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24 mai 2025
LES PERSONNES HANDICAPEES VEULENT UN QUOTA DANS LE RECRUTEMENT ANNONCÉ DE 2.000 ENSEIGNANTS
La Fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées, par la voix de son président Moussa Thiaré, milite pour qu’un quota soit affecté aux personnes handicapées sur les 2.000 enseignants devant être recrutés ...
La Fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées, par la voix de son président Moussa Thiaré, milite pour qu’un quota soit affecté aux personnes handicapées sur les 2.000 enseignants devant être recrutés dans le cadre d’un programme spécial lancé par l’Etat du Sénégal.
« Il y a un programme de recrutement spécial, nous attirons l’attention [des autorités] sur le fait qu’il y a des jeunes handicapés qui ont subi une formation pour enseigner », a dit M. Thiaré à des journalistes, mercredi à Thiès, en marge d’un atelier de trois jours dédié à la prise en charge du handicap dans l’insertion professionnelle.
Initié par la Direction de l’insertion professionnelle du ministère de la Formation professionnelle et technique, cet atelier appuyé par l’ONG Sightsavers, enregistre la participation des principales structures concernées, dont la Fédération sénégalaise des personnes handicapées.
« Ce serait bon d’appliquer, à défaut des 15% prévus à l’article 29, un quota aux jeunes handicapés », a suggéré M. Thiaré.
Moussa Thiaré dit revenir d’une mission à travers plusieurs pays d’Afrique de l’ouest francophone, dans lesquels il a découvert de bonnes pratiques en matière d’insertion sur le continent.
« Dans un pays comme la Côte d’Ivoire, ils font ce qu’ils appellent un recrutement dérogatoire », et chaque année, « depuis 2018, ils insèrent 200 personnes handicapées dans la fonction publique ou les entreprises privées », a-t-il ajouté.
Le président de la Fédération sénégalaise des associations de personnes handicapées compte cet « exemple » pendant ces trois jours d’atelier.
PRES DE 30 999 SÉNÉGALAIS SONT ENTRÉS EN EUROPE EN SITUATION IRRÉGULIÈRE ENTRE 2017 ET 2023
Moussa Seydou Diallo, chef de la division migration au ministère du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions, était l’invité de l’émission L’ANTINOOR sur la RTS. Il a abordé la question de l’émigration circulaire ...
Moussa Seydou Diallo, chef de la division migration au ministère du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions, était l’invité de l’émission L’ANTINOOR sur la RTS. Il a abordé la question de l’émigration circulaire entre le Sénégal et l’Espagne, un mécanisme qui vise à offrir aux jeunes des opportunités de migration sécurisées et organisées.
Selon M. Diallo, la migration n’est pas un problème en soi, mais un droit consacré. « Ce que le gouvernement peut faire, c’est d’améliorer les conditions socio-économiques pour permettre à ceux qui souhaitent rester de le faire, tout en facilitant des voyages sûrs, ordonnés et réguliers », a-t-il expliqué. Il estime que la migration circulaire constitue une alternative viable pour dissuader les jeunes de prendre des routes clandestines et dangereuses.
Moussa Seydou Diallo a partagé des statistiques révélant l’ampleur du phénomène migratoire irrégulier. Entre janvier et octobre 2024, 64 embarcations ont quitté les côtes sénégalaises en direction des Îles Canaries. Au total, 34 162 personnes ont atteint ces îles, selon le ministère de l’Intérieur. Entre janvier et début novembre 2024, 35 762 migrants en provenance de l’Afrique de l’Ouest sont arrivés aux Îles Canaries, soit une augmentation de 12 % par rapport à la même période en 2023.
Le Data Hub Center de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) a dénombré 957 disparus sur la route de l’Atlantique au cours de cette période. De plus, 30 999 Sénégalais sont entrés en Europe en situation irrégulière entre 2017 et 2023.
M. Diallo a précisé que l’objectif du gouvernement n’est pas d’empêcher les jeunes de partir, mais plutôt d’encadrer et d’encourager des migrations légales et sécurisées. « Il est nécessaire d’adopter une politique nationale de migration », a-t-il déclaré.
Il a également souligné le besoin urgent d’une politique nationale de l’emploi. Un programme avait été conçu pour la période 2017-2020, mais il n’a jamais été validé politiquement. « Aujourd’hui, nous travaillons pour que le Sénégal dispose enfin d’un document de politique nationale de l’emploi », a-t-il conclu.
Cette démarche vise à proposer des solutions durables à la crise migratoire tout en répondant aux aspirations des jeunes Sénégalais à une meilleure insertion économique et sociale.
DES MOTOS ET TRICYCLES A LA DRS DE THIES POUR LE TRANSPORT D’ECHANTILLONS BIOLOGIQUES HUMAINS
L’ONG Plan international a remis mercredi à la Direction régionale de la santé (DRS) de Thiès, 11 motos « Jakarta » et cinq tricycles, pour aider à la mise en place d’un système intégré de transport des échantillons biologiques humains à travers le pays
L’ONG Plan international a remis mercredi à la Direction régionale de la santé (DRS) de Thiès, 11 motos « Jakarta » et cinq tricycles, pour aider à la mise en place d’un système intégré de transport des échantillons biologiques humains à travers le pays, en vue de pallier le manque de spécialiste et d’équipement dans les zones reculées.
