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28 août 2025
LES VOYAGEURS A LA MERCI DES BUS «HORAIRES» DE CASAMANCE
Bateau et avion à l’arrêt, rotations de Sénégal Dem Dikk suspendues, c’est le grand rush vers les bus horaires de Casamance et les voyageurs sont confrontés à une hausse considérable des prix du transport
A une semaine de la fête de Tabaski, Dakar commence à se vider de ses habitants, les habitants quittent la capitale pour rejoindre leurs localités d’origine où ils ont prévu de passer la fête de l’Aïd ElKabir ou Aïd al-Adha, en famille. Pour les ressortissants de la Casamance, notamment la région de Ziguinchor et le département de Goudomp (région de Sédhiou), avec l’arrêt des rotations du bateau Aline Sitoé Diatta, de l’avion et la suspension des dessertes des bus Sénégal Dem Dikk à destination de Ziguinchor, c’est le grand rush vers les bus horaires de Casamance. Mais là, comme chaque année, les voyageurs sont confrontés à une hausse considérable des prix du transport. Agacés par cette situation, les passagers expriment leur ras-le-bol et pointent du doigt les transporteurs, alors que ces derniers se défendent et demandent une dérogation pour rouler la nuit, au-delà de 23h et 00h.
Comme chaque année, à moins d’une semaine de la fête de l’Aïd el-Kabir ou Aïd al-Adha, aussi appelée Tabaski, Dakar commence à se vider de ses habitants. Des Sénégalais prennent d’assaut les gares routières et gares parallèles pour rejoindre leurs localités d’origine où ils ont prévu de passer la fête, en famille.
En cette période de suspension des rotations du bateau Aline Sitoé Diatta, des bus Sénégal Dem Dikk et de l’avion à destination de Ziguinchor, c’est la ruée vers les bus horaires de Casamance dont un nombre important prend départ au parking du stade Léopold Sédar Senghor à Dakar, parce que délogés de la gare routière Bignona de Grand-Yoff, sise à la zone de Captage, du fait du démarrage de travaux de réhabilitation du bassin de rétention.
Sur place, au parking du stade Léopold Sédar Senghor, les passagers sont très nombreux à recourir à ces horaires pour quitter la capitale. Un nombre important de bus sont stationnés suivant les destinations notamment Ziguinchor, Bignona, Oussouye, Cap-Skiring, Kafountine, Goudomp, etc., prêts à quitter Dakar pour rejoindre la Casamance. Les responsables de ce garage veillent à l’organisation des convois. Mbaba Diakhou Fall, porte-parole de la SNTP et aussi le porte-parole du Regroupement national des transports de proximité basé à Grand-Yoff rassure que malgré l’arrêt du bateau et des bus de Sénégal Dem Dikk, les passagers désireux de se rendre en Casamance trouveront des cars pour cette destination. «En ce moment, nous, nous sommes en train de faire le maximum pour assurer le transport des populations qui vont en Casamance. Le bateau et à l’arrêt, on a entendu que des clients qui ont fait des réservations sont en train d’être remboursés, mais on n’a pas entendu, de source sûre, que les bus du Dakar Dem Dikk ont remboursé les clients qui vont en Casamance, pour les besoins de la fête de Tabaski.
LES CHAUFFEURS INTER-URBAINS RECLAMENT UNE DEROGATION POUR CIRCULER LA NUIT
En effet, les bus appelés “horaires”, convoyant des passagers et des marchandises, circulent pour la plupart la nuit, de région en région. Mais, avec les mesures prises par le gouvernement suite à l’accident de Sikilo, à Kaffrine, et celui de Louga, il leur est interdit le transport interurbain de 23h/ 00h à 05h du matin.
