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8 août 2025
ALERTE SUR UN DOUBLE DRAME AU SENEGAL
«La mer a été vendue : la crise de la pêche au Sénégal entraîne une migration forcée vers l’Europe.» C’est une rapport de l’Environmental Justice Foundation (EJF) qui pointe ainsi la surexploitation des ressources halieutiques au Sénégal
La surexploitation des ressources halieutiques au Sénégal, alimentée par la pêche illégale et industrielle, provoque une crise socio-économique majeure qui pousse de plus en plus de jeunes Sénégalais à risquer leur vie pour rejoindre l’Europe, par voie maritime. C’est ce que révèle un nouveau rapport alarmant, publié le mardi 13 mai 2025, par l’Environmental Justice Foundation (EJF), accompagné d’un film poignant sur les conséquences humaines de cette situation.
«La mer a été vendue : la crise de la pêche au Sénégal entraîne une migration forcée vers l’Europe.» C’est une rapport de l’Environmental Justice Foundation (EJF) qui pointe ainsi la surexploitation des ressources halieutiques au Sénégal, alimentée par la pêche illégale et industrielle, à l’origine d’une crise socio-économique majeure qui pousse de plus en plus de jeunes Sénégalais, notamment des zones côtières dont l’activité principale est liée à la pêche artisanale, à risquer leur vie pourrejoindre l’Europe, par voie maritime.
En effet, chaque année, des milliers de migrants sénégalais tentent de rejoindre les îlesCanaries, empruntant une routemigratoire (voie maritime notamment) devenue la plus meurtrière du monde, avec plus de 3000 morts enregistrés en 2023. En 2024, l’Espagne a recensé 63.970entrées irrégulières, soit plus du double de 2022. Cette hausse spectaculaire s’explique en grande partie par l’effondrement du secteur de la pêche artisanale au Sénégal.
Dans son rapport, l’Environmental Justice Foundation (EJF) dénonce la pression insoutenable exercée surles ressources marines sénégalaises par des flottes industrielles étrangères, notamment européennes et chinoises. Ces navires, souvent couverts par des accords opaques, pratiquent des méthodes destructrices comme le chalutage de fond, provoquant l’épuisement des stocks de poissons. Or, le secteur de la pêche emploie environ 3% de la population active sénégalaise et représente près de 8% de l’apport en protéines de la population.
PECHEURS MIGRANTS ET CEUX RESTES AU PAYS PARTAGENT LEURS MESAVENTURES
Pis, ce pillage des ressources marines a des conséquences directes surles communautés côtières tels que : la perte des revenus, l’insécurité alimentaire croissante et le sentiment d’abandon. Par conséquent, face à l’absence de perspectives, la migration devient, pour beaucoup, une solution de survie.
Dans le film accompagnant l’étude réalisée par EJF, un jeune pêcheur nommé Abdou raconte son périlleux voyage vers Tenerife, alors que d’autres, partageant les espoirs (au bout de ce périple), n’ont jamais atteint les côtes européennes. Dans le rapport, des pêcheurs migrants et ceux qui sont restés au pays livrent leurs mésaventures.
«Le neuvième ou le dixième jour, certains pêcheurs ont commencé à s’inquiéter parce que nous n’étions pas sûrs de débarquer sains et saufs, parce qu’il n’y avait pas de carburant, pas de nourriture et pas d’eau à bord. Les gens ont commencé à tomber malades. Certains sont morts. Que leurs âmes aillent au paradis. Certains d’entre eux avaient le même rêve et le même but que moi. Mais ils ne sont jamais arrivés», témoigne Abdoulaye Sady, migrant et ancien pêcheur.
«LE GOUVERNEMENT A PRIS LA DECISION DE VENDRE LA MER ET NOUS AVONS PRIS LA DECISION DE PARTIR PAR LA MER»
Un autre témoignage indexe les accords de prêche signés par les différents régimes. «Si vous n’avez pas de quoi manger, vous ne voudrez pas rester chez vous. Il est évident que vous partirez. Vous ne vous souciez même pas des difficultés ; vous n’avez qu’à aller ailleurs pour trouver du travail ou quelque chose à faire. C’est la raison pour laquelle nous effectuons cette mission. Le gouvernement a pris la décision de vendre la mer et nous avons pris la décision de partir par la mer», confie Abdou Rakhmane Sow, migrant et ancien pêcheur.
«J’ai travaillé comme pêcheur pendant près de 10 ans. Quand j’ai commencé, la mer était abondante. Mais au fil des années, les choses sont devenues peu à peu très dures. En tant que chef [de famille], beaucoup de gens dépendaient de nous et la mer n’était plus ce qu’elle était. C’est ce qui nous a poussés à prendre des risques et à espérer venirici. C’est pourquoi nous avons pris le risque de laisser notre famille, nos femmes et tout le monde derrière nous en venant ici par la mer, à cause de cet espoir», indique Idrisa, migrant et ancien pêcheur.
Et un autre renchérir: «Si j’avais pu gagner assez d’argent avec la pêche, je ne serais jamais venu en Europe», se justifie Memedou Racine Seck, migrant et ancien pêcheur.
«JE PEUX DIRE QUE J’AI PERDU PRES DE DIX MEMBRES DE MA FAMILLE DANS CE NAUFRAGE. C’EST TELLEMENT DECHIRANT...»
«J’ai perdu mes fils, mes neveux et mon petit-fils dans cette tragédie. J’ai perdu le fils de mon frère aîné. Je peux dire que j’ai perdu près de dix membres de ma famille dans ce naufrage. C’est tellement déchirant... Imaginez que vous passiez trois ou quatre jours en mer, et qu’à l’arrivée vous ne puissiez même pas récupérer les frais de carburant ou tout autre frais lié à la pêche. Aucun bateau ne prend la mer ces derniers temps. Voilà les difficultés auxquelles les jeunes sont confrontés et qui ont causé leur mort tragique, et c’est ce qui nous brise le plus le cœur», déclare Modou Boye Seck, habitant de Fass Boye.
