Dakar, 16 mai (APS) – L’ouverture du procès pour viols présumés de l’opposant Ousmane Sonko est le sujet le plus en vue dans la livraison de mardi de la presse quotidienne, dans un contexte marqué la veille par des violences ayant éclaté dans plusieurs localités sénégalaises.
»Procès de tous les possibles », affiche Sud Quotidien en faisant remarquer que le Sénégal »retient son souffle sur fond de fortes tensions », en lien avec cette affaire politico-judiciaire partie des accusations de »viols répétés » d’une masseuse dakroise à l’encontre de M. Sonko, maire de Ziguinchor (sud) et leader du parti PASTEF – Patriotes du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité.
Sud Quotidien note que la décision de l’opposant »de ne plus déférer à la convocation de la justice au nom de la désobéissance civile renforce le spectre de nouvelles tensions autour de cette affaire qui a déjà provoqué beaucoup de dégâts depuis mars 2021 ».
Le journal rappelle les manifestations organisées cette année-là (3-8 mars), lesquelles ont fini en émeutes et conduit à la mort de 14 personnes, selon un bilan officiel, dans le cadre de cette procédure judiciaire pour »viols répétés » et »menaces de mort » ouvertes contre Ousmane Sonko.
L’opposant, reclus depuis quelques jours à Ziguinchor, ville dont il est le maire, a déclaré, le 7 mai, avoir pris la décision de ‘’ne plus coopérer’’ avec la justice sénégalaise. Il risque donc d’être absent à l’ouverture de son procès. »À défaut de l’exécution de l’ordonnance de prise de corps prévue par l’article 240 du code de procédure pénale, il sera jugé par contumace », souligne Walfquotidien,
»Il n’y a eu aucune convocation. C’est la force brutale et aveugle qui est en train de suppléer à une convocation par voie administrative prévue par la loi », affirme un de ses avocats, Me Ciré Clédor Ly, dont les propos sont rapportés par le quotidien Enquête, lequel affiche à sa une : »Vers le round final ».
»Après plus de 2 ans de marathon judiciaire, les choses avancent à grandes enjambées. Le dossier +Sweet Beauté+ sera jugé aujourd’hui, sauf renvoi, devant la chambre criminelle de Dakar », écrit L’Observateur, parlant d’un »dossier à rebondissement » avec plusieurs protagonistes. Le journal cite »Mamour Diallo, MC Niasse, capitaine Touré, Dr Gaye… », qui font partie d’une »liste de 15 témoins convoqués au procès ».
L’Observateur également »les visages connus et cachés du +complot+ », selon la thèse défendue par Ousmane Sonko. Le journal revient aussi sur »le cortège de morts, les dégâts matériels, les ramifications politiques… » de cette affaire. Le journal Le Quotidien pointe lui les »risques » encourus par l’opposant dans le cadre d’un jugement par contumace.
Il écrit : »La défiance du leader du parti PASTEF envers la justice et sa volonté de ne pas se présenter à son procès, le condamneraient plus sûrement à la perte de tous ses droits politiques qu’un compromis lui permettant de faire valoir ses arguments ». Et de poursuivre : »Mais il semble que la peur de Adji Sarr et de ses révélations est plus forte que tout ce que Ousmane Sonko pourrait perdre par ailleurs ».
»Terrifiant ! », s’excl:ame Bés Bi Le jour à sa une. Ce journal, comme plusieurs autres quotidiens, revient largement sur les violences de la veille en lien avec l’annonce de l’ouverture de ce procès. »Un policier tué par un char, son père aussi décédé après un malaise, 2 autres morts annoncés », précise Bés Bi Le jour.
»Ziguinchor a été, hier, le théâtre de violents affrontements entre forces de l’ordre et manifestants qui refusent que Sonko soit transporte par la force à Dakar. D’autres villes ont pris le relais » après la capitale, écrit le même journal, »Un retour des tensions au pire moment », fait observer Enquête.
Il fait remarquer que les violences éclatées à Ziguinchor sont »loin des préoccupations visant le retour définitif de la paix dans une région en proie à un conflit armé […] », alors même que »des résultats probants ont été enregistrés] » pour un retour à la normale dans cette région méridionale.
