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7 août 2025
LE BRT, UN MODELE REUSSI DE TRANSPORT DE MASSE
15 mai 2024 – 15 mai 2025, voilà déjà un an, jour pour jour, que le Bus rapid transit (BRT) a été officiellement mis en service pour exploitation commerciale.
Le Bus Rapid Transit (BRT) de Dakar, lancé il y a un an, a rapidement modernisé le transport urbain de masse de la capitale sénégalaise. En effet des transformations positives ont été apportées par ce mode de transport écologique moderne et adapté aux besoins de mobilité des Dakarois. Car le BRT a contribué à répondre de manière satisfaisante à la forte demande de déplacement dans la capitale, sans perdre beaucoup de temps.
15 mai 2024 – 15 mai 2025, voilà déjà un an, jour pour jour, que le Bus rapid transit (BRT) a été officiellement mis en service pour exploitation commerciale. Après plusieurs rendez-vous manqués, les portes de SUNU-BRT ont été enfin ouvertes aux milliers de passagers qui l’attendaient jusque-là, sur une voie dédiée dégagée, le mercredi 15 mai 2024. Le projet est chiffré à 420 milliards de francs CFA et soutenu financièrement par la Banque mondiale (BM), la Banque européenne d'investissement (BEI) et le Fonds vert pour le climat (FVC) de l'ONU. L'État sénégalais a concédé l'exploitation et la maintenance du BRT, pour 15 ans, à Dakar Mobilité, une société de droit sénégalais détenue à 70% par la française Meridiam et à 30% par le Fonds souverain d'investissements stratégiques (FONSIS) du Sénégal. Le contrat de Délégation de service public (DSP) a été officiellement signé, le 21 mars 2022, entre l’État du Sénégal, représenté par le Conseil exécutif des transports urbains durables (CETUD) et Dakar Mobilité S.A et le FONSIS. Ce contrat de concession englobe l’exploitation et la maintenance du BRT, ainsi que l’acquisition des véhicules et équipements associés par Dakar Mobilité. Le concessionnaire a acheté les bus et les bornes de recharge à la société d'État chinoise CRRC.
18 MILLIONS DE PASSAGERS TRANSPORTES EN UN AN ET 60.000 EN JOUR DE SEMAINE
Après une année d’exploitation, le Bus rapid transit a enregistré plus de 18 millions de passagers, selon Dakar Mobilité. Non sans détailler qu’en moyenne, 60.000 passagers sont transportés en jour de semaine par 121 bus articulés 100% électriques roulant sur des voies dédiées, avec un départ toutes les 2 minutes aux heures de pointe (il était annoncé un bus toutes les 6 minutes au début). Encore loin des prévisions au lancement du BRT : transporter jusqu’à 300.000 voyageurs par jour, soit «12.000 voyageurs par heure et par sens avec chaque bus devant prendre 150 voyageurs». Les bus s’arrêtent au niveau de 21 stations opérationnelles sur 23. Le ticket de transport est de 400 francs CFA pour un aller simple dans une même zone et 500 francs CFA au-delà d’une zone, de Pétersen, notamment des allées Papa Guèye Fall, dans la commune de Dakar-Plateau, à la Préfecture de Guédiawaye, dans la banlieue de Dakar, Sacré-Cœur, via Grand Médine, Case-bi... Et vice versa, du lundi au dimanche, de 6 heures du matin à 21 heures, y compris les jours fériés.
ENCORE DES DEFIS A RELEVER, FACE A L’INCIVISME A BORD ET L’INDISCIPLINE DE JAKARTAMEN ET TAXIMEN SUR LES BOIES DEDIEES
Toutefois des défis restent à relever. Car des problèmes de comportement à bord, comme le non-respect des places prioritaires (réservées aux personnes à mobilité réduite, du troisième âge, femmes enceintes, etc.) ou l’utilisation abusive des téléphones. Ces comportements sont encadrés par un règlement strict et supervisés par 165 agents de contrôle. Un autre défi concerne la circulation des motos et des taxis qui, malgré les interdictions, continuent de créer des accidents, notamment en tournant à gauche sur des voies réservées. Les travaux du BRT ont été lancés en 2020, sous l'ancien régime du président Macky Sall. Sa mise en service commerciale a été lancée après plusieurs faux bonds. En effet, son démarrage avait été annoncé depuis la mi-février 2024 ; soit un (01) mois après son inauguration/réception en grande pompe par l’ancien chef de l’Etat, Macky Sall, le 14 janvier 2024, à quelques semaine de la présidentielle de 2024, initialement prévue pour le 25 février, puis reportée au 24 mars, et environ neuf (09) mois après le lancement des essais statiques pour la phase test, le lundi 21 août 2023, en plus de la formation du personnel. Avant lui, l’ancien Premier ministre, Amadou Ba, candidat de la majorité au pouvoir à la présidentielle de 2024, avait procédé, le mercredi 27 décembre 2023, au lancement de la phase dite «active» de cette mise en service du BRT, avec l’ouverture des deux autoponds de Liberté 6 et Case-bi, informant alors de son inauguration, le 14 janvier 2024.
