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9 juin 2025
LE SÉNÉGAL DE MACKY SALL EST ENDETTÉ JUSQU'AU COU
La décision de la République de ne pas se représenter à la présidentielle est largement commentée, y compris dans les milieux économiques. Quel bilan tirer de l’action de celui qui dirige le pays depuis 2012 ?
La décision de Macky Sall de ne pas se représenter à la présidentielle au Sénégal est largement commentée, y compris dans les milieux économiques. Quel bilan tirer de l’action de celui qui dirige le pays depuis 2012 ? Et quelles perspectives pour l’avenir dans le contexte international ? À l'issue du Forum « Invest in Sénégal », avis tranché et critique de Meissa Babou, professeur d’économie à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.
RFI :Avec l’annonce du retrait de Macky Sall, est-ce qu’une nouvelle période s'ouvre pour l'économie sénégalaise?
Meissa Babou : Apparemment oui, parce qu’un régime politique, c'est forcément un programme. Entre la SCA (stratégie de croissance accélérée) du président Wade et le PSE (plan Sénégal émergent) du président Macky Sall, on comprend que les options ne sont pas les mêmes. Par conséquent, si demain on a une autre alternance, il faudra s'attendre à un changement de paradigme. De mon point de vue d’économiste, je pense qu’il faut changer beaucoup de choses. Quand on vit dans ce pays, on ne comprend pas comment on peut arriver à des difficultés et une pauvreté absolue, tellement il y a de l’argent, tellement on s'est endetté. Les orientations politiques sont l'apanage de chaque régime, je crois qu’il y aura forcément un changement de cap.
Pour le moment, Macky Sall prône plutôt la stabilité, en tout cas jusqu'à la fin de mon mandat.
Je crois que dans les mois qui nous séparent des élections, il n'a plus le temps de faire autre chose. Il a poursuivi les efforts sur le plan des infrastructures que le président Wade avait débutés. Bravo, mais quelque part, le Sénégalais lambda se demande si ça sert réellement l'économie parce qu'il souffre stoïquement. Il y a un chômage massif, des problèmes de survie, même chez nous. Macky Sall a déjà fait ce qu'il pouvait faire. Il y a des bons points, il y a des mauvais points.
Parmi les bons points à mettre à l'actif de Macky Sall et de ses gouvernements, il y a le développement d'infrastructures : un aéroport, des chemins de fer, des autoroutes, des ports, l'amélioration de la couverture en électricité. Ce sont quand même des progrès ?
Sur le plan des infrastructures, il y a des stades dernière génération, un train rapide, des bus rapides, le développement fulgurant de routes et de ponts. Je dis même souvent qu'il y a des autoroutes à péage à l'infini. Il a eu le courage de terminer l’aéroport qu’Abdoulaye Wade avait démarré. Sur ce plan-là, il y a de très bonnes choses. Mais on manque d’infrastructures dans l’éducation ! Dix années pour sortir une seule université de terre et avec des problèmes. En termes d’infrastructures dans le secteur de la santé, ça a été aussi extrêmement maigre. On pouvait réorienter certains investissements. Et il se pose un problème d'opportunité parce que des autoroutes à péage qui ne peuvent pas avoir plus de 1.000 voitures par jour, c’est un problème. Il y a ceux qui croient que c'est ce Sénégal-là qui est émergent, mais je crois que c'est très loin du vécu quotidien extrêmement difficile des Sénégalais.
Sur la politique sociale, vous ne reconnaissez pas des efforts, pour permettre par exemple davantage d'égalité entre les villes et les campagnes ?
Non, l'équité territoriale n'a pas été respectée. Je crois que l’on s'est beaucoup trop concentré sur Dakar. Sur le plan social, il faut saluer la CMU, la couverture maladie universelle, qui soigne les enfants de 0 à 5 ans. Ça, c'est très bien. Il y a une couverture aussi pour les handicapés. Mais si pour 1 million de handicapés, vous ne délivrez que 70.000 carnets, c'est trop peu. Ce que j'ai toujours combattu, c'est la bourse familiale. Parce que si vous donnez 25.000 francs CFA pour un trimestre, c’est très maigre. C'est du gaspillage parce que cette masse d'argent de 40 milliards que l’on distribue en miettes, ce n'est pas du social, c'est de la politique. Il y a souvent un manque de rationalité, un manque même de sérieux. Il y a quelques actions sociales à saluer, mais il y a des actions budgétivores, trop politiques.
