilisées par des manquements aux normes internationales".
Il préconise une réforme constitutionnelle préalable qui permettrait de "conférer aux condamnations éventuelles tout le crédit juridique nécessaire et [de] rendre les décisions exécutoires au plan international".
Le spectre de l'affaire Karim Wade
Ces critiques font écho à la saga judiciaire qu'avait constituée l'affaire Karim Wade entre 2013 et 2023. Le fils de l'ancien président Abdoulaye Wade avait été condamné en 2015 à six ans de prison par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), une autre juridiction d'exception ne permettant pas de faire appel.
Cette procédure avait valu au Sénégal plusieurs désaveux internationaux. En avril 2015, "le gouvernement sénégalais avait été épinglé par le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire", rappelle A. Plus grave encore, "en novembre 2018, c'est le Comité des droits de l'homme de l'ONU qui avait estimé que le droit de Karim Wade à un procès équitable avait été violé", allant jusqu'à demander que sa condamnation soit réexaminée.
Pour certains observateurs, la démarche actuelle ressemble davantage à un règlement de comptes politique qu'à une véritable réforme de la justice. "Depuis longtemps déjà, Ousmane Sonko avait menacé Farba Ngom et Mansour Faye [ex-ministre et beau-frère de Macky Sall] de règlements de comptes judiciaires", affirme un opposant cité par Jeune Afrique, selon qui "les procédures engagées récemment ne témoignent pas d'une volonté de placer la justice au-dessus des considérations politiques".
Le paradoxe est saisissant : Ousmane Sonko, qui a lui-même été victime de dispositions juridiques désuètes héritées de la période coloniale lorsqu'il avait été condamné pour "corruption de la jeunesse", s'appuie aujourd'hui sur d'autres textes tout aussi contestables pour poursuivre ses adversaires politiques.
La majorité présidentielle pourrait invoquer "le respect du statu quo face à des lois préexistantes" pour justifier cette situation. Après tout, comme le conclut JA, "les députés de la majorité présidentielle n'auront fait que saisir une juridiction que nul, avant eux, n'a jamais tenté de réformer".
L'ironie de l'histoire voudrait donc que le nouveau pouvoir, élu sur la promesse d'un renouveau démocratique, perpétue les mêmes pratiques que celles qu'il dénonçait hier. Le défi pour le Sénégal sera de concilier l'impératif de justice avec le respect scrupuleux des principes de l'État de droit.
Par Medoune SALL
LA CORRUPTION, UN PHÉNOMÈNE SOCIAL DÉDRAMATISE EN AFRIQUE
Selon Ong Transparency International - dans son rapport de 2020 -, qui évalue l’indice de perception de la corruption, treize pays africains figurent parmi les vingt les plus corrompus de la planète.
Au vu de la marche actuelle du monde sur les plans économique, militaire, industriel et sanitaire, l’Afrique, bien qu’étant gâtée par dame nature, peine toujours à occuper les devants au niveau de la scène internationale. C’est une réalité apparente malgré les efforts consentis jusque-là. Parmi les facteurs à l’origine de ce constat majeur, il y a la corruption. Elle est l’un de ces maux et non des moindres. Selon Ong Transparency International -dans son rapport de 2020-, qui évalue l’indice de perception de la corruption, treize pays africains figurent parmi les vingt les plus corrompus de la planète. Plus récemment, dans son rapport de 2024 : parmi les 180 pays évalués, la Somalie et le Soudan du Sud ferment le classement. Par ailleurs, le Sénégal, même s’il est «un pays en Afrique et non africain», pour reprendre les propos d’un ami, force est de constater qu’il ne fait pas exception quant à la corruption. Il n’est pas étranger à ce phénomène sous-régional, continental, voire mondial, véritable handicap à notre développement. Conscient de ce fléau constituant une entrave à notre processus de développement, j’ai jugé utile de m’interroger sur la dédramatisation de la corruption en Afrique et particulièrement au Sénégal.
