PARTIR OU RESTER : LES ATERMOIEMENTS DE LA FRANCE EN AFRIQUE
Alors que Macron vient d'entamer son 18e voyage en Afrique depuis le début de son mandat, la stratégie militaire et diplomatique que la France veut mettre en oeuvre sur le continent africain demande à être analysée
Alors qu'Emmanuel Macron vient d'entamer une visite officielle de cinq jours au Gabon, en Angola, au Congo et en RDC, 18e voyage en Afrique depuis le début de son mandat, la stratégie militaire et diplomatique que la France veut mettre en oeuvre sur le continent africain demande à être analysée.
Avec
Rémi Carayol Journaliste indépendant (« Mediapart », « Afrique XXI », « Le monde diplomatique »)
Francis Kpatindé ancien rédacteur en chef du Monde Afrique, intervenant à Sciences Po Paris et spécialiste du continent africain
Les intervenants abordent les débats autour de la lutte française contre le djihadisme en Afrique ; la remise en question de la puissance militaire française sur le continent ; les deux sujets majeurs que sont la question des bases permanentes et la question monétaire (Franc CFA) ; la présence et le poids réel des puissances étrangères sur les plans géostratégiques et économiques et enfin la place de l’écologie dans les relations franco-africaines.
L'implantation militaire française en Afrique en question
La France possède toujours quatre bases permanentes en Afrique : le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Gabon et Djibouti. Est-ce la fin d’une époque? “Non, répond Rémi Carayol, puisque la France dispose toujours de ces quatre bases et j’en ajouterai même une cinquième, Mayotte, territoire français mais contesté au niveau de l’ONU par les Comores. Il y a aussi une très forte présence au Sahel, sur des bases qui ne sont pas historiques et où l'on compte encore 3 000 soldats". En somme, "on est très loin du retrait de l’armée française de ses anciennes colonies”, conclut le journaliste indépendant.
Quel est le rôle de ces bases militaires françaises aujourd'hui ? “Je n’ai pas de réponse, indique l’ancien rédacteur en chef du Monde Afrique, Francis Kpatindé. Ces bases sont-elles là pour protéger la communauté française dans ces pays ? Les chefs d’Etat adoubés par la France ? Ou pour intervenir en cas de djihadisme ? On ne sait pas exactement, car la présence de ces bases est entourée d’un voile opaque. C’est l’omerta”.
Le bilan des opérations de lutte contre le djihadisme
“Les missions assignées à l’armée française n’ont pas fonctionné, elle n’a pas réussi à endiguer l’avancée des groupes djihadistes, relève Rémi Carayol. Là où, dans certaines zones, elle a réussi à “déranger” les groupes djihadistes dans leur volonté de développement, elle a aussi empêché la recherche de solutions alternatives à celles de l’utilisation de la force.” Francis Kpatindé complète : “la France s'est toujours opposée à des négociations directes entre les Maliens et les chefs djihadistes, alors même que la plupart de ces chefs sont des Maliens”.
Quel poids des puissances chinoises et russes en Afrique ?
“Le premier “adversaire” de la France en Afrique est la Chine, indique Francis Kpatindé*. C'est le premier partenaire des pays africains sur le plan commercial. La Chine est également en dixième position pour sa contribution en troupes”*. Au-delà des intérêts économiques, que cherche la Chine ? “Elle souhaite obtenir des terres agricoles, investir dans les infrastructures mais aussi - et surtout - dans la jeunesse”, explique l’ancien rédacteur en chef du Monde Afrique. Quant à la Russie, Rémi Carayol indique que l’intérêt est d’abord “géopolitique et géostratégique (...). Il se situe dans le contexte d’une guerre d’influence. L'intérêt économique n’est pas la priorité pour Moscou”, insiste le journaliste.
EXCLUSIF SENEPLUS - Ils ont été à Canossa, se sont repus des bamboulas des nouveaux maîtres. Aujourd’hui, toute honte bue, au lieu d’une repentance pour leur trahison, ils tentent désespérément de ressusciter la vieille idée d’une gauche plurielle
« C’est dans le cadre du projet de Wade de maintenir les libéraux au pouvoir pendant 50 ans pour dépasser le temps que les concurrents socialistes ont passé au pouvoir, que Wade lui-même a planifié le programme comme suit : 2007-2012 à lui ; 2012-2022 à moi ; et au-delà les jeunes pousses de l’époque...», dixit Idrissa Seck (Walf 27 février 2023).
