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25 juin 2025
MULTIPLE PHOTOS
UNE VEILLE DE KORITÉ TRÈS TENDUE
Le marché est dans tous ses états à quelques heures de la célébration de la fête de l’Eid el fitr dite Korité au Sénégal. La cherté des prix est sur toutes les lèvres. Reportage au marché Tilène situé au cœur du populeux quartier de la Médina.
Le marché est dans tous ses états à quelques heures de la célébration de la fête de l’Eid el fitr dite Korité au Sénégal. La cherté des prix est sur toutes les lèvres. Reportage au marché Tilène situé au cœur du populeux quartier de la Médina.
Mamadou Pouye, trouvé à l’angle de l’une des entrées du marché, semble déboussolé. Tout en sueur, le monsieur en chemise bleu et pantalon sombre, s’essuie le visage à l’aide d’un mouchoir rose. Un écouteur scotché à l’oreille, un autre pendant, il nous renseigne qu’il vient de terminer ses courses. Venu avec 50 000 F CFA, il a presque tout dépensé.
“C’est la première fois que je fais ça. Mais, j’ai comme l’impression que je me suis fait avoir parce que je suis un homme. J’étais venu avec 50 000 F CFA mais, il ne me reste presque plus rien. Que de la monnaie. Je n’ai pu avoir que 10 kilos de pommes de terre, 10 kilos d’oignon, et cinq poulets, à 4500 F CFA, l’unité”, liste-t-il, d’un ton amer.
Tous ses produits, un sac contenant les pommes de terre et les oignons, et un sachet pour les poulets, tiennent sur le Tiak Tiak qu’il a commandé. Pouye aurait souhaité en acheter plus avant de rallier Thiès où il compte célébrer la fête.
Astou Sène, qui vient de se faire tatouer les sourcils, se protège comme elle peut de la poussière ambiante. C’est le visage presque caché sous son foulard blanc qu’elle a répondu à nos questions. Ce, pour se lamenter sur la cherté des prix. Pour son cas, elle devra revenir pour continuer les achats. Les 25 000 F CFA dont elle s’était munie n’ont servi qu’à acheter un demi sac d’oignons à 5000 F CFA, le même prix pour le demi sac de pommes de terre, et d’autres condiments. “Je suis obligée de revenir pour les autres ingrédients accompagnants la sauce”, dit-elle.
Fatou Laye quitte le marché d’un pas pressé. “Marché bi deffa saf sap (c’est trop cher). Pour 20 000 F CFA, je n’ai pu acheter que de la pomme de terre, et la famille verte pour le nokoss. C’est vraiment abusé. Il me reste beaucoup de choses à acheter”.
Le constat est aussi fait que malgré des craintes sur sa disponibilité, le poulet est bien présent. Toutefois, fait savoir Issa Sari, vendeur, “il y en a mais pas comme d’habitude. Les stocks sont limités”. Il explique cette situation par la cherté de l’aliment de volaille. “Avant, on achetait le sac entre 14 000 et 14 500 F CFA. Maintenant, le prix a grimpé à 20 000 F CFA. Ce qui fait que certains ne souhaitent plus investir dans le secteur du fait du risque de vendre à perte”.
D’ailleurs, souligne notre interlocuteur, en raison du contexte économique, les clients viennent au compte-gouttes.
MULTIPLE PHOTOS
REMISE DES PHOTOS DE SERIGNE TOUBA AU KHALIFE GÉNÉRAL DES MOURIDES
Le Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, a reçu ce mercredi 19 avril 2023, dans sa résidence de Darou Minane, le Collectif de disciples qui a récemment acquis les photographies de Cheikh A. Bamba en France.
Le Khalife général des mourides, Serigne Mountakha Mbacké, a reçu ce mercredi 19 avril 2023, dans sa résidence de Darou Minane, le Collectif de disciples qui a récemment acquis les photographies de Cheikh A. Bamba en France. Les originaux desdites photographies ont été officiellement remis, en mains propres, au Saint homme, devant les dignitaires de la communauté mouride, dont Serigne Bassirou Mbacké Abdou Khadre (porte-parole du Khalife).
Prenant la parole au nom du Collectif, S. Chérif Mbacké Falilou et S. Khadim Ngom ont tour à tour magnifié l’œuvre multidimensionnelle de Serigne Mountakha pour la préservation du legs de Khadimou Rassoul et celui du patrimoine matériel et immatériel de l’Islam, de la communauté mouride et du Sénégal. Œuvre matérialisée, de façon remarquable, par la récente édification de l’Université de Touba, sur fonds propres, son attitude historique de résilience durant la Covid-19 et d’autres initiatives majeures du patriarche de Darou Minane au sein desquelles s’inscrit, selon eux, l’acquisition des photographies de Serigne Touba.
