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15 juin 2025
AU COEUR DES OPÉRATIONS TABASKI
Dans le vaste marché des moutons de Tabaski, une catégorie de jeunes opérant seuls ou en groupes, pour tirer leur épingle du jeu, en dehors du circuit traditionnel des marchés à bétail et autres foirails
Derrière la gare routière sise au quartier Pam, le Regroupement des éleveurs de Tivaouane pour la promotion de l’élevage de ladoum (REPTEL) a installé ses stands pour permettre à ses quelque 300 membres, pour la plupart des jeunes issus de tout le département, de vendre leurs bêtes à quelques jours de l’Aïd-el-Adha, la grande fête musulmane commémorant le sacrifice d’Abraham.
Ils se frottent déjà les mains, car les moutons se vendent comme de petits pains, en dépit de leur cherté. »Pour l’instant, tout se passe bien », se réjouit Khadim Fall, président du REPTEL.
« Nous prenons en charge notre propre sécurité et celle des animaux, vous voyez les chiens, ils sont là pour ça. En plus, nous gérons notre propre logistique avec les tentes, les barrières. Nous n’avons reçu aucune aide de qui que ce soit », relève-t-il.
Ici, à l’opposé d’autres points de vente de moutons classiques, qui sont appuyés pour disposer d’électricité, d’eau et qui bénéficient même d’aliments de bétail subventionnés, ces jeunes fonctionnent à leurs propres frais.
Ils s’organisent pour assurer la vitalité économique de leur association. Pour pouvoir exposer leurs moutons sur ce site bien gardé de Tivaouane, chaque membre débourse 10.000 francs CFA. Une somme servant à l’entretien des lieux, mais aussi à nourrir et abreuver les béliers.
Depuis qu’ils y ont campé il y a quelques jours, l’endroit ne désemplit pas. Le mouton le plus cher à ce jour a été vendu à 1.250.000 francs CFA, et le moins cher, à 115.000 CFA.
Khadim Fall considère que cette première édition est déjà un succès, grâce à la mobilisation des membres venus de Mboro, Pire, Ngaye Mékhé, entre autres localités. D’ailleurs, ils attendent des moutons déjà commandés pour les petites bourses.
Même si son site ne draine pas la même affluence que dans les foirails, le regroupement des éleveurs de Tivaouane pour la promotion de l’élevage a pu se construire une excellente réputation de structure bien organisée.
Alioune Sow, la trentaine, doctorant en mathématiques et enseignant dans des établissements de la capitale, vend ses moutons à domicile, dans une grande concession au quartier Goumoune 2 de la commune de Tivaouane. Il a attrapé le virus, tout petit, quand il accompagnait son père dans beaucoup de points de vente de moutons au Sénégal.
Depuis 2012, il organise chaque année son « opération Tabaski », avec le coup de main de fidèles clients devenus des amis. « Je suis très touché par l’attitude des professeurs comme Hamad Faye. Chaque année, il m’amène toujours de nouveaux clients », se réjouit-il, avec reconnaissance.
Son collègue M. Diouf, professeur d’espagnol, vient de lui acheter un mouton à près de 200.000 francs CFA, raconte Alioune Sow, par moment dépassé par les coups de fils venant de ses clients. « Mes commandes viennent de partout », dit-il, après avoir raccroché avec un de ses professeurs à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
« C’est devenu une chaîne de solidarité entretenue par des clients satisfaits depuis plusieurs années », fait valoir le mathématicien, qui en est cette année à 11 ans de vente de mouton. Certains lui proposent volontiers leur appui pour une réussite de l’opération, y compris par des dons de médicaments vétérinaires, dit le trentenaire très ambitieux.
« Il m’arrive parfois de recevoir des commandes en plein cours de mathématiques. J’en ris seul au fond de la classe. Dieu merci, je gagne bien à chaque occasion », dit-il.
IL N'Y A PAS D'ALTERNATIVE À OUSMANE SONKO
Malgré la condamnation de son leader à deux ans de prison, Pastef prépare la pré-campagne et la campagne”
Malgré la condamnation d’Ousmane Sonko à deux ans de prison pour corruption de la jeunesse par la chambre criminelle, le 1er juin dernier, Pastef est “en train de préparer la pré-campagne et la campagne” pour la prochaine échéance électorale prévue le 25 février 2024, à en croire son responsable de la communication, El Malick Ndiaye.
El Malick Ndiaye, est catégorique : “Il n’y a pas d’alternative à Ousmane Sonko. « Ousmane Sonko, s’il plaît au Bon Dieu, participera à la prochaine élection présidentielle. Parce que ce n’est pas avec ces deux procès fantoches (Prodac et Sweet Beauté) qu’il va perdre ses droits civiques » dit-il.