«Les pays étrangers se plaignent de l’immigration, mais ce sont eux les vrais pirates», dénonce Karim Sall, président de l’organisation sénégalaise AGIRE. «Ils pillent nos ressources pour nourrir leurs populations, pendant que nous mourons de faim», déplore-t-il. Face à cette urgence, l’Environmental Justice Foundation appelle à une réforme structurelle : plus de transparence dans les accords de pêche, une meilleure gouvernance du secteur et un soutien renforcé aux pêcheurs artisanaux. Donc, l’objectif, c’est de restaurer un secteur vital pour l’économie sénégalaise et freinerl’exil forcé de ses jeunes.
LES AVOCATS DE FARBA NGOM CONTRE-ATTAQUENT ET DENONCENT UNE DERIVE
Les conseils du député-maire des Agnam, Mouhamadou Ngom dit Farba, incarcéré depuis le 27 février dernier pour blanchiment d’argent et association de malfaiteurs, ont vivement dénoncé mardi une « violation flagrante » de ses droits
Les conseils du député-maire des Agnam, Mouhamadou Ngom dit Farba, incarcéré depuis le 27 février dernier pour blanchiment d’argent et association de malfaiteurs, ont vivement dénoncé mardi une « violation flagrante » de ses droits. En conférence de presse, Me Amadou Sall et ses confrères ont alerté sur ce qu’ils qualifient d’« affaissement du socle de valeurs de la République ».
«Nous sommes dans un pays qui s'appelle le Sénégal, une République fondée sur des principes démocratiques. Parmi ces principes figurent les libertés fondamentales, dont le droit à un procès équitable et au respect strict des droits de la défense », a rappelé Me Sall, membre du pool d’avocats de l’élu.
Selon lui, dans le dossier visant leur client, « le socle de valeurs s’est effondré », ce qui équivaut à « un piétinement des droits des citoyens » et, plus grave encore, à « une justice qui, à certains moments, manque à sa mission ». Il ajoute que ni Farba Ngom ni Seydou Sarr, encore moins Tahirou, ne savent précisément pourquoi ils sont poursuivis. « Ils n’ont même pas été entendus jusqu’ici », s’est-il insurgé.
L’avocat déplore que les poursuites aient été enclenchées sur la base d’un simple défaut de réponse du Trésor à une demande d’éclaircissement de la CENTIF. Celle-ci s’interrogeait sur l’origine de flux financiers supposés provenir du Trésor et transitant par des sociétés dont Seydou Sarr serait le bénéficiaire économique. Mais sans réponse du Trésor, le dossier a été enclenché.
Me Sall s’indigne : « Dans un État de droit, nul ne peut être détenu sans qu'on n'articule clairement les faits contre lui, sans l’avoir interrogé sur leur consistance. »
Son confrère, Me Baboucar Cissé, y voit un « scandale judiciaire » et relie cette affaire à des propos tenus par Ousmane Sonko en pleine campagne législative. « À Agnam, il avait affirmé que c’était la dernière campagne électorale de Farba Ngom. Le rapport de la CENTIF, daté du 27 décembre 2024, vient conforter cette déclaration », estime-t-il.
L’avocat revient aussi sur le rejet parle juge des cautions proposées par son client. « Le jour même de son placement sous mandat de dépôt pour escroquerie portant sur 31 milliards de deniers publics, Farba Ngom a proposé des titres en caution. Le juge les a écartés, arguant qu’ils devaient être préalablement inscrits avant d’être offerts, ce qui est une aberration juridique », fustige-t-il.
L’avocat revient aussi sur le rejet parle juge des cautions proposées par son client. « Le jour même de son placement sous mandat de dépôt pour escroquerie portant sur 31 milliards de deniers publics, Farba Ngom a proposé des titres en caution. Le juge les a écartés, arguant qu’ils devaient être préalablement inscrits avant d’être offerts, ce qui est une aberration juridique », fustige-t-il.
Malgré une nouvelle tentative, avec une requête portant sur d’autres titres, le juge d’instruction et le parquet financier ont rejeté la proposition. Pire encore, selon Me Cissé, dix titres fonciers au nom de Farba ont été saisis à la suite d’une ordonnance prise « en catimini ». « L’ordonnance a été obtenue de manière clandestine, les formalités d’inscription réalisées sans en informer les avocats, avant que ces derniers ne soient notifiés », s’insurge-t-il. Les avocats annoncent avoir interjeté appel. « Cette décision sera examinée demain par la chambre d’accusation. Nous considérons que les droits de Farba ont été clairement bafoués », conclut Me Cissé
LA LANGUE, UN OBSTACLE POUR LES PAYS FRANCOPHONES
Difficultés dans la soumission pour les fonds vert climat - Une session de travail sur la Programmation du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et du Fonds vert pour le climat (FVC) en Afrique de l’Ouest, se déroule à Dakar, du 13 au 15 mai 2025.
Une session de travail sur la Programmation du Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et du Fonds vert pour le climat (FVC) en Afrique de l’Ouest, se déroule à Dakar, du 13 au 15 mai 2025. Initiée par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en collaboration avec ses partenaires, cet atelier vise à renforcer les capacités des techniciens des pays de la sous-région dans la formulation des programmes et projets de mobilisation de Fonds vert climat. L’objectif, c’est de former ces derniers pour que, quand ils développent un programme ou un projet, ça passe le plus rapidement possible.