REDUCTION DU TEMPS DE PARCOURS ENTRE GUEDIAWAYE ET LE CENTRE-VILLE, CONFORT, SECURITE ET REGULARITE DES ROTATIONS
Sa mise en service effective, le 15 mai 2024 a marqué le début d’une nouvelle ère de mobilité urbaine durable dans la ville de Dakar. Car le BRT a contribué à répondre de manière satisfaisante à la forte demande de déplacement dans la capitale. Grace à ces bus, les temps de parcours entre Guédiawaye et le Centreville sont passés de 90 à 45 minutes, dans des conditions de confort, de sécurité et de régularité substantiellement améliorées. En plus de répondre à des besoins de transport massifs, le BRT, un projet écologique, contribue à la réduction de la pollution en diminuant les émissions de CO2, une avancée majeure pour l’environnement. Il se distingue également par la qualité de son service, offrant des bus climatisés, du confort, de la sécurité, une première pour les transports en commun à Dakar, en dehors de l’autre système de transport de masse qu’est le train express régional (TER). Les transactions sont également digitalisées, permettant aux voyageurs d’acheter leurs billets via leurs téléphones et de gagner en temps pour l’embarquement.
BRT, LE SOUFFLE ÉLECTRIQUE QUI CHANGE DAKAR
Un an après sa mise en service, ce fleuron des transports dakarois a conquis la population. Le confort, la ponctualité et la sécurité sont au rendez-vous, même si l'absence de desserte des zones périurbaines éloignées reste un regret partagé
Il est 7h10 ce matin, le quai de la station terminus de Guédiawaye s’anime d’un flot tranquille mais décidé de passagers. Les portes vitrées s’ouvrent dans un souffle léger et, déjà, le Bus Rapid Transit (BRT) flambant neuf, glisse sur sa voie.
Un an après son entrée en service, ce géant électrique est devenu plus qu’un moyen de transport : un symbole de modernité, et pour beaucoup, leurs difficultés de mobilité dans la capitale sénégalaise se sont atténuées en termes de temps et de confort. Même si les populations regrettent vivement que les zones périurbaines plus éloignées ne soient pas desservies. En d’autres termes le réseau du Bus Rapid Transit pâtit d’un manque d’extension qui limite son accessibilité.
À bord, l’ambiance est feutrée. Les sièges ergonomiques, la climatisation et l’absence de bruit mécanique surprennent encore les habitués du « car rapide » ou du « Ndiaga Ndiaye ». Ici, pas de klaxons, pas d’odeur de gasoil, pas de cris de rabatteurs. Le silence est ponctué uniquement par la voix douce et automatisée annonçant les prochaines stations : Grand Médine, Liberté 6, Petersen…
Mamadou, employé à la SN Habitation à Loyer Modern (SN HLM) sise au quartier Fass, utilise le BRT depuis six mois. « Avant, je mettais presque deux heures pour aller au travail. Maintenant, je suis au bureau en 45 minutes chrono. Et je peux lire pendant le trajet ! Nous ne suffoquons pas dans ces bus modernes. Contrairement aux bus Tata et les cars rapides qui sont des boites à sardine », dit-il. À travers les vitres panoramiques, Dakar défile. Les em bouteillages de la VDN sont toujours là, mais au loin. Le BRT, lui, file sur sa voie exclusive, indifférent à la cacophonie automobile alentour. 121 véhicules électriques assurent désormais jusqu’à 300 000 déplacements quotidiens sur un linéaire de 18,3 kilomètres, connectant efficacement Guédiawaye au centre-ville.
À Colobane, une mère de famille monte avec ses deux enfants. « J’habite à Dalifort. Depuis que le BRT est là, mes enfants arrivent à l’heure à l’école. Et je paye moins qu’en taxi-clando », confie-t-elle
Lancé commercialement en mai 2024, le BRT n’a pas été sans défis. Les premiers mois ont connu des pics d’affluence inattendus, quelques problèmes d’interconnexion avec les lignes de bus classiques et un besoin accru de personnel formé.
Aujourd’hui, ces couacs semblent lointains. L’exploitation s’est rodée. Les agents d’assistance, reconnaissables à leurs gilets verts, guident les voyageurs avec courtoisie. Des lecteurs de carte sans contact facilitent l’embarquement. Cheikh, conducteur depuis les premiers jours, en est fier : « On transporte le futur. Et on est bien traités, bien formés. Conduire un BRT, ce n’est pas juste rouler, c’est piloter une mission ». Un souffle écologique sur Dakar
Le BRT ne fait pas que transporter : il respire pour la ville et la fait respirer. Grâce à sa motorisation 100 % électrique, il réduit l’empreinte carbone d’un réseau de transport souvent décrié pour sa pollution. D’ici quelques années, il contribuera à baisser de 59 000 tonnes les émissions annuelles de dioxyde de carbone (CO2), selon les projections de Dakar Mobilité.