Sur la question de savoir si ce dernier est demandeur d’une grâce présidentielle à l’approche de la Tabaski, El Hadji Malick Ndiaye atteste que “Pastef est sur le terrain politique. “Rien n’empêchera la participation du Président Ousmane Sonko à la prochaine élection présidentielle. C’est très clair”.
YAW VA LEVER LES BARRIÈRES AUTOUR DU DOMICILE DE SONKO CE DIMANCHE
La coalition d'opposition maintient son appel à la mobilisation pour lever le blocus du domicile du leader de Pastef à la Cité Keur Gorgui cet après-midi, malgré l’interdiction du rassemblement par le préfet de Dakar
Ce dimanche dans l’après-midi, Yewwi Askan Wi (Yaw) maintient son appel à la mobilisation pour lever le blocus du domicile d'Ousmane Sonko, à la Cité Keur Gorgui, cet après-midi. Ce, malgré l’interdiction du rassemblement par le préfet de Dakar, Mor Talla Tine.
Devant le "Jury du dimanche", le secrétaire national à la Communication du parti Pastef, El Hadji Malick Ndiaye a expliqué que la coalition a décidé de maintenir ce rassemblement. «Les jeunes et les femmes de la coalition ont tenu une conférence de presse pour réitérer cette volonté d’aller lever les barrières de la honte. Parce que simplement, il n’y a aucune base légale qui permet au président Macky Sall et son clan d’imposer, je dirais, un emprisonnement. Même les pensionnaires de Rebeuss ou du Cap Manuel ont droit à des visites. Ousmane Sonko ne reçoit même pas ses avocats. C’est non seulement illégal, immoral, mais surtout cela (entache) l’image du Sénégal» , a-t-il dit. Interpellé sur les risques encourus surtout après les derniers événements, il a soutenu que Yaw “ne peut pas rester les bras croisés”.
À l’en croire, si le procès (Sweet Beauté) s’était bien déroulé, avec toutes les preuves, aujourd’hui, Ousmane Sonko serait en prison, mais pas assigné à résidence. Il ajoute qu’en tant que maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko devait célébrer la Tabaski auprès de ses administrés, de sa famille, sa maman, entre autres.
LES CHANTIERS DE LA REMONTADA
La seule fois que le fils de l’ancien président a été candidat à une élection au Sénégal, il a été sévèrement battu. Malgré l’enthousiasme autour de sa participation à la présidentielle de 2024, Karim Wade part loin derrière ses adversaires politiques
Une modification du Code électoral et le tour est joué ! Après sept ans d’exil au Qatar, Karim Wade entrevoit l’espoir d’un retour au Sénégal. Les consensus annoncés dans les discussions du Dialogue national, en attente d’un accord du président de la République et de l’Assemblée nationale, devraient permettre au candidat annoncé du Parti démocratique sénégalais (PDS) d’être sur la ligne de départ de l’élection présidentielle du 25 février 2024.
Si les militants libéraux s’enthousiasment déjà, le fils de l’ancien président de la République Abdoulaye Wade (2000-2012) n’arrive pas pour autant en terrain conquis. Loin de là ! Pour gagner la prochaine Présidentielle, Karim Wade part très loin.
Une des premières conséquences d’un retour de Karim Wade, en l’état actuel, serait son emprisonnement. Condamné le 23 mars 2015 par la Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei), une juridiction spéciale, à une peine de six ans d'emprisonnement et à une amende de 138 milliards de francs CFA, le fils de Wade a bénéficié d’une grâce présidentielle en 2016, avant de quitter le pays manu militari. Mais son retour est conditionné au paiement de cette amende, sous peine de l’exécution d’une contrainte par corps.
Régler les détails d’un retour toujours annoncé, jamais effectif
Malgré tout, ceci pourrait être annulé, si la révision de ce procès, comme annoncé parmi les compromis du Dialogue national, devait être effective. Une éventualité qui fait regretter à Aminata Touré, ministre de la Justice au moment des faits, que les Sénégalais ‘’ feront ainsi le deuil des 138 milliards que Karim Wade doit au Trésor public’’.
L’intéressé avait pris les devants en s’inscrivant sur les listes électorales, en Turquie, lors de la période de révision exceptionnelle. Et s’il s’apprête à revenir comme un héros dans le jeu électoral, Karim Wade l’a quitté par la petite porte, après la chute de son père, en 2012. Cristallisant toute la colère des Sénégalais lors de la fin de règne du président Abdoulaye Wade, l’ancien ministre de l’Énergie a été poursuivi pour justifier une fortune colossale que la Crei lui prêtait.
