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26 juin 2025
POUR QU'ON ASSUME NOS IDENTITÉS PLURIELLES
Face à la radicalisation des discours et à la tentation de la surenchère identitaire, Elgas invite ses pairs à s'ouvrir davantage au pluralisme des idées, condition sine qua non à l'éclosion d'initiatives nouvelles, porteuses de réussite pour le continent
Les Bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial est le titre du nouvel ouvrage de l'écrivain et sociologue sénégalais Elgas, paru aux éditions Riveneuve. L'auteur explore la complexité des relations entre les écrivains africains et l'Occident. Il passe en revue plus d'un demi-siècle d'histoire intellectuelle et littéraire de l'Afrique - de Cheikh Anta Diop à Mohamed Mbougar Sarr, en passant par Léopold Sédar Senghor ou encore Yambo Ouologuem. Face au malaise persistant, à la radicalisation des discours et à la tentation de la surenchère identitaire, Elgas invite ses pairs à s'ouvrir davantage au pluralisme des idées, condition sine qua non à l'éclosion d'idées et initiatives nouvelles, porteuses d'avenir et de réussite pour le continent.
COMMENT L'AVENTURE DE MANÉ AU BAYERN A TOURNÉ AU CAUCHEMAR
Entre une longue blessure, une pénurie de but depuis octobre et son dernier coup de sang contre Leroy Sané, l’international sénégalais est loin de vivre la meilleure période de sa carrière
Recrue star du Bayern Munich lors du dernier mercato estival, Sadio Mané vit un calvaire en Bavière. Entre une longue blessure, une pénurie de but depuis octobre et son dernier coup de sang contre Leroy Sané, l’international sénégalais est loin de vivre la meilleure période de sa carrière.
Il devait être la nouvelle force offensive du Bayern Munich après le départ de Robert Lewandowski au Barça. Transféré en provenance de Liverpool contre un chèque de 32 millions d’euros, Sadio Mané avait beaucoup d’attentes placées en lui. Et le Sénégalais a pourtant rapidement marqué des points sous les ordres de Julian Nagelsmann, en trouvant le chemin des filets dès son premier match contre l’Eintracht Francfort le 5 août. Les trois premiers mois de Mané sont pourtant satisfaisants, avec six buts en 12 matchs de Bundesliga et trois lors de la phase de groupes de la Ligue des champions.
De retour sur les terrains le 26 février contre l’Union Berlin, Sadio Mané peine à retrouver son efficacité d’avant blessure. En neuf matchs disputés, il n’a toujours pas marqué et son dernier but remonte au 29 octobre dernier face à Mayence. Une longue traversée du désert ponctuée d’un temps de jeu largement réduit. Que ce soit sous les ordres de Julian Nagelsmann ou depuis l’arrivée de Thomas Tuchel, l’ancien joueur de Liverpool n’a démarré que trois matchs depuis son retour.
Sorti du banc lors des chocs européens - face au PSG lors du huitième de finale retour de Ligue des champions et mercredi contre Manchester City lors du quart aller - Sadio Mané se fait surtout remarquer pour ses frasques extra sportives ces dernières semaines. Furieux d’avoir disputé seulement huit minutes face aux Parisiens le 8 mars, Mané aurait eu un accrochage verbal avec Julian Nagelsmann… finalement viré quelques jours plus tard.
A ce jour, aucun CEMGA n’est venu de la Marine nationale. La production imminente d’hydrocarbures la propulsera sûrement au devant de la scène militaire après les Armées de terre et de l’air dans un avenir pas lointain
12 avril 1963-12 avril 2023. Il y a soixante ans, le Général Amadou Fall, premier Chef d’Etat-major général des Armées(Cemga) était radié par le Président Léopold Sédar Senghor. Victime de sa proximité avec le Président du Conseil Mamadou Dia, il est remplacé par le Général Jean-Alfred Diallo le 17 décembre 1962. Un autre Cemga, le Général de division, Joseph Louis Tavarez De Souza, sera lui aussi victime des soubresauts politiques, consécutifs aux élections de 1988. Une histoire de Cemga vous retrace le passage des quinze chefs des Armées. Le seizième, le Général de corps d’armée Mbaye Cissé, nommé le 6 avril dernier, l’est effectivement depuis le lundi 10 avril.
Amadou Fall, le premier étoilé à commander les Forces armées sénégalaises du 20 août 1960, date de l’éclatement de la Fédération du Mali, au 17 décembre 1962, chute de Mamadou Dia et de quatre ministres, paie pour sa proximité avec son chef direct.
Il sera limogé par le Président Léopold Sédar Senghor. Une sanction « illégale » selon Roland Colin, directeur de cabinet de Dia, auteur de « Sénégal notre pirogue, au soleil de la liberté, journal de bord 1955-1980 ». Selon lui, cette mesure devait être prise en Conseil des ministres sur proposition de Mamadou Dia, Président du Conseil et ministre de la Défense. Après avoir purgé deux mois d’arrêt de forteresse à Gorée, le Général Fall est radié de l’Armée le 12 avril 1963, soixante ans jour pour jour. Il se contentera de sa pension de Colonel de l’Armée française. Convaincu d’être innocent, il refusera d’écrire au Président Senghor pour faire amende honorable. Il ne sera jamais réhabilité. Il sera remplacé par le Général Jean Alfred Diallo, autre officier formé comme lui en France.
Le Général de division Diallo restera à la tête des Forces armées jusqu’au 30 juin 1972, en exerçant dans le même temps les fonctions de Haut commandant de la Gendarmerie de 1968 à son départ de la Grande muette. Le successeur du Général Amadou Fall, aura ainsi cumulé une dizaine d’années au poste de Cemga. Témoin de la grande grève de mai 1968, avec un pouvoir civil presque à terre, le Général Diallo refuse le pouvoir que lui offrait le Président Senghor.
Son remplaçant, le Général Idrissa Fall (1er juillet 1972 au 30 juin 1984) est celui qui a eu le plus long bail au poste de Cemga. Alors que ses deux devanciers eurent comme grandes épreuves la crise de 1962 et la grève de mai 68, le troisième Cemga verra l’intervention de ses hommes en Gambie pour chasser Kukoi Samba Sagna et sauver le Président Dawda Jawara. Ce sera l’opération Fodé Kaba II marquée par la perte de plusieurs de nos soldats. Le nouveau Cemga leur a rendu d’ailleurs hommage dans un ouvrage relatant cette première grande épreuve de feu de notre Armée à l’extérieur sous Abdou Diouf.
Sous le Général Joseph Louis Tavarez de Souza, (1er juillet 1984-31 mai 1988), l’Armée connaîtra quelques états d’âme, liés aux événements post-électoraux de 1988 marqués par l’emprisonnement de l’opposant Abdoulaye Wade et des émeutes à Dakar.
Le Cemga De Souza voulait-il tenter un coup d’Etat en compagnie des colonels Bampassy, Gomis, Oumar Ndiaye et Gabar Diop? L’accusé avait répondu fort à propos dans une interview à Sud Quotidien: « On ne tente pas un coup d’Etat, on le fait. » Il sera limogé puis affecté en Allemagne en qualité d’ambassadeur. A son retour à Dakar, un peu plus d’une année plus tard, il sera traduit devant le conseil d’enquête et jugé par son successeur, le Général de corps d’armée aérien, Mamadou Mansour Seck alias « Number One », premier Commandant du Groupement aérien sénégalais(GAS).
Ce dernier sera à la tête de l’Armée, cinq ans durant, du 31 mai 1988 au 30 juin 1993. Son passage sera marqué par la mort de 91 Jaambars en Arabie saoudite lors du crash de leur avion. Ce fut le moment le plus tragique pour l’Armée.
Chef du contingent sénégalais en terre saoudienne, le Général Mouhamadou Keïta, sera nommé Cemga du 30 juin 1993 au 30 juin 1996. Son passage est marqué par le guet apens tendu à nos soldats à Babonda en Casamance. 25 hommes y trouveront la mort.
Le Général d’armée Lamine Cissé lui succède le 1er juillet 1996. Sa mission prend fin le 31 décembre 1997. Son passage de dix-huit mois fut le plus court pour un Cemga. Il deviendra ministre de l’Intérieur de 1998 à avril 2000, année de l’avènement de la première alternance politique au Sénégal, avec la chute de Abdou Diouf et l’arrivée de Wade au pouvoir.
Le Général de division Mamadou Seck, a été Cemga du 1er janvier 1998 au 30 avril 2000. Il aura passé moins d’un mois avec le nouveau Président Abdoulaye Wade. Il ne devait pourtant être admis dans la deuxième section, antichambre de la retraite pour les généraux, que le 31 décembre 2000. Pour le remplacer, Wade porta son choix sur le Général de brigade Babacar Gaye qui finira Général de corps d’armée.
