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10 septembre 2025
par Abdourahmane Ba
LE CAS DE LA DÎME SALARIALE DU PASTEF
L'instauration par le parti d'une contribution obligatoire de 10% imposée aux ministres et hauts fonctionnaires soulève des questions sur la neutralité administrative. L'administration est transformée en instrument de captation des ressources d'État
Clientélisme partisan et crise de la gouvernance publique au Sénégal
L’instauration par le parti Pastef d’une contribution salariale obligatoire de 10 % au profit de son organisation, imposée aux ministres et hauts fonctionnaires affiliés, soulève des interrogations fondamentales sur l’avenir de la neutralité administrative, la déontologie de la gouvernance publique et les mutations contemporaines du clientélisme en Afrique francophone. Si cette mesure est présentée comme un mécanisme vertueux d’auto-financement partisan, elle engage en réalité des implications profondes sur les plans institutionnel, juridique, éthique et politologique.
Le phénomène s’inscrit dans une logique typique de clientélisme politique, redéfini non comme un simple échange de faveurs électorales, mais comme un système organique d’obligations mutuelles entre un parti au pouvoir et les agents placés sous sa tutelle. La littérature sur le néo-patrimonialisme en Afrique subsaharienne, notamment les travaux de Bratton, van de Walle et Médard, permet de situer cette pratique comme un prolongement d’un État faiblement institutionnalisé, où l’accès aux ressources publiques reste conditionné par l’allégeance politique. Le prélèvement de 10 % sur les salaires publics introduit une logique de réciprocité financière qui structure le champ politico-administratif en réseau de dépendances.
D’un point de vue historique et comparatif, ce système renoue avec les pratiques du spoils system américain du XIXe siècle, dans lequel les fonctionnaires nommés par le parti au pouvoir versaient une partie de leur rémunération à l’appareil partisan. Cette méthode, abolie par la réforme de la fonction publique aux États-Unis en 1883 (Pendleton Act), fut condamnée comme une forme d’appropriation privative de l’État. La pratique du Pastef, bien qu’inscrite dans un contexte démocratique pluraliste, en reproduit les dynamiques centrales : accès aux positions publiques par canal partisan, maintien en poste conditionné à la loyauté financière, et confusion des sphères publique et partisane.
L’examen éthique de cette pratique révèle une distorsion fondamentale du principe de probité administrative. En exigeant une redevance politique sur une rémunération publique, le dispositif alimente une tension entre la vocation universelle du service public et les exigences d’un militantisme de fidélité. La neutralité, la réserve et l’impartialité, principes cardinaux de l’éthique administrative dans les régimes républicains, se trouvent affaiblis par cette contractualisation implicite du lien hiérarchique, qui devient aussi financier. Ce brouillage ouvre la voie à des conflits d’intérêts structurels, notamment lorsque les décisions administratives touchent à la redistribution de ressources, aux recrutements ou à la passation de marchés.
Sur le plan juridique, la légalité formelle du dispositif peut être reconnue dans le cadre de la loi sénégalaise de 1981 sur les partis politiques, qui autorise le financement par cotisations des membres. Toutefois, cette légalité ne suffit pas à lui conférer une légitimité républicaine. Aucun texte ne définit les modalités encadrant les prélèvements internes, ni ne prévoit de plafonnement ou d’instances de contrôle indépendantes. Ce flou juridique génère une zone d’ambiguïté où le consentement des agents est difficilement vérifiable, et où la liberté d’adhésion se mue en obligation tactique pour la préservation de carrière.
Le statut général de la fonction publique, bien qu’octroyant une liberté d’opinion aux agents de l’État, impose aussi un devoir de neutralité et de service exclusif de l’intérêt général. En réalité, les postes dits « à la discrétion du gouvernement » sont devenus les vecteurs privilégiés de la politisation de l’administration. La contribution salariale obligatoire renforce cette politisation en rendant matériellement visibles les appartenances partisanes au sein même de l’appareil d’État. Elle introduit un critère financier dans le processus de sélection, de maintien ou de limogeage des hauts fonctionnaires et fragilise l’égalité d’accès et la transparence.
La pratique du Pastef participe également d’une mutation de la gouvernance publique vers une logique de captation des ressources. Selon la théorie de la capture institutionnelle, un acteur politique structure les dispositifs publics pour servir ses intérêts propres, tout en respectant formellement le cadre légal. Le financement du parti par les appointements issus du budget de l’État incarne un tel phénomène : le parti ne détourne pas directement les fonds publics, mais les capte en instaurant une redevabilité financière à partir des ressources publiques salariales, ce qui brouille ainsi la finalité du service rendu.
À l’échelle internationale, les exemples sud-africains (EFF, ANC) et kényans montrent que la dîme partisane existe, mais qu’elle est de plus en plus encadrée et contestée. Là où les prélèvements restent symboliques et volontairement consentis, ils sont perçus comme légitimes. En revanche, dès que l’exigence devient systématique, proportionnelle au revenu et liée au maintien en poste, elle dérive vers une logique coercitive. L’absence de financement public régulier des partis politiques, comme au Sénégal, accentue cette dépendance aux contributions internes, mais ne peut justifier leur caractère obligatoire sans déroger aux normes démocratiques de séparation des pouvoirs.
Sur le plan de la gouvernance démocratique, la confusion entre administration et parti affaiblit la confiance des citoyens dans la neutralité de l’État. Le principe d’impartialité, qui fonde la légitimité des politiques publiques, est compromis lorsque les agents perçoivent leur fonction comme dépendante d’un flux financier vers le parti. Cette perception crée un déséquilibre dans la chaîne de responsabilité : l’agent n’est plus redevable uniquement devant la loi ou la hiérarchie administrative, mais aussi devant une organisation politique qui s’institutionnalise comme organe de redistribution parallèle.