« Au total, c’est une centaine de motos et une cinquantaine de tricycles qui vont être disséminés à l’échelle du pays », a annoncé le directeur des laboratoires au ministère de la Santé et de l’Action sociale, professeur Bécaye Fall.
Selon lui, ce don s’inscrit dans le cadre d’un projet bénéficiant de l’appui de Plan International et du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
Le professeur Fall a pointé « quelques défis » liés à l’impossibilité, à l’état actuel, de « faire en sorte que tous les laboratoires soient en mesure, à l’échelle du pays, de mener les tests dont les populations ont besoin », qu’il s’agisse de tests pour la tuberculose, le VIH Sida, le paludisme ou de toute autre pathologie.
S’y ajoute, selon lui, que le pays n’a « pas tous les experts partout pour le moment, dans le cadre de l’assurance épidémiologique, mais également dans le cadre des prélèvements des pathologies cliniques comme les leucémies et autres ».
D’où la nécessité, « de temps à autre, (de) déplacer des prélèvements d’un point à l’autre, pour ne pas que les patients soient obligés eux-mêmes de se déplacer », a-t-il-dit.
A cette difficulté de déplacement des patients d’une région à l’autre, qui s’avère « compliqué et lourd », s’ajoute le problème de leur logement au moment de leur prise en charge.
« L’objectif, c’est d’organiser le système de transport de sorte que là où une technologie, un équipement, du personnel qualifié ne sont pas disponibles, que les échantillons puissent être déplacés [vers un point] où ils pourront être pris en charge […] », a expliqué Bécaye Fall. Dans ce cas, a-t-il ajouté, les résultats pourront « être transmis de façon électronique »,
Les tricycles et les motos sont destinés « aux zones assez éloignées, où le déplacement s’avère compliqué », a-t-il indiqué, avant d’annoncer que ces moyens de déplacement seront complétés par un réseau de véhicules qui ne seront « pas forcément dédiés au projet ». Il s’agira d’utiliser aussi le système de transport existant.
Selon la directrice du programme santé à Plan International Sénégal, docteur Bamby Sylla, »il s’agit de mettre à la disposition du pays un manuel qui permette d’uniformiser la manière de transporter les échantillons ».
Ce système consistera à « mettre à la disposition des districts sanitaires, des directions régionales de la santé, qui sont assez enclavés, un moyen leur permettant de transporter les échantillons vers les laboratoires de référence ».
Le coût du projet se chiffre à « plus d’un milliard de francs (CFA) » pour l’ensemble du pays, incluant la logistique, la série de formation pour les prestataires, qui seront identifiés, ainsi que les activités de suivi et supervision que la direction des laboratoires aura à réaliser pour s’assurer que les normes requises en la matière sont respectées par l’ensemble des parties prenantes, selon docteur Bamby Sylla.
LES THEMATIQUES ECONOMIQUES ET SOCIALES AU MENU DE LA PRESSE DU JOUR
Les parutions de ce jeudi traitent traitent principalement de thématiques économiques et sociales, plusieurs titres s’intéressant notamment à l’impact de la suspension de l’aide publique américaine sur les programmes de développement du Sénégal.
Les quotidiens parvenus jeudi à l’APS traitent principalement de thématiques économiques et sociales, plusieurs titres s’intéressant notamment à l’impact de la suspension de l’aide publique américaine sur les programmes de développement du Sénégal.
Selon Sud Quotidien, le Compact électricité du Millenium Challenge Corporation (MCC), un « important projet visant à sortir les zones rurales du noir, risque une ‘électrocution’ à plus de 380 milliards de FCFA », après la décision la décision du nouveau gouvernement américain de geler l’aide financière qui soutenait, au Sénégal, « ce projet vital pour l’accès à l’universel de l’électricité ».
« Mca II, le court-circuit », affiche également Le Soleil, à propos du même programme qui « devrait impacter 12 millions de Sénégalais et assurer l’électricité pour 12.700 ménages… ». La suspension de l’aide publique américaine est un « changement de paradigme [qui] met en lumière la fragilité et la dépendance [des pays africains dont le Sénégal] aux financements extérieures […] », écrit cette publication.
Le Soleil ajoute que ce constat « soulève une question cruciale : comment l’Afrique peut-elle transformer cette contrainte en opportunité pour renforcer son autonomie économie et politique ? ».
Le journal Le Quotidien souligne que la suspension de l’aide publique américaine suscite déjà des inquiétudes en Casamance (sud), où 300 familles vivent « dans l’angoisse » de se retrouver « sans toit digne de ce nom ».
*De retour au bercail après des années d’exil lié à l’insécurité prévalant dans cette région au plus fort de la crise née des revendications indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), ces familles comptaient sur un programme humanitaire américain pour reconstructive leurs maisons, selon Le Quotidien.
Comme une réponse implicite à toutes ces préoccupations. Vox Populi rapporte que le Premier ministre Ousmane Sonko précise les modalités de mise en oeuvre du plan quinquennal 2025-2029 du nouveau référentiel des politiques publiques « Sénégal 2050, un agenda national de transformation ».
Dans ce cadre, rapporte Vox Populi, « 276 projets et programmes » vont être exécutés, dont 60 considérés comme prioritaires. Le chef du gouvernement demande par ailleurs au Groupe de travail mis en place à cet effet « de proposer des mesures de rationalisation, en vue des fusions et des suppressions » desdits projets et programmes, ajoute Vox Populi.