Il a commandé l’Armée du 1er mai 2000 au 12 août 2003. Le naufrage du bateau « le Joola » géré par la Marine, le 26 septembre 2002, avec près de 2.000 morts, restera le souvenir civilo-militaire le plus sombre de son commandement.Babacar Gaye cède la place à Papa Khalilou Fall, Saint-Cyrien tout comme lui, Mamadou Mansour Seck, Mamadou Seck, Mouhamadou Keïta et Lamine Cissé, du 12 août 2003 au 31 mai 2006.
Premier Ancien enfant de troupe(AET) de Saint-Louis Cemga, le commando Pape Khalilou Fall aura le grade de Général de corps d’armée tout comme son successeur Abdoulaye Fall (1er juin 2006 au 30 octobre 2012).
La fin des Saint-Cyriens
AET lui aussi, Abdoulaye Fall sera le premier officier issu de l’académie royale militaire de Meknès au Maroc à être chef de l’Armée. Le Général d’armée Mamadou Sow (30 octobre 2012-31 décembre 2016) est quant à lui, le premier Cemga formé au Sénégal à l’Ecole nationale des officiers d’active(Enoa) de Thiès. Il sera suivi du Général de division Cheikh Guèye (1er janvier 2017 au 19 septembre 2019). Il est le second chef des Armées formé au Maroc. De cette date au 29 mars 2021, c’est un pilote formé au Maroc, le Général de division Birame Diop qui tient le commandement. C’est après « Number One », le deuxième Général de l’Armée de l’air à piloter les Forces armées.
Le Général de corps d’armée Cheikh Wade, troisième Cemga issu de Meknès, le remplace du 30 mars 2021 au 05 avril 2023. De 1982 à une période récente, le passage des différents Cemga a été surtout marqué par la rébellion casamançaise, le conflit sénégalo-mauritanien de 1989 n’ayant jamais pu dégénérer en guerre.
Le nouveau Cemga, le Général de corps d’armée Mbaye Cissé de l’Artillerie, arrive dans un contexte où le Mouvement des forces démocratiques de Casamance(Mfdc) est presque anéanti.
Formé à l’Enoa, le Général Cissé, nommé le 06 avril 2023 avec prise d’effet le lundi 11 avril est après Mamadou Sow « Nogass », le second Cemga sorti de Thiès. Reçu hier par le Chef de l’Etat, Chef suprême des Armées, il prendra fonction sou peu. Il devra face à de nouvelles menaces asymétriques liées au jihadisme dans la sous-région et à la surveillance de nos côtes riches en pétrole et en gaz.
A ce jour, aucun CEMGA n’est venu de la Marine nationale. La production imminente d’hydrocarbures la propulsera sûrement au devant de la scène militaire après les Armées de terre et de l’air dans un avenir pas lointain.
Soixante-trois ans après son indépendance, le Sénégal peut fièrement bomber la poitrine pour n’avoir jamais connu de coup d’Etat et pour avoir maintenu l’Armée intacte en dehors du jeu politique.
gagner le débat, les bonnes feuilles, par abdoul aziz diop
L’ANTITERRORISME RATIONNEL
« La lutte contre une [faction] qui défie l’État [comme Pastef] doit se décliner tant au niveau sécuritaire que social et politique, en somme selon un triangle alliant sécurité, développement et gouvernance politique
Neutraliser un potentiel de violence par la coercition et le droit et réduire le substrat sur lequel il se développe.
Nous entendons par anti-terrorisme rationnel le contenu du discours que nous voulons pédagogique et qui tire sa rationalité des deux principales sources de l’islam, avec ou sans épithète, que sont le Coran et la Sunna. Parce qu’elle se veut universelle, cette rationalité opère auparavant une critique à laquelle n’échappent naturellement pas les individus et les groupes organisés qui, à travers le monde, situeraient le salut de l’humanité dans des alliances doctrinales et/ou des insurrections programmées pour le contrôle de vastes territoires comme le Nord-Mali, la Liptako-Gourma appelée « zone des trois frontières » (Mali-Niger-Burkina Faso) et peut-être même, si rien n’est fait, le finistère sénégalais dans le viseur du jihadisme africain. Ce dernier verrait même dans les émeutes de février-mars 2021 au Sénégal la preuve que le parapluie soufiste sénégalais n’est pas aussi étanche qu’on le voudrait au pays de la Téranga où la démocratie s’essouffle - « a régressé » selon l’historien Mamadou DIOUF - malgré deux alternances politiques relativement apaisées et la tenue, en 2022, d’élections locales et législatives dont les résultats ne font l’objet d’aucune contestation.
L’amalgame conflictogène
Sous la houlette des grands médias occidentaux, l’esprit occidental a cette tare qui fait qu’il ne désigne jamais ce qui lui est extérieur en lui reconnaissant ses qualités intrinsèques. Tout ce qui lui est étranger et qu’il nomme par nécessité est d’emblée négativement connoté. C’est exactement ce qui arrive quand il s’intéresse à l’islam en le connotant négativement par « l’islamisme ».
Ce préfabriqué occidental qu’est « l’islamisme » n’a aucune correspondance dans ce qui est vraiment l’islam, c’est-à-dire une religion monothéiste révélée dont le Prophète reçut le message intégral définitivement consigné dans ce qui est aujourd’hui le Coran. Le tort de l’islam serait alors de ne s’être pas fait appeler, par pure analogie, « islamisme » à ses débuts comme ce fut le cas pour les deux précédentes religions révélées que sont le judaïsme et le christianisme. Cette singularité aurait, dans l’esprit occidental, un coût que l’islam devrait payer en acceptant d’être ce qu’il n’est vraiment pas pour tout esprit rationnel qui se donne la peine de le connaître à travers les « versets du livre plein de sagesse » et les hadith authentiques qui renvoient aux actes et paroles du Prophète Mohammed.
Peintre, écrivain et lithographe français de notoriété mondiale, Étienne DINET (1861-1929) - El-Hadji Nasr-Ed-Dine après s’être converti à l’islam et s’être rendu aux lieux saints de l’islam - soutint que c’est « en exposant clairement la doctrine de l’islam, religion simple, naturelle et logique qui a fait de ses adeptes des hommes imbus de sincérité, de franchise et de tolérance [que l’on contribue] à l’établissement d’une entente cordiale entre les hommes de bonne volonté ». Convaincu de « la plus grande vénération pour Moïse et pour Jésus » des musulmans, DINET écrit, dans la préface de son livre « Pèlerinage à la Maison sacrée d’Allah », que « le jour où les Juifs et les chrétiens professeront la même vénération pour Mohammed, la paix au Proche-Orient sera définitivement assurée ».
Avec Étienne DINET, on est bien loin de l’esprit occidental au secours duquel renvoient ces paroles depuis de très nombreuses années déjà. Et si l’esprit français et celui de DINET ne faisaient plus qu’un ? L’apaisement serait alors de retour en France sans préjudice pour la République et ses valeurs empreintes d’humanité. Et l’Extrême droite se serait plus que le porte-étendard d’une paresse politique incapable d’entendre une histoire partout « sale et entremêlée ».
Politologue notoire germano-égyptien, économiste, réalisateur de documentaires et essayiste, spécialiste du monde arabe, du jihadisme et de sa propagande, Abdelasiem Hassan El Difraoui considère, lui, que le concept « islamisme » est une création des sciences sociales occidentales qui lui assignent la fonction d’englober différents courants de pensée apparus dans le monde musulman, conduisant à l’amalgame conflictogène qui ne résiste ni à un simple examen des « orientations doctrinales » desdits courants ni même au rationalisme antiterroriste de l’islam soufi et confrérique du Sénégal indépendant.
Du hanbalisme au jihadisme
À la suite du califat Rashidun (632-661) dit des « biens guidés » (Abou Bakr, Omar, Othman et Ali) et de la dynastie des Omeyyades (661-750), le règne des Abassides (750-1258) avait été marqué sous le calife Harun al-Rachid (786-809) par le haut degré de raffinement de la civilisation musulmane. Cette dernière connut son apogée avec le calife al-Mamun (813-833) qui libéra la parole, encourageant ainsi le débat d’idées. De ce calife, à la fois très cultivé et tolérant, jusqu’à Al-Wathiq (842-847) en passant par son prédécesseur Al-Mutasim (833-842), la doctrine d’État abasside rejette l’anthropomorphisme divin - conception de la divinité à l’image de l’homme - tout en se refusant à placer les textes saints dont le Coran à l’abri du rationalisme.
