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24 juin 2025
par Jean Pierre Corréa
DANGEREUX BRAS DE…FAIRE
Jamais de toute son histoire, le Sénégal n’a autant été pris en otage et à témoin d’un duel surréaliste, entre deux leaders politiques qui ont décidé à notre corps défendant, que seules leurs joutes avaient de l’importance pour les sénégalais
« Vous ne verrez jamais, pendant ma gouvernance au Sénégal, un journaliste mis en prison pour un délit de presse ». Macky Sall en 2015.
Le Sénégal joue-t-il à se faire peur ? La situation irrespirable, au sens propre du terme, du fait des gaz qui nous sont envoyés par une maréchaussée armée et casquée jusqu’aux dents, que traverse notre pays pourrait aboutir, serait-ce leurs vœux, à un embrasement funeste qui n’arrange personne, à commencer par ceux qui n’ont pas fait de la politique leur gagne-pain, et qui doivent chaque matin aller bosser, pour faire vivre leurs familles ou faire prospérer leurs commerces ou leurs entreprises.
Jamais de toute son histoire, le Sénégal n’a autant été pris en otage et à témoin d’un duel aussi extravagant que surréaliste, entre deux leaders politiques qui ont décidé à notre corps défendant, que seules leurs joutes qui n’ont plus rien de verbales, avaient de l’importance pour les sénégalais et que leur issue était absolument déterminante pour l’avenir de notre pays. Quelle prétention !!! Quel culot de croire que leur affrontement qu’ils produisent comme une série télévisée, débutée dans un salon de massage, et alimentée chaque jour de leurs turpitudes respectives, doit être notre seule et unique préoccupation, que leurs tournées économiques, leurs meetings et leurs « nemeku tour » sans propositions programmatiques autres que « na dem !!! na dem !!! », et leurs rendez-vous judiciaires, qu’ils pensent être si singuliers, doivent absolument rythmer et conditionner nos mouvements et notre organisation familiale et professionnelle, et constituer la seule information digne de ce nom qui puisse nous être donnée, dans nos journaux, radios et télés, comme étant capitale et nécessaire à l’essor de ce pays, qui pourtant croule sous les urgentes problématiques de développement !
Mais ils se croient où ? Au grand marché de Ndoumbélane ?
Ils nous convoquent à élire le futur président du Sénégal dans moins d’un an et ils organisent leur tumulte et leur brouhaha, pour que justement nous ne puissions pas avoir à choisir l’homme ou la femme que nous voulons peut-être à part eux-mêmes qui se prennent pour les seuls astres autour desquels devrait tourner le pays.
Le chef de l’État qui c’est vrai doit garantir l’ordre public aux Sénégalais devrait savoir faire baisser la tension de plusieurs crans, d’abord en cessant d’interdire de bouger une oreille à quiconque ne pense pas à l’aune de son sulfureux troisième mandat, ensuite en sévissant contre tous ceux de son clan qui sont impliqués dans des malversations financières d’une gravité jamais atteinte au Sénégal, ce qui scandalise les citoyens qui justifient ainsi leurs vandalismes déguisés en soutien à l’opposant-martyr, et enfin en clarifiant sa position sur l’aventureuse représentation à la présidentielle de 2024, dont il sait que son annonce transformerait la minute suivante son pays en un gigantesque brasier, dont aucun citoyen ne sortira indemne.
Nous vivons au rythme effréné des bévues gouvernementales, qui chaque jour de manière souvent inutile et superflue, remettent avec une gourmandise étonnante, une pièce dans la machine à prendre des baffes et à se couvrir de ridicule. Pourquoi arrêter Aguibou Soumaré, dont la légèreté impardonnable ne méritait qu’un simple démenti, et une exigence de plates excuses ? Pourquoi encore mettre au gnouf un journaliste, qui s’est certes empressé d’affirmer des inexactitudes, au lieu d’exiger de tous ses confrères plus de responsabilité dans l’exercice de leur métier par ces temps incertains et dangereux ? Pourquoi jouer de la force et de la brutalité devant un adversaire intelligemment provocateur et dont l’État finit par être le meilleur des attachés de presse ? Mais que diantre ont-ils fait au Bon Dieu pour que celui-ci ne leur octroie que des muscles en guise de cerveaux ?
La prison viatique, pour la gloire ?
Le leader du Pastef lui, continue à faire appel à la population pour lui servir de bouclier, soit pour assister à ce procès qui, selon lui, n’est que « mascarade ». Pour preuve dira le président de Pastef qui s’est exprimé devant les militants de la coalition Yewwi Askan Wi, le juge qui a en charge de ce dossier qui l’oppose au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, est partisan. Il se prend donc pour l’arbitre des élégances maintenant ? Et menace le pouvoir judiciaire de ses futures foudres présidentielles, en ces termes d’une singulière outrecuidance en démocratie : « Les magistrats faites attention ! La réalité politique est claire. Le temps de Macky Sall est terminé. Si vous tenez à rester dans ce pays après son départ, respectez la loi du peuple. Si vous avez décidé de vous opposer à la volonté populaire, c’est vous qui êtes les hors-la-loi”, martèle le « déjà menaçant et pas encore président » ! Il flirte avec la sédition en lançant cet appel à notre armée. ”Ce que nous avons de plus sacré au Sénégal c’est l’armée. Nous avons une armée républicaine. Si Macky Sall veut imposer sa volonté, que l’armée joue son rôle. Vous avez le soutien de la jeunesse sénégalaise. Ne suivez pas Macky Sall dans son aventure sans lendemain”, lance-t-il à l’attention de la grande muette. Et ça passe crème !
« GATSA GATSA » contre « TOCC SA GATT » ! Mais quelle honte !!!
Quel choix avons-nous à connaître pour l’homme ou la femme qui présidera dans un an aux destinées du Sénégal ? Rien ! Nada !! On n’entend que ces deux matamores qui ont l’air de se foutre comme de l’an 40 de l’avenir des Sénégalais et des jeunes en particulier, au point que nous sommes privés d’entendre dans ce brouhaha, les propositions et programmes de personnes, elles aussi en capacité de guider notre pays sur des voies rédemptrices, qui l’éloigneraient des dangers qui le guettent et dont tout le monde feint de pas voir qu’ils sont à nos portes.
Pendant ce temps, les opportunistes et dividendistes de l’opposition s’amusent à la surenchère, qui espèrent-ils les mènera en prison, et leur donnerait l’onction leur permettant de quémander en guise de médaille, un ministère de l’information, ou de sous-secrétaire assis sur n’importe quel strapontin, pourvu qu’il soit moelleux et donc juteux. Quel dommage que les urgences qui sont à nos portes soient ignorées et que nous ne soyons préoccupés que par d’insupportables et désuètes péripéties !
Cependant, il est clair que le Sénégal a connu plus grave que ça et s’en est toujours sorti ! Notre pays se doit d’être plus fort et au-dessus de ces petits moussaillons, sans vision ni projets autres que leurs propres survies ou existences politiques enivrantes.
Le Sénégal n’a pas les hommes qu’il mérite. Nous sommes fautifs. D’avoir dessiné des tigres de papier et de leur avoir pousser des dents. On en rigolerait si tant de futilités n’étaient pas tragiques.
Courage !!! Fuyons !!!
LES SCENES DE VIOLENCES A DAKAR A LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS CE VENDREDI
Les livraison de ce vendredi, mettent en relief les scènes de violences qui ont émaillé le procès Ousmane Sonko-Mame Mbaye Niang.
Dakar, 17 mars (APS) – Les scènes de violences qui ont émaillé le procès Ousmane Sonko-Mame Mbaye Niang sont à la Une des quotidiens reçus vendredi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
Des heurts ont éclaté, jeudi, à Dakar entre forces de l'ordre et partisans de l’opposant Ousmane Sonko qui devait comparaître devant la justice pour diffamation contre le ministre du tourisme, Mame Mbaye Niang.