Mon Dieu ! Le Pape (du Sopi) se prenait pour Dieu et ses ouailles pour ses prophètes. Et nous autres, le peuple, des hordes de mécréants qu’on mène au paradis libéral que serait son royaume. Cette idée réactionnaire d’un Pape-dieu, guide d’un peuple d’ignares, pauvres gueux sans conscience politique ni sociale. Cette conception de prise et de conservation du pouvoir est au coeur des délires de l'héritier élu, Macky Sall, du rêve successoral du père Wade de faire de son fils (à marche forcée) son successeur désigné et béni des dieux. Dieu. Lui.
Mais voilà, il arrive que les dieux eux-mêmes perdent leurs sciences et leurs boussoles de direction. C’est Idrissa Seck qui le dit : « les perturbations qu’il a amenées ont dérangé ce programme ». Les perturbations en question, c’est le forcing pour le fameux troisième mandat et la déculottée électorale devant une des « jeunes pousses » programmée pourtant pour l’après 2012-2022 qui « revenait » au confident bavard, qui ne sait pas garder les secrets des princes.
Tout porte à croire que le scénario successoral divin du Pape 1er Wade est toujours d’actualité pour les héritiers, même si il a subi une réécriture : la «jeune pousse » Macky a sauté une classe en déposant le père et en mettant en résidence surveillée les héritiers putatifs programmés : Karim et Idy. Le premier manœuvre pour revenir dans le jeu politique via une hypothétique révision de son procès qu’il réclame urbi et orbi pour se soustraire du paiement de sa condamnation pécuniaire (145 milliards) ; Idy, grand manœuvrier devant l’éternel, a semble-t-il dealé avec le président Macky Sall pour candidater à sa place s’il retrouve la raison et accepte qu’il ne puisse pas faire un troisième mandat. Seulement, le grand manœuvrier découvre à son corps défendant que la jeune pousse a grandi trop vite et a appris les ficelles qui font les monarques : le reniement.
Reniement des engagements programmatiques, reniements de la parole donnée, reniements des deals noués avec des éclopés politiques en quête de rédemption. Mais voilà, même les dieux, surtout autoproclamés, peuvent voir leurs desseins contrariés par des mécréants surgis des enfers. Des humbles mortels qui s’en foutent des rêves des programmations successorales de faux papes. Les hordes sans culottes (chômeurs, laveurs de voitures, vendeurs à la sauvette et autres goor goor lou) de nos banlieues oubliées ; les étudiants futurs chômeurs certifiés, nos cadres encastrés dans des amphis-dépotoirs, « nos bonnes » que nos épouses piétinent parce que soupçonnant des infidélités avec leurs époux lubriques, et nos gardiens de nuit payés au lance-pierre. Toute cette faune interlope, pourtant force vive de nos sociétés oublieuses, croient avoir trouvé en un inspecteur d’impôts, un justicier, un Messie pour les mener vers la vie dont ils rêvent.
Mais la royauté qui n’aime pas les hérétiques ne connaît qu’une solution contre ces empêcheurs de régner en paix : la décapitation. Au propre si les autres supplices ne suffisent pas. Et c’est dans ce contexte que surgit une surprenante initiative qui ambitionne de « construire une nouvelle gauche plurielle, unie, démocratique, laïque et panafricaniste, ouverte et inclusive, autour des conclusions des Assises nationales... ».
Pourquoi une telle démarche ? Maintenant qu’ils ne pèsent pas (plus) grand-chose pour influer sur la marche du pays, il faut additionner leur « faible poids » d’une gauche défroquée par plus de dix ans de renoncement, de reniement, de fagocitage dans les différents attelages de différents régimes libéraux qui les ont fait imploser, les réduisant à leur « plus simple expression ». La droite, qu’elle soit libérale ou réactionnaire, n’a jamais comme objectif que de « tuer » les partis de gauche en les les divisant, en absorbant certaines factions, ou plus soft, en les intégrant dans leurs gouvernements, réseaux, pour qu’ils soient comptables devant leurs bases traditionnelles et plus généralement l’opinion publique, des politiques menées. C’est ce qui est arrivé à notre ex-gauche, aujourd’hui pute usée et délaissée par des macs impitoyables à la recherche d’autres chairs plus fraîches, donc plus rentables.
On a presque envie de pleurer (pas question de rire) quand on voit la liste des signataires iniateurs de ce projet de gauche plurielle. Cela va de ce qui reste de la gauche historique, avant-gardiste, combative que furent AJ, PIT, LD et les « socialistes historiques » issus du flanc du PS de Senghor, dont AFP, UDF Mbollo Mi, URD...
Aucune de ces formations politiques n’a échappé aux sirènes des délices des différents régimes libéraux de Wade et de Macky. Ils ont été à Canossa, se sont repus des bamboulas des nouveaux maîtres. Et aujourd’hui, toute honte bue, en lieu et place d’une repentance pour leur trahison, ils tentent désespérément de ressusciter la vieille idée d’une gauche plurielle et démocratique, attractive et alternative aux nouvelles variantes politiques du capitalisme : le libéralisme « social », voire populaire, sur les décombres des « gauches » sénégalaises, victimes de leurs rivalités infantiles et enfantines.