Par conséquent, ces bus qui quittaient Dakar dans l’après-midi, entre 15h et 18h, ont réadapté leurs heures. Désormais, ils quittent Dakar dans la matinée, au plus tard à 9h. «Le Premier ministre, Amadou Bâ, avait annoncé : «Les véhicules de transport public de voyageurs seront interdits de circuler sur les routes interurbaines entre 23 heures et 5 heures». Mais nous ne sommes pas restés les bras croisés. On s’est rapproché, avec le bureau national du Cadre unitaire des syndicats des transports du Sénégal dont le coordonnateur était El Hadji Ousseynou Caramba Goudiaby et son bureau, du ministre des Transports terrestres pour demander des dérogations par rapport à l’arrêt de la circulation des véhicules de transport en commun à partir de 00 heure. Lorsqu’ils sont revenus, ils nous ont dit que le ministre en charge des Transports terrestres les a assurés qu’il va voir et discuter avec le Premier ministre qui a pris cette décision», confie le porte-parole de la SNTP et du Regroupement national des transports de proximité basé à Grand-Yoff. Mbaba Diakhou Fall ajoute : «nous, en ce qui nous concerne, il y aura impérativement une dérogation avant la Tabaski ; on est à 7 jours de la Tabaski. Aujourd’hui (vendredi dernier-ndlr), les véhicules qui quittent ici pour aller en Casamance ou bien au Fouta doivent revenir et prendre les clients. On ne peut pas faire un parcours de 400 ou 600 kilomètres en 12 heures de temps». A cela s’ajoute, l’arrêt du bateau, même si les bus sont disponibles, avec tous les passagers qui vont se rendre en Casamance, il y aura un impact. «Il y aura un impact, aujourd’hui (vendredi), il y a une vingtaine de bus qui ont quitté Dakar pour aller à Ziguinchor. Mais, d’ici lundi, il y aura un grand rush pour se rendre à Ziguinchor», a-t-il alerté Mor Ndiaye est un chauffeur qui fait la navette Dakar-Enampore (région de Ziguinchor). Trouvé auprès de ses amis chauffeurs, il prend la parole : «on rencontre beaucoup de difficultés depuis l’annonce de cette décision, nous voulons une dérogation pour pouvoir circuler la nuit. La Casamance est très loin et avec cette chaleur, ce n’est pas bien pour les passagers et les voitures. Depuis cette décision, j’ai changé d’horaires et ça ne m’arrange pas ; je quitte Dakar à 7h pour arriver avant 23h. Auparavant, je quittais ici à 17h et j’arrivais là-bas avant 6h du matin».
Lui emboitant le pas, Matar Laye, qui est chauffeur, aussi se plaint de l’état de la route (en chantier entre Sénoba et Ziguinchor) et des tracasseries avec les hommes de tenue. «Pourquoi le bateau ne marche pas ? Ça m’étonne. Les clients sont fatigués et les chauffeurs souffrent».
DE 9000 A 15.000 FCFA : LES PRIX DES TRANSPORTS PRENNENT L’ASCENSEUR
En attendant, comme chaque année, les voyageurs sont confrontés à une hausse considérable des prix du transport. Agacés par cette situation, les passagers expriment leur ras-le-bol et pointent du doigt les transporteurs. Gomis, trouvé sur place, n’attend que le chauffeur pour quitter la capitale et se rendre à Kafountine. Il se plaint : «les prix du transport son très chers en cette période de Tabaski. On payait 9000 FCFA ; mais, aujourd’hui, pour partir, il faut payer 13.000 FCFA». Un autre passager, qui répond au nom d’Aly Mbaye, suit les propos de Gomis. «Je suis venu et ils m’ont annoncé que les tarifs ont augmenté. L’écart est trop important… Mais les tarifs des bagages n’ont pas changé». Pour certaines destinations, comme Goudomp et les localités du Balantacounda, il faut désormais débourser 15.000 FCFA.
Les passagers, qui ont exprimé leur ras-le-bol, pointent du doigt les transporteurs. Alors que ces derniers se défendent et s’expliquent. D’après Matar Laye, «nous avons des responsables. Et pour augmenter les tarifs, il nous faut un consensus. Et les causes de l’augmentation sont multiples : si on transporte les clients, au retour, on est obligés de revenir avec une voiture vide et de payer les mêmes frais. C’est pourquoi on est obligés d’augmenter les tarifs. Il y a aussi les tracasseries routières avec les nombreux montages et gardes ; même si nous sommes en règle, on paye». Et Mor Ndiaye de renchérir, sur les causes de l’augmentation des prix : «le tarif normal pour les passagers, c’est à 9000 FCFA ; mais, avec la fête ça s’élève à 15.000 parce qu’on va prendre en compte le retour, puisque les bus seront vides de passagers.»