À la station Petersen, terminus en centre-ville, les passagers se dispersent dans le tumulte matinal. Quelques-uns prennent le TER, d’autres rejoignent à pied leur bureau, dans une ville de plus en plus connectée.
Le BRT n’est pas une fin, mais un début. Il a ouvert une brèche dans l’imaginaire urbain dakarois : celui d’une ville fluide, propre, égalitaire dans l’accès à la mobilité. Et si les files d’attente aux stations rappellent qu’il reste à faire notamment en matière de fréquence et de capacité. Pour certains les usagers, eux, estiment : le BRT est un succès. Les voyageurs qui empruntent le Brt sont en sécurité ainsi que leurs bagages.
Les forces de défenses et sécurité (FDS) sont visibles à tout au long du trafic routier.
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REVUE DE LA PRESSE SENEGALAISE DU JEUDI 15 MAI 2025
L’actualité nationale de ce jeudi 15 mai 2025 est marquée par un foisonnement de sujets allant de la politique intérieure à la reddition des comptes, en passant par l’économie, la justice, la diplomatie sous-régionale et le sport
(SenePlus) L’actualité nationale de ce jeudi 15 mai 2025 est marquée par un foisonnement de sujets allant de la politique intérieure à la reddition des comptes, en passant par l’économie, la justice, la diplomatie sous-régionale et le sport. Un panorama riche, à la mesure de l’intensité du moment politique et social au Sénégal.
Énergie et relance économique : des signaux de changement
Le journal Sud Quotidien ouvre le bal avec un titre prometteur : « Le souffle électrique qui change Dakar ». Ce reportage met en lumière les impacts du nouveau plan d’électrification urbaine déployé dans la capitale. Le programme, qui s’inscrit dans une dynamique de modernisation des infrastructures, ambitionne d’améliorer considérablement l'accès à l’électricité dans les quartiers périurbains.
Dans le même sillage, Le Soleil fait état d’une initiative gouvernementale majeure avec pour titre : « Un fonds de relance va voir le jour ». Ce fonds, destiné à stimuler les secteurs économiques les plus affectés par la crise, serait, selon les propos d’Amadou Hott, une réponse stratégique face aux vulnérabilités du tissu productif national. Il s’inscrit dans une volonté claire de relancer l’économie sur des bases plus solides.
L’Info, de son côté, met en exergue l’un des fers de lance du nouveau régime, avec le lancement du programme « Jubanti », qualifié de levier de réforme dans les secteurs stratégiques. L’article titre sobrement : « Diomaye lance le ‘Jubanti’ du secteur », signe que l’heure est aux actes dans la mise en œuvre des promesses de rupture.
Reddition des comptes : l’étau se resserre
L’une des tendances fortes de la presse de ce jour est la poursuite des opérations de reddition des comptes. WalfQuotidien revient avec insistance sur le sujet et titre : « Les bons points de la traque », dans un dossier consacré aux audits dans les secteurs de la santé, de l’agriculture et des infrastructures. Le journal souligne que plusieurs anciens responsables sont déjà dans le viseur de la justice.
Dans le même registre, Le Témoin livre une nouvelle révélation judiciaire : « Tahirou Sarr cité dans une nouvelle affaire ». Ce dernier, déjà impliqué dans de précédentes procédures, serait à nouveau épinglé par la Cour des comptes.
Les Échos n’est pas en reste et enfonce le clou avec « Les révélations de l’expert Aloune Souaré », dans une enquête fouillée sur les détournements présumés dans plusieurs structures étatiques. Le journal annonce également « De grosses batailles devant la chambre d'accusation le 21 mai », signe que le rythme judiciaire va s’intensifier dans les prochains jours.
Libération aborde une phase décisive d’un autre dossier judiciaire en titrant : « Le parquet envoie le dossier en instruction », sans manquer de pointer les pressions entourant certaines enquêtes sensibles.
Enfin, Yoor-Yoor adopte un ton plus sévère avec un titre percutant : « Moussa Diop ou le summum de l’indignité », après la divulgation d’une vidéo controversée impliquant l’ancien DG de Dakar Dem Dikk. L’affaire, vieille de plusieurs mois, refait surface, alimentant les débats sur la moralité publique.
Justice et politique : lignes de fracture
La relation entre justice et politique s’invite également dans l’actualité. Tribune s’interroge sur l’impartialité des magistrats avec un dossier intitulé : « Pas de client… ‘Khaliss Amoul’ », insinuant que les décisions judiciaires seraient parfois influencées par des considérations financières ou politiques.
Point Actu, dans un ton analytique, met en parallèle les figures montantes de l’opposition avec : « Barthélémy et Bougane, un duo attendu contre Sonko et Diomaye ». Le journal parle d’« un tandem à contretemps », en référence à leur difficulté à s’imposer dans le nouveau paysage politique post-présidentielle.
