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12 août 2025
par Momar Dieng
LES MYSTÈRES D'UN PROCÈS EN FAST TRACK
Les autorités sénégalaises ont-elles subi des pressions locales (marabouts, entreprises, etc.) et extérieures (France, Etats-Unis, organisations internationales) pour que ce procès ne consacre pas in fine l’exclusion de Sonko de la présidentielle ?
Ceux qui doutaient encore de la nature réelle du procès en diffamation intenté par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang à l’opposant Ousmane Sonko, président du parti Pastef-Les patriotes, ont eu la réponse de la part de quelqu’un dont ils n’attendaient absolument rien en principe, Me Pierre-Olivier Sur, du barreau de Paris, dont la constitution a été faite de façon discrète, lui l’ancien avocat de Karim Wade lors de la « traque des biens mal acquis. »
Sa volonté express de délivrer très vite un message après le verdict du tribunal – 2 mois avec sursis et 200 millions de francs CFA de dommages et intérêts contre Ousmane Sonko – étonne. Elle semblait relever d’un désir de « conditionner » l’opinion publique en vantant la portée stratégique de la décision du tribunal pour le Sénégal. L’avocat français de Mame Mbaye Niang voulait-il neutraliser au plus vite le potentiel de violence qui dormait à peine dans la ville et qui n’attendait peut-être qu’un signal de la salle d'audience pour exploser ? Parlait-il pour le compte d'un pouvoir auquel le rapport de force politique n'est plus forcément favorable non seulement au regard des derniers résultats électoraux et de la capacité de nuisance des militants de l'opposition face aux forces de défense et de sécurité ?
« Le juge a été mesuré à tel point qu’il ne le (Ousmane Sonko, ndlr) prive pas de ses droits civiques, politiques et de rester dans le débat politique. C’est-à-dire que les juges n’ont pas rendu une décision politique. Ils ont rendu une décision judiciaire. »
Depuis plusieurs semaines, les militants et responsables du parti Pastef-Les patriotes et de la coalition Yewwi askan wi (Yaw) étaient inquiets d’une condamnation qui aurait privé leur chef d’une participation à la présidentielle du 25 février 2024. L’inquiétude régnait aussi chez des organisations de la société civile sénégalaise et étrangère peu désireuses de voir la politique se transformer en sélectionneur de candidats à cette élection majeure pour le Sénégal. La crainte était que l’élimination de Sonko fasse le lit d’un nouveau désordre sanglant entre militants et forces de défense de sécurité, étant donné qu’il serait eu probable que Pastef et Yaw ne réagissent pas à ce scénario catastrophe qui semble pour le moment écarté.
« Quel est le rôle du juge? C’est d’apaiser les choses...Et si la décision avait été trop lourde, eh bien c’était la ville qui s’enflammait et le pays peut-être aussi. Et le débat politique qui risquait de prendre un virage nouveau », assure Me Pierre Olivier Sur au micro de plusieurs journalistes aux abords du tribunal.
Les autorités sénégalaises ont-elles subi des pressions locales (marabouts, entreprises, etc.) et extérieures (France, Etats-Unis, organisations internationales) pour que ce procès ne consacre pas in fine l’exclusion d’Ousmane Sonko de la présidentielle de l’année prochaine ? Les organisations de la société civile
Aux yeux des partenaires économiques et financiers du Sénégal, à dix mois de cette échéance électorale, le risque serait d’installer le pays dans un cycle d’instabilités chroniques et dangereuses dont l’issue ne serait pas forcément maîtrisable. La journée morte d’aujourd’hui, celles du 16 mars dernier, de juin 2022 et de mars 2021 ont démontré le poids nuisant des manifestations politiques (trop souvent interdites) sur le tissu économique local et leur impact sur l’image du pays dans le monde. Le pouvoir sénégalais aurait-il prêté une oreille attentive à toutes ces inquiétudes ?
« Aujourd’hui, les juges ont respecté la continuité et la liberté du droit de chacun de s’exprimer mais ils ont mis les limites de l’outrage, de la diffamation, les limites seraient une autre fois l’injure. Les limites ont été posées », constate l’avocat français.
