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14 août 2025
À SAINT-LOUIS, LES PÊCHEURS INTERPELLENT BP ET KOSMOS SUR LEURS ENGAGEMENTS
À l’occasion du 1er mai, les communautés de la Langue de Barbarie ont organisé une marche pacifique pour dénoncer les impacts des projets pétroliers offshore et exiger le respect des promesses faites par les opérateurs.
À l’occasion de la Fête du Travail 2025, les communautés de la Langue de Barbarie ont organisé une marche pacifique à Saint-Louis pour rappeler à BP et Kosmos Energy leurs engagements vis-à-vis des populations affectées par les projets pétroliers et gaziers.
Ce 1er mai 2025, jour symbolique dédié aux travailleurs, les communautés de pêcheurs de la Langue de Barbarie se sont fortement mobilisées dans les rues de Saint-Louis.
Leur objectif : attirer l’attention sur les impacts environnementaux et sociaux des projets d’exploitation de pétrole et de gaz offshore, menés notamment par BP et Kosmos Energy.
Munis de pancartes et de banderoles, les marcheurs ont exprimé une série de revendications urgentes. Parmi les principales exigences figurent :
La réalisation d’un audit environnemental indépendant pour évaluer les conséquences des activités pétrolières sur l’écosystème marin et les moyens de subsistance locaux ;
La mise en place de mesures de prévention immédiates contre les risques écologiques et sanitaires ;
Le respect strict des engagements pris par BP et Kosmos Energy à l’égard des communautés riveraines ;
La défense et la préservation de la pêche artisanale, qui constitue l’activité principale et le pilier économique de nombreuses familles dans la région.
L'ONG Lumière Synergie pour le Développement,une organisation de la societé civile sénégalaise qui se bat auprès de ces communautés adhére au combat de ces populations affectées. Elle a d'ailleurs pris part à la marche à Saint-Louis.
LE PRÉSIDENT FAYE SALUE LES TRAVAILLEURS ET APPELLE À UN DIALOGUE SOCIAL RENFORCÉ
À l’occasion de la fête du Travail, le chef de l'Etat a insisté sur la nécessité de promouvoir un travail décent, de moderniser l’administration du travail et de renforcer les échanges avec les syndicats.
À l’occasion de la célébration de la fête du Travail, prévue ce jeudi 1er mai 2025, le président de la République, Bassirou Diomaye Faye, a adressé ses félicitations chaleureuses et son soutien à l’ensemble des travailleurs du Sénégal. Il a salué leur contribution déterminante au développement économique et à la stabilité sociale du pays.
Le chef de l’État a invité le Gouvernement à renforcer le dialogue social avec les organisations syndicales, tout en mettant l’accent sur la promotion d’un travail décent, dans le respect strict du Code du travail et des conventions internationales ratifiées par le Sénégal.
Le président Faye a également chargé le Premier ministre de repositionner l’administration du travail, avec pour objectif de moderniser ses moyens d’action et de mettre à jour le dispositif réglementaire encadrant les comités d’hygiène et de sécurité dans l’ensemble des ministères.
Dans le cadre des traditions républicaines, le président de la République recevra les responsables des centrales syndicales l’après-midi du 1er mai, lors de la remise solennelle des cahiers de doléances. Une rencontre symbolique qui traduit l’attachement du chef de l’État à la concertation sociale et à l’écoute des revendications du monde du travail.
GALOPER SUR LES TOMBES DE THIAROYE
Retrouvé dans une boîte à gâteaux, le journal d'un officier français témoin du massacre des tirailleurs expose sans fard la mentalité coloniale de l'époque. "Promenade à cheval... L'ambiance est très gaie", note le sous-lieutenant Jean Henry 3 jours après
(SenePlus) - Un petit carnet bleu de 94 pages, dissimulé pendant des décennies dans une boîte à gâteaux au fond d'une malle, vient de resurgir pour éclairer - ou peut-être obscurcir davantage - l'un des épisodes les plus sombres de l'histoire coloniale française. Le journal du sous-lieutenant Jean Henry, témoin direct du massacre de Thiaroye survenu le 1er décembre 1944 au Sénégal, a été versé aux archives du Service historique de la défense (SHD) le 4 mars dernier, comme le révèle Le Monde ce 1er mai 2025.
"8 h 30. Les moutons sont rassemblés, les autres essaient de résister. Une salve en l'air." C'est par ces mots froids que débute dans le journal de Jean Henry la description du massacre où des dizaines de tirailleurs africains, anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale tout juste libérés des camps allemands, ont été tués par l'armée française pour avoir réclamé leurs pensions et soldes.
Le récit se poursuit, implacable : "Les rebelles essaient de s'emparer d'une A.M [automitrailleuses]. Des meneurs excitent les autres à la rébellion. C'est le signal du baroud. Les tirailleurs du 7e et quelques artilleurs ouvrent le feu. Les autres ripostent avec des 9 mm et des 7,65, ainsi qu'une ou deux mitraillettes. Finalement la force reste aux troupes de l'ordre. Plusieurs rebelles sont sur le carreau. Les autres sont sérieusement assoupis."
Le militaire conclut sobrement : "Enfin on a pris les mesures nécessaires. [...] Bilan de la journée : 35 morts, 59 blessés", reprenant ainsi les chiffres officiels avancés par les autorités françaises à l'époque.
