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8 août 2025
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LE COMBAT ACADÉMIQUE ET SOCIAL DE FATOU SOW
La sociologue lève le voile sur un demi-siècle de luttes féministes en Afrique, révélant comment les intellectuels du continent ont dû se battre sur deux fronts : contre le patriarcat local et contre un féminisme occidental souvent déconnecté des réalités
Dans une récente conférence marquante sur l'histoire du féminisme au Sénégal et en Afrique, la Professeure Fatou Sow, sociologue de renom et figure emblématique du mouvement féministe africain, a retracé les luttes et les évolutions de ce courant souvent mal compris sur le continent.
"Être féministe, c'était être occidentalisée", rappelle Professeure Sow, évoquant les préjugés des années 1970. C'est dans ce contexte que naît en 1977 l'Association des Femmes Africaines pour la Recherche et le Développement (AFARD), un moment fondateur permettant aux Africaines de s'approprier le discours sur leur condition et de développer une pensée autonome.
La sociologue révèle comment les intellectuelles africaines ont dû s'émanciper d'un féminisme occidental perçu comme "arrogant" et "déconnecté des réalités africaines", tout en luttant contre le patriarcat local. "Le féminisme en Afrique n'est ni une simple copie ni un rejet d'un féminisme occidental. C'est une création qui prolonge et renouvelle des pensées liées à des contextes et des histoires spécifiques", explique-t-elle.
L'universitaire témoigne des résistances acharnées qu'elle a rencontrées pour intégrer les études féministes dans le milieu académique sénégalais. Ses tentatives de création d'un programme d'études sur les femmes à l'Université de Dakar dans les années 1980-90 se sont systématiquement heurtées à des refus ou à des silences administratifs.
"J'ai totalement échoué à institutionnaliser le féminisme et le genre, et ça je le confesse, mais ça a peut-être été ma force parce qu'après je n'ai plus eu qu'à m'asseoir et prouver que ça pouvait exister", confie-t-elle avec lucidité.
La conférence met en lumière les débats qui ont traversé le féminisme africain, notamment la controverse sur l'existence d'un matriarcat africain précolonial et la question des origines de l'oppression des femmes. Certaines intellectuelles attribuent cette oppression uniquement à la colonisation et aux religions importées, position que nuance Professeure Sow.
La chercheuse évoque également le concept de "glocalisation" qui caractérise le féminisme africain contemporain : une interconnexion entre perspectives globales et réalités locales, permettant aux Africaines de participer au dialogue féministe mondial tout en défendant leurs spécificités.
Selon Fatou Sow, le féminisme africain fait face aujourd'hui à plusieurs défis majeurs : l'émergence d'un "féminisme d'État" institutionnalisé mais vidé de sa dimension critique, le retour de pratiques comme la polygamie même chez les jeunes générations éduquées, et la prolifération de discours misogynes sur les réseaux sociaux.
"Les progrès que nous faisons se transmettent de génération en génération. Il faut se battre pour que la génération qui suit ne rejette pas notre passé ou ne fasse pas revenir des valeurs pour lesquelles on s'était tellement battu", alerte-t-elle.
Malgré ces obstacles, la sociologue conclut sur une note d'espoir : "Le féminisme est là, il ne va pas mourir." Une conviction portée par une vie de combat intellectuel et qui résonne comme un appel à poursuivre la déconstruction des "valeurs ancestrales" qui perpétuent l'oppression des femmes sur le continent africain.
PAR Abdoul Aziz Diop
« LA PHILOSOPHIE EN ISLAM », UN EUROPÉOCENTRISME MIS EN ÉCHEC PAR LE SOUFISME SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - La pétrification de la philosophie en islam est une bonne nouvelle pour la philosophie islamique qui trouve là une occasion d’accroître ses effectifs en puisant dans un vivier bien en mouvement auquel appartient Bachir Diagne
D’après une dépêche de l’Agence de presse sénégalaise (APS) de juillet 2013, l’intellectuel soufi et ancien député à l’Assemblée nationale sénégalaise, Mansour Sy Djamil, déplora « l'ignorance du patrimoine intellectuel des dignitaires religieux par les élites, rappelant l'existence d'une ''grande production littéraire'' en arabe et en wolof, au Sénégal ». Il faut attendre 11 ans - juin 2024 -, pour que le philosophe Souleymane Bachir Diagne, invité de Mansour Sy Djamil, prenne la parole pour commenter l’œuvre intitulée « Ifhâm al-Munkir al-Jânî » (« Réduction au silence du dénégateur ») de Maodo tout en promettant de faire cadeau du texte sur les « attributs de Dieu » du grand savant soufi à ses étudiants dès que l’occasion se présente.