Pour ceux qui ont suivi le déroulement des joutes – même de loin – il semblait peser sur le juge Yakham Keïta l’impératif de boucler l’affaire coûte que coûte, quitte à bafouer de manière si « grotesque et cavalière » les « droits élémentaires de la défense ». La politique serait-elle passée par là ? Selon des confidences de proches de la mouvance présidentielle, le président Macky Sall aurait fait part de sa volonté de voir tourner la page de ce dossier qui empoisonne l’espace politique et le champ social depuis le mois de janvier dernier. Avec la « manifestation pacifique » annoncée par Yewwi Askan Wi le 3 avril sur l’étendue du territoire national et le défilé du lendemain 4 avril, jour de célébration de l’indépendance, le chemin le plus court pour sortir du face à face mortel entre les deux camps antagonistes était-il dans ce verdict dit d’apaisement ?
En sus, on peut également s’interroger sur l’écart important entre la peine requise par le parquet (2 ans dont 1 ferme) et la note finale du juge (2 mois avec sursis et 200 millions FCFA de dommages et intérêts). S‘agissait-il pour le tribunal de contredire le parquet pour montrer à l’opinion que l’instrumentalisation alléguée de la magistrature par le pouvoir exécutif ne serait qu’une vue de l’esprit ? Le juge et ses assesseurs ont-ils sincèrement désavoué le procureur ?
Si le parquet ne fait pas appel, son silence serait interprété comme une volonté de l’Exécutif de favoriser un retour au calme dans l’espace politique. Mais rien ne semble définitivement acquis pour Ousmane Sonko, d’autant plus que Mame Mbaye Niang et ses avocats animent ce vendredi une conférence de presse... Y a-t-il eu un jeu de rôles le 30 mars 2023 entre le parquet, la partie civile et le juge ?
Optimiste, Me Pierre-Olivier Sur dit « bravo à la justice, bravo à la démocratie et bravo au débat politique de pouvoir continuer avec des limites grâce à la justice. »
Les Sénégalais attendent de voir de visu la suite et la fin qui seront données à ce dossier.
DES COCKTAILS MOLOTOV SAISIS À L'UCAD
La découverte a été faite dans des sachets noirs. Les agents de la sécurité du Coud y ont trouvé au total 30 appareils et 25 masques à gaz. Ils ont été signalés à l’autorité du Coud, qui a saisi, à son tour, le commissaire du Point E
Les membres de la sécurité du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) ont déclaré avoir procédé dans la soirée du 30 mars à une saisie d’un lot de Cocktails Molotov de fabrication artisanale au sein du campus social de l’Université Cheih Anta Diop de Dakar (Ucad).
La découverte a été faite dans des sachets noirs. Les agents de la sécurité du Coud y ont trouvé au total 30 appareils et 25 masques à gaz. Ils ont été signalés à l’autorité du Coud, qui a saisi, à son tour, le commissaire du Point E. La direction du Coud, sous la houlette de Magatte Sène, a d’ailleurs annoncé avoir saisi toutes les autorités compétentes pour des enquêtes approfondies.
DONALD TRUMP INCULPÉ AU PÉNAL PAR UN GRAND JURY, UNE PREMIÈRE
Donald Trump a été inculpé dans une affaire d'achat du silence d'une star du porno en 2016 et devrait comparaître devant la justice pénale de New York, un fait sans précédent pour un ancien président américain, qui dénonce une "persécution politique"
L'ancien locataire de la Maison Blanche, qui rêve de la reconquérir en 2024, est officiellement inculpé par le procureur de Manhattan Alvin Bragg, dépendant de la justice de l'État de New York, pour une affaire de versement et de remboursement, juste avant la présidentielle de novembre 2016, de 130.000 dollars à l'actrice et réalisatrice de films X, Stormy Daniels. "Nous nous attendons à ce que la lecture de l'acte d'accusation ait lieu mardi", a déclaré son avocate Susan Necheles dans un courriel à l'AFP.
Un porte-parole du parquet local avait indiqué auparavant avoir organisé avec la défense de M. Trump "sa reddition devant le procureur du district de Manhattan pour une audience d'inculpation devant une cour suprême", un tribunal, selon un communiqué publié après le vote d'un grand jury – un panel de citoyens aux pouvoirs d'enquête qui travaille de concert avec des procureurs – en faveur de cette inculpation.
Cet acte et les poursuites restent pour l'instant "sous scellés". CNN évoque une trentaine de chefs d'inculpation tournant autour de fraudes pour dissimuler la circulation et la comptabilité fin 2016 des 130.000 dollars.