Ce témoignage unique, rédigé par un officier présent sur les lieux, relance le débat sur ce massacre colonial dont le bilan reste au cœur d'un contentieux mémoriel entre la France et le Sénégal. Selon plusieurs historiens français et sénégalais, le nombre réel de victimes serait bien plus élevé, atteignant près de 400 soldats tués et enterrés dans des fosses communes.
L'authenticité même du document suscite la controverse parmi les spécialistes. Pour l'historienne Armelle Mabon, ce récit serait "une pure invention" visant à "remettre le récit officiel au-devant de la scène". Elle souligne les incohérences du témoignage : "Écrire que les tirailleurs tentent de s'emparer de mitrailleuses, cela permet de justifier la répression sanglante. Or, plusieurs rapports notent qu'ils n'avaient que des poignards ou des baïonnettes."
D'autres chercheurs, comme Martin Mourre, auteur d'un ouvrage de référence sur l'événement, considèrent au contraire le document comme "tout à fait authentique", même s'il reflète "le point de vue d'un jeune officier qui n'apporte pas d'éléments décisifs pour comprendre ce qui s'est réellement passé."
Les services du ministère des Armées, qui ont authentifié le document avant son intégration aux archives, défendent également sa crédibilité : "Nous nous sommes fondés sur la concordance du vocabulaire employé, des noms cités, de l'idéologie et des lieux pour le juger crédible", indique une source au ministère citée par Le Monde.
Au-delà de la description du massacre lui-même, le journal de Jean Henry témoigne de la montée des tensions dans les semaines précédant le drame. Dès le 30 octobre 1944, un mois avant le massacre, il note : "Les tirailleurs de Rennes rouspètent. Ils n'ont pas été payés et n'ont pas eu d'avancements au contraire d'autres détachements."
Le 27 novembre, quelques jours avant le drame, l'officier rapporte : "Je change aux tirailleurs leur argent français contre des billets d'AOF [Afrique occidentale française]. L'après-midi se passe à classer la monnaie française. [...] Le soir, à titre de remerciements, les Noirs rééditent le coup de Morlaix, refusant de partir s'ils n'ont pas tous leurs droits. Manque total de logique ou rouerie. Il y a, à mon avis, des meneurs à enfermer de suite. Mais, pas d'histoires !"
Le 28 novembre, Jean Henry pressent l'affrontement : "Dans l'ensemble la révolte gronde. [...] Le général Dagnan venu pour leur parler se voit interdire la route du retour. Il ne peut partir qu'après avoir fait de nouvelles promesses. A mon avis la situation devient intolérable. On ne peut pas continuer à abdiquer."
Ce document constitue également un témoignage troublant sur la mentalité coloniale qui prévalait alors dans l'armée française. Le manque d'empathie du sous-lieutenant est frappant lorsque, trois jours seulement après avoir décrit froidement le massacre, il relate ses moments de détente : "Promenade à cheval avec Mourret. Nous allons galoper un peu dans les sables, puis on revient à travers les marigots vers Thiaroye-plage", écrit-il le 4 décembre.
Il poursuit : "Nous emmènerons jusqu'à Abidjan le reliquat des mutins. Nous passerons la journée de demain à Dakar. Je suis invité par le colonel Durand à déjeuner demain. Le soir apéritif d'adieu à Thiaroye. L'ambiance est très gaie."
Le fils de Jean Henry, Alain, à l'origine de la transmission du document aux archives, défend la sincérité du témoignage de son père : "Quand ma mère a trouvé le journal dans une boîte à gâteaux au fond d'une malle en vidant sa cave, nous avons été abasourdis. Mon père ne nous avait jamais parlé de Thiaroye. On a reconnu sa voix, son ton, son écriture."
Il conteste néanmoins la thèse des centaines de victimes : "Nous sommes mal à l'aise face à la thèse des 400 morts. Il y a ce sentiment qu'on raconte une histoire qui n'est pas la vraie. Mon père n'aurait pas gardé ce ton léger s'il avait assisté à l'exécution de tant de soldats à l'automitrailleuse."
Pour Mamadou Fall, historien sénégalais membre de la commission chargée d'étudier ce massacre, le document est "précieux" mais "ne bouleverse pas nos certitudes sur ce qui s'est passé le 1er décembre." Il ajoute : "Le bilan nous semble n'être qu'une variante de la version officielle. Je continue donc de penser que le nombre de victimes dépasse bien cette échelle minimaliste."
Les autorités sénégalaises, sous la présidence de Bassirou Diomaye Faye, ont placé la mémoire du massacre de Thiaroye au centre de leur politique mémorielle. Une commission de chercheurs, qui a également reçu une copie du journal, doit prochainement remettre un livre blanc au président sénégalais.
Ce sera finalement aux fouilles archéologiques prévues sur le site de Thiaroye qu'il reviendra peut-être de déterminer le nombre réel de victimes et de résoudre "l'une des énigmes tenaces du massacre", conclut Le Monde.
LIBÉRATION AU PRIX FORT
Le cautionnement judiciaire obéit à des règles spécifiques définies par le Code de procédure pénale. Une précision nécessaire alors que les centaines de millions versés alimentent toutes les spéculations
Au-delà du débat sur les fortes sommes d'argent déposées généralement par des fonctionnaires pour bénéficier de la liberté provisoire, de nombreuses confusions à lever autour des concepts.
