Le directeur de publication du quotidien "Yoor-Yoor Bi" et éditorialiste de SenePlus a été placé sous mandat de dépôt. Il a été inculpé par le juge Mamadou Seck du deuxième cabinet d'instruction pour trois chefs d'accusation
Le Journaliste Serigne Saliou Guèye, directeur de publication du quotidien "Yoor-Yoor Bi", va passer sa première nuit en prison à partir de ce vendredi 26 mai 2023 après avoir été placé sous mandat de dépôt. Il a été inculpé par le juge Mamadou Seck du 2e cabinet d'instruction pour trois chefs d'accusation : publication d'écrits de nature à jeter le discrédit sur les actes ou décisions juridictionnels, diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques, usurpation de la fonction de journaliste.
Journaliste et chroniqueur télé depuis plus de deux décennies, Serigne Saliou Guèye est un 'jeune-vieux" routier du journalisme sénégalais, notamment politique. Il a travaillé pour plusieurs médias dont Le Témoin...
Réagissant à cette situation, Seydi Gassama, d’Amnesty International Sénégal, exige sa remise en liberté « sans condition » et écrit sur son compte Twitter : « l'emprisonnement du journaliste Serigne Saliou Guèye, une des principales figures des médias au Sénégal depuis plus d'une décennie et une des voix les plus critiques de la gouvernance du président Macky Sall, constitue une nouvelle attaque contre la liberté de la presse. Le fait qu'il ne détienne pas encore la carte de presse (combien sont-ils les journalistes sénégalais qui ont déjà cette carte ?) ne lui retire pas la qualité de journaliste au point de l'accuser d'usurpation de fonction.
En outre, dans tous les Etats démocratiques, les citoyens et les médias ont le droit de commenter les décisions de justice, de les critiquer. Ils ont le droit de critiquer les institutions y compris l’institution judiciaire. »
PAR AMADOU TIDIANE WONE
NON, NON ET NON !
POINT DE MIRE SENEPLUS - Pour avoir été de ceux qui, depuis le début, ont exprimé publiquement leur soutien à Sonko je ne saurais me taire face à ce qui me semble une dérive langagière malheureuse
Pour avoir été de ceux qui, depuis le début, ont exprimé publiquement leur soutien et leur sympathie à Ousmane Sonko ainsi qu’à Pastef- Les-Patriotes en tant que projet politique porteur, et nécessaire, dans la vitalité démocratique de notre pays, je ne saurais me taire face à ce qui me semble une dérive langagière malheureuse.
Je suis de ceux qui suivaient, en direct, la déclaration d’Ousmane Sonko depuis Ziguinchor. J’ai arrêté au moment où il a sorti des propos qui ne lui ressemblent pas. Dans la forme comme dans le fond.
J’en suis profondément désolé !
Même si je comprends la pression insoutenable que subissent Ousmane Sonko et ses proches depuis plus de deux ans, je ne suis pas du tout d’accord avec son écart de langage !
Ses ennemis jurés, ainsi que tous ceux qui sont hostiles au changement dans notre pays, pourraient saisir cette occasion inespérée de fédérer leurs énergies pour parachever la diabolisation, à moindre frais, de celui qui pourrait porter, le plus loin possible, l’alternative nécessaire et impérieuse que nous attendons depuis 60 ans !
Alors même que se déroule un procès, dont les minutes circulent, en temps réel, dans tous les réseaux sociaux, il lui était loisible de laisser les citoyens libres de se faire une opinion. Et elle lui était largement favorable !
Trop de communication tue la communication !
Cela dit, et comme je l’ai toujours assumé, le combat (dont nous partageons les idéaux avec Ousmane Sonko et tous les Patriotes) est articulé autour de la défense de valeurs et de principes. Rien ne saurait nous en détourner.
Dire une vérité désagréable à un ami est la moindre des dignités. Sous ce rapport, la direction de Pastef devrait, impérativement, se donner les moyens de ramener le débat au plan purement politique, après la fermeture de cette phase judiciaire. Quel que soit le verdict qui sera rendu.
Cette séquence judiciaire peu honorable devrait servir de terreau au réveil de tous ceux qui sont convaincus que le Sénégal vaut mieux que ce qui nous a été donné à voir et à entendre ces jours-ci.
Sur le fond de l’affaire nous avons, comme chaque citoyen, notre intime conviction. Nous l’exprimerons en temps et lieux. Car, la présomption d’innocence court jusqu’à la prononciation du verdict. Tariq Ramadan ne vient-il pas d’être acquitté faute de preuves ?
Respectons les institutions en toutes circonstances en attendant de les changer !
Jummah Mubaarack !