Né en 780 à Bagdad, et mort en 855 dans la même ville, le traditionaliste Ibn Hanbal considéra qu’un tel rationalisme n’a rien à voir avec l’islam originel du temps du Prophète caractérisé par l’exégèse coranique et la science du hadith. La théologie dogmatique de ce courant est celle du hanbalisme et du salafisme - as-salafiyyah dérivé de salaf, ancêtre - jusqu’au XXème siècle. Caractérisé par un fort degré de fidéisme, par opposition au rationalisme, il considère qu’un retour à la pureté originelle de l’islam ne peut être garanti que par la foi, professant que la révélation - pas la science - est l’unique source de la vérité. De l’avis de l’historien médiéval, anthropologue, juriste et chercheur associé à l’Institut de recherche et d’histoire des textes du Centre national de recherche scientifique (CNRS), Lahcen Daaïf, « Ibn Hanbal ne profère aucune décision juridique qui ne soit expressément fondée sur le Coran et la Tradition du Prophète (Sunna) ou sur l’atçar, c’est-à-dire les choix et les dires des Compagnons et parfois de certains Successeurs de la première génération (tâbi ûne) ».
Plus tard, le puritanisme de l’imam d’origine syrienne Ibn Taymiyya (1263-1328) est considéré comme une réorientation du traditionalisme hanbalite opposée aux innovations (bida’) dont deux d’entre elles (le culte des saints et la visite des tombeaux des morts) sont des traits marquants du soufisme au Sénégal.
Fondateur éponyme du wahhabisme saoudien, Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab (1703-1792) revendique, lui, et le littéralisme hanbalite et le puritanisme d’Ibn Taymiyya. Le passage d’un réformisme progressiste à un réformisme littéraliste proche du wahhabisme avait été observé chez des disciples de Taymiyya comme Rachid Rida (1865-1935) qui voyait dans le retour à la pureté une manière d’éviter un mysticisme trop éloigné du texte grâce à l’effort de réflexion (ijtihad), considéré comme une inclination du salafisme, sur les textes fondateurs de l’islam.
Soupçonnant un « filtre interprétatif », entre les textes et les musulmans, susceptible d’inhiber l’accès direct au texte et à sa « vérité fondamentale », le Saoudien d’origine albanaise Muhammad Nasir al-Din al-Albani (1914-1999) critique avec véhémence le wahhabisme. Al-Albani prône alors un « salafisme alternatif recentré sur les hadith » en situant l’ijtihad hors du hanbalisme et du wahhabisme. Muhammad Nasir al-Din al-Albani est alors considéré comme un danger pour le royaume saoudien pour s’être attaqué à l’autorité des ulama wahhabites et, du coup, à la légitimité religieuse des Saoud.
Al-Albani ne parvint alors pas, loin s’en faut, à rétrograder l’influence wahhabite sur le système politique, économique, social et judiciaire saoudien. Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab doit ce succès à lui-même puisque fort de son credo qu’est le retour à l’islam pur venu de Dieu et en dépit du rejet des innovations (bi’da), des vénérations, des admirations, des demandes d’intercession des saints, du recueillement dans les sanctuaires et les mausolées, etc., il n’est pas l’« hérétique » indexé dans son village natal où il est menacé de mort. À Dariya où il se réfugia, Ibn ‘Abd al-Wahhab rencontre en 1744 l’émir Muhammad Ibn Saoud à qui il conféra la légitimité religieuse en recevant de lui le soutien politique qui fit défaut au hanbalisme, provoquant ainsi sa dislocation.
Bien que Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab ait refusé de soutenir la prise, en 1773, de Riyad par le successeur, Al-Aziz, d’Ibn Saoud et sa conversion par la force, les populations sous la menace violente d’Al-Aziz considèrent que le wahhabisme est une réforme guerrière. Faux d’après bon nombre de spécialistes !
En optant pour les conversions pacifiques obtenues par le dialogue, la persuasion, le bannissement de l’anathème et de l’action violente sur fond de promotion de la légitime défense en cas d’agression avérée, Ibn ‘Abd al-Wahhab se conforma à l’esprit et à la lettre du verset 256 de la sourate 2 « La vache » (Al-Baqarah : البقرة) du Saint Coran :
« Nulle contrainte en religion ! Car le bon chemin s'est distingué de l'égarement. »(2:256)
Le message de paix dont l’islam est porteur est donc celui du mouvement religieux pacifique et réformateur appelé wahhabisme, qui a réussi à placer sous influence le Royaume d’Arabie Saoudite depuis sa proclamation par Ibn Saoud le 18 septembre 1932.
Le rayonnement du royaume saoudien s’accroît d’année en année à la faveur de l’attraction que les lieux saints de l’islam qu’il abrite exercent sur les musulmans du monde entier et de la manne pétrolière considérable qui booste les possibilités budgétaires et d’intervention de Riyad en matière de politique étrangère. Ce rayonnement est naturellement assorti de l’exportation, plutôt involontaire, du wahhabisme sous le prisme duquel - tâche commune à toutes les doctrines théologiques - sont analysés et interprétés les croyances et les dogmes religieux.
En tant que doctrine théologique pacifiste, le wahhabisme n’a jamais été un mouvement dirigé contre l’Occident. « Son approche littéraliste des textes et son emphase sur la pureté doctrinale » expliquent plutôt sa critique des musulmans qui s’en écarteraient dans la pratique. Mais la doctrine s’autonomise considérablement après 1979, date à laquelle l’invasion soviétique de l’Afghanistan pousse Riyad à encourager largement le jihād afghan jusqu’à la fin de la guerre en 1989. Cet épisode (1979-1989) est le moment choisi par un Saoudien riche et de bonne famille Oussama Ben Laden (1957-2011) pour s’imposer comme figure de l’islam combattant auprès des Afghans, plaçant sous son contrôle des milliers de moudjahidines, sans jamais se réfèrer au wahhabisme et sans la moindre allégeance aux al-Saoud.
En refusant la mise à sa disposition des combattants sous le contrôle de Ben Laden après l’invasion du Koweït en août 1990 - une réelle menace pour le royaume saoudien -, Riyad « humilie » le moudjahid médiatisé qui, depuis le Soudan, critique vertement l’Amérique. La conceptualisation du jihadisme par des activistes musulmans dont le fondateur de l’organisation terroriste Al-qaïda (« la base ») en 1987, Abdallah Azzam (1941-1989), Abu Muhamad Al-Maqdissi (né en 1959) et Ben Laden lui-même, tous farouchement opposés à l’installation sur la Terre sainte de ce qu’ils appellent les « infidèles américains » que l’islam doit vaincre, est alors considérée comme une réponse appropriée au revers.
L’« islam combattant » - le jihadisme en un mot - veut alors s’imposer comme une idéologie mondiale dont les principes, indissociables de l’interprétation de concepts clés, se présentent ainsi qu’il suit : «
1. L’islam est en guerre avec l’Occident et ses alliés dans les sociétés musulmanes ;
2. Le système reposant sur l’État-nation, les institutions publiques et la démocratie est contraire à l’islam ;
3. Le recours à la violence à l’encontre d’un musulman qui commet des péchés majeurs est légitime. »
Le premier principe est lié au concept d’« al-wala’ wal bara » (la loyauté et le désaveu). S’agissant du deuxième principe, il renvoie à l’idée que les idéologues se font du concept d’« al-Hakimiyyah » (la souveraineté). Le concept de « Takfir » (l’excommunication) est, lui, à l’origine du troisième et dernier principe.
Dans la pratique, les constitutions des pays musulmans sont rejetées au nom du premier concept. Parce qu’elle n’appartient qu’à Dieu selon le deuxième concept, la souveraineté des États concernés ne peut être reconnue. Quant au troisième et dernier concept, il permet de définir les conditions dans lesquelles un musulman peut être excommunié et les conséquences de l’excommunication.
Ainsi sont réunis, dans une large mesure, les ingrédients d’une idéologie politique « censée répondre aux défis auxquels sont confrontées les sociétés musulmanes contemporaines » comme, par exemple, celle de l’Algérie indépendante, reprise par des activistes locaux - en Afrique de l’ouest notamment - « pour articuler un discours d’instrumentalisation des doléances des populations locales » surtout en cas de dissensus dans un contexte politique défavorable aux régimes en place.
Le jihadisme en Afrique de l’Ouest
« Le 4 octobre [1988] au soir, écrit Akram B. ELLYAS dans les colonnes du Monde diplomatique (mars 1999), débutent [en Algérie] des émeutes historiques d’une incroyable violence. Elles s'amplifient le lendemain et plongent, durant plusieurs jours, Alger puis d’autres villes dans un chaos sans égal depuis l’indépendance. » Comme il fallait s’y attendre, la qualification des événements opposa les tenants, proches du régime algérien, de la criminalisation des émeutiers visant la dépolitisation et les défenseurs de la politisation dont le point de vue s'impose finalement à tous.