La plupart des pays francophones peinent toujours à accéder aux Fonds vert climat (FVC), du fait des difficultés énormes qu’ils rencontrent dans la soumission des différents programmes et projets. Parmi ces contraintes, la langue qui constitue un obstacle, parce que, selon Mme Bintia Stéphane-Tchicaya, Coordonnatrice sous régionale de la FAO pour l'Afrique de l'Ouest, «dans ces projets, ils demandent à ce que les projets soient formulés en anglais. Alors, souvent, lorsqu'on ne maîtrise pas l'anglais, on peut, des fois, insérer des données peut-être pas au bon endroit. Ce qui fait que quand ça passe au Conseil du Fonds vert le climat, ce n’est pas accepté et ça revient encore pour relecture».
C’est dans cet esprit que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en collaboration avec ses partenaires, tient pendant trois jours une session de travail avec les techniciens afin que, «dès la première soumission des fonds, ça puisse passer», a indiqué la représentante par intérim de la FAO au Sénégal, qui assure que, «une fois qu'on en discute ici et qu'on essaye de voir les pour et les contre, nous pensons que ça va faciliter justement, dès la première soumission, que les projets et programmes passent. Donc, au-delà de cet atelier, c'est maintenant d'aller vers les différents gouvernements, y compris celui du Sénégal, discuter avec les autorités».
Ainsi, après cet atelier, la prochaine étape, informe Mme Bintia Stéphane-Tchicaya, «c'est de discuter maintenant et faire une priorisation des projets que nous avons en pipeline, pour voir quels sont les projets qui sont les plus porteurs pour le Sénégal.
Et, également, on va faire de même pour les autres gouvernements, qu'ils identifient quels sont les projets porteurs pour qu'on puisse mettre l'accent sur ceux-ci pour que ça puisse passer». Car, dans un contexte où les ressources s'amenuisent, souligne-t-elle, «il est de notre avantage de mobiliser davantage de fonds verticaux parce que c'est nous qui subissons les effets du changement climatique plus que tout autre».
Remerciant la FAO, au nom du ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, pour l’honneur fait au Sénégal d’abriter cet atelier pour parler des financements issus de l’environnement et des Fonds vert climat, Mme Madeleine Diouf, Directrice du Changement climatique, de la Transition écologique et des Financements verts, est revenue sur les priorités du Sénégal, qui est aujourd’hui, confronté à plusieurs difficultés liées à l'avancée du désert, à la sécurité alimentaire avec ces fortes et grandes variabilités du climat, qui impactent réellement sur la production agricole.
Pour elle, «c'est l'ensemble de ces différentes problématiques de construction de notre résilience, de lutte contre la pauvreté, en tout cas de prise en charge de la problématique climatique qui ne va pas s'arrêter maintenant. Donc toute une dynamique à créer autour en tout cas de cette résilience qu'il faut construire avec les communautés», a indiqué la Directrice du Changement climatique, de la Transition écologique et des Financements verts.
LES DAARA A L’HEURE DES REFORMES
Conformément à l’engagement du président Bassirou Diomaye Faye, les Assises nationales sur les daara ont été ouvertes hier, mardi 13 mai, à Dakar par le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Guirassy.
Conformément à l’engagement du président Bassirou Diomaye Faye, les Assises nationales sur les daara ont été ouvertes hier, mardi 13 mai, à Dakar par le ministre de l’Éducation nationale, Moustapha Guirassy. Cette initiative vise à jeter les bases d’une réforme ambitieuse de l’enseignement coranique au Sénégal, conciliant tradition spirituelle et modernité éducative.
C’est à l’Institut islamique de Dakar, devant un parterre de maîtres coraniques, d’imams, d’oulémas, d’autorités politiques et religieuses, de membres de la société civile et de partenaires au développement, que le ministre a donné le coup d’envoi des concertations. L’objectif affiché est clair : intégrer pleinement les daara dans le système éducatif national tout en respectant leur vocation première, la formation religieuse.
« Ces Assises doivent s’ancrer dans le réel, aller à la rencontre des acteurs dans les régions, écouter, comprendre, car c’est au plus près du terrain que se forgent les solutions durables », a souligné Moustapha Guirassy dans son discours inaugural. L’enjeu, selon lui, n’est pas de faire cohabiter deux univers de manière artificielle, mais de créer une articulation harmonieuse entre savoirs religieux et savoirs contemporains.
«L’intégration des daara ne saurait se faire en opposant les connaissances, mais en les articulant. À côté du Coran et de la jurisprudence, les pensionnaires doivent pouvoir, s’ils le souhaitent, accéder à l’informatique, à l’anglais, à la pensée critique, aux sciences modernes, sans perdre leur ancrage spirituel », a-t-il insisté.
Le ministre a aussi rappelé que cette initiative répond à une instruction formelle du président de la République, formulée à l’occasion de la Journée nationale des daara, célébrée le 28 novembre 2024. Un signal fort de la volonté de l’État de considérer l’enseignement religieux comme un pilier à part entière du système éducatif, au même titre que l’école publique ou privée. En filigrane, c’est une quête d’équité et de reconnaissance que porte cette réforme. « En réaffirmant aujourd’hui son engagement envers les daara, le gouvernement agit avec la même volonté d’équité et de reconnaissance à l’égard de toutes les formes d’éducation religieuse présentes sur notre territoire », a précisé Moustapha Guirassy, tout en insistant sur la nécessité de préserver la diversité spirituelle du pays.
Cette ambition est portée par un cadre de concertation élargi, qui inclut l’ensemble des parties prenantes, des acteurs locaux aux partenaires techniques et financiers, dont la Banque mondiale. Celle-ci accompagne l’État dans la mise en œuvre du projet de modernisation, preuve que la démarche s’inscrit dans une perspective de long terme. À travers ces assises, le Sénégal amorce une réflexion de fond sur l’avenir des daara, bien au-delà des discours. La rencontre de Dakar marque le début d’un processus participatif qui s’étendra dans les régions, à l’écoute des réalités de terrain et des besoins des communautés éducatives.
