“Le verdict contre Oumane Sonko n’a pas retenu les deux chefs d’accusation de départ, ceux de viol et menaces de mort. Par conséquent, cette condamnation à deux ans ferme est des plus injustes”, a commenté l’ancienne Première ministre Aminata Touré, après le verdict rendu par les juges de la chambre criminelle.
“Je renouvelle ma solidarité à Ousmane Sonko et aux militants de Pastef, a poursuivi Mme Touré. Ensemble au sein du F24 et avec tous les démocrates, la lutte continue contre le troisième mandat du président Macky Sall, contre l’élimination des candidats à l’élection présidentielle de 2024, contre le musellement des démocrates et pour des élections libres et transparentes”.
Ousmane Sonko a été condamné à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse, ce jeudi, par la chambre criminelle. Il est acquitté pour viol et menaces de mort. Il devra en outre s'acquitter d'une amende de 600 000 F CFA.
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DANS CE PROCÈS, C'EST SONKO QUI SORT GAGNANT
Le journaliste Daouda Mine commente la décision de justice prononcée contre Ousmane Sonko ce jeudi 1er juin dans l'affaire Sweet Beauté
Membre du pool d’avocats chargés de défendre les intérêts du président de Pastef, Me Ousseynou Ngom n’a pas tardé à se prononcer sur l’accusation de corruption de la jeunesse. Réaction.
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NOUS AVONS TOUJOURS DIT QUE SONKO EST VICTIME D'UN COMPLOT
Les avocats du leader de Pastef estime que la justice leur a donné raison à travers la disqualification des faits de viols et menaces de mort contre leur client
La défense n’interjettera pas appel pour casser la sentence de la chambre criminelle qui a condamné Ousmane Sonko à deux de prison ferme.
« En matière de contumace, il n’est pas possible de faire appel. Mais, sur le plan technique, on avisera pour ce qui concerne les conduites à tenir dans le cadre des actes posés » a informé Me Bamba Cissé, membre du pool d’avocats de Ousmane Sonko.
La défense a aussi relevé que leur client n’a pas été condamné pour viols et menace de mort.
« Pendant deux ou un peu plus, on nous a vendu un dossier de viol. On nous a vendu un dossier au terme duquel on disait qu’une fille fragile a été violée sous la contrainte et avec des armes par M. Ousmane Sonko. Aujourd’hui, la justice a dit que ce n’était pas vrai » a constaté l’avocat.
Selon la défense, la justice leur a donné raison. « Nous avions toujours dit que Ousmane Sonko est victime d’un complot, une conspiration. Et qu’il n’a jamais violé » a indiqué Me Bamba.
CEUX QUI TIRENT ET TUENT NE SONT PAS NOS FORCES DE DEFENSE ET DE SECURITE
Après avoir écouté les préoccupations et contributions des différents acteurs, le président Macky Sall a donné des réponses. Il affirme qu’il est prêt à renoncer à sa troisième candidature, si on le lui demande avec la manière.
Après avoir écouté les préoccupations et contributions des différents acteurs, le président Macky Sall a donné des réponses. Il affirme qu’il est prêt à renoncer à sa troisième candidature, si on le lui demande avec la manière. Il prévient que personne ne peut lui imposer quoi que ce soit.