Un peu moins d’un an après, le projet de révision constitutionnelle, publié le 5 février 1989, « ne fait plus référence (…) au "socialisme", à la "Charte nationale" et au "parti unique", qui étaient jusque-là les piliers du régime algérien, et il reconnaît même les "Associations à caractère politique" (ACP) ». Prenant appui sur ce projet et sur l’encouragement que constituait pour eux la création, le 3 mars 1989, du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), les fondateurs du Front islamique du salut (FIS) considérèrent qu’« un peu de liberté et moins de contraintes » leur suffisaient « pour prétendre publiquement représenter les fidèles ». Le 10 mars 1989, le FIS, premier parti islamique en Algérie, est créé.
En prélude aux élections législatives de 1991, le FIS dévoile les grandes lignes de son programme. Aux yeux du collège dirigeant du parti, la « scolarité plus élevée des femmes » passe par la réforme de l’éducation à côté de celle des médias. Un second clin d’œil aux femmes, sur fond d’amélioration du logement, avait été la promesse d’une rémunération à celles d’entre elles qui élevaient des enfants. Le développement économique, la « libre entreprise » pour la « création d’emplois » parlaient évidemment à la « base de l'appui populaire du [FIS] se trouv[ant] parmi la jeunesse urbaine, pauvre, sans emploi et désillusionnée ».
Au plan politique, la promesse d’instaurer un « gouvernement responsable » dans un État islamique n’avait pas été suivie de la clarification par le FIS de sa « position sur les parties controversées (houdoud) de la charia où l'on définit les châtiments tels que l'amputation de la main d'un voleur ».
« L’identité religieuse et culturelle commune au peuple algérien » était plutôt propice aux « œuvres de charité locale » et au port du foulard par les femmes qui sont nombreuses à créditer le FIS de « l’honnêteté » et de « l’espoir » dont le Front de Libération Nationale (FLN) et les autres partis politiques avaient du mal à se prévaloir.
« Hostilité [du Front islamique du salut] à la démocratie et au multipartisme » ou pas, l’option politique déclinée du FIS avait été suffisante en décembre 1991 pour permettre au Front d’arriver largement en tête des élections législatives pluralistes, jamais organisées en Algérie, avec 188 sièges engrangés dès le premier tour de scrutin. Crédité par les observateurs de la majorité absolue de 216 sièges au second tour, le FIS ne goûta pas à la victoire qui se dessinait puisque l’armée stoppa le processus en annulant les élections, annihilant du coup la possibilité d’une solution politique au « mal-développement algérien » sous le regard médusé des vétérans algériens du jihad antisoviétique (1979-1989) en Afghanistan. Leur influence s’ajouta au désenchantement du FIS et de la société algérienne assez bien représentée au sein du Front. Pour plusieurs groupes armés, proches ou non du FIS, le rêve (brisé) « d’instaurer un gouvernement tel qu’il aurait été pratiqué à l’époque de Mahomet » ne pourrait plus se réaliser que par le recours à la guérilla qui précipita l’Algérie dans la guerre civile, opposant, de 1991 à 2002, lesdits groupes au gouvernement algérien.
La fin, en février 2002, des hostilités en Algérie ne s’expliquent pas que par la défaite des groupes armés face au gouvernement algérien. Ce dernier tire naturellement parti de l’appartenance de l’Algérie à un monde globalisé où circulent non seulement les biens et les personnes mais aussi - et on l’oublie souvent - les idéologies - parmi lesquelles figure le jihadisme -, qui ont la faculté de fédérer des vues pour les faire converger vers le même point. Antérieurs à la fin de la guerre civile algérienne, « les attentats du 11 septembre [2001] et la “guerre contre le terrorisme” ont contribué à diffuser l’idéologie jihadiste [qui inspira bien des vocations] dans le monde ». En Algérie même, la mutation des différents mouvements armés en Groupement salafiste - as-salafiyyah dérivé de salaf, ancêtre - pour la prédication et le combat (GSPC) va accélérer « l’affiliation à Al Qaïda et l’ouverture sahélienne ».
Annoncée fin 2006 par l’« émir » du GSPC, Ayman al Zawahiri, et « officialisée début 2007 », l’affiliation à Al Qaïda s’est faite sous la dénomination AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique). Les « succès des forces algériennes » et les terrains marocain et tunisien moins propices à l’influence du salafisme armé poussent AQMI à porter ses opérations au Sahel en s’appuyant sur le « sanctuaire logistique » développé au Nord-Mali par le GSPC. Là-bas, « la jeunesse de Kidal, désœuvrée, est sensible au modèle de réussite sociale et financière des salafistes. Ces deniers possèdent de surcroît des relais militants en Mauritanie et dans la diaspora maure en Afrique de l’Ouest. En Mauritanie, comme au Mali et au Niger, AQMI utilise fréquemment des relais crapuleux pour kidnapper ses proies. » Mais les tensions nées des rivalités pour le commandement ne manquent pas. Celles qui opposèrent les Algériens aux Maliens sont, à titre d’exemple, à l’origine de la création du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO), attestant d’un ancrage local des mouvements jihadistes en Afrique de l’Ouest au détriment du jihad régional initié par le GSPC à la suite de l’abandon par le groupe salafiste du conflit national.
Concurrent d’Al-Qaïda sur le terrain du jihadisme, l’État islamique (EI) proclama, 15 ans après sa création en 1999, l’instauration d’un califat sur les territoires sous contrôle en Syrie, en Irak, en Libye et en Afghanistan. En 2015, l’État islamique dans le Grand Sahel (EIGS) s’établit quand l’ancien porte-parole du MUJAO, Adnan Abou Walid Sahraoui, fit allégeance à l’État islamique, entraînant le groupe Al-Mourabitoun (Les Almoravides), né de la fusion, en 2011, du MUJAO avec Les Signataires par le Sang, dans une scission au désavantage d’AQMI.
Dans le Liptako-Gourma, les activités violentes de l’EIGS se concentre sur le contrôle d’activités génératrices de revenus en prenant pour cible les communautés qui pratiquent l’exploitation aurifère artisanale dans la région et le long des routes commerciales vers les côtes de l’Afrique de l’Ouest.
Progressivement, les enjeux politiques, économiques, sociaux et culturels locaux ont fait surgir des mouvements jihadistes qui disent vouloir répondre aux attentes des populations locales qui, dans bien des cas, manquent de tout ou presque. Plus tard, la « reformulation en termes jihadistes » des griefs (néocolonialisme, pillage des ressources naturelles, contrats léonins au détriment des entrepreneurs locaux, etc.) à l’encontre de la France en Afrique de l’Ouest confère aux « entrepreneurs jihadistes » locaux une autre portée et justifie « l’insurrection jihadiste » à l’encontre des États ouest-africains concernés et des intérêts français.
En observant tous ces faits, la construction à laquelle parvient SEDGWICK est particulièrement digne d’intérêt : « L’idéologie est une condition nécessaire à l’essor d’une insurrection jihadiste, mais elle n’est pas suffisante. Il n’existe pas d’insurrection spontanée, sans instigateur ni organisateur. Les instigateurs peaufinent le discours, déclarent que l’insurrection est le seul moyen d’atteindre des objectifs, fournissent les arguments qui apportent une justification morale de la violence et persuadent leurs adeptes de la réussite probable de l’insurrection, en dépit des risques. »
Oripeaux partisans du jihadisme au Sénégal
Quid d’une insurrection partisane avec, en toile de fond, une idéologie jihadiste ? Elle suit le même schéma, conférant à la construction de SEDGWICK toutes les qualités d’un prisme sous lequel peut parfaitement être analysée l’insurrection à laquelle appela le patron de Pastef Ousmane Sonko et qui provoqua les émeutes de février-mars 2021 jamais enregistrées au Sénégal depuis l’indépendance. Le mémorandum du gouvernement sénégalais consacré à ces émeutes en dit long sur les similitudes frappantes entre les modes opératoires jihadiste et partisan propre à Pastef : « En affirmant, sans ambages, “qu’on ne pouvait pas vouloir une chose et son contraire ; que le temps était venu de se battre au prix de sa vie”, [Ousmane Sonko] invitait les jeunes au soulèvement, à la révolte et à ne montrer “aucun signe de faiblesse”.
Cet appel à la violence, qu’il qualifie de révolution, trouvera un écho favorable auprès de ses inconditionnels, puisque la levée de son immunité parlementaire, le lendemain de sa déclaration, a déclenché un nouveau cycle de troubles. »
Non moins révélateur est le passage, rédigé de bonne foi, par les rédacteurs du contre-mémorandum du Mouvement de défense de la démocratie (M2D) : « Les Sénégalais n’aiment pas l’injustice. Pour cette fois, le peuple, excédé de voir des opposants liquidés les uns après les autres dans une logique de conservation du pouvoir présidentiel, a pris ses responsabilités, pour crier son ras-le-bol face à l’injustice flagrante et aux agressions répétées contre la démocratie. » Le discours radical d’Ousmane Sonko n’est ni plus ni moins que le moyen efficace d’instrumentalisation du rejet (avéré) de toutes les formes d’injustice par les Sénégalais et de leur adhésion sans équivoque à des processus démocratiques non entachés d’irrégularités.