ZIGUINCHOR SOUS BLOCUS ET ISOLÉ, LA RÉGION ASPHYXIEE
Depuis quelques semaines, Ziguinchor et sa région vivent une situation plus qu’insoutenable, du fait d’un blocus qui a fini d’isoler complètement la région. Au sein des populations, la colère enfle
Depuis quelques semaines, Ziguinchor et sa région vivent une situation plus qu’insoutenable, du fait d’un blocus qui a fini d’isoler complètement la région. Les rotations maritimes des navires Aline Sitoé Diatta (ASD) suspendues, la desserte des bus Sénégal Dem Dikk de la société de transport public Dakar Dem Dikk (DDD) arrêtée sur la destination Ziguinchor, les vols aériens suspendus, les populations du Sud parlent d’une asphyxie pour cette région. Aujourd’hui, la colère enfle chez ces mêmes populations qui s’expliquent difficilement de telles décisions prises par les autorités.
L’Etat qui avait pourtant réalisé beaucoup d’efforts dans le désenclavement de la Casamance, particulièrement Ziguinchor, replonge cette région dans les années d’enclavement qui étouffaient cette partie sud du pays. Une situation regrettable et catastrophique, déplore Birame Ndiaye, Président régional de l’UNACOISJAPPO, qui dresse les impacts négatifs de cette situation.
«Nous ne pouvons comprendre cette situation qui nous renvoie à la case départ, lorsque la région vivait un enclavement aigu, aujourd’hui, avec cette suspension maritime, terrestre et aérien. Nous avons tellement souffert pendant 40 ans que nous n’avons pas besoin de ce genre de situation, plus que catastrophique. Le manque à gagner est énorme en ce moment. A l’approche de la Tabaski, les commerçants qui achetaient leurs marchandises pour Ziguinchor comptaient sur le bateau pour acheminer leurs produits ; mais voilà qu’avec la suspension des rotations des navires, c’est un coup de massue sur ces opérateurs économiques qui ne savent plus à quel saint se vouer», se désole-t-il.
L’opérateur économique pense qu’il sera difficile d’estimer les pertes engendrées par ce blocus. «Ce sont des dizaines de milliards de francs CFA perdus, surtout en cette veille de fête. Ajouter à cela les désagréments sur le plan social, avec l’arrêt de la desserte aérienne. Des rendez-vous annulés ; les impacts sont innombrables», peste le président de la Commission Formation et Emploi à la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Agriculture (CCIAZ) de Ziguinchor, qui interpelle les autorités pour une solution urgente pour, dit-il, ne pas mettre encore cette région à genoux sur le plan économique.
Mariétou Tendeng, commerçante au marché Saint-Maure, ne cache pas sa colère teintée d’une grosse déception. «Nous ne pouvons plus acheminer nos mangues vers Dakar, à cause de l’arrêt du bateau. Je ne comprends pas pourquoi ils ont pris cette décision, en cette période de campagne de mangues. Le bateau est notre seul moyen pour acheminer ces mangues ; voilà que nous sommes là avec nos mangues qui vont pourrir entre nos mains. Car, acheminer les mangues par voie terrestre, via des camions, est un gros risque vu la chaleur qu’il fait en ce moment», lance avec dépit cette dame, commerçante en détresse comme beaucoup de femmes qui vivent la même situation.
BLOCUS A CAUSE DE L’INSECURITE : UNE THESE QUI PROSPERE DIFFICILEMENT DANS CETTE PARTIE SUD
Si des raisons sécuritaires sont avancées pour motiver ces décisions de suspensions, ils sont nombreux ces populations qui ne sont pas convaincues par celles-ci. «La région ne doit pas être isolée parce qu’il y a une situation politique qui règne. C’est dommage. Nous ne pouvons concevoir cela. Nous, en tant qu’acteurs de la société civile, nous ne pouvons l’accepter. C’est comme si, à la limite, il y a quelque chose qui se trame derrière. C’est comme si les gens avaient envie de nous asphyxier ? Nous sommes dans un pays où la liberté de circuler est un droit inaliénable ; alors, nous ne pouvons cautionner de telles décisions», s’insurge Madiadiop Sané, Coordonnateur du Mouvement Vision Citoyenne.