Par Serigne Mbacké SOUGOU
AU-DELÀ DE L’ÉLARGISSEMENT DE L’ASSIETTE FISCALE
Face à l'urgence budgétaire, deux leviers fiscaux se présentent : l'élargissement de l'assiette et l'augmentation des taux
L’audit du Rapport sur l’état des Finances publiques a révélé la gravité du déficit public (11,7% du PIB) et l’inquiétant niveau de la dette (105,7% du PIB).
Cette situation alarmante, en même temps qu’elle place le Sénégal dans une position inconfortable au sein de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et vis-à-vis de ses partenaires, exige de tous les citoyens, un sursaut patriotique en vue d’une mobilisation exceptionnelle des ressources internes.
Au demeurant, l’élaboration du Rapport sur la situation des finances publiques et l’audit par la Cour des Comptes constituent une très bonne nouvelle en ce qu’ils indiquent la voie à suivre pour tous les Etats membres de l’UEMOA.
Plus qu’un exercice de vérité, l’option des autorités sénégalaises de dresser la situation globale des finances publiques, en particulier, l’état du déficit et de l’endettement, est une application rigoureuse de la Directive n°01/2009 du 27 mars 2009 et de la Loi 2012-22 du 27 décembre 2012, portant Code de transparence dans la gestion des finances publiques.
Le Sénégal a ainsi marqué d’une empreinte indélébile son attachement à la transparence et au respect du Pacte de Convergence, de Stabilité, de Croissance et de Solidarité de l’UEMOA notamment à son mécanisme de Surveillance multilatérale.
Il est clair que cette volonté des autorités sénégalaises qui a permis de révéler les failles du dispositif de contrôle, de surveillance et d’évaluation au niveau communautaire et multilatéral induit de nouveaux défis. Parmi ceux-ci, figure le consensus national sur le cadre fiscal permettant d’augmenter significativement le niveau des recettes intérieures.
A cet effet, deux leviers peuvent être mis en œuvre : l’élargissement de l’assiette et l’augmentation des taux.
1- l’élargissement de l’assiette
La plupart des mesures annoncées visent en effet l’extension du champ d’application des impôts à des secteurs ou activités non taxés ou insuffisamment taxés.
C’est le cas notamment des services numériques, des activités informelles, des secteurs exonérés ou exemptés sans raison objective.
A ces mesures de politique fiscale, il faut ajouter les réformes en matière d’administration fiscale portant sur la modernisation des structures et procédures, la digitalisation, la communication et la promotion du civisme fiscal.
Toutefois les incidences de ces mesures ne pourront être constatées sur le court terme car leur mise en œuvre nécessite du temps. Or les besoins en matière de recettes sont d’une extrême urgence du fait de la détérioration de la structure des finances publiques.
Le recours au marché financier régional quoique réussi, ne saurait constituer une alternative viable à la mobilisation efficace des recettes fiscales et douanières.
Cependant, les réformes prévues dans le Code Général des Impôts et le Code des Douanes en termes d’élargissement de l’assiette ne pourraient suffire dans le contexte actuel.
- La réforme portant sur les taux d’imposition notamment en matière de Taxe sur la Valeur Ajoutée est inéluctable
2- l’augmentation des taux
Pour l’augmentation des taux, les impôts directs et Taxes assimilées (Impôts sur le Revenu, Impôts sur le Sociétés, Contribution Foncière, Contribution économique …) ne sauraient être concernés du fait du peu d’efficacité d’une telle mesure. L’impôt direct affecte directement le revenu ; il est acquitté en une seule fois à la fin de l’année (même si des modalités d’acompte ou de retenue à régulariser sont aménagées).
A contrario, une réforme portant sur l’augmentation du taux de taxation en matière de fiscalité indirecte (Taxe sur la Valeur Ajoutée, Taxes financières Taxes spécifiques …) entraîne des effets immédiats sur le niveau des recettes et sur la trésorerie de l’Etat.
Le caractère général et réel de la TVA fait de cet impôt moderne et économique, un puissant pourvoyeur de recettes.
C’est pourquoi, dans le contexte actuel marqué par la nécessité urgente de mobiliser les ressources internes, la réforme du système de taxation en matière de TVA est incontournable.
S’agissant de la Taxe sur les Affaires Financières et des Taxes spécifiques, il est plus prudent de ne pas envisager une augmentation des taux pour éviter des effets pervers sur le coût du crédit et sur les prix (les taxes spécifiques étant comprises dans la base taxable en matière de TVA).
Evidemment, une augmentation du taux de la TVA ne devrait conduire ni à des distorsions économiques ni à une réduction du pouvoir d’achat des ménages vulnérables.
A cet effet, les propositions ci-après sont formulées.
-L’adoption d’un taux de TVA de 20% pour un certain nombre de biens et services
Aux termes de la Directive n°02/ 98/CM/UEMOA du 22 décembre 1998 portant harmonisation des législations des Etats membres en matière de TVA, modifiée par la Directive 02/2009/CM/UEMOA du 27 mars 2009, le taux est fixé dans une fourchette comprise entre 15% et 20%.
La Directive 02/2009 a introduit le taux réduit applicable à certains biens et services
En transposant la Directive, les Etats ont adopté généralement le taux de 18% en 2000 avec l’entrée en vigueur du Tarif Extérieur Commun. C’est le cas du Sénégal qui appliquait un taux normal de 20% avant l’harmonisation.
La Côte d’Ivoire et le Niger ont dû adopter respectivement 20% et 19% pour des raisons économiques spécifiques. La Côte d’Ivoire est revenue au taux de 18% depuis 2023.
