Ses déboires judiciaires provoquent de grosses tensions au Sénégal. Qui est Ousmane Sonko, le principal opposant au président Macky Sall ?
UN VERDICT D'APAISEMENT
Me Amadou Aly Kane, avocat, défenseur des droits de l’homme, commente la décision judiciaire intervenue dans l'affaire opposant Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang
Au Sénégal, un tribunal a condamné Ousmane Sonko à deux mois de prison avec sursis pour diffamation à l'encontre du ministre du tourisme Mame Mbaye Niang. Le tribunal a aussi condamné M. Sonko, absent à l'audience, à verser 200 millions de francs CFA au ministre. Il l'a relaxé des délits d'injures et de faux.
Cette peine préserve l’éligibilité de l’opposant sénégalais pour la présidentielle de 2024, selon ses avocats. Mais Ousmane Sonko reste suspendu à une autre procédure dans laquelle il est mis en cause pour des faits présumés de viols, qu'il conteste.
Yacouba Ouédraogo a joint, à Dakar, Me Amadou Aly Kane, avocat, défenseur des droits de l’homme.
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IDY SE POSITIONNE
"Deux mandats de cinq ans. Pas trois", a insisté le leader de Rewmi dans un entretien accordé à des étudiants africains au Yale Club aux États-Unis
Idrissa Seck s’est entretenu avec des étudiants africains, au Yale Club. L’occasion pour "Ndamal Kajoor" d’évoquer certains sujets comme son retour dans la mouvance présidentielle et sa position par rapport au troisième mandat.
Face à ceux qui indexent une tortuosité dans sa démarche, Idy dit ne rien regretter de sa décision de rejoindre Macky Sall après la crise liée à la Covid-19, toutefois, le leader du parti Reewmi indique qu’il reste au pilier central qui veut de « faire du Sénégal une démocratie majeure où la transmission du pouvoir se fait sans violence, à un rythme régulier dont la fréquence n’excède pas 10 ans. Deux mandats de cinq ans. Pas trois »
Comme un clin d’œil à Ousmane Sonko et à Macky Sall. Comme une stratégie pour effectuer un retour en zone dans la sphère politique et se présenter en troisième voie.
BRT, LANCEMENT DU PROGRAMME DE RECRUTEMENT DES CONDUCTEURS
Afin de renforcer son équipe de professionnels du transport sur le 1er réseau de bus électriques en Afrique, le projet du BRT vous annonce le lancement du programme de recrutement des conducteurs BRT.
Afin de renforcer son équipe de professionnels du transport sur le 1er réseau de bus électriques en Afrique, le projet du BRT vous annonce le lancement du programme de recrutement des conducteurs BRT.
Le transport de masse est un secteur clé pour assurer la mobilité urbaine à Dakar.
Avec la croissance rapide de la capitale, la demande pour des services de transport en commun efficaces et de qualité est de plus en plus grande. Le projet du BRT cherche à offrir un service de transport sûr, confortable et ponctuel aux futurs usagers.
Les conducteurs BRT jouent un rôle clé dans la réalisation de cet objectif.
Les candidat(e)s intéressé(e)s doivent être agé(e)s d’au moins 25 ans, détenir un permis D (transport en commun) en cours de validité, faire preuve d’une excellente expérience de conduite, ainsi que d’une solide éthique de travail avec une aptitude pour le service à la clientèle. Les candidat(e)s doivent également être en mesure de travailler en équipe et de s’adapter à un environnement en constante évolution.
Les conducteurs BRT bénéficient d’une formation complète et de soutien continu pour s’assurer qu’ils sont en mesure de fournir un service de qualité aux clients. La société offre également des avantages sociaux compétitifs, des salaires attractifs et des perspectives de carrière intéressantes.