Officiellement, c’est pour des raisons sécuritaires que de telles décisions sont mises en branle depuis quelques semaines. Mais, beaucoup se demandent aujourd’hui si ce n’est pas surtout pour annihiler les velléités de déplacement de certains Ziguinchorois estampillés «manifestants» qui, d’après certaines autorités, utiliseraient le bateau Aline Sitoe Diatta et les bus Sénégal Dem Dikk comme moyens de déplacement pour débarquer dans la capitale sénégalaise et appuyer les manifestations. Une thèse qui prospère difficilement dans cette partie sud du pays.
«AUCUN BUS DE SENEGAL DEM DIKK N’A ETE SACCAGE OU BRULE ICI»
Alioune Badara Gueye, commerçant, se dit surpris. «S’ils ont décidé d’arrêter les bus Sénégal Dem Dikk, c’est pour autre chose ; mais pas pour des raisons sécuritaires car, à Ziguinchor comme dans les autres villages, il n’y a jamais eu de bus saccagé. Aucun bus Sénégal Dem Dikk n’a été brulé ici, contrairement à Dakar ou d’autres villes. Qu’ils nous disent autre chose, mais pas la sécurité des bus. Même dans les villages, le long de la Transgambienne, les manifestants arrêtent juste ces bus Sénégal Dem Dikk avant de les laisser partir», regrette ce commerçant au marché Grand-Dakar de Ziguinchor.
LE TOURISME ET LES INSULAIRES LARGEMENT EPROUVES PAR L’ARRET DU BATEAU
Le tourisme accuse également un coup dur à cause de cette situation. Au Cap-Skiring, comme dans les autres cités touristiques comme Abéné, les activités sont au point mort. Les touristes qui privilégiaient le bateau, pour des découvertes, ne débarquent plus. Les populations, dans l’inquiétude, les réceptifs hôteliers sont presque vides. Le tourisme éprouvé déjà par les violentes manifestations qui ont secoué la région, la suspension des rotations sur le plan maritime et terrestre est venue achever un secteur déjà agonisant. S’il y a certains qui sont également durement éprouvés par cet arrêt des rotations du bateau Aline Sitoé Diatta, ce sont les insulaires. Ils sont depuis dans l’impossibilité d’évacuer leurs productions qui pourrissent entre leurs mains. Aujourd’hui, ces suspensions de rotations par la mer, la terre, aux allures de blocus, isolent davantage une région qui, malheureusement, replonge dans l’enclavement. Pour combien de temps ? se demande-t-on dans cette région qui semble bien payer les frais, et lourdement d’ailleurs, d’une situation politico-judiciaire qui a secoué le pays.
LES ACTEURS POUR LE RETABLISSEMENT DE LA PRATIQUE
Le matériel pour le lavage des mains a presque disparu au niveau des structures de santé ou encore dans les maisons. S’il en existe, il est juste là à titre décoratif. Un constat fait après la diminution drastique des cas de Covid-19 au Sénégal.
Le Centre de santé Philippe Maguilène Senghor a abrité, samedi dernier, la Journée mondiale de l’hygiène des mains. Une manière pour les acteurs de faire le plaidoyer pour le retour du lavage systématique des mains, une pratique adoptée par la population en période de Covid-19.
Le matériel pour le lavage des mains a presque disparu au niveau des structures de santé ou encore dans les maisons. S’il en existe, il est juste là à titre décoratif. Un constat fait après la diminution drastique des cas de Covid-19 au Sénégal. Lors de la célébration de la Journée mondiale de l’hygiène des mains, samedi dernier, l’occasion a été donnée aux acteurs de faire la sensibilisation à l’endroit de la population pour le retour de cette pratique. «Le relâchement ne nous arrange pas. Les mains sont la porte de plusieurs pathologies. Le Sénégal a vécu plusieurs épisodes de pandémie dont les solutions de sortie de crise reposaient, en grande partie, sur l’hygiène des mains», a avancé une des Bajenu Gox du Centre de santé Philippe Maguilène Senghor.