Le risque systémique est celui d’une transformation de l’administration en bras armé du parti, sur le modèle des régimes de parti unique, où les nominations, les promotions et les décisions stratégiques dépendent de la proximité idéologique et financière avec l’appareil partisan. La contribution imposée de 10 % agit ici comme un filtre de loyauté, produit une auto-sélection des agents alignés et élimine progressivement toute forme de pluralisme institutionnel. Cette logique, si elle perdure, transforme la République en une démocratie de façade qui masque un parti-État.
La justification avancée – refus du financement illicite et volonté de transparence – ne résiste pas à l’analyse si la pratique s’opère en l’absence de contrôle externe et de traçabilité. Une transparence réelle supposerait que les montants collectés soient publiés, auditables, et leur usage traçable dans les comptes certifiés du parti. Sans ces garde-fous, le système contribue à opacifier la gestion des ressources partisanes tout en créant un précédent délétère pour la qualité de la démocratie sénégalaise.
Il est donc urgent de doter le Sénégal d’un cadre légal robuste sur le financement politique. Ce cadre devrait garantir un financement public minimal pour réduire la dépendance aux contributions internes, fixer des plafonds raisonnables, interdire les prélèvements obligatoires liés à l’exercice d’une fonction publique, et créer une autorité indépendante de contrôle. Sans cela, la tentation de monétiser les postes publics persistera, avec un impact durable sur l’équité et la performance institutionnelle.
Sur le plan théorique, cette situation confirme l’actualité du concept de "démocratie capturée", où la domination électorale ne débouche pas sur une consolidation de l’État de droit, mais sur une instrumentalisation des institutions à des fins partisanes. Ce type de régulation par le bas (via les membres du parti) plutôt que par le haut (via le droit et la Constitution) révèle un déplacement inquiétant du centre de gravité normatif, où la règle interne supplante la norme républicaine.
En conclusion, la contribution salariale obligatoire imposée par le Pastef, bien que juridiquement admissible, constitue une rupture profonde avec les principes d’impartialité, de transparence et de mérite qui fondent toute administration républicaine. En transférant laa logique de fidélité du champ électoral au champ administratif, elle alimente une dynamique de politisation structurelle, affaiblit la crédibilité de l’État et altère la confiance publique. Une réforme législative s’impose, non pour sanctionner un parti, mais pour préserver l’État contre les dérives partisanes, en consolidant une gouvernance fondée sur la compétence, l’équité et l’éthique.
Dr. Abdourahmane Ba est expert en Développement International, politiques publiques, management et suivi et évaluation.
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GUINÉE : LA CHAPE DE PLOMB DU GÉNÉRAL
Quatre ans après le coup d’État sanglant qui mit fin au troisième mandat contesté d’Alpha Condé, le général Doumbouya ne suscite plus l’enthousiasme. Les promesses faites au lendemain de la prise de pouvoir sont restées lettre morte
Présenté en 2021 comme un libérateur face à la dérive d’Alpha Condé, Mamady Doumbouya dirige aujourd’hui la Guinée dans un climat de répression, de censure et d’opacité. Le journaliste Pépé Guilavogui, exilé à Dakar, alerte sur une transition devenue autoritaire, et appelle les militaires à retrouver le chemin des promesses faites au peuple.
Le 5 septembre 2021, la Guinée basculait dans une nouvelle ère. En déposant Alpha Condé, alors au pouvoir depuis 2010, le colonel Mamady Doumbouya, ancien chef des forces spéciales, mettait fin à un troisième mandat controversé, obtenu au prix d’un changement constitutionnel et d’une répression violente. L’image du colonel, drapé dans son uniforme rouge, jurant de « rendre le pouvoir au peuple » et de « refonder l’État », avait suscité un immense espoir au sein d’une population épuisée par l’autoritarisme et les injustices.
Mais quatre ans plus tard, ce rêve s’est mué en désillusion. La transition promise s’est progressivement transformée en une prise de pouvoir durable, marquée par un climat de peur, de répression et de désenchantement. Le journaliste guinéen Pépé Guilavogui, aujourd’hui en exil à Dakar, en est le témoin critique et engagé.
Dans un entretien exclusif accordé à SenePlus, ce diplômé du CESTI dépeint une Guinée muselée, où les libertés fondamentales sont constamment bafouées. Depuis la capitale sénégalaise, il utilise désormais sa voix et sa plume comme armes pacifiques. À travers un clip-remix au ton engagé, il s’adresse directement aux militaires au pouvoir, leur rappelant les promesses non tenues et plaidant pour le respect des droits humains. Ce projet musical, à la fois plaidoyer pour les victimes de la répression et cri d’alarme, témoigne de la profondeur de la crise que traverse la Guinée.
La déception est d’autant plus grande que le discours de rupture initial porté par Doumbouya semblait sincère. Il s’était engagé à instaurer une gouvernance éthique, à organiser des élections dans un délai raisonnable, et à rompre avec les pratiques honnis de son prédécesseur : corruption, népotisme, violence politique. Mais très vite, ces promesses ont été reléguées au second plan.
Aujourd’hui, le général Doumbouya, désormais président autoproclamé, gouverne sans véritable contre-pouvoir. Les institutions sont affaiblies, les médias critiques fermés ou censurés, et les voix dissidentes, traquées ou réduites au silence. La répression est systématique : manifestations interdites, journalistes arrêtés ou portés disparus, opposants emprisonnés ou contraints à l’exil. La société civile est mise sous surveillance, et les partis politiques n’ont plus d’espace d’expression libre.