Sur la tension notée ces derniers à travers les menaces et manifestations, le président Sall menace: «Les menaces contre les magistrats, ça ne passera pas. Le Sénégal fait l’objet de critiques à l’international. C’est une campagne orchestrée contre la République et contre le président de la République. Orienter cette campagne contre le président de la République n’est pas grave parce que je peux me battre». Selon lui, certaines forces de l’opposition ont un problème contre le Sénégal, ses institutions et sa démocratie. «Si nous voulons avancer, avançons dans la vérité et dans le cadre du respect de la loi. Au moment où nous parlions ce soir, un individu a été appréhendé après avoir tiré sur un jeune manifestant. C’est un civil. Il n’est ni policier ni gendarme», dit-il. Occasion qu’il saisira pour s’ériger en défenseur des forces de sécurité et de défense. «Ceux qui tirent et tuent ne sont pas nos forces de défense et de sécurité. Nos forces sont les plus républicaines en Afrique, reconnues par l’organisation des Nations unies. Quel est l’intérêt de nos Fds de tirer sur des manifestants, des civils. Ils n’ont aucun intérêt à le faire. Les enquêtes vont révéler ceux qui sont arrêtés avec des armes». «Est-ce que sur cette base, on peut amener l’Etat à démissionner sur la base de sa responsabilité régalienne d’assurer la sécurité des citoyens», s’interroge Macky ajoutant que la démocratie et le dialogue démarrent par le respect de la loi. «Si on ne respecte pas la loi et les règlements, on fonce vers le chaos. Le gatsa gatsa nous conduit vers des lendemains incertains. Ce que nous ne souhaitons pas pour le Sénégal», souligne encore Macky Sall.
ADJI SARR N’EST PAS TOTALEMENT SATISFAITE, MAIS…
La Chambre criminelle a condamné Ousmane Sonko et Ndèye Khadi Ndiaye à 2 ans ferme a sorti de 20 millions à payer ensemble à Adji Sarr la somme de 20 millions de dommages et intérêts. Un verdict qui ne semble pas satisfait la plaignante et son avocat.
L’avocat de l’ex-masseuse, Adji Sarr, estime que sa cliente “n’est pas totalement satisfaite”.
“Nous avons, c’est vrai, une satisfaction mitigée, a-t-il réagi à l’énoncé du verdict ce jeudi 1er juin, devant la Chambre criminelle, condamnant le leader de Pastef, Ousmane Sonko à deux (2) ans de prison ferme pour “corruption de jeunesse”.
“On n’a pas une satisfaction totale sur toute la ligne, avoue Me El Hadji Sarr. La robe noire s’empresse, toutefois, d’ajouter : “Mais, nous avons au moins une victoire, une grande victoire, sur une personne qui a toujours menacé les juges, la société et qui se croyait au-dessus de l’État. Qui n’a même pas respecté la Chambre criminelle en refusant de se présenter.”
Par conséquent, dit-il, “il a été jugé par contumace. L’homme Ousmane Sonko doit aller en prison pendant deux (2) ans. ça donne une satisfaction morale. Ma cliente comme moi n’est pas satisfaite totalement. Elle aurait bien voulu la condamnation de monsieur Sonko à la peine attendue dès lors que le contexte sexuel n’est pas rejeté. Il est coupable d’abus, de corruption de jeunesse, donc d’exercice de la puissance, de l’influence sur Adji Sarr, pour accéder à son intimité.”
NDEYE KHADY NDIAYE CONDAMNÉE
L'affaire de viol opposant le leader du Pastef et la masseuse Adji Sarr a livré son verdict. si le maire de Ziguinchor a été condamné à 2 ans ferme à sorti d'amande, le propriétaire du salon de massage l'a été aussi.
Pour la propriétaire du salon de massage Sweet Beaté, Ndeye Khady Ndiaye, la chambre criminelle du tribunal de Dakar l’a acquitté pour les faits de complicité de viol et diffusion d’images contraires aux bonnes mœurs, dans le procès opposant le Président de Pastef, Ousmane Sonko et l’ex-masseuse Adji Sarr. Toutefois, elle a été déclarée coupable d’incitation à la débauche. Ainsi, elle écope d’une peine ferme de 2 ans et d’une amende de 600.000 Francs Cfa.
La chambre criminelle a également ordonné à Ndeye Khady et à Osmane Sonko de payer solidairement à Adji Sarr la somme de 20 millions de dommages et intérêts. L’ex masseuse avait demandé à l’audience 1,5 milliards.