Plus de 258 millions de francs CFA versés dans le cadre des procédures pilotées par le procureur de la République Ibrahima Ndoye. Plus de 15 milliards de francs CFA dans les dossiers conduits par le parquet financier. Les chiffres sont énormes, soulevant ainsi le débat autour des sommes versées par les personnes poursuivies pour bénéficier de la liberté provisoire. Pour autant, le procureur Ndoye a tenu à faire la précision suivante : “Nous ne sommes pas dans une logique de prédation. Nous ne sommes pas des prédateurs, encore moins des agents de recouvrement.” L'objectif du parquet, qui se veut crédible et efficace, selon lui, c'est de prendre en charge le phénomène criminel dans toute son envergure, en veillant notamment à la réparation du préjudice. Il a rappelé que, dans certains cas, la loi sénégalaise met la priorité sur l'objectif de recouvrement, plutôt que sur la répression.
‘’EnQuête’’ revient dans ce dossier sur le régime juridique lié à ce cautionnement, mais surtout sur la définition des concepts, puisqu'à ce niveau, il y a beaucoup de confusions.
Pourquoi il ne faut pas parler de caution
La caution est un terme plus connu en droit locatif. Dans ce domaine, explique l'expert en droit immobilier Abou Bakari Kane, la caution est une garantie qu'une personne physique ou morale met à la disposition du bailleur, pour couvrir les éventuelles dettes locatives ou réparations après état des lieux de sortie du local. Il ressort du décret 2023-382 du 24 février 2023 relatif à la baisse des loyers que cette caution est fixée à l'équivalent de deux mois de loyer, dont un payable à l'entrée, l'autre progressivement. “Le montant de la caution à verser d'avance, à titre de garantie, ne peut excéder une somme équivalente à deux mois de loyer pour les baux dont les montants sont inférieurs ou égaux à 500 000 F CFA par mois. Toutefois, seul l'équivalent d'un mois est payable à l'entrée en jouissance. Le reliquat de la caution est étalé sur la location mensuelle pendant douze mois en raison de 1/12e par mois”, précise le texte rappelé par M. Kane.
Le terme caution est aussi bien connu en droit des sûretés. Mais dans ce domaine, la signification est totalement différente. En effet, il résulte de l'article 13 de l'acte uniforme (Ohada) portant organisation des sûretés, que : la caution est la personne qui s'engage, dans le contrat de cautionnement, à payer en cas de défaillance du débiteur principal. Quant au cautionnement, il s'agit “d'un contrat par lequel la caution s’engage, envers le créancier qui l’accepte, à exécuter une obligation présente ou future contractée par le débiteur, si celui-ci n’y satisfait pas lui-même”.
Juriste consultant, Amadou Khomeiny Camara tient à préciser qu'en droit des sûretés, le cautionnement fait toujours intervenir un tiers, qui s'engage à payer à la place du débiteur en cas de défaillance de ce dernier.
Ce qu'il faut dire dans le cadre des procédures judiciaires en cours
En matière pénale, pour ce qui est du cautionnement, il faudrait s'intéresser plutôt aux articles 133 et suivants du Code de procédure pénale qui prévoit ce concept et en détermine les conditions. Selon l'article 133, la mise en liberté provisoire, dans tous les cas où elle n’est pas de droit, peut être subordonnée à l’obligation de fournir un cautionnement. Ce cautionnement, au terme de la disposition précitée, garantit, d'une part, “la représentation de l’inculpé, du prévenu ou de l’accusé à tous les actes de la procédure et pour l’exécution du jugement ou de l’arrêt” ; d'autre part, le paiement des sommes dues dans un ordre bien fixé par la loi. Il s'agit, d'abord, des frais avancés par la partie civile ; de ceux faits par la partie publique ; ensuite des amendes et enfin des restitutions et dommages-intérêts.
Lors de la conférence de presse du parquet, le procureur de la République près le tribunal de grande instance de Dakar est revenu sur les cautionnements en ce qui concerne les procédures en instance. “Le cautionnement, soutient-il, c'est une sûreté, une garantie qui permet au juge d'instruction, dans le cadre de ces procédures, de préserver les intérêts de l'État”. Ce qu'il faudrait savoir, ajoute-t-il, c'est “qu'autant le cautionnement permet à la personne qui offre d'y recourir “la possibilité d'obtenir la liberté provisoire, autant il permet à l'État de voir ses intérêts saufs, parce qu'il n'aura pas besoin de subir les lourdeurs d'une procédure d'exécution, en cas de condamnation”.
Contrairement au cautionnement en droit des sûretés qui peut être fait au moyen d'un bien en nature, en matière pénale, le cautionnement est obligatoirement en espèces. C'est ce qui résulte de l'article 134 du Code de procédure pénale qui dispose : “Dans le cas où la liberté provisoire aura été subordonnée au cautionnement, il sera fourni en espèces soit par un tiers, soit par l’inculpé, le prévenu ou l’accusé et le montant en sera, suivant la nature de l’affaire déterminée par le juge d’instruction, le tribunal ou la cour. Il est versé entre les mains du receveur de l’Enregistrement, pour être déposé sans délai au compte des dépôts judiciaires et assimilés ouvert au nom du receveur général du Trésor à la BCEAO.”