La Guinée Bissau qui accuse un retard dans l’instauration de la TVA, envisage de mettre en œuvre, à partir du 1er janvier 2025, un régime fiscal conforme à la Directive,
La situation actuelle des finances publiques du Sénégal décrite dans le Rapport d’audit de la Cour des Comptes, devrait justifier la mise en œuvre, à titre exceptionnel, d’un taux de TVA de 20% pour un certain nombre de biens et services à déterminer. Il s’agirait de biens ou services essentiellement consommés ou utilisés par des catégories sociales disposant de revenus supérieurs à ceux de la classe moyenne. Une étude, à cet effet, devrait être menée rapidement par les services du Ministère des Finances et du Budget et du Ministère de l’Economie du Plan et de la Coopération.
Ainsi, l’institution d’une TVA à 20%, à titre exceptionnel pourrait être envisagée pour une période de six (06) mois, du 1er juillet au 31 décembre 2025.
Les recettes attendues devraient alors être prises en compte dans la Loi de finances rectificative avec un Rapport détaillé y relatif, à annexer à la Loi de finances initiale de 2026.
En définitive, nous aurions un régime de TVA avec trois taux en vigueur : 20% ; 18% et 10% sur la période allant de juillet à décembre 2025.
L’introduction à titre exceptionnelle du taux de 20% en sus des taux prévus par la Directive est conforme à l’esprit du Traité de l’UEMOA qui prévoit son article 71, des dérogations accordées à un Etat, dans le respect des prescriptions en matière de surveillance multilatérale pour une durée maximale de six (06) mois, sur autorisation du Conseil des Ministres. Dans ce cas ledit Etat doit être confronté à des difficultés économiques et financières engendrées par des évènements exceptionnels ou imprévus. Tel est le cas des constatations faites par le Rapport sur la situation des finances publiques certifiée par la Cour des Comptes.
L’instauration d’un consensus national sur les réformes fiscales
L’état alarmant des finances publiques et les incontournables mesures à prendre pour rétablir l’équilibre budgétaire et assurer la viabilité financière de l’Etat, nécessitent un consensus national sur les réformes envisagées notamment celles portant sur le taux de TVA.
En 2004, dans un contexte certes différent mais difficile, un Accord entre l’Etat, le Secteur Privé et les forces vives avait abouti à une réforme fiscale importante basée sur 45 mesures arrêtées de manière consensuelle dans le cadre du Conseil Présidentiel de l’Investissement (CPI).
Ce consensus avait permis une augmentation des recettes fiscales de 20%, une amélioration de l’environnement des affaires, une baisse de l’impôt sur les salaires (même si pour cette dernière mesure l’application avait été différée de quelques années) et l’augmentation de l’âge de la retraite (de 55 à 60 ans). Les réformes du Code Général des Impôts envisagées devraient alors faire l’objet d’une large concertation pour garantir leur efficacité et leur légitimité.
MULTIPLE PHOTOS
REVUE DE PRESSE DE CE MERCREDI 14 MAI 2025
La presse nationale, dans sa grande diversité, revient largement sur l’affaire Farba Ngom, le fonctionnement de la justice, les malversations économiques, mais aussi sur le tirage du Sénégal à la Coupe du Monde FIBA 2027.
(SenePlus) L'actualité sénégalaise de ce mercredi 14 mai 2025 est marquée par une série de révélations judiciaires, de dénonciations politiques, de scandales financiers et d'espoirs nourris dans le domaine du sport. La presse nationale, dans sa grande diversité, revient largement sur l’affaire Farba Ngom, le fonctionnement de la justice, les malversations économiques, mais aussi sur le tirage du Sénégal à la Coupe du Monde FIBA 2027.
AFFAIRE FARBA NGOM : LES AVOCATS MONTENT AU CRENEAU
L’affaire Farba Ngom, député influent de l’Alliance pour la République (APR), continue de secouer la scène politico-judiciaire. Plusieurs quotidiens mettent en exergue la riposte de ses avocats face aux accusations du parquet.
Les Échos titre sans ambages : « Les avocats de Farba démontent la procédure et les accusations », soulignant les nombreuses irrégularités relevées par la défense.
Pop enfonce le clou avec : « Les avocats de Farba vilipendent la procédure », décrivant une posture combative adoptée par le camp de l’élu.
WalfQuotidien ne mâche pas ses mots : « Les avocats de Farba toutes griffes dehors », pendant que Sud Quotidien évoque une « contre-attaque » en règle dans son dossier.
L’AS et Tribune vont plus loin en relayant la thèse d’un procès biaisé et motivé par des considérations politiques. Le premier dénonce : « Une justice de vengeance », tandis que le second donne la parole à des personnalités comme Nafy Léef qui « exprime ses craintes » face à une instrumentalisation supposée de la justice.
Dans le même sillage, EnQuête dresse un tableau plus général du secteur judiciaire à travers sa une intitulée : « La justice à l’épreuve », illustrant les tensions croissantes qui pèsent sur la crédibilité des institutions judiciaires sénégalaises.
BANDITISME FINANCIER ET AFFAIRES LOUCHES
L’autre grande affaire du jour concerne des malversations économiques à grande échelle.
Libération dévoile un scandale retentissant : « Banditisme financier au cœur de l’Agropole Nord ». Selon le journal, de lourdes irrégularités financières pèsent sur ce projet de développement censé structurer l'agriculture au nord du pays.
Le Témoin pour sa part met en lumière une nébuleuse de plusieurs milliards de francs CFA autour d’un autre dossier brûlant : « Lansar Auto au cœur d’une nébuleuse de 16,57 milliards ». Le journal évoque des soupçons de corruption et d’évasion de capitaux autour de cette entreprise de distribution automobile.