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DEUX ANS DE PRISON FERME POUR SONKO
Le chef de Pastef est condamné pour corruption de la jeunesse ce jeudi 1er juin par la chambre criminelle. Il est acquitté pour viol et menaces de mort. Il devra en outre s'acquitter d'une amende de 600 000 F CFA. Ndèye Khady Ndiaye écope de la même peine
Un tribunal criminel de Dakar a condamné jeudi l'opposant sénégalais Ousmane Sonko, accusé de viols, à deux ans de prison ferme pour "corruption de la jeunesse", compromettant encore davantage sa canditure à la présidentielle de 2024 dans un contexte de vives tensions.
La chambre criminelle, statuant en l'absence du plus farouche adversaire du président Macky Sall, l'a en revanche acquitté des accusations de viols et menaces de mort. Elle a par ailleurs condamné à deux ans de prison ferme la co-accusée de M. Sonko, Mme Ndèye Khady Ndiaye, patronne du salon de beauté où M. Sonko était accusé d'avoir abusé d'une employée à plusieurs reprises.
La "corruption de la jeunesse" consiste à débaucher ou à favoriser la débauche d'un jeune de moins de 21 ans. La plaignante, Adji Sarr, avait moins de 21 ans au moment des faits qu'elle dénonce. La décision paraît au vu du code électoral maintenir la menace sur son éligibilité et sur sa faculté à concourir à la présidentielle de l'an prochain.
Les implications immédiates de cette décision et une éventuelle arrestation de M. Sonko sont incertaines. Le tribunal ne s'est pas prononcé sur une éventuelle arrestation. "La décision de l'arrêter ou pas dépend du ministère public", a dit un des avocats de M. Sonko, Me Djiby Diagne. Mais "la candidature d' Ousmane Sonko est hypothéquée", a-t-il déclaré.
Au moment de la décision de justice, M. Sonko, président du parti Pastef-les Patriotes et troisième de la présidentielle de 2019, était présumé se trouver chez lui à Dakar, bloqué depuis dimanche par un important dispositif policier, "séquestré" selon ses mots. Les forces de sécurité ont repoussé, y compris par la force, toute tentative de l'approcher de la part de ses avocats ou de ses sympathisants.
Les forces de sécurité ont tenu les journalistes à une distance considérable de sa maison. Elles ont lancé des grenades lacrymogènes sans sommation vers un groupe de journalistes, dont une de l'AFP, pour les éloigner.
Le verdict, point d'orgue d'un feuilleton qui tient le Sénégal en haleine depuis plus de deux ans, fait craindre de nouvelles violences. M. Sonko n'a cessé de protester de son innocence et de crier à un complot ourdi par le président, qui s'en défend. Il encourait jusqu'à vingt ans de réclusion pour viols.
L'enjeu est autant criminel que politique. L'égibilité de M. Sonko, 48 ans, est déjà compromise par une récente condamnation à six mois de prison avec sursis pour diffamation contre un ministre.
L'inconnue Macky Sall
Depuis février 2021 que l'affaire de viols présumés défraie la chronique, M. Sonko est engagé dans un bras de fer forcené avec le pouvoir pour sa survie judiciaire et politique. Une vingtaine de civils ont été tués depuis 2021 dans des troubles largement liés à sa situation. Le pouvoir et le camp de M. Sonko s'en rejettent la faute.
Le Sénégal, rare pôle de stabilité dans une région troublée sans être pour autant étranger au tumulte politique, a connu de nouveaux affrontements entre supporteurs de M. Sonko et forces de sécurité autour de son procès puis de son retour du sud du pays vers Dakar vendredi. M. Sonko a été interpellé dimanche et ramené de force chez lui. Il a appelé mardi les Sénégalais à manifester "massivement".
Des jeunes ont attaqué les maisons de membres du camp présidentiel et se sont livrés à des saccages. Des représailles ont été conduites contre les biens de membres de l'opposition et du parti de M. Sonko. Les dégâts sont restés très éloignés de ce qu'ils avaient été en 2021 peu après qu'eut éclaté le scandale, quand M. Sonko avait été interpellé sur le chemin du tribunal où il se rendait en cortège à la convocation du juge.