LE F24 DEPLORE L’UTILISATION DE LA JUSTICE A DES FINS POLITICIENNES
Les réactions n’ont pas manqué, hier, lors des manifestations survenues un peu partout dans le pays et qui ont débuté à Ziguinchor où Ousmane Sonko se trouve depuis plusieurs jours.
Les réactions n’ont pas manqué, hier, lors des manifestations survenues un peu partout dans le pays et qui ont débuté à Ziguinchor où Ousmane Sonko se trouve depuis plusieurs jours.
Dans un document intitulé ‘’Non à l’utilisation de la justice à des fins politiciennes’’, le F4 rappelle que le 16 mai 2023, Ousmane Sonko, Président du Parti PASTEF est convoqué devant la chambre criminelle suscitant craintes et interrogations quant aux conséquences probables sur la stabilité sociale et la paix civile dans notre cher pays. ‘’La Justice est un pilier fondamental de l’Etat de droit et en démocratie, les citoyens doivent dans le fond comme dans la forme avoir une bonne perception de son fonctionnement. Le F24 appelle les autorités judiciaires et politiques à faire preuve de sérénité, de retenue et d’équité dans leurs décisions et actes à poser dans les heures, jours et semaines à venir’’, lit-on dans le communiqué.
Cette plateforme, qui dit regrouper toutes les forces vives de la Nation, regrette que le leader principal opposant au pouvoir, Ousmane Sonko, soit poursuivi simultanément dans plusieurs dossiers marqués par une accélération des procédures et même une violation des délais d’appel, droit qu’il tient de la loi. Selon la plateforme, Macky Sall a déjà réussi à éliminer deux candidats, notamment Khalifa Ababacar Sall et Karim Wade à la présidentielle à la suite de procédures judiciaires inéquitables et n’acceptera pas qu’un troisième candidat vienne rallonger la liste.
S’appuyant sur les dispositions de sa charte, le F24 apporte son soutien indéfectible au leader du Parti PASTEF et rejette tout artifice juridico-politique tendant à entraver sa participation à l’élection présidentielle de 2024. Elle demande aux Forces de l’ordre de cesser d’assiéger sans mandat le quartier d’Ousmane Sonko, de se garder d’exercer des violences sur sa personne et ses accompagnants et de lui garantir la sécurité à laquelle il a droit lors de son déplacement vers le Tribunal. Elle rappelle aussi aux autorités exécutives et judiciaires qu’il leur revient de ne pas mettre en péril la stabilité du pays et, pour ce faire, de donner au justiciable Ousmane Sonko les garanties nécessaires à la fois à la préservation de son intégrité physique et au respect de ses droits à un procès équitable. Ce qui, jusqu’à présent, a fait manifestement défaut.
KEEMTAAN GI - ATTENTION, DANGER !
Vous pensez réellement qu’ils ont subi une onde de choc après tout ce qui s’est passé hier dans le pays ? Détrompez-vous, peu leur chaut. Ils sont toujours dans le déni. Rien d’extraordinaire ne s’est passé. Juste des pneus brulés ici et là. Des gamins qui s’amusaient à lancer des pierres. Rien de l’image d’un pays qui s’embrase et que véhiculent des esprits malsains et tordus. Des apatrides pour tout dire. Trop d’exagération avec des vidéos pour faire peur aux citoyens. Trois morts ! Pas de quoi paniquer. Rien de ce qui s’était passé en mars 2021 ne se reproduira avait promis virilement le Chef. Les Pastéfiens allaient voir ce qu’ils allaient voir s’ils avisaient de recommencer. Entretemps, il est vrai, un impressionnant arsenal (dont des chars et des drones mais aussi des quantités industrielles de lacrymogènes!) avait été commandé en Turquie et, paraît-il, des formations faites par des experts israéliens. Bref, gare aux manifestants de Pastef. Juste que hier, à Ziguinchor, Dakar et un peu partout dans le pays, on n’a aperçu l’ombre d’aucun de ces sicaires de l’armée mexicaine. Tous à leurs claviers à nier l’évidence. On a beau alerter, conseiller, mais c’est comme si on parlait à un mur. De bonnes volontés, à l’instar d’Alioune Tine, n’ont reçu qu’insultes et mépris. C’est à peine si on ne les a pas traités de traitres, fachos, rancuniers, pyromanes. Ce beau pays ne mérite pas ces moments qu’il vit. Il offre une très mauvaise image à l’international et notamment aux investisseurs. Le Sénégal traverse une