Les représentants du Collectif (composé de Dahiras, de dignitaires religieux, de chercheurs, de professionnels, de diplomates, etc.) ont rappelé, devant le Khalife, le long processus de mobilisation, de coordination et d’expertise scientifique ayant abouti à l’authentification définitive et à l’acquisition de ces photos historiques, représentant la pose de la première pierre de la mosquée de Diourbel en 1918. Ils ont ainsi évoqué leur ferme volonté depuis toujours d’en faire un patrimoine commun et inaliénable de la communauté mouride et du Sénégal, réaffirmée après l’achat, le 8 mars 2023, aux enchères de la maison De Baecque et Associés de Lyon (France) au coût de 40 millions CFA (60.000 Euros). Des témoignages et des remerciements ont été ensuite adressés, devant le Khalife, à l’ensemble des membres du Collectif, présents ou absents. En l’occurrence : S. E. M. El Hadj Maguatte Seye (Ambassadeur du Sénégal en France), Me Moussa Mbacké (Notaire), S. A. Aziz Mbacké Majalis (Chercheur), S. Cheikh A. Ahad Mbacké Gaïndé Fatma, S. Falilou Mbacké (Coordonateur), S. Mbackiyou Faye (Représentant du Khalife à Dakar), la Fédération nationale des mourides de France (représentée par son président, S. Bamba Thiam, et d’autres membres, S. Ibrahima Kandji, S. Idrissa Dia, S. Omar Ba, etc.), S. Moustapha Sow (Financier), S. Pape Birane Dieng, etc.
Prenant la parole, Serigne Mountakha a exprimé une forte émotion et a manifesté sa profonde gratitude à l’endroit des membres du Collectif pour leur engagement et leur détermination sans faille au service de l’Islam et de Serigne Touba (Khidma). Le Khalife, en magnifiant l’acquisition de ces précieux éléments de notre patrimoine, a rappelé que cette voie du « pastéef » était la seule à même d’assurer aux disciples la félicité dans les deux mondes. Et qu’une meilleure connaissance de l’œuvre et des faveurs insignes de Khadimou Rassoul, un Bienfait incomparable du Seigneur Tout-Puissant, serait bénéfique à l’humanité toute entière. Un discours poignant qui a ému toute l’assistance !
Les six (06) originaux des photographies, en même temps que les rapport d’expertise attestant de leur authenticité matérielle et spécifiant leurs conditions de conservation (élaborés par deux experts mondiaux indépendants, M. Christophe Goeury et Mme Françoise Ploye), accompagnés de reproductions grands formats, ont été ensuite solennellement remis au Khalife des mourides. Celui-ci a, par la suite, confié, séance tenante, les originaux à son frère, S. Chérif Mbacké Falilou, un des leaders du Collectif et en même temps initiateur du musée du Mouridisme, pour leur conservation. Les copies en grand format ayant été confiées par Serigne Mountakha à S. Youssou Diop, responsable moral de Hizbut Tarqiyah, afin d’être exposées dans la future maison des Khassidas en train d’être parachevée au sein du Complexe Cheikh Ahmadal Khadim de Touba.
Le Collectif a prévu, avec le Ndigeul du Khalife, de mettre à disposition d’autres exemplaires (originaux ou copies) de ces photographies qui pourront ainsi être exposées dans d’autres musées et lieux d’exposition du Sénégal et du monde entier.
L’OBSERVATION DU CROISSANT LUNAIRE RISQUE D’ÊTRE IMPOSSIBLE CE JEUDI
Une partie des sénégalais pourrait fêter la Korité le samedi 22 avril au Sénégal. Parce que, selon l’Agence Sénégalaise de Promotion Astronomique, il y’aura une éclipse solaire prévue le jeudi 20 avril ce qui pourrait comromettre l'observation de la lune.
Une partie des sénégalais pourrait fêter la Korité le samedi 22 avril au Sénégal. Parce que, selon l’Agence Sénégalaise de Promotion Astronomique, il y’aura une éclipse solaire prévue le jeudi 20 avril et l’observation du croissant lunaire ce jour-là risque d’être impossible. « Jeudi 20 Avril, la lune se couchera à 19h 53 mn alors que le soleil se couchera à 19h23. Elle aura 15h avec une élongation de 7 et une visibilité de 0,52%. La lune ne sera pas observable dans ces conditions à l’œil nu », indique le communiqué. Et de renseigner que le vendredi 21 avril, " la lune se couchera à 20 h 49 mn, soit 1 h 19 mn après le coucher du Soleil, qui se couche à 19 h 23 mn. La Lune sera alors âgée de 1 jour, 16 h et 37 mn, et sa surface éclairée sera de 3,24 %. Le croissant lunaire devrait être observable à l’œil nu au Sénégal, partout où le ciel est bien dégagé ».