On voit bien que cet événement, en apparence anodin, étaye la dépêche de l’APS pour rendre compte de l’isolement que les deux grands groupes de penseurs sénégalais - en langue française pour le premier et en langue arabe pour le second -, s’infligent réciproquement.
Le danger que comporte un tel isolement est celui auquel s’expose l’intellectuel en langue française - Souleymane Bachir Diagne, disons -, lorsque l’islam s’invite dans sa prise de parole face à un public étranger qui ne veut rien savoir de l’islam qui fait que s’écroulent, l’un après l’autre, les préjugés que n’importe quel habile phraseur enveloppe d’une rationalité qui ne résiste pas à l’examen des idées bien en mouvement en terre d’islam tout aussi arrimée que toute autre partie du monde au vaisseau planétaire sur son orbite depuis 4,543 milliards d’années.
Dans ces 4 milliards et demie d’années, le théologien, philosophe et poète sénégalais Cheikh Ahmed Tidiane Sy considère les 6500 dernières comme suffisamment longues et riches en contenus pour garantir à la pensée des terriens - musulmans compris -, toutes les sources sur lesquelles ils peuvent s’appuyer pour, entre autres, montrer que la « pétrification de la philosophie en islam » oppose finalement Souleymane Bachir Diagne à lui-même à travers sa propre œuvre.
De la philosophie islamique
Invité, il y a 5 ans maintenant, au campus numérique de la Fondation de l’islam de France, Souleymane Bachir Diagne répondit aux questions du directeur des programmes de ladite fondation, Chiheb M’Nasser, qui lui demanda ce qu’est philosopher en islam. À cela Diagne répond « qu’on parle d’une philosophie en islam pour indiquer qu’une tradition philosophique qui s’était développée tout particulièrement dans le monde grec a été reçue et appropriée dans le monde de l’islam avec les mêmes exigences critiques, les mêmes exigences rationnelles et même rationalistes ». À cela l’invité ajoute : « Volià ce que recouvre l’expression de “philosophie en islam” par différence d’avec ce que pourrait signifier “philosophie islamique” au sens où l’on parlerait d’une philosophie qui serait l’émanation toute naturelle de la religion islamique. » Dans une division du travail intellectuel dont le travail philosophique n’est qu’une composante, l’auteur, avec Philippe Cappelle-Dumont, de « Philosopher en islam et en christianisme » (Paris, Éditions du Cerf, 2016) a donc choisi son camp, pour parler comme le politique, sans perdre de vue - c’est Diagne qui admet -, que « l’esprit critique est une composante naturelle de ce qui fait notre humanité ».
Tout se passe donc comme si c’est à d’autres - pas à Diagne en tout cas -, que revient la tâche de parler d’une philosophie d’émanation islamique. Souleymane Bachir Diagne aurait-il fini d’écouter les grandes conférences du savant soufi sénégalais Cheikh Ahmed Tidiane SY et décidé, après coup, de taire son désaccord avec Al Maktoum sur « la plus puissante des philosophies » (Al Maktoum, 2006) venue. elle, du Ciel et dont le récepteur, l’Envoyé de Dieu Muhammad (Pslf), appréhende la vraie sagesse opposée à ce qu’Al Maktoum appelle une « simple philosophie » dont le manque est d’avoir fait l’impasse sur le Rappel ? Al Maktoum nous enseigne que l’agressivité dont la culture occidentale accuse l’islam s’explique, elle, par la philosophie dont le dernier monothéisme abrahamique est l’émanation et qui fait du temps présent celui de la rationalité existentielle à laquelle nous invitent deux poètes cités par le cheikh :
le Libanais Tanios Abdo (1869-1926) qui écrit que « le passé est trop tard, et l’avenir est invisible. Vous avez l'heure dans laquelle vous êtes » ;
le berbère sanhadja de Kabylie Muhammad Busiri (1213-1294) pour qui « les nuits [qui] passent [sont hors de contrôle] ».
« De toute évidence, écrit Eckhart Tolle (Le pouvoir du moment présent, Éditions Arianne, 2015), le passé et le futur ne constituent pas une réalité en soi. A l'instar de la lune qui n'émet pas sa propre lumière mais peut seulement refléter la lumière du soleil, le passé et le futur ne sont que de pâles reflets de la lumière, du pouvoir et de la réalité qu'est l'éternel présent. Leur réalité est empruntée au présent. »
Dans l’interview accordée au magazine Le Point (semaine du 22 mars 2020), le philosophe français le plus prolixe et le plus lu aujourd’hui, Michel Onfray, considère, pour s’affranchir, face au coronavirus, de toute « reconstruction » inspirée par des « épisodes historiques », qu’« il ne sert à rien de chercher des raisons de comprendre le présent dans notre passé. » Et Onfray d’ajouter : « Le présent suffit bien à qui fait fonctionner son intelligence, sa raison, sa réflexion, son esprit critique. »
Et pour André Comte-Sponville, « seul le présent existe ».