De son côté, Source A évoque un « duel à distance entre Sonko et Macky Sall », dans une atmosphère encore chargée de tensions politiques. Le journal revient aussi sur les efforts financiers de l'État avec un dossier spécial intitulé : « Dakar cherche 40 milliards », dans le cadre de la mobilisation de fonds pour des projets structurants.
Gouvernance et société : vigilance citoyenne
L’Évidence publie un dossier sur les enjeux structurels de l’État sénégalais, titrant : « L’État face aux défis des bâtiments et du bien-être ». À travers les interventions de figures publiques comme Sheikh Mamadou Abiboulaye Dièye, le journal évoque la nécessité de repenser la gouvernance publique au bénéfice des populations.
Le Quotidien, quant à lui, se penche sur l’intervention d’Ousmane Sonko en matière de sécurité, sous un titre suggestif : « Sonko fait la police ! », tandis que L’As alerte sur un fléau silencieux : « Une tueuse silencieuse », en référence à l’hypertension artérielle, qui cause des milliers de morts chaque année dans l’indifférence générale.
Sous-région : la Gambie dans la tourmente
La presse ne reste pas centrée uniquement sur le territoire national. EnQuête consacre sa une à la Gambie voisine, avec un titre évocateur : « La Gambie en plein tourbillon ». Le pays fait face à des troubles politiques majeurs, avec un climat de tensions croissantes entre les différents clans au pouvoir, ce qui n’est pas sans conséquences pour le Sénégal.
Sports : les Lions en préparation et l’Europe en ébullition
Côté football, Stades annonce : « Les Lions ont préparé l’Angleterre et l’Irlande à Diamniadio ». Une préparation importante avant les matchs amicaux de juin. Record s’intéresse au cas de Malang Sarr, en titre : « Malang Sarr n’emballe pas trop », alors que sa place en sélection reste incertaine.
En Europe, Point Actu Sport fait le point sur la Liga avec « Le Real Madrid s’impose face à Majorque et retarde le sacre du Barça ». Le journal met aussi à l’honneur Lamine Camara, désigné « 13e joueur à plus forte plus-value » du moment, soulignant sa progression exceptionnelle.
Le séjour dakarois de l'islamologue suisse, entre conférences brillantes et manifestations hostiles, dessine le portrait contrasté d'une figure aussi lumineuse que polémique
Présent au Sénégal depuis quelques jours pour une série de conférences et de rencontres spirituelles, Tariq Ramadan suscite fascination et controverse. L’intellectuel suisse, adulé pour son éloquence et sa pensée critique, mais toujours rattrapé par des affaires judiciaires en Europe, divise profondément. Entre ferveur intellectuelle, hommages soufis et protestations féministes, son séjour à Dakar révèle toute l’ambivalence d’une figure publique aussi brillante que polémique.
Il avance d’un pas sûr, costume décontracté, le visage toujours barré d’un sourire calme. À ses côtés, son épouse, discrète, mais présente, accompagne celui qui est sans doute l’un des intellectuels musulmans les plus médiatisés de son temps. Tariq Ramadan, auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages et figure centrale des débats sur l’islam en Occident, commence à prendre de l’âge. Mais il n’a rien perdu de sa rigueur ni de la précision de son verbe. Son regard pénètre, sa voix captive, sa pensée reste déroulée avec la même fluidité logique qui a fait de lui un orateur redouté, tant dans les amphis que sur les plateaux télévisés.
Hier mardi 13 mai 2025, c’est à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar qu’il s’exprimait, invité par l’Institut des sciences religieuses, pour une conférence sur le thème ‘’Éthique et déontologie dans la pensée religieuse’’.
Dans un amphithéâtre bondé, sous le regard du Pr. Diane et avec Penda Mbow comme modératrice, l’intellectuel suisse a capté l’attention d’une assistance éclectique, majoritairement étudiante, avide d’écouter cette ‘’bête médiatique’’ qui a fait les heures chaudes des débats sur les chaînes françaises. Son éloquence naturelle, sa maîtrise du verbe et la cohérence de ses arguments ont rapidement conquis la salle. D’ailleurs, nombreux sont ceux qui ont quitté la conférence juste après son intervention, comme comblés.
L'auteur de" Mon intime conviction'' ne laisse jamais indifférent. Ses prises de position sur la laïcité, sa critique incisive des dérives de certains intellectuels français comme Éric Zemmour, Alain Finkielkraut ou Caroline Fourest, ou encore ses plaidoyers pour les droits des musulmans en Europe lui ont valu une audience fidèle, mais aussi de farouches opposants. Il a souvent dénoncé l’hypocrisie de certaines démocraties occidentales, les silences complices face aux injustices et les incohérences éthiques dans le traitement de la question religieuse.
Ses positions sur des sujets sensibles comme l’adultère, le statut des femmes ou les modèles politiques des pays du Golfe, qu’il critique frontalement, ont élargi le spectre des controverses autour de lui. Mais il demeure, pour beaucoup, une voix nécessaire dans un monde où la pensée critique religieuse est souvent mal accueillie, voire suspecte.
