SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 mai 2025
«A BORD DES PIROGUES EN BOIS, LES PASSAGERS N’ONT AUCUNE CHANCE D’ARRIVER AUX ILES ESPAGNOLES»
Le Contre-amiral Abdou Sène, chef d'Etat-major de la marine nationale explique la gestion des urgences en mer en cette période de « Barça » ou « Barsakh »
Propos recueillis par : Pape Ndiaye |
Publication 27/07/2023
Le Contre-Amiral (Général) Abdou Sène est le Chef d’Etat-major de la Marine nationale (Cemmarine). Fort d’un cv kilométrique, il fait partie des plus brillants officiers généraux de la Marine sénégalaise. Ancien conseiller de défense du Premier ministre et ex-secrétaire général de la Haute autorité chargée de la Sécurité maritime, le général Abdou Sène est diplômé de la prestigieuse Ecole navale de Brest (France) et du Naval War Collège (Usa). Il est également titulaire d’un master en relations internationales de l’Université de Salve Regina (Usa). Officier-général aux compétences et expériences professionnelles avérées, le Contre-Amiral Abdou Sène nous explique la gestion des urgences en mer en cette période de « Barça » ou « Barsakh ». Interview exclusive !
Le Témoin : Mon Général, lors de sa prise de commandement, le Cemga a décliné sa feuille de route qui s’articule autour de la sécurisation totale du territoire national ainsi que ses frontières. Quel est le rôle de la Marine nationale dans ce dispositif sécuritaire ?
Contre-amiral Abdou Sène : Je voudrais tout d’abord rappeler que la Marine nationale est une armée de mer dont la mission fondamentale est définie par la loi 70-23 du 06 juin 1970, modifiée. A ce titre, le rôle de la Marine, dans le dispositif sécuritaire préconisé par le Chef d’Etat-major général des armées(Cemga), s’inscrit dans le cadre de la posture permanente de sûreté qui garantit l’intégrité du territoire national. Pour cela, la Marine nationale est considérée comme une sentinelle en mer face à toute menace venant du large voulant atteindre des objectifs à l’intérieur du territoire. Parallèlement, elle s’engage aussi, en permanence, aux côtés des autres armées de terre et de l’air, dans des opérations interarmées sur le territoire national et, en cas de besoin, sur un théâtre extérieur en mettant en œuvre des moyens de projection de forces. En outre, la Marine nationale mène des missions de l’action de l’Etat en mer en assurant une surveillance permanente de notre espace maritime dont la superficie est de 212.000 km2 afin de protéger les ressources animales ou minérales qui s’y trouvent et de lutter contre toute activité illicite ou illégale dans cette Zone économique exclusive.
Mon Général, jamais la Marine nationale n’a été autant équipée, modernisée et bichonnée que sous le président de la République Macky Sall, Chef suprême des Armées. Qu’est-ce qui justifie l’acquisition de nouveaux équipements et armements ?
Une bonne question ! Vous savez, l’acquisition de ces nouveaux équipements relève d’une vision stratégique et d’une posture d’anticipation du Président de la République, Chef suprême des Armées. En fait, c’est la traduction d’une véritable stratégie navale qui s’inscrit dans le cadre du format Armées 2025 et qui prend en compte aussi bien les menaces classiques que les problématiques liées à la maritimisation renforcée de notre économie nationale, surtout avec l’exploitation future du pétrole et du gaz offshore. Il s’agit donc, pour Monsieur le Président de la République, Chef Suprême des armées, de créer les conditions de sécurité qui garantissent l’intégrité du pays et la durabilité de notre économie bleue et, pour cela, la Marine nationale en est le principal acteur.
Depuis quelques mois, la migration clandestine s’est accélérée dans l’Atlantique prenant des proportions le plus souvent dramatiques. Comment ces pirogues battant pavillon « Barsa-Barsakh » peuvent-elles échapper à la vigilance de la Marine nationale jusqu’à s’échouer au large des côtes marocaines ou espagnoles ?
Tout d’abord, avant de répondre à votre question, vous me permettrez d’avoir une pensée toute pieuse à l’endroit de tous ceux qui ont péri en mer en empruntant cette voie risquée d’une émigration clandestine et de formuler des prières pour le repos de leurs âmes. Je présente aussi mes condoléances les plus attristées à leurs familles respectives. Je suis d’autant plus peiné que la posture de la Marine nationale est de prévenir afin de sauver des vies en mer. Car ceux qui empruntent les pirogues ou les embarcations de fortune ignorent le plus souvent l’hostilité et les dangers de la mer. Quant à votre question, la réponse est liée à la longueur de nos côtes, plus de 700 kilomètres à surveiller. Toutes les Marines nationales du monde vous le diront, c’est quasi impossible de mettre en permanence des patrouilleurs pour surveiller tous les points départs qui sont en plus clandestins. Nous marquons l’effort de surveillance sur des zones particulières mais, pour être efficaces, il faudrait du renseignement précis sur les départs des pirogues. Il est clair qu’il y a des complicités de populations à terre car le voyage en mer nécessite toute une logistique et donc toute une préparation voire organisation qui ne peut passer inaperçue. D’ailleurs, je profite de l’occasion pour inviter les populations à briser l’omerta en collaborant avec les forces de défense et de sécurité (Ndlr : Armée, Gendarmerie, Police, Douane etc.). Dénoncer les éventuels départs clandestins, c’est sauver des vies !
« Le Témoin » quotidien a appris que certaines barques en provenance de pays voisins réussissent, dés fois, à contourner le dispositif de surveillance de la Marine sénégalaise. Vous confirmez ?
Vous savez la mer est vaste et il est impossible, comme à terre, de mettre un dispositif pour bloquer des routes ou des axes de progression, surtout pour des pirogues utilisant différentes manœuvres et routes pour remonter vers les îles Canaries. D’ailleurs, la Marine a eu à arraisonner récemment une pirogue où la majorité des passagers clandestins venaient d’un pays voisin. Il faut aussi comprendre que la problématique ne concerne plus seulement de jeunes Sénégalais ; il y a aussi d’autres candidats qui viennent de pays voisins.
« Le Témoin » quotidien tient à magnifier les opérations de surveillance et de sauvetage de la Marine sénégalaise qui porte secours régulièrement à des migrants clandestins après avoir intercepté leurs embarcations. Comment les unités de la Marine nationale tentent-elles d’arrêter la mer de l’émigration clandestine avec les…bras ?
Tout d’abord, je vous remercie pour ce témoignage car nous exerçons un métier difficile dans un environnement hostile même pour les professionnels que nous sommes. Par ailleurs, il est clair que nous ne pouvons pas « arrêter, comme vous dites, la mer de l’émigration avec les … bras ». Mais la Marine sera toujours dans cette posture permanente qui vise à sauver des vies humaines car, pour nous qui connaissons la mer, à bord des pirogues en bois, il y a plus de chance, pour les émigrés clandestins, de mourir en haute mer que d’arriver aux îles espagnoles.
Pouvez-vous nous donner le bilan des opérations de ces derniers mois dans la lutte contre l’émigration clandestine par voie maritime ?
Pour cette année, au moment où je vous parle, la Marine a arraisonné huit (08) pirogues et a porté secours à plus de 500 personnes dont des ressortissants de pays voisins qui étaient dans des situations extrêmement difficiles en mer. Des opérations ont été aussi menées pour secourir des dizaines de naufragés dont les pirogues ont été renversées par les vagues au large de nos côtes.
