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7 août 2025
PAR MOUSTAPHA SÈNE
LE DERNIER REMPART SUR LE FRONT CHARBONNIER
L’analyse des pratiques locales de conservation des forêts a permis de montrer que les produits forestiers non ligneux (Pnlf) jouent non seulement un rôle primordial dans la stratégie de survie des communautés locales.
L’analyse des pratiques locales de conservation des forêts a permis de montrer que les produits forestiers non ligneux (Pnlf) jouent non seulement un rôle primordial dans la stratégie de survie des communautés locales (sécurité alimentaire, activités génératrices de revenus réguliers, apports en matière de pharmacopée et dans la médication traditionnelles).
Mais elle met aussi en évidence, au-delà de ces aspects strictement socio-économiques, cette dimension importante de leurs rapports intrinsèques et quasi-sacrés aux communautés ; lesquelles sont plus enclines à protéger les écosystèmes, sources des espèces emblématiques qui sont les pourvoyeuses des Produits forestiers non ligneux en question. Ainsi en est-il des rapports singuliers des communautés avec ces arbres fétiches que sont : le Kadd (Acacia albida) dans la région du Baol, du Palmier à huile en Moyenne et Basse Casamance, du Dimb (Cordilla pinata) dans la région du Sine Saloum et du Kabaada dans le Pakao-Fulaado (régions de Kolda et Sédhiou), etc. Mais aussi de toutes les autres espèces du genre, pourvoyeuses de sous-produits commercialisables et de moult autres biens et services écosystémiques comme les fruits de saison exploités par les communautés dans les zones de forêts aménagées, en rase campagne ou dans les zones de cultures. Selon une note technique du ministère de l’Environnement du développement durable et de la Transition écologique (Meddte), l’exploitation rationnelle et durable des produits forestiers non ligneux (Pfnl) a un impact moindre sur les écosystèmes de forêts par rapport à l’exploitation quasi-minière du bois.
Car cette forme de prélèvement (cueillette et ramassage) « ne provoque ni la mort des plantes, ni ne détériore la capacité de production des sols. Elle n’aggrave pas non plus le phénomène d’érosion des sols et n’implique aucune modification dans la structure et le fonctionnement de la forêt ». Ce qui permet des bénéfices écologiques considérables à court terme. La prise en compte de cette donne a sans doute été pour quelque chose dans l’évolution notée dans la gouvernance des ressources naturelles qui, des très dirigistes stratégies aménagistes d’État (conduites souvent en régies, durant les premières décennies de l’indépendance du pays), on a progressivement évolué vers des schémas de gestion des ressources naturelles forestières et fauniques qui intègrent les dynamiques communautaires. Mais également les visions endogènes dans les démarches de conservation et de préservation des écosystèmes naturels. L’intégration, plus franche dans les dispositifs de gestion de ces connaissances culturelles et des formes traditionnelles de valorisation des produits forestiers non ligneux considérées comme des « éco-sciences locales », est une marque de reconnaissance.
D’abord et avant tout, du statut de « parties prenantes » des populations locales elles-mêmes dont principalement les femmes qui s’investissent dans leur transformation des Pfln en produits de consommation courante. C’est le signe aussi d’un regain d’intérêt par les autorités en charge de la conservation de nos écosystèmes naturels qui s’est traduit par plus grand engouement en faveur du potentiel économique du sous-secteur et notamment en termes de création d’emplois massifs. Nombreux sont, en effet, les techniciens des Eaux et Forêts à confirmer ce passage de la note du Meddte selon laquelle l’application, à partir de 2005, de nouvelles dispositions en matière d’aménagement des formations forestières du pays a permis de « contenir la production de charbon de bois dans la limite des capacités de production des forêts aménagées, mais les stigmates sur les anciennes formations forestières sont restés visibles sauf une entreprise titanesque de reconstitution du couvert végétal ».
C’est une preuve, par l’exemple, que la valorisation des Produits forestiers non ligneux est un sous-secteur économique rentable pouvant créer de la richesse et des emplois à l’échelle des collectivités territoriales. Mais qu’elle constitue aussi une alternative à la dégradation du couvert végétal consécutive à la désolante descente vers le sud-est du pays du front charbonnier qui, en moins de soixante-dix ans, a migré de la vallée du fleuve Sénégal au nord, jusqu’aux confins du Parc national du Niokolo-Koba (Pnnk). C’est-à-dire de cette réserve naturelle classée patrimoine mondial de l’Unesco où se trouvent les derniers bastions forestiers du pays.
GUY MARIUS SAGNA INTERPELLE LE GOUVERNEMENT SUR LE RECRUTEMENT DES 2000 ENSEIGNANTS
Le député évoque des anomalies préoccupantes sur la plateforme Mirador, des duplications de pièces d’identité et l’exclusion de candidats qualifiés au profit de profils inexpérimentés.
Le député Guy Marius Sagna a adressé trois questions écrites au gouvernement du Premier ministre Ousmane Sonko, les 5, 9 et 13 mai 2025, soulevant de vives préoccupations dans les secteurs de l’éducation et de la santé. Il s’est particulièrement attardé sur le recrutement de 2000 enseignants par le ministère de l’Éducation nationale, un processus qu’il juge entaché de nombreuses irrégularités.