OUSMANE MBAYE, DIRECTEUR GENERAL DE DANGOTE CEMENT SENEGAL
La « sénégalisation » du personnel de la cimenterie Dangote prend définitivement forme. Directeur général par intérim depuis avril 2022, Ousmane Mbaye a été confirmé à son poste par le Président-directeur général du conglomérat africain lui-même.
La « sénégalisation » du personnel de la cimenterie Dangote prend définitivement forme. Directeur général par intérim depuis avril 2022, Ousmane Mbaye a été confirmé à son poste par le Président-directeur général du conglomérat africain lui-même. Aliko Dangote a profité de sa visite à Dakar, mercredi 5 juillet, pour présenter son Directeur général au Président Macky Sall, informe un communiqué.
« Le Président Macky Sall a ainsi salué à sa juste valeur la promotion d’un jeune sénégalais à la tête de la filiale sénégalaise du groupe cimentier nigérian présent dans une dizaine de pays du continent. De même, il a vivement félicité Aliko Dangote pour la construction, en terre africaine, de l’une des plus grandes raffineries au monde et pour ses efforts considérables de création d’emplois sur le continent, en l’occurrence au Sénégal », lit-on dans le document.
Selon toujours la même source, le patron du Groupe Dangote a, de son côté, mis à profit son tête-à-tête avec le Chef de l’État pour explorer de nouvelles opportunités d’investissements au Sénégal.
La confirmation d’Ousmane Mbaye à la tête de Dangote Cement Sénégal est emblématique à plus d’un titre. Elle traduit d’abord le pari du Groupe sur la jeunesse puisque M. Mbaye, quadragénaire, sera épaulé par une équipe managériale dont la moyenne d’âge tourne autour de la quarantaine. Ensuite, elle vient parachever la politique de « sénégalisation » du personnel de l’entreprise constitué, aujourd’hui, de plus de 99 % de nationaux. Enfin, cette décision est un sacre de la compétence locale, car Ousmane Mbaye, un pur produit de l’école sénégalaise, y a fait toutes ses armes.
INTERCONNEXION DU RESEAU ELECTRIQUE DE LA CEDEAO, 12 PAYS DONT LE SENEGAL CONCERNES
Dans le cadre du Programme d’interconnexion des réseaux de l’EEEOA (Système d’Echanges d’Energie Electrique Ouest Africain), des essais de synchronisation permanente des zones 2 et 3 seront effectués ce samedi 8 juillet 2023, informe la Sénélec
Dans le cadre du Programme d’interconnexion des réseaux de l’EEEOA (Système d’Echanges d’Energie Electrique Ouest Africain), des essais de synchronisation permanente des zones 2 et 3 seront effectués ce samedi 8 juillet 2023, informe la Cellule Communication de la Senelec.
« Les pays concernés par ces essais sont le Togo, le Bénin, le Ghana, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Libéria, la Sierra Léone, la Guinée, le Mali, le Sénégal, la Gambie et la Mauritanie. L’objectif de ce projet est d’assurer un approvisionnement en énergie électrique régulier, fiable et à un coût compétitif au bénéfice des populations des États membres », lit-on dans un communiqué.
Comme lors des essais réussis du 22 octobre 2022 et du 11 mars 2023, le plan de défense en vigueur sera mis à contribution pour limiter d’éventuels désagréments.