SADIO MANÉ N’A PAS SUFFI, LE BAYERN VERS UNE CRISE DE FIN DE SAISON
Le Bayern et Manchester City se sont quittés sur un match nul (1-1) qui hisse les hommes de Pep Guardiola en demi-finale de Ligue des Champions où ils affronteront le Real Madrid.
Le Bayern et Manchester City se sont quittés sur un match nul (1-1) qui hisse les hommes de Pep Guardiola en demi-finale de Ligue des Champions où ils affronteront le Real Madrid.
Espéré comme titulaire en sa qualité de bourreau des Citizens, Sadio Mané a été laissé sur le banc par Thomas Tuchel comme lors du match aller. L’international sénégalais a assisté du le banc au manque de réussite de son équipe qui s’est heurtée à une bonne défense de Manchester City mais aussi sur un Ederson en réussite. Un manque de réalisme qui a coûté cher puisque l’attaquant norvégien de City, Erling Haaland, trouvera le chemin des filets d’une frappe du gauche à la 57ème minute après avoir raté un penalty à la 37ème minute.
L’entraineur allemand Thomas Tuchel ne fera entrer en jeu Sadio Mané qu’à la 64ème minute à la place de… Leroy Sané, avec lequel il avait eu une altercation lors du match aller. La poignée de main glaciale au moment du changement pouvait être interprétée comme un signe d’une cassure entre les deux joueurs originaires du Sénégal.
A son entrée, Mané a tenté tant bien que mal d’apporter un plus à une attaque munichoise peu en réussite. Il aura touché 17 ballons en près de 30 minutes et a même provoqué le penalty de l’égalisation du Bayern. Son centre a été contré par la main d’Akandji et l’arbitre Clément Turpin a désigné le point de penalty après consultation de la Var.
Un penalty transformé par Joshua Kimmich (83ème minute) mais qui sera insuffisant pour une équipe du Bayern qui a été battue (3-0) à l’aller. La reprise de Mané qui est passée à côté des buts dans les arrêts de jeu a été comme le symbole d’une attaque bavaroise impuissante. Avec ce nul (1-1), le Bayern Munich quitte encore la C1 en quarts de finale et n’a désormais que la Bundesliga comme unique chance de trophée cette saison.
Sadio n'est pas resté saluer les supporters...
Pour sa part, le Sénégalais Sadio Mané a raté son opération rachat devant son public à l’occasion de ce grand rendez-vous européen. Très peu mis a contribution, il devra patienter pour tenir son match référence qui pourrait servir de déclic. Directement rentré aux vestiaires sans aller saluer les supporters comme l’ont fait ses coéquipiers, "Nianthio" risque même de faire face à une autre polémique.
Il lui faudra, désormais, chercher à terminer en beauté cette saison où il compte 11 buts et 5 passes décisives en 32 matchs. Il n’a que 6 matchs de Bundesliga pour améliorer ses statistiques et retrouver une confiance perdue depuis sa blessure, en novembre dernier.
RIXE ENTRE FORCES DE L'ORDRE ET POLICIERS, LE MEN AU CHEVET DES ELEVES BLESSES
Le ministre de l’Éducation nationale, Dr Cheikh Oumar Anne, s’est rendu à l’hôpital Abass Ndao, mercredi après la coupure du jeûne, au chevet de l’élève El Hadj Bocar Wone, blessé lors des échauffourées entre Forces de l’ordre et élèves le lundi dernier.
Le ministre de l’Éducation nationale, Dr Cheikh Oumar Anne, s’est rendu à l’hôpital Abass Ndao, mercredi après la coupure du jeûne, au chevet de l’élève El Hadj Bocar WONE, blessé lors des échauffourées entre Forces de l’ordre et élèves le lundi dernier.
Le Ministre a tenu à venir, au nom de l’État, rassurer la famille et lui témoigner sa solidarité, en compagnie de son conseiller technique en communication, son attaché de cabinet, de l’Inspecteur d’académie de Dakar et du Proviseur du lycée Blaise Diagne ; en présence du Directeur de la structure hospitalière.
À l’occasion, Cheikh Oumar Anne a réitéré l’engagement de l’État à accompagner le jeune El Hadj Bocar Wone dans sa prise en charge médicale et dans la poursuite de ses études. En outre, il a remercié le Professeur et le personnel de la clinique ophtalmologique pour la diligence et le professionnalisme dont ils font montre, l’Inspecteur d’académie et ses collaborateurs pour la réactivité dans le traitement et le suivi du dossier.