C’est ainsi qu’il a été sévèrement battu lors des élections locales de 2009, alors qu’il briguait la mairie de Dakar. Lors de cette unique expérience électorale, Karim Wade a été battu jusque dans son propre bureau de vote, malgré la mise en place du mouvement Génération du concret dans le parti de son père et tous les moyens dégagés par le pouvoir pour conserver le contrôle de la capitale. Ces élections locales de 2009 marquent même un tournant vers la chute du régime, trois ans plus tard, de nombreuses villes, dont Dakar, tombant entre les mains de l’opposition.
Un profond désamour avec les Sénégalais
Ce désamour n’a fait que grandir lorsque Abdoulaye Wade, malgré l’avertissement électoral, nomme son fils ministre de l'Énergie en mai 2009, puis ministre d'État, ministre de la Coopération internationale, de l'Aménagement du territoire, des Transports aériens et des Infrastructures. Autant de portefeuilles qui lui valent le surnom de ‘’ministre du Ciel et de la Terre’’. Et l’impopularité croissante de Karim va crescendo, le fils du président symbolisant la dérive affairiste des années Wade.
Ce sentiment populaire atteint son paroxysme lorsque, le 23 juin 2011, Abdoulaye Wade essaie de faire voter à l’Assemblée nationale une révision électorale visant un "ticket présidentiel" pour élire à la fois un président et un vice-président dès le premier tour de la Présidentielle avec 25 % des votants. Les violentes manifestations pour s’opposer à ce projet destiné à ‘’léguer’’ le pouvoir à son fils et le retrait du texte constituent un grand camouflet dont les Wade ont peiné à se relever.
Emprisonné, gracié et exilé, Karim Wade a-t-il su se reconstruire ? Présenté comme le candidat du PDS à l’élection présidentielle 2019, après le retrait de son père de la compétition électorale, l’ancien super ministre a surfé sur un sentiment d’injustice légitimé par les juridictions internationales après son procès. La Cour de justice de la CEDEAO a reconnu que ses droits avaient été violés lors de son procès. Le Comité des Droits de l’homme des Nations Unies, en novembre 2018, a estimé que la déclaration de culpabilité et de condamnation contre Karim Wade, qui ne dispose pas d’un double degré de juridiction, ‘’doit être réexaminée’’.
Un positionnement efficace
Malgré son absence du territoire, Karim Wade reste très présent dans la sphère politique. D’abord en faisant le vide au sein du PDS. Omar Sarr, Pape Diop, Babacar Gaye, El Hadj Amadou Sall, tous les cadres du parti qui n’avaient pas rejoint la majorité présidentielle ont été écartés au bénéfice de nouveaux profils affiliés à Wade fils. Ensuite, malgré son inéligibilité, Karim Wade est toujours présenté comme le candidat du PDS à la Présidentielle 2019. Une stratégie gagnante, puisque sa non-participation, combinée à celle de Khalifa Sall dans des circonstances similaires, le fait passer pour une victime de la volonté du président sortant d’écarter des élections les candidatures gênantes.
Surfant sur cet élan et au gré des alliances politiques et électorales, les élections locales de janvier et législatives de juillet 2022 ont acté le retour au premier plan du PDS. Avec les accords obtenus au sein du Dialogue national et sa probable candidature en 2024, Karim Wade va enfin jauger sa valeur au révélateur d’une élection présidentielle.
Mais cette fois-ci, en comptant sur l’appareil d’un PDS qui a retrouvé de l’élan politique.
Toutefois, l’enfant banni a-t-il soigné ses maux ? ‘’Pas assez sénégalais’’ ; ‘’il ne parle pas wolof’’ ; ‘’un fils à papa déconnecté des réalités locales’’, etc.
L’équation Sonko
En plus du pouvoir en place, Karim Wade devra également faire ses preuves devant Ousmane Sonko, qui a occupé le vide qu’il a laissé pendant sept ans. Le leader de Pastef reste le seul opposant qui a fait vaciller le pouvoir de Macky Sall et l’a poussé dans ses retranchements. Alors que la participation du maire de Ziguinchor à la Présidentielle 2024 reste floue, du fait de ses condamnations judiciaires, l’approbation de l’opposant le plus populaire du moment sera précieuse dans huit mois, pour qui réussira à l’obtenir.
QUAND LES FEMMES PRENNENT LE BÉLIER PAR LES CORNES
L’achat du mouton pour la fête de Tabaski n’est pas qu’une affaire d’hommes. Les femmes mettent également la main à la poche pour sacrifier au rituel de l’immolation du bélier
Le point de vente de moutons du stade Léopold Sedar Senghor ne désemplit pas. Á moins de dix jours de la fête, les vendeurs sont déjà installés et n’attendent que de potentiels acheteurs. C’est le cas de Mabousso Kébé. Le vendeur s’occupe de l’aliment de ses bêtes. En ce début de journée, il n’a pas encore de clients. Mais il compte sur ses habitués y compris des femmes. « Chaque année, j’ai au moins une dizaine de clientes. Elles achètent le plus souvent, deux jours avant la Tabaski », avoue-t-il. Dans la vente depuis six ans, ce dernier soutient que toute personne en a les moyens doit s’acquitter de l’achat du mouton.