C’est donc avec des oripeaux partisans que la faction jihadiste Pastef fait son nid aux dépens de la démocratie sénégalaise dont elle ne reconnaît aucun des rouages institutionnels. L’appel, fait en août 2021 par Ousmane Sonko à « l’occupation des centres d’inscription par les jeunes primo votants en difficulté », et contre lequel nous avons énergiquement répondu sur YouTube, était on ne peut plus révélateur. Les réponses aux sorties de Sonko qui suivront, quand c’est nécessaire, seront toutes inspirées par ce que nous appelons l’antiterrorisme rationnel permettant d’éviter de tomber dans le piège de la « lutte contre le terrorisme » dont on connaît les limites objectives dans l’espace et dans le temps. De quoi s’agit-il ?
De l’antiterrorisme rationnel
Lorsqu’on étudie l’islam, l’intérêt pour son livre saint qu’est le Coran s’impose que l’on soit musulman ou pas. Le « Livre des versets pleins de sagesse » est une double invitation à l’être humain tel qu’il est désigné par Dieu dans le Rappel :
- une invitation au culte
Al ibada
- une invitation à la réflexion
Al tafakkur
Réflexion sur Dieu, sur soi, sur la science, le monde, l’invisible, etc., qui n’exclut pas un travail de recherche de la vérité au sujet des versets coraniques.
Se voyant offrir deux cartes d’invitation, les musulmans ont massivement répondu à la première (Al ibada), négligeant la deuxième (Al tafakkur). Cheikh Ahmed Tidiane SY explique l’engouement pour la première invitation au détriment de la deuxième en insistant sur la relative aisance dans le culte et les difficultés auxquelles les musulmans sont confrontés lorsqu’ils investissent le champ de la réflexion, de l’observation, de la recherche et du débat contradictoire en même temps que des milliers de non musulmans très fortunés, des milliers de savants non musulmans, des milliers de philosophes non musulmans, etc., qui contestent et l’authenticité du Prophète des musulmans et l’authenticité des versets du Coran qui, de leur divulgation à nos jours, ont fini par se propager aux quatre coins de la Planète malgré l’hostilité (réelle ou supposée) qu’on leur manifesta en Occident notamment.
Mais l’erreur des jihadistes - combattants autoproclamés de l’islam - est de n’avoir pas cherché dans le Coran ou de n’avoir pas adéquatement interprété ce qui s’y trouve pour relever le défi intellectuel dont le primat sur tous les autres défis (politique, économique, social, culturel, technologique, etc.) déterminerait avant tout l’issue de ce qui n’aurait dû être, au pire des cas, qu’une deuxième guerre froide opposant le monde arabo-musulman à l’Ocident après la première qui opposa le monde, dit « libre », au bloc, dit « totalitaire », jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989 et la réunification de l’Allemagne. Si la guerre des idées avait eu lieu, l’affrontement entre les démocraties occidentales et les monocraties arabo-musulmanes auraient vite tourné à l’avantage de ces dernières grâce aux ressources du Livre qui n’élude aucun sujet.
« Nous n'avons rien omis d'écrire dans le Livre. » (6:38)
L’échec de l’ONU, aujourd’hui vielle de 77 ans, dans son effort ininterrompu de démilitarisation des esprits pour l’avènement d’une société mondiale post-clausewitzienne, sans terrorisme ordinaire et extraordinaire, s’expliquerait, selon la thèse originale de Cheikh Ahmed Tidiane SY, inspirée par le Coran et la Sunna, par la tournure favorable à la notion de « Condition » dans l’affrontement sans merci qui l’opposa à l’idée de « Conscience ». Pourtant, il suffit, de l’avis du conférencier, que l’individu tire de sa conscience les ressources qui s’y trouvent et dont il a besoin pour sortir de sa mauvaise condition en se réinventant et en réparant en même temps le monde déréglé auquel il ne pense pouvoir échapper autrement que par le « suicide égoïste » dont l’une des formes extrêmes, de type jihadiste, est « l’attentat-suicide ».
Que se passe-t-il maintenant quand la Conscience prend le dessus sur la mauvaise condition réelle ou supposée ? Deux choses à la fois : l’abandon du discours tintamarresque utilisée pour faire peur à l’autre et la renonciation à l’artifice violent en renouant avec l’intelligence et l’effort. Deux recommandations faites aux mondes, comme dans un conte, par Dieu à travers deux versets d’une divine beauté : le cri de l’âne du mauvais locuteur et la ruse du paresseux qui pense avoir réussi son coup comme l’araignée qui tisse sa mince et fragile toile dans une chambre sans y être invitée.
« Sois modeste dans ta démarche, et baisse ta voix, car la plus détestée des voix, c'est bien la voix des ânes. » (31:19)
« Ceux qui ont pris des protecteurs en dehors d'Allah ressemblent à l'araignée qui s'est donnée maison. Or la maison la plus fragile est celle de l'araignée. Si seulement ils savaient ! » (29:41)
La Conscience, opposée à la mauvaise condition, renvoie dos à dos le jihadiste qui en veut à tout le monde sans discernement et sa cible entraînée dans une « guerre contre le terrorisme » qu’on ne sait toujours pas gagner puisque « le terrorisme est un mode d’action et non un acteur » saisissable comme n’importe quel autre acteur sur le terrain de la confrontation.
Parce qu’elle égalise les conditions, la Conscience - avec un C majuscule - n’appartient à aucune aire géographique spécifique fondée ou mandatée à proclamer l’universalité de ce qu’elle estime être sa propre conscience. C’est sur cette prise de conscience, à vocation universelle, que l’antiterrorisme rationnel gage son succès en relevant le défi intellectuel et politque venant et des jihadistes et/ou de leurs cibles révoltées.
C’est enfin sous le prisme de tout ce qui vient d’être dit que nous analysons les faux raccourcis que sont, en politique, la ruse de l’araignée et le cri de l’âne. Le recours aux deux renvoient aujourd’hui à une foultitude d’actes terroristes ordinaires dont les plus usités par le patron de Pastef est le choix sans équivoque de l’ennemi à abattre, le discrédit jeté publiquement sur les institutions de la République, le mensonge médiatisé, le fake news dans les réseaux asociaux, les menaces proférées par les mêmes canaux, l’appel récurrent au soulèvement, etc. En laissant entendre que la seule élection présidentielle gagnée par le président Macky SALL est celle de février et mars 2012 à laquelle il ne participa pas pour n’avoir pas eu à cette date une existence politique, Ousmane Sonko ne reconnaît toujours pas sa défaite de février 2019 malgré sa troisième place derrière les candidats Macky Sall et Idrissa Seck. M. Sonko n’est donc pas prêt à reconnaître aucune autre défaite électorale.
Autant de mépris pour la « démocratie procédurale » et la démocratie tout court augure un déferlement de violence auquel Pastef se prépare en se donnant en sourdine les moyens du terrorisme extraordinaire dont les victimes présumées sont les « membres des forces [de défense] et de sécurité et leurs familles, les journalistes et d'autres employés des médias, les fonctionnaires, les étrangers, les femmes, les avocats, les intellectuels, les artistes, les militants dans le domaine des droits de la personne et les enseignants ». Il faut s’attendre, le moment venu, à ce que des militants en uniforme et armés de Pastef installent de faux postes de contrôle pouvant coûter la vie à de nombreux politiciens et gendarmes de nos forces de défense et de sécurité. Les inconditionnels de Pastef qui ont incendié le véhicule du journaliste Macoumba Beye et attaqué les locaux de la chaîne de télévision « politiquement correcte » TFM n’hésiteraient pas, le moment venu, « [d’ordonner] à tous les journalistes de la radio et de la télévision [considérés comme défavorables à leur faction] de cesser de travailler sous peine de mort ». Il faut également s’attendre à ce que « les militants [de PASTEF] tuent des étrangers afin d'isoler [le Sénégal] sur le plan international et de discréditer encore plus l'État en le présentant “comme une entité faible, incapable de protéger ses hôtes étrangers ou ses citoyens” ». Le moment venu, les « intellectuels, écrivains, artistes, syndicalistes, avocats, militants politiques et défenseurs des droits de la personne [que les jeunes amis de Sonko accusent de critiquer Pastef], de collaborer avec le gouvernement ou de représenter les dirigeants politiques [indésirables] seront également pris pour cible ». Il ne fait alors aucun doute que des avocats et des juges soupçonnés d’avoir travaillé pour la proclamation de résultats défavorables à Ousmane Sonko et/ou à Pastef seront inquiétés.