Selon lui, de nombreux enseignants l’ont interpellé après avoir constaté des anomalies sur le site Mirador, dédié au recrutement. Certains affirment que des candidats initialement recalés ont été « remplacés » par d’autres sur la plateforme. Des cas de duplication de numéros de carte nationale d’identité (CNI) ont également été signalés : un même numéro aurait été attribué à plusieurs candidats, jusqu’à huit selon certains témoignages. Depuis quelques jours, la fenêtre de vérification sur le site n’est plus accessible, ce qui renforce les soupçons d’irrégularités.
Le député cite également les déclarations du directeur des ressources humaines du ministère, Serigne Souhaibou Badiane, qui affirmait en janvier dernier que seuls des professionnels expérimentés seraient recrutés. Pourtant, Guy Marius Sagna rapporte que des enseignants titulaires de diplômes professionnels ont été écartés au profit de candidats sans expérience, parfois détenteurs du seul baccalauréat.
Face à ces faits troublants, il demande la publication de la liste des 2000 enseignants recrutés, accompagnée de leurs diplômes, au nom de la transparence.
74 % DES JEUNES PRÉFÈRENT ENTREPRENDRE, 53 % RÉCLAMENT PLUS D’INVESTISSEMENTS PUBLICS
L’enquête d’Afrobarometer, réalisée en février et mars 2025 par le Consortium pour la Recherche Économique et Sociale auprès de 1 200 Sénégalais, met en lumière une aspiration forte de la jeunesse à créer et innover.
Face à un marché de l’emploi atone, la jeunesse sénégalaise choisit de se tourner vers l’entrepreneuriat. D’après les résultats du dernier sondage Afrobarometer, près de trois quarts des jeunes Sénégalais âgés de 18 à 35 ans (74%) souhaitent créer leur propre entreprise, contre seulement 17% qui aspirent à intégrer la fonction publique. Ce choix marque une rupture nette avec les générations précédentes, souvent plus attirées par la sécurité de l’emploi étatique.
Pourtant, malgré leur niveau d’instruction plus élevé – 58% des 18-35 ans ont atteint le niveau secondaire ou post-secondaire, contre 39% pour les 36-55 ans – les jeunes peinent à s’insérer dans le tissu économique. L’enquête révèle en effet que 41% des jeunes sont sans emploi et en recherche active, un taux bien supérieur à celui des 36-55 ans (30%).
Les obstacles à l’emploi sont multiples. Outre la conjoncture économique difficile et la pénurie de postes, les citoyens pointent le manque de formation ou de préparation adéquate (35%), le refus d’occuper certains types d’emplois (23%), et l’inadéquation entre les qualifications scolaires et les exigences du marché du travail (15%).
Face à cette réalité, une majorité de Sénégalais (53%) estiment que la création d’emplois devrait être la priorité des investissements publics en faveur des jeunes, loin devant la formation professionnelle (15%), l’éducation (13%) ou les prêts à la création d’entreprises (9%). Ces données montrent une demande forte pour des politiques publiques plus offensives dans la lutte contre le chômage des jeunes.
Malgré ce constat préoccupant, près des deux tiers des citoyens (65%) considèrent que le gouvernement est « beaucoup » ou « assez » préoccupé par les problèmes de la jeunesse, une perception qui laisse entrevoir un espace de dialogue et d’action.
Réalisée en février et mars 2025 par le Consortium pour la Recherche Économique et Sociale (CRES) sur un échantillon représentatif de 1 200 adultes sénégalais, cette enquête d’Afrobarometer (Round 10) confirme une tendance de fond : les jeunes ne veulent plus attendre. Ils souhaitent créer, innover, entreprendre, à condition que l’État les accompagne efficacement.
MOHAMED OULD ABDEL AZIZ CONDAMNÉ À 15 ANS DE PRISON
Reconnu coupable d’abus de pouvoir, d’enrichissement illicite et de blanchiment d’argent, l’ex-chef de l’État voit sa peine alourdie par la cour d’appel de Nouakchott.
Mohamed Ould Abdel Aziz, ancien président de la République islamique de Mauritanie, a été condamné ce mercredi à quinze ans de prison ferme par la cour d’appel de Nouakchott. L’ancien chef d’État, au pouvoir de 2008 à 2019, a été reconnu coupable d’abus de pouvoir, d’enrichissement illicite et de blanchiment d’argent, alourdissant ainsi la peine initiale de cinq ans prononcée en décembre 2023.
Cette décision judiciaire marque une étape majeure dans l’un des procès les plus médiatisés de l’histoire politique récente de la Mauritanie. Selon des sources judiciaires, Mohamed Ould Abdel Aziz aurait mis en place un système sophistiqué de détournement de fonds publics, impliquant des sociétés écrans et des comptes offshore, lui permettant d’amasser une fortune estimée à plusieurs dizaines de millions de dollars, notamment à travers des opérations immobilières et commerciales.
Le procès en appel, ouvert en novembre 2024 et clos fin avril 2025, a permis au parquet de réitérer ses accusations en réclamant une peine de 20 ans, insistant sur le fait que l’ancien président avait utilisé sa position à des fins personnelles au détriment de l’intérêt général.
Détenu depuis janvier 2023, Mohamed Ould Abdel Aziz a été jugé aux côtés d’une dizaine d’anciens hauts responsables, dont deux anciens Premiers ministres, également poursuivis pour des faits de corruption, de trafic d’influence et de détournement de biens publics.