Une philosophie islamique d’émanation religieuse est sans nulle doute une réalité dont l’antériorité sur la pensée philosophique occidentale est incontestable comme le montre le rapport au présent et tout ce qu’il recouvre.
Mais Diagne ne démord pas
Pour le philosophe hospitalier de la traduction comme pour celui solitaire de la pétrification, le grand moment philosophique en islam - au lieu du grand moment de la philosophie islamique -, s’est pétrifié (immobilisé) lorsque « sur le plan intellectuel et spirituel les meilleurs esprits dans le monde islamique se réfugient dans le mysticisme, le soufisme, mais un soufisme contemplatif, un soufisme de retrait ». Inutile de retourner au XIIIe siècle pour rétorquer à Diagne le mouvement ininterrompu qui vaut au soufisme sénégalais l’islam confrérique connu pour son dynamisme philosophique et dont l’un des pères fondateurs Maodo est l’auteur indépassable aux pieds desquels s’agenouille Souleymane Bachir Diagne à la lecture critique de la « Réduction au silence du dénégateur ».
Si - et c’est vraiment le cas -, la pétrification de la philosophie en islam n’a rien à voir avec la philosophie islamique, le supposé immobilisme en terre d’Islam conforte l’européocentrisme plutôt que de lui opposer un universel décentré qui considère le monde islamique comme un acteur essentiel de l’histoire de la pensée, de toute la pensée.
Que reste-t-il alors à Souleymane Bachir Diagne ? Bien sûr, le confinement des universités en terre d’islam à ce que l’histoirien, le sociologue et le journaliste allemand Marx Weber appelle « l’éternel hier » ! Premièrement, voici ce que dit Diagne, comparant « “les universités dans le monde islamique et les universités européennes dans [la] période autour du XIIIe siècle” : Dans la classification des sciences dans le monde islamique, on estime que la plus importante des sciences, c’est la jurisprudence et au fond elle est la reine des sciences et toutes les autres disciplines s’organisent en quelque sorte autour de la jurisprudence. » Ici, Diagne ne dit vrai qu’à deux conditions qui réfutent le rapport au présent mentionné plus haut : l’intelligentsia dans le monde islamique ne comprend que des juristes et des jurisconsultes, ce qui n’a pas de sens, et que la jurisprudence - « reines des sciences » -, est statique, ce qu’elle n’est évidemment pas pour quiconque s’y intéresse comme il se doit pour échafauder un jugement sur le caractère plutôt dynamique de la jurisprudence. L’auteur du poème le plus connu en terre d’islam La Burda, le berbère sanhadja de Kabylie Muhammad Busiri (1213-1294), était poète, écrivain, mathématicien et seulement après jurisconsulte de l’éternel présent.
Deuxièmement, Diagne ne démord pas pour autant puisqu’il contraste sa jurisprudence statique avec ce qui se passe dans les universités européennes et il dit : « En Europe, on observe que la grande question des sciences est une question qui se joue entre la théologie et la philosophie. Est-ce que c’est la philosophie qui est servante de la théologie ou est-ce que c’est la théologie qui est servante de la philosophie ? » En enfermant le monde islamique dans « l’art des précédents » qui « [ramène] ce qui advient à des précédents » bien connus, le philosophe de la pétrification conclut que « d’un autre côté ce que l’on a c’est une discussion sur des disciplines qui sont toutes les deux des disciplines qui mettent en œuvre l’argumentation rationnelle, la discussion, la disputation (…) qui devient le principe autour duquel s’organisent les universités et à partir de là on peut considérer qu’on a un essor des universités dans le monde européen qui n’a pas d’équivalent dans le monde de l’islam ». Quelqu’un d’autre ne s’y prendrait pas autrement pour requinquer l'européocentrisme contre lequel Diagne veut, plus tard, « universaliser » en faisant l’éloge du décentrement.
Avant Diagne, le Prix Nobel d’économie 1998, l’Indien Amartya Sen, écrit dans sa contribution au rapport de l’année 2004 sur le développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) : « Lorsque le philosophe juif Maimonides a été forcé d'émigrer d'une Europe intolérante au XIIe siècle, il trouva refuge et tolérance dans le monde arabe, où il reçut une position d'honneur et d'influence au sein de la cour de l'empereur Saladin au Caire. » Au XIIe siècle, l’Europe pétrifiée n’était manifestement pas la servante de la philosophie à travers la figure de Maimonides. C’est qu’en définitive (SEN, 2004), « l'affirmation particulière selon laquelle la tolérance est une caractéristique spéciale et presque unique de la civilisation occidentale, remontant à ses origines, est difficile à soutenir ».