Les facteurs de la dédramatisation de la corruption : la corruption est une rétribution illicite, un abus de pouvoir à des fins privées ayant pour objectif l’enrichissement personnel du corrompu, à en croire Souka Souka -l’Afrique malade de ses militaires. Il existe deux types de corruption : la corruption active et celle passive. La première renvoie à la proposition d’argent ou de service à un dépositaire d’un pouvoir en échange d’un avantage indu. La seconde consiste à accepter cet argent. Cependant, je pense qu’il serait pertinent de s’intéresser aux facteurs qui sont à l’origine de la banalisation de la corruption. En Afrique, il faut le dire, on a l’impression que la corruption ne constitue pas un drame. Elle est banalisée, normalisée. Elle est monnaie courante. C’est une réalité que nous vivons dans la vie de tous les jours. Du plus haut gradé de l’Administration à celui occupant le poste le plus insignifiant. De l’Etat central à la périphérie. A y voir de près, nous pouvons répertorier quelques facteurs :
– La culture administrative du laxisme : Au sein de notre Administration, sous quelque niveau que ce soit, on constate un certain laxisme. Certains agents font preuve d’une tolérance extrême à l’égard des règles enfreintes par les usagers, en contrepartie d’un versement de pots-de-vin. On note un certain favoritisme d’une catégorie de citoyens en raison de leur proximité, des relations amicales ou familiales, de la situation financière ou du statut social. Or, la quintessence même du service public réside dans la satisfaction de l’intérêt général, indépendamment de toutes ces considérations précitées. Les citoyens doivent être traités au même pied pour ne pas engendrer une rupture d’égalité. A situation égale, traitement égal comme on dit. Au Sénégal, selon le rapport d’Afrobarometer sur la corruption en 2022, parmi les Sénégalais qui ont eu affaire à certains services publics ou à la police au cours des 12 derniers mois, la majorité (57%) révèle avoir fait un cadeau ou une faveur afin d’obtenir des documents tels que la pièce d’identité, le passeport ou le permis, et un sur 10 l’a fait afin d’obtenir des services médicaux (9%) ou éducatifs (8%). Selon la même source, la corruption connaît une augmentation à une hauteur de 75% en 2021, 48% pour les institutions de la police et de la gendarmerie, 37% pour les députés de l’Assemblée nationale et 36% pour les conseillers municipaux et départementaux, entre autres.
– La pauvreté : Les conditions de vie indécentes facilitent, à bien des égards, la corruption. Certains agents, en raison de leur situation financière et au regard de toutes les responsabilités endossées -surtout pour un soutien de famille- ne parviennent pas à joindre les deux bouts. Chose qui les expose à la merci des corrupteurs. La corruption est courante mais banalisée. Souvent dans le jargon des protagonistes de ce phénomène, les expressions employées en disent long. Au Sénégal, on est habitués à entendre ces termes : Baayi fi dara, Tooyal ceeb, lekkukayu xaliss, njegu guroo… Pratiquement aucune démarche administrative n’aura pas de suite favorable sans gombo ou Tchoko au Cameroun ; Igiturire terme burundais ; Madessu ya bana au Congo-Brazzaville et en Rdc ; So Thca du Thca en Bénin qui veut dire aussitôt acheté, aussitôt gagné. Cependant, à mon avis, ceci n’est en aucun cas un alibi, si l’on mesure bien évidemment tous les effets pervers qui s’y attachent, surtout pour un pays pauvre qui aspire au développement.
Les conséquences de la dédramatisation de la corruption : la question de la corruption est factuelle. C’est un phénomène qui nous interpelle autant que nous sommes. Sa dédramatisation n’est pas sans conséquence à l’égard de nos pays. Les auteurs mesurent-ils toutes les conséquences derrière cette absurdité ? En tout cas, je ne le pense pas. D’abord, elle constitue un véritable obstacle à notre développement économique. Elle ne permet pas de collecter toutes les recettes qui doivent entrer dans les caisses de l’Etat. Par conséquent, ceci influe significativement sur notre potentiel fiscal. La corruption dégrade la note de nos pays du point de vue économique. A l’échelle internationale, elle ne reflète pas une bonne image de nos pays et peut décrédibiliser ces derniers. Elle n’est pas gage de sécurité pour les investisseurs et peut compromettre les Investissements directs étrangers (Ide). Ensuite, sur le plan démocratique, elle n’est pas garante des droits des citoyens s’il y a une priorisation de certains aux dépens de la majorité de la population. Ce qui risquerait, sans nul doute, d’engendrer des disparités sociales par rapport aux services rendus et de contrarier même le principe d’égal accès aux services publics.
Solutions contre la dédramatisation de la corruption : Mieux vaut tard que jamais ! Le phénomène de la corruption, même s’il subsiste, des solutions ne manquent pas afin d’endiguer ce fléau. Mais pour ce faire, toutes les parties prenantes doivent s’y immiscer. Le Sénégalais lambda, les agents publics, les fonctionnaires, les autorités administratives et judiciaires, le secteur privé, la Société civile sont tous concernés. Au Sénégal, des efforts sont notés çà et là, avec l’existence de corps de contrôle tels que l’Ofnac, la Cour des comptes, l’Ige, et plus récemment le Pool judiciaire financier qui fait d’ailleurs un travail remarquable par rapport à la délinquance économique et financière. Cependant, le fait de multiplier des ateliers de sensibilisation au niveau des contrées et des zones les plus reculées ne ferait que s’inscrire dans une logique de conscientisation des citoyens et des acteurs concernés. Cette sensibilisation va de pair avec une exemplarité qui doit émaner de l’Etat central pour servir d’exemple. A cela s’ajoute l’impératif de durcir notre politique d’anti-corruption en élargissant les compétences des autorités habilitées à ce sacerdoce.