LA NOUVELLE ARÈNE DU COMBAT PASTEF-APR
Les affaires Azoura Fall et Abdou Nguer illustrent comment la guerre politique entre le pouvoir et l'opposition s'immisce dans le système judiciaire, avec des traitements différenciés qui suscitent débat et interrogent
Au-delà d'une simple confrontation politique, la guerre Pastef-APR continue d'infester la vie publique et pollue sauvagement l'institution judiciaire qui, bon an mal an, s'efforce de rester debout, malgré toutes sortes de pressions.
Le duel APR-Pastef se poursuit. Quand ce n'est pas dans les urnes, c'est sur la toile ou dans les prétoires. Les dernières joutes en date, c'est autour de l'affaire Assane Guèye alias ‘’Azoura Fall’’. Depuis quelques jours, il n'y en a que pour l'activiste, réputé proche du Premier ministre Ousmane Sonko. Députés, directeurs généraux, avocats, militants, sympathisants, c'est presque toute la galaxie Pastef qui est montée au créneau, qui pour protester contre la justice qui a osé l'interpeller et l'envoyer en prison, qui pour lui manifester affection et compassion.
Malgré la forte pression de hauts responsables du parti, le parquet est resté inflexible. Azoura a été auditionné d'abord, placé en garde à vue avant d'être placé sous mandat de dépôt. Il sera jugé en flagrant délit demain, selon son avocat Maitre Bamba Cissé, également avocat du Premier ministre. Mais la note aurait pu être bien plus salée. La veille de ce face-à-face avec le procureur, son avocat disait : “Nous allons poursuivre l'affaire... Il y a trois possibilités : le classement sans suite pour inopportunité des poursuites ; une procédure d'instruction et enfin il y a une procédure de flagrant délit ou même la citation.”
Le procureur a donc retenu le juste milieu. Ni instruction qui aurait pu prolonger ses jours en prison ni classement sans suite qui aurait mis un terme aux poursuites. Le sort du militant teigneux de Pastef est donc entre les mains du juge des flagrants délits. Au terme de l'article 56 et suivants, il risque jusqu'à deux ans de prison et une amende entre 25 000 et 300 000 F CFA.
Une justice debout, malgré la forte pression des partisans de Pastef
Pendant ce temps, son adversaire de l'autre côté, Abdou Nguer, lui, croupit tranquillement en taule. Son dossier a été envoyé en instruction depuis le 17 avril. Ce qui énerve le plus ses avocats, c'est que depuis lors, le chroniqueur proche de l'Alliance pour la République n'a pas été entendu.
Interpellé, Maitre El Hadj Diouf déclare : “Je pense que tout le monde devrait s'en offusquer. Mais le plus cocasse dans cette affaire, c'est qu’Abdou Nguer est poursuivi pour diffusions de fausses nouvelles. Mais jusque-là, personne n'est en mesure de vous donner la nouvelle.” Et curieusement, dénonce-t-il, “aucun journaliste n'ose faire des recherches pour voir quelle nouvelle, quelle révélation Abdou Nguer a eu à faire. Parce pour parler de fausses nouvelles, il faut d'abord qu'il y ait nouvelles. Je défie quiconque de montrer quelle est cette nouvelle. On l'a envoyé en instruction parce que si on l'avait jugé en flagrant délit, il aurait bénéficié d'une relaxe pur et simple”.
Mais pour beaucoup d'observateurs, les deux cas ne sont pas les mêmes. Alors que dans l'affaire Azoura, on parle surtout d'injures et de discours contraires aux bonnes mœurs, dans l'affaire Abdou Nguer, il est surtout question de diffusion de fausses nouvelles. C'est le cas également dans l'affaire Assane Diouf, en prison depuis le mois de mars sans jugement. Pour ce qui concerne Abdou Nguer, dans la foulée de son arrestation, une vidéo a été présentée comme étant à l'origine de son arrestation. Dans ladite vidéo, il liste de hauts fonctionnaires décédés et évoque le contexte dans lequel ils sont partis. A ceux qui soutiennent qu'il fait des insinuations, Me Diouf rétorque : “Les gens veulent parler à la place d’Abdou Nguer. Lui il n'a fait aucune révélation. Je défie quiconque d'en apporter la preuve contraire. On a voulu lui coller un post sur une page qui ne lui appartient pas. Il a été démontré qu'il n'est ni administrateur ni propriétaire de cette page. D'ailleurs, le propriétaire du compte a été interpellé à Thiès. Rien ne justifie cette instruction contre Abdou Nguer.”
Derrière cette bataille de fortes personnalités du barreau au bénéfice de présumés insulteurs publics ou diffuseurs de fausses nouvelles, se jouent les prolongations de la guerre entre Pastef et l'Alliance pour la République.
Pour Maitre Bamba Cissé, Azoura n'aurait jamais dû être placé en garde à vue, parce qu'il est victime des violences de Macky Sall. “Cette décision (le placement en garde à vue) nous surprend à plus d'un titre. Parce qu'Azoura Fall a été victime d'un système corrosif et violent, qui a régné au Sénégal pendant assez longtemps et qui a réprimé les patriotes. Il a fait l'objet d'une détention qui a duré un an et à peu près deux mois, pour une cause injustifiée et effacée par une loi d'amnistie”, justifie Me Cissé, non sans invoquer les mauvaises conditions de détention qui lui ont valu la dégradation de sa santé à cause d'un manque de sommeil prolongé. “C'est ce garçon qui a été retenu simplement parce qu'il avait quelque chose dans le cœur qu'il a fait sortir”, regrette-t-il.