Seynabou Fall achète un bélier pour la fête depuis bientôt cinq ans. Cette année, l’entrepreneure ne fait pas exception. « J’ai déjà acheté un mouton. C’est indispensable pour moi », confie-t-elle. Une façon pour la jeune femme de perpétuer ce « geste symbolique » dans la pratique de la religion. Mais c’est aussi une manière de marcher sur les traces de son père. « Il le faisait mais il est décédé. C’est une fierté pour moi de prendre la relève », avoue-t-elle d’un brin nostalgique.
« Je gagne un peu d’argent et j’estime que c’est plus important que de verser dans la gabegie », soutient Ndèye Fatou Tall. La trentenaire a donc décidé d’acheter un mouton pour la première fois. Ce geste est surtout une occasion pour elle de faire plaisir à sa mère en lui achetant un mouton. Khady Thiam compte également se procurer un bélier pour sa maman et un autre pour elle indépendamment de celui de son mari. Un choix que Khady justifie aisément. « C’est une recommandation divine dont je dois m’acquitter car j’en ai les moyens », explique la commerçante.
Au-delà de l’achat, une recommandation divine
Rama Thiam achète un mouton depuis l’âge de 24 ans. « Je peux dire que mon premier mouton a été une fierté car cela voulait dire que j’étais une responsable désormais et depuis lors j’ai continué », fait savoir cette dernière. Aujourd’hui, âgée de 37 ans, la juriste continue de le faire pour une raison bien précise. « Mes parents m’ont toujours dit que c’est un devoir pour tout musulman ayant des ressources toute l’année de sacrifier un mouton pour la Tabaski », explique-t-elle.
« Le mouton de la Tabaski représente une reconnaissance envers Dieu qui pourvoie à mes besoins. C’est une chose que j’accomplis avec fierté », soutient Bintou Lo. L’assistante de direction voit également cela comme une recommandation divine qu’elle accomplit depuis 2018. C’est également le cas d’Aminata Sy qui déclare sacrifier au rituel de l’immolation du mouton pour la sunna. La quadragénaire le s’y plie depuis cinq ans. « C’est une copine très pieuse qui m’avait poussé à acheter un mouton. Depuis lors, je le fais chaque année », reconnait-elle.
Awa Fall est fonctionnaire dans l’administration. Depuis dix ans, la femme de 37 ans achète un mouton. Chaque fête de Tabaski, elle sacrifie un bélier qu’elle distribue aux nécessiteux. « C’est très important de partager avec les plus démunis. C’est aussi un moment de partage », estime-t-elle.
Un mouton, mille sourires
La vie et ses turpitudes peuvent pousser certaines femmes à devoir assurer le rôle de cheffe de famille et les responsabilités qui vont avec ce statut. Adji Nogaye Gadio et Maty Diop sont divorcées. Chaque année, elles prennent le mouton par les cornes afin de sacrifier au rituel de l’achat du bélier. « Cela fait 3 ans que je le fais pour mes enfants », avoue Adji Nogaye Gadio. La femme de 36 ans affirme que c’est une façon de faire le bonheur de ses chérubins. Maty Diop confie aussi acheter un mouton pour « satisfaire » ses bambins. L’entrepreneure a déjà un bélier pour cette fête. « Je prévois cela car c’est l’achat le plus important. Le bonheur de mes enfants n’a pas de prix », déclare la quadragénaire.
« J’ai acheté un mouton pour la première fois avec mes économies soit 40.000 FCfa. Quand j’ai vu la lueur de fierté dans les yeux de mes parents, je me suis promis de ne jamais arrêter », se remémore Astou Diouf. Depuis 2010, la femme de 39 ans perpétue « cette tradition ». Derrière le vœu de faire le plaisir des siens, la jeune femme confie avoir pris exemple sur sa mère. « Elle faisait tout pour avoir son bélier », renseigne-t-elle. Astou Diouf dit suivre ses pas et estime que c’est un devoir pour tout musulman homme comme femme.
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MACKY SALL QUALIFIE LES RÉCENTS TROUBLES MEURTRIERS D'ACTES TERRORISTES
"Il est établi que ces faits sont assimilables à des actes terroristes qui ne resteront pas impunis", a indiqué le président lors de la réception du rapport final du dialogue national boycotté par une partie de l'opposition dont le camp de Sonko
Le président sénégalais Macky Sall a qualifié samedi d'"actes terroristes qui ne resteront pas impunis" les troubles meurtriers survenus au Sénégal début juin après la condamnation de l'opposant Ousmane Sonko dans une affaire de moeurs.
