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26 août 2025
MANIFESTATIONS ET PILLAGES, LE MARCHE EN FAIT LES FRAIS
Les scènes de pillage survenues début juin à Dakar et dans d’autres villes du pays ont engendré une hausse des prix des denrées de consommation courante, dont une partie fait l’objet d’une pénurie, a appris l’APS dans des marchés de la capitale.
Dakar, 16 juin (APS) – Les scènes de pillage survenues début juin à Dakar et dans d’autres villes du pays ont engendré une hausse des prix des denrées de consommation courante, dont une partie fait l’objet d’une pénurie, a appris l’APS dans des marchés de la capitale.
‘’Il n’y a pas grand-chose dans les marchés. Les prix de certaines denrées ont augmenté. Selon les commerçants, il n’est pas possible de livrer certaines marchandises à cause des dernières violences’’, affirme Mariama Diaby, rencontrée à Tilène, l’un des principaux marchés de produits alimentaires à Dakar.
Souleymane Seck, délégué des épiciers du même marché, confirme le constat fait par Mme Diaby. ‘’Les manifestations survenues récemment ont fortement paralysé le fonctionnement du marché. Certains commerçants profitent de la rareté de certains produits pour en augmenter les prix’’, dit M. Seck.
Selon lui, la plupart des légumes en vente à Tilène proviennent de Mboro (région de Thiès), à plusieurs dizaines de kilomètres du marché. ‘’Les camions assurant le transport des marchandises n’ont pas repris service’’, signale le délégué des épiciers (mercredi 7 juin).
‘’Il fait chaud. Certaines denrées doivent être écoulées rapidement, sinon elles risquent de pourrir, ce qui engendre des pertes. Nous sommes obligés d’augmenter les prix pour nous en sortir’’, affirme Mamadou, un épicier.
‘’Ils ont peur de tout perdre à cause des pillages’’
Les pillages survenus à Dakar et dans d’autres villes du pays ont engendré la rareté de certains fruits, dont la mangue casamançaise. ‘’La ‘mangue de la Casamance’ est très prisée à Dakar mais elle est introuvable. Les manifestations ont engendré une rupture des stocks de marchandises’’, explique Mouhamed, un vendeur de fruits.
Au marché Castor, l’un des plus importants centres d’approvisionnement de denrées de consommation courante à Dakar, Aladji Malick Nguer s’inquiète de la rupture des stocks de certains produits alimentaires. ‘’Les manifestations ont engendré beaucoup de difficultés dans la chaîne d’approvisionnement parce que certains commerçants ne veulent pas prendre le risque de se ravitailler. Ils ont peur de tout perdre à cause des pillages’’, dit M. Nguer, l’un des délégués du marché Castor.
Ibrahima Guèye, un délégué de l’UNACOIS-Jappo, l’une des principales associations d’importateurs au Sénégal, invite l’Etat à autoriser les importations d’oignon et de pomme de terre pour satisfaire les besoins des ménages, cette denrée étant fortement consommée à la Tabaski, la principale fête musulmane prévue à la fin de juin.
‘’Les prix des sacs d’oignon et de pomme de terre ont sensiblement augmenté. Il y a une hausse de 2.500 francs CFA au moins sur le prix du sac d’oignon’’, témoigne M. Guèye.
A Castor, les commerçants souhaitent par ailleurs que les pouvoirs publics veillent à la sécurité de leur marché, où viennent s’approvisionner de nombreux ménages dakarois. ‘’L’Etat doit déployer des forces de l’ordre autour des marchés, des grandes surfaces et des stations-service’’, affirme Aladji Malick Nguer. D’autres commerçants soutiennent la revendication exprimée par leur délégué.
Mbeurgou Bèye, l’agent de la mairie de Dieuppeul-Derklé, assure que le conseil municipal a déployé 12 agents de sécurité et trois surveillants autour du marché Castor.
M. Bèye dit souhaiter l’implication de l’Etat dans la surveillance des endroits publics, qui peuvent être pris pour cible lors des pillages.
Une ‘’inflation artificielle’’
Les scènes de pillage survenues du 1er au 3 juin n’entraînent pas pour le moment des ‘’difficultés majeures’’ dans l’approvisionnement des marchés en marchandises et les prix en vigueur, a assuré jeudi le ministre du Commerce, Abdou Karim Fofana.
‘’Cette fois-ci, on note que les multinationales ne sont pas les plus affectées mais des commerces tenus par des Sénégalais […] On peut bien avoir peur qu’il y ait une inflation. Mais pour le moment, nous n’avons pas noté de difficultés majeures dans l’approvisionnement du marché et les prix’’, a déclaré M. Fofana lors d’une conférence de presse du gouvernement.
‘’J’en profite pour lancer un appel à nos concitoyens de Ngomène (région de Thiès), qui ont un gros stock d’oignon. Mais on note que de jour en jour le prix augmente […] Si ça continue, nous ouvrirons le marché à l’importation pour le réguler et mettre fin à cette inflation artificielle’’, a prévenu M. Fofana.
Selon le ministère de l’Intérieur, 16 personnes ont trouvé la mort dans les manifestations survenues après la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme pour ‘’corruption de la jeunesse’’.
Amnesty International, dont le bureau pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre est basé à Dakar, a publié un bilan faisant état de 23 morts.
La peine requise contre M. Sonko, qui était jugé pour viol et menaces de mort sur la demoiselle Adji Sarr, est susceptible d’empêcher le maire de Ziguinchor (sud) de se présenter à l’élection présidentielle de 2024, affirment ses avocats en se basant sur le Code électoral.
Des services de l’Administration publique, des banques, des infrastructures routières et universitaires, des mairies, des voitures et d’autres biens publics ou privés ont été saccagés ou incendiés lors des manifestations consécutives à la condamnation de M. Sonko par la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar.
LIGUE1, LES AFFICHES DU WEEK-END
La rencontre entre le leader de la Ligue 1 de football du Sénégal, Génération Foot (41 points) le Guédiawaye Football Club (GFC, 4e au classement avec 35 points) sera l’une des attractions de la 22e journée du championnat prévue ce week-end.
Dakar, 2 juin (APS) – La rencontre entre le leader de la Ligue 1 de football du Sénégal, Génération Foot (41 points) le Guédiawaye Football Club (GFC, 4e au classement avec 35 points) sera l’une des attractions de la 22e journée du championnat prévue ce week-end.