« Le travail de déclinaison stratégique [réalisé par les services compétents] a abouti à un portefeuille global de 276 projets et programmes, dont 60 considérés comme prioritaires, ainsi qu’à une quarantaine de réformes structurelles à entreprendre », relève de son côté le quotidien 24 Heures, citant le chef du gouvernement sénégalais.
La bonne nouvelle économique du jour semble venir des Industries chimiques du Sénégal (ICS), un des fleurons de l’industrie sénégalaise, dont plusieurs quotidiens soulignent l’impact économique et social à travers ses derniers résultats.
Selon un rapport d’évaluation dont les conclusions sont relayées par L’info et d’autres quotidiens, cette société spécialisée dans la production d’engrais phosphatés a payé en 2022 près de 54 milliards de francs CFA aux fournisseurs locaux dont le nombre a presque triplé en 10 ans.
L’étude réalisé par Price Waterhouse Coopers Advisory Sénégal, filiale du cabinet international Price Waterhouse Coopers a montré que la contribution des ICS au PIB du Sénégal tourne autour de 120 milliards de francs CFA, indique L’info.
« Attaquées de toutes parts, les ICS se défendent et publient leurs états financiers. L’entreprise a réalisé un bénéfice record de 230 milliards FCFA en 2022 et plus de 500 milliards de francs CFA de chiffres d’affaires », renseigne de son côté le quotidien Enquête.
« Les ICS brillent de mille feux », renchérit le quotidien L’As, en évoquant les résultats de la même étude réalisée par le cabinet Price Waterhouse Coopers. Le journal note que les responsables des Industries chimiques sénégalaises « ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin et veulent continuer à booster l’économie sénégalaise ».
Dans ce cadre, poursuit le quotidien L’As, »ils prévoient de mettre en place une nouvelle usine de production d’acide phosphorique » dont le coût est estimé à 240 milliards de francs CFA.
Le quotidien L’As revient sur la »bataille juridique » pour la réforme du Code de la famille, devenue une nécessité aux yeux des militants de la cause féminine, qui dénoncent le cadre juridique actuellement en vigueur, lequel »laisse les femmes, en particulier les mères divorcées et célibataires, dans une situation de vulnérabilité et d’impuissance […] ».
LE PRESIDENT DIOMAYE EXECUTE LA COMMANDE APRES 9 MOIS
Le président de la République a confirmé l’affectation du Général Souleymane Kandé en Inde comme attaché de défense et de sécurité. L’ancien patron de l’Armée de terre va prendre ses fonctions le 1er mars. Le décret d’affectation a été signé le 23 janvier
Le président de la République a confirmé l’affectation du Général Souleymane Kandé en Inde comme attaché de défense et de sécurité. L’ancien patron de l’Armée de terre va prendre ses fonctions le 1er mars. Le décret d’affectation a été signé le 23 janvier dernier.
Le Général Souleymane Kandé va finalement rejoindre le poste qui lui a été affecté à l’ambassade du Sénégal en Inde. Son décret de nomination en tant que attaché de défense et de sécurité à New Delhi a finalement été signé depuis le 23 janvier dernier, 9 mois après que la mesure a été publiquement annoncée la première fois. Ainsi, l’ancien patron de l’Armée de terre, ancien commandant des Forces spéciales, va aller s’enfermer dans un placard, même pas doré, dans la capitale indienne, à partir de la fin de ce mois. Cela, au moment où les murmures du danger terroriste se rapprochent de nos frontières.
Faut-il le rappeler, l’affectation du Général Kandé, aux allures de sanction, avait fait couler beaucoup d’encre l’année dernière. Cela avait même valu au Directeur de publication du journal Le Quotidien, de passer toute une journée dans les locaux de la Section de recherches à Dakar. En effet, avec ses excellents états de service, le Général Kandé aurait pu prétendre à mieux qu’un poste subalterne en Inde, et sous l’autorité d’un ambassadeur. Ayant réussi à faire taire les armes en Casamance avec une grande détermination, l’ancien patron de l’Armée de terre pourrait prétendre au titre de héros, car il a permis à l’Etat du Sénégal de gagner la guerre dans le Sud, en laissant le loisir aux politiques de préserver la paix dans cette partie du pays.
Grâce à son esprit de décision, des zones entières, qui avaient été laissées aux mains des maquisards du Mfdc, ont vu leurs populations revenir et retrouver la quiétude. A l’époque, il était seulement Comzone.
De Bissine à Bidialoum Manja cque, où toutes les bases rebelles ont été démantelées, en passant par l’arrondissement de Niassya, il a acté, à travers des opérations de sécurisation, le retour des populations déplacées après la pacification de ces zones.
En avril 2020 déjà, le Colonel Souleymane Kandé entame la sécurisation des zones sensibles de Niaguiss, Bindialoum Manjacque, Baraka Banaw, Baraka Patata, Santhiaba Manjacque, reprises aux mains des bandes armées après quelques semaines d’opérations appuyées. La pause n’aura duré qu’un mois etle Colonel Kandé et ses troupes s’orientent vers Bissine devenu un nouvel objectif de conquête.