Le cautionnement n'est pas non plus la consignation
Le cautionnement est aussi à distinguer de la consignation, même si tous les deux mécanismes peuvent se présenter comme des formes de garantie. En ce qui concerne la consignation, elle est surtout connue comme provision visant à couvrir les frais de procédure, dans le cadre notamment d'une plainte avec constitution de partie civile.
Selon l'article 79, “la partie civile qui met en mouvement l’action publique doit, si elle n’a obtenu l’assistance judiciaire, et sous peine de non-recevabilité de sa plainte, consigner la somme présumée nécessaire pour les frais de la procédure. Cette somme est fixée par ordonnance du juge d’instruction. Le versement en est effectué entre les mains du receveur de l’Enregistrement”, précise le Code de procédure pénale.
D'ailleurs, certains juristes persistent à dire qu'il aurait été plus judicieux de parler de consignation que de cautionnement dans le cadre des articles 133 et suivants du Code de procédure pénale. Ils renvoient au lexique des termes juridiques qui définit la consignation comme suit : “Dépôts d'espèces, de valeurs ou d'objets entre les mains d'une tierce personne à charge pour elle de les remettre à qui de droit.”
Il en est ainsi, selon la source, “du plaideur qui dépose au greffe de la juridiction la somme nécessaire à la couverture des frais et vacations de l'expert”. Le texte donne également en exemple “le débiteur qui se heurte au refus du créancier de recevoir le paiement et qui s'acquitte en déposant son dû à la Caisse des dépôts et consignations”.
Pourquoi privilégier le cautionnement ?
Selon le procureur Ibrahima Ndoye, c'est la loi qui offre la possibilité à toute personne inculpée pour des chefs d'incrimination comme les détournements, escroqueries et soustractions sur les deniers publics de solliciter son éligibilité à cette mesure de libération provisoire. Et, dans certains cas, la loi met même la priorité sur ce mécanisme. Ce qui semble être le cas dans les procédures en cours devant le parquet du TGI.
Par ailleurs, il convient de préciser que le cautionnement n'est pas le seul moyen pour bénéficier de la libération provisoire. Aux termes de l'article 140 du CPP, la personne poursuivie dans le cadre des procédures sus-indiquées dans les conditions suivantes : la première condition, c'est de rembourser si les faits sont clairs et assumés ; la deuxième, c'est dans le cas où son état ne lui permet pas de faire face aux rigueurs de la détention carcérale, même en milieu hospitalier ; la troisième, c'est de faire valoir des contestations suffisamment articulées pour recouper les contours de contestations sérieuses. “Au-delà de ces cas de figure, l'autre option, c'est d'offrir de cautionner”, avait précisé le procureur Ndoye.
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PASTEF ACCUSÉ D'AUTORITARISME
Le gouvernement préfère selon Thierno Alassane Sall, "focaliser l'opinion sur la chasse aux opposants" plutôt que de proposer des solutions concrètes, signe d'une tendance autoritaire inquiétante de l'État
Dans une interview accordée à France 24, Thierno Alassane Sall a vivement critiqué le parti au pouvoir, Pastef, l'accusant de promouvoir "une conception très autoritaire de l'État".
L'opposant, membre du parti La République des valeurs, a expliqué son choix de rester dans l'opposition après l'arrivée au pouvoir du Pastef, soulignant des divergences fondamentales de vision politique. "Avec Pastef, nous n'avions en commun que l'opposition à Macky Sall, mais nos programmes étaient radicalement différents", a-t-il déclaré.
Concernant la récente loi d'interprétation de l'amnistie rejetée par le Conseil constitutionnel, le député l'a fermement contestée, estimant qu'elle aurait instauré "une justice à deux vitesses". Selon lui, cette loi aurait protégé les dirigeants du Pastef tout en permettant de poursuivre d'autres citoyens qui n'auraient pas bénéficié de la même protection.
L'opposant a également abordé la situation économique du pays, mise en lumière par le rapport accablant de la Cour des comptes sur l'état des finances publiques. Il déplore l'absence d'enquête sur les complicités administratives qui ont permis de dissimuler l'ampleur de la dette publique et critique le manque de mesures concrètes pour redresser l'économie. "Depuis deux mois, aucun début de solution n'a été proposé", a-t-il regretté.
Malgré des projections de croissance à 8,4% pour 2025 annoncées par le FMI, Thierno Alassane Sall reste sceptique, précisant que cette performance sera principalement portée par l'exploitation des hydrocarbures. Pour illustrer ce qu'il considère comme l'incompétence du gouvernement actuel, il a souligné le paradoxe des prix des carburants plus élevés au Sénégal qu'au Mali, "un pays enclavé en guerre", alors même que le Sénégal est producteur de pétrole et de gaz.
Face à ces défis, Thierno Alassane Sall accuse le gouvernement de détourner l'attention avec la "chasse aux opposants" plutôt que de proposer des solutions économiques viables pour l'avenir du pays.
