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24 mai 2025
CEDEAO, CHANGER OU PÉRIR
Entre crises politiques, montée du terrorisme, criminalité transfrontalière, entre autres, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est aujourd’hui confrontée à plusieurs défis.
Entre crises politiques, montée du terrorisme, criminalité transfrontalière, entre autres, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) est aujourd’hui confrontée à plusieurs défis. Ce, malgré ses succès reconnus en matière d’intégration africaine, de paix et de sécurité, de libre circulation des personnes et des biens mais également de bonne gouvernance. Toutefois, elle doit surtout faire face au départ du Mali, du Burkina Faso et du Niger. Le retrait de ces pays qui viennent de créer l’Alliance des Etats du Sahel (AES), met en lumière des fractures profondes au sein de la région. Le constat a été fait hier, lundi, 24 février, lors de l’ouverture de la Conférence préparatoire au Colloque marquant le cinquantenaire de la CEDEAO sur le thème « la CEDEAO, 50 après : changer ou périr »
L ’inquiétude grandit après le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la CEDEAO. Pour cause, le divorce entre l’organisme régional et ces pays considérés comme des membres stratégiques pourrait remettre en question la sécurité, la stabilité et la libre circulation des personnes et des biens dans la région ouest-africaine. Réunis hier, lundi 24 février, à l’occasion de l’ouverture de la conférence préparatoire au Colloque marquant le cinquantenaire de la CEDEAO sur le thème « la CEDEAO, 50 après : changer ou périr », des membres du Comité scientifique d'Africajom Center, des diplomates, des experts de la sousrégion, des universitaires, des femmes et des jeunes ont listé les défis auxquels fait actuellement face l’organisme régional. « Le premier grand défi de la CEDEAO, c'est le départ des trois pays. Ce n'est pas n'importe quels pays. C'est pratiquement le cœur vibrant du Sahel : le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Je pense que ces défis étaient déjà inscrits dans ce qu'on a construit comme le G7 Sahel », a déclaré d’emblée le fondateur de Afrikajom Center, Alioune Tine. En effet, le départ de ces pays constitue une crise politique et économique sans précédent dans la région ouest africaine. C’est pourquoi, dans sa communication, le coordonnateur du mouvement citoyen « Tournons la page » au Togo, David Dosseh indique « qu’il est clair que notre institution commune traverse une grande zone de turbulence avec le départ des trois pays de l'AES ». « Ce départ constitue à mon sens une évolution presque logique compte tenu des contradictions internes à l'organisation, au manque de leadership et compte tenu surtout de la position hégémonique de la conférence des Chefs d'États et de Gouvernements qui imprime un fonctionnement rigide et peu démocratique de l'institution », a fait savoir David Dosseh. A l’en croire, la CEDEAO a été incapable de mettre en place une série de réformes indispensables à son renouveau. « Elle a été incapable du coup de procéder à cette mutation vers la CEDEAO des peuples qui aurait pourtant accru son aura, qui lui aurait davantage conféré de crédibilité et qui lui aurait permis d'obtenir et d'avoir le soutien indispensable des peuples », a-t-il souligné.
Prenant la parole, le représentant de la CEDEAO, Constant Gnacaja a abondé dans le même sens. Il s’est interrogé sur ce qui fait qu’aujourd’hui, la CEDEAO n'est pas la communauté des peuples. « Les défis, nous les connaissons tous. Quand ça arrange les Etats, ils font appel à la CEDEAO. Quand ça ne les arrange pas, ils montrent leur souveraineté. C'est de ce seul mal que nous souffrons », at-il dit. En effet, la multiplication des crises politiques est réelle en Afrique de l’Ouest. « La région est confrontée à une montée du terrorisme, des coups d'État récurrents au Mali, au Niger, au Burkina. On sait qu'il y a la Guinée et il y a une espèce d'impuissance à la fois, et de l'organisation régionale et de l'organisation multinationale, les Nations Unies, à se dresser face à ce qui se passe en Guinée-Conakry », déplore Alioune Tine. A ces pays qui préoccupent la CEDEAO, s’ajoute le Togo où « il n’y a jamais eu d’alternance au Togo et il y a des formes de contournement de l’alternance et de pérennisation de régime », précise le fondateur du think tank Africajom Center
Parmi les défis auxquels fait face la CEDEAO, il y a aussi la criminalité transnationale, le trafic de drogue et d'êtres humains ainsi que l'exploitation illégale des ressources naturelles, qui menacent la sécurité régionale et affaiblissent les Etats membres
Le CEDEAO est également confrontée à une faiblesse institutionnelle. Selon Alioune Tine, « les capacités institutionnelles réduites et limitées de la CEDEAO entravent son efficacité dans la prévention et la résolution des conflits ». Le fondateur de Afrikajom Center pointe aussi du doigt l’absence d’attractivité de la jeunesse auprès de la CEDEAO. « Contrairement à ce qui se passait pour la génération des années 90, qui se bat pour les droits humains, pour la démocratie, nous avons une jeunesse qui soutient des dictateurs », regrette Alioune Tine. Ces défis économiques, politiques et géopolitiques remettent donc au goût du jour l’urgence d’une solution à la hauteur pour la CEDEAO..