Il y a deux ans, la Cour des Comptes de l’Union européenne déplorait le laxisme et l’inefficacité de l’Agence « Frontex » compte tenu de la multiplication des flux migratoires. Qu’en pensez-vous ?
Vous pouvez comprendre que je ne pourrais répondre à cette question qui ne me concerne pas.
Que répondez-vous à ceux qui disent que la Frontex a atteint ses limites…
Je n’ai pas d’éléments scientifiques pour pouvoir évaluer l’efficacité ou non du dispositif Frontex maisil est clair que, pour la Marine nationale, de jeunes marins travaillent jour et nuit, qu’il pleuve ou qu’il vente, dans la solitude, affrontant des mers déchainées avec beaucoup de risques, d’abnégation et de patriotisme pour protéger et sauver des compatriotes qui risquent leurs vies en mer. C’est le lieu de les féliciter et de les encourager dans l’exercice de leurs missions régaliennes, fidèles à leur serment et à leur devise « En mer pour la Patrie ».
CES RESCAPES QUI FONT L’APOLOGIE DU VOYAGE
Barça ou Barsakh», Aux origines des premiers départs, la baie de hann !
En dépit des milliers de migrants engloutis dans l’océan Atlantique et des milliers de rescapés arrivés à destination puis refoulés vers leurs points de départ de l’Afrique subsaharienne, nos compatriotes candidats au « Barça ou Barsakh » ne désespèrent pas ! Près de vingt-deux (22) après l’aventure des premières pirogues ou « cayucos » vers les Canaries révélée à l’époque par « Le Témoin-Hebdo » devenu Quotidien, les Sénégalais continuent encore de braver les houles de la mort pour rallier les côtes européennes à leurs risques et périls. Les accords récemment signés entre Madrid et Dakar pour faire venir près de 100 « travailleurs » sénégalais dans les fermes espagnoles semblent davantage encourager voire motiver les autres à partir. Sans oublier les miraculés de « Barkakh » (Au-delà) qui, une fois après avoir foulé la terre européenne synonyme d’eldorado, font l’apologie du voyage à l’intention de leurs amis et parents restés au pays. « Le Témoin » revient sur les origines de cette odyssée des despérados appelée « Barça » ou « Barsakh ».
Courant 2001, nous sommes à la baie de Hann située sur la façade sud de la presqu’île du Cap Vert (Dakar). Une baie dont l’odeur répugnante de la pollution a fini de chasser les rares baigneurs et promeneurs nocturnes en cette période de chaleur d’été. Sur la plage, les éléments de la Sûreté Urbaine (Su) de Dakar que dirigeait à l’époque le commissaire Assane Ndoye ramènent dans leurs filets une cinquantaine d’individus composés de passeurs et de passagers. Ils s’apprêtaient à embarquer nuitamment à bord d’une pirogue de pêche artisanale pour les îles canaries (Espagne). Chacun avait apporté une contribution de 50.000 cfa pour le financement du voyage de l’espoir. Une enquête rondement menée alors par la police avait permis de découvrir que cette pirogue arraisonnée devait être la quatrième à quitter Hann-plage pour les côtes espagnoles. Une expédition surréaliste que « Le Témoin-Hebdo » devenu Quotidien avait révélée.
A l’époque, à la parution de notre article barrant la « Une » de notre journal, l’incrédulité était manifeste chez de nombreux confrères et lecteurs qui jugeaient notre exclusivité trop « inédite » pour être vraie ! Tout ce beau monde se demandait comment une pirogue de fortune «gaalu-lothio» pouvait-elle quitter l’Afrique de l’Ouest et traverser tout l’océan Atlantique pour gagner l’Europe ?
Selon l’ancien patron de la Sûreté Urbaine (Su), le commissaire de police (er) Assane Ndoye, même ses éléments qui avaient mené l’opération ne croyaient pas aux faits reprochés aux piroguiers arraisonnés. « Il a fallu une enquête approfondie menée en collaboration avec la police espagnole pour qu’on se rende compte que d’autres jeunes avaient effectivement déjà quitté les côtes sénégalaises à bord des pirogues artisanales pour les iles Canaries où ils étaient arrivés sains et saufs. Il faut dire que le voyage était tellement long, périlleux et épouvantable que personne ne l’aurait cru à l’époque… » se souvient l’ancien chef de la Su, devenu par la suite Dg de la Police nationale et ambassadeur au Mali avant d’intégrer l’Ofnac. Aujourd’hui, l’histoire de la baie de Hann nous a donné raison. Parce que les départs « Barça ou Barsakh» qui se faisaient au début de manière discrète et échelonnée ont fini par devenir un phénomène d’ampleur. Désormais, les candidats à l’émigration clandestine vers les côtes espagnoles partent par vagues successives. Ce, à un rythme effréné et infernal ! Encore, les points de départs clandestins se sont entre temps multipliés alors qu’à l’époque, il n’y avait que Hann, Ngor, Soumbédioune, Yoff, Thiaroye et Mbour.
Pour percer le mystère de ces arrivées massives sur les côtes espagnoles en provenance de divers lieux d’embarquement au Sénégal, votre serviteur s’était même rendu aux îles Canaries pour y effectuer un reportage plus complet sur cet exode massif. Sur les plages où s’échouent les migrants, il nous avait alors été donné de constater le triste spectacle de centaines de Sénégalais, Gambiens, Maliens, Guinéens et Ghanéens morts noyés en tentant de traverser l’Atlantique et enterrés dans des fosses communes des îles Canaries, notamment Las Palmas. A l’accueil de votre serviteur, le consul honoraire du Sénégal à Las Palmas, le défunt M. Alberto Vanboccle Garcia, âgé alors de 70 ans. Il nous avait reçu chaleureusement en ces termes : « Merci d’être le premier journal sénégalais (Ndlr : Le Témoin-Hebdo) venu sur les lieux du drame, ici, aux iles canaries » avait magnifié ce patriarche espagnol, sénégalais de cœur. Arborant une tristesse non feinte, il nous avait confié ceci : « C’est très douloureux de voir tous ces corps sans vie échoués sur les plages espagnoles et enterrés dans l’anonymat. De nature, je suis souriant mais, cette fois-ci, comme vous le voyez, je suis triste. Triste de voir tous les jours ces corps qui échouent sur la plage comme des algues de mer » avait commenté le consul honoraire Alberto lors de notre visite guidée aux cimetières des migrants aux « cayucos » (pirogue, en espagnol). Durant tout notre séjour, l’ambassadeur avait mis à notre disposition son collaborateur sénégalais, un certain Coplan Mboup qui nous servait de guide !
22 ans après, les départs se poursuivent toujours !
Près de 22 ans après les premières vagues massives de migrants clandestins arrivés à bord de pirogues, l’Atlantique fait encore parler d’elle en termes d’engloutissement de migrants désespérés désireux à tout prix de rejoindre l’eldorado européen. Car depuis le début de ce mois de juillet 2023, les groupes de migrants à bord d’embarcations de fortune sont de plus en plus nombreux à s’échouer au large des côtes marocaines et espagnoles. Au début de cette semaine, des candidats au « Barça-Barsakh » se sont trompés de route maritime en terminant leur odyssée à la plage de Ouakam. Bilan : 16 morts !