PLASTIQUES MORTELS
13% des décès cardiovasculaires chez les 55-64 ans pourraient être attribués aux phtalates, ces substances chimiques que l'on retrouve dans les emballages alimentaires et les produits cosmétiques, selon une nouvelle étude scientifique
(SenePlus) - Une récente étude publiée dans la revue scientifique eBioMedicine soulève de nouvelles inquiétudes concernant l'impact des produits chimiques contenus dans les plastiques sur notre santé cardiovasculaire. Selon cette recherche, les phtalates, ces composés omniprésents dans notre quotidien, pourraient être responsables de centaines de milliers de décès prématurés à travers le monde.
L'étude, menée par des chercheurs de l'École de médecine Grossman de l'Université de New York, estime qu'environ 13% des décès cardiovasculaires chez les personnes âgées de 55 à 64 ans à travers le monde en 2018 pourraient être attribués aux phtalates. En chiffres absolus, cela représenterait approximativement 350 000 décès pour cette seule année.
"La statistique provient d'une étude publiée lundi dans la revue eBioMedicine", rapporte le New York Times. Ces résultats inquiétants soulèvent des questions essentielles sur l'omniprésence de ces produits chimiques dans notre environnement quotidien.
Les phtalates sont loin d'être des substances rares ou exotiques. Au contraire, ils font partie intégrante de notre quotidien. Comme le précise l'article du New York Times, "les phtalates se trouvent dans les produits de soins personnels comme les shampoings et les lotions, ainsi que dans les contenants et les emballages alimentaires."
L'exposition à ces produits chimiques peut survenir de différentes manières : "Il est possible de les ingérer par la nourriture, de les absorber par la peau à partir de produits qui en contiennent ou de les inhaler sous forme de poussière", explique le journal américain.
Si l'étude établit une corrélation préoccupante, les experts appellent néanmoins à la prudence. "Alors que les experts s'accordent sur la nocivité des phtalates, ils ont souligné que l'étude reposait sur une modélisation statistique complexe et une série d'hypothèses et d'estimations qui rendent difficile de déterminer combien de décès pourraient être liés aux produits chimiques", précise le NYT.
Le Dr Mark Huffman, cardiologue et codirecteur du centre de santé mondiale à WashU Medicine à Saint-Louis, cité dans l'article, affirme que "c'est une première étape pour essayer de comprendre l'ampleur du problème." Il ajoute cependant qu'"il est nécessaire de mener beaucoup plus d'études pour comprendre la relation entre les phtalates et la santé cardiaque, et quels autres facteurs pourraient entrer en jeu."
Des mécanismes d'action suspectés
Plusieurs pistes sont avancées pour expliquer comment les phtalates pourraient affecter notre système cardiovasculaire. "Il existe des preuves que les phtalates augmentent le risque de troubles métaboliques comme l'obésité et le diabète de type 2, qui peuvent causer des maladies cardiovasculaires", explique Sung Kyun Park, professeur d'épidémiologie et de sciences environnementales à l'École de santé publique de l'Université du Michigan.
Le Dr Leonardo Trasande, auteur principal de la nouvelle étude et professeur de pédiatrie et de santé des populations à l'Université de New York, suggère quant à lui que "les phtalates peuvent agir en augmentant le stress oxydatif — des dommages cellulaires et tissulaires qui surviennent lorsqu'il y a trop de molécules instables dans le corps — et en favorisant l'inflammation."
L'étude révèle également d'importantes disparités régionales dans l'impact estimé des phtalates sur la mortalité cardiovasculaire. "Le Moyen-Orient, l'Asie du Sud, l'Asie de l'Est et le Pacifique représentaient près des trois quarts de ces décès", indique le New York Times en se référant aux données de l'étude.
Les auteurs de l'étude reconnaissent certaines limites méthodologiques. L'article du New York Times souligne qu'il s'agit d'une "étude observationnelle qui montrait une corrélation entre l'exposition estimée au produit chimique et la maladie au niveau de la population."
Par ailleurs, l'étude s'est appuyée sur des analyses antérieures réalisées par le Dr Trasande pour estimer le risque de décès cardiovasculaire lié à l'exposition aux phtalates. Or, ces travaux préalables "n'ont examiné que des patients américains, ce qui signifie qu'il pourrait ne pas être possible de généraliser les résultats à une population mondiale, où les habitudes alimentaires, l'exposition à la fumée de cigarette, l'activité physique et d'autres facteurs de risque cardiovasculaire peuvent varier."
Malgré ces incertitudes, Tracey Woodruff, directrice du programme sur la santé reproductive et l'environnement à l'Université de Californie à San Francisco, estime que les conclusions de cette étude renforcent l'argument en faveur d'une réduction des phtalates dans la chaîne d'approvisionnement. Selon elle, "il est clair que les phtalates peuvent augmenter les risques de naissance prématurée, de problèmes reproductifs et de troubles métaboliques".
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ZÉRO TAXE POUR LES MOUTONS DE TABASKI
830.000 têtes de moutons sont nécessaires pour la fête. Le pays devra en importer près d'un tiers, principalement de Mauritanie. Un dispositif spécial a été mis en place pour faciliter cette opération d'envergure qui débutera dès le 18 avril
(SenePlus) - Le Sénégal se prépare activement à la célébration de la Tabaski 2025, fête religieuse d'une grande importance sociale et commerciale dans le pays. Selon les estimations officielles, pas moins de 830.000 têtes de moutons seront nécessaires pour répondre à la demande nationale.