REINVENTION DE LA CEDEAO : LA RECETTE DE ALIOUNE TINE
Face aux crises qui secouent la région ouest-africaine, la CEDEAO est sommée de hâter le pas pour retrouver sa place d’antan. De l’avis du fondateur de Afrikajom Center, il faut « réinventer, refonder, réformer, réparer et soigner les institutions malades de la CEDEAO ». « Il n'y a pas d'autres alternatives pour sauver la CEDEAO », précise Alioune Tine. Il propose également de « renforcer le dialogue avec les États sortants, c’est-à-dire les États de l'AES, d’engager toutes les initiatives diplomatiques si nécessaires, en vue de réconcilier la CEDEAO avec les États membres et les citoyens de la CEDEAO notamment en ciblant particulièrement les jeunes et les femmes, d’intégrer le développement politique, économique et social dans les réponses sécuritaires ». Le fondateur d’Afrikajom Center recommande « d’engager une réflexion pointue sur le partenariat sécuritaire international », « d’élaborer une géopolitique », de « renforcer la coordination entre les États et les organisations de la société civile » entre autres.
CONSTANT GNACAJA, REPRESENTANT DE LA CEDEAO : « IL FAUDRAIT QU’ON S’ADAPTE AUX DEFIS ET QU’ON TRAVAILLE A TROUVER DES SOLUTIONS »
« Les 50 ans de vie d’une institution, ce n’est pas une mince affaire. 50 ans de vie pour une personne, ce n’est pas non plus une mince affaire. Il y a des hauts et des bas. Si nous avons des problèmes, reconnaissons qu’il y a des problèmes et dialoguons autour de ces problèmes pour pouvoir trouver des solutions. Nous sommes dans une époque différente de 1975, l’année de naissance de la CEDEAO. Si 50 après, il y a de nouveaux défis, je pense qu’il faudrait qu’on s’adapte aux défis et travailler à trouver de solutions. Nous travaillons pour cela. La CEDEAO est ici représentée parce qu’elle croit à cette initiative de Afrikajom Center. Nous sommes en train de travail pour mettre en place le conseil économique, social et culturel de la CEDEAO pour renaitre les organisations de la société parce que quand nous parlons de la CEDEAO des peuples, il faudrait que ça soit une masse critique de citoyens qui puissent porter la vision de la CEDEAO, parler de ses réalisations et qu’on ne puisse plus laisser place aux fakenews ».
ALPHA OUMAR BA, REPRESENTANT DE LA DELEGATION GUINEENNE AU NOM DU FRONT REPUBLICAIN POUR DES ACTIONS PATRIOTIQUES, (FRAP) : «Nous sommes préoccupés du fait que la CEDEAO n'a pas assez de pouvoir pour obliger la Guinée à respecter les droits de l'homme»
«En tant que Guinéens, nous sommes préoccupés dans la mesure où la Guinée et la CEDEAO, il y a un an, avaient signé une date limite pour la transition. C’était le 31 décembre 2024. Aujourd'hui, on n'a pas respecté cela. Vous savez qu'il y a un problème de crédibilité de la CEDEAO à ce niveau. La Guinée a failli basculer à l'AES. S’il y avait ce respect de la bonne gouvernance et de la démocratie, je pense que notre pays ne serait pas à ce niveau-là. Donc, nous n'avons pas de solutions miracles en ce moment. Nous sommes plutôt préoccupés du fait que la CEDEAO n'a pas assez de pouvoir, n'a pas assez de force pour obliger la Guinée à respecter les droits de l'homme, à respecter un engagement signé par le Chef de l'État, luimême, qui était là, le colonel Doumbouya, la junte militaire, qui s'était engagé solennellement et aujourd'hui, rien n’est respecté ».
LIBRE CIRCULATION DES PERSONNES ET BIENS, MECANISMES DE LUTTE CONTRE LA CORRUPTION, PARLEMENT CEDEAO… Babacar Carlos Mbaye liste les réussites et succès de la CEDEAO
De la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace communautaire, en passant par le droit de résidence et d'établissements jusqu’à la mise en place des mécanismes de prise en charge des questions de droits de l'homme, de lutte contre la corruption, le consultant indépendant en Relations internationales, Intégration régionale et Gouvernance politique, Babacar Carlos Mbaye a cité des progrès accomplis par la CEDEAO au cours de ces 50 ans d’existence. Traitant le thème « les réussites et les succès de la CEDEAO », il a aussi magnifié la politique régionale de l'eau, la politique industrielle et commune de l'Afrique de l'Ouest, la politique de l'emploi, la politique de santé à travers l'organisation ouest-africaine de la santé. Par les réalisations de la CEDEAO, Babacar Carlos Mbaye cite aussi la création d'un cadre juridique favorable au renforcement de la démocratie, l’établissement d’un réseau d’institutions nationales des droits de l’homme en Afrique de l’Ouest. Selon le consultant indépendant en Relations internationales, Intégration régionale et Gouvernance politique, il existe un Parlement et une Cour de justice de la CEDEAO qui a un mandat de tribunal des droits de l'homme. « Elle devrait être suivie par le Conseil économique et social qui tardera à être mise en place, mais je pense que ça va se faire très prochainement », a-t-il dit. Aux réussites de la CEDEAO, s’ajoutent la prise d’instruments d'autonomisation comme l'adoption d'une convention sur la circulation des armes légères et mécaniques, la mise en place d'un système régional d'alerte précoce, l’interconnexion des réseaux électriques et l’appui aux systèmes de production de l’électricité de l’espace CEDEAO, la mise en place d’une agence consacrée à la sécurité alimentaire.