En fin de compte, la pétrification de la philosophie en islam est une bonne nouvelle pour la philosophie islamique qui trouve là une occasion d’accroître ses effectifs en puisant sans cesse dans un vivier bien en mouvement auquel appartient Souleymane Bachir Diagne qui se décide enfin à univrsaliser.
La part sénégalaise d’universel
C’est au chapitre premier consacré à « la légende de l’universalisme » qui, en tant que légende, doit être être lu, enseigné, répété que Diagne écrit (p.30) : « Comme le dira Edmund Husserl plus tard le reste du monde a toutes les raisons de s'européaniser, tandis que l'Europe, si elle a pleinement conscience de sa destinée, n'a aucune raison de s'indianiser, par exemple. » Il est alors aisé d’en déduire sans même avoir lu « Universaliser : “l’humanité par les moyens d’humanité" » (Albin Michel, Paris, 2024) que le texte de Diagne est antithétique de l’universalisme légendaire dont Husserl est l’un des plus intransigeants porte-plume. Dans le même chapitre on peut lire (p.32) : « Au-delà de l'Europe, on sait de quelle mission civilisatrice Napoléon s'est senti investi lorsqu'il a mené l'expédition d'Égypte (1798-1801), se présentant lui-même comme une figure messianique de l'universel subsumant sous soi l'islam même. »
« Né en 1214 à Ilchester (sud-ouest de l'Angleterre), apprenons-nous, Roger Bacon étudie à Oxford où il assimile rapidement toutes les sciences. Il obtient à Paris le grade de docteur en théologie, revient en Angleterre et entre dans l’ordre de saint François. Il passe plusieurs années dans le couvent des Franciscains à Paris, où il souffre de l’ignorance et de l’intolérance de ses confrères. »
Bacon s’applique avec ferveur à l’étude des phénomènes de la nature.
« Roger Bacon, apprenons-nous encore, croyait qu'en utilisant la science, certains aspects de la spiritualité, comme l'atteinte de la “ Sapientia” ou de la “Sagesse divine”, pouvaient être expliqués de manière logique à l'aide de preuves tangibles. L'Opus Majus de Bacon était avant tout un recueil de sciences qui, selon lui, faciliterait le premier pas vers la « “Sapientia”.»
De la transmission du savoir voici ce qu’écrit au XIIIe siècle Roger Bacon cité par Souleymane Bachir Diagne dans Universaliser : « Dieu a d'abord révélé la philosophie à ses saints et leur a donné les lois... Elle a donc été donnée d'abord et le plus complètement en langue hébraïque. Elle a ensuite été renouvelée en langue grecque, principalement par Aristote ; puis en langue arabe, principalement par Avicenne; mais elle n'a jamais été composée en latin et y fut simplement traduite [translata], sur la base des langues étrangères, et les meilleurs [textes] ne sont pas traduits. » (pp. 34-35)
La philosophie révélée par Dieu à ses saints ne correspond-elle pas à la « philosophie la plus puissance » venue du Ciel dont Al Maktoum gratifia son public le 10 avril 2006 à Tivaouane ?
Bacon écrit au XIIIe siècle que Diagne considère comme le siècle de la pétrification de la philosophie en islam. Pas de la philosophie islamique ! Et tant mieux.
Les grandes œuvres sénégalaises dont celles de Maodo demandent seulement d’être connues et non reconnues par le Bon Samaritain. À ce dernier, Serigne Mansour SY Djamil n’aurait plus d’autre choix que d’opposer l’opposable s’il ne se ravisait pas pour propager la part sénégalaise et soufie d’universel qui a mis en échec l'européocentrisme par sa participation hardie et/ou discrète à la décolonisation des esprits pour une pensée vraiment décoloniale et postcoloniale. Jamais l’une sans l’autre !
À l’occasion du Gamou - veille religieuse dédiée au Prophète (Pslf) -, de l’Union de Grand Dakar du 10 janvier 2025, un panel de haut niveau avait été organisé. Sous la thème « Une jeunesse imprégnée, un héritage préservé », ledit panel, modéré par Serigne Mansour SY Djamil, s’inscrit dans cette optique.
MALI, LE GOUVERNEMENT DISSOUT TOUS LES PARTIS POLITIQUES
Le Conseil des ministres a adopté un décret actant la dissolution de toutes les entités à caractère politique. Cette décision, justifiée par la volonté de refondation du système politique, ouvre la voie à une profonde réorganisation institutionnelle.