POLITIQUE NATIONALE : VOLTE-FACE ET TENSIONS INTERNES
Sur le terrain politique, Point Actu se penche sur les retournements stratégiques récents du président Macky Sall dans un dossier titré : « Les raisons de la volte-face de Macky Sall ». L’analyse décrypte les ajustements du président sur des sujets clés tels que la gouvernance universitaire et les nominations controversées.
Yoor-Yoor se fait l’écho des tensions au sein même de l’alliance présidentielle avec un titre évocateur : « Les coulisses d’un divorce », qui laisse présager une reconfiguration politique imminente ou des frictions entre hauts responsables de l’État.
JUSTICE SURCHARGEE ET CYBERSECURITE EN LIGNE DE MIRE
Dans une perspective plus systémique, Source A s’attarde sur la surcharge de travail des magistrats avec un titre révélateur : « Agenda surbooké du Proc’ », pointant les difficultés d’une justice débordée.
En matière de cybersécurité, Le Quotidien annonce une opération de nettoyage numérique en titrant : « Le parquet nettoie la toile », indiquant des actions concrètes contre les cybercriminels et les discours haineux en ligne.
ÉCONOMIE LOCALE : UNE NOTE D’ESPOIR DANS L’AGRICULTURE
Dans un ton plus optimiste, Le Soleil se démarque avec un reportage sur les coopératives agricoles féminines sous le titre : « La promesse des fleurs ». Le journal met en lumière ces initiatives rurales qui dynamisent l’économie locale et redonnent espoir à des milliers de femmes.
SPORT : LE SENEGAL BIEN LANCE POUR LA FIBA 2027
Enfin, dans le domaine du sport, l’annonce du tirage au sort de la Coupe du Monde FIBA 2027 fait la une de plusieurs journaux :
Record, Stades et Rewmi Sports saluent d’une même voix : « Le Sénégal dans le groupe B », aux côtés de gros calibres du basket mondial.
Record précise dans un autre titre : « Un mai de finales pour la Tanière », en référence aux multiples échéances sportives à venir.
Point Actu Sport relaye par ailleurs une information phare du marché des transferts européens : « Arsenal fonce sur trois joueurs du Sporting CP à 210 M€ », soulignant l'intensité du mercato en cours.
Le féminisme sénégalais a pris corps entre les années 1970 et 1990 dans un discours mesuré, centré sur l’égalité d’accès aux droits, sans rupture frontale avec le patriarcat. Aujourd’hui, une génération d’activistes réinvente la lutte
Porté à ses débuts par une élite féminine éclairée, le féminisme sénégalais a pris corps entre les années 1970 et 1990 dans un discours mesuré, centré sur l’égalité d’accès aux droits, sans rupture frontale avec le patriarcat. Aujourd’hui, une génération d’activistes réinvente la lutte. Leur verbe, plus tranchant, interroge les normes, bouscule les codes et redéfinit un féminisme enraciné dans le réel, mais tendu vers la souveraineté et l’émancipation intégrale des femmes.
Le féminisme, entendu comme une doctrine ou « un mouvement qui préconise l’amélioration et l’extension du rôle et des droits des femmes » dans la société, a connu, au fil des décennies, de multiples mutations. Le discours féministe au Sénégal remonte à une époque antérieure aux indépendances, mais l’affirmation d’un militantisme ouvertement féministe commence à se manifester vers les années 1970. Cette dynamique est portée par les premiers mouvements féminins postindépendance, incarnées notamment par des intellectuels, universitaires pour la plupart, qui entendaient défendre l’égalité entre les sexes à tous les niveaux de la société. C’est ainsi qu’en 1977 voit le jour, à Dakar, la Fédération des associations féminines du Sénégal.
Aux origines d’un engagement féminin
Les revendications portaient essentiellement sur la reconnaissance de la participation des femmes au développement, comme l’explique Fatou Sow, cofondatrice de la structure, dans une communication datant de 2008 et intitulée «les défis d’une féministe en Afrique». Des figures comme Awa Thiam, auteur de l’ouvrage « la Parole aux Négresses » en 1978 et membre de la Commission pour l’abolition des mutilations sexuelles (Cams), ont très tôt engagé des actions en faveur de la libération des femmes. Ce contexte donne matière à réflexion au greffier Mouhamed Diédhiou, spécialiste des questions de genre, pour qui le discours féministe sénégalais, dès ses premiers pas, « implique des rapports de genre au sens strict homme/femme. Il ambitionne de neutraliser les liens de subordination de la femme vis-à-vis de l’homme ». Pour l’auteur de l’essai « Mariama Bâ et le féminisme, perspectives critiques », il y a toujours eu un discours féministe au Sénégal, « perceptible notamment à travers la diffusion progressive de la doctrine du genre dans toutes les sphères sociales ». D’ailleurs, en 1982, comme le rappelle Fatou Sow, « Awa Thiam a tenu à Dakar un atelier sur les oppressions féminines, sur un mode très féministe qui a déconcerté plus d’une participante sénégalaise, ainsi que Marie-Angélique Savané, qui avait fondé, en 1984, l’association Yewwu-Yewwi, tout aussi volontairement féministe », a souligné M. Diédhiou.
Pourtant, si la première élite féminine du pays est souvent qualifiée a posteriori de féministe, au regard de son engagement en faveur de l’amélioration du statut des femmes, cette lecture mérite d’être nuancée. Selon Mouhamed Diédhiou, cette élite ne relève pas, à proprement parler, du féminisme. « Pendant longtemps, au Sénégal, il a été entretenu la confusion entre discours féministe et discours féminin. Or, les deux sont différents. Le féminisme est une négation du système patriarcal et, par ricochet, de tous les attributs de l’homme, qu’il considère juste comme suprémaciste. Ce qui n’est pas le cas du discours féminin que j’appelle la ‘’lutte pour la condition féminine», analyse l’essayiste en genre. Dans cette perspective, des figures comme Annette Mbaye d’Erneville, Mariama Bâ, Marie-Angélique Savané, Penda Mbow, Fatou Sow Sarr… sont parfois, à tort, présentées comme féministes. Leur discours, selon Mouhamed Diédhiou, bien que centré sur les droits des femmes, ne visait pas à déconstruire le système patriarcal dans son ensemble, mais à l’aménager. « Il s’agissait avant tout de promouvoir la scolarisation et le maintien des filles à l’école, de combattre les violences conjugales, la polygamie, l’excision, le mariage forcé ou encore le lévirat et le sororat », fait savoir le greffier au tribunal Lat Dior de Dakar. Leur plaidoyer portait également sur l’accès des femmes aux emplois civils et militaires, et sur la prévention des grossesses précoces.