Pour Dr Ndeye Ndella Ndiaye Konaté, directrice de la Qualité et l’Hygiène hospitalière, l’hygiène des mains est d’une grande importance pour l’humanité toute entière et d’une actualité à l’égard de l’épidémie à Covid-19 et des problèmes d’hygiène, d’assainissement et surtout de la résistance à certaines maladies. «L’hygiène des mains (l’HDM) est l’une des actions les plus efficaces et la moins coûteuses pour rompre la chaine de transmission des maladies. Vous n’êtes pas sans savoir que l’HDM, que cela soit le lavage à l’eau propre et au savon ou la friction avec le gel hydro alcoolique, est déterminante pour notre santé car permet aux individus, par ce simple geste, de se protéger contre de nombreuses maladies», a-telle fait savoir.
Et de poursuivre : «bien plus qu’une simple journée, cet événement permet, face à la résurgence des maladies infectieuses, de sensibiliser le personnel de santé et la communauté pour un changement de comportement en faveur d’une pratique quotidienne de l’hygiène des mains».
Revenant sur la célébration de ladite journée, Dr Ndeye Ndella a renseigné : «la Journée mondiale de l’Hygiène des mains donne l’opportunité de placer cette question de santé publique au-devant de la scène et de mobiliser l’ensemble des acteurs autour d’activités de plaidoyer et de sensibilisation en faveur de cette pratique. Au niveau des structures de santé, il est reconnu que l’hygiène des mains est essentielle pour faire baisser le nombre d’infections liées aux soins. Elle est la base de l’asepsie et le fondement d’un soin propre et sans risque pour le soignant et le soigné. Au Sénégal, la maîtrise du risque infectieux en milieu de soins est une question cruciale»
Le choix du District Ouest, plus précisément le Centre de santé P. M. Senghor, pour célébrer cette journée n’est pas fortuit. «Nous avons souhaité mettre à l’honneur un Centre de santé qui, malgré de nombreuses contraintes, renforce tous les jours ses interventions et ceci grâce au leadership et l’engagement de Dr Karim Diop. Ces efforts ne devraient pas se limiter aux activités de la célébration de la journée, mais doivent être ancrés dans la pratique de tous les jours, pour garantir aux populations des soins surs et de qualité», a-t-elle dit.
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ABDOURAHMANE DIOUF PARLE D’«UN ARRANGEMENT ENTRE AMIS »
Invité de l’émission Objection du dimanche 25 juin 2023, sur SUD FM, Dr Abdourahmane Diouf, président du parti Awalé, par ailleurs membre de la plateforme F24, considère le dialogue national, comme étant un « arrangement entre amis ».
Invité de l’émission Objection du dimanche 25 juin 2023, sur les ondes de la radio SUD FM (privé), Dr Abdourahmane Diouf, président du parti Awalé, par ailleurs membre de la plateforme F24, considère le dialogue national, comme étant un « arrangement entre amis ». Le président du parti Awalé estime que quand on en arrive à des conclusions qui donnent l’éligibilité à deux en ne traitant pas le cas du troisième, cela donne clairement le signal que ce n’était pas un dialogue sincère.
«Ce qui s’est passé le 31 mai au Palais du président Macky Sall et ce que je vois, je suis désolé de le dire, je n’ai pas d’autres mots, ce n’est pas un dialogue national, c’est un arrangement entre amis. C’est des petits arrangements entre amis », a déclaré dans l’émission Objection Dr Abdourahmane Diouf, président du Parti Awalé, par ailleurs membre de la plateforme F24. Et d’expliquer dans la foulée : « Parce que déjà, on a exclu que d’autres puissent avoir un point de vue différent. Mais, regardez ce qu’ils nous proposent aujourd’hui comme conclusions. On a beaucoup parlé de l’éligibilité de certains membres de l’opposition. »
« Ces deux opposants sont allés chercher ça. Ils sont allés chercher entre les mains du président la mise en œuvre des prérogatives que la Constitution et la loi permettent. On ne peut pas leur en vouloir », a souligné le président du Parti Awalé.