Le gouvernement malien a franchi un cap majeur dans la refonte de son paysage politique. Réuni en session extraordinaire ce mardi 13 mai 2025, sous la présidence du Général d’Armée Assimi Goïta, le Conseil des ministres a adopté un décret historique : la dissolution de l’ensemble des partis politiques et des organisations à caractère politique sur toute l’étendue du territoire national.
Cette décision s’inscrit dans la droite ligne des recommandations issues des Assises nationales de la Refondation. Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation a présenté le projet de décret, qui marque une rupture profonde avec le système politique en place depuis le retour au multipartisme dans les années 1990.
Selon le gouvernement, cette mesure vise à restructurer le système politique en réduisant le nombre de formations et en instaurant de nouvelles règles plus strictes. Parmi les propositions débattues lors de concertations nationales : la relecture de la Charte des partis, la fin du nomadisme politique, la suppression du financement public et du statut du chef de file de l’opposition.
Le décret interdit désormais toute réunion ou activité des partis dissous, ainsi que toute tentative de faciliter ces regroupements, y compris par la mise à disposition de locaux. Il proscrit également toute fonction dirigeante au sein d’organisations politiques dissoutes.
Le gouvernement affirme que cette mesure ne remet pas en cause le principe du multipartisme, mais constitue une étape vers une réorganisation complète du système politique malien. Le texte prévoit par ailleurs que le Général Assimi Goïta soit installé comme Président de la République pour un mandat de cinq ans renouvelable à partir de 2025, à l’instar des dirigeants des autres pays de l’Alliance des États du Sahel (AES).
CRISE À L’UADB, SUSPENSION DES COURS ET DISSOLUTION DES AMICALES ÉTUDIANTES
L’Université Alioune Diop de Bambey traverse une période de turbulences marquée par des revendications sociales et pédagogiques. La réponse de l’administration, jugée autoritaire par les étudiants, a contribué à durcir le ton du mouvement.
La crise qui secoue l’Université Alioune Diop de Bambey (UADB) a franchi un nouveau cap ce mardi 13 mai 2025. Réuni en session, le Conseil académique de l’université a pris une série de mesures fortes en réponse au mouvement de protestation déclenché par les étudiants depuis le 27 avril. Au cœur du bras de fer : des revendications sociales et pédagogiques, et une situation infrastructurelle jugée critique par les étudiants.
Selon le communiqué de l’UADB, les étudiants des UFR ECOMIJ, SATIC et SDD boycottent les cours de manière persistante, perturbent volontairement les enseignements et instaurent un climat d’insécurité. Pour y faire face, l’université a décidé de maintenir le calendrier académique, de suspendre les cours dans ces trois UFR jusqu’au 19 mai, et surtout, de dissoudre les amicales étudiantes concernées à compter du 13 mai.
Une décision jugée inacceptable par la coordination des amicales d’étudiants, qui dénonce un traitement autoritaire et un refus de dialogue. Dans un contre-communiqué publié le même jour, les représentants étudiants fustigent une situation qu’ils qualifient de « catastrophique » sur les plans social et pédagogique. Ils évoquent l’inachèvement du complexe de 1000 lits depuis plus de trois ans, la coupure prolongée de la connexion internet dans certains pavillons, la surcharge du restaurant universitaire (moins de 300 places pour 13 000 étudiants), la faiblesse du dispositif médical, le manque d’eau, de salles de cours et l’inexistence de laboratoires fonctionnels.
La tension a culminé ce mardi matin avec l’intervention des forces de sécurité dans les campus, après autorisation du recteur. Les étudiants dénoncent des violences, des tirs de gaz lacrymogènes et des arrestations brutales, aggravant un sentiment d’insécurité généralisée à Bambey.
Face à ce climat jugé intenable, la coordination des amicales a décrété une grève illimitée et appelé les étudiants à quitter le campus jusqu’à nouvel ordre. Elle invite l’ensemble de la communauté étudiante à respecter ce mot d’ordre, affirmant être la seule structure légitime pour défendre leurs intérêts.
SALÉMATA EN COLÈRE CONTRE LES PRATIQUES DES AGENTS FORESTIERS
Arrestations arbitraires, saisies contestées et violences présumées alimentent la grogne des habitants, qui appellent les autorités à intervenir pour restaurer un climat de confiance.
Ce mardi matin, des centaines d’habitants du département de Salémata sont descendus dans la rue pour dénoncer ce qu’ils qualifient d’abus répétés de la part des agents des Eaux et Forêts. Les populations fustigent des pratiques violentes sur des citoyens et appellent les autorités à plus d’humanité.
Des pratiques de certains agents des Eaux et Forêts ne passe pas auprès des populations de Salémata. Ce mardi, une marche pacifique a réuni plusieurs centaines de manifestants venus dénoncer les "abus" dont ils se disent victimes.