Face à ce besoin considérable, le pays devra compter sur l'importation d'environ 250.000 moutons, soit près d'un tiers du total requis. La Mauritanie, partenaire traditionnel du Sénégal dans ce domaine, s'est engagée à fournir la majorité de ces importations.
Dans cette perspective, le ministre sénégalais de l'Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l'Élevage, a récemment effectué une visite de travail en Mauritanie. Cette démarche s'inscrit dans le cadre des instructions données par le président de la République et le Premier ministre sénégalais pour garantir le bon déroulement de ce "rendez-vous historique" entre les deux nations.
Les autorités mauritaniennes ont exprimé leur "détermination à prendre les mesures nécessaires pour accompagner les éleveurs et les commerçants de bétail" afin d'assurer un approvisionnement optimal des marchés sénégalais. Les deux pays travailleront également ensemble sur la gestion de la transhumance et le renforcement de leurs relations de coopération.
De son côté, le Sénégal a déjà mis en place plusieurs mesures facilitatrices pour les importateurs mauritaniens, notamment :
L'assouplissement du contrôle des véhicules transportant les moutons
L'exonération des droits et taxes sur les moutons destinés à la Tabaski
L'autorisation de trois bergers par camion pour surveiller les animaux durant le transport
Ces dispositions seront en vigueur du 18 avril au 22 juillet 2025, permettant ainsi aux commerçants mauritaniens de poursuivre la vente de leur bétail même après la célébration de la fête.
Cette coopération renforcée entre les deux pays voisins illustre un "intérêt partagé", comme l'a souligné un opérateur mauritanien : "Nous avons besoin de commercialiser notre bétail, et vous avez besoin de cette ressource." La visite ministérielle s'est conclue par la signature d'un protocole d'accord visant à assurer le suivi des recommandations pour la Tabaski 2025.
FRONT SYNDICAL UNI
Face aux licenciements massifs dans la fonction publique touchant plus de 400 CDI, les organisations syndicales mettent fin à leur fragmentation historique pour défendre d'une seule voix les droits des travailleurs ce 1er mai
(SenePlus) - Alors que le pays célèbre ce mercredi 1er mai la Journée internationale des travailleurs, un événement sans précédent se prépare dans les rues de Dakar : pour la première fois depuis l'indépendance du pays, toutes les centrales syndicales sénégalaises ont décidé d'unir leurs forces pour manifester ensemble.
D'après les informations de RFI, cette mobilisation exceptionnelle vise principalement à protester contre ce que les syndicats qualifient de licenciements « inédits » dans la fonction publique. « Plus de 400 CDI dans la fonction publique seraient concernés », rapporte la correspondante du journal français à Dakar, Léa-Lisa Westerhoff. Une situation qui a poussé l'ensemble des organisations syndicales à réclamer « leur réintégration en tant que fonctionnaires ».
Cette manifestation intervient symboliquement « un an après l'arrivée au pouvoir des nouvelles autorités », marquant potentiellement un tournant dans les relations entre le gouvernement et les représentants des travailleurs.
Au-delà de la question spécifique des licenciements, cette journée de mobilisation servira également de plateforme pour « faire entendre les revendications sociales des Sénégalais » dans un contexte économique tendu.
Cette unité syndicale sans précédent témoigne de l'ampleur des préoccupations. « Serait-ce la fin de la lune de miel entre les autorités et les syndicats au Sénégal ? », s'interroge RFI.
La décision de manifester ensemble représente un tournant historique dans le paysage syndical sénégalais, traditionnellement fragmenté. Le fait que « pour la première fois depuis l'indépendance, toutes les centrales syndicales du pays vont manifester ensemble » souligne la gravité avec laquelle les organisations perçoivent la situation actuelle.
Cette unité pourrait conférer aux syndicats un poids politique considérable face au gouvernement, alors que les questions sociales et économiques occupent une place centrale dans les préoccupations des Sénégalais.
Ce premier mai 2025 s'annonce donc comme un moment crucial pour le dialogue social au Sénégal et pourrait préfigurer une période de tensions accrues entre les autorités et les représentants des travailleurs si les revendications ne sont pas entendues.
AUX RACINES DE LA PAPAUTÉ
Au premier siècle de notre ère, ni Pierre ni ses successeurs immédiats ne portaient le titre de "pape". L'institution papale, telle que nous la connaissons aujourd'hui, est le fruit d'une lente construction théologique et politique
(SenePlus) - L'histoire de la papauté, cette institution millénaire au cœur du catholicisme, est bien plus complexe que ce que la tradition ne laisse souvent entendre. Comme le révèle un article du Monde des religions publié à la suite du décès du pape François, l'évolution de cette institution s'est faite sur plusieurs siècles avant d'atteindre la forme que nous lui connaissons aujourd'hui.
Si l'Annuaire pontifical du Vatican présente sobrement Saint Pierre comme ayant « reçu de Jésus-Christ le pouvoir pontifical suprême à transmettre à ses successeurs », la réalité historique apparaît bien plus nuancée. Comme le souligne l'article du Monde, « celui que Jésus a choisi pour ancrer les fondations de son Église [...] n'a en effet jamais reçu, de son vivant, le titre de 'pape' ».