Suite à une divergence sur l’itinéraire que devait emprunter le cortège de M. Sonko, des échauffourées ont éclaté entre les forces de l’ordre et les partisans de l'opposant.
Le leader de Pastef a été extrait de force de sa voiture avant d’être conduit au tribunal à bord d’un véhicule de la Brigade d'intervention polyvalente (BIP) de la police. Des scènes de violences ont éclaté dans plusieurs endroits de Dakar après cet incident.
‘’Les démons du mois de mars 2021 ont ressurgi hier à Dakar. Un épanchement de sentiments jusque-là contenus et qui s’est finalement soldé par des affrontements d’une rare violence entre des pro-Ousmane Sonko et les forces de l’ordre’’, écrit le quotidien Bës Bi.
‘’Une journée de confrontation’’, selon Libération, soulignant que des manifestations et affrontements ont éclaté dans plusieurs localités du pays, 3 bus de Dakar Dem Dikk incendiés, 4 autres saccagés ; des agences (Sonatel, Onas, Cbao), les permanences de l’APR aux Parcelles-Assainies et Sica-Liberté attaquées…’’.
Le journal signale que ‘’sur la route du tribunal comme après le renvoi de son procès, Sonko a été embarqué de force par les forces de sécurité puis +isolé+ dans son domicile ; il a été finalement évacué à bord d’une ambulance en début de soirée car sujet à de +terribles vertiges+, des +douleurs au bas ventre+ et des +difficultés respiratoires+’’.
‘’Les forces de l’ordre contiennent les manifestations des pro-Sonko’’, selon Le Soleil, notant que le dossier a été renvoyé en ‘’audience spéciale’’, au 30 mars.
Les avocats de Ousmane Sonko obtiennent un 3e renvoi au 30 mars, dit Le Quotidien, relevant que ‘’la défense a prétexté le traitement dont ont fait l’objet leur client et Me Ciré Clédor Ly de la part de forces de défense et de sécurité pour asseoir le bien-fondé de leur requête’’.
L’As fait ‘’le récit d’une journée électrique’’ avec des heurts, pillages et arrestations à Dakar et Ziguinchor.
‘’Une journée sans frein’’, selon WalfQuotidien. ‘’L’appel à la résistance lancé par le patriote en chef, Ousmane Sonko, n’est pas resté lettre morte. Après la brutalité exercée par les éléments de la Bip sur leur leader, ses partisans ont mis sens dessus dessous Dakar et sa banlieue’’, écrit Walf.
Sud Quotidien parle de ‘’guérilla urbaine’’ à Dakar, devenue ‘’ville morte’’ avec une ‘’économie au point mort’’, des ‘’écoles fermées’’.
L’Info rapporte que ‘’plusieurs quartiers de la capitale sénégalaise ont été secoués par des vagues de violence perpétrées par les partisans d’Ousmane Sonko et de l’opposition’’.
‘’Face aux forces de l’ordre, ils ont opposé une véritable stratégie de la terre brûlée qui a fini par semer le chaos à la cité Fadia, à Cambérène, aux Parcelles Assainies, à la Sicap Liberté, à Castor, entre autres quartiers à Dakar’’, écrit le journal.
‘’Dakar balafrée !’’, s’exclame à la Une EnQuête qui fait le récit d’une ‘’douloureuse journée de manifestations, d’arrestations et de scènes d’intifada’’.
‘’Sang, feu, saccage…des scènes choquantes’’, déplore Vox Populi, notant que le leader de Pastef, Ousmane Sonko, ‘’malmené, extrait de force de sa voiture et acheminé manu militari au tribunal’’ a ‘’été finalement hospitalisé’’.
Par Mamadou NDAO
TOUT CECI N’EST QUE VANITE
Dans notre pays, le Sénégal la tempérance est devenue anthropique, et le cœur parle plus que la raison. Du pays de dialogue tant vanté par le chantre de la négritude Senghor, on est passé au pays de la confrontation et des gladiateurs. Pourquoi Diantre !
Lorsque les généraux romains rentraient de campagnes victorieuses, auréolés de gloire, devant des foules en délires, balançant des pétales au-dessus de leurs têtes, on remarquait qu’il y avait toujours quelqu’un, dont on ignorait l’identité pour chuchoter à leurs oreilles la phrase suivante : « tout ceci n’est que vanité ».
En vérité cela ne pouvait être autre chose que de la vanité.
Dans notre pays, le Sénégal la tempérance est devenue anthropique, et le cœur parle plus que la raison. Du pays de dialogue tant vanté par le chantre de la négritude Senghor, on est passé au pays de la confrontation et des gladiateurs. Pourquoi Diantre !
Parce qu’un Président en exercice veut se présenter une troisième fois à l’élection présidentielle alors qu’il a dit Urbi et Orbi qu’il fut l’auteur de la Constitution qui consacre la limitation de son mandat à 2 y compris celui qui était en cours, suivi en cela par tout l’appareil de l’APR, son parti ? Et dans le même temps, il s’autorise à décider de ceux qui seront éligibles à la candidature pour lui faire face, en mettant hors de course ses sérieux concurrents au prétexte qu’ils ont maille à partir avec la Justice, qui le moins qu’on puisse dire est suspectée d’être aux ordres du Prince.
Jamais dans l’histoire récente de ce pays, en tout cas depuis la première alternance, le processus électoral n’a souffert aussi profondément d’une absence de dialogue. De part et d’autre on cherche à « montrer qu’on est garçon » comme disaient nos cousins ivoiriens. On a vu ou est-ce que ça à mené et ce n’est pas totalement fini.
Il faut arrêter les soi-disant « faucons » qui n’ont rien dans la cervelle, raison pour laquelle ils sont prompts à bander des muscles ou à insulter. Le combat démocratique c’est par les arguments, les convictions et les valeurs faute de quoi, c’est la loi du plus fort. Mais peut-il y avoir de combat démocratique sans débat ? C’est vrai que si le siège du débat démocratique, qui est naturellement l’Assemblée Nationale, est aujourd’hui réduite à une foire d’empoigne, il reste peu d’alternatives pour le dialogue politique. Que l’on se comprenne bien, le dialogue politique ce ne sont pas les plénières où l’on soliloque , ou les déclarations à travers la presse. C’est plus sérieux que cela, parce que l’ordre du jour est préétabli et l’objectif bien précis et le résultat attendu bien cerné.
Aujourd’hui, il urge plus que jamais de prêter une oreille attentive à la société civile, qui lasse d’alerter risque de baisser les bras, personne ne le souhaite. Je suis inquiet lorsque des voix comme celle de Alioune Tine s’élève, avec toute l’expérience qu’elle porte, ici et ailleurs, et qu’on la brocarde par des arguments absolument spécieux.
Je suis d’autant plus inquiet que ceux qui comprennent se taisent. La posture d’alerte en de telles circonstances n’est pas un mouvement d’humeur partisan de quelque bord qu’il soit, ni une vive émotion, voire une peur non contenue qu’on veut transmettre, encore moins une dénonciation. Il s’agit d’un faisceaux d’éléments factuels, de précédents connus et des expériences de faits, dont les enchainements ont conduit à des situations de conflits graves, dont les conséquences n’ont pas été bien analysées par les protagonistes, souvent aveuglés par leurs égos ou leurs positions « de force » du moment. Une telle situation amène les organisations de défense des droits humains à sonner l’alerte. De ce point de vue, Alioune Tine a raison de dire ATTENTION.
La particularité de l’Alerte est qu’elle situe à son summum la gravité du moment (c’est le cas aujourd’hui), pour emmener les vis à vis ou les acteurs de quelques bords qu’ils se situent soit à mettre la pédale douce à revenir à la raison, où à ouvrir des pistes de dialogue ou de règlement pacifique du conflit.
Alioune Tine a l’expérience des situations similaires à ce qui se passe chez nous, notamment dans les pays voisins notamment au Mali, au Togo en Côte d’Ivoire (N’est-ce pas lui et d’autres qui ont sauvé le Juge ivoirien Epiphane Zoro qui a dû se réfugier au Sénégal ?), au Burkina Faso, au Nigéria….