Le débat aujourd’hui est de savoir quel mouvement politique, quel parti, peut représenter les valeurs de gauche. Comment se situer par rapport à ces nouvelles donnes politiques. Moins de garder les œillères et le sectarisme du passé qui ont conduit à la débâcle actuelle de l’ancienne gauche, tout projet politique de construction d’une gauche de combat, d’une gauche avec les valeurs d’hier et qui sont toujours actuelles (la démocratie, la lutte contre la pauvreté et les inégalités, la corruption économique, financière et politique, ne peut ignorer le nouveau phénomène qu’est le Pastef...Aujourd’hui, la seule alternative crédible aux libéraux en place, au pillage des ressources, à l’inféodation de la justice, bref au projet de troisième mandat porteur de violences. C’est cette formation politique, avec ses forces, ses faiblesses.
Et curieusement, les initiateurs de ce projet de « gauche plurielle » ne disent mot sur le troisième mandat, encore moins que leur allié et bienfaiteur n’en a pas le droit. Alors, qui espèrent-ils bluffer ? Pour qui roulent-ils ?
LA COALITION JOTNA DANS LA MOUVANCE PRESIDENTIELLE
La coalition Jotna ne veut plus s’opposer. Le regroupement d’entités politiques a rejoint, hier, la mouvance présidentielle.
La coalition Jotna ne fait plus partie de l'opposition. Elle a rejoint, hier, la mouvance présidentielle.
La coalition Jotna ne veut plus s’opposer. Le regroupement d’entités politiques a rejoint, hier, la mouvance présidentielle. "Au vu de ce contexte et de la volonté des leaders de la coalition Jotna d’œuvrer pour un développement endogène et inclusif du pays dans la sérénité, la conférence des leaders a décidé, lors de son assemblée générale tenue le mercredi 22 février 2023, de soutenir le Président Macky Sall dans ses actions à la tête de l’Etat du Sénégal", a déclaré le nouveau président de la Coalition Jotna, Moustapha Wade.
"Le Président Macky Sall, poursuit-il, de par ses actions, ses réalisations, mais également son leadership pour le développement du Sénégal, demeure la personne idoine pour mener notre pays vers l’émergence dans la discipline".
Les animateurs de Jotna de souligner qu’ils ont joué un grand rôle dans la vitalité de l'actuelle opposition sénégalaise. "La Coalition Jotna a toujours joué un rôle prépondérant dans la vie politique au Sénégal. Notre coalition a travaillé sans relâche, pendant toutes ces années, à créer une alternative crédible avec les acteurs de l’opposition. Jotna a, dans la perspective de créer un pôle fort au sein de l’opposition, été un acteur majeur dans la constitution de la Grande coalition Wallu Sénégal, en tant que membre fondateur, pour aller aux élections locales et législatives de 2022", a rappelé M. Wade
Lors de cette déclaration, Jotna en a profité pour régler quelques comptes avec ses désormais anciens alliés. "Malgré les coups bas reçus et les trahisons vécues durant ces joutes électorales, de la part de nos supposés partenaires, la coalition Jotna a toujours tenu à œuvrer pour l’unité de l’opposition et garder une posture républicaine", semble regretter Moustapha Wade. Qui n'a pas manqué, dans la même foulée, de tirer à boulets rouges sur cette opposition. "L'opposition, de par ses actes et son attitude, a montré qu'elle n'était ni dans les dispositions ni dans une volonté sincère d’œuvrer ensemble à résoudre le problème des Sénégalais", renchérit le leader de Jotna.
"Cette opposition, dit-il, veut créer les conditions d’instabilité politique et sociale à travers un vaste mouvement de manipulation des masses qui n’a d’autres finalités que de mettre le pays dans une situation de chaos".
Indécision sur la question de la troisième candidature
Interrogé sur la question de la troisième candidature ou pas de leur nouvel allié, M. Wade n'a pas voulu trop se mouiller sur ce sujet. "Nous n’avons aucune position par rapport à cette question du troisième mandat, parce que nous ne savons même pas, s’il y aura troisième mandat ou pas. Au niveau de la coalition Jotna, nous sommes très pragmatiques. Nous ne voulons pas être plus royalistes que le roi. Le Président Macky Sall le jour où il dira sa position par rapport au troisième mandat, la coalition va donner une position, nous, à notre niveau, prendrons la décision appropriée", a fait savoir le président de la Coalition Jotna.