L’antiterrorisme rationnel suffira-t-il à endiguer le mal du fait d’une prise de conscience collective accélérée cette fois par une contribution exceptionnelle de l’audiovisuel public au débat d’idées ? En l’absence d’une initiative originale du débat contradictoire dans les médias, les faits montrent que non depuis les émeutes de février-mars 2021. Le badigeonnage de panneaux pour les rendre inexploitables au bord de nos routes et le bouchage de canalisations pour l’évacuation des eaux de pluie à Keur Massar sont des actes de sabotage dont les auteurs ne se montreraient pas hostiles à Pastef et à son géniteur narcissique, incompétent, arrogant et violent quand ils n’y militent pas. La violence légitime doit donc se préparer à toute éventualité en parfaite intelligence avec le Renseignement. Pour tout dire, « la lutte contre une [faction] qui défie l’État [comme Pastef] doit se décliner tant au niveau sécuritaire que social et politique, en somme selon un triangle alliant sécurité, développement et gouvernance politique. En d’autres termes, il s’agit à la fois de neutraliser un potentiel de violence par la coercition et le droit (…) que de réduire le substrat sur lequel il se développe ».
Bien sûr, la « Transparence » et l’« Ethique » claironnées par Pastef et son patron enchantent des enseignants du primaire, des premier et second cycles du secondaire et des universitaires. Nous invitons les mêmes à s’arrêter sur la « Fraternité » qui est un projet politique, illusoire sans la concorde, et non une déclamation creuse faite pour tromper l’opinion.
« Les croyants ne sont que des frères. Etablissez la concorde entre vos frères, et craignez Allah, afin qu'on vous fasse miséricorde. »(49 :10)
Gagner le débat…(L’Harmattan, Février 2023)
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LA DECLARATION DE CANDIDATURE D’IDRISSA SECK A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L'APS CE SAMEDI
La livraison des quotidiens du week-end mettent l'accent sur La déclaration de candidature de l’ancien premier ministre Idrissa Seck à l’élection présidentielle du 25 février 2024.
Dakar, 15 avr (APS) – La déclaration de candidature de l’ancien premier ministre Idrissa Seck à l’élection présidentielle du 25 février 2024 est traitée en priorité dans la livraison du week-end des quotidiens reçus à l’Agence de presse sénégalaise.
‘’Cette fois-ci il n’a pas fait dans la dérobade. Idrissa Seck qui dit avoir conseillé à Macky Sall de garder le silence sur sa candidature, a annoncé qu’il est impensable qu’une élection présidentielle se tienne au Sénégal sans sa participation’’, commente Walfadjri.
La publication qui fait un compte rendu de la longue conférence de presse du président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), assimile la sortie du leader de Rewmi (mouvance présidentielle) à un ‘’show’’.
Vendredi, dans son fief électoral à Thiès, l’ancien premier ministre a tenu une longue conférence de presse en présence de quelques uns de ses militants. Devant des journalistes, il a évoqué plusieurs sujets ayant trait à sa candidature, à celles de Macky Sall et de Ousmane Sonko, à ses relations avec l’ancien chef de l’Etat Abdoulaye Wade entre autres points abordés.
‘’Oui, je suis candidat’’, déclare Idrissa Seck dans le Soleil. ‘’Le leader du parti Rewmi, membre de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY, mouvance présidentielle), a déclaré sa candidature à l’élection présidentielle de février 2024’’, informe le Soleil.
Le journal explique qu’Idrissa Seck qui ‘’était très attendu sur la question depuis quelques jours, a annoncé la couleur en commentant toute l’actualité politique’’.
‘’Sa sortie était très attendue, et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Idrissa Seck sait captiver son public. Son éloquence et ses talents d’orateur ne sont plus à prouver. Reste à savoir si le message livré a été bien perçu’’, analyse l'Observateur.
‘’Idrissa Seck veut juste montrer que c’est quelqu’un qui est capable d’être le trait d’union dans un système partisan sénégalais qui est bipolarisé à l’extrême’’, commente l’observateur en citant un spécialiste.
Dans leur compte rendu de la sortie de l’ancien premier ministre, les journaux ont surtout insisté sur le fait que M. Seck ait exclu Macky Sall de la course à la prochaine présidentielle.
‘’Macky Sall n’a pas droit à une troisième candidature’’, dit Idrissa Seck dans le journal le Quotidien.
Le journal rapporte que l’ancien premier ministre ‘’dit avoir échangé avec Pr Serigne Diop, l’un des meilleurs constitutionalistes du continent, qui lui a fait savoir que le président Macky Sall n’avait pas droit à un autre mandat et qu’aucune issue ne lui donne le droit de se présenter à la prochaine élection présidentielle’’.
Au sujet d’Ousmane Sonko, Idrissa Seck ‘’souhaite que ce dernier puisse être candidat à l’élection présidentielle de 2024 quelque soit l’issue du procès en appel et même en cassation’’, rapporte Bes bi le jour.
Ce qui fait dire au journal Enquête qu’Idrissa Seck ‘’est en train d’abattre ses cartes’’.
Le journal qui rappelle les trois participations d’Idrissa seck à une élection présidentielle (2007, 2012 et 2019) se demande ‘’si 2024 sera la bonne année’’ pour l’ancien maire de Thiès.
Les journaux ont aussi évoqué la mise en position de garde à vue de Bassirou Diomaye Faye, secrétaire général de Pastef, le parti politique dirigé par l’opposant Ousmane Sonko.
Selon Libération qui en fait sa principale Une, Bassirou Diomaye Faye a été embarqué par des éléments de la Division des investigations criminelles (DIC) en présence de ses avocats et du secrétaire général du Syndicat des agents des impôts et domaines.
Pour Enquête, le membre du bureau politique de Pastef, a été arrété dans la soirée. Il lui est reproché, selon le journal, des déclarations qu’il a tenues sur des magistrats.
Sur un tout autre registre, le journal le Soleil fait part du lancement des grands travaux de Médina Baye.
‘’Les grands travaux de la Fayda Tidianya ont été lancés vendredi sur l’esplanade de la mosquée de Médina Baye en présence des autorités religieuses notamment le khalife général de la famille, des délégations venues de Touba, Tivaouane et de nombreuses autres familles confrériques’’, informe le journal.
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BASSIROU DIOMAYE FAYE, LE SECRETAIRE GENERAL DE PASTEF-LES PATRIOTES, ARRETE
Le secrétaire général de Pastef a été placé en garde à vue vendredi soir pour "outrage à magistrats, diffusion de fausses nouvelles et diffamation envers un corps constitué" par la Division des investigations criminelles
Un proche collaborateur de l'opposant sénégalais Ousmane Sonko a été placé en garde à vue vendredi soir pour "outrage à magistrats et diffusion de fausses nouvelles", a-t-on appris samedi de source policière.
Bassirou Diomaye Faye, secrétaire général du parti présidé par Ousmane Sonko, a été arrêté vendredi soir après avoir posté un message sur Facebook critiquant la célérité excessive, selon lui, de la procédure dans le procès en appel pour diffamation de M. Sonko prévu lundi, selon son entourage. Il a également critiqué les magistrats en charge du dossier. Il a été "placé en garde à vue pour outrage à magistrats, diffusion de fausses nouvelles et diffamation envers un corps constitué" par la Division des investigations criminelles (Dic, police judiciaire), à Dakar, a indiqué à l'AFP une source policière.
M. Sonko doit être jugé en appel lundi pour diffamation contre le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, un responsable du parti présidentiel. Ce dernier lui reprochait d'avoir déclaré qu'il avait été épinglé par un rapport d'une institution de contrôle pour sa gestion d'un fonds pour l'emploi des jeunes. M. Sonko a été condamné le 30 mars à deux mois de prison avec sursis et doit verser 200 millions de francs CFA (300.000 euros) de dommages et intérêts au ministre. L'opposant conserve cependant son éligibilité pour la présidentielle de 2024, selon ses avocats. Le parquet et la partie civile ont fait appel de ce jugement.
M. Sonko et ses supporteurs accusent le pouvoir d'instrumentaliser la justice pour l'empêcher de se présenter à la présidentielle de 2024. Le parti présidentiel accuse de son côté M. Sonko de vouloir paralyser le pays et de se servir de la rue pour échapper à la justice.
En mars 2021, la mise en cause de M. Sonko dans une autre affaire, de viols présumés, et son arrestation sur le chemin du tribunal avaient contribué à déclencher les plus graves émeutes depuis des années dans le pays. Elles avaient fait au moins une douzaine de morts. Le procès n'a pas encore eu lieu.
Le président Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, reste muet sur ses intentions au sujet de la présidentielle de février 2024, pour laquelle une vingtaine de candidats se sont déjà déclarés.
«BANEL ET ADAMA » , UN FILM SENEGALAIS DANS LA SELECTION OFFICIELLE DE CANNES 2023
Le film ''Banel et Adama" de la réalisatrice franco-sénégalaise Ramata Toulaye Sy a été retenu dans la sélection officielle de la 76e édition du festival de Cannes en France, prévue du 16 au 27 mai prochain.