L’ETAT DU SENEGAL INTRANSIGEANT SUR LA QUESTION DE L’INDEPENDANCE
L’Etat du Sénégal très ferme a immédiatement rejeté cette question de séparation soulevée par le Mfdc. Lors de cette rencontre tenue en Guinée Bissau, certains points signés lors des accords de 2023 ont été enrichis.
Pas question d’une séparation de la Casamance ! Les plénipotentiaires sénégalais restent fermes sur le problème politique de l’indépendance soulevée par les ailes réunifiées du Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (Mfdc) lors du conclave de Bissau.
L’Etat du Sénégal très ferme a immédiatement rejeté cette question de séparation soulevée par le Mfdc. Lors de cette rencontre tenue en Guinée Bissau, certains points signés lors des accords de 2023 ont été enrichis. Les modalités du dépôt des armes et les mesures à prendre à ce sujet ont été discutés lors de ce conclave portant sur quatre points soulevés par le mouvement irrédentiste et allant des questions sécuritaires aux questions politiques en passant par les questions de justice et les engagements des ailes politiques et combattantes unifiées du Mfdc.
La lancinante question de l’extradition qui pèse sur certains responsables de l’aile extérieure du Mfdc a fait l’objet d’échanges. Toutefois, pour la question de l’amnistie abordée au cours de ce conclave de Bissau, le Comité provisoire des ailes réunifiées du Mfdc devra élaborer un mémorandum sur les faits visés tout comme il devra fournir une liste les personnes concernées sur la demande de grâce présidentielle qui ne peut être accordée qu’après condamnation définitive de la justice.
L’Etat du Sénégal a pris acte des engagements du comité provisoire, tout en précisant que le déminage humanitaire en Casamance et la sécurisation du processus de retour concerté des refugiés et des déplacés sont pris en compte par le Plan Diomaye Pour la Casamance. Les deux parties, celle dirigée par l’Amiral Pape Farba Sarr pour l’Etat du Sénégal et celle du Mfdc et de ses ailes réunifiées sous la houlette du chef rebelle César Atoute Badiate ont convenu de la mise en place d’une commission mixte de supervision et du suivi de l’application de l’accord de Bissau, conformément aux dispositions dudit accord. Ces accords paraphés à Bissau entre l’Etat du Sénégal et le Mfdc sonnent-ils comme un nouveau tournant dans la recherche d’une paix définitive en Casamance ?
La question trouve toute sa pertinence sur certaines décisions prises par l’Etat du Sénégal qui marque son empreinte sur un processus de paix qui aborde une nouvelle phase rassurante. Mais, à la lumière de ce qui s’est dit à Bissau, tout semble tourner autour de l’évaluation des accords déjà signés avec le Mfdc en Août 2023. Aujourd’hui, les deux parties veulent aller plus loin que les simples déclarations faites après ces accords signés entre le Mfdc et l’Etat du Sénégal.
Il faut rappeler qu’en 2023, l’Etat du Sénégal a paraphé un protocole d’accord avec le front sud du Mfdc et la faction de Diakaye qui ont convenu de déposer les armes pour fortifier un processus de paix qui prend un nouvel élan. Ces conclusions prises à Bissau pourraient être un déclic sur l’instauration d’une paix définitive en Casamance et une bouffée d’oxygène pour des populations du sud entrainées dans une psychose de près de quarante ans de conflit en Casamance.
Des ailes réunifiées du Mfdc dans la mouvance de ces accords, reste à convaincre la faction du chef rebelle Salif Sadio toujours réticente qui semble se démarquer de ces accords. Les éléments de ce chef rebelle non concernés ou « pas impliqués » continuent de briller par leur indifférence à ces discussions avec l’Etat du Sénégal même s’ils adoptent depuis une posture « calme » Qui pour enclencher des discussions avec cette faction « radicale » de Salif Sadio aphone depuis le démantèlement des bases rebelles du Nord Sindian par l’armée Sénégalaise. Le chef rebelle se « cantonne » t-il dans son ancienne posture et exigeante au point qu’il est difficile voire « impossible » d’enclencher des discussions avec lui ? Ou l’Etat du Sénégal cherche-t-il d’abord à rassembler des factions du mouvement qui affichent leur volonté de cheminer pour cette paix avant de s’orienter vers Salif Sadio ? Des interrogations qui méritent d’être soulevées surtout que depuis la médiation de Sant’Egidio qui avait permis la libération des sept soldats sénégalais capturés dans la zone frontalière avec la Gambie par les hommes de Salif Sadio en 2022, les contacts avec le chef rebelle sont devenus rares pour ne pas dire inexistants.
Le chef rebelle et ses hommes ont fini par se replier sur eux-mêmes qualifiant souvent les discussions entre les autres factions rebelles et l’Etat du Sénégal de compromis par leurs frères d’armes. Si pour bon nombre d’observateurs, la paix définitive en Casamance passe par la réunification de toutes les factions rebelles, y compris celle de Salif Sadio pour d’autres en multipliant ces accords avec des factions rebelles en phase avec le processus de paix, la Casamance frappée par des décennies de conflit n’est plus loin du bout du tunnel. Avec le rôle désormais joué par les voisins de la Guinée Bissau et de la Gambie, zones de repli souvent des éléments du Mdfc, l’espoir est permis pour une paix définitive en Casamance. Reste à convaincre certaines poches de résistance à adhérer a ce processus de paix désormais dans une nouvelle dynamique qui suscite beaucoup d’espoir pour les populations du sud qui attendent de voir du concret.