Le match aura lieu dimanche au stade Djibril Diagne à 17h.
L’autre match choc du jour programmé à la même heure mettra aux prises, le troisième Casa Sports (36 points) et Teungueth FC (5e, 29 points+1).
Le Jaraaf de Dakar (6e, 29 points +2) se déplace sur la pelouse de l’AS Pikine (10e).
La Linguère de Saint-Louis (13e) affronte le onzième, le Stade de Mbour (22 points).
L’US Gorée, septième avec 27 points (+1) s’opposera à la lanterne rouge, CNEPS Excellence de Thiès. Le deuxième, Diambars (38 points) et l’AS Douanes, douzième s’affrontent, dimanche.
La 22e journée va se poursuivre lundi, avec Dakar Sacré-Cœur (9e, 27points) et SONACOS, 6e au classement.
Le championnat national de Ligue 1 celle de la Ligue2 reprennent après une dizaine de jours de suspension en raison de la ‘’tension socio-politique et de la situation sécuritaire’’ qui régnaient à Dakar il y a quelques jours.
De violentes manifestations avaient éclaté à la suite de la condamnation du leader de Pastef, maire de Ziguinchor (Sud), à deux ans de prison par la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar pour ‘’corruption de la jeunesse’’.
LE MALI EXIGE LE RETRAIT DE LA MUNISMA
Le gouvernement malien, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a demandé, vendredi, le retrait sans délai, de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA).
Dakar, 16 juin (APS) – Le gouvernement malien, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a demandé, vendredi, le retrait sans délai, de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA), estimant que la mission onusienne n’avait pas atteint son objectif fondamental.
Dans un discours prononcé devant le Conseil de sécurité de l’ONU, le ministre malien a notamment soutenu qu’après plusieurs années de déploiement des forces de la MINUSMA sur le terrain, la situation sécuritaire, qui concernait jadis le Nord du pays, s’est progressivement dégradée dans les autres régions du Mali.
Le chef de la diplomatie malienne a fait cette déclaration alors que s’ouvraient les négociations des membres du Conseil de sécurité sur le renouvellement du mandat de la MINUSMA.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dernièrement recommandé une reconfiguration de la MINUSMA à travers une rationalisation de ses tâches autour d’un ensemble limité de priorités visant à améliorer son efficacité.
‘’Je regrette de réaffirmer aujourd’hui que les options proposées par le Secrétaire général dans son rapport sur l’examen interne de la MINUSMA ne répondent pas aux préoccupations et aux attentes maintes fois exprimées par le gouvernement et les populations du Mali’’, a réagi le ministre malien des Affaires étrangères.
Il a ajouté que les prescriptions internationales, notamment celles prodiguées par la MINUSMA depuis sa création en 2013 ont bien montré leur limite.
‘’Comment expliquer que la situation sécuritaire au Mali en 2013 soit bien meilleure que celle nous connaissons de nos jours ?’’, s’est-il interrogé, estimant que »le réalisme impose le constat de l’échec de la MINUSMA dont le mandat ne répond pas aux défis sécuritaires ».
LE CORED REPREND DE VOLET CHEIKH YÉRIM SECK
Le CORED a publié un communiqué de presse ce vendredi 16 juin 2023 pour condamner fermement les propos tenus par Cheikh Yérim Seck lors de l'émission Faram Faccé sur la chaîne de télévision privée TFM
Le Conseil pour l'Observation des Règles d'Ethique et de Déontologie dans les médias (CORED) a publié un communiqué de presse ce vendredi 16 juin 2023 dans lequel il condamne fermement les propos tenus par Monsieur Cheikh Yérim Seck lors de l'émission Faram Faccé sur la chaîne de télévision privée TFM.
Le CORED considère que ces propos sont d'une gravité extrême et constituent une menace à la cohésion nationale, une incitation à la violence et un appel au meurtre. Leur diffusion par la TFM est une violation flagrante des dispositions du Code de la presse et de la Charte des journalistes qui stipulent que le journaliste et technicien des médias doivent s'interdire la diffamation, la calomnie, le plagiat, les accusations sans fondements, l'injure, l'apologie de la violence et la haine entre des groupes sociaux.
Le CORED a décidé de s'auto-saisir du dossier pour déférer cette affaire devant son Tribunal des pairs. Le Conseil pour l'Observation des Règles d'Ethique et de Déontologie dans les médias invite également les journalistes et techniciens des médias à faire preuve de responsabilité dans la collecte, le traitement et surtout la diffusion des informations dans ce contexte de fortes tensions.
Le CORED appelle les médias à ne pas relayer de propos qui peuvent mettre à mal la stabilité sociale et les exhorte à censurer les appels à la violence, les discours stigmatisants, les propos haineux, les images choquantes, les injures et/ou tout ce qui pourrait porter atteinte à notre vivre ensemble.
Le CORED rappelle ainsi aux professionnels des médias qu'ils ont un rôle important à jouer dans la préservation de la cohésion nationale et de la paix sociale. Les journalistes sont les gardiens de la liberté d'expression, mais cette liberté doit être exercée dans le respect des règles éthiques et déontologiques qui régissent la profession. Les médias doivent être des vecteurs de dialogue et de débat constructif, et non des instruments de division et de discorde.
En conclusion, le CORED appelle l'ensemble des acteurs de la société sénégalaise à faire preuve de retenue et de responsabilité dans leurs propos et leurs actions, afin de préserver la paix et la stabilité du pays. Il est essentiel que chacun contribue à renforcer la cohésion nationale et à promouvoir le dialogue et la tolérance, dans le respect des valeurs républicaines et des principes de la démocratie.
À KIEV, LA MÉDIATION AFRICAINE APPELLE L'UKRAINE ET LA RUSSIE À LA DÉSESCALADE
La mission africaine est la dernière initiative en date d'une série d'efforts diplomatiques jusqu'ici infructueux pour mettre fin au conflit
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a appelé vendredi l'Ukraine et la Russie à la "désescalade" lors d'une visite à Kiev avec une délégation de dirigeants africains venus tenter une médiation entre ce pays et Moscou.
En Russie, le président Vladimir Poutine a de son côté assuré que la contre-offensive lancée par les Ukrainiens sur le front n'avait "aucune chance" de réussir.
"Il doit y avoir une désescalade des deux côtés", a déclaré dans l'après-midi M. Ramaphosa lors d'une conférence de presse conjointe avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Mais à la fin de la rencontre ce dernier a de nouveau exclu "toute négociation" avec Moscou.