Le discours souverainiste et panafricaniste de M. Sonko, ses diatribes contre "la mafia d'Etat", les multinationales et l'emprise économique et politique exercée selon lui par l'ancienne puissance coloniale française lui valent une forte adhésion chez les moins de 20 ans qui représentent la moitié de la population et ont faim de travail et de perspectives.
Le camp présidentiel accuse M. Sonko de se servir de la rue pour une affaire privée, et de nourrir un projet insurrectionnel. En dehors du sort de M. Sonko, un autre facteur de division est le flou entretenu par M. Sall sur sa candidature ou non à un troisième mandat.
par Abdoul Aziz Diop
DE LA HAINE DES INSTITUTIONS À LA MILICIANISATION DU SÉNÉGAL
Que deviendra la police nationale en cas de contrôle du pouvoir politique par les soutiens extérieurs de Sonko ?
Nous remercions notre ami Ibrahima Ndiaye de mettre à notre disposition l’information à chaud, nous permettant ainsi d’avoir le recul nécessaire - chose rare - à temps réel. À cette disponibilité s’ajoutent les commentaires et analyses avec lesquels Ibrahima rythme sa contribution exceptionnelle à la diffusion de l’information juste et vraie qui alimente, presque 24 heures sur 24, le groupe WhatsApp dénommé Grand groupe républicain (GGR) par ses initiateurs et dont nous figurons parmi les membres les plus actifs.
Dans le dernier commentaire sur lequel porte le texte que vous avez sous les yeux, Ibrahima Ndiaye croit savoir que « l’erreur de Sonko est d'avoir considéré la police nationale, la gendarmerie nationale, les institutions judiciaires, les autorités administratives et même l'armée sénégalaise comme ses adversaires politiques. »
Il n’en est rien… De quoi s’agit-il ?
Concernant les institutions régulières et régaliennes dont Ibrahima Ndiaye fait état, Sonko leur applique, avant d’avoir le contrôle politique, par lui-même et ses hommes de paille, la doctrine qu’il partage avec les soutiens intérieurs et surtout extérieurs qui l’encouragent - pour ne pas dire le forcent - à agir démesurément pour pousser le pouvoir à commettre l’erreur qu’il finira par commettre lui-même en donnant régulièrement des gages aux soutiens étrangers dont il est la marionnette immature, irréfléchie et corrompue.
Lesdits soutiens seraient aux anges si Sonko atteignait son objectif - inatteignable dans une société politique à fort taux de scolarisation des adolescents et de formation des adultes - en contrôlant le pouvoir politique. La première décision attendue de lui par les ennemis du Sénégal indépendant et démocratique portera alors sur le démantèlement de notre système judiciaire dont les mutations sauvages et forcées aboutiront à la mise en place d’une justice expéditive qui multiplie les exécutions sommaires et extrajudiciaires après que les magistrats, longtemps conspués, sont forcés de choisir entre le départ à la retraite anticipée et le séjour carcéral à durée indéterminée. Le modus operandi sera accompagné d’une propagande dégueulasse dont l’élément clé sera de justifier l’effondrement du pouvoir judiciaire par la revanche du peuple sur les magistrats persécuteurs mis définitivement hors d’état de nuire, chaque minute qui passe charriant les nouveaux mensonges d’État destinés à ajouter une couche pour faire accepter le soufflement à la dynamite terroriste des tribunaux partout au Sénégal.
Que deviendra la police nationale en cas de contrôle du pouvoir politique par les soutiens extérieurs du traître Sonko ? Elle sera, elle aussi, démantelée. Son infiltration par des éléments étrangers aboutira à l’édification d’une grande milice antinationale déterminée à faire subir à tout opposant, auteur de la moindre outrecuidance dans le commentaire libre ou l’analyse informée, des sévices de toutes sortes encouragés par les nouveaux maîtres de la police nationale qui lui feront perdre son professionnalisme connu du monde entier et sa posture républicaine unique au monde.