DES VICES ET DES ABUS
C’est aux termes d’âpres négociations et de tiraillements que la gérante de Sweet Beauté, Ndèye Khady Ndiaye, a été abandonnée en plein vol par les avocats.
C’est aux termes d’âpres négociations et de tiraillements que la gérante de Sweet Beauté, Ndèye Khady Ndiaye, a été abandonnée en plein vol par les avocats. Certains de ses défenseurs ont été presque contraints de sortir de la salle, alors qu’ils étaient loin de partager cette stratégie.
‘’Monsieur le Juge, je n’ai rien à dire ; je n’ai pas d’avocats pour me défendre...’’, lâche d’un air triste et désespéré Ndèye Khady Ndiaye, poursuivie notamment pour complicité de viol dans l’affaire Ousmane Sonko contre Adji Sarr, au terme d’une journée très éprouvante.
Malgré une grossesse de 7 à 8 mois, selon ses avocats, la bonne dame, visiblement exténuée, n’a jamais lâché prise à la barre. Elle s’est battue jusqu’à la dernière minute, avec les armes à sa disposition. Seule, face à plusieurs avocats chevronnés qui ont réclamé sa peau, à une exception près (Maitre Abdou Dialy Kane qui a estimé qu’elle n’est pas censée être au courant des supposés actes entre Sonko et Adji Sarr), la gérante du salon de massage Sweet Beauté s’est défendue du mieux qu’elle pouvait, en jurant sur son enfant qu’elle n’a rien fait. ‘’Tout ce que je peux ajouter, c’est que je le jure sur l’enfant que je porte dans mon ventre. Si j’ai quelque chose à voir avec ce qui m’est reproché, que ce bébé ne voie jamais le jour. Je n’ai rien fait de ce dont on m’accuse’’, confie-t-elle résignée, suite aux plaidoiries des avocats de la partie civile et au réquisitoire du ministère public, qui demande cinq ans à son encontre.
Pourquoi a-t-elle été lâchée en plein vol par ses propres avocats ? Lui a-t-on demandé son avis avant de la priver même de l’avocat qui a été commis d’office par le tribunal, pour venir à sa rescousse ? Quelle doit être la posture du bâtonnier de l’Ordre des avocats face à cette situation ‘’inédite’’, selon des praticiens, dans les annales des juridictions sénégalaises ?
Pour l’heure, cela semble le cadet des soucis des avocats pour qui seul le sort du leader politique Ousmane Sonko semble importer. Pourtant, à la barre, l’image était terrible. Visiblement, certains, dont Maitre Mouhamadou Bassirou Baldé, qui a été dans la cause depuis le début, étaient moins euphoriques face à une telle stratégie. Il aura fallu d’âpres négociations et des tiraillements pour le contraindre presque de sortir de la salle. Sous le regard impuissant de sa cliente enceinte, poursuivie du chef grave de complicité de viol.
Joint par téléphone, le jeune avocat s’est refusé à tout commentaire.
La stratégie du boycott
Mais le fait est grave et rarissime pour être passé sous silence. Pour justifier une telle attitude, les robes noires ont invoqué deux arguments principaux : certes, il y a eu les nouvelles constitutions en faveur de Ndèye Khady Ndiaye, mais il y a surtout l’absence de l’opposant Ousmane Sonko, que le tribunal était déterminé à juger par contumace. Pour les avocats de ce dernier, Sonko n’est pas venu simplement parce qu’il n’a pas reçu une convocation en bonne et due forme.
Seulement, ce dernier a proclamé qu’il était arrivé à son terminus, qu’il est dans une phase de désobéissance civique et que sa comparution dépendait du respect d’un certain nombre de conditions…
Ndèye Khady Ndiaye, elle, n’a jamais refusé de comparaitre. Du début jusqu’à la fin, devant la Chambre criminelle, elle a toujours répondu aux appels de la justice, flanquée de ses avocats, dont Maitres Ibrahima Mbengue, Ousseynou Gaye et Baldé qui a été le premier et qui n’était pas d’accord à la stratégie du boycott, selon des sources proches du barreau.
En vérité, accusait Me El Hadj Diouf à la barre, les avocats de Ndèye Khady qui ont insisté sur le renvoi l’ont surtout fait par procuration, au bénéfice principal de l’accusé Ousmane Sonko. Ce qui a failli provoquer un incident d’audience. Mais Me Diouf a insisté, tout en demandant au tribunal de ne pas accepter une telle requête qu’il a qualifiée de ‘’dilatoire’’.