situation très difficile qui mène inéluctablement au chaos. Quand un peuple a avalé tant d’injustices et que « l’essentiel est en danger, s’opposer devient un devoir ». Ces propos entre guillemets ne sont pas de nous, mais de celui qui semble montrer son arsenal répressif à son peuple. Dans le confort de leurs bureaux climatisés, des gens qui ne pensent qu’à leurs privilèges vantent l’impressionnant armement des forces de défense et de sécurité composées de jeunes gens qui faisaient face à des jeunes gens comme eux déterminés à se battre. Un grand avertissement au Chef dans son entêtement à vouloir mater un peuple plus que résolu. Bref, aujourd’hui, plus que jamais, il devient urgent de marquer une pause et sauver ce pays du chaos dans lequel il risque de plonger. Inexorablement. Pendant que le décompte macabre se poursuit… KACCOOR BI - LE TEMOIN
MORT DU POLICIER HASSIME DIEDHIOU LES REGRETS DU MINISTRE DE L’INTERIEUR
Le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Abdoulaye Diome a vivement regretté la mort hier du policier Hassine Diédhiou. « Le ministre de l’Intérieur a le regret d’annoncer le décès de l’agent de police Hassime Diedhiou, survenu ce lundi 15 mai 2023 à Ziguinchor, suite à un tragique accident par un char du Groupement mobile d’intervention (GMI). En cette douloureuse circonstance, le ministre de l’Intérieur exprime, au nom de Monsieur le Président de la République Macky Sall, ses sincères condoléances à la famille du défunt et à l’ensemble des fonctionnaires de Police du Sénégal » peut-on lire dans le communiqué de presse publié par le ministre. « Monsieur Hassime Diedhiou était un agent de police dévoué et courageux qui a servi avec honneur et dignité. Son décès, dans l’exercice de ses fonctions est une perte immense pour sa famille, ses collègues et l’ensemble des forces de défense et de sécurité. Le ministre de l’Intérieur tient à souligner le courage et le dévouement des FDS qui risquent leur vie au quotidien pour assurer la sécurité de nos concitoyens. Leur engagement et leur professionnalisme sont exemplaires et méritent notre reconnaissance et tout notre soutien » a conclu Antoine Félix Abdoulaye Diome.
DEUX MORTS SUPPLEMENTAIRES ?
Ce n’est pas officiel mais, dans la soirée d’hier, des informations faisaient état de deux morts en plus de celle du policier Hassime Diedhiou. Le deuxième décès a été signalé à Ziguinchor. Il s’agit d’un jeune garçon qui a succombé à ses blessures, selon le député Guy Marius Sagna. L’autre a eu lieu à Keur Mbaye Fall, dans la banlieue de Dakar. Dans les images visionnées via les réseaux sociaux, on voit le corps inerte d’un jeune garçon par terre. La victime serait âgée de 12 ans.
LIBERTE 6 UNE VOITURE DU MINISTRE SERIGNE MBAYE THIAM INCENDIEE
Une voiture stationnée devant le domicile du ministre de l’Eau et de l’Assainissement, Serigne Mbaye Thiam, sise à Liberté 6 a été incendiée. Le feu s’est déclenché vers trois heures trente. Il a été rapidement éteint par les riverains. Le ministre Serigne Mbaye Thiam a confirmé l’information en indiquant que l’origine du feu serait causée par un cocktail molotov. Aucun blessé n’est à déplorer. « Vers 3 heures du matin, des détonations ont été entendues à mon domicile qui est à Liberté 6 extension. Et lorsqu’on est sorti, un feu s’était déjà déclenché, seul le véhicule stationné à la devanture de la maison a été incendié et est hors d’usage », a dit Serigne Mbaye Thiam sur la RFM. Avant d’ajouter : « On est dans un pays qui a des lois et des règlements. Les enquêtes vont se poursuivre. Nous avons constaté des tessons et des débris de bouteille sur les lieux. Et ce qui fait penser à des cocktails Molotov, qui ont été élaborés, mais ça, c’est l’enquête qui va le confirmer ou l’infirmer ». D’après Serigne Mbaye Thiam, « si l’objectif est d’installer la ‘eur ou le doute au niveau des responsables et des militants de la coalition, des membres du gouvernement et de l’administration, je voudrais en appeler au courage de tout le monde et de savoir que c’est peine perdue ». Selon lui, « l’Etat continuera à fonctionner, le gouvernement continuera à fonctionner et le pays ne sera pas installé dans le chaos ».