N’écartons surtout pas cette possibilité que Abdou et Wade avaient saisi du haut de leur posture de responsabilité devant « Dieu et les hommes ».
Tout le monde sait que la violence nait toujours des paroles. Elle est verbale d’abord pour à l’étape supérieure, la violence physique.
L’adage nous dit qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Le Président Houphouët Boigny disait quant à lui « je préfère l’injustice au désordre, car l’injustice on la répare lors que le désordre quand il s’installe… c’est plus compliqué ». J’ai toujours rétorqué au Sage que le cumul d’injustices mène tout droit au désordre, sans remettre en cause sa maxime .
Evitons d’aller au désordre par le fait de décisions de justice (par action ou omission) manifestement incompréhensibles. Un célèbre juriste français disait d’ailleurs avec beaucoup de pertinence « Je doute de l’exactitude des solutions jurisprudentielles qui heurtent le bon sens » pour s’tonner du rendu de certaines décisions de justice.
Il nous faut ouvrir des espaces de respiration de notre démocratie, pour éviter de tomber dans la Démocrature avec un Léviathan des temps modernes tout puissant en face de qui une foule hystérique désespérée prête à tout, parce que ne trouvant aucune issue à l’expression de ses préoccupations légitimes apporte le challenge.
Dans un tel cas de figure, le pire est à craindre, et notre jeunesse ne doit pas accepter d’être l’agneau de tous les sacrifices.
Que Dieu sauve le Sénégal de l’hypertrophie délirante1 du moi et sonne le retour à la raison.
LA PLUPART DES ÉCOLES AVAIENT DONNÉ CONGÉ À LEURS ÉLÈVES CE JEUDI
L’audience d’hier, qui opposait le leader du parti Pastef, Ousmane Sonko, au ministre Mame Mbaye Niang qu’il accuse de détournement de 29 milliards, a perturbé les enseignements-apprentissages dans presque toutes les écoles
Selon Ndongo Sarr du Cusemss :«il faut sécuriser le pays. Sans quoi, l'école sera immanquablement touchée».
L’audience d’hier, qui opposait le leader du parti Pastef, Ousmane Sonko, au ministre Mame Mbaye Niang qu’il accuse de détournement de 29 milliards, a perturbé les enseignements-apprentissages dans presque toutes les écoles où les cours ont été suspendus. Le syndicaliste Ndongo Sarr du Cusemss demande plus de sécurité dans le pays afin d’éviter un embrassement généralisé qui ne pourrait pas épargner l’école.
L’école sénégalaise, publique comme privée, a connu hier des perturbations dansles enseignements-apprentissages. En effet, les parents ont choisi de retenir leurs enfants à la maison. Beaucoup d’établissements scolaires avaient d’ailleurs pris les devants pour suspendre les cours pendant au moins deux jours, mercredi et jeudi. A l’origine de cette perturbation scolaire : le procès opposant le leader du parti d’opposition Pastef, Ousmane Sonko, au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang.
Un procès marqué par plusieurs manifestations, notamment à Dakar où les cours ont vaqué dans la plupart des établissements scolaires. C’était le cas dans des écoles privées comme l’école Sainte Marie de Hann, l’Université catholique d’Afrique de l’Ouest (Ucao) et l’Institut supérieur de Gestion (Isg) qui ont annoncé à la veille du procès leur décision de donner congé à leurs élèves, aux enseignants et au personnel administratif. Ce, pour protéger les élèves et leurs personnels enseignants et administratifs. «Pour des raisons de sécurité, les cours seront suspendus le mercredi 15 mars 2023 à partir de 12 heures et le jeudi 16 mars 2023 toute la journée. La reprise des cours est prévue le vendredi 17 mars à 8 heures». C’est ce que dit la note signée par le directeur des Cours Sainte Marie de Hann, André Sonko, et qui a été adressée aux parents d’élèves. Comme si les écoles privées s’étaient passé le mot d’ordre de «repos forcé», la même décision a été prise à l’université catholique d’Afrique de l’Ouest (Ucao Saint Michel) par son directeur général, Dr Jean Marie Latyre Sène. Qui avait très tôt notifié aux parents d’élèves sa décision. «En raison de la situation sécuritaire qui prévaut actuellement, la haute direction a décidé de faire vaquer les cours pour la journée du jeudi 16 mars 2023. La reprise des cours est prévue pour le vendredi 17 mars à 8 heures», pouvait-on lire dans un communiqué. Une décision valable pour tout le personnel de l’Ucao et de l’Institut supérieur de gestion.
Ces écoles ont pris les devants en annonçant, dès la veille du procès, une suspension des cours pour au moins deux jours. Ce, pour parer à tous éventuels troubles liés aux manifestations de l’opposition. Ce ne sont pas les seuls établissements scolaires qui ont pris cette décision de faire vaquer les cours. Presque partout dans Dakar, les cours ont été suspendus ou simplement écourtés dans certaines écoles. Les écoles françaises et américaines avaient elles aussi demandé çà leurs élèves de rester chez eux. Même chose dans les établissements publics à l’image de l’école élémentaire Amadou Racine Ly de l’unité 15 des Parcelles Assainies. Ici, la direction de l’école des touts petits, section Parcelles Assainies unité 15, a libéré les enfants plus tôt que prévu. A l’élémentaire, alors qu’ils devaient reprendre le chemin de l’école pour les cours de l’après midi, les enfants ont été priés de rester à la maison. Un choix bien justifié, selon le secrétaire général du cadre unitaire des syndicats du moyen et secondaire du Sénégal, Ndongo Sarr. «Avec l’incertitude sur le plan sécuritaire, nous comprenons parfaitement que des parents retiennent leurs enfants à la maison ou que quelques administrations d’établissements libèrent les potaches pour éviter qu’ils ne soient pris en otage», explique-t-il. Mais ces jours, demi-journées ou quelques heures de cours ratés n’agréent guère le syndicaliste qui s’en désole. M. Sarr dit tenir les autorités pour «seules responsables» de cette situation. Une situation qui, au-delà d’une journée de perturbation constatée et vécue, pourrait constituer, d’après ses dires, «un risque réel d’embrasement généralisé» dans le pays si, dit-il, les libertés démocratiques sont piétinées».
Selon toujours le secrétaire général du Cusemss, le risque d’embrasement pourrait être une fatalité pour l’école «si, de ce fait, des enseignants sont arrêtés et emprisonnés. Et si, au lieu de prendre en charge les préoccupations d’acteurs du système, des Inspections d’académie ( I a ) menacent de couper leurs salaires». Il pense que, par delà l’école, c’est le pays tout en entier qu’il faut sécuriser. «Sans quoi, dit-il, l’école sera immanquablement touchée», a-t-il prévenu.
Par Mamadou Oumar Ndiaye
L’HONNEUR HYPER ONÉREUX DE NOTRE AMI, LE PRINCE MBAYE NIANG
Jamais procès en diffamation n’avait nécessité la sortie de chars de combat, la mise en état de siège du domicile d’un prévenu. Jamais plaignant n’avait eu autant de privilèges que notre ministre du Tourisme face à une partie défenderesse
Homme béni des dieux, un rejeton doré sur tranche, un « Coumba Am Ndey », un plaignant chouchouté. Un Sénégalais dont « l’honneur » — enfin, on suppose qu’il en a — est inestimable au point qu’il ne faut même passe hasarder à l’évaluer. Sa valeur dépasse tout entendement, tout ce que l’on peut raisonnablement imaginer. C’est pourquoi, quand il entend le laver devant les tribunaux, eh bien le fléau de la balance de la justice se détraque, penche outrageusement d’un côté, le sien bien sûr, et Thémis s’affole. Les citoyens sont égaux devant la justice ?