LE THEATRE UN TRAIT D'UNION
Le théâtre doit être un produit de promotion du ‘’vivre ensemble’’, estime le président de l’Association des artistes comédiens du théâtre sénégalais (ARCOTS), Pape Faye, considérant que sans le ‘’vivre ensemble’’, le théâtre n’existe pas’’,
Kaolack, 8 juil (APS) – Le théâtre doit être un produit de promotion du ‘’vivre ensemble’’, estime le président de l’Association des artistes comédiens du théâtre sénégalais (ARCOTS), Pape Faye, considérant que sans le ‘’vivre ensemble’’, le théâtre n’existe pas’’,
‘’Le théâtre doit être un produit, un moyen de promouvoir le vivre ensemble, le vivre ensemble sans lequel on ne joue pas. Il faut qu’il y ait des partenaires de scène, même si c’est du +One man Show+, parce qu’on communique avec le public, donc dans le sens du vivre ensemble’’, a-t-il théorisé.
Pape Faye s’exprimait samedi lors d’un colloque sur le thème ‘’Eduquer à la paix et à la citoyenneté’’, organisé dans le cadre de la douzième édition du Festival international du théâtre et du rire, qui se tient les 7, 8 et 9 juillet dans la capitale du Saloum, à l’initiative de l’ARCOTS et sous l’égide du ministère de la Culture et du Patrimoine historique.
Le thème a été introduit par l’enseignant-chercheur en sociologie, Professeur Djiby Diakhaté.
Aujourd’hui, avec les troubles, les casses et autres cas de violence qui ont été enregistrés ces derniers temps au Sénégal, le climat socio-politique étant chaud, les artistes-comédiens ont estimé qu’il leur fallait aller vers l’apaisement de la tension sociale.
‘’C’est pourquoi nous avons demandé aux artistes de tenir des ateliers, de se documenter et d’aller auprès des acteurs pour mieux s’imprégner de la situation que nous vivons pour donner une leçon de vie, de démocratie et de vivre ensemble à toutes les populations, notamment les jeunes’’, a-t-il indiqué.
Ce festival, dont le thème générique est ‘’Paix et citoyenneté’’, après avoir connu une pause de cinq ans, a enregistré la participation d’artistes-comédiens membres des différentes structures de l’ARCOTS éparpillées à travers les quatorze régions du Sénégal et celle d’autres artistes-comédiens issus de différentes associations.
‘’A travers ce festival, nous avons voulu rassembler la famille théâtrale comme par le passé, parler le même langage, avoir le même objectif pour mieux développer notre art et pousser le ministère de la Culture et du Patrimoine historique à nous accompagner et accompagner notre plan stratégique de développement du théâtre’’, a expliqué Pape Faye.
Le président de l’ARCOTS relève que les artistes-comédiens constituent une cible ‘’très suivie’’ sur les médias, particulièrement les télévisions.
‘’Il n’y a pas une seule télévision du Sénégal qui ne diffuse pas des séries. Et nous sommes sûrs : le monde audiovisuel, du cinéma et autres, pour ne pas dire simplement du théâtre constitue ce qu’on pourrait appeler l’œil du continent. Le comédien du petit écran est le premier éducateur de la société, faisant violence sur lui-même, sans rien attendre en retour, donne des leçons et trace la voie à suivre. C’est ce que nous voulons faire’’, a fait valoir Faye.
Le colloque s’est tenu en présence de la directrice des arts, Khoudia Diagne, de la directrice du Centre culturel régional de Kaolack, Aby Faye, de l’ancien délégué général adjoint de la Francophonie, Professeur Pape Massène Sène, du directeur général de la Compagnie nationale du théâtre Daniel Sorano, Ousmane Barro Dione.
LA MARINE EQUIPEE D'UN NOUVEAU PATROUILLEUR
La Marine nationale a réceptionné vendredi le « Walo », première unité d’une série de patrouilleurs lance-missiles qu’elle a nouvellement acquis, a constaté l’APS.
Dakar, 7 juillet (APS) – La Marine nationale a réceptionné vendredi le « Walo », première unité d’une série de patrouilleurs lance-missiles qu’elle a nouvellement acquis, a constaté l’APS.