Présent au Sénégal depuis plusieurs jours, il multiplie les apparitions et les rencontres. Ce n’est pas une terre inconnue pour lui : le pays de la Teranga l’a souvent accueillie et il y entretient de nombreux liens, personnels comme intellectuels.
Lors de son propos liminaire à l’Ucad, il a tenu à rappeler son attachement profond au défunt Babacar Mbow, penseur soufi, théologien et homme d’action qu’il a qualifié d’âme pure. Leur première rencontre en Suisse fut le point de départ d’une relation faite de dialogues, de complicité spirituelle et d’échanges intellectuels nourris.
Le 8 mai 2025, il s’est rendu à Touba, où il a été reçu en audience par le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké. Une rencontre empreinte de solennité et de spiritualité, marquée par le respect mutuel et la portée symbolique de la visite. ‘’Dès qu’on entre à Touba, on ressent quelque chose de particulier, une impression profonde, quasi immédiate’’, a-t-il confié.
Accompagné de guides religieux et de responsables des structures éducatives de la ville, il a découvert les principes fondamentaux de la transmission du savoir dans cette cité religieuse. Trois piliers l’ont marqué : la mémorisation, la compréhension et l’application. ‘’Ce qui frappe ici, c’est cette volonté de rester fidèle au Coran, à ses enseignements, tout en vivant cette fidélité comme une éthique du quotidien’’, a-t-il ajouté.
Pour lui, l’islam mouride illustre un modèle vivant de spiritualité appliquée, loin des débats stériles et des dogmatismes stériles.
Ainsi s’est esquissé, tout au long de sa présence au Sénégal, le portrait d’un penseur toujours aussi vigilant, entre engagement spirituel, exigence intellectuelle et volonté de dialogue. Loin des polémiques qui ont jalonné sa carrière, il semble au Sénégal retrouver un souffle, une terre d’écoute, de respect et de résonance pour une pensée qui, décidément, ne vieillit pas.
Une figure éclatante, un passif encombrant
Toutefois, cette présence n’est pas sans susciter des remous. Si ses partisans saluent un penseur libre et audacieux, ses détracteurs rappellent qu’il reste l’objet de plusieurs procédures judiciaires en Europe, notamment pour viol, ce qui alimente une vive controverse. Le samedi 10 mai 2025, à Dakar, lors d’une conférence tenue à l’espace Maam Samba sur la route de Ngor, l’islamologue a vu son intervention brièvement perturbée par un groupe de militantes féministes venues dénoncer sa présence. Comme le rapporte Dakaractu, ces manifestantes, scandant ‘’Tariq violeur !’’ et brandissant des pancartes accusatrices, ont tenté d’accéder aux lieux de la rencontre. La tentative a cependant été contenue par un important dispositif de sécurité, en partie assuré par des membres de la confrérie baye fall, mobilisés pour encadrer l’événement. Les protestataires n’ont pas pu pénétrer dans la salle et la conférence s’est poursuivie sans incident majeur, bien que sous surveillance renforcée.
Cette scène illustre la polarisation persistante autour de la figure de Ramadan, tiraillée entre reconnaissance intellectuelle et soupçons persistants.
Pour certains observateurs, notamment dans les cercles intellectuels sénégalais, cette hostilité ouverte serait aussi révélatrice d’un certain complexe d’infériorité vis-à-vis d’un intellectuel à la stature internationale. Le journaliste sénégalais Mamadou Mbacké Ndiaye estime que ces critiques gagneraient à se concentrer sur le terrain des idées et non sur des affaires personnelles encore en cours de traitement judiciaire. ‘’L’attaquer sur sa pensée, sur ses positions, oui. Mais sur sa vie privée, c’est une vilaine méthode qui n’a pas sa place dans le monde académique’’, confie-t-il. Un appel à l’élégance dans le débat, qui résonne comme un rappel à la hauteur du propos, surtout face à une figure aussi clivante que Ramadan.
En définitive, la venue de Tariq Ramadan au Sénégal révèle autant qu’elle questionne. Entre spiritualité partagée, fascination intellectuelle et rejet militant, sa présence agit comme un miroir des tensions contemporaines autour de l’islam, de la justice et de la figure publique. Un portrait en clair-obscur, où la réflexion ne se sépare jamais du trouble.
LE SÉNÉGAL CONDAMNÉ POUR COUPURE ILLÉGALE D'INTERNET EN 2023
Dans un arrêt rendu ce 14 mai 2025, la Cour de Justice de la CEDEAO condamne Dakar à indemniser l'ASUTIC et son président pour violation des libertés fondamentales, tout en lui ordonnant de ne plus recourir à de telles pratiques à l'avenir
(SenePlus) - La Cour de Justice de la Communauté Économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a rendu, ce mercredi 14 mai 2025, un verdict historique condamnant la République du Sénégal pour violation des droits fondamentaux suite aux coupures d'internet survenues en juin et juillet 2023.