Le projet du BRT encourage les candidatures de personnes de tous horizons et s’engagent à offrir des chances égales aux femmes et aux hommes. Les candidat(e)s intéressé(e)s peuvent postuler en ligne sur le site sunuconducteurbrt.sn ou en envoyant leur CV et permis D à l’adresse suivante : brt@gpf-sn.com
RECUL DES LIBERTÉS AU SÉNÉGAL, CE QUE SUGGERE AMNESTY INTERNATIONAL
Dans son rapport 2022-2023 publié hier, l’organisation de défense des droits humains dépeint un tableau sombre de l’état des libertés consacrées par la Charte des Droits de l’homme au Sénégal.
Dans son rapport 2022-2023 publié hier, l’organisation de défense des droits humains dépeint un tableau sombre de l’état des libertés consacrées par la Charte des Droits de l’homme au Sénégal.
‘’L’État du Sénégal doit réformer sa législation pour supprimer les peines de prison pour le délit de diffamation et tous les délits portant atteinte à l’honorabilité des personnes’’. C'est la conclusion que tire le rapport 2022-2023 publié hier par Amnesty International. En ne le faisant pas, les autorités sénégalaises s’exposent aux condamnations irrémédiables de la Cour africaine des Droits de l’homme et des peuples, et de la Cour de justice de la CEDEAO, si ces dernières étaient saisies dans les nombreuses condamnations de citoyens pour des délits d’opinion. Et Amnesty International retient que les arrêts rendus par ces deux cours ne peuvent être ignorés par aucun État membre de la CEDEAO et de l’Union africaine.
L’organisation de défense des droits humains se fonde sur deux affaires faisant office de jurisprudence : ‘’La Cour africaine des Droits de l’homme et des peuples (arrêt Lohé Issa Konaté c. Burkina Faso du 5 décembre 2014) et la Cour de justice de la CEDEAO (arrêt n°ECW/CCJ/JUD/04/18 du 13 février 2018, Fédération des journalistes africains c. Gambie) considèrent que les peines privatives de liberté pour les délits portant sur l’honorabilité des personnes étaient disproportionnées et qu’elles portaient atteinte à la liberté d’expression garantie par la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples et le droit international.’’
Restriction des ‘’droits à la liberté de réunion et d’expression’’
Ces positions d’Amnesty International illustrent, selon l’organisme de la société civile internationale, les restrictions des ‘’droits à la liberté de réunion et d’expression’’ au Sénégal. Cela est documenté par le refus des autorités sénégalaises d’abroger l’arrêté ministériel n°7580 du 20 juillet 2011 interdisant les ‘’manifestations de nature politique’’ dans le centre de Dakar.
Selon la Cour de justice sous-régionale, cet arrêté viole les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique.
Les restrictions se matérialisent également l’arrestation, le 17 juin 2022, de Dethié Fall, représentant national de la liste d’opposition aux Législatives, et sa condamnation à six mois de prison avec sursis pour ‘’participation à une manifestation non autorisée’’. Idem pour Ahmed Aidara, Maire de Guédiawaye, condamné à un mois de prison avec sursis pour ‘’participation à un attroupement non armé’’.
La liste est loin d’être exhaustive avec l’interpellation, à Ziguinchor, Guy Marius Sagna, alors qu’il allait rendre visite à 33 manifestants interpellés la veille.
Sur les restrictions liées à la liberté d’expression, les cas pratiques concernent l’arrestation, le 10 juin 2022, du député Cheikh Abdou Mbacké Bara Dolly, inculpé pour ‘’offense au chef de l’État’’, ‘’diffusion de fausses nouvelles’’ et ‘’diffamation’’, après un discours qu’il avait prononcé lors d’une manifestation de l’opposition. Il sera libéré un mois plus tard.
Les cas Papito Kara, Outhmane Diagne, Pape Alé Niang
En août, c’est Pape Ibra Guèye dit ‘’Papito Kara’’ et Outhmane Diagne qui sont arrêtés et incarcérés pour ‘’le délit de diffusion de fausses nouvelles et celui d’effacement, de modification, de falsification et d’introduction de données informatiques’’. Sans oublier le journaliste Pape Alé Niang arrêté le 6 novembre par la police, trois jours après avoir diffusé en direct sur Facebook une vidéo dans laquelle il commentait l’audience judiciaire du dirigeant de l’opposition Ousmane Sonko et rendait public un rapport d’enquête interne de la gendarmerie. Il a été inculpé de ‘’recel et publication de documents militaires sans autorisation de la hiérarchie de nature à nuire à la défense nationale’’, ‘’d’appel à la subversion’’ et de ‘’diffusion de fausses nouvelles susceptibles de discréditer les institutions publiques’’.