Le président s'exprimait lors d'une cérémonie clôturant une concertation nationale entamée avant "les graves dérives des 2 et 3 juin, événements inédits" qui ont entraîné "des atteintes graves et des dommages" sur des "biens publics et privés", selon M. Sall. "Il est établi que ces faits sont assimilables à des actes terroristes qui ne resteront pas impunis", a-t-il ajouté en recevant le rapport final de la concertation ouverte le 31 mai et boycottée par une partie de l'opposition dont le camp de M. Sonko.
Les participants à cette concertation se sont notamemnt entendus sur le principe de réviser le procès de l'opposant Karim Wade écarté de l'ancien scrutin de 2019. Karim Wade, fils de l'ex-président Abdoulaye Wade au pouvoir de 2000 à 2012, a été condamné en 2015 à six ans de prison ferme pour enrichissement illicite. Ancien ministre d'État de son père, M. Wade, 58 ans, a été gracié en 2016 par Macky Sall, et est depuis exilé au Qatar.
La concertation a également proposé de modifier des textes pour permettre à l'ancien maire de Dakar Khalifa Sall, empêché par une condamnation en 2018 de se présenter contre Macky Sall (aucun lien de parenté) en 2019, d'être candidat à la présidentielle de 2024. Le cas de M. Sonko, condamné le 1er juin à deux ans de prison ferme, n'a pas été abordé par la concertation. Sa condamnation le rend en l'état actuel inéligible. Elle a engendré début juin de graves troubles, faisant 16 morts selon les autorités, 24 selon Amnesty international et 30 selon l'opposition.
Le président Sall a promis de s'exprimer sur son éventuelle candidature à la présidentielle de 2024 après la fête musulmane de la Tabaski prévue au Sénégal le 29 juin. "Je vais répondre très bientôt. Je ferai un discours la Nation. (Ce sera) un choix libre, souverain qui sera expliqué au pays et assumé", a-t-il indiqué.
M. Sall a été élu en 2012, réélu en 2019. Il a fait réviser la Constitution en 2016. Elle stipule que "nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs". Ses partisans le présentent comme leur candidat en 2024, arguant que la révision a remis les compteurs à zéro.
DOUZE ANS APRÈS SA CRÉATION, LE M23 CONTINUE D'EXPRIMER LES MÊMES REVENDICATIONS
Comme si les revendications de 2012 restaient intactes, Modiène Ndiaye et ses camarades continuent de réclamer « des élections transparentes, libres et sincères », dans un contexte de vives tensions politiques
Le Mouvement des forces vives du 23-Juin a rappelé, vendredi, à Dakar, les revendications exprimées il y a douze ans par certaines élites sénégalaises, dont la création de la Cour constitutionnelle, le respect de la Constitution et la réforme du Conseil supérieur de la magistrature.
Il y a douze ans, jour pour jour, des milliers de Sénégalais avaient vivement protesté contre la volonté d’Abdoulaye Wade de modifier la loi électorale.
Ils contraignaient le chef de l’Etat de l’époque à retirer le projet de loi élaboré à cette fin.
Le Mouvement des forces vives du 23-Juin, créé à la suite de cette contestation, avait exprimé plusieurs revendications, dont « le respect et la sauvegarde de la Constitution », la création de la Cour constitutionnelle et la réforme du Conseil supérieur de la magistrature.
Les partis politiques et les organisations de la société civile membres du M23 avaient estimé que la satisfaction de ces revendications devait faire du Sénégal une grande démocratie.
Aujourd’hui, le M23 continue de réclamer « le renforcement des pouvoirs et des compétences des institutions et des mécanismes de contrôle des finances publiques », selon Modiène Ndiaye, son porte-parole.
Réunis pour fêter le 12e anniversaire de ce vaste mouvement de défense de la loi électorale, de la Constitution et de la démocratie en général, ses militants ont appelé à « la refondation de la gouvernance locale », à « la décentralisation et [à] la déconcentration de l’administration », ainsi qu’au « respect des règles démocratiques ».
Comme si les revendications de 2012 restaient intactes, Modiène Ndiaye et ses camarades continuent de réclamer « des élections transparentes, libres et sincères », dans un contexte de vives tensions politiques, Macky Sall étant soupçonné de vouloir briguer un nouveau mandat présidentiel en violation de la Constitution, selon ses adversaires politiques.
Les militants du M23 s’élèvent aussi contre le « cumul des mandats » et exigent des dirigeants au pouvoir depuis 2012 « la rationalisation du train de vie de l’Etat, l’inventaire et le recouvrement de tous les biens fonciers, immobiliers, mobiliers et immatériels ».