Selon les informations communiquées, la Cour a statué en faveur de l'Association des utilisateurs des TIC (ASUTIC) et de son président Ndiaga Gueye, qui avaient saisi l'instance régionale d'une requête pour violations des droits de l'homme le 15 septembre 2023 (affaire référencée ECW/CCJ/APP/37/23).
Dans sa décision finale, l'institution judiciaire régionale a formellement déclaré que les coupures d'internet et des réseaux sociaux imposées par les autorités sénégalaises étaient "illégales et constituant une violation des droits des requérants à la liberté d'expression et d'information". La Cour a également reconnu que ces restrictions représentaient une violation du droit au travail de M. Ndiaga Gueye.
À titre de réparation, la juridiction communautaire a accordé 250 000 francs CFA à l'ASUTIC et à M. Gueye pour la violation de leurs droits à la liberté d'expression et d'information. Le président de l'association s'est également vu attribuer 250 000 francs CFA supplémentaires pour la violation spécifique de son droit au travail.
Des sanctions financières et une injonction pour l'avenir
Au-delà de ces compensations financières, la Cour a pris une mesure préventive importante en ordonnant expressément au Sénégal "de s'abstenir d'imposer à l'avenir des restrictions illégales ou arbitraires à Internet". Cette injonction pourrait créer un précédent significatif pour d'autres pays de la région.
Il convient de rappeler que les coupures d'internet incriminées étaient intervenues dans un contexte de fortes tensions politiques au Sénégal en juin et juillet 2023. Le gouvernement d'alors, dirigé par le président Macky Sall, avait justifié ces mesures par des impératifs de sécurité nationale face aux manifestations qui secouaient le pays.
L'ASUTIC, organisation à but non lucratif qui travaille à protéger les droits numériques, soutenir l'économie numérique et promouvoir l'écologie numérique, avait immédiatement dénoncé ces restrictions comme disproportionnées et attentatoires aux libertés fondamentales. L'association, qui a également pour objectif de "contribuer au renforcement de la démocratie à travers la transparence, la responsabilité des décideurs et la participation des citoyens(nes)", avait alors décidé de porter l'affaire devant la justice régionale.
Cette décision de la Cour de Justice de la CEDEAO intervient presque deux ans après les faits, mais établit un important précédent juridique concernant la protection des libertés numériques en Afrique de l'Ouest. Elle rappelle aux États membres que, même en période de crise, certaines restrictions aux libertés fondamentales ne peuvent être justifiées sans base légale solide et proportionnée à l'objectif poursuivi.
Au moment de la publication de cet article, les autorités sénégalaises n'avaient pas encore réagi officiellement à cette condamnation.
LES 5 TEMPS FORTS DU CONSEIL DES MINISTRES
Le chef de l'Etat a rappelé l’importance de l’alphabétisation en langues nationales à travers l’évaluation des politiques en cours, la promotion de leur usage dans tous les secteurs...
Ce mercredi 14 mai, le Conseil des ministres s’est tenu sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye. Ce dernier a notamment abordé 5 thèmes centraux. Les voici.
1-137e pèlerinage de Popenguine
Après avoir félicité la communauté chrétienne pour l’élection du nouveau Pape Léon XIV qu’il qualifie d’ « homme de foi, d’ouverture et de dialogue, dont la mission s’inscrit dans la solidarité l’unité entre les peuples et la promotion d’un monde de paix de stabilité et de justice », le Président Bassirou Diomaye Faye a évoqué le pèlerinage marial de Popenguine dont la 137ème édition doit se tenir les 7, 8 et 9 juin 2025. Il assure d’ailleurs que le gouvernement est pleinement mobilisé et prêt à prendre toutes les dispositions nécessaires à son bon déroulement.
2-Le bâtiment, un enjeu crucial
Récemment, l’effondrement d’un immeuble à Ngor a suscité des questions concernent le bâtiment. Face à cela, « Le Président exige un renforcement des contrôles pour garantir la qualité, la durabilité et le respect des normes à travers une cartographie nationale des bâtiments à risque avec des mesures adaptées, une campagne nationale de sensibilisation sur les règles d’urbanisme et le Code de la construction, pilotée par les ministères concernés, en lien avec les maires et la protection civile, une homologation stricte des matériaux et contrôle rigoureux des chantiers, avec des attestations de conformité systématique et une accélération des missions du laboratoire national des BTP pour prévenir les risques ».
3-Pavie 2, une réussite
Poursuivant son intervention, Bassirou Diomaye Faye a abordé le lancement du Pavie 2, couronné de succès. Ce projet, doté d’une enveloppe de 107 milliards de francs CFA, veut mettre en avant l’entrepreneuriat féminin et des jeunes. Le Chef de l’Etat a d’ailleurs félicité le Premier ministre pour le succès de ce lancement.
4-Gestion du pétrole et du gaz
Ensuite, concernant le secteur du pétrole et du gaz, deux ressources que le Sénégal a commencé à produire, « Le Chef de l’État demande au Premier Ministre d’assurer une gouvernance optimale dans le but de respecter les contrats avec les partenaires, de développer le contenu local et les champions nationaux, les fonds de stabilisation et intergénérationnel gérés par le FONSIS et de tenir la première réunion sous son magistère du COS-PETROGAZ avant fin juillet 2025 ».