Foutaises, lorsque le citoyen en question s’appelle Mame Mbaye Niang, lorsqu’il est sous-ministre de la République et le chouchou de la Première dame ! Et lorsque son « honneur » — puisqu’il nous dit qu’il en a ! — est en jeu.
Dans ce pays, on a vu le ministre d’Etat (à l’époque, sous le président Abdou Diouf, il était le seul à porter ce titre à ce moment-là) Abdoulaye Wade porter plainte contre un journal et son directeur. Il s’agissait du « Témoin » et de Mamadou Oumar Ndiaye. Avant cela, en tant que simple opposant, il avait attrait le défunt directeur du quotidien national « Le Soleil », Bara Diouf, devant les tribunaux puis, grand seigneur, avait retiré sa plainte à la barre du tribunal. On a vu le richissime Jean-Claude Mimran traîner en justice l’alors tout-puissant groupe Sud Communication. On a vu les frères Pierre-Babacar et Mansour, alors au sommet de leur influence, faire un procès à un journal. Ou l’alors très craint éditeur français Joël Decupper, patron de la revue Africa, porter plainte contre Béchir Ben Yahmad, dont le journal « Jeune Afrique » faisait — et continue de faire — la pluie et le beau temps sur le continent.
Toutes ces affaires de diffamation ont été jugées par la justice sénégalaise. Le droit a été dit, certains prévenus ont été condamnés, d’autres ont été relaxés. Toujours est-il que ces procès se sont tenus dans les règles de l’art avec des affluences plus ou moins grandes selon la notoriété des parties. Mais jamais, alors là jamais, les prévenus dans ces affaires de diffamation n’ont été gazés et leurs avocats avec eux, malmenés par la police et conduits dans un état presque inconscient dans la salle du tribunal ! Jamais aucun d’entre eux n’a été conduit pieds et poings liés devant les juges, quelle que fût la puissance des plaignants. Jamais leurs véhicules n’ont fait l’objet de « car-jacking » parles forces de l’ordre, n’ont été caillassés, leurs portières ouvertes par effraction et eux sortis de force pour être transportés dans des fourgons.
Mais surtout jamais, à l’occasion de tous ces procès, l’économie n’a été paralysée, les écoles fermées, les rideaux des magasins baissés, la ville placée en état d’urgence. Jamais il n’y a eu des saccages se chiffrant à des milliards de francs — rien que Dakar Dem Dikk a chiffré son préjudice à 400 millions avec trois bus brûlés et trois autres caillassés —, jamais il n’y a eu un climat de guerre civile, en tout cas d’insurrection marquée par des affrontements entre des jeunes gens et les forces de l’ordre. Jamais aucune de ces affaires judiciaires n’a installé notre pays au bord du chaos. Jamais procès en diffamation n’avait nécessité la mobilisation de centaines de policiers et de gendarmes, la sortie de chars de combat, la mise en état de siège du domicile d’un prévenu. Bref, jamais plaignant n’avait eu autant de privilèges face à une partie défenderesse.
La présidentielle 2024, véritable enjeu d’un procès hors normes
En réalité, tout le monde a compris qu’en choisissant de porter plainte devant le chef de l’opposition et candidat hyper-favori à la présidentielle de 2024, Mame Mbaye Niang se fout éperdument de son propre honneur car ce qui l’intéresse c’est de faire condamner un opposant — ce qui n’est pas difficile quand on sait, disons, la bienveillance de notre justice à l’égard de l’Exécutif et la difficulté de réchapper aux procès en diffamation ! — pour faire invalider sa candidature. Dans ces conditions, on ne s’étonnera pas que, s’agissant d’un procès qui sort de l’ordinaire et dont l’enjeu réel est en réalité la possibilité ou non pour un sérieux candidat de prendre part à la compétition de 2024, les partisans de ce candidat sonnent la résistance. Et soient prêts à tout pour que leur champion ne soit pas l’agneau du sacrifice judiciaire. Surtout quand cette même justice a déjà égorgé dans le passé les deux candidats susceptibles de constituer des obstacles à la réélection du patron de Mame Mbaye Niang à la présidentielle de 2019 !
On retiendra en tout cas que l’honneur supposé de Mame Mbaye Niang vaut plus les honneurs réunis de toutes les illustres parties civiles dont il est question ci-dessus et qu’il est plus important que la stabilité sociale de ce pays. Mais bon le Sénégal peut brûler, la guerre civile peut s’y installer, des vies humaines peuvent être perdues, des infrastructures détruites, l’économie s’affaisser, des propriétés saccagées… tout cela n’a pas d’importance pourvu que l’honneur de Mame Mbaye Niang soit lavé ! Quand on vous disait que ce jeune homme sort de l’ordinaire et qu’il est hyper privilégié… En Arabie Saoudite, on connaît le superpuissant Mohamed Ben Salman alias MBS, véritable détenteur du trône, eh bien au Sénégal nous avons le prince MMBN !
Par Bamba Ndiaye
TENSIONS POLITIQUES AU SENEGAL : S'ACHEMINE-T-ON VERS UNE IMPASSE ?
“Gatsa-Gatsa” (“oeil pour œil”, en langue wolof). C'est l'expression qu'Ousmane Sonko, leader de Pastef a prononcée lors d'un méga meeting à Keur Massar (banlieue de Dakar) le 22 janvier 2023
“Gatsa-Gatsa” (“oeil pour œil”, en langue wolof). C'est l'expression qu'Ousmane Sonko, leader de l'opposition sénégalaise et fondateur du parti Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, Pastef, a prononcée lors d'un méga meeting à Keur Massar (banlieue de Dakar) le 22 janvier 2023. Depuis lors, l'expression est devenue un hashtag sur les médias sociaux et les forums en ligne ainsi qu'un cri de ralliement pour une bonne partie de la jeunesse sénégalaise qui, compte tenu des récents reculs démocratiques du pays, a jugé inévitable une confrontation avec le régime de Macky Sall. Si le leitmotiv “Gatsa-Gatsa” fait écho aux appels incessants de Sonko à la résistance contre le régime Sall depuis février 2021 (date à laquelle il a été accusé de viol et de menaces de mort par la masseuse Adji Sarr), il s'agit également d'une réaction contre la récente décision judiciaire d'envoyer l'affaire en procès.
EQUITE JUDICIAIRE ET CONFRONTATION
Il a fallu deux ans à la justice sénégalaise pour organiser une audience préliminaire et une confrontation entre Sonko et son accusatrice, Adji Sarr. Samba Sall, le premier juge qui avait hérité de l'affaire, est décédé en avril 2021, ce qui a entraîné la nomination d'Oumar Maham Diallo qui, huit mois auparavant, avait partagé un post Facebook incriminant Ousmane Sonko. Cette nomination a soulevé de nombreuses questions quant à l'impartialité du juge Diallo et a conforté les partisans de Sonko dans leur demande au juge de se récuser.
L'audience préliminaire et la confrontation entre le leader de Pastef et son accusatrice ont révélé des éléments intéressants qui, selon de nombreux observateurs, remettent sérieusement en cause le récit de la plaignante. Tout d'abord, Baye Mbaye Niasse (le guide spirituel “autoproclamé” d'Adji Sarr) et les avocats de Sonko ont présenté au juge six conversations audio entre Adji Sarr et Niasse. Dans l'une d'elles, Sarr dit que les accusations sont un complot contre Ousmane Sonko. Sommée par le juge de s'expliquer, Adji Sarr a confirmé l'authenticité des enregistrements mais a déclaré que leur contenu était un stratagème pour tromper Niasse et tester sa loyauté puisqu'il prétendait vouloir la sortir de cette situation. Que sa justification soit convaincante ou non, les enregistrements ont jeté de sérieux doutes sur les accusations devant le tribunal de l'opinion publique.