« Ces navires de guerre tout neufs vont nous permettre d’être dissuasifs et d’être capables de prendre en charge aussi bien des menaces conventionnelles qu’asymétriques », a assuré le contre-amiral Abdou Sène, chef d’état-major de la Marine nationale.
Pour la première fois dans son histoire, le Sénégal s’est doté d’un « navire de guerre lance-missiles », avec « des systèmes d’armement embarqués les plus avancés sur le plan technologique », s’est-il réjoui.
Il a souligné que cela a été rendu possible grâce à la « vision stratégique » du président de la République, chef suprême des armées, qui a eu conscience très tôt des enjeux et des défis qui vont structurer notre espace maritime ».
D’après le contre-amiral, il s’agit d’une « véritable révolution des affaires miliaires » qui s’opère au sein de la Marine nationale, « cela grâce à l’esprit de défense et d’anticipation du chef de l’État », a-t-il magnifié.
Il a rappelé que ce navire de guerre baptisé Walo est le premier d’une série de trois patrouilleurs de même type. Les deux autres sont en cours de construction en France, a-t-il signalé.
« On a une maritimisation de notre économie nationale. Certains disent même que d’ici quelques années, il y aura un déplacement progressif du centre de gravité de notre économie du continent vers la mer. Et donc ces patrouilleurs lance-missiles vont nous permettre de prendre en charge toutes les problématiques de sécurité et de sûreté maritime qui sont liées à cette économie bleue », a fait valoir le contre-amiral Abdou Sène.
Il a rappelé l’ambition de la Marine nationale de « pouvoir dominer notre zone économique exclusive » et d' »aller même au-delà, aller dans la sous-région, apporter notre contribution dans la sécurisation des routes maritimes qui passent devant le Sénégal ».
PAR Farid Bathily
LE TRIOMPHE DES SOEURS WILLIAMS MALGRÉ LES HOSTILITÉS
Entre racisme, dédain, rejets et railleries, la vie de Venus et Serena Williams a été une succession de défis. Un nouveau documentaire revient sur leur parcours semé d'embûches vers le sommet
Elles ont toutes les deux remporté 167 titres en carrière, accumulant près de 150 millions de dollars de gains combinés, ainsi que de nombreux records. Les États-Unis les considèrent, à juste titre, comme deux de leurs plus grandes fiertés.
Ce pays d'abord, puis le monde, a pourtant tout fait pour entraver l'ascension au sommet des sœurs les plus célèbres du tennis. C'est ce que révèle l'ancienne journaliste sportive Sonia Daugher dans son documentaire intitulé "Venus et Serena : ces icônes que l'Amérique ne voulait pas voir". Le film relate les épreuves que Venus, âgée de 43 ans, et Serena, âgée de 41 ans, ont dû affronter pour conquérir la planète.
Un père opiniâtre
Cela tient principalement à l'opiniâtreté de leur père, Richard Williams, aujourd'hui âgé de 81 ans. Cet homme a, en effet, très tôt inculqué à ses filles que rien ne leur était impossible. Un véritable tour de force au regard des modestes conditions de vie de la famille et du contexte criminel de Compton, leur ville de résidence en Californie.
"Ce monde n'a jamais respecté Richard Williams. Mais vous, il vous respectera", a déclaré ce patriarche qui s'est improvisé entraîneur de tennis pour ses filles, convaincu avant leur naissance de les voir briller.
Grâce à des entraînements acharnés, Venus et Serena ont rapidement été remarquées pour leur talent. Il était difficile pour ces deux Afro-Américaines issues de milieux pauvres de passer inaperçues dans le milieu blanc, élitiste et conservateur du tennis, d'autant plus dans un contexte de racisme systémique aux États-Unis.
Stigmatisation, racisme, misogynie
Cette réalité les a très vite rattrapées lors de leur ascension au sommet du tennis mondial. L'apparence physique des deux sœurs a été remise en cause et leur professionnalisme a été remis en question. Des accusations de dopage ont éclaté dans la presse, tandis que des commentaires misogynes ont fleuri dans l'opinion publique.