Les mauvaises notes des autorités sénégalaises concernent aussi le recours excessif à la force. Comme ce fut le cas le 17 juin à Ziguinchor et à Bignona où les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants, tuant deux hommes : Idrissa Goudiaby, chauffeur de taxi, et Albert Abdoulaye Diatta. Le rapport rappelle qu’aucune information supplémentaire n’a été communiquée au sujet de l’enquête sur la mort de 14 personnes, dont 12 tuées par balle, lors des manifestations qui s’étaient tenues dans plusieurs villes du pays en mars 2021.
Tortures, recours excessif à la force
Même en détention, ces violences se posent. En illustre la mort, le 13 juillet 2022, de François Mancabou, un ancien militaire transféré des geôles de la police à l’hôpital Principal de Dakar, grièvement blessé. ‘’Sa famille a accusé la police d’avoir causé sa mort en le torturant en détention. La police a rejeté ces accusations et affirmé qu’il s’était blessé lui-même’’, rappelle Amnesty International.
Au Sénégal, soutient l’organisation de défense des droits humains, les droits des enfants talibés ne sont pas respectés, idem pour ceux de personnes LGBTI. Elle note également un mauvais entretien de certains établissements de santé ayant comme conséquence la mort de 11 nouveau-nés dans un incendie qui s’est déclaré à la maternité de l’hôpital de Tivaouane.
Le droit à un environnement sain est aussi interpellé en raison des sécheresses, inondations et pénuries d’eau, conséquence des changements climatiques. Ces effets se voient à travers l’érosion causée par la hausse du niveau de la mer, dont dépend un recul du trait de côte dans certains villages et quartiers de pêcheurs.
DISCORDE AU SEIN DE PDS SAINT-LOUIS
À Saint-Louis, le renouvellement des instances du PDS a créé des frustrations. Et pour cause, les militants de Pourmera Diop crient au complot.
À Saint-Louis, le renouvellement des instances du PDS a créé des frustrations. Et pour cause, les militants de Pourmera Diop crient au complot. "Dans le cadre de la vente des cartes pour le renouvellement des instances du Parti démocratique sénégalais à Saint-Louis, la responsable Pourmera Diop totalise 79 secteurs, Sakho 66 secteurs, Lamine Diallo, allié de Pourmera Diop, 45 secteurs, et Bamba Ndiaye arrive derrière avec 33 secteurs.
Si vous totalisez les 79 secteurs de Pourmera et les 45 de Mouhamed Lamine Diallo, Mme Pourmera arrive de loin en tête et devrait, de fait, être la secrétaire générale de la section communale PDS de Saint-Louis. Ce que d'aucuns ne veulent pas admettre. Nous n'allons pas nous laisser faire.
On va se battre", a confié Mouhamed Lamine Diallo, responsable politique et allié de Pourmera Diop. Selon qui, cette dernière est au PDS depuis son enfance. Elle est présidente du mouvement And ak Karim Soukali Sénégal.
BLANCHIMENT D’ARGENT ET FINANCEMENT DU TERRORISME, LE GIABA A L'ATTAQUE
Le contexte géopolitique de la sous-région est marqué par des tensions vives et une instabilité sur le plan politique dans plusieurs États. Ce qui est une source majeure pour le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Le contexte géopolitique de la sous-région est marqué par des tensions vives et une instabilité sur le plan politique dans plusieurs États. Ce qui est une source majeure pour le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Pour sortir de ce fléau, le Groupe intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent en Afrique de l'Ouest (Giaba) veut faire du triple C son arme de combat.