Selon le communiqué, le père de l’élève qui a remercié le Ministre pour sa démarche avant de réitérer sa confiance vis-à-vis de l’Etat. Une attitude saluée par le ministre.
À QUI PROFITERA LA RÉUNIFICATION DE LA GAUCHE PLURIELLE ?
Des partis de Gauche affiliés à la mouvance présidentielle se positionnent. Et le Comité d’initiative pour la réunification s’affaire autour de la tenue des Assises de la gauche plurielle
Des partis de Gauche affiliés à la mouvance présidentielle se positionnent. Et le Comité d’initiative pour la réunification s’affaire autour de la tenue des Assises de la gauche plurielle. Dans un communiqué en date du 18 avril, à la suite d’une réunion tenue le 15 avril 2023, ces partis soutiennent avoir échangé sur les termes de référence (Tdr). Et une task-force chargée de la préparation scientifique et technique des Assises qui doivent se tenir dans un délai d’un mois a été mise en place.
Dans cette gauche plurielle, figurent les principaux alliés de l’Alliance pour la République, parti présidentiel. Il s’agit de l’Alliance des forces de progrès (Afp), du Parti socialiste (Ps), de la Ligue démocratique (Ld), de And Jëf/Authentique, de l’Union pour le renouveau démocratique (Urd), du Parti de l’indépendance et du travail (Pit-Sénégal), de Mpc-L de Cheikh Tidiane Gadio, du Rsd-Tds de Robert Sagna, de l’Udf Mboolo mi, entre autres.
Cette nouvelle tentative de regroupement des partis de gauche intervient dans un contexte de veille de la Présidentielle du 25 février 2024 et surtout de la candidature agitée de Macky Sall.
L’unité de Benno bokk yaakaar (Bby) est déjà mise à rude épreuve après la candidature déclarée de Idrissa Seck de Rewmi. Les autres alliés de l’Apr n’ont toujours pas dit leur dernier mot. Et parmi eux les grands « actionnaires » de Bby que sont les l’Afp de Moustapha Niasse et le Ps de Aminata Mbengue Ndiaye.
Alors, cette gauche plurielle, même si elle a perdu du poids en cours de route, reste bien surveillée par les différentes forces. A qui profitera cette réunification ? Aura-t-elle son propre candidat ?
Par Pr Mary Teuw NIANE
LES AILES DE L’AMBITION
La politique dans notre pays mérite d’être complètement revue, le personnel politique sans métier réformé, les pratiques corruptrices bannies, les mentalités de duperie éradiquées, les attentes revues sérieusement à la hausse.
La politique dans notre pays mérite d’être complètement revue, le personnel politique sans métier réformé, les pratiques corruptrices bannies, les mentalités de duperie éradiquées, les attentes revues sérieusement à la hausse. En effet le terrain politique est compris par les acteurs politiques et une grande partie de l’opinion publique comme un espace de jeu de mensonges où les acteurs politiques cherchent à acheter des voix pour ensuite durant leur mandat s’en servir pour s’enrichir, conforter le bien-être de leur famille et enrichir leur entourage.
La question essentielle des objectifs du candidat, son programme, sa faisabilité, sa pertinence n’est pas à l’ordre du jour. De même les capacités et les compétences du candidat ne sont pas visitées pour s’assurer qu’il pourra tenir le pays, qu’il pourra faire évoluer positivement le pays. Les vieilles mentalités politiques sont tellement ancrées que des personnes qui vous veulent du bien, vous conseillent affectueusement de ne pas avoir de l’ambition. Car un programme ambitieux a peu de chance de se réaliser complètement en un mandat. Vous risquez de ne pas accrocher l’intérêt des populations et leur attrait pour les solutions immédiates à leurs problèmes insupportables. Il faut mettre de côté les transformations structurelles de l’économie, de l’agriculture, de l’élevage, de l’aquaculture, de la pêche, de la gestion des ressources extractives et naturelles, de l’école, de la justice, etc. pour avoir en bandoulière des projets sectoriels anesthésiants à effets immédiats et surtout susceptibles de donner des opportunités d’accaparement de ressources pour les politiciens qui vous accompagnent ou des stations qui vont les motiver.
En définitive, choisir un vocabulaire, une rhétorique pour envelopper une camelote politique sans aucune valeur ajoutée pour le pays et les populations mais suffisamment vantée par des laudateurs bien choisis notamment dans les médias pour impressionner les électeurs et ainsi recueillir leurs votes sur des promesses politiques sans conséquences pour leur futur.