Féminisme modéré
D’ailleurs, l’auteur Fatou Sow justement l’exprime clairement : « Il s’agissait de questionner les rôles et statuts des femmes sans remettre fondamentalement en cause la domination masculine », a-t-elle dit. Une posture qui s’inscrit, selon la journaliste du quotidien national « Le Soleil », Ndèye Fatou Diéry Diagne, en droite ligne avec le « féminisme modéré ». Cette dernière, qui revendique pleinement son engagement dans ce combat, admet néanmoins que le discours féministe au Sénégal a toujours existé, mais « fluctue d’un ou d’une féministe à un ou une autre ». Pour Ndèye Fatou Diéry Diagne, le discours a aujourd’hui profondément évolué, rompant avec la modération des premières figures du mouvement. « Elles ont plus d’audace et ne se cachent pas. Certains thèmes de leur discours dérangent même au sein des partisans du féminisme modéré. Ce qui fait que nous ne pouvons plus parler de féminisme, mais de féminismes [au pluriel] en ce sens que la doctrine a besoin aujourd’hui de s’adapter selon le contexte, les catégories socioprofessionnelles ou les déterminismes sociaux, etc. », explique-t-elle.
Cette mutation s’illustre par un élargissement des thématiques abordées. Le féminisme contemporain prend à bras-le-corps les grandes problématiques de genre. Pour Mouhamed Diédhiou comme pour Ndèye Fatou Diéry Diagne, le discours actuel s’articule autour de la répression du viol et des violences sexuelles, de la question de l’avortement, de l’apologie du divorce, de la parité.
S’y ajoutent des revendications sur la remise en cause de la puissance paternelle et sur le droit des femmes à disposer librement de leur corps.
Ce discours renouvelé est porté par une nouvelle génération d’activistes féministes, largement visibles grâce aux réseaux sociaux.
Vers un féminisme pluriel et disruptif
Des figures comme Fatou Thiam, psychologue clinicienne spécialisée en pathologie psychiatrique et criminologie clinique, Fatou Warka Samb, journaliste et créatrice, Aminata Libin ou encore Maimouna Asta Yade, fondatrice du média féministe « Jigéen TV », incarnent ce tournant. D’autres voix universitaires, telles que Fatou Kiné Kamara ou Bernadette Sonko, s’inscrivent également dans cette dynamique.
Bien loin des préoccupations de l’élite féminine des débuts, ce féminisme assumé épouse les mutations sociales, le niveau d’instruction croissant et l’évolution des rapports sociaux. D’après Mouhamed Diédhiou, le combat n’est plus orienté vers une simple « autonomie », mais bien vers une réelle « souveraineté » féminine. « Ce qui fait la principale ligne de démarcation du mouvement féministe de nos jours avec le discours féministe d’alors est la capacité, voire l’audace qu’il a d’aborder des sujets qui heurtent l’ordre établi », observe-t-il. En effet, poursuit-il, « la nouvelle génération bouscule les mœurs, défie les préjugés et les systèmes culturels ». Un changement de ton que salue Fatou Sow, qui relève dans ses réflexions sur les enjeux du féminisme au Sénégal l’émergence d’un engagement fort, sans concession : une génération de femmes prêtes à se revendiquer comme «féministes sans si ni mais ».
LES SECRETS DU DÉCLIN DE JOE BIDEN
La dégradation physique de l'ancien président américain était si prononcée en 2023 et 2024 que ses conseillers ont secrètement discuté de la possibilité qu'il doive utiliser un fauteuil roulant s'il remportait un second mandat
(SenePlus) - La dégradation physique de Joe Biden était si prononcée en 2023 et 2024 que ses conseillers ont secrètement discuté de la possibilité qu'il doive utiliser un fauteuil roulant s'il remportait un second mandat. Cette révélation fracassante provient du livre "Original Sin: President Biden's Decline, Its Cover-Up, and His Disastrous Choice to Run Again" (Le péché originel : le déclin du président Biden, sa dissimulation et son choix désastreux de se représenter), écrit par Jake Tapper de CNN et Alex Thompson d'Axios, dont la sortie est prévue le 20 mai.
Selon les auteurs, qui ont interrogé plus de 200 personnes pour leur enquête, ces discussions témoignent de « l'ampleur du déclin de la santé du président – particulièrement la dégénérescence significative de sa colonne vertébrale » et de « l'alarme de ses collaborateurs » alors que Biden, âgé de 81 ans, briguait un second mandat face à Donald Trump.
L'équipe présidentielle considérait qu'il était « politiquement intenable » de montrer Biden en fauteuil roulant pendant sa campagne de réélection. Le médecin du président, Kevin O'Connor, aurait même « déclaré en privé que si Biden faisait une autre mauvaise chute, un fauteuil roulant pourrait être nécessaire pour ce qui pourrait être une difficile convalescence », rapportent les auteurs.