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LES UNES DE LA PRESSE DE CE MARDI 25 FEVRIER 2025
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil, Le Témoin Quotidien
Sud Quotidien, Walf Quotidien, Yoor-Yoor Bi, L'Observateur, Libération, Le Quotidien, Enquête, Vox Populi, Le Verdict News, L'As, Record, Le Soleil, Le Témoin Quotidien
texte collectif
CULTURE ET NATURE EN DANGER
Autour de la Maison Ousmane Sow, la frénésie des constructions a entraîné l’apparition d’un dépôt de ciment, issu des chantiers environnants, qui attaque directement les sculptures. Ces œuvres, trésors d’une richesse inestimable, sont en péril
Le Sénégal se trouve à un carrefour critique, où la préservation de son héritage culturel et de son environnement devient une urgence. Face à des menaces croissantes sur ses trésors naturels et artistiques, une coalition d’intellectuels, d’artistes et d’acteurs économiques lance un appel à l’action. Il est temps de réconcilier modernité et tradition, et de protéger un patrimoine unique qui pourrait disparaître si des mesures radicales ne sont pas prises. La survie de notre identité et de notre environnement est en jeu : il est impératif d'agir avant l’effacement irrémédiable.
Quand les feuilles tremblent, ce n’est pas l’affaire des racines - Wole Soyinka
L’Afrique, terre de mémoire et d’espérance, berceau de récits millénaires et d’horizons ouverts sur l’infini de l’univers, vacille aujourd’hui entre l’éclat d’un patrimoine inestimable et les ombres menaçantes de la modernité mal apprivoisée. Son âme culturelle, fragile écrin de vérités profondes, et son environnement, miroir de ses légendes et gardien de ses peuples, appellent à un sursaut. Car le temps presse, et le silence des actions pourrait bientôt laisser place au fracas de pertes irréparables.
Le Sénégal, emblème de cette Afrique résiliente, dépasse le simple territoire : il est notre histoire vivante, notre espace économique partagé, et un site culturel d'une richesse immense, trop souvent négligée. C’est sur cette terre que se forgent nos espoirs, nos luttes et nos rêves collectifs. Pourtant, dans ces terres sénégalaises, nous sommes témoins d’une dégradation alarmante de l’environnement et des œuvres d’art, menaçant notre patrimoine naturel et culturel, pilier de notre identité commune.
Ces préoccupations nous hantent. Elles rappellent que les débats sur l'Afrique ne sont pas l'apanage des politiques. Ils engagent chacun de nous, car l'avenir de notre continent est une responsabilité partagée.
Il existe une urgence, non de simples mots mais de sens profond : celle pour le Sénégal de se réapproprier une souveraineté culturelle vacillante sous le poids d’un monde uniformisé. Comment peut-il laisser le vent de la mondialisation effacer les traces indélébiles de ses ancêtres, leurs danses, leurs contes, leurs savoirs ? Pourtant, des lieux témoignent encore de la grandeur de son génie créatif.
Par exemple, la Maison Ousmane Sow, par sa majesté et son souffle intemporel, raconte ce qu’est le corps humain : une vérité incarnée, un temple de résilience, un pont entre l’art et la science. Ces sculptures, immobiles et pourtant si vibrantes, rappellent que le passé nourrit l’avenir, que le geste ancestral peut éclairer les enjeux technologiques d’aujourd’hui.
Mais ce sanctuaire est menacé. Les dommages collatéraux de la boulimie foncière et de la désorganisation urbanistique ont des conséquences désastreuses sur la durabilité des œuvres. Autour de la Maison Ousmane Sow, la frénésie des constructions a entraîné l’apparition d’un dépôt de ciment, issu des chantiers environnants, qui attaque directement les sculptures. Ces œuvres, trésors d’une richesse inestimable, sont aujourd’hui en péril. À cela s’ajoute un problème crucial : l’urbanisation anarchique bloque l’accès à ce lieu d’art et de mémoire, érigeant des murs là où il faudrait des passerelles.
Quand les mots nous manquent face à ces défis, nous nous tournons encore vers le poète et l’artiste, ces échos des émotions profondes et des vérités silencieuses. Comme l’affirmait Wole Soyinka, « quand les feuilles tremblent, ce n’est pas l’affaire des racines. » Pourtant, nos racines, nourries par un passé fertile, doivent irriguer notre avenir. Il nous faut faut donc retrouver le pacte brisé : une harmonie avec l’environnement.
L’environnement sénégalais, ce vaste poème de sable, de forêts et de mers, murmure un appel à l’écoute. Le désert qui avance, les mangroves qui s’effacent, les forêts sacrées qui tombent sous les coups des tronçonneuses, tout cela dépasse la simple perte matérielle. C’est une déchirure de l’âme collective, une rupture du pacte scellé avec la terre par nos ancêtres.
Dans la Casamance des mythes et des génies protecteurs, la forêt n’était pas seulement un lieu. Elle était un sanctuaire, une mémoire vivante, un pont entre le visible et l’invisible. Mais aujourd’hui, le bruit de la modernité semble plus fort que le murmure des arbres. Pourquoi le Sénégal tournerait-il le dos à cette sagesse ancienne ? Pourquoi laisserait-il les lois aveugles de l’économie réduire la nature à une simple ressource, alors qu’elle est avant tout une alliée ?