"Aujourd'hui j'ai clairement dit pendant notre rencontre (avec la délégation africaine) que permettre toute négociation avec la Russie maintenant, quand l'occupant est sur notre terre, signifie geler la guerre, geler la douleur et la souffrance", a ajouté M. Zelensky.
La délégation africaine était arrivée dans la matinée à Kiev.Peu après, la région de la capitale a été visée par une attaque de missiles russes qui a déclenché des sirènes anti-aériennes suivies d'explosions, et fait au moins sept blessés selon la police ukrainienne.
"Aujourd'hui, alors que nous étions ici, nous avons entendu parler de frappes de missiles et ces types d'hostilités ne sont pas bons pour favoriser la paix", a également déclaré le président sud-africain lors de la conférence de presse.
Après Kiev, la médiation africaine doit mettre le cap sur la Russie, où elle doit rencontrer Vladimir Poutine samedi à Saint-Pétersbourg (nord-ouest).
La délégation africaine comprend quatre présidents - Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud), Macky Sall (Sénégal) et Hakainde Hichilema (Zambie), ainsi que Azali Assoumani (Comores), qui dirige l'Union africaine - et des représentants congolais, ougandais et égyptien.
Elle avait commencé son étape à Kiev par une visite à Boutcha, a indiqué la présidence sud-africaine sur Twitter en publiant plusieurs vidéos de leur déplacement dans cette banlieue de Kiev où l'armée russe est accusé d'avoir massacré des civils.L'attaque de missiles russes sur la région de Kiev a eu lieu peu après.
- "Trouver un chemin de paix" -
L'Otan a salué dans la journée cette médiation, tout en avertissant que seule une solution "juste" considérant la Russie comme l'agresseur fonctionnerait.
L'armée de l'air ukrainienne avait indiqué dans la matinée avoir abattu 12 missiles russes dont six Kinjal hypersoniques au-dessus de la région de la capitale.
Si le maire de Kiev, Vitali Klitschko, n'a fait état d'aucun dégât dans la capitale, des éclats de missiles ont fait sept blessés dont deux enfants dans la région de la capitale, selon la police locale.
Le chef de la diplomatie ukrainienne a aussitôt qualifié ces frappes russes de "message à l'Afrique"."La Russie veut plus de guerre, pas de paix", a indiqué sur Twitter Dmytro Kouleba, évoquant "la plus importante attaque de missiles contre Kiev depuis des semaines".
"Ce qui s'est passé aujourd'hui" montre aux dirigeants africains "à quel point Poutine est sincère quant à l'arrêt du conflit" et la considération qu'il porte à "tous les efforts internationaux pour arrêter ce conflit", a commenté dans la même veine à Bruxelles Peter Stano, porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.
Parallèlement, M. Poutine a annoncé vendredi avoir transféré au Bélarus de premières armes nucléaires, concrétisant le déploiement annoncé en mars par Moscou.
Le porte-parole de la présidence sud-africaine Vincent Magwenya a lui indiqué que la mission se déroulait "plutôt bien et comme prévu" dans une vidéo publiée sur Twitter, ajoutant que la délégation comptait en entamant des pourparlers avec M. Zelensky "tenter de trouver un chemin de paix à ce conflit".
M. Poutine se trouvait déjà vendredi à Saint-Pétersbourg pour un forum économique où il a longuement fustigé l'Ukraine en répétant sa volonté de "dénazifier" son voisin, qui est à l'offensive dans le sud depuis une semaine et demi.
"Les forces armées ukrainiennes n'ont aucune chance là-bas, ni dans les autres zones", a tranché M. Poutine, en qualifiant au passage M. Zelensky de "honte pour le peuple juif".
- Maigres chances -
La médiation de paix africaine, dont Pretoria avait annoncé le lancement le mois dernier, intervient en pleine intensification des combats sur le front et des bombardements russes sur les villes ukrainiennes.
Mais elle est affaiblie par la défection de dernière minute de certains de ses membres, et ses chances de succès sont minces selon plusieurs experts.
A Varsovie, des membres de la sécurité du président sud-africain qui devaient l'accompagner en Ukraine ont été retenus à leur arrivée à l'aéroport, provoquant un incident diplomatique et des accusations de "racisme" envers les autorités polonaises.
La mission africaine est la dernière initiative en date d'une série d'efforts diplomatiques jusqu'ici infructueux pour mettre fin au conflit.
L'Afrique est durement touchée par l'augmentation des prix des denrées alimentaires et les conséquences de la guerre sur le commerce mondial.
Critiquée pour sa proximité avec Moscou, l'Afrique du Sud refuse de condamner la Russie depuis le début de la guerre en Ukraine, affirmant tenir une position neutre et vouloir privilégier le dialogue.
Le Kremlin s'efforce d'attirer dans son camp les dirigeants africains en posant la Russie comme un rempart contre l'impérialisme occidental et en accusant l'Occident de bloquer avec ses sanctions les exportations de céréales et des engrais russes essentielles à l'Afrique.
L'Ukraine tente elle aussi de peser auprès des dirigeants africains, qui ont dénoncé l'invasion russe moins unanimement que les grandes puissances occidentales.
Les dirigeants africains "ne seront pas en mesure de nous offrir quoi que ce soit en termes de résolution de conflit", a estimé l'analyste politique ukrainien Anatoliy Oktysiouk, interrogé par l'AFP.
"Ils ne peuvent pas jouer un rôle de médiateurs.Ils ont peu de poids politique, ils n'ont aucune influence", a-t-il poursuivi.
PAR Le Réseau des Féministes du Sénégal
LE CORPS DES FEMMES, CET OBJET POLITIQUE
Nous assistons à l’expression d’une masculinité sénégalaise en parfaite hégémonie sous fonds de destruction et d’abus des femmes. Plus que jamais, nous affirmons notre détermination à ôter ce bâillon qui nous étouffe
Le 1er Juin 2023, la justice sénégalaise a finalement délibéré sur l'affaire Sweet Beauty, dans laquelle Adji Sarr, jeune femme employée de ce salon de massage, avait accusé de viol Ousmane Sonko, président du parti politique Pastef et candidat à la présidence en 2024.
