Ils étaient tous là ou presque les leaders de la mouvance présidentielle à la place « Bambaya » de Ziguinchor samedi. Des moments de retrouvailles entre les responsables de la coalition Benno Bokk Yakaar à l’appel du Directeur de l’Agence pour laPromotion des investissements et des grands travaux APIX Abdoulaye Baldé qui organisait un meeting de «Sargal» au Président Macky Sall.
Le leader de l’Union des centristes du Sénégal (Ucs) n’a pas caché sa satisfaction parla présence remarquée des leaders de la coalition. « Aujourd’hui, c’est un jour particulier car nous avons définitivement scellé cette union qui nous a tant manqué depuis un bon moment », a lancé l’ancien maire de Ziguinchor qui annonce la mise sur pied d’une grande coalition dénommée « la coalition centriste » qui entend joindre les forces de l’Ucs et celles du parti S2D de Souleymane Ndiaye.
Le président de la coalition Benno à Ziguinchor Robert Sagna, s’adressant aux responsables de la dite coalition, que « ce n’est pas l’opposition qui me crée des problèmes, c’est vous qui me posez des problèmes … ». Une image de retrouvaille qui aurait pu bien matérialiser cette unité dans les rangs de la mouvance présidentielle si ce fait inédit n’avait pas été souligné par certains partisans du ministre Doudou Ka qui ne semblent pas bien apprécier le fait que le ministre Doudou ka n’ait pas pris la parole.
Zappé par le patron des Centristes, le leader du mouvement Doggu pour un grand Sénégal était l’un des rares responsables à n’avoir pas pris la parole au cours de ce meeting. « Ignoré dans les invitations, il ( Doudou Ka) a tenu à marquer de sa présence», lâche amèrement un responsable de Benno qui déplore ce geste inamical qui montre à suffisance que cette unité dans les rangs de Benno à Ziguinchor reste encore très fragile. L’occasion a été saisie au cours de ce meeting de « Sargal » pour balancer des flèches vers le maire de Ziguinchor Ousmane Sonko. « Je ne reconnais plus ma ville Ziguinchor ….
A la place du Bourokk, c’est le Bouyokk », a laissé entendre l’ancien ministre d’État Abdoulaye Baldé qui a lancé la reconquête de Ziguinchor comme évoqué par un de ses lieutenants, le nouveau Chef d’antenne de l’Apix Ibrahima Ba. « Aujourd’hui, les Ziguinchorois regrettent le départ de Abdoulaye Baldé. Aujourd’hui, l’heure est grave. Il faut secouer le cocotier. On ne doit plus faire les choses à moitié… », a relevé le jeune responsable centriste. Le temps d’un samedi après-midi, Ziguinchor a vibré au rythme de cette effervescence politique imprimée par le leader de l’Ucs qui réactive et remobilise ses troupes sous les yeux des responsables Benno de Ziguinchor et du ministre Moussa Baldé de Kolda.
VERS UN 8 MAI DECISIF !
L’affaire de diffamation opposant le maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, par ailleurs leader du parti Pastef, au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang pourrait connaitre ce jour un autre dénouement au niveau de la Cour d’appel de Dakar
L’affaire de diffamation opposant le maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, par ailleurs leader du parti Pastef, au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang pourrait connaitre ce jour un autre dénouement au niveau de la Cour d’appel de Dakar. En effet, c’est ce lundi 08 mai, que la chambre correctionnelle examine ce dossier en appel, après un renvoi acté le 17 avril dernier. L’affaire jugée en première instance, le verdict rendu (02 mois avec sursis et 200 millions d’amende contre le leader de Pastef) n’avait apparemment pas satisfait la partie civile et le Parquet qui ont interjeté appel. Histoire de corrompre l’éligibilité d’Ousmane Sonko, selon ses partisans et certains acteurs de la scène politique.
Le procureur de la République et le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang qui avaient interjeté appel dans le cadre de l’affaire de diffamation opposant ce dernier au maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, par ailleurs leader du parti Pastef, vont être édifiés, sauf imprévu, sur leur requête auprès de la Cour d’appel de Dakar, ce lundi 08 mai. Pour cause, c’est aujourd’hui que le feuilleton judiciaire lié à cette affaire de diffamation devrait être examiné en appel par la juridiction en question.
Appelée à la barre de la Cour d’appel de Dakar le lundi 17 avril, cette affaire qui tient en haleine l’opinion publique sénégalaise depuis le 2 février dernier et qui a déjà fait l’objet d’une décision de justice condamnant le leader de Pastef à une peine de 2 mois de prison avec sursis assortie d’une amende de 200 millions à verser à la partie civile avait fait l’objet d’un renvoi d’office pour ce 08 Mai.
L’ancien procureur de la République près le tribunal de grande instance hors classe de Dakar qui avait hérité du dossier en sa qualité de nouveau président de la Cour d’appel de Dakar, en l’occurrence Amady Diouf, avait jugé utile de renvoyer les parties en jugement ce jour.
Selon certains spécialistes, la décision de renvoi du juge Amady Diouf était inévitable. Et pour cause, avaient-ils argué, l’actuel président de la Cour d’appel pour avoir aussi instruit l’affaire quand il était à la tête du Parquet était par conséquence disqualifié pour faire partie de la composition de la Cour d’appel qui doit se prononcer sur ce dossier. Cependant, pour beaucoup d’acteurs et d’observateurs de la scène politique comme pour les partisans du leader de Pastef, Ousmane Sonko, par ailleurs maire de Ziguinchor, ce qui est visé à travers cette procédure d’appel intentée par le ministre Mame Mbaye Niang et le procureur de la République, c’est surtout rendre l’opposant inéligible à la présidentielle de février 2024. Reste maintenant à voir si la Cour d’appel suivra cette logique supposée !