Il est vrai que si ces derniers temps, passeurs et candidats sénégalais au « Barsa-Barsakh » multiplient les opérations de départs, c’est parce que les prévisions météo semblent être encourageantes! D’où cette ruée tragique vers les côtes espagnoles. Domicilié à Hann-Plage, Ousmane Guèye, piroguier-pêcheur soutient que, sur l’axe côtes atlantiques africaines (Sénégal)- archipel des îles Canaries (Espagne), les conditions météorologiques sont très favorables à la navigation. Car, depuis trois mois, l’état de la mer est resté relativement calme. Et toutes les pirogues ainsi que les bateaux faisant cap vers l’Espagne voguent vent arrière c’est-à-dire avec le vent et les vagues. En clair, les bateaux et les pirogues en question avancent nettement plus vite puisqu’ils ne naviguent pas contre vents et marées ou à contre-courant. Forts de ces informations météorologiques, piroguiers et passeurs tentent des opérations de traversée vers les côtes européennes. Attention ! Ce ne sont que des prévisions puisqu’il arrive des moments en cette période où la mer peut être très agitée jusqu’à rendre les conditions de navigation extrêmement difficiles. Il faut ajouter à cela les conditions climatiques avec des vagues de froid oscillant entre 10 et 15 °C en haute mer à partir du Maroc vers l’Espagne. Et dans ce cas, la plupart des migrants meurent de froid puisqu’ils ne se préparent pas à des températures glaciales. Donc malgré le bon climat prévalant au départ, ils n’auront aucune chance d’arriver à destination. A mon avis, c’est une opération de suicide collectif ! » prévient ce vieux pécheur. Certes, très rares sont les jeunes gens et jeunes filles qui arriveront à destination. Seulement voilà, une fois arrivés à « Barca » (Barcelone), ces rescapés ou miraculés de l’Atlantique redonnent de l’espoir à d’autres candidats à l’exil restés au pays et les poussent à prendre à leur tour les embarcations de la mort. Des arrivées dans l’eldorado européen qui sonnent comme une délivrance. Car, dès qu’ils ont humé l’air européen, la plupart des rescapés sénégalais ayant eu la chance de fouler les îles Canaries, appellent immédiatement leurs parents ou amis pour leur filer la bonne nouvelle, selfies ou vidéos Instagram à l’appui. : «Alhamdoulihahi…Eksinaa si diam ! (Dieu merci, je suis arrivé à bon port à Barça !).
De bouche à oreille, la nouvelle se répand alors comme une trainée de poudre dans le quartier de départ du miraculé. On imagine l’effet qu’une telle bonne nouvelle peut produire sur ces jeunes gens misérables, désespérés de l’emploi et à l’avenir bouché. Evidemment, ils jurent qu’ils tenteront l’aventure. Quitte à ce que l’expédition maritime se termine pour eux à « Barsakh » c’est-à-dire au fond de l’océan !
Une communication politique mal interprétée…
Selon E. Diop, un des responsables de l’association des migrants sénégalais aux Iles Canaries, les derniers accords signés entre l’Espagne et le Sénégal visant à recruter des centaines de travailleurs sénégalais pendant la saison des récoltes font également partie des nombreux facteurs qui ont encouragé certains à tenter le voyage. « Dans le cadre de la mise en œuvre d’un programme pilote de «migration circulaire», le gouvernement du Sénégal avait récemment fait une déclaration à propos d’un recrutement massif de jeunes compatriotes devant travailler dans les champs espagnols. Cette déclaration a été très mal interprétée par de nombreux candidats à l’émigration clandestine. Pour eux, le gouvernement du Sénégal les aurait appelés à aller travailler dans les fermes espagnoles. Parce que la plupart des rescapés sénégalais m’ont confié que l’Espagne a octroyé des cartes de séjour aux migrants sénégalais désirant travailler dans les champs. Vous voyez à quel point les déclarations des autorités sénégalaises ont encouragé des départs clandestins ! » déplore cet émigré sénégalais établi en Espagne et joint hier, mercredi, par « Le Témoin ». Une chose est sûre : au pays des « pékhés » (complots), des « niakhtous », des chômeurs retraités sans avoir jamais travaillé de leur vie, au pays des inondations permanentes et des routes qui tuent, ce n’est pas demain la veille de la fin de l’odyssée « Barça-Barsakh » !
ABDOU FALL ASSENE SES VERITES
«Nous trouverons les mécanismes et les ressorts appropriés pour réaliser l'unité la plus large autour de notre candidat désigné»
Entretien réalisé par Amadou Ly DIOME |
Publication 27/07/2023
Ancien ministre d’Etat et ministre (Santé et Prévention médicale, Culture et Communication, Porte-parole du gouvernement) sous le régime libéral du président Abdoulaye Wade, président à deux reprises du groupe parlementaire “Démocratie et Liberté” à l’Assemblée nationale dont il a été également vice-président, actuel président du mouvement «Alternative Citoyenne-Andu Nawle», Abdou Fall a assurément une riche carrière politique et demeure un des acteurs majeurs de ce landerneau. Rhétoricien réputé, l’ancien du Parti pour la libération du peuple (PLP), de la Convention démocratique et sociale (CDS), l’ex-maire des HLM et président, depuis 2020, du conseil d’administration de l’Agence pour les Investissements et Grands Travaux du Sénégal (APIX.SA) a bien voulu nous accorder un entretien à ce moment crucial où l’avenir de la démocratie et la paix sociale sont en équilibre précaire. Et dans l’interview qu’il nous a accordée, Abdou Fall revient sur le sens de la session d’urgence convoquée par l’Assemblée nationale notamment sur la révision de certaines dispositions du code électoral, du code de procédure pénale et la liquidation de la CREI au profit d’un Pool judiciaire financier (PJF). De la renonciation à une troisième candidature du président Macky Sall à la guerre des tranchées qu’elle a engendrée au sein de la mouvance présidentielle avec la multitude de candidats à la candidature, en passant par l’épineux cas Ousmane Sonko de Pastef dont la participation à l’élection présidentielle reste encore hypothétique et la recrudescence du phénomène de l’émigration clandestine, Abdou Fall, avec la verve qu’on lui connaît, donne sa lecture des événements. Entretien avec un Mohican de la vie politique nationale.
Le Témoin – M. Fall, l’Assemblée nationale a été convoquée la semaine dernière en session d’urgence pour statuer sur la révision de la loi sur la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) et la modification de certains articles du code électoral et du code de procédure pénale. Quel sens donnez-vous à ces révisions de certaines dispositions de ces lois ?
Abdou FALL - Ceci est la suite logique des recommandations et décisions issues du Dialogue national initié par le Président Macky Sall. Il s’agit de matérialiser les résultats des larges consensus du dialogue entre les organisations politiques et toutes les forces vives de la nation. Le débat législatif est lancé à l’Assemblée nationale. On attend les délibérations définitives des députés sur les différents points de révision pour avoir une idée précise sur les accords et leurs implications au plan politique. En tout cas, je me réjouis que le Dialogue national ait pu créer les conditions de consensus larges de nature à apaiser le climat politique, et conforter notre pacte républicain.
Pendant qu’il est question de la suppression de la CREI au profit d’un Pool judiciaire financier (PJF), le Sénégal est condamné par la Cour de cassation française à payer plus de 168 milliards de francs à Bibo Bourgi, l’une des victimes de la traque des biens mal acquis menée justement par la CREI. Cette CREI, avec les développements nés de l’affaire Bourgi, n’a-telle pas été plutôt un gouffre financier pour le Sénégal qu’une juridiction d’exception censée contribuer à la reddition des comptes ?
Sur ce sujet, je m’en tiens aux termes du communiqué publié par les services du ministère des Finances qui ramènent ces questions à leurs justes proportions et dans lequel il est indiqué notamment que l’Etat du Sénégal n’est soumis à aucune obligation de payer quoi que ce soit à qui que soit. Je trouve triste cette nouvelle tendance à dire tout le temps du mal de son propre pays.