Le Mouvement des forces vives du 23-Juin parle en même temps de « l’obligation de baisser les prix des denrées de première nécessité » et de « la mise en œuvre d’actions prioritaires de lutte contre les inondations ».
La date du 23 juin est l’occasion de « se souvenir de la lutte héroïque menée par le peuple sénégalais pour défendre sa Constitution », affirment M. Ndiaye et les autres militants du mouvement.
« Le peuple réclame avec force et vigueur le respect et la sauvegarde de la Constitution et des règles démocratiques, la transparence et la régularité des élections », a lancé M. Ndiaye en présence d’autres leaders du M23.
« Les Sénégalais avaient également demandé l’adoption de mesures urgentes de bonne gouvernance, la prise en charge sans délai et avec efficacité des urgences sociales », a-t-il ajouté.
Le Mouvement des forces vives du 23-Juin déclare militer pour « une élection présidentielle à date échue, inclusive et transparente, dans la paix ».
Ses dirigeants disent « non au pillage, au saccage et aux attaques sur des personnes et des biens publics et privés ». De même tiennent-ils à défendre la liberté d’expression.
MACKY SALL VEUT UNE RATIONNALISATION DU CALENDRIER ÉLECTORAL
Le président de la République estime que la récurrence des élections au Sénégal est une chose qui »n’a pas de sens », sans compter le coût que cela représente pour le budget de l’État
Le président de la République, Macky Sall, a insisté, samedi, à Dakar, sur la nécessité de travailler à une rationalisation du calendrier électoral, estimant que la récurrence des élections au Sénégal est une chose qui »n’a pas de sens », sans compter le coût que cela représente pour le budget de l’État.
« En 11 ans, j’ai organisé 11 élections au Sénégal. Ça n’a pas de sens et ça nous coûte cher », a dit le chef de l’État, en recevant le rapport issu des travaux du dialogue national qu’il avait lancé le 31 mai dernier.
»Il nous faut rationaliser tout cela », a insisté le président Macky Sall, sans donner plus de détails à ce stade.
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MACKY SALL DONNE RENDEZ-VOUS APRÈS LA TABASKI
Le président va bientôt édifier les Sénégalais sur sa participation ou non à la présidentielle de 2024. Il l’a fait savoir, ce samedi, lors de la cérémonie de remise des conclusions du dialogue national au Palais de la République
Le moment tant attendu est enfin arrivé. Le président Macky Sall va bientôt édifier les sénégalais sur sa participation ou non à l’élection présidentielle de 2024. Il l’a fait savoir, ce samedi, lors de la cérémonie de remise des conclusions du dialogue national au Palais de la République.
« Soyez rassuré, je vais répondre très bientôt. Je vais répondre parce que le moment est venu pour répondre pas avant, mais ce n’est pas aujourd’hui. Je ferai un discours à la nation. Et j’apporterai ma réponse qui ne peut pas dépendre du contexte dans lequel nous évoluons. Il faut que cela soit clair. Il y a beaucoup d’excitation, des écrits par ci et des rapports par là.
Ce n’est pas ça qui va déterminer les choix du président de la République croyez-moi. Ça sera un choix libre, souverain qui s’exercera, qui sera expliqué aux sénégalais quel qu’il soit et qui sera assumé », a dit le président de la République qui donne rendez-vous à ses compatriotes après la célébration de la Tabaski.
« Donc ça c’est pour bientôt. Ça sera après la tabaski le temps de permettre aux sénégalais de bien manger leur viande », a-t-il dit. Par ailleurs, il a précisé que le Sénégal n’a pas de leçon de démocratie à savoir de personne. Il a aussi fustigé le comportement de certains acteurs politiques qui appellent à la violence. Non sans oublier de condamner les saccages des travaux du BRT, les bus Dakar Dem Dikk, les incendies notés à l’Université Cheikh Anta Diop, entre autres, dégâts collatéraux. Toutefois, le président Macky Sall a promis de veiller à la mise en œuvre des propositions du dialogue national.
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QUI EST EVGUÉNI PRIGOJINE, LE PATRON DE WAGNER
L'homme d'affaires russe, connu sous le nom de "chef de Poutine", a commencé par vendre des saucisses, mais a rapidement amassé une fortune qui lui a permis de passer de la restauration à la politique, aux médias et, de là, aux affaires de guerre
D'un stand de hot-dogs à la fondation de la plus puissante armée privée de Russie, le groupe Wagner. L'oligarque Yevgeny Prigozhin est devenu l'un des hommes les plus puissants de Russie et l'une des personnalités les plus proches du président Vladimir Poutine. L'homme d'affaires russe, connu sous le nom de "chef de Poutine", a commencé par vendre des saucisses, mais a rapidement amassé une fortune qui lui a permis de passer de la restauration à la politique, aux médias et, de là, aux affaires de guerre. Les États-Unis et d'autres gouvernements l'accusent également de diriger une "usine à trolls" sur Internet, avec laquelle il a tenté d'influencer les élections dans différents pays. Mais si le nom de Prigozhin a fait les gros titres ces derniers temps, c'est en raison du rôle de plus en plus central que joue son groupe de mercenaires dans la guerre en Ukraine.