Toutefois, la probité et l’éthique sont des valeurs cardinales qui doivent occuper une place primordiale dans la conduite des actions gouvernementales, dans la gestion des affaires publiques et dans la satisfaction de l’intérêt de l’usager africain et sénégalais, aussi minime soit-il. Le juge Kéba Mbaye, dans sa leçon inaugurale sur l’éthique du 14 décembre 2005 à l’Ucad, disait : «Demandons-nous chaque fois que nous sommes tentés d’avoir un comportement non éthique, ce que serait la vie si chacun faisait comme nous. Demandons-nous ce que serait une société de délateurs, de profiteurs, de voleurs, de corrupteurs et de corrompus, d’indisciplinés, d’insouciants, d’égoïstes, de fraudeurs ; la liste est longue mais la réponse est une : ce serait une société vouée à l’échec, et peut-être à la déchéance et à la misère matérielle et intellectuelle. Alors, évitons de tels comportements.»
Medoune SALL Etudiant en Master 1 en Droit Public Université Gaston Berger de Saint-Louis.
Sources :
Souka Souka, L’Afrique malade de ses militaires.
Leçon inaugurale du feu juge Kéba Mbaye, le 14 décembre 2005 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) : https://www.ohada.com/uploads/actualite/734/lecon-inaugurale-keba-mbaye.pdf.
Rapport publié par Afrobarometer intitulé : Les Sénégalais déplorent la hausse du niveau de corruption mais craignent des représailles en cas de dénonciation – https://www.afrobarometer.org/wp- content/uploads/2022/02/ad462-senegalais_deplorent_une_hausse_de_la_corruption- afrobarometer-10juillet218.pdf.
SECTEUR INDUSTRIE, LA PRODUCTION EN HAUSSE
En mars 2025, la production industrielle hors égrenage de coton se relève de 19, 7% relativement à celle de la même période en 2024.
En mars 2025, la production industrielle hors égrenage de coton se relève de 19, 7% relativement à celle de la même période en 2024. Cette évolution est imputable au bond des industries extractives estimé à 75%, dû principalement à la prise en compte du démarrage de l’extraction de pétrole au Sénégal. L’accroissement de la production des industries environnementales de 10, 1% et, dans une moindre mesure, celle de l’électricité et de gaz de 0, 5% a également renforcé l’évolution de la production industrielle sur la période sous revue, selon le dernier Indice harmonisé de la production industrielle (Ihpi) de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd).
La production industrielle sénégalaise est à la hausse. En mars 2025, la production du secteur a crû de 19, 7% par rapport à la même période en 2024. Une hausse liée, selon l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd), au bond des industries extractives dû principalement à la prise en compte du démarrage de l’extraction de pétrole au Sénégal, de la production des industries environnementales et, dans une moindre mesure, de celle de l’électricité et de gaz.
«En référence au mois correspondant de 2024, la production des industries extractives enregistre un bond de 75% en mars 2025, principalement en raison du démarrage de l’extraction du pétrole au Sénégal, ainsi qu’à la hausse de l’activité d’extraction de minerais métalliques de 18, 3% et des autres industries extractives, 6, 6%, sur la période sous revue. De même, la production au cours des trois premiers mois de 2025 s’améliore de 65, 5%, comparativement à celle de la période correspondante de 2024», mentionne l’Ansd.
La production des industries environnementales se bonifie de 10, 1% en mars 2025, comparativement au même mois en 2024. L’agence impute cette évolution à la «progression notée dans l’activité de traitement et d’élimination des déchets évaluée à 10% sur la période sous revue. De même, la production au cours des trois premiers mois de 2025 s’améliore de 20, 9%, comparativement à celle de la période correspondante de 2024».
Quid de la production d’électricité, de gaz et d’eau qui s’est revigorée de 0, 5% ? L’Indice harmonisé de la production industrielle (Ihpi) renseigne que «cette augmentation est imputable à la hausse notée dans la production d’eau de 2, 3%».
Toutefois, précise l’agence dans ce document, «la production d’électricité et de gaz a fléchi de 0, 1% sur la période sous revue. En cumul, sur les trois premiers mois de l’année 2025, la production d’électricité, de gaz et d’eau progresse de 0, 3%, comparée à celle de la période correspondante de 2024».