Ce risque de chute était devenu une préoccupation majeure après que Biden ait trébuché sur un sac de sable lors d'une cérémonie à l'Académie de l'Air Force en juin 2023. Face à cette inquiétude grandissante, ses collaborateurs ont multiplié les précautions :
Recherche systématique de chemins de marche plus courts
Installation de rampes pour les montées sur scène
Port plus fréquent de baskets
Modification des briefings visuels avant les événements pour s'assurer qu'il connaissait chaque pas attendu
Accompagnement plus attentif lors de ses déplacements
Le médecin contre les conseillers politiques
Le livre révèle également les tensions entre le Dr O'Connor et l'équipe politique de Biden. Le médecin s'inquiétait depuis longtemps de l'impact de la présidence sur la santé de Biden et « se disputait souvent avec les responsables politiques pour obtenir plus de temps de repos dans l'emploi du temps du président ».
Les auteurs rapportent que « O'Connor plaisantait parfois en disant que les membres du personnel de Biden essayaient de le tuer, tandis que lui essayait de le maintenir en vie ». Une remarque qui prend une dimension particulière à la lumière des révélations sur la détérioration de l'état de santé du président.
Tout au long de l'année 2024, les collaborateurs de Biden ont expliqué aux journalistes que sa démarche hésitante était en partie due à une fracture du pied survenue en novembre 2020, aggravée par son refus de porter régulièrement sa botte orthopédique. Selon eux, Biden était en quelque sorte victime de sa propre vigueur.
Pourtant, cette version contredit les rapports médicaux officiels publiés à l'époque par le Dr O'Connor. Après que Biden ait porté une botte pendant 10 semaines fin 2020 et début 2021, O'Connor avait noté que « les deux petites fractures de son pied sont complètement guéries » et que « cette blessure a guéri comme prévu ».
Dans ses bilans de santé publics, O'Connor mentionnait bien une « légère arthrite post-fracture du pied », mais insistait davantage sur « une arthrite spinale significative » pour expliquer les changements dans la démarche du président – un problème bien plus sérieux que ce que l'administration laissait entendre.
L'incident Clooney : un moment révélateur
Le livre révèle également qu'en juin 2024, lors d'une collecte de fonds en Californie, Biden n'a pas reconnu l'acteur George Clooney, pourtant son ami de longue date. Il a fallu lui rappeler à plusieurs reprises l'identité de la star avec qui il s'entretenait. Ce même événement a constitué un « moment de prise de conscience » pour Clooney, qui n'avait pas vu Biden depuis 2022 et a été choqué par son apparence physique « diminuée ».
Contacté par Axios au sujet de ces allégations, un porte-parole de Biden qui a refusé d'être identifié a déclaré dans un communiqué que l'examen médical du président « a clairement établi qu'il avait une démarche raide causée, en partie, par l'usure de sa colonne vertébrale — mais qu'aucun traitement spécial n'était nécessaire et que cela ne s'était pas aggravé ».
« Il a été transparent à ce sujet, et c'était loin d'être "grave" », ajoute le communiqué. « Oui, il y avait des changements physiques à mesure qu'il vieillissait, mais des signes de vieillissement ne sont pas des preuves d'incapacité mentale. »
Le porte-parole défie également quiconque de « pointer où Joe Biden a dû prendre une décision présidentielle ou faire une allocution présidentielle où il était incapable de faire son travail en raison d'un déclin mental ». Selon lui, « les preuves indiquent le contraire — il a été un président très efficace ».
Malgré les signaux d'alerte concernant son déclin physique et mental observés tout au long de son mandat, Biden, sa famille et les hauts responsables de la Maison Blanche ont maintenu sa candidature à la réélection jusqu'à ce que sa performance catastrophique lors du débat contre Trump en juin dernier ne choque les dirigeants démocrates, qui ont alors commencé à faire pression pour qu'il abandonne sa candidature.
Trois semaines plus tard, Biden s'est retiré de la course et a rapidement apporté son soutien à la vice-présidente Kamala Harris, lui ouvrant la voie pour devenir la nouvelle candidate du parti à la présidence.
L'AUDACE D'UN IMPOSTEUR EN ROBE
Samba Cor Dia Fall, 45 ans, avait installé son "bureau des médiations pénales" - une structure totalement fictive - pour extorquer de l'argent à des justiciables vulnérables
L’histoire semble tirée d’un scénario de film, mais elle est bien réelle. Selon le journal Libération, un homme se faisant passer pour un juge a été arrêté en flagrant délit d’usurpation de fonction au cœur même du Palais de Justice de Dakar.
Samba Cor Dia Fall, 45 ans, prétendait être à la tête d’un prétendu « bureau en charge des médiations pénales », une structure totalement fictive qu’il utilisait pour extorquer de l’argent à des justiciables. Arrêté dans le bureau n°84 du Palais, l’homme a été déféré hier par la Brigade des affaires générales pour usurpation de fonction, usage de fausse qualité et extorsion de fonds. L’individu, qui se présente comme juriste consultant, se faisait appeler « Président Fall » et n’hésitait pas à convoquer des citoyens à son faux bureau. Une fois sur place, il leur brandissait des documents, allant jusqu’à agiter de faux mandats de dépôt pour les intimider.
L’une des victimes, M. Diop, témoigne : « Dans son prétendu bureau, il m’a montré un document en me disant que je serai placé sous mandat de dépôt le lundi 12 mai ». Pris de panique, plusieurs justiciables ont cédé à ses demandes financières, croyant échapper à une incarcération imminente.
C’est grâce à la vigilance d’une magistrate basée à Kaolack, qui a signalé les agissements suspects de l’individu, que l’escroquerie a été stoppée. Une enquête a rapidement été ouverte, menant à son arrestation sur les lieux mêmes de son imposture. Selon Libération, Samba Cor Dia Fall serait le neveu d’un magistrat en fonction. Un lien familial qu’il aurait utilisé pour renforcer sa crédibilité auprès de ses victimes.