Le public a même soupçonné Richard de truquer les matchs à l'avance lorsque ses deux filles devaient se rencontrer. En mars 2001, lors de la finale du tournoi d'Indian Wells, la famille a été copieusement huée, car Venus, blessée, avait été contrainte de renoncer à jouer contre Serena la veille.
"Le public américain hue une famille américaine. Difficile de ne pas y voir un relent de racisme", a notamment déclaré le commentateur. "Cela ne nous touche pas. Nous savons depuis longtemps comment gérer ces moments. C'est pour cela qu'elles sont fortes aujourd'hui", a déclaré Richard Williams à propos de cet épisode.
Malgré ces défis, Venus et Serena n'ont jamais perdu de vue leur objectif de devenir les meilleures joueuses de tennis au monde. Le soutien inébranlable de leur famille et leur détermination personnelle les ont aidées à persévérer. Elles ont su transformer les hostilités en force motrice, utilisant ces expériences comme motivation pour prouver leur talent et leur supériorité sur les courts.
Leur succès a ouvert des portes pour d'autres joueuses de tennis afro-américaines et a contribué à la diversification du sport. Venus et Serena Williams sont devenues des modèles pour les jeunes athlètes qui se battent contre les discriminations et aspirent à atteindre l'excellence malgré les obstacles qui se dressent devant elles.
Aujourd'hui, Venus et Serena Williams sont respectées non seulement pour leurs réalisations sportives, mais aussi pour leur engagement en faveur de l'égalité et de la justice sociale. Elles ont utilisé leur plateforme pour défendre des causes qui leur tiennent à cœur, se positionnant comme des voix puissantes et influentes en dehors des terrains de tennis.
Le triomphe des sœurs Williams va au-delà de leurs records et de leurs titres. Leur parcours remarquable et leur résilience face à l'adversité ont inspiré des générations de fans et laissent une empreinte indélébile dans l'histoire du sport.
CONTRAIREMENT À MACKY SALL, BEAUCOUP DE DIRIGEANTS ONT OPTÉ POUR UN TROISIÈME MANDAT
Garantir la paix et la stabilité du pays, l'intérêt supranational, l'appel du peuple souverain… Les arguments avancés par les chefs d'États pour toucher à la loi fondamentale sont généralement les mêmes
Le président Macky Sall a annoncé qu'il ne briguerait de troisième mandat à la présidentielle de février 2024, alors que le Sénégal retenait son souffle après les violentes manifestations du mois de juin 2023. Une décision qui intervient, alors que, ces dernières années, plusieurs dirigeants africains ont cédé à la tentation de faire sauter la limitation du nombre de mandats présidentiels.
« Il est malheureux que la Constitution, qui devrait être le texte sacré des citoyens, soit réduite à une loi électorale ». déplorait en 2020 l'historien ivoirien Moritié Camara. Quelques semaines plus tôt, à la veille de la fête nationale du 7 août, son président Alassane Ouattara profitait de la traditionnelle allocution télévisée pour annoncer sa candidature à un troisième mandat. « J’avais fait part à toute la nation de ma volonté de ne pas faire acte de candidature et de passer la main à une nouvelle génération. J’avais commencé à organiser mon départ, planifier ma vie après la présidence, relancer les activités de ma fondation », avait déclaré le président sortant. Mais, des complications cardiaques ayant brutalement emporté son dauphin officiellement désigné, l'ancien Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, le chef de l'État ivoirien est revenu sur sa parole en répondant « favorablement à l'appel de [ses] concitoyens [...] dans l'intérêt supérieur de la nation ». La décision avait provoqué un vent de panique au sein de la population, grandement traumatisée par la guerre civile de 2010-2011 et ses 3 000 morts selon l'ONU, et qui opposait déjà Alassane Ouattara à son prédécesseur Laurent Gbagbo.