Les cas d’éligibilité de Karim Wade et Khalifa SALL sont toujours en suspens surtout en ce qui concerne le deuxième nommé, toujours objet d’une radiation des listes électorales. Pensez-vous que les conclusions des travaux du Dialogue national puissent véritablement conduire à la réhabilitation de ces deux hommes pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 ?
Je vous dis attendre les délibérations des députés sur la révision des articles visés du code électoral et des conséquences possibles sur la légalité de certaines candidatures le moment venu. Il est, à mon avis, tout à fait souhaitable que les candidatures dont vous faites état soient validées dès lors que leur légalité est établie. Je pense que les conditions objectives sont réunies pour que ça se fasse.
Justement en revenant sur le Dialogue national que d’aucuns qualifient de «dialogue des dealers», ne pensez-vous pas que pour consolider nos acquis démocratiques et instaurer la paix sociale, à l’origine de son organisation, il fallait prendre en considération les préoccupations légitimes du peuple et faire cas de certaines absences en n’ayant pour point de mire que l’intérêt supérieur de la nation et non les intérêts de quelques acteurs qui ont répondu présents à ces assises ?
Que voulez-vous qu’on fasse avec des leaders de partis politiques qui prennent délibérément l’option de la défiance systématique des institutions du pays ? Pour qui, en clair, le dialogue politique c’est de la compromission politique. Attitude puérile et infantile consistant à dire : «dialoguer c’est se compromettre». Qui décident ainsi, en toute conséquence, de s’extraire objectivement du camp de la démocratie pour appeler à l’insurrection et au chaos. Je trouve curieux que vous fassiez abstraction de tout ça pour spéculer sans fin sur ce que vous appelez l’intérêt supérieur de la nation pendant que cette même nation prend le parti des discussions courtoises et de la démocratie contre le camp de la violence et du désordre en saluant le Dialogue national comme modalité de règlement pacifique des différends politiques. D’un côté vous-même n’avez cessé de dire et répéter qu’il fallait envisager un dialogue franc entre opposition et pouvoir pour lever tout obstacle possible à une démocratie apaisée dans notre pays. Surtout quand vous tous disiez que c’est cela qui correspond aux attentes populaires ... Le Président Macky Sall s’engage dans cette voie avec toutes les forces démocratiques et républicaines du pays pour parvenir à des consensus forts, et curieusement ce sont les mêmes qui se cherchent tous les arguments possibles et imaginables, y compris les plus farfelus, pour jeter le discrédit sur ces accords salués par l’écrasante majorité de nos compatriotes. Allez finalement savoir ce que veulent nos détracteurs... Ils donnent l’impression de ne plus savoir où ils en sont!
Après la renonciation du président de la République à une troisième candidature lourde de dangers, la coalition à laquelle vous appartenez est dans l’œil du cyclone. Comme une armée mexicaine, des sorties de défiances au chef sont enregistrées, les déclarations de candidatures à la candidature se multiplient, une guerre larvée oppose certains responsables de premier plan. N’assiste t-on pas à un climat de fin de règne ?
Nos mêmes détracteurs souhaitent de tout cœur qu’il en soit ainsi (rires)! C’est peut-être normal dans une démocratie. Je trouve pour ma part désolant que ce tournant majeur de notre trajectoire démocratique ne fasse pas encore suffisamment l’objet d’une lecture sérieuse qui permet d’en appréhender les vrais enjeux de fond. Le Président Macky Sall vient encore une fois de tirer le pays vers le haut en le classant définitivement dans les rangs des grandes démocraties de référence. Par son acte de portée historique du 3 juillet dernier, il clôt définitivement le faux débat sur le nombre de mandats en même temps qu’il ouvre pour la première fois dans notre pays la perspective du Président sortant non-candidat à sa réélection. Ce qui évacue la facilité du «dégagisme» et oblige à des débats de fond sur les offres politiques des différents candidats. Dans notre majorité, il est noté une avancée significative en matière de démocratie interne car c’est la première fois qu’une majorité se livre à un exercice d’élaboration de règles et procédures de sélection d’un candidat à une élection présidentielle...Et quoiqu’en disent nos détracteurs, cet exercice se mène dans la responsabilité sous la direction du Président Macky Sall, leader de l’Apr et de la coalition Bennoo. Je suis pour ma part convaincu que, passé ce cap des candidats à la candidature dans nos rangs, nous trouverons les mécanismes et les ressorts appropriés pour réaliser l’unité la plus large autour du candidat qui sera issu de nos procédures internes de délibérations sur une question aussi importante que délicate. Et, contrairement à ce que souhaitent certains, je suis de ceux qui croient que notre coalition trouvera les moyens de sortir renforcée de cet exercice innovant pour le choix de son candidat. Je ne crois pas aux primaires. On a vu les conséquences catastrophiques pour les grands partis traditionnels dans un pays comme la France. Je crois plutôt à la gestion co-responsable du parti et de Bennoo qui ont toujours su tirer grand profit du leadership fédérateur du Président Macky Sall.
Aujourd’hui, on assiste à une guerre des tranchées au sein du parti présidentiel entre les « légitimistes » ou combattants de la première heure regroupés derrière le président du CESE, Abdoulaye Daouda Diallo, d’une part, et « ralliés de la 25ème heure » dont le candidat est le Premier ministre, Amadou Bâ, d’autre part. Entre ces deux camps, quel est celui auquel appartient Abdou Fall?
Là vous êtes dans la caricature...(rires ) On gère actuellement un processus inédit et intéressant de choix d’un candidat dans le camp de la majorité. L’Apr comme Bennoo ont laissé le soin au Président Macky Sall, leader de la coalition, d’opérer le choix qui permet d’optimiser au mieux les chances de succès de notre candidat.
Il est normal dans ces circonstances que les ambitions s’expriment. Tout ce qui se dit entre «légitimistes» et «ralliés» ne correspond qu’à une vue de l’esprit. Que des affinités existent entre certains plus qu’avec d’autres est un phénomène tout à fait normal dans la vie des groupes et communautés humaines, sur le champ politique en particulier. Mais ceci est loin d’être structuré en camps ou blocs monolithiques, en clivages. Que certains éprouvent le besoin de dire leur préférence pour tel ou tel profil, c’est normal et dans l’ordre naturel des choses. Mais pour ce que j’en sais pour l’instant, personne parmi les candidats à la candidature ne remet en question le mandat donné au Président Macky Sall, leader de la coalition, d’opérer le choix définitif le moment venu. Je le dis souvent : «aucune échappée solitaire» ne peut être fructueuse. C’est pourquoi je suis de ceux qui optent pour une démarche réaliste avec un bon programme de gouvernement réactualisé, une équipe de relève pour battre campagne et gouverner ensemble, et enfin un candidat porte-drapeau de la majorité pour incarner le projet commun avec Bennoo et le Président Macky Sall. C’est sur cette ligne de rassemblement et d’unité sans faille que nous nous si tuons.
Pensez-vous qu’au vu des risques d’implosion qui guettent la majorité présidentielle en cas de choix du président de la République en faveur de l’un des candidats déclarés et au détriment des autres, Benno Bokk Yaakar puisse encore avoir des chances de conserver le pouvoir au soir du 25 février prochain ?
Permettez-moi d’avoir la candeur de croire que ces conjectures apocalyptiques ne verront pas le jour dans notre camp. Car je n’ai aucune raison de me croire plus lucide que les uns et les autres au point de penser qu’ils soient incapables de ne pas comprendre la vanité d’une telle option
Si on vous demandait de résumer le bilan du président Macky Sall en quelques phrases, que diriez-vous ?