Le deuxième élément qui transparaît lors de l'audience préliminaire est le rôle prétendument douteux du procureur général de l'époque, Serigne Bassirou Guèye, pendant la phase d'enquête. Sonko et ses avocats ont affirmé détenir des preuves que l'ancien procureur a “falsifié” le rapport d'enquête initial de la police en supprimant des preuves disculpatoires. Ils ont également affirmé détenir un rapport interne de la gendarmerie ayant fait l'objet d'une fuite et qui prouve que le procureur s'est permis des libertés avec l'enquête. Le troisième élément qui est apparu est l'existence du rapport de la gendarmerie, commandité par le général Jean-Baptiste Tine, à la suite du licenciement précipité du capitaine Oumar Touré, l'ancien officier de la gendarmerie qui a mené l'enquête préliminaire sur les accusations portées contre Sonko. Quelques semaines avant son licenciement, le capitaine Touré avait publié une vidéo et un message sur les médias sociaux dans lesquels il déclarait être suivi par des individus non identifiés et craindre pour sa vie.
La démission de Touré et les messages sur les médias sociaux ont provoqué une onde de choc dans tout le pays, entraînant une enquête interne de la gendarmerie. Le rapport a fuité et s'est retrouvé entre les mains d'un journaliste d'investigation, Pape Alé Niang, qui a publiquement divulgué son contenu avant d'être arrêté et emprisonné par le régime. Niang a été récemment libéré après une intense pression nationale et internationale de la part d'organisations de la société civile, de défense des droits de l'homme et de journalistes. En plus de ces éléments importants, le Dr Alphousseyni Gaye, le gynécologue qui a examiné l'accusatrice la nuit du crime présumé, a été entendu par le juge et a réaffirmé que son examen médical n'a apporté aucune preuve de viol. Malgré tous ces éléments et l'incapacité des avocats de l'accusatrice à présenter des preuves tangibles du crime, le juge Diallo a inculpé Sonko et renvoyé l'affaire en procès. Sonko et ses avocats, qui s'attendaient à un non-lieu, ont vainement fait appel de la décision du juge. Alors qu'aucune date n'a encore été fixée pour le procès, la rhétorique des deux parties (opposition et régime) a pris un ton plus incendiaire et belliqueux.
L'AFFRONTEMENT A COMMENCE
Lors de son méga meeting à Keur Massar, Sonko a déclaré solennellement :“J'ai déjà écrit mon testament et maintenant, je suis prêt à affronter Macky Sall sur tous les fronts”. Si cette déclaration a été accueillie avec enthousiasme par une foule extatique de partisans et de jeunes gens qui le considèrent comme un rédempteur et celui sur qui ils fondent leur espoir, elle a sans aucun doute résonné comme une menace et un défi pour les partisans du régime. Depuis lors, les deux camps continuent de se livrer une guerre par procuration via la presse, les médias sociaux ainsi que des visites et des tournées improvisées qui sont devenues l'arme d'attraction massive de Sonko. Le 10 février 2023, Sonko et ses partisans ont bravé une interdiction de manifester à Mbacké (à deux heures et demie à l'est de Dakar) qui s'est transformée en une violente confrontation avec la police. La manifestation a entraîné d'importants dégâts matériels, des dizaines d'arrestations et de blessures. La chaîne de télévision privée Wal-Fadjri, qui a retransmis en direct les affrontements, en a également subi les conséquences lorsque le CNRA a coupé et suspendu son signal pendant une semaine. Malheureusement, ce type de censure est récurrent sous le régime Sall et prouve une volonté politique d'étouffer la liberté de la presse et la liberté d'opinion. Une semaine après la confrontation de Mbacké, Sonko a de nouveau été convoqué au tribunal, cette fois pour un procès en diffamation intenté contre lui par l'ancien ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang.
BRUTALITE POLICERE
Mais ce qui ressort de cette journée reste la brutalité avec laquelle une unité spéciale de la police a brisé la vitre de la voiture de Sonko, l'a trainé dehors et l'a forcé à monter dans un véhicule de police blindé. La vidéo s'est rapidement répandue dans les médias nationaux et internationaux ainsi que dans les réseaux sociaux. Si ces images ont énormément terni la démocratie sénégalaise, elles ont exposé la nature de plus en plus répressive du régime et fait gagner davantage de soutien populaire et de sympathie pour Ousmane Sonko. Bien que la police n'ait pas arrêté Sonko, ses actions injustifiées continuent de mettre en danger et de menacer l'intégrité physique de l'opposant que le gouvernement doit protéger.
AGITATION CONTRE UNE TROISIEME CANDIDATURE
A moins d'un an de l'élection présidentielle de 2024, Macky Sall n'a pas encore clarifié son intention de quitter le pouvoir étant donné que constitutionnellement il ne peut plus déposer une candidature à la présidentielle. Par conséquent, il existe une crainte réelle qu'il puisse forcer le passage à l'élection et plonger le pays dans une tension politique similaire à celle de 2011, lorsque le président de l'époque, Abdoulaye Wade, avait décidé de briguer “inconstitutionnellement” un troisième mandat. En outre, il existe une appréhension palpable chez beaucoup de Sénégalais que Sonko pourrait perdre son procès sur les affaires de viol et de diffamation, scellant ainsi son destin de candidat à la présidence en 2024. En ce sens, la nouvelle stratégie de Pastef consiste à faire une démonstration de force par le biais de grands rassemblements et de démarchages à travers le pays pour consolider son soutien populaire et mettre une énorme pression sur le régime Sall. Cette approche répond à un double objectif. Premièrement, elle vise à annihiler toute tentative de manipulation de la justice pour un verdict de culpabilité dans l'affaire de viol qui disqualifierait systématiquement Sonko de la course à la présidentielle de 2014. Le soulèvement populaire de 2021 a clairement montré que toute tentative d'instrumentaliser le système judiciaire à des fins politiques entraînera des confrontations violentes aux résultats désastreux. Ce que les Sénégalais attendent, c'est un procès équitable et transparent pour toutes les parties impliquées. Deuxièmement, l'agitation politique envoie des signaux d'avertissement au Président Sall : toute tentative de briguer un troisième mandat se heurtera à une résistance populaire farouche. Cependant, le blocus du domicile de Sonko par la police a considérablement limité sa liberté de mouvement. En outre, le refus systématique des demandes d'autorisation de rassemblement de son parti (par les administrations locales) entrave de plus en plus sa tactique de mobilisation de masse. Cette situation nie ainsi un droit constitutionnel fondamental (celui de manifester et de se rassembler) et crée des affrontements violents entre les forces de sécurité et les partisans de Sonko qui veulent à tout prix exercer leurs droits constitutionnels.
CAMPAGNES DE DENONCIATION
Récemment, le Pastef a inclus dans sa stratégie des campagnes internationales de dénonciation du régime et de correction de la rhétorique de diabolisation à son égard. La coalition au pouvoir (Benno Bokk Yakkaar) a intensifié sa campagne visant à présenter Sonko comme un “salafiste”, un “terroriste” et un leader politique “anti-français/occidental” qui veut mettre en péril les intérêts occidentaux au Sénégal, une image contre laquelle Sonko et ses partisans ont riposté par une campagne de relations publiques soutenue. Le 28 février 2023, Sonko a ainsi publié “un message à la communauté internationale”, un long discours traduit en arabe, en anglais et en français dans lequel il détaille le recul démocratique du Sénégal, notamment la multiplication des prisonniers politiques (y compris des mineurs selon le journaliste d'investigation Pape Alé Niang) et les récentes attaques contre son intégrité physique, entre autres formes de répression gouvernementale. Alors que Sonko continue de bénéficier d'un soutien populaire plus important, son discours à l'égard du régime s'est radicalisé et son appel à la résistance se transforme progressivement en un appel à la “riposte”. D'un autre côté, le régime Sall semble également résolu à faire respecter la loi et l'ordre par tous les moyens nécessaires. Face à ce bras de fer et à une rhétorique cavalière de part et d'autre, des segments de la société civile et des leaders religieux multiplient les appels à la paix, au dialogue et à la médiation pour éviter une impasse sociopolitique sans précédent avant la présidentielle de 2024.