Le terme « pape » lui-même – dérivé du grec « pappas » signifiant « père » – n'apparaît qu'au IIIe siècle et n'était alors pas réservé uniquement à l'évêque de Rome. « Les évêques de Carthage ou d'Alexandrie, pour ne citer qu'eux, en sont gratifiés pendant toute l'Antiquité », précise le journal. Ce n'est que progressivement que ce titre sera exclusivement attribué au successeur de Pierre.
Dans les premiers siècles du christianisme, les Églises apostoliques – celles fondées ou visitées par les apôtres – jouissaient d'une considération particulière. Parmi elles, Rome occupait une place spéciale en raison de la présence des reliques de Pierre et Paul, deux figures majeures du christianisme primitif.
Tertullien (env. 155-env. 225) louait ainsi l'Église romaine : « Heureuse Église ! Les apôtres lui ont versé toute leur doctrine avec leur sang. Pierre y subit un supplice semblable à celui du Seigneur. Paul y est couronné d'une mort semblable à celle de Jean [Baptiste] [...]. Voyons ce que Rome a appris, ce qu'elle enseigne. »
Cette aura particulière conférait à l'évêque de Rome un rôle d'arbitre dans les différends entre communautés chrétiennes. Dès 95 ou 96, l'évêque Clément de Rome s'adressait aux fidèles de Corinthe pour résoudre un conflit interne, les exhortant à obéir « aux avertissements que Dieu leur envoie à travers nous ».
Malgré ce prestige, l'autorité de l'évêque de Rome était loin de faire l'unanimité dans les premiers siècles du christianisme. Le Monde rapporte plusieurs épisodes où les initiatives papales se sont soldées par des échecs retentissants. Victor de Rome, par exemple, tenta à la fin du IIe siècle d'imposer une date commune pour la célébration de Pâques, mais face au refus de l'évêque d'Éphèse, « le Romain se croit permis d'excommunier toute l'Asie mineure, provoquant l'indignation du clergé oriental ».
De même, au IIIe siècle, lorsqu'Étienne de Rome invoqua les paroles de Jésus – « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église » – pour affirmer sa primauté dans une controverse sur le baptême, il se heurta à « une fin de non-recevoir ».
Les tensions ont culminé au IVe siècle avec la crise arienne. Jules de Rome s'indigna alors de ne pas avoir été consulté : « Ignorez-vous donc que la coutume était qu'on nous écrive d'abord, et que de là soit proclamé ensuite ce qui était juste ? [...] Ce que je vous signifie, c'est ce que nous avons reçu du bienheureux apôtre Pierre ». Ces prétentions exaspérèrent les évêques d'Orient qui se demandaient, comme Basile de Césarée (330-379) : « Quelle est l'aide que nous apportent les froncements de sourcils de l'Occident ? »
Juridiquement, durant les premiers siècles, l'évêque de Rome ne disposait d'aucun moyen pour imposer ses décisions aux autres Églises, même si son avis était souvent sollicité. Comme le conclut l'historien Karl Schatz, cité par Le Monde, « l'Église de Rome était davantage la sœur aînée que la mère ».
Ce n'est qu'au Moyen Âge que le concept de monarchie pontificale arrivera à maturité. La bénédiction papale « urbi et orbi » (« à la ville et au monde »), par exemple, ne remonte qu'au XIIIe siècle, tandis que le principe de primauté pontificale romaine ne sera défini qu'en 1439 lors du concile de Florence.
Même à cette époque tardive, les tensions persistaient : si les représentants de l'Église orthodoxe approuvèrent initialement les décisions de ce concile œcuménique, ils « se rétractèrent dès leur retour chez eux », signe des divergences profondes qui continueraient à marquer les relations entre Rome et les Églises d'Orient.
LA BATAILLE SECRÈTE POUR LE TRÔNE DE SAINT-PIERRE
Rome est devenue le théâtre d'intenses tractations cardinalices. L'héritage de Jorge Mario Bergoglio divise. "Certains dans l'Église veulent abolir François". "Il y a ceux qui sont inquiets, ceux qui ont peur, ceux qui ne l'ont pas compris..."
(SenePlus) - La date est désormais fixée : le 7 mai prochain, 133 cardinaux électeurs se réuniront sous les fresques de Michel-Ange dans la chapelle Sixtine pour désigner le successeur du pape François, décédé le 21 avril. Mais en coulisses, l'intense ballet diplomatique a déjà commencé, rapporte Le Monde dans son édition du 29 avril.
Dès l'annonce du décès du pontife argentin, les princes de l'Église ont convergé vers Rome des quatre coins du monde. Certains ont parcouru des distances considérables, à l'image de l'archevêque émérite de Wellington, John Atcherley, qui a enduré "trente heures de vol" pour rejoindre le Vatican. D'autres sont arrivés "du Timor, de Tanzanie, d'Inde, du Brésil", souligne le quotidien français.
Cette diversité géographique n'est pas anodine. Elle reflète l'un des héritages majeurs de François : un collège cardinalice "aujourd'hui plus représentatif de l'Église mondiale. Moins européenne, moins occidentale", précise Le Monde. Sur les 252 cardinaux actuels, 150 ont été nommés par le défunt pape.