C'est sur la base d'une nouvelle Constitution adoptée en 2016 que le président ivoirien a justifié son droit de se présenter une nouvelle fois à la fonction suprême, ses partisans allant même jusqu'à réfuter l'expression « troisième mandat », lui préférant « premier mandat de la nouvelle République ». L'annonce a très vite conduit à des violences à Abidjan et à travers le pays, causant la mort d'une centaine de personnes et une grave crise politique. Si un dialogue politique a permis de faire tomber la tension, il n'a pas clairement tranché sur la question qu'une éventuelle future réforme pourrait soulever : la modification ou la révision de la loi fondamentale remettent-elles le compteur du nombre de mandats présidentiels à zéro ? Les réponses, beaucoup plus politiques que juridiques, s'opposent en fonction du bord sur lequel on se tient.
Le président de la République, Macky Sall, a nommé le magistrat Cheikh Ndiaye membre du Conseil constitutionnel et a signé un décret faisant d’Aminata Ly Ndiaye la vice-présidente de ladite institution, a annoncé vendredi soir la RTS.
M. Ndiaye, ancien premier avocat de la Cour suprême, a une expérience de trente ans au sein de la magistrature sénégalaise.
La nouvelle vice-présidente du Conseil constitutionnel est membre de ladite institution depuis juillet 2021.
Elle remplace à son nouveau poste la juge Bousso Diao Fall décédée en 2021.
par Madieye Mbodj
LEURRES ET LUEURS DE L’EXCEPTION SÉNÉGALAISE
Si le président de l’APR/BBY se fixe comme ultime « grand chantier » d’isoler Sonko pour l’éliminer de la compétition électorale de février 2024, alors il trouvera encore une fois sur son chemin un peuple debout
Chercher à faire passer comme un évènement planétaire un fait banal de respect de la Constitution dans toute démocratie normale qui se respecte, voilà encore une illustration de la fameuse « exception sénégalaise » ! Le président Macky Sall, après quelque 4 ans de clair-obscur volontairement entretenu, s’est finalement résolu à accepter de ne pas déposer sa candidature pour un 3ème mandat, se conformant ainsi, contraint et forcé, aux dispositions de l’Article 27 de la Constitution : « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Clamer haut et fort que cette position relève uniquement de sa « décision personnelle », et non d’une disposition de la Constitution qui, au contraire soutient-il, l’autoriserait bel et bien à briguer un 3ème mandat, est-ce cela se conformer à la parole donnée ? Ou bien plutôt n’en faire qu’à sa tête au mépris de la loi fondamentale du pays, réduite à un simple chiffon dépourvu de valeur en face de la toute- puissance d’un manitou de président ? Voilà pourquoi il est impératif pour nous et pour toutes les forces démocratiques du Sénégal, de démasquer tous ces faussaires républicains prétendument respectueux de la Constitution et de l’État de droit, pour déconstruire en même temps leur discours hypocrite sur la sacralité de la parole donnée et des valeurs cardinales de la culture du vivre-ensemble sénégalais.
Pourquoi a-t-il fallu attendre plus d’un mois avant d’adresser un message solennel de condoléances et de solidarité aux familles des disparus et aux blessés ? Pourquoi avoir attendu d’enterrer 50 morts dans le pays entre mars 2021 et juin 2023 pour enfin jeter l’éponge, contraint et forcé ? Que personne ne s’y trompe : si Ousmane Sonko, Pastef, les forces vives et le peuple sénégalais, la jeunesse et la diaspora en tête, n’avaient pas su oser lutter, notre ‘’champion du parti avant la patrie’’, notre apôtre du « ni oui, ni non », le tout puissant président de l’APR-BBY, n’aurait-il pas persisté dans un forcing périlleux vers un 3ème mandat anticonstitutionnel ? Qui a laissé les troupes de l’APR-BBY trouer les tympans de l’opinion sur la validité incontestable du 3ème mandat - ou plutôt du 2ème