L’accusé a été acquitté des menaces de mort, mais les accusations de viol ont été requalifiées en corruption de la jeunesse. Il a aussi été condamné à 2 ans de prison ferme et à verser 20 millions de FCFA à la victime Adji Sarr, de même que 600 000 FCFA à la justice, en guise de dommages et intérêts. Ndèye Khady Ndiaye, propriétaire du salon de massage, a elle été condamnée à 2 ans de prison ferme pour incitation à la débauche, le paiement d’une amende de 600 000 FCFA et la fermeture de son salon ordonnée.
À la suite de ce verdict, de violents troubles ont secoué le Sénégal pendant des jours occasionnant des morts, des viols de femmes, des saccages de biens publics et privés. Le bilan est macabre. On dénombre plus de 20 morts selon les sources officielles, 500 personnes arrêtées et 8 cas de violences sexuelles sur les femmes ont été rapportés, de même que de nombreux cas de disparitions de personnes. Nous nous inclinons devant ces pertes humaines et nous dénonçons la violence et le saccage des biens publics et privés.
Lecture féministe du verdict
Nous avons été troublées par ce verdict, que nous avons jugé ambigu et confus. Quel que soit l’angle de lecture, ce verdict vient porter un coup dur à la lutte pour les droits des femmes au Sénégal, tout particulièrement en ce qui concerne les acquis criminalisant le viol. Le viol n’est pas écarté, mais requalifié en corruption de la jeunesse. Toutefois, la nature malsaine des relations sexuelles que Ousmane Sonko a entretenues avec Adji Sarr est établie. Les juristes expliquent la corruption de la jeunesse comme étant une forme de contrainte morale ou de pression psychologique qu'un adulte impose à un jeune de moins de 21 ans. Au moment des faits, Adji Sarr était âgée de 19 ans et Ousmane Sonko, 46 ans. En raison du statut social précaire de Adji Sarr, ce verdict suggère qu'il y a eu des contacts sexuels illicites entre les deux, mais pas de viol.
Le viol est l'un des crimes les plus difficiles à prouver, dans un système juridique avec des institutions sexistes où le fardeau de la preuve repose sur les épaules des plaignantes. Les personnes qui croient en la parole des survivantes comme Adji Sarr, considèrent que les troubles et la notoriété de l’accusé ont joué en sa faveur pour une requalification des faits pour un crime passible de 10 ans d’emprisonnement. Le doute profite aux accusés certes. Cependant, la condamnation de Ndèye Khady Ndiaye vient renforcer le fait que le salon de massage n'était pas destiné à des activités licites, ce qui montre que l’accusé n'était pas là pour un simple massage comme il l’avait déclaré. Les services que le salon offrait comme “body-body, finitions” sont à connotation sexuelle. Certains disent qu'il ne s'agit pas d'un procès de moralité, cependant il convient de s’interroger sur le fait qu’un homme de 46 ans fréquente tard dans la nuit et durant un couvre-feu un endroit où une jeune femme de 19 ans, socialement et économiquement vulnérable, exerce un métier qui fait d’elle une proie facile.
Toute survivante qui ose briser le silence doit être crue et soutenue. Les autorités judiciaires (en majorité des hommes), semblent réticentes à appliquer la récente loi criminalisant le viol. Pour rappel, malgré des dizaines d’années de luttes des associations féminines, le viol était considéré comme un simple délit au Sénégal et la loi instaurant sa criminalisation a été promulguée en Janvier 2020, à la suite de plusieurs cas de viols suivis de meurtres. L’hésitation à l’application de la loi et la fréquence des requalifications d’accusations de viol en délits démontrent à quel point nos tribunaux sont réticents. Le viol est répandu et banalisé dans le pays et les hommes qui en sont accusés s'en tirent presque toujours à bon compte.
Toutes les discussions et les actes autour du procès, de même que le verdict, sont révélateurs de plusieurs réalités sociales au Sénégal, notamment la vulnérabilité de jeunes filles fragilisées par un système patriarcal qui se fortifie en les exploitant. Le processus de vulnérabilisation dans lequel sont mises des jeunes filles qui ont le profil de Adji Sarr, les inscrit au carrefour de plusieurs oppressions, au cœur desquelles nous retrouvons le sexisme, le classisme, et l’exploitation sexuelle. La détérioration des conditions de vie de la population fragilise particulièrement les jeunes et les femmes qui sont doublement impactées. Que ce soit dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’économie, de la représentation politique et dans les instances de prise de décision, les droits des femmes sont de plus en plus bafoués.
En utilisant cette affaire privée à des fins politiques, les deux camps, l’opposition comme le parti au pouvoir, se rejoignent sur un point : ils fragilisent la parole et le corps des femmes et accentuent leur asservissement dans une société foncièrement misogyne. Le pays tout entier est aujourd'hui pris en étau entre les caprices de deux hommes puissants. Et le mutisme du Président de la République sur la question du troisième mandat, porte préjudice aux femmes et accentue leur vulnérabilité, car cela a servi de prétexte à la politisation d’une affaire privée entre deux citoyens sénégalais. Le corps de Adji Sarr est ballotté entre les deux camps et il leur sert de punchingball.
Ce qui a été évident ces dernières semaines, c’est que nous avons assisté à un simb international misogyne au sein duquel les hommes s’engagent dans un duel de mots dans les médias, invisibilisant la survivante, en ignorant les faits initiaux. La violence endémique (aussi bien verbale que physique) contre les femmes et les filles est légion dans le pays. À l'heure actuelle, 36 jeunes filles âgées de 6 à 16 ans ont été abusées sexuellement par un maître coranique aux alentours de Touba. Il s’est rendu de lui-même aux autorités policières. La suite? Nous l’ignorons. Pendant ce temps-là, ses victimes vivent avec ce traumatisme. Nous recevons déjà les échos de leur marginalisation dans leur communauté où on les rend coupables de ce qui leur est arrivé.
Les féminicides sont de plus en plus nombreux, les violences de toutes natures prolifèrent, et pourtant peu osent briser le silence ou entamer une procédure judiciaire pour demander réparation. Si on y ajoute le récent durcissement (radicalisation) du discours politique et la fermeture de l'espace civique, on assiste à un avancement d’un discours masculin auto-centré où les doléances des femmes sénégalaises restent à la périphérie et ne sont pas prises en compte.