La politique sénégalaise avec cette nuée d’hommes et de femmes politiques sans emplois et paradoxalement riches, les armées de gardes du corps, les voitures rutilantes, les mensonges, les tromperies et les reniements, les déplacements de foules, doit radicalement être changée et réinventée. Réduire la place de l’argent, mettre en avant les valeurs et enfin donner la place à la compétition des saines ambitions pour le pays telles devrait être le visage de la politique. Vivement que la politique sénégalaise ne brise pas l’envol des ambitions salvatrices pour notre pays.
Pr Mary Teuw NIANE
Ancien ministre
SITOR NDOUR RELAXÉ MAIS LA PRÉTENDUE VICTIME NE LÂCHE PAS L'AFFAIRE
Après neuf mois de détention, Sitor Ndour a été libéré hier. A propos de cette affaire qui avait défrayé la chronique, on peut dire que c’est tout simplement la montagne qui a accouché d’une souris.
Sitor Ndour a été relaxé hier après neuf mois passés en prison. L’ancien directeur général du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (COUD), qui était accusé de viol par sa domestique âgée de seize ans, est rentré chez lui. Alors que le procureur avait requis dix ans de réclusion criminelle contre lui, il a finalement été relaxé au bénéfice du doute. Toutefois, insatisfaite du verdict, la victime a décidé d’interjeter appel.
Après neuf mois de détention, Sitor Ndour a été libéré hier. A propos de cette affaire qui avait défrayé la chronique, on peut dire que c’est tout simplement la montagne qui a accouché d’une souris. Accusé de viol par sa domestique, une mineure de seize ans, l’ancien directeur général du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (COUD) et responsable de premier plan de l’Alliance Pour la République, le parti présidentiel, était placé sous mandat de dépôt depuis le 5 août 2022. Dans un contexte marqué par le tumultueux dossier de viol opposant l’opposant Ousmane Sonko à la demoiselle Adji Sarr, l’affaire Sitor Ndour avait fait un boom médiatique.
Bref aperçu sur le déroulement de l’affaire
Au départ, l’affaire semblait être très sérieuse. En témoigne le réquisitoire du procureur qui avait demandé une peine de dix ans de réclusion criminelle contre le sieur Sitor Ndour. En apprenant la nouvelle, on ne peut que frissonner comme l’a fait Mamadi Mbengue. ‘’Pour dire vrai, quand j’ai appris que le procureur voulait que Sitor soit condamné à dix ans, je me suis dit que c’est une affaire très sérieuse. Mais avec ce verdict qui vient d’être rendu aujourd’hui, je me suis rendu compte que c’était tout le contraire’’, a ironisé le jeune homme.
Envoyé en prison par le juge d’instruction du deuxième cabinet, le 5 août 2022, le responsable politique à Fatick de l’Alliance Pour la République (APR) avait par la suite demandé une liberté provisoire par l’intermédiaire de ses avocats. Mais le juge d’instruction, suivant en cela l’avis du maître des poursuites, avait rejeté la requête. Lors du procès, la partie civile réclamait 50 millions de francs CFA à titre de réparation. Niant les faits, l’ancien directeur général du Centre des Œuvres universitaires de Dakar (COUD) avait soutenu être victime de chantage et de tentative d’extorsion de fonds. Il avait même porté plainte contre la mère de la victime pour diffamation.
Il lui a fallu attendre plusieurs mois avant de comparaître devant le tribunal. Ainsi, le 1er mars 2023, Sitor Ndour se présente devant la chambre criminelle. Par la suite, le juge fixe le procès au 15 mars 2023, avant de renvoyer son délibéré au 19 avril 2023, soit à la date d’hier où le président du conseil d’administration de la Société d’Aménagement des Eaux du Delta (Saed) s’est vu acquitter du délit de viol.
Cependant, même si le verdict est en faveur de Sitor Ndour, un nouveau face-à-face n’est pas à exclure. Selon certaines informations, la partie civile n’est pas satisfaite du verdict. Et d’après Me Ndeye Fatou Touré, l’avocate de la plaignante, sa cliente va interjeter appel après que la Cour a relaxé M. Ndour au bénéfice du doute.