L’Afrique, ce continent fertile, a produit des arbres majestueux dont les racines s’étendent au-delà des frontières de ses États. Ces racines doivent nourrir nos peuples, faire fleurir nos espoirs et porter des fruits pour les générations futures. Renouer avec ces pratiques n’est pas une régression, mais un acte de lucidité, un retour à l’essentiel : construire un roman culturel collectif
Pour que l’Afrique rayonne, il faut construire un roman culturel collectif, ancré dans nos mythes, nos légendes et nos récits. Toute civilisation survit par la force de ses histoires. Nos paysages, traditions, rites, littératures et mémoires forment un grand tissu culturel, précieux et fragile, qui porte notre continent, notre humanité et nos rêves partagés.
La Maison Ousmane Sow, tel un phare, peut guider ce renouveau. Elle est la preuve que la culture, loin d’être un luxe, est un moteur de transformation. Elle montre que l’art peut être à la fois ancrage et envol, qu’il peut inspirer des réponses aux défis contemporains. Mais elle ne pourra remplir ce rôle que si elle est préservée, si son accès est garanti, si elle devient le symbole d’une ville pensée pour ses habitants et non contre eux.
Notre cri de cœur est donc un appel à l’action et à l’espoir.
Ce n’est pas un adieu, mais une promesse que le Sénégal doit se faire à lui-même, une promesse que ses enfants doivent porter : celle de ne pas sombrer. Préserver sa souveraineté culturelle et retrouver son harmonie avec l’environnement ne sont pas des choix secondaires. Ce sont des nécessités vitales, des actes d’amour pour sa propre identité et pour les générations à venir.
Alors qu’il se relève. Qu’il protège ses trésors. Qu’il planifie ses villes avec sagesse. Qu’il réconcilie modernité et nature. Qu’il inspire sa jeunesse avec les exemples de ses géants, comme Ousmane Sow. Qu’il montre au monde qu’un Sénégal en harmonie avec lui-même peut devenir un modèle universel.
Le temps presse, mais il n’est pas trop tard. Qu’il agisse, avant que les échos de ses richesses ne deviennent de simples souvenirs.
Signataires de l’appel pour la souveraineté culturelle
Acogny, Germaine – Fondatrice École des Sables
Anne, Mama – Productrice Audiovisuelle, Suisse
Badiane, Alioune – Artiste, Sénégal
Ba, Babacar – Consultant
Ba, Fatimata Kiné Diallo – Écrivaine, Sénégal
Bocoum, Hamady – Directeur de recherche-Classe Exceptionnelle, UCAD
Bounaffaa, Hicham – DG Phare des Mamelles
Celac, Catherine – Présentatrice/Journaliste
Dembele, Cheikh Raphaël – Ingénieur Économiste Logistique et Transports
Diagne, Amadou Lamine Sall – Poète, Lauréat des Grands Prix de l’Académie française
Diallo, Aïssatou – CEO La Maison BINAF SARL
Diallo, Maitre Boucounta – Avocat à la cour, Sénégal
Diokhane, Bara – Avocat, Sénégal
Diop, Aminata Johnson – Fondatrice de l’Agence Culturelle Africaine et du Pavillon Africain
Diop, Mamadou – Professeur, USA
Diop, Moustapha – DG
Daf, El Hadji Moctar – Inspecteur Principal Navigabilité des aéronefs, Enquêteur technique accidents et incidents d'avions
Dike, Ifeoma – Art Advisor
Dione, Boubakar – Directeur juridique de Bpifrance
Fall, Me Ousseynou – Avocat à la cour
Fall, Me Aly – Bâtonnier élu du Barreau du Sénégal
Fortes, Laura – Journaliste, RTS 1
Gueye, Ousmane – Artiste, Sénégal
Kane, Amadou – Ancien Ministre, Ancien PDG Banque BICIS
Kane, Amadou Elimane – Écrivain, France
Kane, Pape Samba – Journaliste, écrivain, Dakar
Kassé-Sarr, Fatou – DG Labell'Com et promotrice du Carnaval de Dakar Suñu Cosaan
Lamko, Koulsy – Écrivain, Directeur Hankili So Africa, Mexico
Loum, Moustapha – Ingénieur Agro-alimentaire
Mbaye, Malick – Expert supérieur en télécommunications et en informatique
Mboup, Fatou – Entrepreneure, Administratrice générale de la Fondation Amadou Mahtar Mbow pour les savoirs endogènes
Ndaw, Seyda Magatte – Opérateur économique
Ndiaye, Me Moustapha – Notaire, Président de la Biennale de Dakar
Ndiaye, Saïdou – Gérant, SND Consulting
Ngom, Pap' Amadou – Entrepreneur, Paris
Niang, Alioune Badara – Consultant, Sénégal
Sagna, Mahamadou Lamine – Enseignant/Chercheur, USA
Samb Sall, Ghaël – Présidente du Fonds d’Archives Africain pour la Sauvegarde des Mémoires et directrice des Éditions Vives Voix
Sarr, Bousso – Chef d’entreprise
Sarr, Seynabou Dia – CEO Global Mind Consulting Group
Senac, Gerard – Président Honoraire d’Eiffage Sénégal
Sidibé, Papa Mady – Investisseur professionnel
Sougoufara, Mama – DG ICS
Sow, David – Logistique Canal+Sénégal
Thiam, Chef Pierre – Culinary Ambassador, Agriculture Durable, États-Unis
EXCLUSIF SENEPLUS : La géopolitique des grandes puissances ne doit en aucun cas dicter les choix des dirigeants africains, qui doivent défendre leur peuple. C’est l’avis d'Aminata Touré.