‘’Outre notre engagement, le triple C - Coordination, Collaboration et Coopération - est notre seule arme contre ces menaces. Nos nombreux engagements et ressources ne serviront à rien, si nous ne parvenons pas à coordonner, collaborer et coopérer pour partager nos expériences, nos connaissances et nos ressources afin de perturber et de démanteler les activités et les entreprises criminelles dans notre région, dans le contexte de nos particularités’’. Ce sont les propos d’Edwin Harrys Jr, qui se prononçait lors de la troisième formation du Giaba pour les chefs de délégation aux réunions statutaires du Giaba qui se tient actuellement à Saly Portudal. Le directeur général fait savoir que ceci est un appel à tous les membres engagés du Giaba ‘’à travailler ensemble dans l'intérêt commun de notre région contre le triple fléau croissant du blanchiment d'argent, du financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massive d'une manière bien coordonnée et stratégique’’.
En effet, promet-il, ‘’conformément à la Vision 2050 du Giaba, qui est d'assurer "une région d'Afrique de l'Ouest pacifique et prospère grâce à la contribution de l'Alliance régionale contre le blanchiment d'argent, le financement du terrorisme et la prolifération des armes et au leadership efficace du Giaba", le Secrétariat du Giaba continuera à soutenir les États membres dans l'adoption et la mise en œuvre effective de mesures de LBC/FT répondant à des normes internationales acceptables’’.
D’ailleurs, indique le DG, le deuxième cycle d'évaluations mutuelles concernant le respect de son calendrier, de la contribution des États membres à l'examen au suivi, ainsi qu'à la qualité de ses rapports s'avère très difficile pour le Groupe intergouvernemental (Giaba).
Dès lors, dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme (LBC/FT), le Giaba déroule un programme de formation de ses chefs de délégation. ‘’Le Secrétariat du Giaba prend des mesures pour renforcer les capacités des membres du Giaba, notamment en organisant des formations pour les chefs de délégation du Giaba et les représentants de l'ECG afin de renforcer leur rôle et leur compréhension des pratiques et procédures du groupe’’, a soutenu M. Harrys Jr.
Avant de poursuivre : ‘’Le Giaba met activement en œuvre le mandat principal de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme (LBC/FT) au sein du réseau mondial en procédant à des évaluations mutuelles de ses États membres afin de vérifier leur niveau de conformité avec les normes du Gafi et l'efficacité de leurs systèmes de LBC/FT.’’
RÉPRESSION POLICIÈRE, LES REPORTERS TOUJOURS CIBLES
Après le journaliste Ousmane Thiang, le cadreur Oumar Diop, une autre journaliste blessée à coups de grenades lacrymogènes, Yacine Diop a failli perdre la vie hier, à cause d’une charge injustifiée de la gendarmerie.
Après le journaliste Ousmane Thiang, le cadreur Oumar Diop, une autre journaliste blessée à coups de grenades lacrymogènes, Yacine Diop a failli perdre la vie hier, à cause d’une charge injustifiée de la gendarmerie. Dans le sauve-qui-peut qui a fait suite à cette charge, elle a été fauchée par un véhicule appartenant à un privé et s’en est tirée avec de graves blessures.
C'était parti pour être un après-midi tranquille pour les journalistes. Dakar était relativement calme, la circulation, globalement fluide, malgré les appels de l'opposition à braver l'interdiction préfectorale. Au siège du PRP sur la VDN où s’étaient donné rendez-vous les leaders de la coalition Yewwi Askan Wi, il n’y avait aucune manifestation. Que de professionnels des médias, des députés et des leaders de partis politiques. Face à ces hommes désarmés, munis seulement de leur gilet, micro et caméra pour les journalistes, écharpe aux couleurs du drapeau national pour les députés, les ‘’forces de l’ordre’’ ont encore opposé cette répression devenue systématique et aveugle. Cette fois, la victime est une camérawoman du site Letemoinweb. Elle a été grièvement blessée.