Le 45e président des États-Unis a brocardé dans un communiqué une "persécution politique et une ingérence dans l'élection" présidentielle de 2024. Il a dénoncé une "chasse aux sorcières" qui "se retournera contre Biden", le président démocrate élu en novembre 2020 et que M. Trump accuse depuis plus de deux ans d'avoir "volé" sa victoire.
"Contraire aux valeurs de l'Amérique"
Sur son réseau social Truth Social, le milliardaire, qui a bouleversé depuis 2015 le système politique et l'équilibre des pouvoirs aux États-Unis, a torpillé des adversaires qu'il n'a pas nommés: "Ils me poursuivent de manière bidon et honteuse parce qu'ils savent que je suis aux côtés du peuple américain et que je ne peux pas bénéficier d'un procès équitable à New York!" sa ville natale majoritairement démocrate.
L'un des rivaux républicains de Trump pour 2024, le gouverneur de Floride Ron DeSantis, a jugé cette inculpation "contraire aux valeurs de l'Amérique" et assuré que son État, où réside l'ancien président, ne répondrait pas favorablement "à une demande d'extradition" de l'État de New York.
Même soutien sans faille du président républicain de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy, pour qui "le peuple américain ne tolérera pas cette injustice" et un "abus de pouvoir sans précédent" de la part du procureur Bragg.
"Personne au-dessus des lois"
Stormy Daniels, Stephanie Clifford de son vrai nom, qui a collaboré avec la justice depuis près de six ans, s'est exclamée sur Twitter qu'elle ne voulait "pas renverser son champagne". Son avocat Clark Brewster a lancé: "Personne n'est au-dessus de la loi". Du côté des démocrates, le parlementaire Adam Schiff, a jugé que "l'inculpation et l'arrestation d'un ancien président étaient uniques dans toute l'histoire américaine".
Depuis des années, la justice new-yorkaise cherche à déterminer si l'ex-président républicain de 76 ans s'est rendu coupable de fausses déclarations, une infraction mineure, ou de manquement aux lois sur le financement électoral, un délit pénal, en ayant versé de l'argent à Stormy Daniels, juste avant sa victoire à la présidentielle de novembre 2016.
Dans quel but? Pour que celle-ci taise une supposée relation extraconjugale datant de 2006.
M. Trump devra donc se "rendre" au tribunal de Manhattan pour la lecture de l'acte d'accusation par un juge, être brièvement et symboliquement placé "en état d'arrestation", photographié et ses empreintes digitales relevées. Il devra plaider coupable ou non coupable.
L'homme clé du dossier s'appelle Michael Cohen: ancien avocat de Donald Trump devenu son ennemi, il avait payé Stormy Daniels en 2016 et s'était fait rembourser. Après une peine de prison, il collabore à l'enquête à partir de fin 2018 et a témoigné plusieurs fois devant le grand jury.
"Escroquerie"
La presse bruissait de rumeurs en mars d'une mise en cause du milliardaire républicain, cerné par ailleurs par d'autres dossiers judiciaires. Il avait réussi un coup d'éclat politique, le 18 mars, en affirmant sur son réseau Truth Social qu'il serait "arrêté" et comparaîtrait à New York trois jours plus tard. Mais rien ne s'était passé.
Après avoir tenu l'Amérique en haleine, tous les journaux de New York et Washington affirmaient encore d'une seule voix mercredi que la justice ne devrait pas se prononcer avant le 24 avril. De son côté, Donald Trump, qui a toujours nié "tout délit" et toute liaison avec Stormy Daniels, avait qualifié dimanche l'enquête de M. Bragg de "morte" et d'"escroquerie" orchestrée par des "voyous" avant 2024.
Accusé par l'ancien président d'être un "animal" et un "raciste", le procureur Bragg, un magistrat afro-américain classé à gauche, en poste depuis janvier 2022, lui avait répondu qu'il avait "créé une fausse attente" médiatique sur son inculpation et dénoncé une "ingérence" dans l'enquête. À Manhattan, où l'ancien président populiste n'avait pu rallier la semaine dernière que quelques dizaines de partisans, les abords du tribunal et de la Trump Tower étaient très calmes jeudi soir.
par Ousseynou Nar Gueye
SONKO ET MACKY, (RÉ)ÉLIGIBLE OU INÉLIGIBLE(S) À LA PRÉSIDENTIELLE 2024 ?