La souveraineté du Sénégal et de l’Afrique doit être défendue sous tous ses aspects par les Sénégalais et les Africains, face à n'importe quel pays. Aucun impérialisme ne doit plus avoir droit de cité chez nous. C’est pour cela que l’unité de l’Afrique est pertinente, afin de défendre sa sécurité, régler ses problèmes collectivement, selon Aminata Touré, pour qui la politique des partenaires étrangers devrait être secondaire pour les Africains.
«C’est notre posture personnelle qui est importante. Ce que d’autres présidents vont faire doit être secondaire pour nous, pays africains. Le plus important, c’est quelles politiques vont servir nos propres intérêts que nous voulons mettre en place. C’est ça la démarche. Donald Trump ou pas, les Africains, ce qui devrait les intéresser, c’est comment gérer souverainement et ensemble leurs pays, industrialiser leur agriculture, former leurs jeunes et soutenir les femmes… »
Dans cette perspective, que la France perde de son influence en Afrique ne doit être le souci d’aucun Africain, selon le Haut Représentant du Président de la République, Aminata Touré, qui a trouvé « malheureuse » la sortie d’Emmanuel Macron face à ses ambassadeurs, où il accusait les Africains d’être ingrats et prétendait que la France n’est pas congédiée du Sahel mais partie de son propre chef.
En tout cas, les bases militaires étrangères en plein 21e siècle dans nos pays ne sont pas tolérables, d’après l’ancienne Garde des Sceaux. Aminata Touré est sans concession, qu’il s’agisse de la France, de la Russie, de la Chine ou de tout autre pays, cela « c’est terminé », a martelé Aminata Touré.
« La question d’avoir des bases dans les pays des autres est une question dépassée, c’est un anachronisme, ça n’existe nulle part. Au nom de quoi vous voulez avoir des bases dans les pays de quelqu’un d’autre ? C’est fini, c’est terminé », estime Aminata Touré.
Dans la même veine, que les États-Unis choisissent de renvoyer des étrangers de leur sol reste une décision souveraine, voire même légitime. Pour Aminata Touré, ce qui compte, c’est le Sénégal, c’est l’Afrique d’abord. Puisque de l’autre côté, Donald Trump professe à la ville et au monde l’Amérique d’abord, les Africains devraient aussi assumer de dire, d’assumer et de faire tout pour l’Afrique d’abord.
En revanche, dans le processus d’expulsion, les États-Unis devraient se comporter comme le pays civilisé qu’ils prétendent être, en respectant strictement les droits des émigrés. C’est le moment d’en donner la preuve. Parce qu’être émigré ne rime pas avec criminel.
JAMMEH, EL BECHIR... SUR LA LISTE DES DIX ANCIENS DIRIGEANTS LES PLUS RECHERCHES
Quatre des dix anciens chefs d’État les plus recherchés pour leur implication présumée dans des crimes contre l’humanité durant leur mandat sont originaires d’Afrique. Il s’agit de dirigeants de la Gambie, du Soudan, de la République centrafricaine et...
Quatre des dix anciens chefs d’État les plus recherchés pour leur implication présumée dans des crimes contre l’humanité durant leur mandat sont originaires d’Afrique. Il s’agit de dirigeants de la Gambie, du Soudan, de la République centrafricaine et de l’Éthiopie.
Parmi eux, l’ex-président gambien Yahya Jammeh, en exil en Guinée équatoriale après sa défaite électorale de 2016, Omar el-Béchir, ancien dirigeant soudanais incarcéré depuis sa destitution en 2019, François Bozizé, réfugié en Guinée-Bissau après son éviction en Centrafrique, et Mengistu Haile Mariam, qui vit au Zimbabwe depuis sa chute au début des années 1990.
La semaine dernière, Justice Info a publié une liste accablante des dix dirigeants actuels et anciens visés par des accusations de crimes contre l’humanité, qualifiant ce groupe de « club très exclusif ».
Parmi les figures non africaines figurent le président russe Vladimir Poutine, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l’ex-président syrien Bachar al-Assad, aujourd’hui en exil en Russie. D’autres dirigeants recherchés incluent Sheikh Hasina du Bangladesh, Haibatullah Akhundzada, chef des talibans, ainsi qu’un ancien dirigeant birman.
Le rapport est accompagné d’une carte interactive indiquant les pays d’origine de ces dirigeants et les lieux où certains d’entre eux vivent actuellement en exil.
Vers un tribunal spécial pour juger Yahya Jammeh
En Afrique de l’Ouest, les dirigeants régionaux se sont engagés à accélérer la mise en place d’un tribunal spécial hybride pour juger l’ex-président gambien Yahya Jammeh. Ce dernier est accusé d’une série de violations graves des droits humains sous son régime autoritaire, qui s’est étendu sur 22 ans, jusqu’en 2016.