Des arguments qui ont du mal à passer auprès de certains observateurs. Lesquels donnent le cas d’Assane Diouf qui a vécu presque la même chose, sinon pire sous Macky Sall. Il est en prison depuis mars et personne n'a invoqué son passé sous Sall pour le dédouaner de sa responsabilité. A l'APR, on continue de soutenir que le chroniqueur Abdou Nguer n'a commis aucune infraction qui puisse lui valoir la prison. Le moins que l'on puisse dire, c'est que Nguer comme Azoura disposent de pools d'avocats assez bien garnis, constitués de fortes têtes du barreau. C'est à se demander qui paie les honoraires ? Ou bien les avocats sont subitement devenus des bénévoles ?
FLAGRANT DÉLIT
Ce que dit le Code de procédure pénale
Au-delà de cette guéguerre APR-Pastef, la question de droit que soulèvent ces affaires politico-judiciaires, c'est pourquoi la justice a choisi l'instruction dans l'affaire Abdou Nguer ; le flagrant délit dans l'affaire Azoura ?
D'abord, il faut retenir que les chefs d’accusation ne sont pas les mêmes. Dans la première affaire, l'autorité a visé les fausses nouvelles. Dans la seconde, c'est plutôt des propos contraires aux bonnes mœurs, selon ses avocats. Toutefois, ils sont nombreux à estimer que ce que Nguer a dit, s'il y a infraction, aurait pu être géré en flagrant délit.
Aux termes de l'article 45 du Code de procédure pénale, la flagrance est définie comme suit : “Est qualifié crime ou délit flagrant, le crime ou le délit qui se commet actuellement ou qui vient de se commettre. Il y a aussi crime ou délit flagrant lorsque, dans un temps très voisin de l’action, la personne soupçonnée est poursuivie par la clameur publique ou est trouvée en possession d’objets ou présente des traces ou indices laissant penser qu’elle a participé au crime ou au délit.” La loi précise : “Est assimilé au crime ou délit flagrant tout crime ou délit qui, même non commis dans les circonstances prévues à l’alinéa précédent, a été commis dans une maison dont le chef requiert le procureur de la République ou un officier de la police judiciaire de le constater.”
En pareil cas, le Code de procédure pénale prévoit : “L’individu arrêté en flagrant délit et déféré devant le procureur de la République, conformément à l’article 63 du présent code est, s’il est placé sous mandat de dépôt, traduit sur le champ à l’audience du tribunal.” Selon l'article 382, “Si, ce jour-là, il n’est point tenu d’audience, le prévenu est déféré à l’audience du lendemain, le tribunal étant, au besoin, spécialement convoqué à la requête du ministère public”.
Il convient de préciser que si, en matière correctionnelle, l'autorité a la faculté ou non d'envoyer en instruction, en matière criminelle, l'instruction est obligatoire, même en cas de flagrance.
DE LA GLOIRE À LA DÉSILLUSION
le football sénégalais, qui avait dominé l'Afrique en 2021 en remportant toutes les compétitions majeures de la CAF, enchaîne désormais les contre-performances à tous les niveaux
En 2021, le Sénégal dominait le football africain. En une année, les «Lions» avaient quasiment tout raflé : CAN 2021, CAN de Beach Soccer 2021, CHAN 2023 et CAN U20 2023 ! Mais cette année, les différentes équipes nationales ont enregistré une contre-performance sur le plan africain.
Le football sénégalais enchaîne les contre-performances depuis quelques mois. Alors qu'en 2021, le Sénégal avait remporté toutes les compétitions organisées par la Confédération africaine de football (CAF), aujourd'hui le football sénégalais peine à confirmer sur le plan africain.
Après des échecs répétitifs, cette discipline avait fini d'être au sommet du continent. Mais depuis quelques semaines, cette tendance commence à disparaître au fur et à mesure des compétitions. Tout a débuté avec l'équipe nationale A en Côte d'Ivoire lors de la précédente CAN. Alors que les Lions avaient réussi à survoler les phases de groupes en enchaînant trois victoires avec la manière, la bande à Kalidou Koulibaly a vu son rêve se briser lors des huitièmes de finale devant le pays organisateur.
Les Éléphants de la Côte d'Ivoire avaient dominé les Lions lors de la séance des tirs au but. Après cet échec, ce sera ensuite au tour de l'équipe nationale des moins de 17 ans au Maroc. Les Lionceaux, champions en titre dans cette catégorie, ont été éliminés également par la Côte d'Ivoire lors de la phase à élimination directe.
Le CHAN, une compétition à ne pas manquer
Après cette nouvelle élimination des hommes de Pape Ibrahima Faye, les poulains de Serigne Saliou Dia n'ont pas réussi à conserver leur titre en Égypte lors de la CAN U20. Les Lionceaux ont vu leur rêve se briser lundi dernier au Suez Canal Authority Stadium d'Ismaïlia, dans un match comptant pour les quarts de finale de ce tournoi, devant le Nigeria aux tirs au but (0-0, 3-1 tab).