Bamba Ndiaye
Assistant Professor, Emory University
THECONVERSATION.COM
LES AGROPOLES DOPENT LES EXPLOITATIONS FAMILIALES
«Le projet des agropoles n’est pas venu pour installer de nouvelles superficies en rapport avec des privés, mais pour renforcer l’existant. Il y a des exploitations familiales à travers les organisations de producteurs, le projet appuie ses producteurs
Dans le cadre de la Fiara, une “Journée Agropole” a été organisée par le projet des agropoles du Sénégal avec les Organisations de Producteurs et de transformateurs de la Casamance. A cet effet, un panel scientifique sur les exploitations familiales s’est tenu. Dans sa communication, le responsable suivi-évaluation du projet des agropoles Moustapha Lo est revenu sur l’appui apporté aux producteurs en termes de semences et de bonnes pratiques.
«Le projet des agropoles n’est pas venu pour installer de nouvelles superficies en rapport avec des privés, mais pour renforcer l’existant. Il y a des exploitations familiales à travers les organisations de producteurs, le projet appuie ses producteurs » Cette précision est du responsable suivi-évaluation du projet des agropoles Moustapha Lo. Il s’exprimait hier, jeudi 16 mars lors d’un panel organisé à la foire internationale de l’agriculture et des ressources animales (Fiara) dans le cadre de la journée des agropoles. Ainsi pour appuyer ces exploitations familiales, le projet des agropoles a signé une convention avec l’Isra qui met à la disposition du projet des pré bases pour le mais dans la zone Sud. « L’Isra a déjà mis à la disposition du projet des semences de pré bases. Ce qui a permis d’avoir 75 tonnes de semences de bases et qui seront encore démultipliées à tous les niveaux. Cet appui va directement au niveau des organisations de producteurs qui vont les redistribuer encore à l’ensemble des producteurs de la zone.
En plus de cela, pour la filière mangue, nous sommes en train de travailler sur du matériel végétal de haut rendements. L’Isra est même en train de faire d’autres recherches pour mettre à la disposition du projet d’autres variétés beaucoup plus performantes » a-t-il fait part. Aussi ajoute-t-il, 30 mille plants de manguiers ont été distribués dans la zone Sud et 450 producteurs ont été formés sur les techniques culturales. En plus de cela, le projet est en train de travailler sur l’amélioration de l’existant .Il s’agit selon M Lo, de faire de l’allégeage pour rajeunir les exploitations qui existaient et de faire greffer ces exploitations pour qu’au moins au bout de deux ans maximum, on commence à avoir de la production. « Le projet n’est pas venu pour éliminer l’existant, mais pour renforcer les exploitations familiales. Parce que si on renforce les exploitations familiales, on va non seulement améliorer leurs revenus, mais également leur bien-être », a-til conclu.
L’AFFAIRE RENVOYEE EN AUDIENCE SPECIALE AU 30 MARS
Appelée hier, jeudi 16 mars, à la barre du tribunal de grande instance hors classe de Dakar statuant en matière correctionnelle, l’affaire de diffamation opposant le maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, non moins leader du parti Pastef au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang a été renvoyée en audience spéciale à la date du jeudi 30 mars. Ce renvoi a été demandé par la défense qui se base sur les violences subies par son client de la part des éléments de la police qui l’ont gazé et extirpé de son véhicule pour le ramener de force au tribunal.
Troisième renvoi du procès en diffamation opposant le maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko, non moins leader du parti Pastef au ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang, responsable du parti au pouvoir, l’Alliance pour la République. Appelée hier, jeudi 16 mars à la barre du tribunal de grande instance hors classe de Dakar statuant en matière correctionnelle, cette affaire a finalement été renvoyée à la demande des avocats de la défense en audience spéciale à la date du jeudi 30 mars prochain. Ce renvoi a été décidé aux termes d’une audience très mouvement ponctuée par plusieurs suspensions.
En effet, prenant la parole peu après l’arrivée de leur client dans la salle 3 du Palais de justice Lat Dior où se tenait cette audience, avec des habits froissés et tachés aux environs de 10h 41, les avocats de la défense ont estimé que ce dernier n’était pas dans les conditions d’être jugé. Selon eux, leur client et leur confrère, Me Ciré Clédor Ly, pour avoir été gazés par des éléments de la Bip (Brigade d’intervention polyvalente de la police nationale) à l’intérieur du véhicule dans lequel ils étaient embarqués, n'étaient pas dans les conditions de comparaitre. Ils ont ainsi sollicité un renvoi. Tour à tour, ils ont pris la parole pour dénoncer devant le tribunal les violences exercées par des éléments des forces de défense et de sécurité sur leur client extrait de son véhicule et conduit de force au Palais de justice.
ESTIMANT QUE SON CLIENT A ETE GAZE PAR LA POLICE, LA DEFENSE EVOQUE SON INCAPACITE A COMPARAITRE
Prenant ainsi la parole en premier, Me Ousseynou Fall sollicitant un renvoi pour permettre à leur client de voir son médecin, a signifié au président que la défense s’oppose à la tenue de l’audience. « Notre client a été littéralement brutalisé, violenté et tabassé par les forces de l'ordre qui l’ont extrait de force de son véhicule pour le mettre dans la voiture de la BIP et l’amener ici. Vous serez complices de forfaiture, parce qu’Ousmane Sonko doit être suivi par un médecin après ce qui s’est passé. Nous nous opposons à la tenue de l’audience. Il est hors de question que cette audience se tienne. Nous nous opposerons à la tenue de cette audience », insiste la robe noire qui demande un renvoi.
Prenant la parole à son tour, Me Ciré Clédor Ly a informé la Cour que la défense jusqu’à ce matin était dans les dispositions de plaider cette affaire n’eût été la brutalité exercée par les forces de défense et de sécurité sur son client et lui. « Jusqu’à 4h 30 du matin, j’étais sur le dossier. Il était convenu que je sois chez mon client à 8 h pour qu’on puisse arriver au tribunal à 9 heures. Je demande de simples constatations matérielles et d’examiner les habits de mon client. Si j’enlevais ma robe, vous verriez les séquelles » a-t-il fait remarquer à l’endroit du président du tribunal avant d’ajouter. « Nous avons voulu retourner à la maison quitte à ce qu’il soit jugé à défaut, mais on nous a interceptés et gazés. Depuis lors, je n’arrive pas à ouvrir les yeux. Je suis dans un état physique et psychologique qui ne me permet pas d’exercer de même que mon client. Il n’est pas en mesure de répondre aux questions. Nous demandons un renvoi, pour être dans des conditions de plaider. Le code de procédure pénale peut dispenser Sonko à comparaître. Je demande au tribunal de renvoyer l’affaire ».
Abondant dans le même sens, Me Kam Guy, avocat du barreau de Ouagadougou nouvellement constitué pour la défense du leader de Pastef a également sollicité du président du tribunal un renvoi pour, dit-il, lui permettre de prendre connaissance de cette affaire. « Dès mon arrivée au Sénégal, j’avais prévu de rencontrer mon client pour échanger avec lui mais j’ai été empêché par les éléments de la Police.
Abondant dans le même sens, Me Kam Guy, avocat du barreau de Ouagadougou nouvellement constitué pour la défense du leader de Pastef a également sollicité du président du tribunal un renvoi pour, dit-il, lui permettre de prendre connaissance de cette affaire. « Dès mon arrivée au Sénégal, j’avais prévu de rencontrer mon client pour échanger avec lui mais j’ai été empêché par les éléments de la Police déployés aux abords de son domicile. Ils m’ont refusé de le rencontrer parce qu’il était en état de résidence surveillée. J’étais loin d’imaginer ce qui se passe actuellement au Sénégal. Je suis triste lorsque je vois mon client dans cet état, je suis également triste en voyant mon confrère dans cet état. Je suis triste surtout pour ce que le Sénégal représente en Afrique. D’ailleurs, je n’arrive pas à comprendre cette brutalité surtout que la comparution de notre client n’était pas obligatoire ».