Les crimes présumés incluent des assassinats, des disparitions forcées, des actes de torture et des viols. Bien qu’aucun mandat d’arrêt n’ait été émis contre lui, Jammeh nie toute implication. Parmi les exactions documentées entre juillet 1994 et janvier 2017 figurent également l’exécution sommaire d’au moins 240 personnes, dont de nombreux opposants politiques, ainsi que l’administration d’un faux traitement contre le sida à des patients non avertis.
El-Béchir : un mandat d’arrêt international en vigueur
Concernant Omar el-Béchir, la Cour pénale internationale (CPI) a émis deux mandats d’arrêt à son encontre, le 4 mars 2009 et le 12 juillet 2010. L’ex-président soudanais est poursuivi pour crimes de guerre – notamment des pillages et des attaques contre des civils – ainsi que pour crimes contre l’humanité, incluant meurtres, extermination, transferts forcés, tortures et viols.
La CPI l’accuse également de génocide, estimant qu’il a intentionnellement provoqué la destruction de groupes ethniques en leur infligeant des conditions de vie insoutenables. Ces crimes auraient été commis dans la région du Darfour, notamment après l’attaque de l’aéroport d’El-Fasher en 2003, et jusqu’au 14 juillet 2008.
Bozizé et Mengistu : des condamnations déjà prononcées
L’ancien président centrafricain François Bozizé fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis le 27 février 2024 par la Cour pénale spéciale (CPS) de Bangui. Il est accusé de crimes contre l’humanité pour des massacres commis entre février 2009 et mars 2013 par sa garde présidentielle et ses forces de sécurité. Les charges portent également sur des assassinats, des disparitions forcées, des actes de torture, des viols et d’autres traitements inhumains infligés aux détenus de la prison civile et du camp militaire de Bossembélé, au centre du pays.
Quant à Mengistu Haile Mariam, ancien dirigeant éthiopien, il a été reconnu coupable de génocide et de crimes contre l’humanité par la Haute Cour fédérale d’Addis-Abeba. Condamné à la prison à perpétuité par contumace le 28 décembre 2006, il a été jugé responsable des purges sanglantes entre 1977 et 1978.
En tant que leader du régime militaire du Derg, Mengistu a orchestré une répression impitoyable, visant à éliminer toute opposition politique. Le tribunal a établi que plus de 2 000 personnes ont été exécutées sous son commandement, dont des membres de la famille royale éthiopienne, tandis que plus de 2 400 autres ont subi des actes de torture.
Selon Justice Info, le Code pénal éthiopien inclut les groupes politiques dans la définition du génocide, ce qui a permis d’établir les charges retenues contre lui.
LE PLAN DE LA FSB
Le Sénégal va naturaliser un basketteur américain pour renforcer son équipe nationale masculine, a révélé le président de la Fédération sénégalaise de basket-ball (FSB), Maître Babacar Ndiaye.
Le Sénégal va naturaliser un basketteur américain pour renforcer son équipe nationale masculine, a révélé le président de la Fédération sénégalaise de basket-ball (FSB), Maître Babacar Ndiaye.
»Je ne veux pas parler du poste du joueur qui sera naturalisé. L’entraîneur m’a soumis un joueur et la procédure est lancée. C’est un Américain », a-t-il précisé, dans un entretien paru ce lundi dans le quotidien sportif »Record ».
Le Sénégal a déjà naturalisé le basketteur américain Clevin Hannah en 2016 et son compatriote, Pierria Henry, en 2021
Selon le président de la FSB, l’instance fédérale de basket va utiliser le règlement permettant de »prendre un joueur naturalisé à défaut d’avoir des binationaux ».
L’équipe nationale de basket-ball a réalisé, dimanche, le carton plein dans les éliminatoires de l’Afrobasket 2025 en Angola.
Les Lions ont remporté leurs trois matchs et terminé premier du groupe C, devant le Cameroun et le Rwanda également, qualifiés pour l’Afrobasket.
Me Babacar Ndiaye a indiqué que le sélectionneur national, Ngagne Desagana Diop, a envoyé son plan de préparation qui sera soumis au ministre de la Jeunesse, des Sports de la Culture.
Il a souligné que le technicien, qui était absent du tournoi de Rabat (Maroc), a aussi fait l’expression de ses besoins.
»Nous allons discuter avec le ministère en fonction des moyens disponibles. Mais, toutes les dispositions seront prises pour mettre l’équipe dans de bonnes conditions », a ajouté Me Ndiaye.
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JE REGRETTE LE CHOIX DU BURKINA, DU MALI ET DU NIGER
EXCLUSIF SENEPLUS - Les plans nationaux contre le terrorisme gaspillent des ressources et facilitent les terroristes. Pour Cheikh T. Gadio, seul un effort global et coordonné peut répondre à ce péril
Cheikh Tidiane Gadio, président de l’Institut panafricain de stratégies (IPS), a animé une conférence samedi 22 février 2025 à l’université Cheikh Anta Diop sur les défis sécuritaires dans la sous-région, dans le cadre du colloque-hommage rendu à deux éminents historiens de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), les professeurs Abdoulaye Bathily et Boubacar Barry.
Fondé depuis plus d’une décennie, dans un contexte de violence terroriste en Afrique de l’Ouest, l’IPS mène des analyses et des études et propose des solutions pour venir à bout de cette guerre asymétrique imposée par les terroristes aux États souverains.