Intraitable il y a deux ans, avec sept victoires sur sept jusqu'à la victoire finale, l'équipe sénégalaise a perdu de sa superbe en deux ans. La formation dirigée par Serigne Saliou Dia ne s'est surtout pas trouvé un leader à l'image de Lamine Camara qui avait porté la jeune sélection.
Avec ces échecs répétitifs, l'heure est venue pour la fédération et les sélectionneurs de trouver à nouveau la bonne formule en vue des prochaines échéances. Ils sont dans l'obligation de planifier de nouveaux programmes qui permettront à ces différentes sélections de performer à nouveau sur le plan africain.
Après ces éliminations précoces de nos équipes nationales, le championnat d'Afrique des nations (CHAN) reste la seule compétition qui reste à l'équipe sénégalaise pour sauver les apparences. Alors que l'équipe a réussi à se qualifier dans la douleur, les hommes de Souleymane Diallo seront attendus dans ce tournoi qui va se dérouler au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie dans moins de trois mois. Souleymane Diallo n'a pas le droit à l'erreur. Avec son staff, ils ont l'obligation de trouver la bonne formule pour redresser la situation.
L'ALLIANCE BRISÉE QUI PROFITE À PASTEF
La séparation inattendue entre Khalifa Sall et Barthélémy Dias fragmente l'opposition. Cette rupture d'alliance, sans hostilité apparente mais lourde de conséquences, laisse le champ libre au parti au pouvoir pour consolider son emprise politique
Khalifa Sall et Barthélémy Dias ont traversé ensemble le désert depuis 2014 avec la création du mouvement Taxawu Dakar. Depuis lors, ils ont vécu une épopée glorieuse tout comme des moments de galère. En décidant de se séparer aujourd'hui, ils vendangent tous les points engrangés jusque-là en politique.
Toute chose a une fin. Mais le divorce entre Khalifa Sall et Barthélémy Dias est assez prématuré. Les deux hommes ont décidé de se séparer de la meilleure des manières sans heurts ni anicroches. Aucune déclaration qui, pour le moment, laisse entrevoir une hostilité entre eux.
"Dias-fils" a tout simplement décidé de créer son propre mouvement politique. Pendant ce temps, Khalifa Sall qui avait préféré faire un petit recul pour donner plus de place à son poulain Barth, décide d'être à nouveau hyperactif dans le champ politique. La preuve, il s'est engagé en première ligne au niveau du Front pour la Défense de la Démocratie et de la République (FDR) dont il est aujourd'hui l'un des porte-étendards.
Même si les deux acteurs politiques ont préféré taire l'origine de leur divergence, force est de constater que des responsables de Taxawu Sénégal ont toujours rouspété en coulisses en accusant l'ancien maire de Dakar d'avoir favorisé ses hommes dans la confection des listes électorales lors des dernières élections législatives.
Les partisans de Barth reprochent, quant à eux, à certains cadres de Taxawu Sénégal de ne pas avoir suffisamment mouillé le maillot lors de la dernière compétition électorale.
Quoi qu'il en soit, il faut noter que Khaf et Barth ont longuement cheminé ensemble et ils ont partagé beaucoup de choses en politique. Exclus du Parti socialiste (PS) en 2017, ils ont fondé Taxawu Sénégal qui est le prolongement de leur mouvement Taxawu Dakar créé en 2014, alors qu'il était toujours au Parti socialiste (PS), pour se battre contre le régime de Macky Sall dans la capitale sénégalaise lors des élections locales.
Cette opposition au régime Sall leur a coûté leur liberté, leur poste et même une exclusion de la formation de Léopold Sédar Senghor qui les a couvés, formés et révélés en politique.
À qui profite le divorce ?
Certes, ils se sont séparés en vrai gentlemen. Mais ils seront tous les deux perdants de ce divorce. Khalifa Sall perd un homme de confiance, un de ses guerriers les plus fidèles et qui a été au premier plan dans tous les combats qu'il a engagés. Il devra ainsi continuer avec un Taxawu Sénégal amputé d'un de ses plus grands ambassadeurs. À coup sûr, cette séparation va déteindre sur le leadership de Taxawu au sein de l'opposition. En effet, même si le peuple sénégalais a montré à plusieurs reprises qu'il faisait confiance au régime PASTEF, il est évident cependant qu'avec le moindre écart des nouvelles autorités, Taxawu pourrait incarner une alternative crédible.
En plus, il faut noter que le mouvement Taxawu risque de se déchirer avec des cadres qui resteront fidèles à Khalifa Sall et des responsables qui vont préférer dessiner un nouveau cap politique avec Barthélémy Dias.
Khalifa continue d'être charismatique, mais il lui manque de la hargne politique. En plus, il prend de l'âge. Et il ne lui reste qu'une carte à jouer pour prétendre à la fonction présidentielle.
Par contre, Barthélémy Dias est jeune, fougueux et intrépide. Il a cette faculté de perturber le mastodonte PASTEF et dispose de plus de chances de compter encore en politique. En quittant Taxawu Sénégal, il perd cette possibilité d'hériter d'un appareil politique assez structuré sur lequel il pourrait s'appuyer pour réaliser ses ambitions politiques.
Dans le contexte actuel, Dias-fils est obligé de repartir à zéro en créant une toute nouvelle plateforme politique espérant ainsi se positionner dans l'opposition radicale.