DES OBSERVATEURS PREDISENT L’IMPLOSION DE BBY
Face à la question du 3e mandat, des analystes, interrogés par Le Témoin, estiment que la sortie d’Idrissa Seck ne va nullement influencer les alliés au sein de Benno
Des analystes, interrogés par Le Témoin, estiment que la sortie d’Idrissa Seck ne va nullement influencer les alliés au sein de Benno. Au contraire, ils pensent que les réactions d’hostilité enregistrées sont susceptibles de faire réfléchir certains leaders qui pensaient pouvoir se démarquer facilement de la coalition au pouvoir. Car, ajoutent-ils, il n’est pas facile de quitter la coalition au pouvoir en conservant tous les avantages que son chef avait donnés. D’autres soulignent le risque de perte de crédibilité politique, poussant des partis politiques et mouvements alliés à rester dans cette coalition. Toutefois, nos interlocuteurs s’accordent sur le fait que le processus d’implosion de BBY serait devenu inéluctable.
Au sein de la grande coalition Benno Bokk Yaakar (BBY), les alliés se donnent des coups ouvertement désormais. L’ennemi n’est plus le camp d’en face incarné par Yewwi Askan wi, mais le ver est dans le propre fruit de BBY. Et le « Gatsa-gatsa » de rigueur est emprunté justement du camp d’en face. On ne se couvre plus du manteau « gagnons ensemble et gouvernons ensemble» qui sonnait comme le crédo de ralliement de cette grande majorité. La faute au raid solitaire d’Idrissa Seck sur le chemin de 2024. Le Secrétariat exécutif permanent (SEP) de Benno sonne la charge et s’étonne des multiples déclarations de candidatures au sein de la majorité. «Depuis un certain temps, des responsables de la coalition BBY font des déclarations de candidature à l’élection présidentielle du 25 février 2024. La dernière en date est celle du président Idrissa Seck, président du parti Rewmi, membre de la coalition» indiquent Mor Ngom et compagnie. On crie presque haro sur le président du Conseil économique, social et environnemental (Cese). A ce dernier, l’instance exécutive de la coalition reproche un manquement aux principes de concertations.
Seulement voilà, le leader de Rewmi n’est pas connu pour avoir sa langue dans sa poche. Tout en prenant acte du communiqué du SEP, le leader de Rewmi dit réserver sa réponse à la prochaine réunion de la Conférence des leaders. Idrissa Seck a tenu à exhorter tous les membres de la coalition BBY à montrer davantage de sérénité, d’unité et solidarité. Un appel qui intervient un peu tard puisque de graves fissures apparaissent déjà au sein de la majorité.
La coalition « Benno Bokk Yakkar», mise sur pied en 2012, est composée essentiellement de l’Alliance pour la République (APR), le parti du président qui représente la locomotive de la coalition, du Parti socialiste (PS), de l’Alliance des forces du progrès (AFP), de Rewmi et d’autres formations politiques comme le Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT), la Ligue démocratique (LD) et d’autres partis de moindre importance.
Cette coalition réputée pour sa solidité pour avoir gagné toutes les élections depuis sa création en 2012 semble se fissurer sur la question du 3e mandat qui irrite plusieurs responsables. Suite au débat soulevé par le Témoin dans sa publication du 04 Avril 2024, plusieurs réactions ont été notées. D’où l’intérêt de poursuivre la réflexion avec l’avis d’experts sur la situation de Benno face l’épreuve du 3e mandat.
La peur de voir la coalition se disloquer est palpable. Une implosion ralentie par des calculs et des stratégies. Chaque parti ou mouvement allié est en train d’observer le dénouement des premiers actes posés. Mais ce qui est sûr, c’est que des départs seront enregistrés dans les rangs de Benno Bokk Yaakar. N’empêche, les analystes et autres experts considèrent que cette coalition a besoin d’être redynamisée pour la prochaine élection présidentielle. Benno, disent-ils, doit forcément faire sa mue puisqu’une séparation assez heurtée est probable. Certains partis politiques, préviennent-ils, ne seront pas épargnés. Selon nos interlocuteurs, Idrissa Seck, le premier à se signaler, ne souhaite nullement être candidat contre Macky Sall. Mais candidat avec Macky Sall. Et il n’est même pas exclu qu’Idrissa Seck ne soutienne pas Macky s’il est candidat. Ces analystes voient dans sa déclaration de candidature juste une stratégie pour que l’actuel président de la République lui cède la place et que les autres leaders de Benno puissent le soutenir.
ABDOU KHADR SANOGO, SOCIOLOGUE : « Benno va forcément vers l’implosion de sa dynamique »
Le sociologue Abdou Khadr Sanogo prévient que forcément BBY va être secouée. Puisque tous ceux qui s’étaient tus, jusqu’ici, pensaient que c’était normal d’accompagner le leader qui est à son dernier mandat. « Effectivement, quelles que soient les eaux troubles, les vicissitudes de la politique, BBY a tenu bon. Aujourd’hui, c’est une coalition qui risque d’être victime de l’usure du pouvoir. Elle a tellement duré qu’elle a atteint son niveau de maturité et son apogée. Tout ce qui naît et qui grandit va forcément mourir. Même si ce n’était pas cette prochaine échéance présidentielle, BBY était déjà à bout de souffle », estime le sociologue.