Depuis le 22 avril, ces dignitaires participent aux "congrégations générales", sorte de prélude au conclave. Durant quinze jours, tous les cardinaux présents, électeurs ou non, sont invités à prendre la parole pour "réfléchir à l'avenir de l'Église catholique" et, implicitement, définir le profil de son prochain chef.
L'exercice est d'autant plus crucial que nombreux sont ceux qui découvrent les arcanes du Vatican. Si "vingt-cinq d'entre eux vivent en permanence à Rome et sont rompus aux usages et aux subtilités de la vie vaticane, la plupart, surtout parmi les nouveaux, en ignorent tout", rapporte Le Monde.
Un cardinal participant à ces réunions confie au journal qu'il lui a fallu "plusieurs jours pour identifier certains cardinaux qu'il n'avait jamais vus". Et d'ajouter : "Je suis arrivé avec l'idée que seulement une poignée de cardinaux pouvaient assumer l'immense charge de devenir pape et je me rends compte au fil des discussions qu'ils sont plus nombreux que cela."
Ces échanges, tenus dans la salle Paul VI et soumis au secret sous peine d'excommunication, sont pourtant décisifs. Car contrairement aux idées reçues, le conclave lui-même n'est pas conçu comme un espace de dialogue mais comme un moment de prière et de vote. "Toute la subtilité, pour ceux qui ont des ambitions, est de s'exprimer sans donner l'impression de se mettre en avant ou de faire campagne", note un fin connaisseur du Vatican cité par Le Monde.
C'est peu dire que l'héritage de François divise. "Certains dans l'Église veulent abolir François", affirme sans détour un cardinal au quotidien français. "Il y a ceux qui sont inquiets, ceux qui ont peur, ceux qui ne l'ont pas compris..."
Les points de friction sont nombreux, en particulier sur "les sujets de morale et de société, comme la place des femmes dans l'institution ou la bénédiction, autorisée par François, des couples homosexuels". S'y ajoutent la question de la "synodalité" – cette recherche d'une Église "plus inclusive et moins sujette au cléricalisme" – et l'accord controversé signé en 2018 avec la Chine sur la nomination des évêques.
Ces désaccords cristallisent un affrontement plus profond entre "deux conceptions de l'Église", analyse Le Monde. D'un côté, une vision "ouverte sur le monde, persuadée que l'adaptation aux changements est la seule façon de garder une Église vivante, en phase avec ses fidèles". De l'autre, une approche plus traditionnelle, "convaincue que les catholiques tiennent à la tradition et ont besoin de repères multiséculaires", estimant qu'il faut "demeurer hermétiques aux incessants mouvements du monde".
Un participant aux premiers échanges décrit au Monde une "ambiance parfois lourde" : "Certains parmi les conservateurs se sont déjà exprimés et on les sent mieux préparés et organisés. Mais les discussions sont devenues plus ouvertes quand ceux qui ne vivent pas à Rome ont commencé à affluer, car ils parlent plus librement, ils disent ce qu'ils pensent et ne sont pas dans la tactique."
Pour l'emporter, un candidat doit recueillir les deux tiers des voix, ce qui favorise les profils de compromis. Selon Le Monde, les conservateurs pourraient se rallier au cardinal Pietro Parolin, actuel Secrétaire d'État du Vatican. Sans être classé parmi les conservateurs, il "s'est distancié de François sur certains sujets, comme la Chine, et incarne une forme d'apaisement, après un pontificat qui a bousculé la curie et l'Église dans son ensemble".
Autre nom cité : le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche de Jérusalem, qui a gagné en stature par "sa gestion des rapports entre communautés depuis l'attaque terroriste du 7 octobre 2023 en Israël et la guerre qui s'est ensuivie à Gaza". Son âge – 60 ans – pourrait toutefois jouer contre lui.
Dans le camp progressiste, le cardinal maltais Mario Grech, chargé du synode voulu par François pour transformer l'Église, fait figure de favori. L'archevêque de Marseille, Jean-Marc Aveline, et l'Américain Robert Francis Prevost sont également évoqués comme "de potentielles figures de compromis", même si le Français a pour handicap de ne pas parler l'italien.
La difficulté d'anticiper l'issue du conclave tient aussi à l'inconnue que représentent de nombreux cardinaux nommés par François. Beaucoup l'ont été parce qu'ils venaient des "périphéries" ou pour leurs "qualités pastorales", et sont difficilement "classables".
Au-delà des divisions idéologiques, la personnalité du futur pape sera déterminante. François a "profondément modifié l'image de l'Église" par sa simplicité et son humilité. S'il est difficile d'imaginer un retour complet au passé, avec "un profil de pur théologien comme l'était Benoît XVI", les avis convergent vers certaines qualités essentielles.
Il faut "un pasteur et non un technocrate", répètent plusieurs cardinaux. L'un d'eux affine ce portrait-robot idéal : "Une personnalité qui comprend le monde d'aujourd'hui mais qui a des racines profondes dans son peuple ainsi qu'une foi communicative et, bien sûr, une vision géopolitique du monde."
L'Église catholique se trouve donc à un moment charnière de son histoire. Le choix qui sera fait le 7 mai prochain déterminera si elle poursuit sa lente ouverture au monde contemporain ou si elle privilégie un retour à une tradition plus affirmée. Une décision qui engagera l'avenir de ses 1,3 milliard de fidèles dans le monde.