Le régime s’enlise également dans une gestion opaque et clientéliste du pouvoir. Le clanisme et la corruption, que Doumbouya dénonçait avec véhémence en 2021, semblent aujourd’hui institutionnalisés. L’administration publique est dominée par des proches du pouvoir, et les décisions stratégiques se prennent dans l’opacité la plus totale.
Quant aux élections tant promises, elles ont disparu du discours officiel. Aucun calendrier crédible n’est présenté, et les rares voix qui en réclament la tenue sont systématiquement disqualifiées. L’espoir d’un retour à l’ordre constitutionnel semble chaque jour plus lointain.
Le cas de la Guinée illustre, une fois de plus, le piège des transitions militaires en Afrique de l’Ouest. Derrière des discours séduisants de rupture et de refondation, ces régimes finissent souvent par perpétuer, voire aggraver, les pratiques autoritaires qu’ils prétendaient combattre. Et ce sont toujours les citoyens ordinaires - journalistes, activistes, opposants, et simples manifestants - qui en paient le prix fort.
En portant sa voix depuis l’exil, Pépé Guilavogui rappelle que la vigilance démocratique ne s’exile pas. Il incarne cette génération de journalistes africains qui refusent de se taire, même face à la répression. Et son message résonne comme un appel à ne pas renoncer, à continuer de dénoncer, et à exiger que les promesses faites au nom du peuple guinéen soient enfin tenues.
LA SOCIÉTÉ CIVILE FORMÉE SUR LES RISQUES DU MÉTHANE
Face aux enjeux environnementaux liés à l’exploitation pétrolière et gazière, des représentants de la société civile ont été formés à mobiliser les outils nécessaires pour défendre les intérêts des communautés.
Des acteurs de la société civile sénégalaise ont été outillés, lors d’un atelier de deux jours, pour influencer de manière constructive les politiques et pratiques qui encadrent la gestion des émissions de méthane, a constaté l’APS.
‘’L’objectif général de cet atelier est de renforcer les acteurs de la société civile sénégalaise en connaissance et outils leur permettant d’influencer de manière constructive les politiques et pratiques qui encadrent la gestion des émissions de méthane’’, a déclaré la responsable de l’Institut national de gouvernance des ressources (NRGI), Aïda Diop.
S’exprimant à la clôture de cet atelier ouvert mardi, elle a rappelé que les opérations pétrolières et gazières s’accompagnent de défis liés à l’aspect environnemental, notamment les émissions de gaz à effet de serre, particulièrement le méthane, qui est 26 à 80 fois plus puissant que le gaz carbonique ou CO2 en termes d’émission.
Elle a ainsi estimé qu’à l’approche de la révision de la Contribution déterminée au niveau national (CDN) et dans le contexte du nouveau décret d’application du Code de l’Environnement, il est crucial que la société civile s’implique activement dans les débats nationaux.
‘’Elle doit mettre en œuvre un plan de plaidoyer structuré en veillant à ce que les mécanismes de gouvernance prévoient des incitations et des sanctions efficaces, afin d’assurer la conformité des entreprises et le respect des objectifs du pays en matière de réduction des émissions’’.
La responsable de NRGI estime que dans un contexte de production pétrolière et gazière, le Sénégal doit faire face aux risques d’émissions de méthane, il qu’il est important d’outiller la société civile.
‘’La société civile joue un rôle clé en veillant à l’amélioration et à l’application des réglementations environnementales, en soutenant les communautés pour anticiper les risques économiques, environnementaux et sociaux’’, a-t-elle rappelé.
Aïda Diop a en outre indiqué qu’en dépit des initiatives du gouvernement sénégalais, il reste beaucoup à faire, notamment dans le cadre juridique réglementaire, notant qu’il n’existe pas ‘’de réglementation spécifique liée aux émissions de méthane”
La secrétaire adjointe du conseil local de la pêche artisanale de Saint-Louis, par ailleurs, transformatrice de produits halieutiques, Fama Sarr, s’est réjouie de la tenue de cet atelier de formation, soulignant son ”importance capitale”.
Pour elle, l’atelier permet aux communautés de base ‘’d’amener les multinationales à respecter les règlements et lois du Sénégal’’ en matière énergétique, environnementale et halieutique.
Fama Sarr a ainsi souhaité une implication totale des communautés en réclamant la traduction simplifiée d’un guide pour faciliter le partage de l’information.
Le représentant des communautés de Sangomar, Mamadou Diouf, a souligné que cet atelier vient à son heure, parce que jusque-là, les populations ne savent absolument rien de cette nouvelle situation d’exploitation des hydrocarbures.
‘’Nous avons vraiment suivi, à travers cet atelier, ce qui est en train de se faire au niveau de l’Etat pour que les lois et règlements soient mis aux normes pour aider les populations à bénéficier des effets des changements’’.
Mamadou Diouf a en ce sens promis de mener le plaidoyer pour que le Sénégal prenne en compte la question des émissions de gaz à effet de serre.
MORT DE NGŨGĨ WA THIONG'O
L'écrivain kényan est décédé mercredi à 87 ans. Cet homme qui a consacré six décennies à documenter la transformation de l'Afrique et à défendre l'écriture en langues africaines laisse derrière lui une œuvre monumentale
(SenePlus) - L'écrivain kenyan Ngũgĩ wa Thiong'o, figure emblématique de la littérature africaine moderne, est décédé à l'âge de 87 ans, a annoncé la BBC mercredi. Cet homme qui a consacré sa vie à documenter la transformation de son pays natal et à défendre l'écriture en langues africaines laisse derrière lui une œuvre monumentale de six décennies.