La banalisation du viol
On constate une banalisation endémique du viol au Sénégal et nombreux sont ceux qui, ignorent ce qu'est un viol . Dans l'imaginaire collectif, le viol est juste un flirt trop poussé, un consentement ignoré mais qui ne prête pas à conséquence. En se moquant de l'apparence de sa victime avec des propos abjects: "Si je devais violer, je ne violerais pas une guenon frappée d'AVC", Ousmane Sonko considère que l’agression sexuelle est une forme de flatterie, une faveur accordée à toute femme qui le mériterait. Au-delà de la caricature animalière et du validisme de ces mots, faut-il lui rappeler que le viol n'est ni romantique, ni même une affaire de sexe. Le viol est une question de pouvoir et de contrôle qui n'a rien à voir avec l'apparence de la victime. Autrement, ni les bébés, ni les petits enfants ne seraient violés !
Les accusations selon lesquelles Adji Sarr aurait été manipulée sont sexistes et infantilisantes. Ces allégations suggèrent que les femmes sont incapables d’elles-mêmes de formuler des accusations de viol. Ce discours renforce les stéréotypes sexistes et minimise la parole des femmes qui dénoncent des violences sexuelles. La valeur de la parole des survivantes de viol est aussi questionnée. À chaque fois qu’une survivante de viol arrive à dénoncer, ce sont des efforts physiques et psychologiques qu’elle a dû faire avant d’en arriver là. De même qu’il n’y a pas une figure typique de violeur, il n’y a pas un profil parfait de survivante. Chaque survivante a sa manière de vivre son traumatisme et de se reconstruire. Adji Raby Sarr ne fait pas exception. Monsieur Sonko, non plus, même s’il est affublé du sobriquet “mou sell mi”.
Le viol est une arme de domination et les femmes sont les premières à en payer le tribut. Durant les récents troubles, huit femmes ont été violées, trois étudiantes à l'université Assane Seck de Ziguinchor et cinq autres par des hommes encagoulés qui ont attaqué l'hôtel-bar Columbia à Diamniadio. Le corps des femmes est chosifié et fait partie du bien public à piller comme les commodités volées lors des manifestations, corvéable à merci et consommable à volonté.
Le traitement médiatique de ces deux dernières années a aussi révélé son lot de misogynie. Dans une tribune antérieure, nous alertions déjà sur la représentation et le traitement des violences sur les corps des femmes dans la presse sénégalaise . Le sensationnalisme, le racolage et le voyeurisme sont la règle pour traiter des violences sexuelles.
La chasse aux féministes
Ce verdict a renforcé la précarité des féministes qui ont soutenu la prise de parole de Adji Sarr. Aujourd'hui, la croire, c'est s'exposer à la lapidation et aux menaces. Durant les troubles du 1er et 2 juin 2023, des jeunes manifestants ont rudoyé une militante des droits des femmes. De même, des noms et des photos de plusieurs féministes sénégalaises ont été diffusés sur les réseaux sociaux, incitant à leur traque. Les féministes sont comme mises au ban de la nation, exclues pour avoir eu l'outrecuidance d'exercer un tant soit peu leur esprit critique en refusant de répondre à l'injonction au silence. Ce sont là des logiques de silenciation classiques auxquelles les féministes sont quotidiennement confrontées, aussi bien dans la sphère publique que privée. L’hostilité de l’espace public sénégalais aux discours et actions féministes est une réalité prégnante depuis plusieurs années. Le refus de la perte des privilèges masculins a installé un climat délétère.
Il est tout de même paradoxal que dans d’autres cas d’abus sexuels, la société fait appel aux féministes. Mais dans l’affaire Sweet Beauty, les féministes sont attaquées, car elles mettent la parole d’Ousmane Sonko en doute. Les militantes, de même que les chercheuses autour des questions de genre sont utilisées comme une arme à double tranchant. On recherche souvent leur expertise, tout en discréditant leur parole.
La voix des femmes doit aujourd'hui se libérer de cette gangue dans laquelle l'a emprisonnée le vacarme des politiciens assoiffés de pouvoir. Les faits autour de l’affaire Sweet Beauty doivent être rapportés dans leur implacable vérité, nonobstant les suppositions, les préjugés, les à priori et les stéréotypes. Leur chronologie ne laisse aucun doute pour un esprit libre. Une affaire privée a été instrumentalisée à des fins politiciennes pour éviter à un leader politique d'avoir à répondre de ses actes. Que cette même affaire ait servi à l'autre camp pour éliminer un adversaire politique, c'est fort possible compte tenu de l'histoire récente du pays. En amalgamant la politique et les affaires privées, les politiciens ont réussi à fragiliser la parole et le corps des femmes désormais jetés en pâture aux instincts les plus féroces d'une société foncièrement misogyne qui ne reconnaît aux femmes que le droit au silence.
Ce que veulent les féministes
Nous voulons un pays plus égalitaire où la paix, la justice et la dignité seront pour tous.tes les citoyen.nes. Nous demandons :
- La mise en place de politiques qui prennent en compte toutes les couches sociales
- Le renforcement de la sécurité des femmes et des enfants
- L’application totale de la loi 20.05, portant sur la criminalisation du viol et de la pédophilie
- La confidentialité des données personnelles des survivantes
- L’implantation de tribunaux spécialisés pour juger les auteurs d’agressions sexuelles
- Une prise en charge holistique effective et gratuite qui englobe une intervention médicale, psychosociale et juridique, de même qu’une prévention et une réponse centrées autour des survivantes
- Une révision des manuels de formation de toutes les personnes impliquées dans la prise en charge des survivantes pour renforcer leur capacité à apporter des réponses adaptées aux traumatismes
- Une formation plus rigoureuse de la presse au traitement médiatique des questions de violences sexuelles et sexistes
Compte tenu de l’ampleur de la crise que traverse le pays, nous demandons au Président de la République Macky Sall de s’adresser directement au peuple et de clarifier ses intentions quant au troisième mandat.