Le Groupe Wagner, qui a défendu les intérêts de la Russie dans des pays tels que la Libye, la Syrie et la République centrafricaine, compterait plus de 20 000 mercenaires dans la seule guerre d'Ukraine, soit 10 % de l'ensemble des troupes russes sur le front.
Pendant des années, Prigozhin a nié ses liens avec le groupe et même sa simple existence, mais à mesure que le rôle de cette armée privée est devenu plus grand dans le conflit ukrainien, le puissant homme d'affaires a cessé de se cacher.
En septembre dernier, en effet, Progozhin est apparu dans une vidéo s'adressant à un groupe de prisonniers dans une prison russe, les exhortant à rejoindre le combat de Wagner en échange d'un allègement de leur peine.
Plus récemment, habillé en treillis militaire, il a été vu dans l'une des mines de sel de la ville de Soledar, affirmant que ce sont les hommes de Wagner, et non l'armée russe, qui ont réussi à chasser les troupes ukrainiennes de la ville.
Ce n'est pas la première fois que Prigozhin remet en question le rôle des commandants militaires russes dans la guerre en Ukraine, une audace qui démontre le pouvoir qu'il exerce.
Ces derniers mois, ses critiques ont été constantes et de plus en plus ouvertes, au point que les tensions entre le groupe Wagner et le ministère russe de la défense sont devenues un secret de polichinelle.
Ses origines
Mais d'où vient la proximité de Prigozhin avec Poutine ?
Yevgeny Prigozhin, 61 ans, a fait partie du cercle d'élite de Poutine en 2001, lorsque ce dernier a commencé à dîner dans son luxueux restaurant flottant de Saint-Pétersbourg, appelé New Island.
Bien qu'il n'ait pas fait partie du groupe initial d'alliés de Poutine qui a créé un country house club appelé Ozero, M. Prigozhin est devenu célèbre dans la ville natale du président, Saint-Pétersbourg, et a attiré l'attention du président grâce aux saveurs de sa cuisine.
Dans sa jeunesse, avant de devenir un vendeur de hot-dogs, puis un traiteur prospère, il a été emprisonné pendant neuf ans pour vol et fraude.
Le capitalisme russe de "thérapie de choc" des années 1990 a créé de nombreuses opportunités commerciales pour les anciens détenus et, à sa sortie de prison, il a fait fortune.
Prigozhin a ouvert un stand de hot-dogs, puis une épicerie. Il a ensuite fait le saut dans la restauration, créant une chaîne de points de vente et la société qu'il dirige toujours, Concorde Catering, en 1996.
L'un d'entre eux est le New Island, qui est devenu le restaurant le plus luxueux de Saint-Pétersbourg et le préféré de Poutine, où il emmène des dirigeants internationaux et où Prigozhin s'assure toujours d'être non loin de la table du puissant président russe.
Au cours de la décennie suivante, la société a signé des contrats lucratifs avec les autorités russes pour assurer la restauration des écoles de Saint-Pétersbourg et de Moscou et, plus tard, pour nourrir une grande partie de l'armée russe.
Pendant toutes ces années, bien que très proche de Poutine, Prigozhin a gardé un profil bas, et sa fortune, comme celle de la plupart des oligarques russes, a fait l'objet de controverses et de secrets.
Des documents associés aux sanctions qui lui ont été imposées par les États-Unis pour son ingérence présumée dans l'élection de 2016 indiquent qu'il possède trois jets privés et un yacht de luxe, qui seraient utilisés par lui, sa famille et ses associés, enregistrés dans des paradis fiscaux tels que les îles Caïmans et les Seychelles.
L'oligarque est également à la tête d'un groupe médiatique pro-Kremlin appelé Patriot, qui a été créé dans le but de "contrecarrer" les médias "anti-russes" qui "ne remarquent pas les bonnes choses qui se passent dans le pays". Depuis le début de la guerre en Ukraine, cependant, il ne reste pratiquement plus de médias critiques en Russie.
Le portail regroupe quatre sites d'information basés à Saint-Pétersbourg : l'agence de presse RIA FAN, Narodnye Novosti, Ekonomika Segodnya et Politika Segodnya.
Leur audience combinée est estimée être plus importante que celle de l'agence de presse étatique Tass ou de la chaîne de télévision RT.