L'affaire "ADJIS-OS" sera tranchée par les électeurs dans les urnes. Tout comme sera tranchée, en cas de candidature de celui-ci, la validité de l'ambition d'un troisième mandat pour l'actuel président
Je le dis tout de go : après avoir échappé à une peine le rendant inéligible ce jeudi 30 mars, le maire de Ziguitchor (alias "Ousmane mu sèll mi" pour ses fanatiques), pourra se présenter à la présidentielle de février 2024. L'affaire avec le ministre Mame Mbaye Niang était civile, celle avec la désormais people et ex-masseuse Adji Sarr est pénale, dans un pays où le viol est un crime et non un délit.
Or, le temps de la justice étant long et lent pour trancher dans une affaire de crime présumé (déjà deux ans d'attente de jugement pour cette affaire "ADJIS-OS" ...!), Sonko après un jugement et un verdict qui lui serait défavorable face à Adji Sarr, pourra aller en appel. Et s'il perd en appel, il pourra aller en cassation. Il perd en cassation ? Il ira devant la Cour africaine des droits humains. Et même, pourquoi pas, après, devant la Cour internationale de justice de La Haye. Tous ces niveaux de décisions de justice étant suspensifs de toute condamnation, Sonko pourra bel et bien être candidat a la présidentielle de février 2024.
Il est écrit dans l'ADN de la machine judiciaire que l'affaire "ADJIS-OS" sera donc tranchée par les électeurs dans les urnes. Mektoub !
Tout comme sera tranchée, en cas de candidature de celui-ci, la validité de l'ambition d'un troisième mandat pour l'actuel président, Macky Sall. Oui, elle aussi sera tranchée éventuellement et en fin de compte dans les urnes de février 2024. Comme pour la jurisprudence Abdoulaye Wade de février et mars 2012.
Et tout cela est tout aussi bien, si c'est le prix à payer pour éviter (le plus possible) des morts d'hommes encore, dont le décompte est déjà à plus de 20 victimes défunctées depuis les émeutes de mars 2021.
So, let's let peace and zénitude prevail. Wasalam.
Ousseynou Nar Gueye est fondateur du site d'information Tract.sn.
Par Mamadou Oumar NDIAYE
MIRACLE DE RAMADAN (ET DE PAQUES !)
Ouf, la République peut respirer ! Le très redouté (pour la paix publique) procès opposant le ministre du Tourisme au leader de Pastef s’est enfin tenu.
Ouf, la République peut respirer ! Le très redouté (pour la paix publique) procès opposant le ministre du Tourisme au leader de Pastef s’est enfin tenu. Le droit a été dit et Ousmane Sonko a été condamné pour diffamation à deux mois de prison avec sursis et à payer 200 millions de francs de dommages et intérêts à son adversaire. Ses avocats pourront toujours saisir les voies de recours c’est-à-dire interjeter appel et, dans l’éventualité où la partie civile voudrait exécuter la condamnation pécuniaire, faire une procédure de défense à exécution provisoire dans le but de faire suspendre tout paiement. Si elle est rejetée, il leur resterait encore la possibilité du référé etc. Bref, avec un peu de chance et de maestria, ils peuvent retarder le moment de la signature de chèque de leur leader jusqu’en 2024 et, qui sait, l’élection de Sonko ! Des procédures en tout cas que « Le Témoin » connaît comme sa poche…
Pour en revenir à l’audience d’hier, la condamnation du chef de file de l’opposition signifie évidemment que le ministre du Tourisme et responsable du parti présidentiel, l’Alliance Pour la République (APR), a gagné la manche en ce que son honneur qu’il estimait atteint a été lavé. Toutes nos félicitations. Quant à la justice, elle sort grandie de ce procès dans la mesure où, malgré les foucades et les rodomontades du prévenu dans cette affaire, un prévenu qui n’est pas n’importe qui puisqu’il s’agit de la figure de proue de l’opposition, elle a su aller jusqu’au bout et le juger en disant le droit. Enfin, Ousmane Sonko, bien qu’ayant perdu le procès, s’en sort finalement à bon compte puisqu’il conserve son éligibilité à la présidentielle de 2024 qui constitue pour lui la « mère des batailles » comme disait le défunt raïs irakien Saddam Hussein.