Une grande ambition pour le Sénégal et l’Afrique. Une gouvernance inclusive. Une forte sensibilité sociale.
Le blocus autour du domicile de Ousmane SONKO, le patron de PASTEF, est levé depuis ce lundi matin après 55 jours de «séquestration», selon ses partisans et sans aucune autre forme d’explication de l’autorité. Va-t-on vers un dégel qui pourrait conduire à la participation de Ousmane Sonko à la prochaine élection présidentielle de 2024 ?
Permettez-moi de m’abstenir de tout commentaire sur un sujet sur lequel je ne suis à aucun niveau d’implication. D’autant que je me suis toujours abstenu de tout commentaire sur des questions qui relèvent de la justice et de la puissance publique.
Une participation de Ousmane Sonko à la présidentielle ne plomberait-elle pas davantage les chances de BBY tant sa popularité va crescendo ?
Nous sommes en politique. Je ne m’aventure jamais sur le terrain de la métaphysique. Au moment où on se parle, monsieur Ousmane Sonko fait face à des ennuis de justice sur des dossiers civils et politiques. Ce sont là des sujets suffisamment sérieux sur lesquels je ne peux me permettre de me laisser aller à des conjectures.
Si la situation restait en l’état et que les différents protagonistes campaient sur leurs positions respectives, notamment une élection sans Ousmane Sonko pour le pouvoir et pas d’élection sans Ousmane Sonko pour le Pastef, on irait vraisemblablement vers une situation chaotique qui pourrait conduire au report de la présidentielle de 2024. Envisagez-vous un tel scénario ?
Encore une fois, je ne suis pas dans la fiction. Je suis dans le réel. Et le réel, c’est le processus électoral qui poursuit normalement son cours. La priorité en ce qui me concerne, c’est d’aider autant que je peux à ce que notre camp sorte renforcé, uni et soudé autour du candidat qui sera en définitive désigné. Et que le slogan «Gagner ensemble et gouverner ensemble» reste le crédo de Bennoo.
On assiste de plus en plus à la recrudescence de l’émigration clandestine. Les jeunes ne semblent plus croire à un avenir meilleur sous nos cieux et partent par vagues au péril de leur vie. Dernier drame en date, le chavirement d’une pirogue de migrants à Ouakam avec son lot de morts. Comment expliquez-vous cette recrudescence après les efforts brandis par les pouvoirs publics pour trouver des emplois aux jeunes ? Est-ce un échec de nos politiques de jeunesse ?
Un vrai drame humain qui heurte nos consciences! D’autant que ces aventures débouchent, même pour ceux qui y survivent, à des sorts encore pires dans les pays d’émigration. La persistance du phénomène, malgré les efforts indiscutables réalisés par nos pays et ceux réalisés dans le cadre de la coopération internationale, européenne en particulier, tout cela montre que c’est là un problème de fond qui requiert une prise en charge particulière. On pourrait en faire un des grands thèmes de débats pour la prochaine campagne électorale. Les profondes mutations qui bouleversent nos sociétés et le monde entraînent des problématiques de type nouveau, notamment dans la jeunesse. Et aucun pays n’est épargné. Les pays riches comme ceux en développement. Il convient par conséquent de porter un regard de sérénité sur ce sujet. Nous consoler toutefois que l’émigration intra africaine représente plus de 90 % des destinations pour la jeunesse du continent. L’Afrique est en effet de loin la première destination des migrants africains. L’océan et le désert rendent certes ces aventures hautement spectaculaires. Cela dit, il n’en reste pas moins que des solutions fortes devront être trouvées. Elles seront toutefois collectives. C’est une Eurafrique consciente de ses responsabilités et mobilisée qui relèvera ce grand défi de notre époque. Il serait impertinent de faire de ce sujet un thème de débats politiciens. Les questions de jeunesse, dans le cadre des crises du monde contemporain, sont d’une profondeur et d’une ampleur qui appellent des solutions nécessairement complexes.
L’ÉTAT DOIT CRIMINALISER LES ACTES DE VANDALISME SUR LES BUS DE DDD
Le collège des délégués responsables de Dakar Dem Dikk (DDD) a fait face à la presse ce mercredi 26 juillet. Une occasion saisie pour rappeler « que lors des manifestions passées, Dakar Dem Dikk fut la cible des manifestants.
Le collège des délégués responsables de Dakar Dem Dikk (DDD) a fait face à la presse ce mercredi 26 juillet. Une occasion saisie pour rappeler « que lors des manifestions passées, Dakar Dem Dikk fut la cible des manifestants. » « Nous avons perdu plus de deux milliards cinq cent millions de francs CFA (2.500.000.000 FCFA) », estiment-ils, soutenant qu’il « est grand temps que l’Etat du Sénégal criminalise ces actes de vandalisme sur les bus de Dakar Dem Dikk. »
Dans ce sillage, préviennent-ils : « Le syndicalisme c’est défendre les intérêts matériels et moraux de travailleurs. Nous ne laisserons plus personne s’attaquer à notre bien. »
Les travailleurs de la société de transport public se sont aussi engagés, pour « assurer un climat social apaisé », à accompagner leur Directeur général, Ousmane Sylla, expliquant que ce dernier « n’a cessé de les surprendre depuis son arrivée malgré le peu de moyens dont il dispose contrairement à ses prédécesseurs qui ont eu des accompagnements matériels et financiers.. »
Dans le bilan de mi-parcours jugé satisfaisant, les travailleurs se réjouissent des réalisations suivantes : Quatre (04) prestations familiales et 8% de la dette pour chaque coopérative d’habitats payé ; la promotion de vingt-trois (23) receveurs reclassés en régulateurs et contrôleurs ; le reclassement de cent-douze (112) techniciens ; le relèvement de 28% du parc ; la recette passée de treize à vingt-neuf voir trente millions ; la relance de la liaison du nord plus connue sous le nom de Fouta Ya Ngarta.
Selon les travailleurs, ce trafic était suspendu pendant deux ans sans raisons valables par l’ancien DG Omar Bounkhatab Sylla.
Au-delà de la « construction de deux forages dans deux dépôts (Ouakam et Thiaroye), et le paiement de factures d’une quinzaine de millions, ils saluent l’initiative du match qui avait opposé l’équipe du personnel de DDD à celle de la génération 2002 de l’équipe nationale de football pour sensibiliser contre la casse des bus sous le thème « ARR LI NU BOKK », déclarant que « ce fut une réussite totale. »
Ils ajoutent : « En cette période de grève des transporteurs de l’Association de financement du transport urbain (AFTU), Dakar Dem Dikk avec le peu de bus dont elle dispose est sur le terrain pour transporter les milliers de Dakarois et étrangers vivant parmi nous. »
Interpellant le President Macky Sall, ils réclament « l’accélération du processus d’acquisition des 1.400 bus Iveco afin d’apaiser la souffrance des sénégalais en terme de mobilité », ainsi que l’augmentation de leur salaire, « vu la conjoncture actuelle, vu l’augmentation exponentielle des prix des denrées de premières nécessités. »
La Direction générale de DDD est priée, de son côté, « de relancer le processus des échelonnements et des évaluations (niak ndiarignou), permettant aux travailleurs un avancement dans leurs catégories qui est au point mort depuis plus de dix (10) ans, et à payer tout le passif : coopérative, électroménager, Ipress et caisse sécurité sociale ».