La liste des 16 films en compétition officielle a été dévoilée jeudi lors d'une conférence de presse animée par le délégué général du festival de Cannes, Thierry Frémaux, en présence de la nouvelle présidente du festival, Iris Knobloch. "Banel et Adama'' est le premier film da la cinéaste sénégalaise. Il "est à la lisière de l'expérimentation" et "offre un cinéma tout à fait fort et singulier [...]'', a annoncé le délégué général du festival de Cannes, Thierry Frémaux.
Il ajoute que Ramata Toulaye Sy est la deuxième jeune cinéaste sénégalaise qui vient en compétition officielle au festival de Cannes, après la cinéaste Mati Diop en 2019. "Atlantique", le film que cette dernière avait présenté sur la problématique de l'émigration, avait remporté le Grand prix du jury du festival de Cannes.
Selon Thierry Frémaux, pour l'édition 2023, au total deux-mille films ont été visionnés par les différents comités de sélection du festival, ce qui selon lui "prouve la vitalité du cinéma mondial" et signifie que "de partout on veut faire des films". Il note en particulier "l'éclosion" de jeunes cinéastes tout en se félicitant de "la forte présence du continent africain surtout de réalisatrices" à cette 76e édition du festival de Cannes.
Le film "Banel et Adama" est le premier long métrage de Ramata Toulaye Sy, qui a aussi réalisé "Astel", un court métrage multiprimé à travers le monde et qui a remporté le Tanit de bronze lors des dernières Journées cinématographiques de Carthage en Tunisie. "Banel et Adama" raconte une histoire d'amour impossible dont l'action se déroule au Fouta, terroir traditionnel du nord du Sénégal. "Le film raconte une histoire d'amour presque impossible dans le Fouta où les traditions et les valeurs traditionnelles mettent une pression à un jeune couple qui veut vivre son amour. C'est une histoire entre modernité et tradition chez les Peuls au Fouta", explique Souleymane Kébé, l'un des producteurs de ce film.
Se disant "très fier" de voir ce film sélectionné à Cannes, il relève que la particularité de cette œuvre réside dans l'usage de la langue pulaar et la participation d'acteurs non professionnels. Le film a été entièrement tourné à Podor et dans les villages environnants, avec essentiellement des techniciens sénégalais. "Tous les postes ont été occupés par des Sénégalais sauf trois personnes, à savoir le chef opérateur, la scripte et le gestionnaire. Cela nous rend encore plus fiers de porter ce film pour le Sénégal", a-t-il commenté.
"C'est un film sénégalais qui va représenter le Sénégal mais il y a aussi [que] des coproducteurs français et maliens'' ont contribué à sa réalisation, souligne Souleymane Kébé. L'Afrique sera par ailleurs représenté dans cette sélection officielle de Cannes 2023 par le film "Les filles d'Olfa" de Kaouther Ben Hania de la Tunisie. Les Etats-Unis et l'Italie sont les pays les plus présents dans cette sélection.
Par Benta A. Abuya
SEULE UNE FILLE SUR TROIS ATTEINT L'ECOLE SECONDAIRE AU SENEGAL
Le Sénégal a une jeune population, avec environ la moitié de ses 18 millions d'habitants âgés de moins de 19 ans. Cela indique une demande potentiellement élevée en matière d'éducation. Cependant, parmi les enfants âgés de 6 à 11 ans, 41% ne sont pas scol
Le Sénégal a une jeune population, avec environ la moitié de ses 18 millions d'habitants âgés de moins de 19 ans. Cela indique une demande potentiellement élevée en matière d'éducation. Cependant, parmi les enfants âgés de 6 à 11 ans, 41% ne sont pas scolarisés. Dans le groupe d'âge des 12 à 18 ans, 43 % ne sont pas scolarisés. Les statistiques montrent également que le nombre de filles inscrites diminue au fur et à mesure qu'elles avancent dans le système. Pour comprendre cette dynamique, le Centre africain de recherche sur la population et la santé a mené une étude de deux ans sur l'éducation et le bien-être des filles au Sénégal. Benta A Abuya, chercheur principal de l'étude, analyse les résultats.
Votre étude a révélé que seulement environ 34% des filles s'inscrivent dans une école secondaire même après avoir terminé leur cycle élémentaire au Sénégal. Comment cela se fait-il ?
Les raisons commencent dès l'école élémentaire. Au Sénégal, l'âge officiel d'entrée à l'école élémentaire est fixé à six ans. L'école élémentaire dure six ans, le moyen quatre ans et le secondaire trois ans. Nos résultats montrent qu'en dernière année d'école élémentaire, le taux d'abandon est de 26,7 % pour les filles et de 22,2 % pour les garçons. Nous avons constaté que les difficultés financières des ménages constituent l'un des obstacles à l'achèvement de la scolarité des filles et des garçons. Environ 39 % des Sénégalais vivent en dessous du seuil de pauvreté. Malgré l'existence de programmes gouvernementaux – comme l'enseignement public gratuit jusqu'à l'âge de 16 ans et le Projet d'appui à l'éducation des filles, qui fournit des uniformes scolaires – le coût de la scolarité reste un obstacle pour de nombreuses familles. Elles doivent payer le matériel pédagogique et le transport scolaire. Nous avons également constaté une préférence pour l'éducation des garçons par rapport à celle des filles. Dans les ménages aux moyens financiers limités, les garçons sont plus souvent envoyés à l'école, au détriment des filles. En outre, les filles qui sont délinquantes, qui manquent d'intérêt pour l'école ou qui se livrent à des activités sexuelles dangereuses ont tendance à être jugées sévèrement par les communautés. Elles sont considérées comme une source de honte pour leur famille. Elles sont donc retirées de l'école et mariées précocement pour tenter de remédier à ce comportement. Des croyances et des pratiques culturelles profondément ancrées - telles que les mutilations génitales féminines, les mariages forcés d'enfants et les grossesses précoces - empêchent également certaines filles de progresser à l'école. Elles accusent donc un retard en matière d'éducation et de bienêtre. L'âge légal du mariage au Sénégal est de 16 ans pour les filles et de 18 ans pour les garçons. Mais ce sont les familles qui décident du moment où les filles se marient. Par exemple, dans la région de Kolda, dans le sud du pays, 68 % des filles se marient avant d'avoir 18 ans. C'est plus du double de la moyenne nationale de 31 %. Dans une étude exploratoire réalisée en 2019, nous avons constaté que sur 1 321 adolescentes, 78 % sont tombées enceintes entre 12 et 18 ans. Parmi ces grossesses, 25,6 % ont eu lieu avant que les filles n'atteignent l'âge de 15 ans. Et selon une étude exploratoire que nous avons réalisée en 2021, les grossesses précoces ont été principalement citées dans les régions de Zinguinchor et de Sédhiou, dans le sud-ouest du Sénégal, comme étant à l'origine de l'abandon de l'école par les filles. Certaines filles se marient tôt parce que leur famille pense qu'elles risquent moins de tomber enceintes dans le cadre d'une relation sexuelle transactionnelle. D'autres se marient tôt parce qu'elles considèrent que c'est la seule possibilité de faire leur vie après avoir abandonné l'école.
Pourquoi est-ce un problème que tant de filles n'aillent pas à l'école secondaire au Sénégal ?
Lorsque les filles ne vont pas à l'école secondaire, elles et leurs communautés ne bénéficient pas des avantages sociaux, économiques et sanitaires qui découlent de l'éducation. Lorsque le nombre de filles qui accèdent à l'école secondaire augmente, les communautés sont incitées à construire davantage d'établissements secondaires. Cela stimule à son tour l'augmentation des inscriptions à l'école primaire. Les filles ont également plus de chances de se trouver à proximité des écoles qu'elles doivent fréquenter, ce qui motive les parents à s'engager davantage à soutenir de leur scolarité. Lorsque les filles reçoivent une éducation secondaire, toute la société en bénéficie. Les compétences en matière de réflexion critique permettent aux filles de participer à des tâches civiques et de conduire des changements démocratiques au sein de leurs communautés. Les femmes instruites sont mieux placées pour relever certains défis sanitaires auxquels sont confrontés leurs enfants et leurs communautés, car elles sont souvent les principales dispensatrices de soins. Les mères instruites améliorent la vaccination et l'apport nutritif de leurs enfants, réduisent le risque de mortalité infantile et de retard de croissance, ont des taux de fécondité plus faibles et moins de grossesses non désirées. Enfin, le fait d'aller à l'école secondaire réduit le risque que les filles contractent des maladies sexuellement transmissibles, car elles sont en mesure d'accéder à des informations leur permettant de modifier leur comportement en matière de santé au moment où elles sont le plus vulnérables.
Vous avez cherché à savoir comment les parents pouvaient contribuer à augmenter le nombre de filles inscrites à l'école secondaire. Qu'avez-vous trouvé?