En mai 2020, la reprise du site aux bandes armées est âprement disputée. Mais ce village, symbole de l’organisation de toute une économie criminelle aux mains des bandes armées, finit par tomber sous la férule de la Grande muette. Le temps d’entamer les opérations pour le retour des déplacés de Bissine, la sécurisation intégrale de l’arrondissement de Niaguiss, à la frontière avec la Guinée-Bissau, reprend en janvier 2021, toujours sous le commandement du Colonel Souleymane Kandé.
Tous ces hauts faits d’armes lui ont valu une promotion. Il devient Général de brigade et patron de l’Armée de terre. En même temps, il dirige les Forces spéciales, unité d’élite de l’Armée sénégalaise. Il n’occupera pas longtemps ces postes, qu’il perdra vite avec l’arrivée de nouvelles autorités politiques au pouvoir. Cette affectation brutale fera naître de nombreuses spéculations sur l’animosité que sembleraient lui porter, non seulement la hiérarchie militaire, mais surtout le commandement politique du pays. Comme s’il lui était reproché d’avoir gagné la guerre là où ses prédécesseurs ont lamentablement échoué. Certains n’avaient pas hésité à imaginer une certaine vindicte du chef du gouvernement lui-même. Lorsque la nouvelle de son affectation avait été annoncée, le tollé qui avait suivi avait laissé penser que la direction du pays hésitait à mettre en application sa décision. On vient de voir, avec la publication du décret d’affectation, que les autorités n’ont pas reculé. Elles seules savent pourquoi.
Par Ibou FALL
MÊME PAS MAL
Quand Trump coupe les vivres de l'aide américaine, notre Premier ministre y voit une victoire du souverainisme. Sa recette de l'autonomie nationale ? Envoyer la main-d'œuvre sénégalaise en Espagne et au Qatar
Décidément, on n’a pas fini de s’ennuyer avec les porteurs du «Projet». D’abord, au chapitre du carnet rose, la bonne nouvelle que le Sénégal attend depuis soixante-cinq ans : enfin, le Palais présidentiel accueille un nourrisson dont les cris ramèneront un peu d’humanité derrière les tentures solennelles du pied-à-terre de l’Avenue Senghor.
Son actuel locataire, qui a désormais mieux à faire que de nettoyer les avenues repoussantes, vient de poser son balai en mettant fin à la campagne de propreté lancée dès le début de son mandat.
La République peut au moins se rassurer : les couacs au sommet de l’Etat sont repoussés aux calendes grecques… Le président de la République, dans sa suprême sagesse et un surcroît de reconnaissance éperdue envers son ex-mentor devenu son employé, aurait fait de la mère du Premier ministre la marraine de sa fille.
Sortez les mouchoirs…
Quant à ceux qui se féliciteraient d’avance d’une guéguerre sans merci entre les deux palais de la République, j’imagine d’ici leur déception… C’est dans ce genre de conflit sous les lambris de la République, que l’économie de la zizanie bat des records de prospérité.
Imaginez un peu, avec les «fonds politiques» des deux camps, les fortunes qui passent sous le nez des charlatans, intrigants, conseillers occultes et médiateurs en tous genres… Les missions grassement payées dans les recoins du pays, où la civilisation n’ose toujours pas s’aventurer et où règne la fruste superstition, les troupeaux de bêtes à cornes à immoler, les bassines de bouillie de mil, les tonneaux de lait caillé, les conteneurs de colas striées…
Rien que le budget de la bataille mystique pourrait forcer les Douanes et les Impôts à réviser à la hausse les objectifs pour 2025. On n’en arrivera pas à ces extrémités : une nouvelle naissance vient de sauver le pays.
Passons aux nouvelles qui fâchent : Farba Ngom, le tonitruant «griot de Macky Sall», est dans le viseur des nouveaux maîtres du pays. Il serait trop riche pour être honnête manifestement. On aurait pisté pas moins de cent vingt-cinq milliards de nos misérables Cfa qui auraient transité par chez lui. Problème : on ne sait pas encore d’où ça vient, ni où ça va, encore moins à quoi ça a servi. Mais les «indices concordants» suffisent largement pour lever son immunité parlementaire et le conduire à l’abattoir…
Il sera toujours temps, en cas d’erreur judiciaire, d’exprimer des regrets sincères, faire voter des amnisties et prêcher le pardon dans les cœurs musulmans.
Farba Ngom ne risque pas de s’ennuyer sur la paille humide de son cachot : Amadou Ba, l’ancien prof de Sonko, devenu par la suite ministre des Finances, des Affaires étrangères, Premier ministre et présidentiable, risque de l’y rejoindre incessamment, en compagnie de Birima Mangara, qui fut dans une autre vie, ministre du Budget.
Ce qu’on leur reproche ?
Apparemment, pour Amadou Ba, s’il n’a pas eu la mauvaise idée de coller des mauvaises notes à son ancien étudiant de l’Ena, le délit pourrait être constitué par une peau trop lisse et une silhouette un peu grassouillette dans un pays où majoritairement ça crève la dalle. C’est éminemment suspect…
On ne peut en dire autant de Birima Mangara, mais ça ne doit pas être loin de sa bonne mine qui afficherait un air trop rassasié pour être irréprochable.
En attendant que Sa Bonhomie Macky Sall, en villégiature prolongée au Maroc, auquel l’on tente de coller désespérément près de quatre-vingts homicides, ait la bonne idée de ramener sa frimousse épanouie pour prendre le pouls de l’électorat. C’est à la coupée de l’avion que des policiers harnachés le cueilleraient pour le conduire vers une destination inconnue.