LE PARQUET ET LA PARTIE CIVILE S’OPPOSENT A UN NOUVEAU RENVOI
Interpellés par le président du tribunal sur cette demande de renvoi de la défense, les avocats de la partie civile ont indiqué qu’ils s’opposaient « énergiquement » à tout renvoi de cette affaire. « On a entendu longtemps. Un tribunal n’attend pas. Je regrette mais cette requête est tout simplement mal fondée. Je propose de continuer de gérer les débats pour nous permettre de plaider. Celui qui prend la responsabilité d’aller voir son médecin, c’est son problème » a martelé Me El Hadj Diouf qui vient tout juste de se constituer pour la défense du ministre du Tourisme. Loin de s’en tenir-là, le tonitruant avocat s’en prend vertement à son confrère venu du Burkina Fasso qu’il a traité d’étranger provoquant dans la foulée une vive réaction de ses confrères de la défense qui l’ont invité à retirer ce terme. « C’est absurde ce qu’on veut nous faire croire. Qu’on vienne du Burkina ou des USA, on doit s’imprégner du dossier de son client avant de débarquer au Sénégal. Car, il y a beaucoup de moyens électroniques pour s’informer. Je rappelle à mon confrère étranger que même via WhatsApp, il pouvait recevoir les dossiers. Je me suis constitué aujourd’hui comme lui et je sais ce que dit le dossier. Ensuite, un étranger ne doit pas se permet de porter de faux jugements sur mon pays ». Invité à prendre la parole, le ministre Mame Mbaye Niang s’est également opposé à cette demande de renvoi. « Je suis venu ici parce que je crois en cette institution. Je suis venu parce que leur client dit qu’il détient un rapport qui m’a épinglé. C’est la troisième fois que je viens. J’ai fait la même chose. Chaque comparution, on me demande de donner mon itinéraire, pourtant cela ne m’a pas empêché d’être là. Depuis plusieurs mois, je cours derrière la justice pour qu’il me rende justice ». Pour sa part, le représentant du ministère public a également estimé qu’il n’est pas pour un nouveau renvoi de cette affaire qui, selon lui, est en état d’être jugé. « Malgré les péripéties qui se sont déroulées ce matin en dehors de tribunal, je dois dire que ce dossier est en état de jugement et rien ne s’oppose à ce qu’il soit jugé. Car, tous les faits évoqués par la défense ne sont extérieurs à ce tribunal. Par conséquent, nous nous opposons à un nouveau renvoi de cette affaire », a fait remarquer le substitut du procureur de la République.
SONKO ET ME CIRE CLEDOR LY ADMIS A L’INFIRMERIE
Pivot dans la défense du maire de Ziguinchor, Me Ciré Clédor Ly qui était extrait en même temps que son client et conduit de force au tribunal à bord d’un blindé de la Bip (Brigade d’intervention polyvalente de la Police nationale) a passé quelques minutes seulement dans la salle d’audience. En effet, peu après sa prise de parole devant la barre pour expliquer au tribunal les conditions dans lesquelles son client et lui ont été amenés de force au tribunal, la robe noire a quitté son client et ses confrères en compagnie d’un jeune homme présenté comme un de ses fils à l’extérieur de la salle d’audience. Quelques minutes après, ses confrères Me Ousseynou Fall et Me Youssoupha Camara ont annoncé son évacuation par un véhicule du SAMU. S’agissant du leader de Pastef, Ousmane Sonko, il a été emmené à l'infirmerie du Palais de justice pour consultation par son médecin personnel qui a fait le déplacement sur les lieux. Ce dernier lui a même délivré un certificat médical après l’avoir examiné.
LE JUGE EXPULSE ME OUSSEYNOU FALL QUI REFUSE DE SORTIR
Contrairement à l’adage qui dit que la justice est rendue dans un climat de sérénité, l’audience du tribunal de grande instance hors classe de Dakar statuant en matière correctionnelle dans l’affaire de diffamation opposant Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang s’est tenue dans une ambiance très tendue hier, jeudi. Un avocat de la défense a été même expulsé de la salle par le président du tribunal. Il s’agit de Me Ousseynou Fall. En effet, prenant la parole dans une salle envahie par un vacarme, peu après l’arrivée de son client, la robe noire a estimé que ce dernier du fait des violences qu’il a subies de la part des éléments des forces de défense n’était pas en mesure de comparaitre a demandé un renvoi. Prenant la parole, le président du tribunal estimant que la « justice est rendue dans la sérénité » a invité tout le monde à garder le silence sans quoi, il n’hésitera pas à faire évacuer toute la salle.
Arrachant de nouveau la parole, Me Ousseynou Fall tout en insistant sur la demande de renvoi de l’audience a invité le juge Mohamed Diop puisque c’est de lui qu’il s’agit à commencer à faire sortir de la salle des éléments encagoulés du Groupement d’intervention de la Gendarmerie nationale (Gign) pour faire régner la sérénité dans la salle. « Nous ne supportons pas la présence des Forces de l'ordre. Ces hommes ne sont pas identifiables. En plus, ils instaurent une atmosphère tendue dans la salle. C’est inadmissible ce qui se passe et nous n’acceptons la présence des forces de l’ordre. Vous serez complices de forfaiture, parce que Ousmane Sonko doit être suivi par un médecin ». En réaction, le président du tribunal lui a demandé de quitter la salle. Mais, face au refus de l’avocat de la défense de s’exécuter, le juge a tout simplement procédé à une nouvelle suspension de l’audience. Au total, quatre suspensions d’audience ont été dénombrées hier, jeudi.
DAKAR, VILLE MORTE !
Des travailleurs, commerçants, marchands ambulants et autres personnes qui ont rallié Dakar pour des besoins spécifiques n’oublieront pas de sitôt leur journée d’hier, jeudi 16 mars 2023, qualifiée par certains de «3 mars 2021 bis»
Un «3 mars 2021 bis», le mot est lâché par certains, tellement la situation était indescriptible. Après des échauffourées la veille à la Cité Keur Gorgui du fait que toutes les voies menant au domicile d’Ousmane Sonko avaient été barricadées par les Forces de l’ordre, la journée d’hier, jeudi 16 mars 2023, a été très tendue dans plusieurs quartiers de Dakar, avec des manifestations sporadiques partout. Les choses ont dégénéré aussitôt après l’exfiltration du leader de Pastef de force de son véhicule, à hauteur de Mermoz, par les Forces de l’ordre pour le conduire au Palais de Justice Lat-Dior, où il se rendait justement, pour le procès dans l’affaire des 29 milliards du Prodac qui l’oppose au ministre Mame Mbaye Niang. Il s’en est suivi une intifada transformant Dakar en une ville morte.
Des travailleurs, commerçants, marchands ambulants et autres personnes qui ont rallié Dakar pour des besoins spécifiques n’oublieront pas de sitôt leur journée d’hier, jeudi 16 mars 2023, qualifiée par certains de «3 mars 2021 bis». Ville morte ou simplement ville fantôme, c’est l’image que renvoyait plusieurs parties du centre-ville de la capitale Sénégalaise. De la Place du Tirailleur aux avenues Lamine Gueye, Blaise Diagne, Malick Sy, en passant plusieurs artères et coins comme la rue Vincent, le rond-point de la Rts, Pétersen… tous les services et commerces ou presque ont déjà baissé rideaux face à une sorte d’intifada ou guérilla urbaine menée par des groupes de jeunes en furie qui dressaient des barricades, brulaient des pneus, des troncs et branches d’arbres, abattus dans le cadre des travaux du BRT, et étales en bois partout sur les voies. Avant de disparaitre à l’approche des Forces de l’ordre à bord de pick-up, fourgonnettes et autres véhicules blindés chargés de dégager les restes de brulures de pneus et autres barricades de la chaussé, après des échanges de tirs de grenades lacrymogènes contre des jets de pierres.