Quid de la gendarmerie nationale ? Au prétexte qu’elle concurrence la police nationale - ce qui est aberrant -, la gendarmerie nationale sera sommée de choisir sans délai entre sa fusion avec la nouvelle milice policière ou sa dissolution dans l’armée nationale. Cette dernière deviendra enfin « l’armée de mercenaires » que Sonko appelle de ses vœux en accusant les meilleurs officiers du monde - ceux du Sénégal indépendant et démocratique - à s’être arrimés à on ne sait quelle entité guerrière dont la seule vocation est de perpétrer des putschs qui mettent définitivement fin aux institutions démocratiques tout en réprimant dans le sang toute opposition démocratique et structurée.
Le projet d’intégration politique et économique de l’Afrique de l’ouest deviendra alors celui d’une intégration des juntes militaires avec lesquelles le « Sénégal nouveau » de M. Sonko entretiendra des relations incestueuses qui exposeront le pays au premier coup d’État militaire jamais perpétré au pays de la Téranga. Une nouvelle intégration ouest-africaine délinquante transformera celui qui croyait posséder le Sénégal en nouveau paria obligé de se soumettre au nouveau diktat armé ou de se faire exécuter froidement pour prévenir les actes séditieux dont il sera le cerveau pour un retour en force.
Le chef de faction au destin incertain a commencé le massacre en substituant un morceau d’étoffe défraîchi frappé au centre d’une sorte d’étoile à 6 branches, au drapeau national dont la Constitution précise - Article premier - les caractéristiques : « Le drapeau de la République du Sénégal est composé de trois bandes verticales et égales, de couleur verte, or et rouge. Il porte, en vert, au centre de la bande or, une étoile à cinq branches. » En modifiant dans les faits un alinéa du titre premier de notre loi fondamentale, Sonko établit lui-même que sa faction conspiratrice Pastef - disséminatrice de la rébellion armée en Casamance sur toute l’étendue du territoire national - ne se conforme plus à la Constitution, ainsi qu’aux principes de la souveraineté nationale. Elle doit donc être dissoute sans délai, et ses adhérents et sympathisants mis hors d’état de nuire, en vertu de la loi n° 81 du 6 mai 1981 relative aux partis politiques.
Voilà qui explique la haine des institutions régulières et régaliennes - lire le chapitre 14 du livre « Gagner le débat… » (L’Harmattan Sénégal & Nouvelles éditions européennes, 2023) - du Sénégal indépendant et démocratique trop légalistes et trop républicaines pour plaire à Sonko trempé dans une sordide affaire de « viols avec menaces de mort ». Sonko au pouvoir n’hésitera pas à instaurer le viol hétérosexuel et homosexuel comme moyen de torture dans les geôles de la déstructuration outrancière et générale du Sénégal livré aux bandes armées de toutes sortes pour être dépossédé sauvagement et durablement de ses ressources gazières et pétrolières.
par Malick Sy
SONKO, LA CHRONIQUE D’UNE FIN ANNONCÉE ?
Il n’aura suffi que quatre lettres pour faire basculer le destin d’un homme et d’une ambition. Le leader de Pastef n’a désormais qu’une obsession : créer les conditions d’une insurrection sur fond de réthorique complotiste
C’est l’image d’un homme, les traits défigurés par les événements, qui a failli lourdement chuter à sa descente d’un véhicule de la gendarmerie nationale. Mais plus de peur que de mal, Ousmane Sonko a été rattrapé in extremis par des gendarmes qui sont souvent, la cible privilégiée des outrances du président du Pastef. Pour un homme qui se croyait au-dessus des lois, cette courte séquence sur laquelle on le voit entre les mains des forces de sécurité et de défense sénégalaises est tout un symbole. Dans une République, il y a des bornes qui sont infranchissables.