Administrateur général dudit site, son patron témoigne : ‘’Yacine Thiam (c’est le nom de la jeune fille) est une brave femme travailleuse, engagée, qui aime son travail et qui ne se fatigue jamais. Chaque fois qu’il s’agit d’aller sur le terrain, elle se propose. Ce qui s’est passé est inadmissible ; elle aurait pu en perdre la vie et les forces de l’ordre sont responsables, puisqu’elles ont été à la base de cet accident’’, témoigne l’administrateur et directeur général de Letemoinweb Cheikh Bassirou Dieng.
En fait, alors qu'elle était en plein exercice de sa fonction à l’instar de ses autres camarades de la presse, les gendarmes les ont chargés sans ménagement à coups de grenades lacrymogènes. Dans le sauve-qui-peut, Yacine a été violemment heurtée par un véhicule. Pire, ils n’ont même pas daigné le secourir. "Le choc était très violent. Elle se tordait de douleur. À un moment, les gendarmes se sont approchés ; on croyait que c'était pour aider à son évacuation, mais ils n'ont rien fait. Ils se sont encore retirés pour rejoindre leur position. Malgré nos sollicitations, ils n’ont rien fait. C'est tout simplement inhumain", crache un témoin.
Finalement, elle a été évacuée à la clinique Khalifa Ababacar Sy, située non loin du siège, après le CEM David Diop, où elle a été aux petits soins d’un corps médical bien dévoué. Les premières analyses ont fait ressortir au moins une fracture au niveau du fémur ; d’autres s’en suivront dans la même clinique, avant qu’une décision d’évacuation à l’hôpital Principal ne soit prise pour les besoins d’une intervention chirurgicale.
Président du groupe parlementaire de Yewwi Askan Wi, Birame Souleye Diop résume ce qui est arrivé en une phrase : ‘’Voilà le Sénégal.’’
Quand les forces de l’ordre ciblent les professionnels des médias
Selon le lieutenant de Sonko, le plus désolant dans cette affaire, c’est le comportement des forces de l’ordre après la blessure de la jeune reporter. ‘’Ils (les gendarmes) n’ont rien fait, alors qu’ils étaient proches d’elle. Ils accusent le docteur Babacar Niang de non-assistance à personne en danger. Mais c’est eux que l’on devrait poursuivre pour ces infractions. Ils sont venus juste à côté, mais ils n’ont même pas réagi. Voilà le Sénégal. Des journalistes qui ne peuvent pas faire leur travail, des Sénégalais qui ont faim. Voilà le Sénégal. Macky Sall sera responsable, s’il lui arrive quoi que ce soit’’, peste Birame Souleye Diop.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que les faits deviennent de plus en plus récurrents. Depuis le début des événements, les cas de violence contre les journalistes sont monnaie courante. Aujourd'hui, il se passe rarement un jour de manifestation sans voir les forces de l'ordre s'en prendre directement et de manière très violente aux hommes de médias. Le plus souvent, ils attendent qu'ils soient en interview avec les leaders politiques. Avant Yacine, il y a eu le cas Ousmane Thiang qui avait reçu une grenade lacrymogène sur la cuisse, le 15 mars, devant la Suma Assistance. Le lendemain, un cadreur du nom d’Oumar Diop, a été blessé lors des manifestations.
Tout en appelant les reporters à la prudence, la Convention des jeunes reporters dénonce. ‘’Nous condamnons fermement cette violence gratuite que les forces de défense et de sécurité exercent sur les journalistes qui ne font que leur travail, à savoir informer juste et vrai. Un droit fondamental garanti par la Constitution’’, fulminent les jeunes reporters dans un communiqué.
Avec ces bavures, souvent dans des zones sans danger, l’on est tenté de se demander s’il n’y a pas un véritable problème de formation de nos FDS en matière de maintien de l’ordre.
Mais cet agent de l’État, tout en regrettant ce qu’il considère comme des incidents, tente de défendre les éléments, en rappelant certaines exigences de la loi. ‘’En fait, charge-t-il, quand les journalistes se mélangent avec des manifestants, ils ne peuvent pas refuser de se faire gazer. Il faut aussi revoir la pratique ; la place des journalistes dans des manifestations de ce genre, c’est d’être derrière les forces de l’ordre’’, rétorque-t-il.