5-L’enseignement des langues nationales
Enfin, le Président de la République a parlé de l’enseignement des langues nationales qui, selon lui, est un pilier de la souveraineté. Conformément à la Constitution, il a tenu à rappeler « l’importance de l’alphabétisation en langues nationales à travers l’évaluation des politiques en cours, la promotion de leur usage dans tous les secteurs et les assises nationales des Daaras lancées pour une meilleure intégration à l’éducation nationale.»
UN FESTIVAL POUR RELIER L’AFRIQUE ET L’EUROPE PAR LE CINÉMA
Le Festival du film européen-africain célèbre la coopération entre les deux continents autour de la création cinématographique. Cet événement incarne une dynamique d’échange et d’innovation culturelle.
Le Festival du film européen-africain, placé sous le signe de la coopération et de la création partagée, est une passerelle symbolique entre l’Afrique et l’Europe, a souligné le directeur de la cinématographie, Germain Coly.
”À travers ce festival, c’est toute une dynamique d’échange, de collaboration et de créativité commune qui se met en place entre l’Europe et l’Afrique”, a-t-il déclaré, mardi, lors de la cérémonie d’ouverture.
Prévu du 13 au 18 mai, le Festival du film européen-africain se tient dans plusieurs villes du Sénégal, notamment à Dakar, Guédiawaye, Thiès et Mbour, autour du thème : ”Unis par le cinéma, enrichis par la diversité”.
La soirée d’ouverture a été marquée par la projection du film ”Xalé” du réalisateur sénégalais Moussa Sène Absa, à la MAison de la culture Douta Seck, à Dakar, en présence de nombreuses personnalités, dont l’ambassadeur de l’Union européenne au Sénégal, Jean-Marc Pisani.
Ce long métrage d’une heure 41 minutes retrace le parcours douloureux d’Awa Ndiaye, une adolescente de 15 ans victime d’un viol commis par son oncle. Une œuvre poignante qui, selon son réalisateur, s’inspire de témoignages intimes et bouleversants recueillis au fil des années.
Pour le directeur de la cinématographie, ce festival représente bien plus qu’un événement culturel. ”C’est un moment fort, une expérience cinématographique inoubliable pour les cinéphiles sénégalais et pour tous ceux qui croient au pouvoir du cinéma comme lien entre les peuples, les continents et les récits.”
Germain Coly a également insisté sur l’importance de pérenniser cette initiative. ”Il nous faut œuvrer à sa vulgarisation, son innovation, afin qu’il devienne un rendez-vous incontournable et un espace de convergence entre les talents africains et européens. Le choix du film d’ouverture illustre parfaitement cette ambition”.
L’ambassadeur Jean-Marc Pisani a quant à lui réaffirmé l’engagement de l’Union européenne à soutenir la culture comme vecteur de développement, de cohésion et de liberté.
”En Afrique comme en Europe, nous croyons fermement au potentiel des industries culturelles et créatives. Elles peuvent jouer un rôle majeur dans le futur de nos continents, en générant des emplois, en renforçant les identités, en favorisant la paix”, a-t-il souligné.
Le festival propose au public une sélection de 12 longs et courts métrages réalisés par des cinéastes sénégalais, ivoiriens, finlandais, irlandais, britanniques, allemands, belges, français, espagnols et italiens.
Selon le diplomate européen, cette programmation offre une opportunité unique de découvrir des œuvres audacieuses, de nouvelles voix et des perspectives riches, issues de la rencontre entre réalisateurs africains et européens. ”Elle témoigne de la vitalité d’un espace culturel commun en co-construction”, a-t-il conclu.
DIALOGUE POLITIQUE, L’IBP PLAIDE POUR UNE PLACE CENTRALE DES JEUNES
En marge d’une conférence à Dakar sur le plaidoyer budgétaire à l’Assemblée nationale, Maleine Amadou Niang, directeur de l’ONG International Budget Partnership, a plaidé pour une refonte en profondeur du système politique sénégalais.
En marge d’une conférence sur les techniques de lecture, d’analyse et de plaidoyer budgétaire à l’Assemblée nationale, le directeur de l’ONG International Budget Partnership (IBP), Maleine Amadou Niang, a insisté sur l’importance d’une représentation significative et qualitative des jeunes dans le dialogue politique lancé par le président Bassirou Diomaye Faye. Il appelle également à une refonte du système politique et démocratique sénégalais.
Le dialogue politique initié par le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, suscite déjà de nombreuses attentes. Parmi les voix qui s’élèvent pour orienter ce processus, celle de Maleine Amadou Niang, directeur de l’ONG International Budget Partnership (IBP), se fait entendre avec clarté.