Mais en s'empressant de quitter la barque menée par Khalifa Sall, Barth vendange tout le travail qu'il a abattu jusque-là. Pis, il s'isole davantage dans un espace politique très hostile où le jeu d'alliance est fondamental. Même s'il est fort probable que Barth se ligue avec de nouvelles entités ou personnalités hostiles aux Pastéfiens, il ne sera jamais à l'aise mieux que chez soi, Taxawu Sénégal où il pouvait déployer toutes ses ailes tant que lui et Khalifa Sall étaient en bons termes.
En définitive, c'est Pastefqui gagne dans cette affaire parce qu'il aura en face un "Taxawu Sénégal" moins fort et par conséquent moins dangereux politiquement.
LE MAUVAIS SIGNAL DE GUY MARIUS SAGNA
En soutenant Ibrahim Traoré, le député sénégalais déconcerte les défenseurs des droits humains burkinabè. Un activiste l'interroge : "Approuverait-il un putsch au Sénégal supprimant partis politiques, censurant médias et enlevant militants ?"
Habillé en Faso Dan Fani, Guy Marius Sagna s’est rendu dans les locaux de l’ambassade du Burkina pour faire une déclaration de soutien au président burkinabè et répéter sa rhétorique anti-impérialiste. Dans une lettre adressée au président de la République du Burkina Faso, Ibrahim Traoré, le député de Pastef réaffirme son soutien au peuple burkinabè, dénonce «une guerre imposée par l’impérialisme international», fustige «la manipulation de terroristes et de séparatistes par l’impérialisme». Pour lui, les peuples du Burkina Faso, du Mali et du Niger «veulent s’extraire de l’oppression néocoloniale de l’impérialisme».
Dans son entendement, il y a un distinguo à faire entre les putschistes. A ses yeux, il y a les militaires «manipulés par l’impérialisme contre leurs peuples» et «ceux qui font aboutir la mobilisation des peuples contre des régimes néocoloniaux». Pour GMS, il y a «des putschs et juntes de militaires au service de ses intérêts» et, a contrario, «ceux qui parachèvent les mobilisations des peuples qui veulent l’indépendance réelle». Tout en condamnant «l’hypocrite duplicité des impérialistes et de leurs médias». Il écrit en outre : «Depuis l’assassinat du héros martyr Sankara, le Peuple burkinabè a mis un terme à des décennies de putsch néocolonial dirigé par des juntes civiles valets de l’impérialisme.»
Cette sortie du député a retourné des journalistes et activistes burkinabè qui le voyaient comme un membre de leur clan, un des leurs, alors que la plupart se retrouvent dans le viseur des autorités. A l’image de Guy Hervé Kam, détenu depuis plusieurs mois alors qu’il s’était constitué pour défendre Sonko. Un de ses proches est ulcéré par cette sortie de Guy : «Guy Marius Sagna a oublié que Me Kam est encore dans les prisons de IB. Ce même Me Kam qui s’est constitué au Sénégal pour défendre Pastef et Ousmane Sonko. Ça fait mal de voir un frère se retourner contre nous au moment où on attendait son soutien. On était enthousiastes quand on a vu l’annonce, mais dès qu’il a parlé, on a compris qu’il nous avait lâchés. C’est le pouvoir qui est comme ça avec les faux.»
Face à la machine répressive de IB, certains ont pris le chemin de l’exil. «Oui. Terrible. Terrible. Je crois que la question simple qu’on peut lui poser : soutient-il un coup d’Etat au Sénégal avec la suppression des partis politiques, l’interdiction des activités politiques des Osc, la censure stricte des médias, l’enlèvement massif de militants pour la démocratie et la traque des activistes critiques ? Normalement, c’est ce qu’il souhaite pour le Sénégal. Quand on ne veut pas de coup d’Etat chez soi, on n’applaudit pas le coup d’Etat du voisin ! Il faut que nos hommes politiques soient cohérents !», note un activiste passablement agacé par cette sortie.
Un autre journaliste exilé ne cache pas son indignation : «Le combat pour la justice ne se fait pas aux côtés des bourreaux. Il y a des silences qui honorent. Et des paroles, des gestes, des présences qui font honte et qui blessent. Votre participation à cette conférence de presse aux côtés d’un ambassadeur frère direct de Ibrahim Maïga -un homme tristement célèbre pour ses appels à la haine et à la violence contre les Burkinabè exilés- est une injure. Une insulte aux victimes, aux familles brisées, aux voix muselées, aux cœurs exilés. Une gifle à tous ceux qui croient encore que l’Afrique peut et doit défendre les droits humains, la dignité, la liberté d’expression.
Comment comprendre qu’un homme tel que vous, jadis figure de proue des combats contre les injustices au Sénégal, puisse aujourd’hui accorder son soutien à un régime qui a plongé le Burkina Faso dans une nuit d’effroi ?» Amère, la pilule ne passe pas : «Juste deux petits exemples pour illustrer mon indignation. Sous Ibrahim Traoré, plus de 12 journalistes ont été enlevés ou portés disparus, et plus de 18 autres vivent aujourd’hui en exil, fuyant des menaces de mort ou des convocations musclées par des services opaques. Les partis politiques sont bâillonnés, les Osc surveillées, et des citoyens ordinaires, pour un simple like ou un commentaire sur Facebook, se retrouvent enrôlés de force ou jetés en détention. Mais il y a pire, M. Sagna, le silence que vous cautionnez tue.»
