LA CRISE POLITIQUE A AUGMENTÉ LE DÉSESPOIR DES POPULATIONS
Cela fait 328 immigrés clandestins ramenés sur les côtes marocaines depuis le 8 août. Entretien avec Saliou Diouf, président de l'association Boza Fii qui travaille sur les politiques migratoires
es drames de l'immigration impliquant des Sénégalais s'enchaînent. Le 16 août 2023, 63 personnes sont présumées mortes après être parties en pirogue des côtes sénégalaises début juillet. Le 18 août, la marine marocaine a intercepté 75 migrants sénégalais à bord d'une embarcation au large de Dakhla, au Sahara occidental.
Cela fait 328 immigrés clandestins ramenés sur les côtes marocaines depuis le 8 août.
Entretien avec Saliou Diouf, président de l'association Boza Fii qui travaille sur les politiques migratoires.
DODJI EN QUÊTE D'UN MIEUX ÊTRE
Désenchantement et désespoir. Ce sont les sentiments les mieux partagés par les populations de cette commune située à 25 km de Linguère, depuis l’arrêt, il y a quinze ans, du projet de réalisation d’un lac artificiel dans la vallée de Poram-Kadji
Samba Oumar Fall, Salla Guèye et Ndèye Seni Samb |
Publication 22/08/2023
Désenchantement et désespoir. Ce sont les sentiments les mieux partagés par les populations de Dodji, commune située à 25 km de Linguère, depuis l’arrêt, il y a quinze ans, du projet de réalisation d’un lac artificiel dans la vallée de Poram-Kadji. Ce projet révolutionnaire du président Abdoulaye Wade devait booster l’élevage, l’agriculture et améliorer les conditions de vie de centaines de villages. Las d’attendre ce geste salvateur des pouvoirs publics synonyme de réduction de leur misère et de leur isolement, les jeunes de Dodji ont trouvé une alternative en l’exode vers les grands centres urbains qui a fini de vider cette localité de ses bras valides.
Un temps clément a pris le relais de la forte canicule de ces derniers jours. Il fait frisquet. Un vent frais fouette les visages. Malgré le ciel menaçant, les rues grouillent de monde en ce vendredi, jour de louma à Linguère. Sur le boulevard de la Préfecture menant à l’hôpital Maguette Lô, surtout. De temps en temps, des véhicules de transport « wopou yaha » (laisse-partir) bondés de voyageurs et de marchandises surgissent de nulle part et bondissent vers le centre-ville. Ils viennent de Dodji et des environs. En bifurquant à la droite de la structure sanitaire qui a défrayé la chronique, il y a deux ans, avec la mort de 11 bébés calcinés, une piste latéritique très fréquentée se découvre. Ce tronçon de 25 km, loin du confort de l’axe Linguère-Matam, mène à Dodji. Il faut être endurant et tenace pour arriver tout entier dans cette localité devenue célèbre, grâce à son champ de tir, l’une des rares attractions de la zone. Installé bien avant l’indépendance, en 1955, le Centre d’entraînement tactique « Colonel Thierno Ndiaye », dédié au tir aux armes lourdes pour les unités des armées de terre et les avions de chasse, couvre une superficie de 105 km².
La piste est sinueuse, avec ses bifurcations et nids de poule. Il ne suffit pas d’être un as du volant pour la dompter ; il faut aussi savoir bien manœuvrer. Le décor est sublime, avec l’effet des premières pluies sur le tapis herbacé, les arbres qui ont commencé à reverdir. À intervalles réguliers, des bergers surveillent leurs troupeaux. Au fil des kilomètres, Kadji, Kholkhol, puis Dodji se découvrent. Les populations vaquent tranquillement à leurs occupations. À chaque coin de rue, un groupuscule, bien installé, sous une tente, devise en prenant le thé. Plus de dix jours après la célébration de la Tabaski, le village s’est vidé d’une bonne partie de ses jeunes. Ils sont répartis entre Dakar, Touba, Thiès, Saint-Louis, Kaolack, Fatick où ils travaillent pour gagner dignement leur vie.
LE PATRON DE WAGNER DIT ÊTRE EN AFRIQUE POUR LA GRANDEUR DE LA RUSSIE
Se présentant désormais comme le "cauchemar" des jihadistes du groupe Etat islamique et d'Al-Qaïda, Evguéni Prigojine appelle les volontaires à le rejoindre pour "remplir les tâches qui ont été désignées et que nous avons promis de remplir"
Le patron du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a affirmé dans une vidéo se trouver avec des combattants à lui en Afrique, où il travaille à la grandeur de la Russie, appelant les volontaires à le rejoindre.
M. Prigojine est apparu lundi soir pour la première fois dans une vidéo face caméra depuis l'abandon de sa rébellion contre le Kremlin en juin, parlant dans un paysage désertique, habillé d'une tenue de camouflage et montrant un fusil d'assaut.
"Nous travaillons ! La température est de +50, comme nous l'aimons.Le groupe Wagner effectue une mission de reconnaissance, rend la Russie encore plus grande sur tous les continents et l'Afrique encore plus libre", a-t-il déclaré dans cette vidéo, diffusée par des chaînes Telegram proches du groupe paramilitaire.
Se présentant désormais comme le "cauchemar" des jihadistes du groupe Etat islamique et d'Al-Qaïda, le patron de Wagner a appelé les volontaires à le rejoindre pour "remplir les tâches qui ont été désignées et que nous avons promis de remplir".
Il ne dit pas dans quel pays il se trouve, alors que Wagner a une importante présence au Mali et en Centrafrique.
Outre cette présence paramilitaire, la Russie mène depuis plusieurs années une offensive diplomatique en Afrique pour y doubler les puissances occidentales traditionnelles.Isolée sur la scène internationale et en quête d'alliés, elle a depuis multiplié ces efforts depuis son assaut contre l'Ukraine.
La vidéo d'Evguéni Prigojine, diffusée sur plusieurs chaînes Telegram qui revendiquent des liens avec Wagner, est accompagnée d'un numéro de téléphone et d'une adresse courriel pour le recrutement de volontaires.
M. Prigojine s'était déjà exprimé depuis sa rébellion avortée via des messages audio diffusés sur diverses chaînes Telegram, mais jamais en parlant face caméra, comme il avait l'habitude de faire lorsqu'il se trouvait en Ukraine.
Le compte de son service de presse officiel, Concord, est inactif depuis la mutinerie.
Dans un message audio fin juillet, il se félicitait du coup d'Etat au Niger et fustigeait les "anciens colonisateurs" occidentaux en promettant que Wagner "est en mesure d'instaurer l'ordre et de détruire les terroristes".
La rébellion de Wagner avait ébranlé le pouvoir russe, en plein conflit en Ukraine.Elle avait pris fin le 24 juin au soir avec un accord prévoyant le départ au Bélarus de M. Prigojine, tandis que ses combattants pouvaient l'y rejoindre, entrer dans l'armée russe régulière ou retourner à la vie civile.
Si des combattants de Wagner s'étaient bien rendus au Bélarus, où ils ont notamment servi d'"instructeurs" aux soldats locaux, la localisation et les activités de leur patron n'étaient pas connues.