Né James Thiong'o Ngũgĩ en 1938 sous la domination coloniale britannique, l'auteur a grandi à Limuru dans une famille nombreuse d'ouvriers agricoles aux revenus modestes. Ses parents "ont économisé sou par sou pour payer ses frais de scolarité à Alliance, un internat dirigé par des missionnaires britanniques", rapporte la BBC.
L'enfance de Ngũgĩ sera marquée par les violences de la répression coloniale. Dans une interview citée par la BBC, "Ngũgĩ se souvenait être rentré chez lui depuis Alliance à la fin du trimestre pour découvrir que son village entier avait été rasé par les autorités coloniales." Sa famille fut parmi "les centaines de milliers contraintes de vivre dans des camps de détention pendant la répression du mouvement Mau Mau", ces combattants de l'indépendance.
Le traumatisme le plus profond survient lorsque son frère Gitogo est "abattu dans le dos par balle pour avoir refusé d'obéir à l'ordre d'un soldat britannique. Gitogo n'avait pas entendu l'ordre car il était sourd", relate la BBC.
En 1959, Ngũgĩ quitte le Kenya pour étudier à l'université Makerere en Ouganda, "qui reste l'une des universités les plus prestigieuses d'Afrique". C'est là que sa carrière littéraire prend son envol. Lors d'une conférence d'écrivains, il partage le manuscrit de son premier roman avec l'auteur nigérian respecté Chinua Achebe.
"Achebe a transmis le manuscrit à son éditeur au Royaume-Uni et le livre, intitulé Weep Not, Child, est sorti avec les éloges de la critique en 1964. C'était le premier grand roman en langue anglaise écrit par un Est-Africain", précise la BBC.
Le succès est immédiat. Ngũgĩ enchaîne avec deux autres romans populaires, A Grain of Wheat et The River Between. En 1972, le Times britannique déclarait que "Ngũgĩ, alors âgé de 33 ans, était accepté comme l'un des écrivains contemporains exceptionnels d'Afrique".
Le tournant de 1977 : rupture et engagement
L'année 1977 marque une transformation radicale. Ngũgĩ abandonne son nom de naissance James pour devenir "Ngũgĩ wa Thiong'o" et "abandonne sa langue de naissance coloniale". Il "abandonne aussi l'anglais comme langue principale de sa littérature et fait le vœu de n'écrire qu'en kikuyu, sa langue maternelle", explique la BBC.
Son dernier roman en anglais, Petals of Blood, publié cette année-là, marque également une radicalisation politique. Contrairement à ses précédents livres critiquant l'État colonial, ce roman "attaquait les nouveaux dirigeants du Kenya indépendant, les dépeignant comme une classe d'élite qui avait trahi les Kenyans ordinaires".
La même année, il co-écrit la pièce Ngaahika Ndeenda (I Will Marry When I Want), "un regard incisif sur la lutte des classes au Kenya". La réaction du gouvernement est brutale : "Sa représentation théâtrale fut fermée par le gouvernement du président Jomo Kenyatta et Ngũgĩ fut enfermé dans une prison de haute sécurité pendant un an sans procès."
Cette incarcération devient paradoxalement fructueuse. "Ngũgĩ écrit son premier roman en kikuyu, Devil on the Cross, en prison. On dit qu'il a utilisé du papier toilette pour écrire tout le livre, car il n'avait pas accès à un carnet", relate la BBC.
Libéré après l'accession au pouvoir de Daniel arap Moi, Ngũgĩ apprend quatre ans plus tard, "alors qu'il était à Londres pour le lancement d'un livre, qu'il y avait un complot pour le tuer à son retour au Kenya."
S'ensuit un exil de 22 ans aux États-Unis et au Royaume-Uni. Son retour au Kenya en 2004 tourne au drame : "des assaillants ont fait irruption dans l'appartement de Ngũgĩ, attaquant brutalement l'auteur et violant sa femme." Ngũgĩ a qualifié cette agression de "politique", selon la BBC.
Champion des langues africaines
En exil, Ngũgĩ devient "l'un des principaux défenseurs de la littérature écrite en langues africaines" face à la domination de l'anglais et du français. Dans son essai emblématique Decolonising the Mind, il pose cette question provocante : "Quelle est la différence entre un politicien qui dit que l'Afrique ne peut se passer de l'impérialisme et l'écrivain qui dit que l'Afrique ne peut se passer des langues européennes ?"
Cette position lui vaut même une brouille avec Chinua Achebe, celui-là même qui avait lancé sa carrière. "Ngũgĩ critique Chinua Achebe - l'auteur qui avait aidé à lancer sa carrière - pour avoir écrit en anglais. Leur amitié s'aigrit en conséquence", rapporte la BBC.
Au-delà de sa carrière littéraire, Ngũgĩ a connu de nombreuses épreuves personnelles. Marié et divorcé deux fois, père de neuf enfants dont quatre sont auteurs publiés, il plaisantait en 2020 : "Ma propre famille est devenue l'un de mes rivaux littéraires."
Des accusations de violence domestique ont également été portées par son fils Mukoma wa Ngũgĩ, qui a écrit sur les réseaux sociaux : "Certains de mes premiers souvenirs sont moi allant rendre visite à ma mère chez ma grand-mère où elle cherchait refuge", selon la BBC. Ngũgĩ wa Thiong'o n'a pas répondu à ces allégations.
Sa santé s'est détériorée ces dernières années. Diagnostiqué d'un cancer de la prostate en 1995 avec "trois mois à vivre", il s'est rétabli. Il a subi "une triple opération de pontage cardiaque en 2019 et a commencé à lutter contre une insuffisance rénale."