Les icônes du régime sanguinaire précédent n’y retrouveront pas le sourcilleux Moustapha Diakhaté qui vient de purger sa peine et se remet aussitôt au taquet : moins d’une semaine après son élargissement, il est face à la presse pour remettre ça…
Tout ça ne ressuscitera pas l’ancien ministre des Finances, Amadou Moustapha Bâ, mort dans des circonstances que ses proches n’ont pas envie d’évoquer. Les chiffres «falsifiés» de notre économie, selon l’actuel Premier ministre, n’y seraient pas étrangers. Ben, ceux de l’Agence nationale des statistiques, s’ils étaient sortis plus tôt, auraient épargné à notre pays bien des émotions inutiles.
Le pire est que ça ne fait même plus mal.
De l’autre côté de l’Atlantique, c’est devenu «la loi à l’ouest du Pecos». Donald Trump, qui ne semble pas blaguer avec l’argent du contribuable américain, décide donc de suspendre l’aide au développement quelque temps. Il va prendre le temps de farfouiller dans la comptabilité de la négraille, tout comme dans leurs certificats de bonne vie et mœurs. Il annonce déjà la couleur à propos de nos voisins de l’Aes : il ne fréquente pas des «voyous» qui ont braqué des républiques comme on braquerait une banque dans le Far-West.
Grand bien lui fasse !
Notre «meilleur Premier ministre de tous les temps» qui prêche le souverainisme, applaudit pratiquement des deux mains à cette mesure qui confirme ce qu’il nous répète depuis dix ans : il ne faut compter que sur nos propres forces. La preuve, son gouvernement exporte les muscles locaux en Espagne et au Qatar…
C’est dans ce même esprit qu’il prend sur lui il y a quelque temps, de porter la réplique à Emmanuel Macron, le président français, sur la question du retrait des troupes françaises du Sénégal. C’est vrai, il empiète sur les domaines réservés du président de la République, la diplomatie et les questions militaires. Mais puisque le président est un taiseux qui ne sort que rarement de sa réserve, et que tout le monde prie pour que le gros calibre qui nous sert de chef de la diplomatie l’ouvre le moins possible, notre omniprésent Premier ministre prend sur lui pour aller au charbon. Son sens patriotique du sacrifice est touchant.
Et puis, comme le disent les 54 % des électeurs, «Diomaye môy Sonko»…
DE NOUVELLES VOIES FERROVIAIRES EN PERSPECTIVE
Le Sénégal envisage de mettre en place un vaste projet pour moderniser son réseau ferroviaire avec la construction de 2 000 kilomètres de voies ferrées à écartement standard
Le Sénégal envisage de mettre en place un vaste projet pour moderniser son réseau ferroviaire avec la construction de 2 000 kilomètres de voies ferrées à écartement standard. Ce programme, annoncé par Ibrahima Ba, directeur général de la Société nationale des chemins de fer du Sénégal (SN-CFS), fait partie intégrante de la vision « Sénégal 2050 », visant à moderniser les infrastructures nationales.
La première phase du projet concernera la ligne Dakar-Tambacounda, un axe stratégique pour le pays, notamment pour ses échanges commerciaux avec le Mali. Selon M. Ba, les études sont en cours pour accélérer la mise en œuvre de ce projet essentiel pour le développement économique de la sous-région.
Ce programme, inspiré du Train Express Régional (TER), permettra au Sénégal de disposer d’un réseau ferroviaire moderne, en phase avec les normes internationales. Lors de sa visite à Diourbel, Ibrahima Ba a également échangé avec les travailleurs du secteur pour mieux comprendre leurs préoccupations et améliorer leurs conditions de travail.
Ce projet vise à favoriser une mobilité fluide, durable et à renforcer l’intégration économique du Sénégal avec ses voisins.
L’EMPREINTE DU SENEGAL SUR LE FOOTBALL AFRICAIN
Le 6 février 2022, une génération de Lions affamés écrit l’une des plus belles pages de notre football en décrochant, enfin, la Coupe d’Afrique des Nations. Un sacre historique, une étoile brodée à jamais sur le maillot national, symbole d’un rêve devenu
Trois ans déjà. Le 6 février 2022, une génération de Lions affamés écrit l’une des plus belles pages de notre football en décrochant, enfin, la Coupe d’Afrique des Nations. Un sacre historique, une étoile brodée à jamais sur le maillot national, symbole d’un rêve devenu réalité.
L’écrin d’Olembé est le théâtre de cet exploit historique des Lions en terre camerounaise. Ces Lions Indomptables, qui nous avaient éliminés en quart de finale de notre CAN en 1992 à Dakar et brisé notre rêve d’un premier sacre continental en 2002 au Mali, assistaient cette fois depuis les tribunes au sacre du Sénégal. Contrairement à la finale de 2019 contre les Fennecs d’Algérie, où le Sénégal avait sombré dès la deuxième minute sur une frappe aussi improbable que chanceuse de Bagdad Bounedjah, nos Lions ont pris cette fois le contrôle du jeu lors de cette troisième finale face à l’Égypte, septuple vainqueur de l’épreuve et portée par Gabaski, son dernier rempart infranchissable.