L’ACCIDENT DE LA ROUTE SURVENU A LOUGA A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS CE JEUDI
Les livraisons de ce 27 juillet comment l’accident mortel survenu la veille dans la région de Louga (nord-ouest), où un bus de transport a fini dans le décor, à hauteur du village de Makka Bra Guèye, ce qui a provoqué la mort d’une vingtaine de passagers.
Dakar, 27 juil (APS) – Les quotidiens parvenus jeudi à l’APS, comme l’on pouvait si attendre, sont largement revenus sur l’accident mortel survenu la veille dans la région de Louga (nord-ouest), où un bus de transport a fini dans le décor, à hauteur du village de Makka Bra Guèye, ce qui a provoqué la mort d’une vingtaine de passagers.
« Dérapage fatal », titre Le Soleil au sujet de cet accident qui a fait 24 morts et 52 blessés, dont 43 graves. »Sous l’effet du vent et de la pluie, écrit-il, le chauffeur a perdu le contrôle du véhicule lourdement chargé qui a fini dans le décor, à hauteur du village de Makka Bra Guèye ».
Selon Le Soleil, le bus en question venait du village de Dioudé Diabé, dans la commune de Méri située dans le département de Podor, dans cette partie septentrionale du Sénégal.
« Décédé dans l’accident en même temps que son apprenti, le chauffeur a perdu le contrôle du bus alors qu’il roulait à vive allure sous la pluie », rapporte Libération, qui ajoute que »le véhicule a violemment heurté un arbre avant de faire des tonneaux ». « Terrible ! », s’exclame ce journal. »Un vrai drame humanitaire ! », renchérit le journal Le Quotidien, qui parle de Louga, comme d’un « cimetière de voyageurs », en allusion à la récurrence des accidents de la route sur cet axe du pays.
Mais surtout, Le Quotidien note ce qui suit : « On n’a pas encore fini de pleurer la disparition de 16 personnes suite au chavirement d’une pirogue à Ouakam [Dakar], qu’on annonce [ce] violent accident de la route […] ».
« Retour des vieux démons », déplore Sud Quotidien. Ce journal précise que 22 des 24 victimes enregistrées dans cet accident ont perdu la vie sur le coup. « Carnage sans fin sur les routes », relève Walfquotidien, à la limite du dépit.
Le même quotidien signale que les localités de Saldé et Cas-Cas, dans le Podor, sont « les plus endeuillées ». « Bus à vitesse mortelle », souligne à sa une le quotidien L’Observateur, lequel insiste sur « les cris des enfants et l’insoutenable choc des rescapés ». Il précise aussi que le bus avait quitté la ville de Thioubabel-Lao dans le département de Podor à destination de Dakar.
« Pour 60 places », ce véhicule « transportait 75 personnes », indique le quotidien L’As. Enquête met en exergue des propos du ministre de l’Intérieur, qui laissent entendre que le bus était surchargé. « Le cumul des morts et des blessés dépasse de loin le nombre fixé sur la carte grise du véhicule », relève Antoine Diome.
Tribune, très explicite, pointe la surcharge et l’excès de vitesse, qui sont la cause de cet accident. Le journal s’interroge tout en relayant les interrogations sur les mesures prises lors de l’accident de Sikilo qui avait fait 40 morts, en janvier dernier, dans la région de Kaffrine (centre).
»Chassez le naturel… Ignorance, impolitesse, manque d’éducation, mais aussi course au gain facile, les chauffards continuent de semer la mort sur les routes. C’est par des dizaines que des citoyens sont sacrifiés sous l’autel d’une course effrénée pour des bénéfices et gains journaliers », commente le quotidien Kritik’.
« Fatalisme coupable », s’émeut L’Info. « Un énième drame de la circulation après celui de Sikilo et de Sakal qui se sont révélés beaucoup plus meurtriers et qui avaient poussé les autorités à prendre 23 mesures que le gouvernement peine jusque-là à appliquer dans toute leur rigueur ».
L’Info ajoute : « Un laxisme débordant ou plutôt un fatalisme coupable qui continue de sévir, en attendant le prochain drame ». « La série noire se poursuit sur les routes du Sénégal », poursuit Bès Bi Le Jour, qui titre : « Surcharge de morts ».
GILLES RECHERCHE SA MERE BIOLOGIQUE, 31 ANS APRES
Adopté en Belgique à l’âge de 5 mois et demi en 1992, Gilles L. s’interroge sur l’identité de sa mère biologique. Sa mère adoptive, du nom de Françoise L., a lancé une bouteille à la mer. Elle s’est lancée à sa recherche depuis quelques années.
Adopté en Belgique à l’âge de 5 mois et demi en 1992, Gilles L. s’interroge sur l’identité de sa mère biologique. Sa mère adoptive, du nom de Françoise L., a lancé une bouteille à la mer. Elle s’est lancée à sa recherche depuis quelques années.
Gilles L. recherche sa mère biologique, 31 ans après. En janvier 1992, il a été abandonné à l’école qui se trouvait à côté du Village d’enfants SOS à Kaolack. Quelques mois plus tard, il se voit confier à une Belge du nom de Françoise L., après une demande d’adoption introduite par cette dernière à Dakar. Gilles doit donc son nom à sa mère adoptive, qui l’a recueilli lorsqu’il avait 5 mois et demi. Il a vécu une enfance «heureuse», entre Dakar et Bruxelles, dans sa famille d’adoption. Certes !
Mais, il veut désormais retrouver sa mère biologique. Françoise L., qui vit actuellement à Dakar, a engagé la recherche depuis quelques années. «Mon fils veut savoir», dit-elle. La mère adoptive renseigne qu’étant enfant, Gilles n’en voulait pas trop : mais «là, ça a du beaucoup le perturber». Elle reste ainsi déterminée à aider son fil à retrouver «sa mère biologique», une tâche qui n’est pas du tout aisée.
«Quand Gilles est venu à Dakar, en 2020, passer un mois de vacances avant la fermeture des frontières à cause du Covid, nous avons rencontré la famille de l’ancien directeur du Village SOS de Kaolack qui venait de décéder et qui avait été si content d’avoir des nouvelles de son petit protégé. Nous avions longuement discuté avec sa veuve et ses enfants. C’est alors que j’ai compris que le jour de son abandon, ce n’était pas un nouveau-né, mais un enfant de trois à six semaines qui avait été déposé», explique Françoise L
Dans sa recherche de la mère biologique de son fils adoptif, la septuagénaire est allée à Kaolack et est passée dans une émission d’une radio locale. A Dakar, elle est aussi en train de faire des sorties dans les médias, en vue de retrouver la mère biologique de Gilles, qu’elle appelle «Ndeye», comme «Mère», en Wolof). D’ailleurs, elle a même créé une page Facebook intitulée : «Ndeye, qui est-tu ? Ndeye, où es-tu ?»
Mieux, cette appellation est aussi le titre d’un bouquin qu’elle a écrit et dans lequel elle raconte leurs histoires, elle et son fils adoptif. «Ndeye, si je m’adresse à toi, aujourd’hui, c’est parce que mon fils a manifesté le désir profond de savoir pourquoi, quelques jours après sa naissance, il a été arraché à la sécurité qui était la sienne», lit-dans le bouquin d’une cinquantaine de pages. En effet, Gilles est arrivé le 12 juillet 1992 à Bruxelles, accompagnée de sa mère adoptive. Après avoir passé quelques années là-bas, ils sont venus s’installer à Dakar, en 1996, avant de rentrer à Bruxelles trois ans plus tard. Aujourd’hui, animateur scout à Bruxelles, Gilles, après des décennies de patience, souhaiterait retrouver une trace de sa mère. «Aujourd’hui, mon vœu le plus cher c’est de renouer le contact avec celle qui m’a mis au monde, pour comprendre ce qui a rendu cette séparation nécessaire», dit Gilles dans l’ouvrage.