«A tous ceux qui pleurent un proche enlevé, exilé, enterré sans adieu»
Les témoignages de ce journaliste, qui vit loin de chez lui pour échapper à des réquisitions d’enlèvement dans les Vdp ou d’emprisonnement, font froid dans le dos : «Laissez-moi vous parler d’une vieille femme de 85 ans, la mère d’un journaliste exilé. Chassée de sa maison familiale sans préavis, menacée, privée de soins, privée même de ses petits-fils chargés de prendre soin d’elle et neveux du journaliste. Ils ont été enlevés et portés disparus. Leur crime, être les neveux du journaliste en question.
Une femme âgée, souffrant de diabète et d’hypertension, qu’on a expulsée comme une criminelle du domicile familial, à qui l’on a donné cinq minutes pour quitter les lieux. Cinq minutes. Quand les terroristes, eux, laissent parfois trois jours avant de frapper. Voilà le visage du «sankarisme» selon Ibrahim Traoré : s’acharner sur une vieille dame de 85 ans, analphabète, qui n’a jamais écrit une ligne sur la politique de son pays. Son crime à elle, être la mère de ce journaliste critique. C’est cela que vous soutenez ? Et pendant que cette mère dort dehors, sous l’œil silencieux de ses bourreaux, vous, Guy Marius Sagna, homme du peuple, vous êtes là, à tendre la main à ceux qui l’écrasent.»
Et le reste est une leçon d’histoire : «Vous dites défendre les idéaux de Sankara ? Alors pourquoi soutenir un homme qui, contre la volonté de la veuve et des enfants de Thomas Sankara, a enterré de force les restes de ce héros, refusant à sa famille le droit fondamental de faire son deuil ? Comment osez-vous approuver l’édification d’un symbole creux d’une trahison maquillée en hommage ? M. Sagna, votre attitude est une offense. A tous ceux qui luttent pour un Etat de Droit. A tous ceux qui, même en exil, même dans la douleur, gardent foi en la justice. A tous ceux qui pleurent un proche enlevé, exilé, enterré sans adieu. Vous avez choisi votre camp. Et ce n’est pas celui des opprimés. C’est celui de ceux qui chassent les mères, qui enferment les enfants, qui détruisent les voix. L’histoire s’en souviendra. Et face à ce tumulte, il ne reste à ceux qui croient encore à la dignité qu’une seule arme : la mémoire. Et la certitude qu’un jour, les masques tomberont.»
S’ils ont préféré parler à visage découvert, Le Quotidien a décidé de garder leur anonymat pour éviter des mesures de représailles à leur encontre.
LES LIONS VONT SE PREPARER… A DAKAR
Contexte particulier, disposition particulière. Pour les deux matchs amicaux de juin, contre l’Irlande et l’Angleterre, qui se jouent en «temps de vacances», les Lions vont exceptionnellement se regrouper à Dakar.
Contexte particulier, disposition particulière. Pour les deux matchs amicaux de juin, contre l’Irlande et l’Angleterre, qui se jouent en «temps de vacances», les Lions vont exceptionnellement se regrouper à Dakar.
Les Lions vont vers un mois de juin chargé, avec deux gros matchs amicaux, contre des équipes européennes qui ne sont plus à présenter : l’Irlande et l’Angleterre. Les hommes de Pape Thiaw vont d’abord jouer les Irlandais, le 6 juin, à l’Aviva Stadium de Dublin, avant de défier les Anglais, le 10 juin, au City Ground de Nottingham.
Deux rencontres en 4 jours et face à un football britannique athlétique où il faudra être prêt physiquement. Et pour des joueurs qui seront en début de vacances à cette période, forcément une préparation spécifique s’impose. Et justement sur ce chapitre, Le Quotidien a appris que cette fois-ci les Lions vont se regrouper à Diamniadio. Une occasion d’une meilleure prise en charge pour des «vacanciers» qui vont boucler une longue saison (le 25 mai au plus tard), avec les conséquences que nous savons.
Faut noter que souvent pour les matchs amicaux en Europe, les Lions se regroupent d’habitude à Paris, avant leur déplacement au lieu de la rencontre. Mais contexte oblige, les deux matchs devant se jouer en temps de vacances, les coéquipiers de Kalidou Koulibaly vont d’abord descendre à Dakar (le temps pour certains de voir la famille) pour après aller en regroupement et se retaper les muscles ; avant d’aller défier l’Irlande et l’Angleterre. La fenêtre Fifa étant calée du 2 au 10 juin.
LE RETOUR DE CERTAINS CADRES VA BOOSTER LA CONCURRENCE
Evidemment pour ces deux matchs que l’Europe savoure déjà, la liste de Pape Thiaw sera scrutée de très près. Surtout pour des rencontres qui vont servir de préparation pour les éliminatoires du Mondial 2026 de septembre prochain, avec la réception du Soudan, suivie d’un déplacement en Rd Congo. Deux rencontres décisives qui devraient déterminer l’avenir des champions d’Afrique 2021 sur le chemin qui mène aux joutes de «United 2026».
Du coup, une attention particulière sera portée sur les noms des joueurs convoqués. Avec un sélectionneur qui va devoir composer avec le retour de certains cadres qui avaient manqué les matchs de mars dernier pour cause de blessure. On peut citer Iliman Ndiaye, Habib Diarra, Nicolas Jackson, Ismaïl Jakobs ou encore El Hadji Malick Diouf. Des absences qui avaient permis l’éclosion de nouvelles têtes, comme Antoine Mendy ou Assane Diao (finalement forfait pour juin).