L’affaire Sonko-Sarr ou le bouquet final d’un fiasco moral et politique.
Depuis, l’image tourne en boucle sur les réseaux sociaux. Cette séquence magnétique et prémonitoire résume le scénario noir que ses partisans redoutaient tant, depuis le déclenchement de l’affaire de viol impliquant celui qui se prévaut du titre de chef de l’opposition sénégalaise.
Elle est symbolique de l’effondrement de plus en plus inéluctable d’un homme à l’apogée de son ascension, mais qui va naufrager ses ambitions et la survie de son parti dans la baignoire glauque du jacuzzi d’un obscur salon de prestations corporelles. En plein couvre-feu. Dans un pays totalement confiné pour cause de Covid-19.
Jugé pour viols répétés et menaces de mort sur une jeune fille d’à peine 21 ans, son procès qui tient tout le Sénégal en haleine, résonne comme l’épilogue d’un film politico-judiciaire catastrophe, sur fond de scandale sexuel que le plus inventif des auteurs ne pouvait imaginer. Sonko et la masseuse ou l’inimaginable scénario.
Viol. Il n’aura suffi que quatre lettres pour faire basculer le destin d’un homme et d’une ambition. Les accusations portées contre le leader du Pastef sont d’une rare gravité. Attrait devant la barre pour solder l’addition judiciaire de ses turpitudes personnelles, Ousmane Sonko dans sa stratégie de défiance presque compulsive des institutions de la République, a refusé de se présenter devant la justice sénégalaise. Mais qu’à cela ne tienne, son procès retentissant, dont le verdict est attendu ce 1er juin, risque d’être le bouquet final d’un véritable fiasco politique et humain.
Des écarts intimes qui laisseront des traces dans l’histoire
L’affaire Ousmane Sonko – Adji Sarr, c’est l’histoire d’un homme dont le destin politique prometteur a chaviré entre le huis clos romantique d’une salle de massage et l’ambiance lourde d’une salle d’audience pour un procès scabreux pendant lequel, rien ne nous sera donné à voir mais où tout nous sera donné à entendre. Une affaire qui laissera des traces dans l’histoire, avec ses instants cruels et épiques avec la description sordide des écarts intimes des deux protagonistes : Ousmane Sonko et Adji Sarr.
Entre récits de sodomie et histoires de fellation, l’étalage-déballage accablant fait par la jeune masseuse de ses moments de jouissance avec l’ex-inspecteur des impôts, sous les néons du Sweet Beauty, a fait l’effet d’une bombe dont l’onde de choc n’en finit pas de diviser et de secouer le Sénégal. Un pays fracturé avec d’un côté, les pro Sonko qui voient derrière cette affaire, un complot d’État et de l’autre, les partisans de celle qui fait trembler l’homme qui fait trembler toute une République.
Sonko perdu par l’illusion de puissance
Mais au-delà de cette affaire qui reste strictement privée avec certes une excroissance politique, il y a surtout le procès de l’imposture et de la supercherie, celui d’un homme qui avait fait de l’exemplarité et de la morale les piliers de sa stratégie de conquête pouvoir. Des valeurs qui au final, se sont avérées être rien d’autre que des variables d’ajustement d’une manipulation politique et médiatique à grande échelle.
Ousmane Sonko avait pour lui la popularité et un capital attractivité comme aucun homme politique sénégalais avant lui.
Seulement voilà, à force de prendre sa pleine puissance comme un totem d’impunité, aucune institution ne va échapper à la défiance et aux outrances du président du Pastef. Devenu le poison lent de la démocratie sénégalaise, l’homme ne fixe aucune limite dans ses perditions contre les institutions de la République. A commencer par le président Macky Sall, sans oublier les juges, les généraux de l’armée, de la police, de la police, la magistrature, la presse.
Ousmane Sonko, omni-opposant autoproclamé, ne résiste plus à la tentation de surpuissance qui a fini par lui faire croire qu’il était devenu un citoyen au-dessus des lois. Un intouchable qui n’allait jamais avoir de compte à rendre. Une illusion au service d’une obsession : la création des conditions d’une insurrection au Sénégal.