quinquennat, selon leur ‘’géniale’’ trouvaille ? Qui aurait exhorté les exécutifs locaux APR/BBY à se substituer aux forces régulières de sécurité pour quasiment armer des milices chargées de faire face aux éventuels « fauteurs de troubles », comme qui dirait une incitation à la ‘’guerre civile’’ ? Au point de se laisser finalement prendre à leur propre piège au moment de devoir céder à la pression des luttes populaires et citoyennes, sans oublier ‘’les sages conseils des partenaires et amis du Sénégal’’ ? Il n’y a qu’à voir, après le message du chef, les mines pathétiques, les larmes et les pleurs des troupes rassemblées au siège de l’APR, pour se convaincre de l’amère déception causée par la sage volte-face du président providentiel, leur bienfaiteur devant l’éternel ! Et pour donner le change, faire contre mauvaise fortune bon cœur, les thuriféraires du Macky chantent sa « stature exceptionnelle d’homme d’état hors pair » ! Défiant fièrement et impunément les interdictions du tant décrié « Arrêté Ousmane Ngom », ils ont organisé leur procession jusqu’au Palais de la République pour serrer la main du président et lui offrir un « méga-concert d’applaudissements » ! Mais déjà la case de Birama brûle, le bateau tangue : qui en sera désormais le capitaine, à huit mois de la fin du mandat en cours et à moins de deux mois du top-départ des opérations électorales en direction du 25 février 2024 ? Les rats s’apprêtent-ils à quitter le navire, quelle solution de rechange, quel capitaine parmi les potentiels successeurs rivaux qui bombent chacun le torse, directement ou par laudateur interposé ?
En ce qui nous concerne, rappelons-le, dès le lendemain de la présidentielle de 2019, et plus cyniquement à partir de février-mars 2021, le complot machiavélique, concocté depuis les plus hautes sphères de l’Etat-Parti APR/BBY, a eu et continue d’avoir pour cible principale Ousmane Sonko et le projet Pastef qu’il incarne : tous sauf Sonko, tout sauf Pastef ! Rien n’a été épargné à cet effet, y compris les pires bassesses de manipulation des droits des femmes, d’instrumentalisation forcenée de la justice, d’utilisation sans fard de la violence institutionnelle d’Etat sous toutes les formes, avec leur lot de morts, de blessés et d’emprisonnés. Renoncer, « après mure réflexion », au forcing du 3ème mandat, est certainement une décision ‘’sage’’, qui va dans le bon sens, qui évite à notre pays de plonger immédiatement de nouveau dans la violence, face à l’inacceptable, au risque de discréditer davantage le visage déjà gravement balafré de la démocratie dans les pays africains. Il s’agit là assurément d’une grande victoire d’étape, non pas tant de Sonko ou de Pastef, mais bien du peuple sénégalais tout entier, sa jeunesse et sa diaspora en tête. Haro sur les chantres intéressés du 3ème mandat (ou 2ème quinquennat !), ils devraient se cacher sous terre, toute honte bue. Mais le combat continue pour le deuxième jalon, essentiel, pour la participation pleine et entière d’Ousmane Sonko à la présidentielle de février 2024, conformément au mot d’ordre demeuré intact : « Màkki du bokk, Sonko da fay bokk ! ». Comme l’a si justement déclaré Habib Sy à la clôture de la conférence de presse des leaders de Yewwi le 4 juillet dernier, « la question centrale de la stabilité du Sénégal reste l’éligibilité d’Ousmane Sonko. L’empêcher d’être candidat, c’est défier des millions de jeunes sénégalais et africains. Et personne ne peut maîtriser les jeunes ».
Messieurs et Mesdames de l’APR/BBY, « après mure réflexion », il est toujours temps de se ressaisir. Ousmane Sonko l’a déclaré dans une interview qui vient d’être diffusée, « nous souhaitons à Macky Sall de partir dans la sérénité. Nous sommes des patriotes, nous aimons ce pays et nous sommes prêts à faire tous les sacrifices pour tout ce qui peut apaiser ce pays ».