ALIOUNE TINE, PR NDIORO NDIAYE, IBRAHIMA BAKHOUM… POUR UN DIALOGUE INCLUSIF
Alioune Tine, Pr Ndioro Ndiaye, Ibrahima Bakhoum journaliste, Cheikh Tidiane Cissé du Collectif des Organisations de la société civile pour les élections, Elimane Kane, ces hauts responsables regroupés au sein du Groupe de facilitation prônent un dialogue politique inclusif. Lors de leur réunion tenue ce lundi 15 mai, ils ont déploré la situation politique nationale de plus en plus tendue. « Le Groupe de facilitation appelle toutes les parties à créer les conditions de succès d’un dialogue inclusif. Le Groupe appelle ainsi à la désescalade afin de préserver les fondamentaux et valeurs de la République, garants de la cohésion et de la paix sociales. Dans cette perspective, le comité va poursuivre ses rencontres et concertations avec les autorités religieuses, les acteurs politiques, la société civile ainsi que les organisations socioprofessionnelles en vue de contribuer à la paix, la sécurité, et la stabilité de plus en plus menacée dans notre pays » indiquent ces personnalités dans un communiqué. Le Groupe a déploré la mort du policier Hassime Diedhiou survenue hier à Ziguinchor.
MANIFS DE ZIGUINCHOR LA COJER DECRIE LA POSITION PARTISANE DE LA SOCIETE CIVILE
Les jeunes de la Cojer à travers leur coordonnateur, Moussa SOW, ont vivement décrié la position « partisane » selon eux de la société civile. « Sonko est en train de déclencher une révolution avec son gatsa gatsa. On ne peut pas comprendre, Sonko qui est parti librement dans un contexte de couvre-feu pour satisfaire ses pulsions veut mettre le pays sens dessus-dessous. S’il a peur de Adji Sarr, il n’a qu’à le dire. Il a un problème personnel et il veut que les jeunes portent son combat. La jeunesse doit refuser de s’embarquer dans ces combats qui ne sont pas les leurs», a indiqué le coordonnateur de la Cojer. Pour ce dernier, « Ousmane Sonko n’a pas un problème ni avec l’Etat du Sénégal encore moins avec le président Macky Sall mais plutôt avec une personne qui se nomme Adji Sarr. C’est cette dernière qui a porté l’affaire devant la justice et non l’Etat du Sénégal ». Dans le même sillage, Moussa SOW n’a pas ménagé la société civile. « Prompte à réagir, la société civile n’a produit aucun communiqué pour dénoncer cet état de fait. Elle n’a également pas demandé à Ousmane Sonko de répondre à la justice. Cela montre la position partisane de la société civile », dénonce Moussa SOW.
LES ENGINS A DEUX ROUES INTERDITS DE CIRCULATION CE JOUR
Le gouverneur de Dakar a encore sorti un arrêté pour interdire la circulation des deux roues ce mardi 16 mai à cause de l’ouverture du procès Sonko/Adji Sarr. Il a décrété que « pour des raisons de sécurité, la circulation des motocyclettes et cyclomoteurs est interdite dans le département de Dakar le mardi 16 mai 2023, de 06h du matin à minuit. Toutefois, les motocyclettes et cyclomoteurs des personnels des forces de défense et de sécurité ainsi que ceux mobilisés par les autorités sanitaires ne sont pas concernées. Une dérogation peut être accordée par le préfet du département de Dakar, aux personnes dont les activités professionnelles le justifient. A noter que « tout contrevenant aux dispositions du présent arrêté, sera passible des sanctions et peines prévues par les lois et règlements en vigueur » lit-on dans le communiqué du gouverneur de la région de Dakar.