Malgré de multiples nominations, le prix Nobel de littérature lui a toujours échappé, "laissant ses admirateurs consternés à chaque fois que la médaille lui glissait entre les doigts", note la BBC.
Comme l'avait dit l'écrivaine nigériane Chimamanda Ngozi Adichie, Ngũgĩ était "l'une des lumières directrices de la littérature africaine". Sa disparition laisse "le monde des mots un peu plus sombre", conclut la BBC.
LE GHANA RECADRE TRUMP
"Une insulte à tous les Africains" : c'est ainsi que le président ghanéen John Mahama qualifie les accusations de Trump contre Ramaphosa. Dans une tribune cinglante, Il rappelle les persécutions subies par les Sud-Africains noirs pendant l'apartheid
(SenePlus) - Le président ghanéen John Dramani Mahama monte au créneau pour défendre son homologue sud-africain Cyril Ramaphosa, après les accusations non fondées de Donald Trump concernant un prétendu "génocide blanc" en Afrique du Sud. Dans une tribune publiée mercredi dans The Guardian, le dirigeant ghanéen dénonce une "insulte à tous les Africains" et replace ces attaques dans le contexte historique de la colonisation et de l'apartheid.
Selon Mahama, la rencontre à la Maison Blanche entre Trump et Ramaphosa portait "au fond, sur la préservation de vérités historiques essentielles". Le président ghanéen souligne que "les affirmations du président américain concernant un génocide blanc entrent en conflit avec les persécutions raciales et massacres réels qui ont eu lieu pendant les deux siècles de colonisation et près de 50 ans d'apartheid en Afrique du Sud", rapporte The Guardian.
Pour étayer son propos, Mahama cite l'écrivain kenyan Ngũgĩ wa Thiong'o : "La conquête par le langage, contrairement à la forme militaire où le vainqueur doit soumettre directement toute la population, est moins chère et plus efficace." Il dénonce ainsi l'utilisation du langage comme prolongement des injustices passées contre les peuples africains indigènes.
Le dirigeant ghanéen rappelle les liens indéfectibles entre nations africaines face aux injustices. Évoquant l'indépendance du Ghana en 1957, il cite le premier Premier ministre Kwame Nkrumah : "Notre indépendance n'a de sens que si elle est liée à la libération totale de l'Afrique."
Cette solidarité s'est particulièrement manifestée lors du massacre de Sharpeville en 1960, qui a fait "69 morts et plus de 100 blessés". Mahama témoigne : "Au Ghana, à des milliers de kilomètres, nous avons manifesté, protesté, offert refuge et protection. Une solidarité similaire existait dans les nations souveraines à travers le continent."
Trump "refuse d'écouter" selon Mahama
Le président ghanéen évoque également l'impact personnel du soulèvement de Soweto en juin 1976, quand il avait 17 ans : "La photo désormais iconique d'un jeune homme, Mbuyisa Makhubo, portant le corps inerte de Hector Pieterson, 12 ans, qui venait d'être abattu par la police, m'a hanté pendant des années."
Mahama pointe les inégalités persistantes en Afrique du Sud post-apartheid. Selon The Guardian, il rappelle que "malgré leur représentation de moins de 10% de la population, les Sud-Africains blancs contrôlent plus de 70% de la richesse nationale."
Il mentionne l'existence actuelle de communautés séparatistes comme Kleinfontein et Orania, cette dernière ayant "ses propres écoles enseignant uniquement l'afrikaans, sa propre chambre de commerce, ainsi que sa propre monnaie, l'ora, utilisée strictement à l'intérieur de ses frontières."
Le président ghanéen décrit comment "Ramaphosa a été pris au dépourvu par Trump avec ces accusations non fondées et l'exposition d'images déformées - dans une image, des photos d'enterrements provenaient en réalité du Congo." Il précise que "Trump a refusé d'écouter alors que Ramaphosa insistait sur le fait que son gouvernement n'avait aucune politique officielle de discrimination."
Citant l'archevêque Desmond Tutu, Mahama conclut : "Si vous voulez détruire un peuple, vous détruisez sa mémoire, vous détruisez son histoire." Mais il rappelle que "la mémoire est longue. Elle coule dans les veines de nos enfants et de leurs enfants."
Pour le dirigeant ghanéen, tant que ces histoires continueront d'être racontées "à la maison, à l'église, chez le coiffeur, dans les écoles, dans la littérature, la musique et à l'écran, alors nous, fils et filles d'Afrique, continuerons de savoir ce que nous avons survécu et qui nous sommes."
Face aux "vraies crises" mondiales - réfugiés refoulés, aide internationale suspendue, génocides en cours -, Mahama appelle à se concentrer sur les défis réels plutôt que sur des accusations sans fondement qui détournent l'attention des véritables injustices contemporaines.
PAR Mouhamadou Moustapha Dieye
ATTENTION AU BILAN REDDITION DES COMPTES
EXCLUSIF SENEPLUS - Au rythme où vont les choses, la justice sera certainement un élément clé pour convaincre l'électorat sénégalais d'accorder son onction à Seriñ Ngundu et Koromak pour un second quinquennat
L'accession de Seriñ Ngundu à la magistrature suprême est arrivée dans un contexte marqué par plusieurs années de tensions politico-judiciaires qui ont accouché de graves violations des droits de l'homme, de pertes en vies humaines et de dégâts matériels importants qui ont rendu le climat économique et social de Ndoumbélane incertain. 54% de l'électorat sénégalais a amorcé une volonté de changement historique en élisant dès le premier tour, et pour la première fois, un candidat issu de l'opposition.