Les parents peuvent contribuer à augmenter le nombre de filles qui accèdent à l'école secondaire s'ils :
• donnent les mêmes chances aux filles et aux garçons d'aller à l'école
• s'abstiennent de marier les filles à un âge précoce
• cessent d'invoquer l'excuse selon laquelle les filles “finiront forcément à la cuisine”
• enregistrent tous leurs enfants, y compris les filles, à la naissance afin qu'ils disposent d'un bulletin de naissance.
Nous avons constaté que l'absence de suivi de la délivrance des actes de naissance pour les filles entrave leur éducation au-delà de l'école primaire, car elles ne peuvent pas se présenter aux examens de fin d'année.
Le gouvernement et les acteurs de l'éducation doivent encourager les parents à s'impliquer davantage dans les programmes visant à maintenir les filles à l'école. Par exemple, l'implication des parents est nécessaire pour mener la lutte contre les mariages précoces et les mutilations génitales féminines.
Le gouvernement doit également veiller à ce que le Cadre de coordination des interventions sur l'éducation des filles au Sénégal travaille avec les communautés. Les hommes et les garçons devraient être impliqués dans les programmes d'intervention. Cela pourrait modifier la dynamique du pouvoir en remettant en question les normes de genre et les croyances patriarcales selon lesquelles les hommes et les femmes ne sont pas égaux.
Dans les régions où les facteurs culturels et religieux entravent l'éducation des filles, les parents devraient être les premiers à s'attaquer à ces obstacles. Ils peuvent le faire en s'élevant contre les mariages précoces et en maintenant les filles à l'école.
Benta A. Abuya
Research Scientist, African Population and Health Research Center
LE DUEL DIAMBARS/TEUNGUETH ET LE DERBY US GOREE/JARAAF EN VEDETTE
Le duel qui oppose au stade Fodé Wade Diambars à Teungueth FC sera en vedette de cette 18e journée qui se joue ce week-end.
Au sortir des 32e de finale de la Coupe du Sénégal, la Ligue 1 engage sa 18e journée ce week-end. Avec comme attraction, le duel qui oppose le leader Diambars à Teungueth FC. Surpris et écartés de la Coupe du Sénégal par le Stade de Thiaroye, les Académiciens sont en alerte. Seule la victoire contre les Rufisquois leur permettrait de maintenir la courte avance qui les sépare de leurs suivants immédiats et de consolider le fauteuil de leader. Au bas du tableau, la bataille sera un peu plus soutenue entre des équipes qui se tiennent de près et qui ont à cœur de se dégager de la zone de relégation.
Le duel qui oppose au stade Fodé Wade Diambars à Teungueth FC sera en vedette de cette 18e journée qui se joue ce week-end. Surpris et éliminés en 32e de finale de la Coupe du Sénégal par le stade de Thiaroye (équipe de National 1), les Académiciens de Saly enchaînent avec la course vers le titre de champion de Ligue 1. En plus de se racheter devant leur public, il s’agit de se maintenir à la tête du classement et surtout d’accroitre leur avance qui ne tient que sur un fil. Un défi qui s’annonce difficile face aux Rufisquois ( 5e, 25 points) qui restent sur une bonne dynamique.
Freiné lors la précédente, Guédiawaye FC ( 2e, 30 points) sera cependant à l’affût. Les Crabes effectueront le déplacement chez l’As Douanes ( 12e ; 17 points) qui a décidé d’élire domicile au stade de Parcelles assainies. Un point pourrait suffire à l’équipe de la Banlieue pour revenir au sommet. Après son accès au podium suite à une série de trois victoires d’affilée, Génération foot (3e, 29 pts) aura aussi une belle opportunité de s’installer sur le fauteuil. Ce sera en cas de succès devant le Stade de Mbour ( 11e ; 20 points) qu’elle accueille au stade Djibril Diagne.
Décroché depuis deux journées et relégué du 1er à la 4e place, le Casa Sports (4e, 26 points) sera à relancer lors de ce déplacement qu’il va effectuer sur la pelouse de l’équipe de Dakar Sacré Cœur (7e ; 22 points). Le stade Iba Mar Diop abritera de son côté le derby très attendu et qui promet entre le Jaraaf (10e, 21 pts) et l’Us Gorée (6e, 24 pts). Après le départ de Youssou Dabo du banc d’entraîneur suite à une succession de trois défaites, les «Vert et Blanc» s’efforceront de se tirer de cette mauvaise passe et redonner le sourire à leurs supporters.
Au stade Mawade Wade, la Linguère (13e, 14 pts) accueille As Pikine (8e, 22 points). Les Saint-Louisiens savent ce qui leur attend et ils devront batailler ferme pour empocher les trois points afin de dissiper les fortes inquiétudes de leurs supporters et se dégager de la zone de relégation dans laquelle ils sont confinés depuis quelques journées.
Scotché à la 14ème et dernière place, le CNEPS Excellence (14e ;9 pts) fera face à domicile à la Sonacos de Diourbel (9e ; 21 points).
PROGRAMME 18E JOURNÉE
LIGUE 1
SAMEDI 15 AVRIL 2023
Stade Iba Mar Diop
16 h 30: US Gorée-Jaraaf
Stade Fodé Wade
16 h 30: Diambars-Teungueth FC
DIMANCHE 16 AVRIL
Stade Mawade Wade
16 h 30: Linguère-AS Pikine
Stade Parcelles Assainies
16 h 30 : AS Douanes-Guédiawaye FC
Stade Maniang Soumaré
16 h 30 : CNPES Excellence-Sonacos
Stade Djibril Diagne
Génération Foot-Stade de Mbour
LE SENEGAL TOUT PROCHE MAIS ENCORE LOIN DE L'ÉRADICATION DU MARCHÉ PARALLÈLE DE MÉDICAMENTS
Le marché parallèle de médicaments au Sénégal cause beaucoup de dommages aux pharmaciens mais aussi aux professionnels de la santé qui enregistrent plus de malades chroniques.
Le marché parallèle de médicaments au Sénégal cause beaucoup de dommages aux pharmaciens mais aussi aux professionnels de la santé qui enregistrent plus de malades chroniques. Cette situation qui continue de perdurer dans le pays a été décriée par plusieurs professionnels du médicament et la dernière dénonciation date du jeudi 13 avril dernier lors du point de presse du comité d’organisation du forum international pharmaceutique qui se tiendra à Dakar au mois de juin prochain.
L a cité religieuse de Touba située dans la région de Diourbel et Keur Serigne Bi à Dakar préoccupent les acteurs de ce secteur. Pour Dr Assane Diop, président du Syndicat des pharmaciens privés du Sénégal, les juridictions du Sénégal permettent de lutter efficacement contre ce marché. « Si l’Etat a la volonté, il y arrivera » a-t-il fait comprendre. Tout comme le pharmacien Assane Diop, son confrère Dr Ameth Niang, président de l’Ordre des pharmaciens du Sénégal estime fermement qu’ « il y’a un manque de volonté politique à Touba ».
Au niveau du ministère de la Santé et de l’action sociale (Msas), le conseiller spécial de la ministre en pharmacie Dr Aboukrine Sarr, a tenté de rassurer. Selon ce dernier, la création de l’Agence de réglementation pharmaceutique (Arp) mise en place par l’Etat du Sénégal va prendre en charge tous ces aspects. « Il y a un projet de loi qui a été fait, il a déjà été présenté en conseil des ministres, au niveau de l’Assemblée nationale si les députés le votent, beaucoup de choses vont changer. L’idée est d’arriver à ce que le médicament reste dans les mains des professionnels du médicament. Et cette agence a été renforcée afin de jouer pleinement ses missions dont la réglementation dudit secteur » a-t-il fait comprendre.
Pour le cas de Touba avec ses multiples dépôts pharmaceutiques qui fleurissent dans chaque coin de la rue, le conseiller de madame le ministre de la Santé du Sénégal, a souligné : « il y a un travail qui est entamé dans cette cité religieuse. Par l’autorisation d’ouvrir des officines de pharmacie, des pharmaciens seront très bientôt dans ce site. D’ailleurs, cela a déjà commencé et va se poursuivre afin d’avoir un maillage de la zone comme dans d’autres régions ».
Si à Dakar, malgré la pléthore de pharmacies, des Sénégalais continuent de se ravitailler au niveau de Keur Serigne Bi situé en pleine capitale Sénégalaise, les habitants de Touba habitués à se ravitailler dans les dépôts illégaux pourraient bien poursuivre. Cette démarche du ministère de la Santé et de l’action sociale pourrait-elle éradiquer le fléau dans la zone de Touba, rien n’est encore gagné mais il vaut mieux que de ne pas poser des jalons. Toutefois, des professionnels du médicament pensent que seule une ferme volonté politique avec l’application sans complaisance des lois pourrait régler le problème.