Dès lors ses dérapages s’enchaînent. À commencer par le refus de reconnaître la légitimité du chef de l’État qu’il refusera pendant longtemps d’appeler par sa fonction de président de la République. Un symbole d’irresponsabilité républicaine pour une personnalité de tout premier plan, qui cherche à incarner nos institutions.
Quant à la justice, c’est l’institution maléfique qu’Ousmane Sonko aime le plus à invectiver. Voués aux gémonies, les magistrats sont insultés et menacés plus souvent qu’à leur tour, inspirant ses plus farouches partisans. Il y a quelques jours, un de ses plus fidèles lieutenants ne s’est guère gêné pour dire publiquement sur une chaîne de télévision sénégalaise « que son parti attendait de pied ferme, le premier juge qui osera prononcer une peine d’emprisonnement ou d’inéligibilité contre Ousmane Sonko ». Si ce n’est pas une menace, ça y ressemble fort.
Et que dire des forces de défense et de sécurité qui sont systématiquement vilipendées, outragées, agressées voire accusées de tentative d’assassinat.
Tout un pays soumis à la violence d’un homme et à la terreur d’un parti
Se sachant pris dans le tourbillon d’une pression judiciaire suffocante qu’il aura lui-même provoquée et qui pourrait pulvériser sa candidature à l’élection présidentielle de 2024, Ousmane Sonko n’a désormais qu’une seule et unique obsession : créer les conditions d’une insurrection sur fond de réthorique complotiste, et de discours insurrectionnels, en appelant ses militants les plus fanatiques et les plus radicaux à mettre en cause l’ordre constitutionnel.
C’est tout le sens de son dernier appel lancé depuis son domicile de Ziguinchor à travers lequel, il donnait le signal de sa marche triomphale vers Dakar, pour déloger le président de la République. Face caméra, casquette en couleur militaire camouflage vissé sur la tête, tout un symbole, Ousmane Sonko appelle le peuple du Sénégal à descendre dans la rue partout au Sénégal avant de le convier à déferler sur la capitale pour un affrontement capital qu’il appelle « le combat final ».
Ce message signe de manière incontestable, les intentions d’un homme entré en guérilla, fidèle à sa caricature de jusqu’au boutiste et prêt à aller jusqu’au bout de son agenda insurrectionnel. Quoiqu’il en coûte. C’était l’objectif principal de sa « caravane de la liberté ».
On connaît la suite. Ousmane Sonko sera arreté et gentiment ramené à la maison.
Mais cet épisode de sa brève arrestation, qui a tout l’air d’une ultime sommation envoyée au président du Pastef, doit servir d’avertissement à tous ceux qui foulent aux pieds les institutions, bafouent la République et tentent quotidiennement d’allumer les braises de la haine et de la violence pour déstabiliser le Sénégal.
L’État n’a plus le droit de fléchir face à ceux qui veulent saccager la République, vandaliser nos institutions. Il doit faire preuve dune autorité à toute épreuve pour empêcher les pyromanes de transformer le Sénégal en brasier. Avec tout ce qui se passe à nos frontières, notre pays ne doit pas être le dernier laboratoire sous régional des pouvoirs insurrectionnels ou putschistes. D’autant que les insurgés ne reculent que lorsqu’ils se savent traqués et poursuivis.
Le moment est venu de stopper un homme dont les penchants régionalistes et les velléités séditieuses n’échappent plus au grand monde. Il a été mis à nu.
Les seuls à ne pas être au courant sont les membres d’une certaine société civile sénégalaise, souvent si prompts à dénoncer le régime du président Sall, mais qui deviennent ostentatoirement mutiques face aux atteintes graves et récurrentes portées par le président du Pastef aux institutions de la République.