En revanche, souligne l’indice, «en mars 2025, la production manufacturière se rétracte d’1, 7%, relativement à celle de la même période de 2024. Cette diminution est attribuable principalement à l’amoindrissement de l’activité de fabrication des matériaux minéraux évalué à 23% et des produits agroalimentaires reculant de 9, 2%.
Toutefois, il est observé une hausse des produits du raffinage et de la cokéfaction de 36, 5%, métallurgiques et de fonderie 20, 7%, de papier et carton 13% et des produits chimiques et pharmaceutiques 5, 2% sur la période sous revue.
Sur les trois premiers mois de 2025, la production des industries manufacturières se renforce de 3, 9%, comparativement à son niveau de la période correspondante en 2024».
Quant à la production de l’activité d’égrenage de coton, elle «a plus que quadruplé par rapport à la même période de l’année 2024, durant laquelle son niveau était très faible. En cumul, sur les trois premiers mois de 2025, la production totale d’égrenage de coton a également augmenté de 43, 1%, en comparaison avec son niveau de la période correspondante en 2024».
LE «KATAKLE», 27E PIECE DU TRESOR ROYAL D’ABOMEY, DE RETOUR
BENIN 133 ans après avoir été pillé - La Finlande restitue ce 13 mai 2025 au Bénin un trésor disparu depuis de nombreuses années.
La Finlande restitue ce 13 mai 2025 au Bénin un trésor disparu depuis de nombreuses années. Cette pièce, un kataklè – un siège royal à trois pieds provenant du Dahomey – a été retrouvé au Musée national finlandais (Kansallismuseo) grâce au travail mené par une historienne de l’art et à une conservatrice du Kansallismuseo. Une enquête à laquelle RFI a collaboré.
C’est la ministre finlandaise de la Culture, Mari-Leena Talvitie, qui va remettre le siège aux autorités béninoises. La cérémonie se déroulera au palais de la Marina au siège de la présidence, signe que l’événement revêt une certaine importance. Ce sera là une restitution très symbolique car ce kataklè constitue la 27e pièce du trésor royal d’Abomey. Les 26 premières avaient été restituées le 9 novembre 2021 par la France au Bénin. Il s’agissait là de biens pillés en 1892 par le colonel français Alfred Amédée Dodds lors du sac de la ville d’Abomey. Parmi les biens restitués à l’époque, il y avait des statues royales anthropomorphes, des récades, des portes du palais royal d’Abomey, des trônes ainsi que des sièges. Et parmi ceux-ci, il y avait déjà un kataklè.
Ce second siège royal à trois pieds, qui va être rendu aujourd’hui, a été récemment retrouvé au Musée national de Finlande. Identifié après une longue enquête menée par l’historienne de l’art, Marie Cécile Zinsou, et par l’une des conservatrices de ce musée, Pilvi Vainonen, enquête à laquelle RFI a collaborée. Comment cette pièce s’est-elle retrouvée à Helsinki ? Par un échange réalisé en 1939 par le musée de l’Homme (de Paris) avec le Musée national de Finlande. Une pratique courante à l’époque. Le musée de l’Homme, qui venait de succéder au musée d’Ethnographie du Trocadéro, souhaitait alors enrichir ses collections d’objets finno-ougriens de la vie quotidienne. Il a donc envoyé à Helsinki une quarantaine d’objets provenant surtout d’Afrique et d’Asie. Et dans le lot, il y avait donc ce kataklè. À Helsinki, le siège ne sera jamais exposé. Il atterrit dans les réserves du Musée national de Finlande où il va rester durant de nombreuses années. Mais les conservateurs vont au fil du temps perdre sa trace car il a été référencé comme étant un bien du Dahomey.
C’est lors des cérémonies de restitution à Cotonou, qu’une source proche du dossier confie au journaliste Pierre Firtion qu’une œuvre serait manquante. Intrigué, il s’interroge : et si c’était vrai ? Pourquoi n’a-t-elle pas été restituée avec les autres ? Où se trouve cette mystérieuse 27e œuvre ? Avec l’aide d’une historienne de l’art et d’une conservatrice d’un musée européen, le journaliste mène l’enquête entre Cotonou et Paris, en passant par Helsinki et Marseille. Il sera finalement identifié et retrouvé grâce à la persévérance de la conservatrice Pilvi Vainonen. Après avoir été donné au Musée d’ethnographie du Trocadéro à la fin du XIVe siècle, puis avoir été transféré en Finlande à la veille de la Seconde Guerre mondiale, le kataklè vient tout juste de retrouver sa terre d’origine, 133 ans après l’avoir quittée. Le siège est arrivé le 12 mai à Cotonou, transporté avec grande précaution par la délégation finlandaise…