Parmi les revendications de cet électorat figurait une doléance substantielle. Celle d’amener la justice à faire la lumière sur tous ces événements qui ont secoué la république et la nation et sur la licéité des avoirs de tous ces barons et collaborateurs du Watchacha qui paraissaient trop nombreux pour être propres. Naturellement, le gros morceau de l'actualité, en dehors des "ruines", est tenu par la justice. Notamment le parquet judiciaire financier qui en est la star, l'Assemblée nationale et récemment, la Haute cour de justice. Sur ce quinquennat du duo Ngundu moy Koromak, il est inutile de dire que la matière judiciaire a déjà un important coefficient et pèsera en toute logique sur l’échéance présidentielle de 2029.
Où en sommes-nous ?
Sur les exigences de l’opinion par rapport aux évènements qui se sont déroulés entre 2021 et 2024, la législature Pastef a été prise de court par l’enquiquineur TAS et s’est retrouvée obligée de réagir avec une loi interprétative handicapée dont l’infirmité sera relevée par le Conseil Constitutionnel. Les copains à Amadou Ba sont désormais pris entre le marteau du principe de la non rétroactivité de la loi pénale plus sévère qui couvre les faits amnistiés par la loi portant amnistie de 2024 et l’enclume de la preuve de l’existence de crimes au sens du droit international dans la période ciblée. La question est devenue tellement embarrassante que l’on ne l’évoque presque plus, on préfère convoquer la reddition des comptes. Et sur cette question, c’est un balai de DAGES, d’hommes d’affaires, et de barons politiques qui s’opère devant le PJF et la Haute cour de justice. Des milliards sont consignés et des mandats de dépôts décernés. Pour les autorités politiques et judiciaires, le plus important, c’est que les deniers publics réputés dévoyés retrouvent leur chemin normal vers la réalisation du mieux vivre et du mieux-être du ndoumbélanien. Une entreprise que l’électorat ne manquera certainement pas de juger en 2029.
Quelles conséquences politiques ?
Au rythme où vont les choses, la justice sera certainement un élément clé pour convaincre l'électorat sénégalais d'accorder son onction à Seriñ Ngundu et Koromak pour un second quinquennat. L'un des grands pièges de la conquête du pouvoir, c'est la tentation de la promesse. Et des promesses, il y en a eu et beaucoup. Des individus ont été déclarés coupables par les politiques bien avant d'avoir eu affaire à la justice. Que ce soit pour les évènements qui ont occasionné le vote de la loi portant amnistie de 2024 ou pour les deniers publics réputés détournés. Si la justice confirme les politiques, ce sera un double gain pour Pastef qui gagnera en crédibilité et effacera du tableau politique bon nombre d’opposants encombrants.
Par contre, si les réputés coupables sont blanchis par dame justice, ce sera une belle dose de discrédit pour l’attelage Ngundu moy Koromak et un regain certain d’aura pour l’opposition qui aura toute la latitude d’user et d’abuser du joker de l’immaculé opposant persécuté. Il reste un peu plus de trois ans d'évaluations et de chemin à faire. Goorgoorlu observe et attend ce dont accouchera le quinquennat du duo pour lui renouveler ou non, son onction. En attendant, le président et son premier ministre qui trouve qu’il n’y a pas de problème dans le système politique, dialoguent du système politique au CICAD. Les ‘‘résidus d’opposants’’ convaincus y sont allés et le reste, contre-dialogue ailleurs.
Son absence "volontaire" des matches contre l'Irlande et l'Angleterre, sans justification claire, ouvre la boîte de Pandore des spéculations : boycott déguisé, retraite programmée ou simple pause après les polémiques récentes ?
L’ombre de Sadio Mané a plané hier lors de la publication de la liste de Pape Thiaw pour les matches amicaux de juin, contre Irlande et Angleterre. Normal que l’absence du meilleur joueur sénégalais de tous les temps capte l’attention et fait débat. Mais si les questions de nos confrères ont fusé par rapport à une telle absence, c’est surtout sur les raisons avancées par Sadio Mané pour zapper la sélection. Pape Thiaw parle en effet de «décision personnelle».
En fait, si on lit entre les lignes les propos du coach – visiblement agacé par le timing choisi par «SM10» pour annoncer son forfait – ni une blessure, ni un problème extra-sportif n’ont été avancés comme explication.
D’où des questions qui reviennent au galop : est-ce une forme de «bouderie calculée», après une pluie de critiques suite à ses prestations très moyennes lors des dernières sorties des Lions ? Une manière de prendre du recul et voir comment l’équipe va se comporter sans lui. Ou bien Sadio Mané pense-t-il déjà à sa retraite internationale, à 33 ans ?
L’autre question est liée aux conséquences de ces critiques que l’enfant de Bambali n’a pas du tout appréciées, pour les avoir déplorées publiquement et qui pourraient être la vraie cause de ce «boycott» qui ne dit pas son nom. En attendant les «vraies» raisons de ce forfait, les questions, spéculations et rumeurs fusent de partout.
SAINT-LOUIS REPLONGE DANS SES BELLES SONORITÉS
Tradition vieille de 33 ans, le Festival international de jazz de Saint-Louis ouvre ses portes avec une programmation de rêve. Hôtels complets, ambiance festive : la cité historique sénégalaise s'apprête à vibrer au rythme des plus grands noms du jazz
Du 28 mai au 1er juin, la ville de Saint-Louis sera à nouveau le carrefour du jazz sénégalais, africain et même mondial, avec l’organisation de la 33ème édition de son Festival international de jazz. La vieille ville, déjà dans ses habits de fête et fin prête, accueillera pendant cette période les amoureux du jazz de toutes les générations. Venus des quatre coins du monde, les férus de jazz y séjourneront plusieurs jours pour assister à la dizaine de concerts programmés à la Place Baya Ndar.