Les avocats contraignent les non convaincus de sortir et laissent Ndèye Khady Ndiaye sans défense
Née en 1988, mère de deux enfants, la native de Kaolack a tenu tête à des barons du barreau de Dakar, pendant 17 longs tours d’horloge, de 10 h, à 3 h passées de quelques minutes. Droite dans ses bottes, elle a tenu à laver elle-même tous les affronts. Comme quand le procureur s’interroge sur la paternité des spermatozoïdes en citant le nom de son époux qui était le seul homme de la maison avec Ousmane Sonko.
‘’Je ne vous permets pas de me manquer de respect’’, bondit-elle, obligeant le juge à intervenir. Idem quand Maitre El Hadj Diouf s’approche d’elle, elle crie haut et fort pour dénoncer : ‘’Monsieur le Président, dites à cet homme de me laisser tranquille ; il ne peut pas m’emmener ici et venir me dire ‘baal ma aqq’ (pardon)…’’ Quand certains témoins passent, elle demande la parole pour poser des questions parfois cruciales que le juge a omis de poser… Il en fut ainsi lors du passage du capitaine Oumar Touré. ‘’Monsieur le Président, j’ai une question… Capitaine est-ce que dans votre bureau, Adji Sarr n’a pas proposé 100 000 F au témoin Aissatou Ba ?’’. Gonflée à bloc par la réponse affirmative de l’ex-officier, elle a poursuivi son interrogatoire, les unes plus importantes que les autres. Comme si elle avait été bien briefée par des sachants.
Avec la bouderie des avocats de Ndèye Khady Ndiaye présente devant la Chambre criminelle, le juge a été confronté à une situation délicate.
En effet, aux termes de l’article 273 du Code de procédure pénale, devant la Chambre criminelle, la présence d’un avocat auprès de l’accusé est obligatoire. ‘’Si le défenseur commis ou désigné conformément aux articles 101 et 2 ne se présente pas, le président en commet un autre d’office’’.
Un vice qui pourrait toutefois anéantir la procédure, en cas de recours
Défié dans son autorité par les avocats qui ont voulu jouer la carte de la solidarité, le président du tribunal persiste et anticipe sur la future bataille judiciaire à venir. ‘’Greffier, il faut noter que les avocats de la défense ont refusé de plaider. Il faut bien noter ça ; elle a des avocats, mais ces derniers ont refusé de plaider. Y a-t-il un représentant du bâtonnier dans la salle ? Greffier, notez bien qu’ils ont eux-mêmes refusé de plaider’’, répète-t-il, visiblement dérouté par le coup des avocats.
Appelé au secours, le représentant du Conseil de l’ordre a mis le juge devant ses responsabilités en tant que président du tribunal. Au besoin, les avocats pourront également faire ce qu’ils ont à faire.
Juriste spécialiste, Khomeiny Camara a estimé que la chambre aurait dû renvoyer l’audience, dans ce cas de figure. Il rappelle la jurisprudence Hissène Habré pour justifier son propos. ‘’Malgré son refus, le juge lui avait commis d’office un avocat pour que la procédure soit régulière. C’est la loi qui l’exige en matière criminelle’’, insiste M. Camara.
Pour Maitre Ciré Clédor Ly, cela n’est qu’une preuve supplémentaire de l’état de folie dans lequel est plongée la justice depuis quelque temps. ‘’La justice sénégalaise imbibée du syndrome politique est en folie’’, fulminait l’avocat en réaction au maintien de l’audience nonobstant l’absence d’avocats pour Ndèye Khady Ndiaye.
DIALOGUE NATIONAL, YEWWI ASKAN WI DIT NON A MACKY SALL
Nombreux sont les partis politiques qui ont dit qu’ils ne prendront pas part au dialogue national appelé par le président de la République Macky Sall.
Nombreux sont les partis politiques qui ont dit qu’ils ne prendront pas part au dialogue national appelé par le président de la République Macky Sall.
Au moment où Taxawu Sénégal dit qu’il y participera sous conditions, la coalition Yewwi Askan Wi a annoncé qu’elle n’y prendra pas part. ‘’Au moment où le pays est plongé dans l’incertitude, Macky Sall compte lancer un soi-disant ‘dialogue’, le 30 mai 2023, pour détourner les Sénégalais des difficultés auxquelles ils sont confrontés. La coalition Yewwi Askan Wi déclare solennellement son rejet catégorique de ce dialogue’’, écrit-on dans une note.
‘’Elle lance un appel à tous les partis et mouvements politiques membres, ainsi qu’à toutes les forces vives de s’abstenir de participer au faux dialogue, d’où ne sortira rien de bénéfique pour le peuple, suffisamment meurtri par une longue série d’injustices’’, ajoute-t-on.