Inéluctablement, selon lui, cette coalition a besoin d’être redynamisée. Mais, les gens n’ont pas eu le temps. Alors, cette prochaine élection présidentielle va finir de contraindre la coalition à procéder à sa propre mue. Soit, la grande majorité va aller directement à la présidentielle et une autre partie s’y opposera ou bien une autre réclamera son tour du gâteau. Donc, dit-il, forcément cette séparation heurtée dont sont victimes certains partis politiques ou coalitions ne l’épargnera pas. Abdou Khadr Sanogo est d’avis qu’en réalité Idrissa Seck n’est pas trop accepté par la coalition BBY. Il a toujours eu une entente directe avec Macky Sall. Du coup, sa sortie ne peut pas influencer d’autres partis à quitter le navire. « Idy n’a pas trop d’atomes crochus à BBY. Une coalition peut-être secouée mais tout dépend de l’habileté de son leader à en maintenir la cohésion », explique Abdou Khadr Sanogo. Cela dit, le sociologue appelle les acteurs politiques à comprendre que les Sénégalais sont fatigués. Et il faudrait qu’ils arrêtent de les leurrer avec leurs deals souterrains. Dénonçant les compromis et autres deals nocturnes, il exige des propositions de solutions pouvant aider à sortir nos compatriotes de cet état de paupérisation extrême dans lequel ils vivent.
Assane Samb, politologue : « Idrissa Seck se démarque de façon claire et publique de la coalition Benno Bokk Yakkar »
Le journaliste-politologue Assane Samb, lui, pense qu’il y a des frottements au niveau de Benno. Une première fissure est constatée avec Idrissa Seck qui n’est pas encore prêt à quitter Benno. Sinon, il l’aurait dit clairement comme la première fois lorsqu’il avait claqué la porte et que ses ministres, Omar Guèye et Pape Diouf, étaient restés. « S’il prend l’option de rester dans une position encore ambiguë, c’est parce qu’il souhaite encore prolonger le compagnonnage au sein de cette coalition. D’ailleurs, il l’a dit en reconnaissant des qualités aussi importantes à la Première dame. Il reconnaît maintenant que la vision du président dépasse Diamniadio ! Idy a clairement signifié à l’opinion qu’il souhaite rester dans le Benno en étant choisi comme candidat de ladite coalition. C’est apparemment la bataille qu’il est en train de mener », décrypte Assane Samb.
D’après le journaliste et politologue, cette sortie de Idy ne va nullement influencer les alliés au sein de Benno. Au contraire, avec les réactions d’hostilité entendues, on peut penser que ça peut faire réfléchir certains leaders qui pensaient pouvoir se démarquer facilement de la coalition au pouvoir. En réalité, il n’est pas facile de quitter la coalition au pouvoir. Assane Samb évoque les avantages liés à ce compagnonnage et aussi des enjeux de crédibilité politique. « Si vous entrez et sortez au gré des circonstances, l’opinion publique pourrait vous sanctionner négativement. Donc, tous les partis politiques et mouvements qui sont au sein de Benno sont pratiquement contraints d’y rester à quelques mois de la présidentielle au risque de voir leur crédibilité s’effilocher. Les alliés auront du mal à articuler un discours cohérent qui pourra convaincre les Sénégalais s’ils s’opposaient à Macky Sall », déduit-il. Assane Samb soupçonne qu’Idrissa Seck est seulement en train de manœuvrer pour qu’on puisse lui permettre d’être le candidat de la coalition « Benno Bokk Yaakar » et non pas seulement de Rewmi. Idy, retient-il, ne souhaite nullement être candidat contre Macky Sall. Mais, candidat avec Macky Sall. Il n’est pas exclu qu’il soutienne Macky s’il est candidat. « C’est juste une stratégie pour que Macky lui cède la place et que les autres leaders de Benno puissent le soutenir. Et cela ne va nullement encourager les autres partis à quitter Benno. Cela ne veut pas dire que Benno est en implosion », conclut le politologue Assane Samb.
JAMES M. JOHNSON EST L’AVOCAT ET L’AMI D’IDRISSA SECK
« Africa Intelligence », qui se présente comme «le quotidien du continent», a publié dans sa livraison d’hier une information selon laquelle « Candidat à la présidentielle, Idrissa Seck s'attache les services d'un lobbyiste à Washington ».