Saint-Louis s’apprête à sacrifier à une tradition vieille désormais de 33 ans, avec les premières notes de jazz attendues ce soir à la mythique Place Baya Ndar, lieu de tous les rendez-vous pour des milliers de festivaliers. Le branle-bas et l’ambiance festive, constatés surtout dans l’île où tous les réceptifs hôteliers ont déjà affiché le plein, laissent croire que la fête sera encore plus belle cette année.
Une programmation musicale alléchante
A l’image des dernières éditions toutes couronnées de succès, les responsables de la programmation de Saint-Louis Jazz international ont encore mis les petits plats dans les grands pour offrir au public un festival de rêve. Pour ouvrir en beauté et certainement marquer pour de bon les esprits, ils ont concocté une belle affiche à l’ouverture avec respectivement Saiko Nata et The Metz Fondation. Saiko Nata, qui sera une découverte sur la scène de Saint-Louis, est avant tout la rencontre plusieurs artistes qui ont décidé de ne faire qu’un. Une union matérialisée par la fondation du groupe qui se dote d’un nom symbolique et audacieux qui désigne, en langue mandingue, une vision nouvelle. Hélène Niddam (piano), Cheikh Yancouba Diébaté (kora), Fallou N’Diaye (calebasse) et Hichem Takaoute (basse) sont attendus sur scène pour une relecture et une réécriture musicales, sonores et rythmiques de grands morceaux de la musique classique, avec sans doute une intégration de l’univers africain pour une fusion inédite.
En deuxième partie, The Metz Foundation prendra le relais pour terminer la soirée dans une ambiance sûrement électrique. Le groupe fondé seulement en 2022 se fait reconnaître par son identité sonore électrique et énergétique. Le trio propose une musique incitant à la danse tout en mélangeant des sonorités brutes et bien rythmées avec des effets électroniques, le tout servi par un répertoire original et varié. Pour le jour 2, Saint-Louis Jazz propose au public Rosa Brunello, une bassiste et compositrice italienne connue pour sa polyvalence qui fait le lien entre l’improvisation libre, le rock électrique, le dub et les influences sud-américaines. Passionnée par le mélange de sons acoustiques et électroniques, elle transcende les frontières entre les genres, incarnant sa devise «musique sans frontières». Ses nombreuses années d’études et de représentations à Berlin, Paris et Amsterdam, et ses nombreuses tournées à travers le monde, mais aussi ses remarquables prestations au Canada, en Egypte et en Europe font d’elle une valeur sûre du jazz moderne et une belle attraction pour la scène de Baya Ndar.
Le Sénégalais Alune Wade, proposé pour la deuxième partie, est lui aussi un bassiste élevé au jazz fusion des années 90, il est devenu un instrumentiste couru et un compositeur inspiré. Citoyen engagé pour son pays et son continent, il a été de tous les combats en faveur de la démocratie, jusqu’à l’avènement de la dernière alternance. Désormais musicien XXL, il peint des arabesques et tisse des ponts entre les cultures. De Paris à Casablanca, en passant par La Havane ou New York, ce natif de Dakar, fils d’un joueur de cor d’harmonie qui fut patron de la fanfare militaire, est toujours sur les routes afin d’explorer de nouvelles saveurs musicales.
Son nouvel album, New African Orleans, le 6e, ne déroge pas à la règle. Paru le 2 mai dernier, New African Orleans a été mijoté aux confluences du jazz et de l’afro-beat.
Vendredi, le Portugal sera à l’honneur avec le pianiste et compositeur Marco Mezquida qui, déjà à l’âge de 36 ans, est auteur d’un impressionnant catalogue d’œuvres et de récompenses qui, pour de nombreux artistes, représenteraient l’œuvre d’une vie. Mezquida, devenu un musicien culte international, est un improvisateur et un arrangeur polyvalent, un pianiste virtuose et versatile. Il a enregistré plus de vingt albums en tant que leader, et plus de quarante en tant que sideman ou collaborateur sur de nombreux projets. Sa popularité l’a amené à se produire dans le monde entier, dans les plus grandes salles de concert et dans les festivals de jazz, de Tokyo à Buenos Aires. Une belle découverte aussi pour le public de Saint-Louis qui n’aura rien à envier à ceux de grands plateaux mondiaux du jazz.
Arnaud Dolmen de la France, pressenti pour la deuxième partie grâce à l’appui de l’ambassade de France et de l’Institut français, sera lui aussi l’une des attractions de la 33ème édition. Batteur, compositeur, producteur, il fait partie des artistes les plus plébiscités de la scène jazz contemporaine. Ses distinctions incluent les Victoires du Jazz, «Musicien français de l’année», «Top 3 des meilleurs batteurs de l’année» par Jazz Magazine et Jazz News. Saint-Louis Jazz accueille par son passage sur la scène de Baya, un des musiciens les plus plébiscités de la scène jazz contemporaine, une véritable tête d’affiche à découvrir à tout prix.
Pour une clôture en apothéose, Salvador Sobral du Portugal fera son baptême de feu sur la scène du Festival international de jazz de Saint-Louis avec le projet Timbre, son quatrième album. Un album de 11 chansons originales dont 10 sont écrites en collaboration avec le compositeur et producteur Leo Aldrey. Né en 1989, Salvador Sobral est un des noms les plus connus de la musique contemporaine portugaise dont il est, certainement, une des plus belles voix. Il a vécu au Portugal, aux Etats-Unis, à Mallorca et à Barcelone, où il a étudié le jazz pendant deux ans à la prestigieuse école Taller de Músics. Vainqueur du Concours de l’Eurovision en 2017, il multiplie, depuis, les prix et distinctions au Portugal et à l’international.