Un penalty offert dès la 7e minute aurait pu tout changer. Saliou Ciss, intenable sur son flanc gauche, provoque une faute évidente de Mohamed Abdel Monem. Sadio Mané s’avance, choisit la puissance… mais bute sur un Gabaski inspiré. Le doute aurait pu s’installer, mais les Lions n’ont pas tremblé. Ils ont dominé, poussé, tenté, mais l’histoire voulait que cette finale se joue jusqu’au bout du suspense.
Le temps réglementaire s’achève, puis les prolongations. L’issue se dessine dans cette séance fatidique des tirs au but. La tension est à son comble. Bouna Sarr manque sa tentative, mais Édouard Mendy, impérial, repousse les frappes de Mohamad Lasheen et Mohamed Abdel Monem. Puis vient l’instant décisif. Le peuple retient son souffle. Sadio Mané s’avance… et d’un tir croisé imparable, libère toute une nation. Explosion de joie un peu partout dans le pays. Le Sénégal est champion d’Afrique pour la première fois de son histoire !
De la gloire d’Olembé à l’hégémonie continentale
Au lendemain de leur sacre historique, les joueurs d’Aliou Cissé ont été accueillis en héros au Sénégal. Des milliers de supporters ont envahi les rues de Dakar pour célébrer les coéquipiers de Sadio Mané. Dans une liesse indescriptible. Au-delà des chiffres et des statistiques, cette CAN 2022 reste marquée par des souvenirs inoubliables. « Avant chaque match, nous écoutions ‘Wakanda’ de Baaba Maal. Cela nous rappelait nos racines, notre mission pour le peuple sénégalais. » se remémorait Kalidou Koulibaly
De son côté, Édouard Mendy, élu meilleur gardien du tournoi, se souvient avec malice : « Lors de la séance de tirs au but, j’ai repensé aux entraînements où Sadio me lançait en riant qu’il marquerait toujours contre moi. Cette fois, c’était pour de vrai… et il ne nous a pas déçus. »
Ce 6 février.. 2022, le football sénégalais amorçait un virage décisif. Ce sacre historique n’allait pas rester sans lendemain. Un an plus tard, les Lions U17, U20 et l’équipe du CHAN suivaient la voie tracée par leurs aînés, raflant eux aussi les titres continentaux. Inédit. Bien que l’élimination précoce en 8e de finale lors de la dernière Can en Côte d’Ivoire ait temporairement freiné la belle dynamique, elle n’a pas terni l’élan collectif du football sénégalais qualifié à toutes les CAN en 2025 et qui visera encore le graal au Maroc en décembre.
Aujourd’hui, le « Manko Wutti Ndamli » (Ensemble pour la victoire) n’est plus un simple slogan, mais une véritable philosophie de la gagne. Elle a définitivement placé le Sénégal parmi les grandes nations du football, par ses succès sur le terrain, et aussi par une influence grandissante au sein des instances dirigeantes du football continental.
LA DIFFICILE ET COMPLEXE EQUATION DU RECENSEMENT DES VICTIMES
Une vingtaine de morts, des centaines de blessés et de détenus, c’est le bilan macabre des évènements politico-judiciaires survenus dans la région de Ziguinchor qui a payé un lourd tribut à cette situation qui a agité le pays de mars 2021 à février 2024
Une vingtaine de morts, des centaines de blessés et de détenus, c’est le bilan macabre des évènements politico-judiciaires survenus dans la région de Ziguinchor qui a payé un lourd tribut à cette situation qui a agité le pays entre mars 2021 et février 2024. Si pour le nombre de morts évalué à vingt (20) personnes, le recensement ne souffre d’aucune difficulté, pour les blessés et les détenus, estimés à plusieurs dizaines voire plus d’une centaine, la liste sera à la fois difficile et compliquée à confectionner. Des blessés guéris, des blessés qui trainent des séquelles aux détenus non localisés, plusieurs questions sous-tendent aujourd’hui la complexité de cet exercice de recensement des victimes.
La question de l’indemnisation des victimes des évènements politico-judiciaires qui ont émaillé le Sénégal, entre mars 2021 et février 2024 reste plus que délicate dans cette partie sud du pays qui a payé un lourd tribut à ces événements. Si le décompte macabre ne souffre d’aucune difficulté, aujourd’hui se pose la délicate équation du nombre de blessés recensés lors de ces évènements.
Ce sont vingt (20) personnes qui ont péri dans ces évènements survenus entre 2021 et 2024 dans la région de Ziguinchor, selon des statistiques recueillis auprès des responsables politiques de Pastef locaux. Si, dans la commune de Ziguinchor, 13 jeunes ont perdu la vie, à Bignona, ce sont 6 morts qui ont été recensés. Ajouter à cette liste un jeune qui a été tué au Capskiring, allongeant la liste macabre à une vingtaine de personnes mortes lors de ces manifestations. Celles-ci ont éploré toute la région. Cette série de décès de ces jeunes qui, selon les témoins et leurs proches, auraient tous péri sous «les balles».
Mais ces manifestations violentes ont été également émaillées par de nombreux blessés dans la région ; ce qui rend très complexe le recensement de ces derniers. Certains trainent encore les séquelles de leurs blessures, d’autres rétablis mais durement éprouvés lors de ces manifestations. Qui recenser, s’interroge-t-on dans cette région ?