Sous cet éclairage, continuer à ‘’aller dans le bon sens’’, mettre le cap sur la justice et la paix véritables, comme vient de le rappeler fort opportunément le F24 en faisant référence à sa Charte fondatrice, passent nécessairement par :
- la libération immédiate de tous les détenus politiques et la fin de toute les entraves à l’exercice des libertés et droits fondamentaux garantis par la Constitution,
- la conduite diligente d’enquêtes sérieuses et indépendantes sur les dizaines de meurtres commis entre mars 2021 et juin 2023, afin d’en déterminer les auteurs, de dédommager les familles des victimes et de punir les responsables,
- la levée immédiate de la détention administrative illégale d’Ousmane Sonko et de sa famille, ainsi que des restrictions qui s’apparentent à un blocus érigé à l’encontre de la région de Ziguinchor,
- la prise de toutes les dispositions utiles appropriées, aux plans législatif et réglementaire, en vue de l’organisation d’une élection présidentielle libre, inclusive, transparente et pacifique, à laquelle Monsieur Ousmane Sonko, président du parti Pastef et maire de Ziguinchor, prendra part dans les mêmes conditions que l’ensemble des autres candidat-e-s, avec la suppression de tous les artifice politico-judiciaires entravant le caractère inclusif du suffrage et la liberté de choix des électeurs et électrices.
Si par contre le président de l’APR/BBY se fixe comme ultime « grand chantier » d’isoler Ousmane Sonko, de le pousser dans ses ultimes retranchements pour l’éliminer de la compétition électorale de février 2024, alors il trouvera encore une fois sur son chemin un peuple debout, une jeunesse déterminée, au nom de l’espoir d’un leadership crédible, d’un Sénégal nouveau dans une Afrique libre et unie, quintessence du projet Pastef. Au peuple souverain alors, arc-bouté sur son droit imprescriptible à la résistante de masse constitutionnelle, démocratique et de légitime défense, de rester mobilisé et organisé, vigilant et lucide :nul doute, la victoire est ’au bout !
Madieye Mbodj est vice-président de Pastef chargé de la vie politique nationale.
LE GOUVERNEMENT ACCUSE FRANCE 24 DE COUVERTURE TENDANCIEUSE DE L'ACTUALITÉ SÉNÉGALAISE
L’État reproche notamment à la chaîne française son traitement de l’affaire Birame Souleye Diop, président du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi, arrêté après des propos polémiques sur le chef de l'État Macky Sall
A travers un communiqué de presse, le Gouvernement du Sénégal a dénoncé samedi “une couverture médiatique tendancieuse de l’actualité politique au Sénégal depuis plusieurs mois par la chaîne de télévision France 24”.
Ce traitement sans éthique, sans équilibre, tendancieux et subversif de l’information sur le Sénégal est manifeste à l’analyse de leurs bulletins, émissions, interviews et écrits diffusés en boucle sur la chaîne”, lit-on dans le communiqué du ministère de la Communication. .
L’État reproche notamment à France 24 son traitement de l’affaire Birame Souleye Diop, Président du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi, arrêté après des propos polémiques sur le Président Macky Sall. “Alors qu’un député de l’opposition, au cours d’une conférence de presse a publiquement injurié et diffamé des chefs d’Etat, puis présenté ses excuses, la chaîne France 24 justifie sa garde à vue par sa position sur le discours à la nation du Président de la République, ce qui est manifestement fallacieu. Cette manière insidieuse de couvrir l’actualité au Sénégal a été remarquée lors des manifestions violentes du mois de juin 2023, allant jusqu’à tenter de décrédibiliser la communication de la police sénégalaise”, fustige Moussa Bocar Thiam.
Le gouvernement reproche également à la chaîne France 24 d’être “encore le relais de messages subversifs”.
“Le Gouvernement condamne fermement cette couverture tendancieuse de l’actualité au Sénégal par la chaîne France 24, tout en rappelant que toute Entreprise de presse doit prendre les mesures nécessaires pour garantir le respect des principes et règles édictés par les dispositions légales, réglementaires et conventionnelles en vigueur”.
Le Gouvernement exige, en conclusion, de la chaîne France 24 “de rétablir la vérité et de s’abstenir à l’avenir de porter atteinte à la réputation du Sénégal par des informations tendancieuses”.