Pour le dernier concert de cette 33ème édition, le mythique groupe de jazz fusion Sixum de la France signera son retour sur la scène. Fameux sextet de fortes personnalités avec une complicité remarquable, les références de ce all-stars band demeurent encore aujourd’hui Weather Report et Miles Davis. Une véritable machine à Groove exaltant, un jazz très coloré aux allures funk et afro-caribéennes. Une section rythmique chaleureusement tenue par Michel Alibo à la basse et Paco Sery à la batterie. Une énergie et une puissance scéniques à vivre absolument pour clôturer l’édition 2025.
Après ces concerts In qui focaliseront l’attention des festivaliers, le grand public aura droit à une grande scène Off, avec le jeune Saint-louisien Tex et ses invités pour une sorte de Grand bal, histoire d’impliquer certainement tout le monde à cette grande fête de la musique jazz qui, désormais, est au premier rang des rendez-vous du jazz aussi bien au Sénégal qu’en Afrique.
Un programme artistique et culturel riche et varié
A côté du programme musical, l’association Saint-Louis Jazz a également concocté plusieurs activités parallèles pour agrémenter le séjour des festivaliers. Il s’agit, entre autres, d’une série d’activités culturelles dont un webinar, des expositions, des projections de films, une masterclass et des panels. Le Centre des jeunes dirigeants (Cjd) s’associe à Saint-Louis Jazz pour organiser une plénière autour du thème : «Art et culture : vecteurs de richesse et d’emplois.» Ce moment d’échanges, ouvert à tous, se tiendra le vendredi 30 mai au Centre de recherche et de documentation de Saint-Louis, ex-Ifan. Ce sera l’occasion de réfléchir collectivement au rôle stratégique de la culture dans le développement économique et la création d’opportunités pour les jeunes. Le cinéma sera aussi à l’honneur avec la projection du film Tukki, from Roots to the Bayou, de Alune Wade et Vincent Le Gal dans le cadre du projet New African Orleans du Musée Ker Thiane du quartier Sud.
Une exposition de peinture est aussi prévue avec Alioune Kébé dans Griot de la Peinture au Centre Ndar Weesul, dans l’île Sud, près de la cathédrale. Le public aura droit également à une exposition d’arts visuels -performances de danse avec Nd’art Moove à la Place Kawsara (Quai Nord près de la mosquée), une exposition photos sur le jazz et une projection du film documentaire Amonna fi de Bara Diokhané à la salle de cinéma de l’Institut français. Un programme culturel accompagné de séances de formation et de masterclass pour les plus jeunes en quête de formation.
UEMOA, LE SÉNÉGAL À 80 % DE TRANSPOSITION DES TEXTES
Ce taux a été révélé à Ziguinchor lors d’un atelier visant à renforcer la compréhension des règles encadrant la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace sous-régional.
Le Sénégal affiche un taux de transposition et d’application des textes communautaires de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) de 80 %, a annoncé mercredi Amadou Tchambou, représentant résident de la Commission de l’UEMOA.
Ce chiffre a été révélé à l’issue d’un atelier d’échange et d’information tenu à Ziguinchor avec des membres de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture, ainsi que des commerçants, transporteurs, producteurs et consommateurs. L’objectif : renforcer la compréhension des règles encadrant la libre circulation des personnes et des biens dans l’espace communautaire.
« Ce taux de 80 % est encourageant », a souligné Monsieur Amadou Tchambou, ajoutant que la maîtrise des textes communautaires est essentielle pour tirer pleinement profit des bénéfices de l’intégration sous-régionale.
Il a rappelé que l’UEMOA vise à créer un marché commun entre ses États membres, reposant sur la libre circulation des personnes, des biens et des capitaux, un tarif extérieur commun, ainsi qu’une politique commerciale harmonisée.
Selon lui, des efforts sont en cours, menés conjointement par la Commission de l’UEMOA et les États membres, notamment les ministères chargés du Commerce et de l’Industrie, pour améliorer l’application des textes.
Monsieur Tchambou a également exhorté les acteurs économiques à signaler les pratiques illégales et les « agents malveillants » qui entravent encore la libre circulation aux frontières, afin de mettre fin aux tracasseries.
Pour Demba Diémé, président du cadre régional des opérateurs de la filière anacarde de Ziguinchor, la rencontre a été bénéfique : « Nous repartons mieux informés et mieux outillés pour affronter les difficultés liées à la circulation des personnes et des marchandises dans l’espace UEMOA. »
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BARTHÉLÉMY DIAS LANCE SON MOUVEMENT « SÉNÉGAL BINU BOK »
L’ancien maire de Dakar a officialisé ce mercredi la création de son mouvement politique baptisé « Sénégal binu Bok ». Un cadre qu’il présente comme une alternative citoyenne, née « de la fatigue d’attendre » et du « refus de courber l’échine ».
Barthélémy Dias a officiellement lancé son mouvement politique ce mercredi. Durant sa déclaration de presse, il a dévoilé les contours de celui-ci.
«Sénégal biniu Bok». C’est le nom du mouvement lancé ce mercredi, par Barthélémy Dias. Il s’agit, selon l’ancien maire de Dakar, d’«un mouvement né de la fatigue d’attendre, né du refus de courber l’échine». Barthélémy Dias souligne que ce cadre politique, n’est pas un parti, mais une «promesse, celle de rendre la parole au peuple, d’écouter avant d’imposer, celle d’un Sénégal plus juste, plus humain, plus libre». Il a invité nos concitoyens à l’y rejoindre.