Grièvement blessé lors des évènements survenus en mars 2021, Amadou Diémé estime qu’il doit faire partie des victimes, même s’il a depuis repris sa forme. «J’ai passé une dizaine de jours à l’hôpital, c’était difficile pour moi. Aujourd’hui, Dieu merci, j’ai repris mes forces ; même si parfois je passe chez le médecin. Si on doit indemniser, je ne peux pas être exclu de la liste», déclare-il. Autre problématique, c’est le non recensement de certains blessés qui rechignaient à aller à l’hôpital à l’époque, par peur d’être dénoncé et d’être arrêté.
Le maire de Bignona, responsable de Pastef à Bignona, Bakary Diatta, confirme. «Aujourd’hui, (il y a) quelques difficultés dans le cadre de l’indemnisation des victimes et détenus dans le département de Bignona. Il est vrai qu’il y avait un travail minutieux effectué en 2021 dans le cadre du recensement de tous les blessés ; mais il y a des cas qui n’ont pas été déclarés, de peur de la délation qu’il y avait en son temps et du recèle qui se faisait entre l’hôpital et la Gendarmerie. Des patients qui venaient se faire soigner et qui ont été remis à la Gendarmerie, cela a engendré une peur bleue chez certains blessés qui n’ont pas été recensés ou qui l’ont été dans la plus grande discrétion. C’est vrai qu’il y a un travail de recensement qui a été fait, mais je ne pense pas que ce soit exhaustif», reconnait l’édile de Bignona. M. Diatta estime qu’il y aura des difficultés à disposer du nombre exact des blessés mais aussi des détenus dont certains sont sans localisation. D’où, selon lui, la nécessité de prévoir quelques chose pour ceux-là qui n’ont pas été enregistrés. En attendant, Ziguinchor et sa région ont été durement affectées par ces évènements qui ont attristé plusieurs familles dont certaines avaient même eu du mal à disposer des corps de leurs proches, pour des raisons d’autopsie.
LES FEMMES A L’EPREUVE DES COUTUMES ET TRADITIONS
La loi sur le Domaine national de 1964, qui organise la gestion foncière au Sénégal, consacre un accès équitable à la terre. Du fait de pratiques et réalités culturelles et traditionnelles, les femmes éprouvent d’énormes difficultés à disposer de terres
La loi sur le Domaine national de 1964, qui organise la gestion foncière au Sénégal, consacre un accès équitable à la terre. Seulement, du fait de pratiques et réalités culturelles et traditionnelles, les femmes éprouvent d’énormes difficultés à disposer de terres pour leurs activités agricoles et pastorales.
Au Sénégal, la petite terre dont disposent les femmes n’est souvent pas de bonne qualité. Elles occupent des parcelles déjà utilisées et peu productives. Dans diverses contrées du pays, notamment dans la région de Fatick (Centre) et en Casamance au Sud, la salinisation des terres porte atteinte à leurs activités. Dans la zone des Niayes, lieu de production de fruits et légumes situé à quelques kilomètres (km) de la capitale, Dakar, la prédation foncière réduit leur chance d’avoir un lopin de terre. Elles louent ou empruntent des surfaces cultivables. Dans la Vallée du Fleuve Sénégal, au Nord, elles ne sont pas aussi mieux loties. Elles peinent à s’imposer, face à la rude concurrence des firmes agricoles.
En réalité, alors qu’elles n’ont accès qu’à une infirme partie du foncier, les femmes ne parviennent à exploiter la terre qu’à travers des groupements. Cheffes de ménages à qui revient la charge de bouillir la marmite dans beaucoup de zones, c’est à peine si elles arrivent à sortir la tête de l’eau. La survie au Sénégal étant fortement dépendante des exploitations familiales dont les tenanciers sont parfois des femmes. Or, ce mode d’agriculture, confronté à plusieurs difficultés, tend à disparaître.
Bref, le niveau d’accès des femmes au foncier agricole est relativement faible au Sénégal. Une étude de la Direction de l’Analyse, de la Prévision et des Statistiques (DAPSA), sur l’accès au foncier agricole par les jeunes et les femmes au Sénégal, réalisée en juillet 2021, signale que sur 7 femmes, une seule environ a eu un accès à la terre agricole durant la campagne agricole 2018-2019 ; soit 15,2%. La quasi-totalité des parcelles exploitées (89,1%) au Sénégal le sont sans titre de propriété. Ce constat est noté aussi bien au niveau des parcelles exploitées par les femmes (85,2%) que pour celles exploitées par les hommes (89,8%). La proportion des parcelles empruntées gérées par les femmes (10,3%) représente plus du double de celles empruntées gérées par des hommes (4,6%). Ce qui montre également que l’emprunt constitue une voie de recours non négligeable des femmes pour accéder à la terre.
Habitante de Darou Khoudoss, dans la zone des Niayes, et présidente du Réseau national des femmes rurales du Sénégal, Aïda Cissé, reconnaît une petite éclaircie dans la grisaille, mais demande une décision parlementaire (notamment une loi) pour faciliter l’accès des femmes à la terre. «Avec la sensibilisation, on note un changement. Mais, le problème reste entier. Jusqu’à présent, les hommes contrôlent la terre et, en cas de possession, les femmes éprouvent des difficultés pour la mise en valeur. Les autorités locales et administratives doivent prendre en compte les besoins des femmes. Mieux, l’Assemblée nationale doit définir un pourcentage pour les femmes», plaide-t-elle.