Déjà, sur l’autoroute, à l’approche de l’autopont de Pompier, en venant de la Colobane et la banlieue, l’on se fait une idée de cette situation indescriptible. Aucun véhicule ne roulait sur le pont, vers 10h-11h, l’avenue Lamine Gueye étant fermée à la circulation automobile sur une bonne partie de la voie, de la descente du pont de Pompier, juste avant l’intendance des Armées, à Parc Lambaye. Des jeunes y ont brûlé des pneus, obligeant la Police à intervenir. Pis, il suffisait de lever la tête pour voir d’épais nuages de fumée noirâtre qui assombrissaient le ciel, depuis plusieurs coins de la capitale. Cela, mélangé à celle âcre de gaz lacrymogènes, rendait l’atmosphère chargée et l’air irrespirable, surtout quand on marche à contrevent. Foulards, masques (dont les prix ont augmenté pour la circonstance passant de 25 à 100 F CFA l’unité), chapeaux, mouchoirs, les mains, tous les moins étaient les bienvenus pour se protéger le nez pour ne pas respirer ce gaz qui faisait couler narines et yeux.
GARE ROUTIERE POMPIER «RESSUSCITEE», LE TEMPS D’UNE CHAUDE JOURNEE
Ce sont de petits groupes qui surgissaient, brûlaient des pneus et disparaissaient dès que la Police approchait, pour aller bloquer la circulation dans un autre axe. Pendant que les flics s’affairaient à libérer le blocus qu’ils viennent de créer. Conséquence, après les énormes bouchons déplorés dès le début des affrontements, place au vide. Plus de véhicules ni même de taxis sur certains axes, l’heure était à la marche. Pétersen inaccessible parce qu’encerclé par les manifestations jusqu’à la Médina, il fallait marcher jusqu’au pont de Pompier, transformé en gare routière pour la circonstance, pour trouver un car de transport en commun à destination de GandYoff, Patte d’Oie, Pikine, Thiaroye, Rufisque, Keur Massar et autres quartier de la banlieue. Face à cette situation, des marcheurs se lâchent : «rien ne peut justifier cela. Le Sénégal ne mérite pas une telle image. On empêche les gens de travailler ; tous les services et commerces sont fermés ; il n’y a pas de voiture. Tout ça à cause de manœuvres politiques. Toutes les autorités religieuses et coutumières lancent des appels à la paix ; alors qu’ils savent que seul le président Macky Sall détient la clé pour cette paix. Ils n’ont qu’à le lui dire pour que la tension s’estompe», lance une dame évoluant dans l’informel, furieuse de perdre une journée de travail.
La banlieue aussi n’était pas en reste. A titre d’exemple, une fois à Keur Massar, l’état de la route principale des Niayes renseignait de la situation sur place. De la gare routière des Ndiaga Ndiaye, sise à l’entrée de la forêt classée, jusqu’au Conseil départemental et même au-delà, tous les commerces et services étaient fermés. Même le marché et autres établissements marchands sur les connexes n’échappaient pas à la donne. Des véhicules avec des éléments de la gendarmerie stationnés sous le nouvel autopont veillaient à rétablir l’ordre. ID
GUERILLA URBAINE A DAKAR
L ’affrontement violent qui se profilait depuis lors entre la coalition de l’opposition Yewwi Askan wi, principalement Pastef-Les Patriotes d’Ousmane Sonko, et le pouvoir en place via les forces de l’ordre, a vécu ses premières manifestations hier, jeudi
Chaude journée dans certains points d Dakar dans le prolongement du procès qui devait se tenir hier, jeudi 16 mars 2023, et opposant le candidat à la présidentielle Ousmane Sonko et le ministre apériste Mame Mbaye Niang. Des échauffourées violentes ont en effet opposé les militants et sympathisants de la coalition Yewwi Askan wi aux forces de l’ordre, occasionnant du coup une situation de guérilla urbaine et/ou d’intifada dans certains endroits de la capitale sénégalaise.
L ’affrontement violent qui se profilait depuis lors entre la coalition de l’opposition Yewwi Askan wi, principalement Pastef-Les Patriotes d’Ousmane Sonko, et le pouvoir en place via les forces de l’ordre, a vécu ses premières manifestations hier, jeudi 16 mars 2023. La convocation au tribunal de Dakar du leader de Pastef, par ailleurs maire de Ziguinchor, dans un procès en diffamation intenté par l’actuel ministre du Tourisme, déjà renvoyé à deux reprises, a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Du coup, la capitale dakaroise a été transformée, en l’espace d’une demi-journée, en une zone de guérilla urbaine qui a scotché plus d’un habitant dans son domicile.
Tout est parti en fait du traitement réservé au maire de Ziguinchor alors qu’il se rendait au tribunal. Ousmane Sonko qui refusait l’itinéraire que lui imposaient les forces de l’ordre, a été extrait manu militari de son véhicule par celles-ci, notamment des éléments de Bip, pour être embarqué avec ses avocats dans un de leurs blindés et conduit de force au Tribunal de Dakar.
La situation qui était extrêmement tendue à hauteur de Mermoz a déclenché la colère des militants et sympathisants de Yewwi. Tour à tour, des points chauds ont embrasé beaucoup de lieux à Dakar, avec des groupes de plus en plus nombreux de manifestants qui bloquaient la circulation, allumaient des feux par ci et par là, forçant les forces de l’ordre à riposter par des tirs de grenades lacrymogènes. C’était le branle-bas général des deux côtés.
La tension est montée en crescendo à travers la capitale. Sur la Vdn (Voie de dégagement Nord), des manifestants en furie, après l'exfiltration d’Ousmane Sonko de son véhicule pour le conduire de force au Tribunal où se tenait le procès dit de l'affaire Prodac, se sont violemment attaqués aux Forces de l'ordre qui assuraient la sécurité sur les lieux. Il s’en est suivi des échanges de tirs de grenades lacrymogènes contre des jets de pierre. Face à la colère des jeunes assez nombreux, les Forces de sécurité ont abandonné leur véhicule et se sont repliées. A la Médina, aux Parcelles assainies, comme dans d’autres zones de Dakar, l’intifada a fait rage et beaucoup de dégâts ont été constatés dont un bus de DDD incendié.
DES SIEGES DE PARTI VANDALISES
Plusieurs sièges de parti de la mouvance présidentielle ont été également saccagés lors des manifestations d’hier matin. Les sièges de l’Alliance pour la République (APR) des Parcelles Assainies, de Sicap Liberté et celle de l’Alliance des Forces de Progrès (AFP) à Sacré Cœur ont été vandalisés par des manifestants. « Le siège de l’AFP à Sacré -Cœur a été attaqué ce matin avec beaucoup de dégâts matériels. Nous déplorons cet acte qui n’est pas digne de la démocratie», a dit Zator Mbaye responsable de l’AFP et membre de la coalition Benno Bokk Yakaar. Avant d’appeler au calme et à la sérénité. « Il faudrait que les jeunes comprennent que dans un pays, il faut une organisation, un minimum de respect et de discipline. Que les gens évitent de se faire du mal. Le Sénégal ne mérite pas ce visage hideux qu’on est en train de promouvoir à la face du monde ». Pour sa part, la responsable de l’APR à Sicap Liberté, Zahra Iyane Thiam signale, selon la presse, des cas de vol au niveau du siège de Benno. « Nous avons subi des dommages très importants au niveau du siège de Benno Bokk Yakaar qui se trouve à Sicap Liberté. Heureusement qu’il n y a pas eu de blessés ». Au final, elle a appelé les leaders de Yewwi Askan Wi à la raison.
Des échauffourées ont également éclaté aux alentours du tribunal de Dakar où se tenait l’audience. Ce fut seulement après le renvoi du procès opposant Mame Mbaye Niang à Ousmane Sonko au 30 mars que la tension a commencé à baisser petit à petit pour s’estomper dans l’après-midi, laissant aux Dakarois le loisir de contempler les stigmates des affrontements.