Toutefois, il rappelle qu’ « Ousmane Sonko est condamné pour un délit, même si il n’a pas épuisé ses recours. Khalifa Sall est condamné pour un délit. Karim Wade est condamné pour un délit. Si tant est que la finalité du dialogue, c’est la paix sociale, ces trois doivent avoir le même traitement. Absolument ! »
« Ces trois délits, d’aucuns même peuvent penser que les délits de Karim et Khalifa sont plus sévères parce qu’ils avaient eu affaire à l’Etat du Sénégal, alors qu’Ousmane Sonko a affaire à un privé, notamment dans l’affaire en diffamation avec Mame Mbaye Niang », a relevé le candidat déclaré à la présidentielle de février 2024. A ce titre, dira-t-il, « quand on en arrive à des conclusions qui donnent l’éligibilité aux deux, en ne traitant pas le cas du troisième, on est clairement dans des petits arrangements entre amis et ça donne clairement le signal que ce n’était pas un dialogue sincère. Et on a l’impression que se sont des conclusions qui ont été obtenues depuis longtemps et qu’il fallait juste leur donner des parures de légitimité à travers le dialogue». Qui plus est, a-t-il dit, « Parce que là, on est dans la discrimination entre les candidats qui font face à la justice et qui pouvaient être réhabilités pour une paix sociale. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas. Il a choisi ses candidats à réhabiliter et nous, l’impression que nous avons, c’est qu’il veut avoir une élection et exclure tous ceux qui sont d’une autre génération et qui voient les choses autrement», a constaté Dr. Diouf. Mais en revanche, prévient le membre du F24, « ils ne peuvent pas offrir au président de la République rien d’autre qui ne soit déjà dans la Constitution et dans les lois. Ceux qui sont censés lui donner n’ont rien à lui donner. Ni Khalifa Sall, ni Karim Wade, ni la société civile, ni aucun membre de l’opposition ou société civile participant à ce dialogue ne peuvent garantir à Macky Sall, une participation pour une troisième candidature ou comme on l’a dit en un moment donné une extension de son mandat actuel pour deux ans supplémentaires. »
Dr Diouf a par ailleurs dénoncé l’absence de démocratie au Sénégal. « Je dois préciser qu’il y a absence de démocratie au Sénégal, parce que le jour de lancement de ce que nous appelons dialogue du peuple au niveau du F24, on nous a retrouvé juste dans une maison, qui est une propriété privé, qui est le siège du président Malick Gakou, pour déloger les membres du F24 », a-t-il dénoncé. « C’est un scandale, il faut le dire. Nous sommes dans un pays où les oppositions peuvent être vivaces mais nous avons à chaque fois garder nos libertés d’expressions », martèle le président de Awalé.
MANDAT PRESIDENTIEL : ABDOURAHMANE DIOUF MILITE POUR UN SEPTENNAT
« Vous savez, moi je pense qu’il faut toujours avoir une approche situationniste de la démocratie. Dans la démocratie, il y a des éléments et des valeurs universelles. Mais il y a aussi toujours une dimension contextuelle, une dimension géographique, une dimension situationnelle. Chacun appréhende en fonction de son pays… Je pense que nous sommes dans des pays en construction et moi, ma conviction, c’est qu’il faut avoir un mandat unique de sept ans. C’est ma proposition de toujours…D’après les études que nous avons faites, si un président vient, impulse ses réformes, il a le temps en sept ans de les poncer, de les impulser, de les mettre en œuvre et même de commencer un début d’évaluation. Avec le fait d’avoir la certitude de ne pas avoir un autre mandat du tout, il peut assumer ses réformes sans la peur du lendemain. Pourquoi nos présidents ne sont pas réformateurs, parce qu’ils ont peur de la sanction. Alors que quand vous êtes en situation de mandat unique, vous n’avez pas peur de la sanction. Et c’est que le président Macky Sall, malheureusement est en train de rater. Parce qu’avec son deuxième mandat là, il n’aurait dû avoir aucune pression sociale. Il aurait dû prendre son courage à deux mains et mettre en œuvre des réformes politiques, économiques et sociales extrêmement ambitieuses, qui auraient pu permettre au Sénégal de développer »