« Africa Intelligence », qui se présente comme «le quotidien du continent», a publié dans sa livraison d’hier une information selon laquelle « Candidat à la présidentielle, Idrissa Seck s'attache les services d'un lobbyiste à Washington ».
En réalité, M. James M. Johnson, dont il est question dans l’article, n’est pas un lobbyiste professionnel. C’est un avocat de métier qui gère les affaires personnelles et professionnelles de l’actuel président du Conseil économique, social et environnemental (Cese) dont il est un ami de très longue date. En tant qu’avocat et ami, Idrissa Seck lui a demandé de l’aider par des conseils dans le cadre de sa candidature à l’élection présidentielle de 2024. La loi américaine exigeant que tout avocat — mais aussi tout lobbyiste et tout agent d’une manière générale — travaillant pour le compte d’entités étrangères en fasse une déclaration auprès du ministère de la « Justice », pour s’y conformer, M. James M. Johnson a donc fait une déclaration au Foreign Agent Registration Act (FARA). Il s’y est fait enregistrer en tant qu’agent d’Idrissa Seck. C’est ce document — public — qu’a exploité « Foreign Intelligence » après que le bureau de Washington de l’hebdomadaire « Jeune Afrique » a pris contact ave l’avocat pour l’interroger sur cette collaboration. Ce qu’il est important de noter, c’est donc que M. James M. Johnson est un avocat qui défend les intérêts du leader de Rewmi et non un agent d’influence qui ferait du lobbying pour lui dans l’Administration américaine ou le Congrès Us.
Dans sa déclaration au FARA, il se présente comme un avocat de 73 ans spécialisé dans les droits civiques. Il a œuvré à la protection des droits de citoyens américains afin qu’ils ne soient pas victimes de discrimination fondée sur la race, le sexe et le handicap au travail et dans le commerce. Il a fait respecter la règle de droit incorporée dans les lois américaines sur les droits civiques.
En 1989, il a rencontré Idrissa Seck alors que tous les deux étaient boursiers à la Princeton School of Public Affairs and International Relations. A l’époque, ils avaient déjà évolué dans le monde politique lui, également diplômé de Yale University, ayant participé à la campagne d’un membre du Congrès américain dont il a ensuite été le chef de cabinet.
Idrissa Seck, lui, était un responsable de premier plan du Parti démocratique sénégalais (Pds) et avait par la suite dirigé une campagne présidentielle sénégalaise avant de devenir Premier ministre du président Wade.
Toujours d’après James Johnson, l’actuel président du Cese lui avait confié que le secrétaire américain au Trésor et plus tard secrétaire d’État américain, James Baker, avait joué un rôle déterminant dans sa venue à Princeton, alors que le Sénégal traversait une période de troubles et de répression à la suite de la campagne présidentielle perdue en 1988 par le futur président Wade.
De solides relations d’amitié se sont alors établies entre les deux hommes, de même qu’entre leurs épouses. Des relations que le temps et les vicissitudes de la vie n’ont pas altérées.
En 2005, lorsqu’Idrissa Seck est emprisonné dans le cadre de l’affaire des fameux chantiers de Thiès, il contacte son ami James M. Johnson et sollicite son aide. Johnson accepte parce que, explique-t-il en parlant de Seck, « c’était un homme honorable et courageux qui voulait le meilleur pour le peuple sénégalais ».
Et de poursuivre dans sa déclaration : « Je n’ai jamais été un lobbyiste professionnel. Comme l’exigent les lois américaines, je me suis enregistré pour la première fois auprès de la FARA afin d’aider Idrissa. J’ai immédiatement rendu visite à Idrissa en prison. J’ai contacté des représentants du gouvernement américain et je leur ai exposé les faits concernant son opposition au gouvernement et l’emprisonnement qui en a résulté. Le gouvernement sénégalais a libéré Idrissa après environ sept mois ».
Dix-huit ans après cet épisode qui avait vu des représentants et des sénateurs américains plaider la cause de l’ancien directeur de cabinet de Wade auprès de ce dernier, Idrissa vient à nouveau de solliciter son avocat et ami américain. Et une fois de plus, pour se conformer à la loi fédérale américaine, James M. Johnson a fait une déclaration auprès du département de la Justice en vertu du FARA qui est une loi américaine destinée à promouvoir la transparence des influences étrangères sur les fonctionnaires du gouvernement américain. Il s’agit donc d’une loi anti-corruption. « J’ai effectué les dépôts auprès du FARA en 2005 et en 2023 afin de me conformer à la loi américaine et avec le plein accord et le soutien d’Idrissa » a conclu James M. Johnson ». On ne saurait être plus clair et transparent !