L'exception sénégalaise comme exemple de démocratie en Afrique n'est qu'un mirage. Elle s’est construite au détriment des femmes qui n'ont pas exprimé les souffrances qu'elles subissent quotidiennement dans une société hypocrite dans sa façon de traiter les femmes et les enfants. Nous assistons à l’expression d’une masculinité sénégalaise en parfaite hégémonie sous fonds de destruction et d’abus des femmes. Plus que jamais, nous affirmons notre détermination à ôter ce bâillon qui nous étouffe. Rien ni personne ne réussira à nous exclure de cette nation. Citoyennes à part entière, nous entendons bien exercer nos droits et accomplir nos devoirs sans céder aux terroristes des idées et aux mercenaires de la plume. Nous dénoncerons tous les abus, toutes les exactions, tous les excès, tous les viols et surtout nous n'abandonnerons jamais notre esprit critique qui fait de nous des femmes libres qui n'ont aucun besoin de maîtres à penser.
par Bocar Ndaw
LES BRISURES DE L'UNIVERSITÉ
Les étudiants se retrouvent dans une situation précaire, avec une formation insuffisante et peu d'opportunités d'emploi. Les perspectives d'avenir sont sombres
Les événements qui ont secoué l'Université Cheikh Anta Diop le 1er juin resteront à jamais gravés dans nos mémoires. Nos cœurs se serrent lorsque nous repensons à cette journée sombre, où les flammes de la colère et de la violence ont englouti les couloirs où nous avons tant appris. Ce fut une véritable tragédie, une déchirure dans le tissu même de l'éducation au Sénégal.
Dans cette nation qui prétendait placer l'éducation au sommet de ses priorités, il est triste de constater le manque de respect flagrant envers les étudiants et leur avenir. Les autorités, préoccupées par les jeux de pouvoir politiques, ont négligé les besoins essentiels de ceux qui étaient censés être les gardiens du savoir. Les conséquences sont terribles, se répercutant bien au-delà des murs fissurés de notre institution.
Il est facile de pointer du doigt la décision de reprendre les cours en ligne comme une solution rapide et pratique, mais elle est loin de refléter les véritables enjeux auxquels nous sommes confrontés. En prétendant se soucier de notre sécurité, les autorités ont oublié que l'éducation ne se limite pas à des bâtiments en ruines. L'éducation est un éveil des esprits, une exploration de l'inconnu, une communion entre étudiants et enseignants. Comment pouvons-nous espérer cultiver ces précieuses étincelles d'apprentissage à travers des écrans froids et distants ?
Pire encore, cette décision ignore les réalités de notre pays. Le Sénégal, bien qu'en voie de développement, fait face à des défis considérables en matière d'accessibilité numérique. Pour beaucoup d'entre nous, Internet est un luxe inaccessible, une porte fermée à clé vers le monde du savoir. Comment pouvons-nous nous élever lorsque les outils nécessaires à notre émancipation sont hors de portée ? Les autorités doivent reconnaître que l'éducation est un droit fondamental qui ne peut être compromis par des décisions prises dans l'indifférence.
Mais ce qui m'attriste le plus, c'est l'absence de représentation étudiante digne de ce nom. Depuis trop longtemps, nos voix ont été muselées, étouffées par des intérêts politiques égoïstes. Les représentants étudiants, supposés être nos porte-paroles, ont été réduits à de simples marionnettes manipulées par les fils invisibles du pouvoir. Comment pouvons-nous espérer être entendus lorsque ceux qui prétendent nous représenter ne sont en réalité que des pions dans un jeu politique sans fin ?
Les autorités universitaires doivent prendre conscience de l'urgence de la situation. Elles doivent écouter nos revendications, nos inquiétudes, nos espoirs brisés. L'éducation ne peut pas être sacrifiée sur l'autel de l'indifférence politique. Nous sommes l'avenir de ce pays, les porteurs de lumière dans un monde assombri par l'ignorance. Nous méritons mieux que des promesses vides et des décisions prises à la hâte.
L'avenir incertain des étudiants sénégalais ?
L'avenir des étudiants sénégalais est enveloppé d'une épaisse brume d'incertitude, les plongeant dans l'angoisse et le questionnement. Alors que nous avançons sur le chemin de notre éducation, nous nous demandons quelles opportunités nous attendent sur le marché du travail. Malheureusement, la réalité actuelle ne laisse que peu de place à l'optimisme.
Le marché du travail au Sénégal est hautement compétitif et exige des compétences spécifiques pour réussir. Cependant, la formation que nous recevons à l'université ne parvient souvent pas à répondre aux exigences du monde professionnel. Les programmes académiques sont souvent déconnectés des besoins réels du marché, ce qui laisse les diplômés sans les compétences nécessaires pour s'adapter et réussir dans leur domaine d'expertise.
De plus, la qualité de l'enseignement dans de nombreuses institutions sénégalaises est en deçà des normes attendues. Les ressources limitées, les effectifs pléthoriques et les infrastructures vétustes entravent notre capacité à acquérir une éducation de qualité. Les enseignants, souvent surchargés de travail, n'ont pas toujours le temps ou les moyens de dispenser un enseignement individualisé et de fournir un encadrement adéquat aux étudiants. Cette situation précaire compromet notre développement académique et professionnel, laissant peu d'espoir quant à notre préparation pour les défis du monde du travail.
En outre, les outils d'enseignement et les technologies disponibles sont souvent insuffisants. Les laboratoires et les équipements scientifiques, nécessaires pour une formation pratique et expérimentale, sont souvent obsolètes ou inexistants. Les étudiants des filières scientifiques sont particulièrement touchés par ce manque de ressources, ce qui limite leur capacité à développer les compétences pratiques nécessaires dans leurs domaines respectifs.
En conséquence, les étudiants se retrouvent dans une situation précaire, avec une formation insuffisante et peu d'opportunités d'emploi. Les perspectives d'avenir sont sombres, car de nombreux diplômés peinent à trouver un emploi correspondant à leurs compétences et à leurs aspirations. Les taux de chômage élevés parmi les jeunes diplômés témoignent de cette réalité amère.
Face à ces défis, il est impératif que les autorités éducatives sénégalaises prennent des mesures urgentes et significatives pour garantir un avenir plus prometteur aux étudiants. Des réformes structurelles sont nécessaires pour aligner les programmes académiques sur les besoins du marché du travail et pour renforcer la qualité de l'enseignement. Des investissements adéquats dans les infrastructures, les laboratoires et les équipements sont indispensables pour offrir une formation pratique de qualité.
Il est également essentiel de favoriser une collaboration étroite entre les universités et les acteurs économiques, afin de garantir que les compétences enseignées correspondent aux besoins réels des employeurs. Des programmes de stages et d'apprentissage en entreprise doivent être développés pour offrir aux étudiants une expérience professionnelle concrète et les préparer à la réalité du monde du travail.
par Abdoulaye Tine
LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT MACKY SALL
Sonko vit actuellement une torture blanche dont les conséquences à long terme sont encore souvent plus effroyables que celles induites par la torture physique. Est-il nécessaire de dire qu’étant le président, vous êtes le garant de notre démocratie ?