Le porte-parole des manifestants, Mamadou Cellou Diallo, n’a pas mâché ses mots :
« Il nous a été rapporté, et parfois constaté, que des agents se livrent à des actes injustifiés : intimidations, menaces, arrestations arbitraires, ligotage de jeunes partis chercher de la paille, et même abattage de vaches. Les victimes n'ont que leur silence pour subir ces injustices », a-t-il déclaré.
Les manifestants pointent notamment du doigt des saisies jugées arbitraires et un comportement qu’ils estiment excessif de la part des agents. Ils appellent les autorités à faire preuve de discernement et à privilégier le dialogue plutôt que la répression.
La marche, qui s’est déroulée sous la surveillance de la gendarmerie, s’est terminée sans incident. Interrogé par nos soins, le chef des Eaux et Forêts de la localité a préféré ne pas faire de commentaire.
Sur le terrain, la tension reste vive, et les habitants espèrent une réaction rapide des autorités compétentes pour apaiser la situation.
PAR MATEL BOCOUM
CHANGER LE REGARD VITREUX SUR LA RÉFORME DU CODE DE LA FAMILLE
Parler de femmes agite certains hommes. C’est pire encore quand il est question de mouvement féminin. À croire qu’elles incarnent le « ténébreux par qui tout dégénère » et que « sur l’autre côté, il faut lancer l’autre tonnerre »
Parler de femmes agite certains hommes. C’est pire encore quand il est question de mouvement féminin. À croire qu’elles incarnent le « ténébreux par qui tout dégénère » et que « sur l’autre côté, il faut lancer l’autre tonnerre » pour reprendre le poète et romancier français Victor Hugo.
Des organisations féminines, qui se sont résolues à travailler pour un toilettage en profondeur du Code de la famille, ne diront pas le contraire. Elles subissent des foudres en essayant de procéder à une meilleure vulgarisation du document qui légifère sur la famille sénégalaise. Leur souhait d’encourager le législateur à le réadapter aux réalités socioéconomiques du pays suscite des remous de l’autre côté de la rive. Comme si ces tourbillons de vie peuvent faire perdre des parcelles d’un pouvoir masculin. Elles butent encore le regard vitreux d’une certaine catégorie sociale. Le plaidoyer d’un lobby religieux, qui prend leur contrepied, freine souvent leur élan. L’État, en optant pour la prudence, fait la sourde oreille, ces dernières années, face à une revendication légitime, laquelle vise le bien-être collectif. Les faits ont démontré que loin d’être un combat à relents féministes, la réforme du code de la famille revêt plus des allures d’un combat citoyen.
Des organisations comme le réseau « Siggil jigeen », en charge de mener le plaidoyer, le répètent à l’envi. « Il n’est pas question de substituer la femme à l’homme dans le pilotage de la famille mais d’aider les femmes à jouir de leurs droits afin de permettre au couple de jouer ses rôles respectifs dans la complémentarité et la solidarité. » Elles militent pour l’égalité des chances mais considèrent que l’homme reste un partenaire stratégique de la femme. Elles ne remettent pas non plus en cause la pertinence du Code de la famille, voté en 1972 puis promulgué en 1973. Le Sénégal était, à l’époque, l’un des rares pays africains à disposer d’un tel référentiel. Et c’est dans l’optique d’asseoir un équilibre social que des règles adaptées aux conditions de vie de l’époque avaient été établies. Des avancées notables ont été enregistrées sous la conduite de la brillante première femme députée et ministre feue Caroline Diop et des représentants de tous les segments de la société. Le Code interdit le mariage forcé et exige le consentement des époux. Le mariage précoce est aussi interdit. L’âge minimal est fixé de 16 ans pour la fille. La dot est aussi réglementée, elle ne constitue une condition du mariage que si les époux le décident. Il est par la suite accordé à la femme la liberté d’exercer une profession sans l’autorisation préalable de son époux. C’était à la faveur d’une réforme entreprise en 1989.
Le divorce judiciaire passe comme seule forme de dissolution du mariage, la répudiation est interdite. Le Code exige une obligation d’entretien de la femme mariée, laquelle est transformée en pension alimentaire lors du divorce. Il prône aussi l’instauration de l’égalité des parts entre l’homme et la femme en cas de succession de droit moderne. Mais certaines dispositions deviennent caduques au fil des ans. Mais 1 O ans après son adoption, l’Association des juristes sénégalaises est montée au créneau pour proposer une réforme tenant compte des nouvelles réalités socio-culturelles. Le déphasage est déjà au rendez-vous. En 1989, des réajustements ont permis d’améliorer le traitement de la femme mariée à travers une revue des dispositions visant le lieu de résidence, le divorce, le droit au travail et l’utilisation du nom de l’époux. L’homme, la femme et les enfants en tirent tous un large profit.