Nous ne les avons jamais entendu clairement condamner les dérives insurrectionnelles et antidémocratiques du maire de Ziguinchor. Comme si tout était permis à Ousmane Sonko.
En tant qu’épicentres de la vigilance démocratique, on aurait aimé les entendre dénoncer les dérives d’un homme qui a volontairement et délibérément choisi de se mettre en dessous de la ligne de flottaison républicaine.
Leur silence, consternant voire complice, a peut-être insidieusement et incidemment contribué à l’anéantissement des rêves de présidence d'Ousmane Sonko et précipiter son naufrage politique et républicain, en refusant de l’alerter publiquement sur ses dangereux dérapages. En lui passant tous ses excès, ils ont exacerbé à leur corps défendant, son sentiment d’impunité.
Sauf qu’il est plus facile de s’allier avec des intellectuels étrangers pour vilipender celui qui reste encore le président de la République, incarnation de la démocratie sénégalaise et qui tient sa légitimité du suffrage universel que de dénoncer l’effondrement républicain d’Ousmane Sonko. Les caciques de la société civile sénégalaise ont capitulé face aux forces centrifuges antirépublicaines du Pastef.
Quand on est contre Sonko, on ne parle plus, on chuchote.
Aujourd’hui nous avons tout un pays, le nôtre, le Sénégal, soumis à la violence d’un homme. Tout un État soumis aux éruptions insurrectionnelles d’un homme et de son parti qui veulent obtenir par la rue ce qu’ils n’ont pas encore réussi à obtenir par les urnes.
Au nom d'Ousmane Sonko, près de 20 de nos jeunes compatriotes ont perdu la vie. En son nom, des milliards de francs de biens appartenant à des intérêts économiques nationaux et étrangers ont été saccagés.
En son nom, une armée de fidèles continue d’exercer une terreur sans nom sur tous ceux dont la pensée, n’est pas en coïncidence avec celle de leur mentor.
Aujourd’hui encore, seule une petite poignée de journalistes et d’intellectuels osent critiquer Ousmane Sonko et son parti le Pastef. Au risque d’être la cible de menaces et d’insultes de l’escadrille numérique de son parti, qui a fini d’installer son hégémonie sur les réseaux sociaux. Une terreur intellectuelle sans précédent au Sénégal. A un point tel que lorsqu’on est contre Sonko, on ose plus parler. On chuchote.
Un courage nommé Sall et Dias
Aucun démocrate, aucun républicain ne doit accepter la remise en cause violente et permanente des institutions de la République. L’adversité politique ne permet pas tout. Elle n’autorise pas non plus à dire tout et n’importe quoi. C’est en ce sens qu’il faut saluer le courage politique de Barthélemy Dias et de Khalifa Sall qui malgré leur franche opposition au régime du président Macky Sall et la vigoureuse contestation de sa troisième candidature, refusent de dévier de la ligne républicaine qui doit, en toutes circonstances, nous servir d’horizon citoyen. Car, il n’y a pas d’alternative. C’est la seule attitude qui vaille. Toute autre posture étant forcément vouée à l’échec.
En se vautrant dans une stratégie de l’outrance, de la défiance et de la violence, Ousmane Sonko a été le propre metteur en scène de sa déchéance.
D’erreurs tactiques en fautes stratégiques, le président du Pastef reste l’unique comptable de ses désastres politiques et judiciaires. La mine sombre, l’image le montrant trébucher à sa descente d’une voiture de gendarmerie après avoir été capturé au bout d’une opération commando complètement avortée, est celle d’un homme qui semble avoir perdu de sa verve et de sa magie.
Déjà condamné dans une affaire de diffamation, l’affaire Adji Sarr pourrait consacrer la faillite politique et morale d’un personnage, qui à force de réciter pieusement ses versets antirépublicains, antidémocratiques et insurrectionnels, a fini par entrer en collision frontale avec la République. Ses innombrables errements de communication ont fait le reste. Les dégâts risquent d’être lourds. Il aura, le cas échéant, tout le temps pour les constater.