Monsieur le président de la République, Je vous écris aujourd’hui avec une profonde préoccupation concernant la situation et l’avenir de notre pays. En tant que citoyen sénégalais, j’observe, encore une fois, les dérives et violations faites à notre démocratie sous votre autorité.
Je constate avec consternation la détention illégale de M. Ousmane Sonko, depuis le dimanche 28 mai 2023.
M. Sonko est actuellement retenu contre sa volonté dans sa résidence, privé de tout moyen de communication et sans que ses avocats ne puissent lui rendre visite.
Nous sommes ici en présence d’un citoyen détenu sans base légale. Cet état de fait constitue une détention arbitraire mais également un acte de torture psychologique.
En effet, M. Sonko vit actuellement ce que l'on appelle une torture blanche. Les conséquences à long terme de cette forme de torture sont encore souvent plus effroyables que celles induites par la torture physique. Ses formes sont multiples, allant de l’absence de tout contact humain avec l’extérieur à la privation d’interaction sociale voire à des humiliations.
D’une part, de tels agissements portent une atteinte grave aux valeurs fondamentales des droits de l’homme : liberté de mouvement, droit à l’intégrité physique et corporelle, droit à la sécurité et à la sûreté…
Je vous rappelle que le Sénégal est signataire de la convention de 1984 des Nations Unis sur l’interdiction de la torture, dont vous êtes le garant du respect des dispositions.
D’autre part, il est essentiel dans notre pays de préserver un environnement où toutes les voix peuvent s’exprimer et où l’opposition peut jouer son rôle vital de contrôle et d’équilibre du pouvoir. M. Sonko est certes une figure politique de l’opposition, mais il est avant tout un citoyen sénégalais. Quelques soient ses idées politiques, il ne peut être privé de l’exercice de ses droits.
Dois-je vous rappeler, qu’en votre qualité de chef de l’état, vous avez la responsabilité d'assurer l'égalité des droits et de favoriser un climat propice à la consolidation de la paix sociale actuellement mise à rude épreuve ? Est-il nécessaire de dire qu’étant le président de la République, vous êtes le garant de notre démocratie ? Ou de préciser que vous n’en êtes que le gardien et non le détenteur.
Fervent défenseur des principes démocratiques, j’ai toujours dénoncé et combattu les mauvaises pratiques. J’ai à de nombreuses reprises attiré votre attention sur ces déviances. Aujourd’hui, mon engagement en faveur de la démocratie et de la pluralité politique demeure inébranlable et motive cette lettre ouverte.
Monsieur le président, je vous exhorte donc à prendre des mesures immédiates :
- la levée sans délai du blocus illégal et injustifié du domicile de M. Sonko ;
Et dans un souci de transparence et de respect des principes démocratiques ;
-la présentation par les autorités compétentes, dans les 48 heures, des bases légales de cette détention, si elles existent bien. Faute de quoi, nous n’aurons autre possibilité que de mettre en œuvre les voies de recours juridiques et politiques appropriés pour faire cesser cette situation et garantir le respect des valeurs démocratiques et de l’état de droit.
Il n’est pas inutile de préciser que de tels faits sont évidemment de nature à engager la responsabilité pénale personnelle des commendataires et des exécutants, et ceci sur le fondement du principe de la compétence universelle.
Je n'ai nul doute, qu'au nom du respect de la légalité, vous condamnerez cette regrettable situation et qu’en conséquence, vous ordonnerez la levée immédiate de ce siège.
Je resterai vigilant, aux côtés du peuple sénégalais contre toute dérive, pour préserver l’intégrité de notre démocratie et défendre les droits de tous les citoyens. »
M. Abdoulaye Tine est président du parti USL, candidat à la présidentielle 2024.
par Ousmane Kamara
UN PEUPLE, UN BUT, UNE FOI
. Il est essentiel de reconnaître que le dialogue, la compréhension mutuelle et le respect des droits de chacun sont les fondements d'une société harmonieuse et prospère
En ces temps difficiles, il convient tout d'abord de nous incliner respectueusement devant nos morts et d'avoir une pensée sincère pour leurs familles endeuillées. Les récentes émeutes au Sénégal ont entraîné la perte tragique de vies humaines, et il est crucial d'exprimer notre solidarité et notre empathie envers ceux qui ont perdu des êtres chers.
Face à cette situation délicate, nous lançons un appel à la paix, à la retenue et à la non-violence. Il est essentiel de reconnaître que le dialogue, la compréhension mutuelle et le respect des droits de chacun sont les fondements d'une société harmonieuse et prospère.
Nous comprenons les frustrations, les préoccupations et les aspirations légitimes qui animent notre jeunesse et l'ensemble de la population sénégalaise. Nous croyons fermement en la valeur de l'expression pacifique et démocratique de ces préoccupations, car c'est par le dialogue constructif que nous pourrons trouver des solutions durables aux défis qui nous font face.
Nous encourageons les autorités à engager un dialogue ouvert et inclusif avec toutes les parties prenantes, en tenant compte des diverses opinions et perspectives de notre société. Il est important de créer des espaces de débat et de discussion où chacun se sent écouté et respecté.
En tant que citoyens responsables, il est de notre devoir de rejeter la violence et de rechercher des solutions pacifiques. Les actes de vandalisme, les destructions et les violences ne font qu'aggraver les souffrances et compromettre notre avenir collectif.
Nous devons également nous rappeler que la réconciliation et la guérison des blessures nécessitent du temps, de la patience et un engagement sincère envers le bien-être de notre nation. Cela demande également un effort collectif pour reconstruire la confiance et favoriser l'inclusion sociale, économique et politique.
Ensemble, travaillons à préserver la paix, à renforcer notre démocratie et à bâtir un Sénégal où règnent la justice, la prospérité et l'harmonie. Que la mémoire de ceux que nous avons perdus nous rappelle la valeur inestimable de la vie et nous inspire à construire un avenir meilleur.
Que la paix et le calme reviennent dans notre cher Sénégal.
Que Dieu bénisse le Sénégal et son peuple.