Mais Cheikh Tidiane Gadio a déploré le fait que les travaux et les alertes de l’IPS n’aient pas été pris en compte jusqu’à ce que le phénomène des attaques terroristes se généralise à presque tous les pays de la sous-région et s’étende au centre du continent.
Ancien ministre des Affaires étrangères, il attribue cette situation au manque de leadership des dirigeants de la sous-région, qui ne semblent pas prendre très au sérieux la question du terrorisme dans le Sahel.
En marge de cette conférence, M. Gadio, par ailleurs ancien député et ancien chef de la diplomatie sénégalaise, a accordé une interview exclusive à SenePlus TV sur différentes thématiques : les défis sécuritaires auxquels font face les pays de la CEDEAO, l’implosion de cette organisation, ainsi que la gestion des crises institutionnelles ayant secoué le Burkina Faso, le Mali et le Niger jusqu’à leur décision de quitter l’organisation supranationale pour créer un ensemble parallèle.
Cheikh Tidiane Gadio a également partagé ses analyses sur les méthodes raisonnables, selon lui, pour lutter contre le péril terroriste qui, si l’on n’y prend garde, pourrait infester l’ensemble du continent.
En effet, après s’être fortement installé dans la zone ouest-africaine, ce fléau s’est désormais étendu en Afrique centrale, notamment au Mozambique et en République démocratique du Congo, sans oublier qu’il sévit depuis longtemps en Afrique orientale avec les Al-Shebab, qui ont régulièrement fait parler d’eux en Somalie et parfois au Kenya.
L’invité de SenePlus n’a pas caché sa déception face à la scission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, qu’il dit regretter profondément. Ainsi, pour l’ancien ministre des Affaires étrangères, cette scission n’est pas une bonne décision de la part de ces trois pays, même s’il reconnaît sans détour que la CEDEAO n’a pas fait preuve d’un réel engagement envers eux dans leur combat contre les terroristes.
Selon lui, établir un plan national de lutte contre le terrorisme pour chaque pays est un non-sens, car la menace est globale et nécessite donc une approche globale, d’où la nécessité d’unité.
À la décharge de l’organisation supranationale, Cheikh Tidiane Gadio a rappelé que, lors des premières années de ce fléau, certains pays, dont le Sénégal et même le Tchad - qui ne fait pas partie de la CEDEAO -, se sont mobilisés et ont envoyé des soldats combattre aux côtés du Mali.
Cependant, ces forces étaient essentiellement des forces de maintien de l’ordre, alors qu’il n’y avait pas d’ordre à maintenir dans ce contexte, mais des terroristes surarmés à combattre sans pitié.
Suivez l’entretien complet sur SenePlus TV et sur SenePlus.com.
UNE INTERPELLATION DE NOTRE SOCIÉTÉ
Le suicide récent d’un jeune étudiant, innocent et victime d’une barbarie, met en lumière une crise profonde au sein de notre société, où la désocialisation, la perte de croyance et l’exploitation des vulnérabilités prennent une ampleur inquiétante.
Le suicide récent d’un jeune étudiant, innocent et victime d’une barbarie, met en lumière une crise profonde au sein de notre société, où la désocialisation, la perte de croyance et l’exploitation des vulnérabilités prennent une ampleur inquiétante. Plus qu’un simple manque de compassion, nous assistons à une forme de cruauté intellectuelle et émotionnelle qui révèle une fracture sociale et morale.
Il existe un type de cruauté particulièrement pernicieux : celui qui frappe au moment où l’on est le plus vulnérable, lorsque l’esprit est accablé par le chagrin ou que l’on traverse des tempêtes silencieuses que personne ne peut voir. C’est une cruauté consciente, issue de personnes qui comprennent la souffrance d’autrui et choisissent pourtant d’y ajouter un poids supplémentaire. Cette indifférence calculée n’est pas seulement un manque de bienveillance passager, elle est le reflet d’une froideur qui va à l’encontre même de l’humanité et de l’empathie.
Ce phénomène témoigne d’un dysfonctionnement social profond où l’exploitation des faiblesses des autres devient une arme. Lorsque quelqu’un, en pleine détresse, se heurte à l’indifférence ou à la malveillance, cela ne fait qu’accentuer son isolement et sa souffrance. Cette réalité est d’autant plus inquiétante qu’elle touche aussi bien les sphères familiales, éducatives que professionnelles, créant un environnement où la confiance et l’entraide se dissolvent.
Infliger de la cruauté dans un moment de vulnérabilité ne révèle pas seulement un manque d’humanité, mais aussi un profond tourment intérieur chez celui qui agit ainsi. Ces comportements, bien qu’ils causent du tort, ne doivent pas altérer la valeur de ceux qui les subissent. Au contraire, ils mettent en évidence l’importance de cultiver la résilience et de s’entourer de personnes capables d’empathie, même dans les périodes sombres. Face à cette situation, il est impératif de repenser nos interactions sociales et d’œuvrer à la restauration de valeurs fondamentales telles que l’écoute, le respect et la solidarité. Comment pouvons-nous reconstruire une société où l’entraide prime sur l’exploitation des faiblesses ? Quels mécanismes peuvent être mis en place pour sensibiliser les individus à l’importance de la compassion et du soutien mutuel ? Ces questions doivent être posées avec urgence afin d’éviter que de telles tragédies ne se répètent.
Où sont les humains, sommes-nous toujours des croyants ?