Scandales
À l'échelle internationale, cependant, son nom a commencé à être connu après que les autorités américaines l'ont accusé d'avoir tenté d'influencer l'élection de 2016 par l'intermédiaire de son Agence de recherche sur Internet (IRA), basée à Saint-Pétersbourg.
Washington, l'Union européenne et le Royaume-Uni accusent tous Prigozhin de lancer des campagnes de désinformation pour manipuler l'opinion publique dans différents pays avec l'entreprise, qu'ils décrivent comme une "usine à robots". Prigozhin et sa famille font donc l'objet de sanctions internationales, et l'homme d'affaires figure sur la liste des personnes les plus recherchées par le FBI.
Le département d'État américain a même offert une récompense de 10 millions de dollars pour toute information sur l'implication de Prigozhin, de l'IRA et d'autres entités dans ces tentatives d'influencer les électeurs américains en 2016.
Loin de le nier, Prigozhin a reconnu en novembre dernier qu'il avait interféré dans les élections américaines et qu'il continuerait à le faire à l'avenir, "avec soin, précision, de manière chirurgicale et à notre manière, comme nous savons le faire".
Mais les campagnes d'influence auxquelles Prigozhin est associé ne s'arrêtent pas au sol américain.
Des recherches menées par Facebook et des spécialistes de l'université de Stanford (États-Unis) le relient à certaines opérations de manipulation de l'opinion publique sur les médias sociaux en Afrique, dans des pays comme Madagascar, la République centrafricaine, le Mozambique, la République démocratique du Congo, la Côte d'Ivoire, le Cameroun, la Libye et le Soudan.
En effet, une enquête de la BBC a révélé que le groupe russe a offert de l'argent à au moins six candidats à l'élection présidentielle de 2018 à Madagascar. M. Prigozhin a rejeté les allégations de Facebook. Une autre enquête financée par le gouvernement britannique a révélé comment le Kremlin utilisait ces "usines à trolls" pour diffuser de la désinformation à grande échelle et "manipuler l'opinion publique sur la guerre illégitime en Ukraine", en cherchant à rallier le soutien au conflit et à Poutine. "L'opération a des liens suspects avec Evgeny Prigozhin, le fondateur de la ferme de robots la plus tristement célèbre et la plus étendue, l'Internet Research Agency, qui sont tous deux sanctionnés par le Royaume-Uni", a déclaré le gouvernement britannique dans un communiqué. Les opérations du Kremlin et de Prigozhin en Afrique ne se limitent toutefois pas aux médias sociaux.
Le Groupe Wagner est présent dans divers pays africains tels que la Libye, où il soutient les forces loyales au général Khalifa Haftar, ou le Mali, où ses mercenaires combattent les milices islamistes. Ils ont également été utilisés en République centrafricaine (RCA) et au Soudan, où la Russie a obtenu des concessions d'exploitation d'or et de diamants. En 2018, trois journalistes russes ont été abattus dans une embuscade alors qu'ils tentaient d'enquêter sur un lien présumé entre les mines et le groupe mercenaire. Une enquête de CNN a permis de découvrir un contrat minier du gouvernement de la RCA avec Lobaye Invest, une société russe dirigée par Yevgeny Khodotov, un autre homme d'affaires de Saint-Pétersbourg lié au réseau de Prigozhin. Mais son rôle le plus marquant, avant la guerre en Ukraine, a peut-être été celui du groupe Wagner en Syrie, où ses hommes combattent aux côtés des troupes de Bachar el-Assad et protègent les puits de pétrole depuis 2015. Le groupe a été vu pour la première fois en Ukraine en 2014, lorsqu'il a participé à l'annexion de la Crimée. Les rues de la péninsule sont alors remplies d'hommes en uniforme, mais sans insigne ni drapeau, que l'on appelle les "petits hommes verts". On pense que les mercenaires de Prigozhin en faisaient partie, a déclaré à la BBC Tracey German, professeur de conflits et de sécurité au King's College de Londres. Par la suite, un millier de soldats Wagner ont soutenu les forces séparatistes dans le Dombas dans leur lutte contre l'armée ukrainienne. Ils seraient également responsables des attaques sous faux drapeau dans les mois qui ont précédé l'invasion de l'Ukraine, que la Russie a utilisées comme prétexte pour déclencher la guerre. Au fil des mois, le rôle du Groupe Wagner dans la guerre a pris de l'importance, tout comme le nombre de ses troupes. Selon les services de renseignement britanniques, le groupe dirigé par Prigozhin a commencé à recruter à grande échelle après que le Kremlin eut échoué à mobiliser suffisamment d'hommes pour l'armée régulière. Des milliers d'entre eux proviennent des prisons russes, peut-être "en raison de leur proximité avec Poutine", explique Andrei Zakharov, du service russe de la BBC.