Comme quoi, on devrait s’attendre à une forte concurrence et des choix forts de «l’homme à la talonnade».
Par Birame NDIAYE Waltako
TRUMP N’EST FOU QU’AVEC L’AFRIQUE, IL A RECULE DEVANT LE ROULEAU COMPRESSEUR CHINOIS
Donald Trump a sévèrement réduit l’Agence américaine pour le développement international, entraînant l’annulation de l’aide humanitaire et de l’assistance sanitaire vitale. Ainsi, il «détruit ses propres instruments d’influence» en Afrique notamment
Donald Trump a sévèrement réduit l’Agence américaine pour le développement international, entraînant l’annulation de l’aide humanitaire et de l’assistance sanitaire vitale. Ainsi, il «détruit ses propres instruments d’influence» en Afrique notamment. Par ailleurs, si l’Agoa (Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique) disparaît, l’Afrique devra regarder à l’intérieur d’elle-même et tenir les promesses de création d’une zone de libre-échange continentale. Autrement, elle devra renforcer ou élargir les marchés existants, en particulier avec la Chine, première partenaire commerciale du continent.
Plus de 80% des exportations africaines partent à l’étranger, principalement vers l’Union européenne, la Chine et les Etats-Unis. Difficile de s’en passer, l’ancien Secrétaire exécutif de la Communauté économique pour l’Afrique, Carlos Lopes, considérait qu’il fallait plutôt «un protectionnisme sophistiqué» qui vise le juste équilibre. Si Trump et les Usa ont reculé devant la Chine en concédant une trêve dans l’application de la surtaxe de 145% sur les marchandises venant de Chine, c’est qu’ils ont un intérêt effectif à avoir des échanges commerciaux équilibrés avec ce pays. Aucun camp ne veut une dissociation de leurs économies, a déclaré le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent.
Habituellement, les pays riches prônent le libre-échange et un marché concurrentiel auprès des pays pauvres pour capturer une plus grande part de marché en Afrique. Les Africains, liés par des accords commerciaux, ne peuvent toutefois pas faire du protectionnisme aveugle. L’Organisation mondiale du commerce a publié, en juin 2016, une étude qui montre la progression rapide des restrictions au libre-échange par les pays du G20. Entre octobre 2015 et mai 2016, les économies du G20 avaient mis en place 145 mesures restrictives.
Il existe, selon Sébastien Jean, directeur du Centre d’études prospectives et d’informations internationales, 271 accords commerciaux en vigueur dans le monde. Imaginons qu’un pays comme le Sénégal décide de protéger ses quelques industries dans le but de fermer ses frontières à l’importation. Les entreprises ainsi protégées ne pourront, en retour, que profiter du marché domestique de petite taille, réduit et pas trop solvable. Un marché surprotégé est un marché réduit. Par ailleurs, les intrants dont auront besoin les mêmes industries protégées, seront acquis à des prix très élevés. Ainsi, leur productivité et la croissance de leur productivité en seront forcément affectées au point que les mesures s’avéreront inefficaces en bout de ligne.
Certes, le protectionnisme a contribué au décollage des «dragons» asiatiques, mais celui-ci ne saurait garantir, à lui seul, le développement d’un pays. L’Ethiopie a démontré sa faculté à se frayer un chemin vers l’industrialisation. C’est le «modèle d’Etat développementiste», en contrôlant, dirigeant et régulant son économie. Sa politique économique repose sur des mesures fiscales et non fiscales qui cherchent à promouvoir les exportations et à attirer les investissements directs étrangers. Depuis 2006, le secteur manufacturier de l’Ethiopie a augmenté en moyenne de plus de 10% par année.
Néanmoins, cette politique la prive de ressources budgétaires nécessaires pour investir dans les infrastructures et services publics que réclament ses entreprises. Afin de rationaliser les opportunités d’investissements, le pays imposait des taxes plus réduites sur les matières premières et les produits semi-finis venant de l’extérieur. Ce qui faisait que sa balance commerciale continuait de se creuser du fait de son économie portée par les investissements et qui encourageait très fortement les importations. C’est ce qui expliquait l’avènement du Plan de croissance et de transformation (Gtp) mis en place pour 2015- 2020, dans le but de stimuler la fabrication des produits de substitution pour augmenter la production intérieure et réduire ainsi les sorties de devises.
L’Afrique est aujourd’hui moins industrialisée qu’elle ne l’était il y a 40 ans. La contribution du secteur manufacturier à la croissance du Pib est passée de 12% en 1980 à 11% en 2013. Elle stagne depuis. Pourtant, seul l’accroissement de la valeur ajoutée manufacturière peut réduire significativement la pauvreté. Pour ce faire, il faut surtout des débouchés intéressants. S’enfermer, ce sera pour nos entreprises locales de produire à perte ou trop peu pour subsister. S’ouvrir sans gardefou ni malice est un suicide. Il y a bel et bien moyen de faire espérer les boursicoteurs, même de leur faire goûter de temps en temps le miel africain pour, à chaque fois, leur taillader la langue. Pas beaucoup, juste un tout petit peu et à répétition. C’est ça le protectionnisme intelligent.