IMPACT SUR LA CULTURE FOURRAGÈRE
Au Sénégal, les femmes s’activent aussi dans l’élevage. Dans le département de Linguère, en pleine zone sylvopastorale, l’accès à la terre constitue un véritable problème pour les femmes qui ont choisi l’élevage. A cause des changements climatiques qui entraînent une forte chaleur, le tapis herbacé s'assèche ou est ravagé par des feux de brousses. Comme solution alternative, des éleveurs s’adonnent à la culture fourragère. Cependant, les femmes y arrivent à peine, à cause d’un manque de terre.
Fatimata Sall, habitante de Dahra Djoloff, dans le département de Linguère, en pleine zone d’élevage, est de la Direction Nationale des Femmes en Élevage. (DINFEL), une association de femmes éleveurs. «Nous n’avons pas accès à la terre. Nous ne sommes pas associées à la prise de décision, même si nous portons le combat. Nous avons des mini-fermes pour la culture du fourrage ; mais nous ne sommes pas en mesure de les développer», regrette-t-elle. Fatima Sall d’ajouter : «si nous avions des périmètres tout près de nos habitations, cela nous faciliterait la tâche. Pendant la période de soudure (mai-juin et juillet), les éleveurs transhument à la recherche du pâturage pour leur bétail». Fatima Sall est de ceux-là qui ne peuvent pas se déplacer, à cause de leurs activités domestiques. «Nous ne pouvons pas transhumer. En avril et mai, nous achetons la nourriture du bétail à Richard Toll, au Nord du Sénégal, à un peu moins d’un million. Nos bourses ne peuvent pas supporter cette charge», confie-t-elle.
Le Centre d’Études, de Recherches et de Formation en Langues Africaines (CERFLA), une organisation qui soutient le pastoralisme au Sénégal, reconnaît la difficulté des femmes à disposer de terres. «L’accès de façon générale à la terre est problématique. Avec le plaidoyer, les femmes puissent accéder à la terre car étant très actives de façon générale et ne sont pas propriétaires de terres ; ça pose un problème pour la durabilité de leurs activités. Dans la zone sylvo-pastorale, ce sont de grandes superficies qui sont partagées par les éleveurs. La plupart du temps, elles accèdent par groupement de femmes. Rarement, une femme exploite une terre qui n’est pas du domaine familiale», souligne Sophietou Loum.
UNE MÉCONNAISSANCE DES DROITS
Au Sénégal, CICODEV, l’institut panafricain de recherche, de formation et d’action pour la Citoyenneté, la Consommation et le Développement en Afrique, pilote un programme dénommé «Stand for Her Land». Le projet est une initiative mondiale lancée pour promouvoir la reconnaissance des droits fonciers des femmes, en général en Afrique, et au Sénégal en particulier. Cette campagne vise à sensibiliser les gouvernements, les communautés et les individus aux défis que rencontrent les femmes dans l'accès à la terre, ainsi qu'à défendre leurs droits fonciers.
Au Sénégal, la campagne investit dans le leadership des femmes de la base afin de catalyser le mouvement fort et solide en faveur des droits fonciers des femmes. L’objectif de la campagne est de combler le fossé entre les normes juridiques solides et les pratiques de ces droits pour les femmes sur le terrain, leur sécurisation et leur reconnaissance.
Le chargé de programme Gouvernance foncière à CICODEV, Mamadou Sambe, trouve que «le contrôle des terres demeure un problème majeur pour les femmes au Sénégal, en raison de plusieurs facteurs culturels, sociaux et économiques. La plupart des femmes rurales ont accès à la terre à travers les propriétés familiales».
15% des femmes au Sénégal ont un accès et un contrôle sur les terres selon la Banque mondiale. Cela reflète, à en croire l’institution financière, «l'inégalité de l’accès à la terre, où une grande majorité des terres restent entre les mains des hommes». L’explication est notamment liée aux coutumes et traditions. «Les pratiques foncières au Sénégal sont souvent régies par des systèmes de droit coutumier qui favorisent les hommes. Dans beaucoup de communautés, les terres sont héritées par les hommes, et les femmes n'ont pas les mêmes droits fonciers que les hommes. Les coutumes patriarcales influencent la transmission des terres de manière à ce que seuls les hommes héritent des propriétés familiales, excluant souvent les femmes de l'accès à la terre». Pis, l’accès limité aux ressources économiques bloque l’accès des femmes à la terre. «Elles ont souvent un accès limité aux ressources économiques pour acheter ou louer des terres. Leur accès limité aux ressources économiques les empêche de participer pleinement à la valorisation des terres qui est l’une des conditions à remplir pour garder la terre». Au Sénégal, la méconnaissance du cadre juridique et le manque d’information bloquent également les femmes. «De nombreuses femmes ignorent leurs droits légaux en matière de propriété foncière et sont souvent manipulées ou privées de leurs droits par des membres de leur famille ou des autorités locales. L'accès à l'information sur les droits fonciers est donc une barrière importante», relève Mamadou Sambe.
Depuis 1964, avec la loi 64-46 relative au Domaine national, l’Etat du Sénégal garantit l’accès à la terre à tous les citoyens. Cette loi est une avancée majeure, du point de vue historique, surtout pour les femmes, qui n’ont pas toujours eu, durant les périodes précoloniale et coloniale, les mêmes chances que les hommes d’accéder à la terre. Cependant l’application pose problème. Différentes réformes de la loi sur le Domaine national ont été entreprises, sans succès.