Françoise L. dit garantir à sa mère biologique «sérénité et tranquillité». «Il faut que cette recherche, si elle aboutit, soit une source de paix de l’âme pour chacun», laisse-t-elle entendre. Si vous avez des informations sur la mère de Gilles, vous pouvez contacter Françoise L. au 78.535.06.87 ou à francoise4992@gmail.com.
LES «LIONNES» EN ROUTE POUR LA RECONQUETE DU TITRE
Afrobasket féminin «Kigali 2023», L’équipe du Sénégal engage ce samedi 29 juillet, l’Afrobasket féminin qui se joue du 28 juillet au 6 août à Kigali (Rwanda).
Le Sénégal sera sur la ligne de fond de l’Afrobasket féminin qui démarre demain vendredi 28 juillet à Kigali Arena (28 juillet-6 août). Les Lionnes entrent en lice ce samedi 29 juillet face à l’Ouganda, leur premier adversaire. Finalistes lors des deux dernières éditions à Bamako en 2017 et 2019 à Dakar, puis reléguées à la quatrième place lors de la dernière édition, les «Lionnes», couronnées à 11 reprises, repartent en conquête du titre africain qui fuit le Sénégal depuis l’édition de 2015 à Yaoundé.
L’équipe du Sénégal engage ce samedi 29 juillet, l’Afrobasket féminin qui se joue du 28 juillet au 6 août à Kigali (Rwanda). Les Lionnes feront face aux Gazelles de l’Ouganda, leurs premières adversaires dans la poule C qu’elles partagent avec les Aigles du Mali. Les Ougandaises qui font leur retour sur la scène continentale feront offices de Petits poucets dans le groupe voire le tournoi. L’ambition sera sans doute de faire mieux que lors de deux dernières participations. Leur dernière campagne date de 2015 avec à la clé une 10ème place. A deux jours de leur entrée en lice, les Sénégalaises ont bouclé hier, mercredi 26 juillet, leur préparation avec une courte défaite face au Mozambique avant de dominer largement la République Démocratique du Congo (71-53). De quoi rassurer en direction de cette compétition où le Sénégal a déjà affiché l’ambition de reconquérir le titre continental après 8 longues années infructueuses. Une éternité pour une équipe qui a presque vampirisé les titres africains avec 11 trophées accrochés à son tableau de chasse. Mais la nation la plus titrée du basket féminin a été fortement contestée lors de ces dernières années et reléguée au second rang de la hiérarchie continentale. Finalistes lors des éditions à Bamako en 2017 et à domicile en 2019, les Lionnes avaient finalement terminé par une quatrième place peu enviable lors de l’édition 2021. Elles ont même été éclipsées depuis quatre ans par les D-Tigress du Nigéria qui se sont imposées comme les Numéros 1 du continent.
LE D-TIGRESS NE FONT PLUS PEUR
Détenteur des trois derniers titres de champion d’Afrique de basket féminin, le Nigéria se présente actuellement comme les épouvantails de l’Afrobasket. Mais si l’équipe nigériane fait partie des sérieux prétendants du tournoi, force est de reconnaitre que la sélection ne sera pas aussi redoutable que lors des dernières années. Elle ne planera sans doute comme elle a fait lors des dernières éditions. Du fait qu’elle est privée cette fois de ses meilleures joueuses. Parmi celles qui ont pris part aux 2 Afrobasket précédents, la Fiba renseigne que seules 4 rescapées seront au Rwanda : Sarah Ogoke, Pallas Kunaiyi-Akpanah, Amy Okoronkwo et Elizabeth Balogun. Pour rebondir, le sélectionneur de l'équipe nationale féminine de basket du Sénégal a également misé sur une équipe fortement remaniée marquée par la forte présence de jeunes dont Arame Niang, Fatou Pouye, Aicha Ndour et la nouvelle meneuse Cierra Dillard qui a acquis la nationalité sénégalaise il y a quelques mois. Cette cuvée s’adossera sur la présence de joueuses à l’expérience avérée.
Désignée deux fois MVP de l'Afrobasket féminin et mis à l'écart lors des deux dernières éditions du tournoi, Aya Traoré sera une fois de plus à la tête des troupes. Elle sera épaulée par la talentueuse et expérimentée meneuse Fatou Dieng qui été également rappelée après avoir raté les campagnes de 2019 à Dakar et 2021 à Yaoundé. Sans parler d’Oumou Khayri Sarr dite «Toch» qui est présentement la joueuse la plus capée avec 8 Afrobasket à son actif. Des atouts qui seront non négligeables pour rejouer les grands rôles sur les parquets.
F24 MAINTIENT LA PRESSION SUR LE GOUVERNEMENT
Campagne internationale de dénonciation, recours contre «la politique répressive»…La Plateforme citoyenne Forces vives du Sénégal F24 entend poursuivre son combat pour la préservation de la paix civile au Sénégal
Face à la presse hier, mercredi 26 juillet, la Plateforme citoyenne Forces vives du Sénégal F24 a annoncé avoir initié une «campagne internationale d’informations et de dénonciation sur l’état fortement dégradé de la démocratie et des libertés dans notre pays» et des recours contre la «politique répressive». Ce, après les interdictions de leurs rassemblements.
La Plateforme citoyenne Forces vives du Sénégal F24 entend poursuivre son combat pour la préservation de la paix civile au Sénégal. Face à la presse hier, mercredi 26 juillet, elle a annoncé avoir initié une nouvelle étape pour faire face au régime en place.
«Après l’opération menée contre la 3ème candidature de Macky Sall, F24 a entamé à partir de cette semaine une campagne internationale d’informations et de dénonciations sur l’état fortement dégradé de la démocratie et des libertés dans notre pays. Il s’agira aussi d’alerter sur les risques de déstabilisation du Sénégal consécutivement aux manœuvres en cours du régime en place pour se maintenir par tous les moyens et d’abord par une sélection arbitraire de candidats à la prochaine élection présidentielle», a déclaré le coordonnateur du F24, Mamadou Mbodj. Il a ainsi lancé un appel «solennel» au Président de la République et à son gouvernement pour «leur demander de tourner la page de la violence répressive et de privilégier la désescalade et l’apaisement». Selon Mamadou Mbodj, «le renoncement à la candidature au 3ème mandat illégitime est un acte salutaire qui doit être suivi par d’autres, allant dans le sens de la satisfaction des trois points restants de la charte de F24». Toutefois, dira-t-il, «en tout état de cause, F24 saura faire face à la tendance dictatoriale ayant prévalu jusqu’ici par une démarche intelligente, résiliente et stratégique pour la libération des prisonniers politiques, l’organisation des élections sincères, transparentes, apaisées et inclusives».
Prenant la parole, Senghane Senghor, membre de F24, dénonce les interdictions de manifestations et annonce des recours. «Après avoir motivé l’interdiction de la manifestation du 21 juillet par des risques de perturbations à l’ordre public, le gouvernement a justifié la levée du blocus illégal du domicile d’Ousmane Sonko par l’absence de menaces à l’ordre public deux jours plus tard. Au lieu de permettre aux citoyens d’exprimer librement et pacifiquement leur désaccord avec la gouvernance violente et manipulatrice, le gouvernement opte pour l’interdiction systématique incitant ainsi les citoyens à recourir à des manifestations non-autorisés, à la résistance», a laissé entendre Senghane Senghor. Selon lui, «contre la politique répressive, tous les recours prévus par les lois et règlements au plan national et international seront utilisés et les juridictions compétentes interpellées»
F24 encourage ainsi «les députés à finaliser le recours constitutionnel pourle contrôle de constitutionalité de la loi révisant le parrainage qui a déjà fait l’objet de censure par la CEDEAO».