Des espoirs de changements majeurs dans l’intérêt de la famille s’émoussent ces dernières années. Des religieux se dressent en boucliers contre un projet de réforme élaboré en 1998 par le gouvernement sénégalais. En 2000, avec l’alternance politique, deux initiatives sont prises dans la perspective de la réforme du Code de la famille : une initiative étatique et un projet des associations islamiques. Les féministes ne lâchent pas du lest. En 2016, grâce au vote de la loi sur la nationalité, les Sénégalaises sont en mesure de transmettre leur nationalité à leurs époux et enfants au même titre que le père. C’est la famille qui y gagne encore. Un exemple parmi d’autres qui montre que la perte de la puissance paternelle au profit de la parenté conjointe ne vise aucunement à remettre en cause l’autorité morale des hommes au sein du foyer… Mais comme homme suit femme…
VERS UNE INTÉGRATION DES DAARAS DANS LE SYSTÈME ÉDUCATIF NATIONAL
L’Institut islamique a accueilli ce 13 mai 2025 le lancement d’un processus de concertation visant à construire un cadre de modernisation adapté aux réalités des daaras, tout en préservant leur ancrage culturel et religieux.
Le ministre de l’Education nationale Moustapha Mamba Guirassy a procédé, ce mardi 13 mai 2025, à la ceremonie de lancement officiel des travaux en prélude à la tenue des Assises nationales des Daaras. Cet évènement qui s’est tenu à l’Institut islamique marque le début des concertations entre les acteurs clés du sous-secteur en vue de définir des stratégies efficaces pour moderniser et développer les daara tout en respectant leur identité et leur mission éducative.
Le président de la République, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, avait instruit, à l’occasion de la troisième édition de la Journée nationale des Daara, le 28 novembre 2024, la tenue des assises des daaras. C’est dans ce sens que s’inscrit le lancement des travaux ce mardi 13 mai 2025. Lors de son allocution, Moustapha Mamba Guirassy a souligné la nécessité de déployer « une approche enracinée dans le réel en allant à la rencontre des acteurs, dans les départements et les régions, pour écouter, entendre, comprendre. Car c’est au plus proche du terrain que se forgent les solutions durables ».
Il a également rappelé que l’objectif n’est pas d’opposer les savoirs, mais de les articuler. « L’intégration des Daara dans notre système éducatif ne doit pas se faire en opposant les savoirs ; mais en l’articulant avec les savoirs islamiques. Les Daara doivent aider le système éducatif à se transformer », a-t-il laissé entendre.
Le ministre de l’Education nationale a souligné que les conclusions des Assises vont permettre de « repenser la place des Daara dans le système éducatif national, de diversifier les contenus pédagogiques » à travers, entre autres, l’introduction de disciplines telles que les mathématiques, les sciences, les nouvelles technologies, etc. dans les programmes éducatifs des Daara.
Prévues en octobre 2025, les Assises nationales, un processus d’échanges thématiques aux niveaux départemental et régional, va permettre de « mener des concertations inclusives et participatives pour l’intégration des Daara dans le système éducatif ». Ces concertations, qui se feront à travers des fora, des consultations à domicile et des contributions à travers la plateforme numérique nationale, seront l’occasion pour les « acteurs de procéder à un diagnostic de la situation des Daara et de formuler des recommandations ».
FILIÈRE CAJOU, LES TRANSFORMATEURS LANCENT UN CRI D’ALARME
Les acteurs du secteur, en Casamance, appellent à la mise en œuvre rapide de mesures concrètes pour éviter une nouvelle année blanche.
La filière anacarde traverse une crise profonde en Casamance. Les transformateurs locaux de noix de cajou alertent sur l’aggravation de leur situation, dénonçant un manque de soutien concret malgré les annonces gouvernementales. Réunis au sein du Collectif des Transformateurs de l’Anacarde, ils réclament des mesures immédiates pour éviter une nouvelle année blanche. Lors d’un point de presse, Papa Élimane Dramé, directeur général de la SCPL, a exprimé la frustration d’un secteur à bout de souffle.
Il déplore l’écart entre les promesses faites lors du conseil interministériel du 5 avril 2025 et la réalité sur le terrain. Alors que le Premier ministre Ousmane Sonko avait annoncé des actions pour réguler l’exportation de la noix de cajou brute, encourager la transformation locale et faciliter l’accès au financement, aucune mesure concrète n’a été mise en œuvre un mois plus tard.