À la relance selon laquelle les journalistes en question n’étaient pas avec des manifestants, mais étaient en train de prendre la réaction de leaders politiques, il rétorque : ‘’Quand une manifestation est interdite, vous n’avez pas le droit d’interviewer les gens sur le terrain ; ce sont les textes. De plus, les forces de l’ordre ne gazent pas les journalistes, mais ceux qui bravent l’interdit sur la voie publique. Le domaine public a ses exigences. Dès que vous êtes sur la voie publique, vos libertés sont restreintes et encadrées. On ne se comporte pas sur la voie publique comme on le ferait dans sa propriété.’’
À propos des manifestations sur Dakar, il faut noter qu’il y a eu très peu d’échos. Quelques affrontements timides ont cependant étaient constatés à l’université entre étudiants retranchés dans l’enceinte de l’université et les policiers. Du côté de la cité Keur Gorgui bunkerisé très tôt le matin, il n’y a pas eu de grands mouvements.
Une journée relativement calme, en attendant le reste.
Les libertés de réunion et d’expression mises à rude épreuve
En sus de la liberté de presse de plus en plus malmenée, il faut aussi constater qu’il y a celle de réunion qui est, depuis le 16 mars, privée aux leaders de Yewwi Askan Wi, les jours de manifestations interdites. Hier encore, les gendarmes ont bunkerisé le siège du leader de PRP où ils s’étaient donné rendez-vous pour les empêcher de se réunir dans cette propriété privée. ‘’Comme vous l’avez tous constaté, on s’était donné rendez-vous au niveau du siège de Déthié Fall. Quand on est arrivé sur place, on a trouvé ici les gendarmes qui nous ont défendu d’entrer. Ils ne nous donnent même pas le motif.
Quand tu les interroges, ils répondent que ce sont les ordres. Mais dans quel pays nous sommes ?’’, se désole la députée Ndialou Bathily. C’est ainsi que nous avons pris la décision de nous mettre à côté, juste pour nous concerter et faire une déclaration. Alors qu’on s’adressait à la presse, ils nous ont gazés. Nous ne sommes vraiment plus dans un pays démocratique. Comment on peut interdire à des leaders politiques de se réunir dans leur siège sans une quelconque notification ? C’est inadmissible !’’.
PAR Farid Bathily
UN APPEL À RALENTIR LE DÉVELOPPEMENT DES SYSTÈMES D'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
Des personnalités du monde de la tech demandent, dans une lettre ouverte de plus d’un millier de signataires, une suspension du déploiement des modèles d’intelligence artificielle afin d’en cerner les menaces potentielles
Un groupe d’experts, d’universitaires et de chercheurs du secteur de la technologie appellent à la suspension d’un minimum de six mois de tout lancement de nouveau système d’intelligence artificielle (IA).
La demande formulée à travers une lettre ouverte publiée le 28 mars 2023 par l’organisation Future of Life Institute (FLI), militante pour un usage sain de l’IA, met en avant le développement frénétique et sans recul de ces systèmes.
"L'IA avancée pourrait représenter un changement profond dans l'histoire de la vie sur Terre. Elle et devrait être planifiée et gérée avec des soins et des ressources proportionnées", indiquent les auteurs, dont Elon Musk, PDG de Twitter, Steve Wozniak, co-fondateur d’Apple et Yoshua Bengio, pionnier de l’apprentissage profond.
Mises en garde
"Devrions-nous laisser les machines inonder nos canaux d'information de propagande et de contrevérité ? Devrions-nous automatiser toutes les tâches, y compris celles qui sont épanouissantes ? Devrions-nous risquer de perdre le contrôle de notre civilisation ?", poursuit la lettre.
Selon le document désormais signé par plus de mille personnes, "les systèmes d'IA puissants ne devraient être développés qu'une fois que nous sommes convaincus que leurs effets seront positifs et que leurs risques seront gérables".