Les autorités étatiques, elles, ont sauvé la face. Elles avaient dit que ce procès se tiendrait quel qu’en soit le coût et elles ont gagné leur pari. Chapeau aux forces de défense et de sécurité, au général Moussa Fall et au contrôleur général Seydou Bocar Yague pour avoir géré avec un grand professionnalisme, en compagnie de leurs hommes, une situation sécuritaire qui aurait pu déborder plusieurs fois.
Les ressorts ont fonctionné
Mais plus que tout, le plus grand gagnant de l’épreuve que l’on vient de traverser, c’est le Sénégal. Une fois de plus, les ressorts de notre démocratie ont fonctionné. Comme tant de fois dansle passé, notre payss’est retrouvé au bord du gouffre — au « bord du précipice » aurait dit l’ancien « président de la rue publique » Me Abdoulaye Wade — sans basculer. Sans doute, le sangfroid et la détermination du président de la République nous ont-ils évité cette perspective mais il est à deviner que des médiateurs de l’ombre se sont activés aussi et que les amis du Sénégal ont exercé des pressions pour que le happy end d’hier fût possible.
En attendant la prochaine crise qui pourrait être constituée par le jugement de l’affaire Adji Sarr/Ousmane Sonko et, surtout, une éventuelle déclaration de candidature de l’actuel chef de l’Etat pour la présidentielle de 2024. La démocratie est une quête perpétuelle et sa construction n’est jamais achevée. C’est un idéal vers lequel on tend sans jamais pouvoir l’atteindre comme la ligne de l’horizon. Rien n’est définitivement acquis dans cette longue marche vers cette démocratie et il est donc normal que des crises surviennent en cours de route, l’essentiel étant de toujours savoir trouver les moyens de les surmonter. Les Etats-Unis d’Amérique et la France — pour ne parler que de ces deux vieilles terres de démocratie — n’ont-elles pas connu ces dernières années l’assaut violent des partisans du président Donald Trump sur le Capitole, siège du Congrès (ce qui constituait un véritable coup d’Etat), pour le premier pays, et les manifestations insurrectionnelles des Gilets jaunes avec leur lot de violences et de destructions jusque sur les Champs-Elysées ? Pour parler toujours de Marianne, regardez ce qui s’y passe ces jours-ci avec les protestations contre la réforme des retraites ou contre l’implantation de « méga-bassines » dans les Deux-Sèvres ? Pour dire que le chemin de la démocratie est jalonné de crises pourvu que les acteurs politiques en particulier, et les peuples en général, sachent les résoudre.
Pour en revenir à cette affaire Mame Mbaye Niang/Ousmane Sonko,si elle a atteint les proportions — et conduit aux dégâts — que l’on sait, c’est parce que, tout le monde le sait, par-delà le procès en diffamation entre deux personnes privées, son véritable enjeu était l’éligibilité en 2024 du second nommé. Par conséquent, elle ne pouvait pas être simple. Notre position, au « Témoin », a été de plaider pour que le leader de Pastef ne soit pas disqualifié de cette échéance majeure à la suite de Karim Wade et de Khalifa Ababacar Sall dont l’emprisonnement lui a ouvert la voie, la nature ayant horreur du vide. Or le risque, en éliminant Sonko du jeu politique, avec tout ce qu’il représente aujourd’hui, ce serait de favoriser l’irruption sur la scène de forces encore plus radicales que lui, genre djihadistes, aux sirènes desquelles cette jeunesse désespérée qui adule aujourd’hui le maire de Ziguinchor pourrait céder. Sans compter que cela pourrait redonner un second et plus puissant souffle au conflit casamançais, Ousmane Sonko étant incontestablement aujourd’hui le leader emblématique de cette partie de notre pays — par-delà, et c’est tant mieux pour lui, il a acquis entretemps une envergure nationale voire africaine — comme le furent avant lui des personnalités charismatiques comme Emile Badiane, Ibou Diallo de Kolda voire le regretté Pr Assane Seck dont la fille est, justement, l’actuelle ministre des Sénégalais de l’Extérieur. Je l’avais écrit ici lorsque sous couvert de la plainte de l’alors directeur des Domaines, Mamour Diallo, contre son ex collègue à la DGID (Direction générale des Impôts et Domaines) Ousmane Sonko à propos de la fameuse affaire des 94 milliards en soutenant que le fait que la jeunesse casamançaise se reconnaisse à travers ce dernier était au contraire une très bonne nouvelle pour la démocratie !