Pendant ce temps, les exportateurs continuent d’acheter massivement les noix d’anacarde, privant les unités de transformation locales de leur matière première essentielle. Résultat : des usines à l’arrêt, des travailleurs au chômage et des charges fixes qui menacent la survie des entreprises. La campagne 2024 a été un échec cuisant pour la majorité des transformateurs, et la campagne 2025 s’annonce tout aussi compromise sans intervention rapide. Pourtant, la transformation locale de l’anacarde représente un potentiel économique énorme.
Une tonne de noix brute vaut environ 750 000 FCFA, contre plus de 1 500 000 FCFA lorsqu’elle est transformée localement. Cette valeur ajoutée profite à l’économie sénégalaise à travers la création d’emplois, la fiscalité et le développement rural.
Le collectif pointe du doigt plusieurs freins : absence d’un système de collecte priorisant les transformateurs, accès difficile au crédit, manque d’équipements modernes et faible coordination entre les acteurs de la chaîne de valeur. Il demande la constitution d’un stock de sécurité de 7 000 tonnes de noix de cajou pour la campagne 2025, une promesse faite par l’État mais jamais concrétisée. Cette mesure est jugée indispensable pour sauver les unités restantes et préserver plus de 1 000 emplois directs. Les femmes, particulièrement actives dans la transformation de la pomme de cajou, sont elles aussi touchées par cette crise.
Au-delà de l’urgence économique, les professionnels rappellent que la transformation locale de l’anacarde est un levier pour l’industrialisation verte du Sénégal. C’est un enjeu stratégique pour renforcer la souveraineté économique, favoriser un développement durable et repositionner le pays sur le marché international du cajou. Le secteur attend désormais des actes. Pour les transformateurs, l’avenir de la filière cajou dépend d’une volonté politique forte et d’une mise en œuvre rapide des engagements pris.
LE SÉNÉGAL DANS LE GROUPE B DES ÉLIMINATOIRES DU MONDIAL 2027 DE BASKET
Les Lions de la Téranga affronteront la RD Congo, Madagascar et la Côte d’Ivoire dans la course à la Coupe du monde de basketball Qatar 2027. Un parcours exigeant débutera en novembre, avec pour objectif une place parmi l’élite mondiale.
Le tirage au sort des éliminatoires africaines de la Coupe du monde de Basketball 2027 a été effectué ce mardi au Qatar. Le Sénégal a hérité du groupe B, composé de la RD Congo, de Madagascar et de la Côte d’Ivoire.
Les Lions de la Téranga devront se montrer à la hauteur de ce défi, avec des adversaires à la fois coriaces et accessibles. La campagne de qualification débutera en novembre 2025 et s’étendra sur trois fenêtres : février 2026 et juillet 2026. Les matchs se joueront en aller-retour.
Dans cette première phase, les trois meilleures équipes de chaque groupe obtiendront leur billet pour le tour suivant, qui verra la formation de deux nouveaux groupes de six équipes. À l’issue de cette seconde étape, les deux premiers de chaque groupe ainsi que le meilleur troisième décrocheront leur qualification pour la Coupe du monde Qatar 2027.
Un défi de taille attend donc les hommes du coach DeSagana Diop, déterminés à rallier le prochain rendez-vous mondial et à inscrire de nouveau le nom du Sénégal sur la scène du basketball international.
ÉLECTRICITÉ, SENELEC ANNONCE DES PERTURBATIONS
Des interruptions de courant sont prévues en soirée, du 13 au 19 mai 2025, en raison du basculement de la centrale de Bel Air vers le gaz naturel. Cette phase de la transition énergétique pourrait entraîner quelques désagréments.
La Senelec a annoncé des coupures d’électricité prévues du 13 au 19 mai 2025, principalement en soirée, dans le cadre du basculement énergétique de la centrale de Bel Air vers le gaz naturel.
Dans le journal télévisé de 20h sur la RTS1, Arona Baldé, Directeur d’exploitation du système, a précisé : « De 2h du matin à 20h, il n’y aura pas de coupure. Le risque, c’est le soir à partir de 20h. »
Cette mesure s’inscrit dans une phase de transition importante pour le secteur énergétique national. En effet, depuis le 30 avril, la centrale de Bel Air fonctionne partiellement au gaz, après la réception d’une première cargaison le 28 avril.
« Ce qui se passe à partir du 13, c’est qu’on change un navire qui fonctionnait au HFO (fuel lourd) par un navire qui va fonctionner au gaz », a expliqué M. Baldé, soulignant que cette étape cruciale dans la transition énergétique pourrait entraîner quelques désagréments temporaires pour les consommateurs.
La Senelec rassure toutefois que toutes les dispositions techniques sont prises pour limiter l’impact de ces coupures sur les ménages et les entreprises, tout en appelant à la compréhension de la population.