En marge d’une conférence tenue à Dakar, portant sur les techniques de lecture, d’analyse et de plaidoyer budgétaire à l’Assemblée nationale, il a appelé à une forte représentation des jeunes, à la fois en quantité et en qualité. « Les jeunes représentent plus de 65 % de la population. Il est donc indispensable que leur voix soit entendue, et qu’ils soient pleinement impliqués dans les assises du dialogue national », a-t-il déclaré.
Pour lui, ce dialogue doit être le reflet fidèle de la société sénégalaise dans toute sa diversité, en intégrant les acteurs des différentes catégories socio-professionnelles.
Maleine Amadou Niang estime par ailleurs qu’il est temps pour le Sénégal de repenser son système politique et démocratique. Selon lui, les défis actuels exigent des mécanismes plus inclusifs, transparents et participatifs pour une gouvernance moderne et efficace.
PAR MALICK CISS
FAUX BILLETS, VRAI FLÉAU
Les saisies d’intrants tels que le mercure et les billets noirs continuent de faire les choux gras de la presse presque au quotidien. Les malfaiteurs rivalisent d’ingéniosité, plutôt de malice, avec une bonne dose de surnaturel ou de mystique...
Le faux-monnayage prend des proportions inquiétantes au Sénégal. Les saisies de faux billets et d’intrants tels que le mercure et les billets noirs continuent de faire les choux gras de la presse presque au quotidien. Les malfaiteurs rivalisent d’ingéniosité, plutôt de malice, avec une bonne dose de surnaturel ou de mystique, comme pour attester que ce serait une activité trop mystérieuse pour nous, simples humains.
Dans le passé, ces pratiques « mystico-maléfiques » portaient sur quelques milliers ou millions de nos francs, mais aujourd’hui, les faux-monnayeurs misent sur des milliards de FCfa de gains et parfois sur des devises fortes comme le dollar ou l’euro. En février dernier, les services de sécurité ghanéens ont saisi 12 containers maritimes bourrés de faux dollars et cédis et de lingots d’or, dans la région du Grand Accra. Au Sénégal, la Douane a mis la main, en avril dernier, sur de fausses coupures d’une contrevaleur estimée à 6,744 milliards de FCfa. En Afrique centrale, le coordinateur de l’Observatoire régional du crime organisé révélait que la Rdc est devenue une plaque tournante de la fabrication, du transit et de la distribution de faux dollars, menaçant l’économie locale et des pays voisins. Si certains se font prendre, d’autres réussissent à passer entre les mailles du filet, injectant des quantités de faux billets dans l’économie. Une pratique qui n’est pas sans conséquences.
La mise en circulation massive de signes monétaires contrefaits peut déstabiliser toute l’économie d’un pays. Dans le passé, des États en sont arrivés à en faire une arme en inondant l’économie d’un ennemi avec de fausses coupures de banque. Dans une opération de déstabilisation de la Guinée sous Sékou Touré, après son indépendance en 1958 suite à son fameux « Non » au Général de Gaulle, Maurice Robert, chef du secteur Afrique au Service de documentation extérieure et de contre-espionnage (Sdece), avoua la stratégie utilisée pour déstabiliser ce pays. « Parmi ces actions de déstabilisation, je peux citer l’opération « Persil », par exemple, qui a consisté à introduire dans le pays une grande quantité de faux billets de banque guinéens dans le but de déséquilibrer l’économie », comme il le raconta au « Monde diplomatique ». L’arrivée massive de fausses coupures dévalorise la monnaie et par conséquent les usagers s’en méfient comme de la peste. Aussi, le gonflement de la masse monétaire causé par l’afflux de faux billets peut générer une inflation galopante difficile à maîtriser. Le phénomène finance souvent des activités criminelles de grande envergure (trafics de stupéfiants, d’êtres humains, terrorisme, etc.). Les principales victimes sont les commerçants, les entreprises et les consommateurs.
Une fois le papier sans valeur accepté dans une transaction, ils perdent la marchandise ou le service échangés. Et se retrouvent avec des coupures qu’ils ne peuvent pas réinjecter dans le circuit financier, sous peine de tomber sous le coup de la loi. Une psychose peut alors rapidement s’installer, créant une méfiance vis-à-vis de certaines coupures comme les billets de 5.000 ou 10.000 FCfa. Et malheureusement, peu d’entre nos commerçants sont équipés de détecteur de faux billets. Ils se contentent juste de visualiser à l’œil nu les signes distinctifs du billet douteux (filigrane, bande holographique, texture au toucher, etc.). Face aux menaces, chaque État cherche à sécuriser sa monnaie par des moyens technologiques très coûteux. En 2021, la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) a dépensé 46 milliards de FCfa pour la fabrication et le transport de billets et pièces dont 38,2 milliards de FCfa pour l’achat des signes monétaires afin d’assurer en permanence la circulation des signes monétaires de qualité. L’avènement de nouvelles technologies graphiques a renforcé la clé de sécurité des billets, mais a aussi permis aux faussaires de placer la barre haut dans l’imitation des signes monétaire. Le développement de nouveaux moyens de paiement comme la monnaie électronique semble être le rempart.