JUSTICE ET LIBERTE : F24 dénonce le mandat de dépôt contre Aliou Sané
F24 n’apprécie pas le mandat de dépôt contre son vice-coordonnateur de la plateforme, Aliou Sané du mouvement Y’en a marre. «F24 affirme haut et fort son indignation, dénonce avec la dernière énergie cet acharnement sur Aliou Sané, condamne fermement l’action de violence répressive dont usent et abusent le procureur, les ministres de la Justice et de l’Intérieur», a déclaré hier, mardi 26 juillet, Abdou Khafor Kandji, membre de la coordination du mouvement Y’en a marre. Pour rappel, la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar a annulé mardi dernier l’ordonnance du juge d’instruction qui avait accordé à Aliou Sané une liberté provisoire. Arrêté en fin mai dernier et poursuivi pour participation à une manifestation non déclarée et trouble à l’ordre public, Aliou Sané avait bénéficié d’une liberté provisoire. Le procureur de la République avait saisi la Chambre d’accusation du tribunal pour annulation de la décision.
2 MILLIARDS POUR 83 CONCESSIONS A DEMOLIR
Libération des emprises du port de Ndayane. Le directeur général du Port autonome de Dakar Mountaga Sy a lancé hier, mercredi 26 juillet les travaux de démolition des emprises du futur Port de Ndayane.
Le directeur général du Port autonome de Dakar Mountaga Sy a lancé hier, mercredi 26 juillet les travaux de démolition des emprises du futur Port de Ndayane. Cette première tranche concerne 83 concessions pour 2 milliards de FCFA payés aux impactés du projet dans le département de Rufisque.
La construction du Port du futur de Ndayane tient son agenda. Hier, mercredi 26 juillet 2023, le Directeur général du Port autonome de Dakar, Mountaga Sya a lancé le démarrage des travaux de démolition des emprises de la façade maritime dudit port. Les schémas de diligence consacrent la mise à disposition de l’assiette foncière de «1200 ha dont 300 ha pour le DP World, 300 ha pour l’Etat du Sénégal et 600 ha pour la Zone économique spéciale (Zes) », a précisé le DG Sy.
Sur un budget de «15 milliards pour l’indemnisation totale du projet, 5 milliards ont été identifiés pour la libération de la façade maritime dont 2 payés aux impactés de 83 concessions», a fait savoir le Dg. Dans ces explications, il indique que «l’Etat a mobilisé 2 milliards, libérés, conciliés et payés aux impactés». Mais vite, il précise que c’est une conciliation qui opère «l’adhésion des personnes impactées». Et ce, en parfaite implication et collaboration étroite avec «les autorités administratives, les commissions de conciliation» depuis bientôt 10 mois.
Sur le barème d’indemnisation, il affirme ceci : «Nous avons atteint un barème consensuel d’indemnisation qui tient largement en matière de grands projets de l’Etat du Sénégal». Pour ce qui est de la libération des emprises, il salue l’engagement des parties prenantes. «Les autorités administratives respectives de Rufisque et Mbour qui en parfaite collaboration avec les commissions et les collectifs des impactés ont travaillé en étroite collaboration pour la libération de ces emprises». Ledit projet qui part sur un horizon temporel de 48 mois à compter du 1er 2024 sera livré au 1er avril 2027.
24 PERSONNES PERISSENT ENTRE SAINT-LOUIS ET LOUGA
La route retrouve ses vieux démons, Un accident de la route ayant occasionné 24 morts a eu lieu dans la matinée d’hier, mercredi 26 juillet
Un accident de la route ayant occasionné 24 morts a eu lieu dans la matinée d’hier, mercredi 26 juillet. Un bus en provenance de Thioubalel Lao, dans le département de Podor, s’est renversé à quelques encablures de la ville de Louga à Dielerlou Sylla. Ce drame intervient six mois après l’application des 23 directives de l’Etat sur la sécurité routière décidées suite aux drames de Sikilo et de Sakal, en janvier dernier.
Alors qu’on n’a pas fini de pleurer la dizaine de jeunes candidats à l’émigration clandestine morts après le chavirement de leur embarcation à Ouakam, un drame est venu s’ajouter à ce deuil. Un accident de la circulation, survenu sur la route de Louga, à hauteur de Dielerlou Sylla, a causé la mort de 24 personnes hier, mercredi matin 26 juillet 2023. Le bus a pris départ à Thioubalel Lao, dans le département de Podor. Selon les témoignages de rescapés, le conducteur de la voiture roulait avec un excès de vitesse, malgré la pluie qui battait au moment de sa course effrénée. Des informations publiées parle ministère de la Santé et de l’Action sociale, sur sa page Facebook, relève la surcharge du bus dont la capacité était de 60 places (mentionnées surla carte grise). Faisant le bilan de l’accident, dans la mi-journée d’hier, à 14 heures, le département de la Santé a décompté soixante seize (76) victimes dont vingt deux (22) décès, sur le champ et deux (02) autres après leur transfert à l’hôpital. Il y a quatre (04) enfants parmi ces morts. Trente (30) blessés sont pris en charge à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga dont quatre (4) sont au bloc opératoire. Trois (03) blessés graves sont évacués à Saint-Louis. Au moment de l’évaluation, treize (13) corps ont été identifiés. Le ministère de la santé informe aussi qu’en plus des hôpitaux de Louga et Saint-Louis, les districts de Koki, Louga et Sakal ont été réquisitionnés.
Au terme d’une visite sur les lieux du sinistre, le ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Abdoulaye Diome, chargée de la Sécurité Publique, accompagné de ses collègues en charge des Transports terrestres, Mansour Faye, et de l’Equité territoriale, Samba Ndiobéne Ka, a déploré la surcharge du véhicule qui avait à son bord 76 passagers, alors que la capacité autorisée est de soixante (60) personnes. Le ministre de l’Intérieur déplore, en outre, les conditions de voyage des enfants dans les transports publics. Quatre (4) enfants sont parmi les victimes de l’accident et cela atteste que «des mesures hardies devront être prises pour réguler le convoyage des enfants», juge Antoine Diome.
Il est aussi revenu sur l’exécution des 23 mesures issues du Conseil interministériel sur les accidents de janvier dernier, en promettant que leur mise en œuvre sera sans faille. Sur ce, il constate que le véhicule à l’origine de l’accident a respecté l’interdiction du voyage nocturne car ayant passé la nuit à Richard Toll, avant de continuer son chemin vers la capitale sénégalaise, Dakar, où il n’arrivera jamais.
Rappelons que cet accident est survenu six mois après celui ayant eu lieu à Sakal, dans cette même région de Louga. En Janvier dernier, 22 personnes sont mortes suite à une collision entre un car de transport en commun et un gros porteur. Quelques jours plutôt, une quarantaine de personnes perdait la vie à Sikilo, dans la région de Kaffrine, suite à la rencontre de deux bus. Après ces deux accidents, l’Etat du Sénégal avait pris une batterie de mesures pour lutter contre les accidents. Il s’agit, entre autres, de l’interdiction des voyages nocturnes, la limitation de la quantité de bagages transportés et l’interdiction des places supplémentaires communément appelées «versailles».