LA PRESSE N'EN PEUT PLUS
La semaine prochaine sera capitale pour les journalistes sénégalais. Face aux agressions multiples que subissent la corporation et ses membres, la CAP appelle ses membres à une ‘’journée sans presse’’ vendredi 23 juin 2023
La semaine prochaine sera capitale pour les journalistes sénégalais, indique la Coordination des associations de presse du Sénégal au cours d’une conférence de presse tenue ce matin à Dakar. Face aux agressions multiples que subissent la corporation et ses membres, la CAP appelle ses membres à une ‘’journée sans presse’’ vendredi 23 juin 2023. Auparavant, elle partagera ce lundi un Édito avec le public et tiendra le mercredi suivant un Conseil des médias pour exprimer son ras-le-bol général.
"Mesdames et messieurs, chers compatriotes,
chères consœurs, chers confrères
Si nous étions un peu trop pessimistes, nous aurions pu démarrer cette conférence de presse avec une minute de silence. Une minute de silence à la mémoire de la liberté de la presse au Sénégal. Rarement, depuis des décennies, la presse n’a autant été agressée dans ce pays. C’est à se demander ce que les professionnels des médias ont fait pour mériter un tel acharnement.
Croyez-nous, cet acharnement dépasse le fait de mettre des journalistes en prison, de couper un signal, même si ces derniers actes en sont les manifestations les plus abjectes, les plus inadmissibles. C’est pourquoi nous demandons, nous exigeons, la fin immédiate de ces brimades et agressions contre les professionnels des médias, exigeons la libération de tous les journalistes mis en prison pour des délits liés à l’exercice de leur profession.
Mais cet acharnement se manifeste également par une volonté sans précédent de museler la presse à travers l’arme sournoise de la fiscalité et un refus indéniable de donner à la presse les moyens de son indépendance.
A travers ces actes, le gouvernement n’a réussi qu’une seule chose : affaiblir davantage la presse, la rendre encore plus vulnérable et donner des arguments à ses ennemis et aux ennemis de la démocratie.
Lors d’un sit-in organisé le 3 Mai 2021, devant les locaux du ministère de tutelle, la CAP alertait déjà sur les dangers qui guettaient le secteur et que nous vivons présentement. Aujourd’hui, nous avons atteint le point culminant et il est temps de dire : STOP. La presse n’en peut plus.
La presse n’en peut plus d’endurer ces tenailles faites de coups de Jarnac insupportables du pouvoir mais aussi d’une tyrannie de la pensée unique et du nombre.
La presse n’en peut plus d’être tout le temps la cible de la répression aveugle des forces de défense et de sécurité sur le terrain ;
La presse n’en peut plus de voir ses membres envoyés en prison pour raisons aussi fallacieuses que saugrenues.
La presse n’en peut plus d’être livrée à la vindicte populaire par des politiciens manipulateurs, qui utilisent les faiblesses de ce secteur non pas pour y remédier, mais pour assouvir leur désir obsessionnel de conquérir le pouvoir par tous les moyens.
Nous exigeons du gouvernement qu’il enlève son genou du cou de la presse. La presse sénégalaise ne respire plus. Nous avons honte de regarder en face nos frères et sœurs africains qui venaient souvent ici pour se ressourcer, pour prendre des exemples. Aujourd’hui, nous sommes la risée de tout le monde à cause de ce recul sans précédent qui accable le secteur.
Mesdames et messieurs, chers compatriotes,
chères consœurs, chers confrères
Permettez-nous de lancer un dernier appel à l’endroit de la population sénégalaise, notre seule raison d’être. Les temps sont certes complexes, la situation très tendue, votre confiance sérieusement ébranlée, nous ne l’ignorons pas, nous sommes conscients de vos attentes et de nos tares présentement. Nous ne cessons de remettre en cause nos pratiques, l’environnement et les conditions. Nous sommes ainsi dans la perspective de solutions concertées pouvant améliorer le devenir des médias mais surtout façonner la société sénégalaise pour la rendre meilleure, nous nous engageons à faire tout ce qui est possible pour remplir comme il se doit notre mission sacerdotale : informer juste et vraie.
Chères consoeurs, chers confrères,
Nous professionnels sommes aujourd’hui entre le marteau du pouvoir et l’enclume de l’opposition. Un journaliste ou une rédaction critique ou à cheval sur les principes fondamentaux du métier est accusé de pro ou anti. C’est pour cette raison que nous appelons la population, les différentes composantes des médias à ne pas courber l’échine, à ne pas faire attention à ces pyromanes qui veulent vous faire croire que tel média est corrompu, tel autre est partisan….
Ne nous demandez pas de prendre partie pour Jean ou Paul. Ce n’est pas notre rôle.
Le bon professionnel des médias ne prête pas attention à ces cris d’orfraie.
Le bon professionnel des médias met la vérité et les faits au dessus de toute autre considération comme nous y engage l’article 1 de la Charte des journalistes du Sénégal;
Le bon professionnel des médias est là pour servir l’intérêt général, pas des intérêts partisans.
Nous ne sommes pas infaillibles. Nous ne sommes pas à l’abri des erreurs, nous demandons juste votre indulgence, votre confiance. S’il y’a des manquements qui méritent d’être sanctionnés, nous nous engageons à travers le CORED à sévir de la manière la plus ferme.
Regardez la presse à l’image de vos propres familles, de votre entourage, vous ne pouvez pas toujours avoir les mêmes positions sur tous les sujets, surtout sur la politique. Cela ne veut pas dire que l’autre est corrompu ou non vertueux. Une rédaction, une entreprise de presse, c’est la même chose. Nous avons juste des limites, liées aux règles d’éthique et de déontologie qui régissent notre profession.
Vous nous permettrez enfin, de condamner de la manière la plus ferme, les derniers actes de vandalisme perpétrés contre le CESTI, des actes innommables et indignes de patriotes.
Face aux attaques, agressions et tentatives de musellement de part et d’autre, la CAP demande à tous les professionnels de s’ériger en boucliers et de faire face. La semaine prochaine est cruciale pour ce combat pour la liberté de la presse. En effet, nous allons lancer cette lutte par un Edito commun qui sera publié le lundi dans tous les supports. Nous en ferons une version française et wolof pour la presse audiovisuelle. Le mercredi, nous tiendrons notre traditionnel Conseil des médias ici à la Maison de la presse avant de terminer par une Journée sans presse le vendredi. Nous avons aussi prévu une Grande Marche nationale au mois de juillet.
Pour la réussite de ce plan d’action, nous prendrons toutes les dispositions nécessaires avec toutes les composantes de la presse pour que cette fois-ci que les thuriféraires ne pointent pas notre division ou nos divergences.