Pour rappel, l’affaire de diffamation jugée en premier instance le 30 mars dernier, le tribunal avait condamné Ousmane Sonko à deux mois de prison avec sursis assorti de 200 millions de FCFA de dommages et intérêts à payer à la partie civile. Toutefois, quelques temps après, les deux parties ont été de nouveau convoquées devant la barre du juge d’appel, suite à un appel interjeté par le Parquet sur la durée de la peine et qui a été finalement suivi par la partie civile.
Par Félix NZALE
PRESSE SOUS PRESSION
Il y a, actuellement au Sénégal, un diktat de l’émotionnel et de la pensée dogmatique qui entraîne une déresponsabilisation collective.
Tout se passe comme si nous assistons, impuissants, à un détournement essentiel de l’acte politique.
Le triomphe du journalisme dogmatique et émotionnel tend à nous faire perdre tout sens de la responsabilité citoyenne et démocratique, nous contraignant à n’entretenir que la peur et la pensée victimaire. Il y a, actuellement au Sénégal, un diktat de l’émotionnel et de la pensée dogmatique qui entraîne une déresponsabilisation collective. Aux yeux de la plupart, le journaliste est redevenu un enfant qui observe avec frayeur les méfaits de son immaturité. C’est-à-dire une personne couarde et vénale qui s’est mis en trahison de son service au nom de l’intérêt collectif.
Les questions et problématiques auxquelles nous devons nous intéresser sont nombreuses, essentielles et fondamentales. Par exemple, la déroute de notre système éducatif qui n’offre plus aux jeunes les moyens de relever les déficits de sens et des finalités. Or, la finalité et l’avenir d’une société se mesurent à la façon dont celle-ci forme ses enfants : À être qui ? À penser comment ? À agir pourquoi ? Bref, ce système n’offre aucun accès au développement d’une pensée critique, à questionner les fins, à devenir autonomes et libres, à s’engager dans la résistance citoyenne.
Il semble que tout ceci soit voulu au nom de la normalisation du crétinisme, une idéologie de la domination, hélas entretenue par certains médias «partenaires» du pouvoir. Toute personne, tout argument ou acte qui viendrait remettre en question cet ordre est irrémédiablement frappé du sceau de l’infamie. Donc à combattre.
Sous ce rapport, et en extrapolant un peu, certains journalistes ont reçu samedi dans la matinée le coup de fil téléphonique d’un responsable de premier plan de l’Alliance pour la République (Apr, au pouvoir) et de la coalition de Benno Bokk Yakaar leur demandant, en substance, pourquoi la presse ne dénonçait pas «les agissements» de l’actuel directeur de la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDC), M. Mame Boye Diao. Au prétexte - entre autres - que ce dernier aurait papoté avec Ousmane Sonko, l’ennemi juré du régime du Président Macky Sall, à Ziguinchor. Oubliant que ce dernier a lui-même récemment «papoté» avec Barthélémy Dias. Faisant aussi volontairement abstraction du contexte : M. Diao s’était rendu à Ziguinchor pour la pose de la première pierre de la Maison des étudiants ressortissants de Kolda dont il est le maire, et pour assister, de même que le leader de Pastef, à un Gamou annuel. Il est ici important de rappeler que l’adversité politique ne rime pas avec animosité interpersonnelle. Et qu’en l’occurrence, ce qui est valable pour Sall et Dias l’est également pour Diao et Sonko. C’est dire et donner raison à mon confrère Pape Allé Niang lorsqu’il met en évidence le fait que certains d’entre nous sont souvent actionnés, voire «programmés» pour détruire des réputations ou salir des consciences. Bref…
La politique doit traiter de ce qu’il y a de plus sérieux et de plus précieux : le destin, la liberté des individus, des collectivités, la vie… Que se passe-t-il lorsque tout ceci est piétiné ? Où est notre devoir de veille sur les choix fondamentaux de notre société masqués derrière les luttes des politiques ? Renoncer, c’est laisser la voie libre aux dictateurs pour tout massacrer sur leur passage. Il est dommage que certains médias s’emploient à faire diversion, à disqualifier toute résistance et à décourager toute vigilance. C’est que, comme l’a souligné M. Niang, le Pouvoir a mis en place des «Rédactions parallèles» ou infiltrées pour contrôler et contenir des informations hostiles. S’il n’intimide pas les récalcitrants ou ne les jette en prison. C’est dire, par conséquent, qu’il y a une volonté manifeste d’ancrer dans la psyché collective un réflexe de fuite du journaliste là où doit prévaloir un réflexe d’exigence.
La presse sénégalaise est en déroute. Si elle sombre, c’est tout l’édifice social qui s’écroule. Et les premiers responsables qu’il faudra pointer du doigt seront les journalistes eux-mêmes. On est responsable de sa grandeur tout comme on est responsable de sa décadence. Heureusement qu’il y a des journalistes qui ne veulent pas «mourir» et qui, quoi qu’il leur en coûte, ne fermerons jamais les yeux face à l’inadmissible.
Ps : C’est le lieu de rendre encore un hommage appuyé à tous ces grands journalistes aujourd’hui disparus qui n’ont jamais courbé l’échine. Je pense à Mame Less Camara, Babacar Touré, Madior Fall, Sidy Lamine Niasse, Ibrahima Fall… A eux, je dis : «Merci pour tout, et à Dieu vos âmes».