Or, estiment les signataires de la pétition, "les laboratoires d'IA sont actuellement enfermés dans une course effrénée pour développer et déployer des esprits numériques toujours plus puissants que personne – pas même leurs créateurs – ne peut comprendre, prédire ou contrôler de manière fiable".
Accueil contrasté
Ils exhortent par conséquent tous les acteurs impliqués dans le développement des systèmes d’IA à une pause effectivement vérifiable, le temps de cerner tous les contours de cette technologie. En cas d’échec à convenir d’une telle pause, ils appellent les gouvernants à intervenir pour instituer un moratoire.
Le présent appel de personnalités parmi les plus influents de la Silicon Valley intervient alors que le développement des programmes basés sur l’IA atteint une vitesse de croisière. Il s’agirait même, à en croire Bill Gates, d’une révolution assimilable à celle qui a précédé les systèmes d’exploitation dans les années 1980. Tant ces programmes étonnent par leur capacité.
Le robot conversationnel Chat-GPT, le plus connu de ces outils d’IA, est ainsi capable d’écrire du code informatique, de réussir des tests académiques, voire de rédiger des livres. Mais cela s’accompagne également de profondes préoccupations éthiques et morales concernant l’utilisation malveillante qui pourrait en découler.
MULTIPLE PHOTOS
LIBERTÉ D'EXPRESSION ET SÉCURITÉ DES JOURNALISTES AU SÉNÉGAL, L'UNESCO VEILLE AU GRAIN
Je tiens à vous confirmer toute notre détermination à travailler avec l'ensemble des parties prenantes, pour assurer la protection de la liberté d'expression conformément aux normes internationales
SenePlus publie ci-dessous, la réponse de l’Unesco à son interpellation par le directeur général de l’Institut de la Culture Afro-européenne à Paris, Emmanuel Desfourneaux, sur la situation du journaliste sénégalais Pape Alé Niang accusé d’avoir divulgué des informations susceptibles de nuire à la défense nationale.
« Monsieur le Directeur général,
Au nom de la Directrice générale, je tiens à vous remercier pour votre lettre du 10 janvier 2023, au sujet de la situation du journaliste sénégalais Pape Alé Niang.
Comme agence spécialisée des Nations Unies pour la liberté d'expression et la sécurité des journalistes, nous suivons naturellement de près cette affaire, y compris depuis sa libération.
Je tiens à vous confirmer toute notre détermination à travailler avec l'ensemble des parties prenantes, pour assurer la protection de la liberté d'expression conformément aux normes internationales.
Sur ce sujet, comme sur tous ceux qui relèvent de la protection et de la sécurité des journalistes, notre Organisation est pleinement mobilisée. La récente Conférence de Vienne, marquant le 10e anniversaire du Plan d'action des Nations Unies sur la sécurité des journalistes et la question de l'impunité, a notamment permis de renforcer l’engagement de notre Organisation et de tous nos partenaires dans la protection et la promotion de la liberté d'expression.
Pour ce qui concerne votre remarque sur le Prix UNESCO/Guillermo Cano, je tiens à vous remercier de l'intérêt que vous portez à cette distinction ; et vous informe que celle-ci repose sur un processus dont toutes les informations peuvent être trouvées sur ce site : https://www.unesco.or /fr/ rizes/cano.
Enfin, au sujet de la prochaine Journée mondiale de la liberté de la presse, dont les préparatifs sont d'ores et déjà lancés, permettez-moi de vous informer que le thème choisi permettra justement de mettre l'accent sur les liens étroits entre liberté de la presse et droits humains. Convaincus que la liberté de la presse, y compris le journalisme d'investigation, fait partie intégrante des droits humains, nous veillerons à ce que ces thématiques soient dûment représentées lors des célébrations de cette Journée.Permettez-moi de vous remercier à nouveau pour votre engagement en faveur de la liberté d'expression et de la sécurité des journalistes.
Je vous prie d'agréer, Monsieur le Directeur général, l'assurance de ma considération distinguée. »