« Rebelle casamançais » ne doit pas être l’autre nom de «l’ivoirité» !
Plutôt que de rejoindre le maquis, qu’ils choisissent ou que la perspective leur soit offerte d’exprimer leurs frustrations légitimes sur le terrain politique plutôt que dans les maquis de la forêt casamançaise, cela c’est déjà une victoire pour notre pays. Le Sénégal qui a besoin de l’apport de tousses enfants pour se construire. A condition que ces enfants sachent se parler par-delà leurs clivages, leurs chapelles et leurs obédiences. Si nous estimons que la candidature de Sonko — mais aussi celles de Karim Wade et de Khalifa Sall — ne doivent pas être écartées c’est parce que nous savons, hélas, que dans beaucoup de pays du continent qui se sont embrasés on trouve à l’origine des candidats à la présidentielle recalés grâce à des manœuvres. Le cas le plus emblématique est celui de la Côte d’Ivoire où l’exclusion d’Alassane Ouattara grâce à l’artifice de l’ivoirité a plongé ce pays frère dans une guerre civile de dix ans. Par conséquent, pensons-nous, « rebelle casamançais » ne doit pas être la version sénégalaise, ou l’autre nom, de l’ivoirité !
Quant au président de la République, pour décrire son action, je serais tenté de le comparer à un personnage de la mythologie grecque à savoir Pénélope, épouse d’Ulysse, parti en Odyssée, et qui, aux nombreux prétendants qui voulaient sa main, répondait invariablement qu’elle accepterait qu’ils l’épousent lorsque l’ouvrage qu’elle était en train de tricoter serait achevé. Seulement voilà, chaque nuit, elle détricotait ce qu’elle avait fait durant la journée ! Si bien que l’ouvrage de Pénélope ne fut jamais achevé jusqu’au retour d’Ulysse. Car enfin, voilà un président qui a un excellent bilan matériel — meilleur, incontestablement, que ceux de tous ses prédécesseurs, c’est ma conviction —, diplomatique et aussi en termes de montée en puissance de notre armée et de nos forces de sécurité mais qui gâche le tout sur le plan immatériel c’est-à-dire en matière de gouvernance. Au point d’éclipser son excellent bilan matériel !
A Ousmane Sonko, on ne saurait trop lui conseiller, si ses zélés et fanatisés partisans nous le permettent, de modérer son langage mais surtout d’avoir plus de respect pour les institutions et, notamment, pour les hommes imparfaits (que celui parmi nous qui est parfait leur jette la première pierre !) qui les incarnent ou les animent. En résumé, il doit acquérir une stature d’homme d’Etat même si c’est sa posture de populiste qui fait sa force.
Pour le reste, profitons de cette période de grâce retrouvée pour nous purifier spirituellement en ce mois béni de Ramadan (et aussi de Pâques) et en profiter pour prier Dieu d’apaiser les coeurs. Surtout, surtout, fêtons en communion et dans la concorde le 04-Avril, anniversaire de l’accession de notre cher pays à la souveraineté internationale !
PS : L’accident dont a été victime notre jeune collaboratrice Yacine Thiam, camérawoman à Témoinweb, nous a valu de très nombreux témoignages de sympathie venant de confrères, d’amis, de lecteurs ou de citoyens anonymes. Avec une mention particulière pour le Synpics, la Convention des jeunes reporters et l’Appel. Que tous ceux-là veuillent bien trouver ici l’expression de notre gratitude ! Nos remerciements vont aussi au secrétaire général du PUR (Parti de l’Unité et du Rassemblement), Cheikh Tidiane Youm, aux deux députées Bathily et Ba ainsi qu’aux leaders de Yewwi Askan Wi d’une manière générale pour la prise en charge des frais médicaux de Yacine au niveau de la clinique Khalifa Ababacar Sy de SacréCœur III. Remerciements appuyés, enfin au ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diom, pour s’être rendu au chevet de notre collaboratrice et avoir annoncé la prise en charge totale de son hospitalisation par le Gouvernement. Un grand bravo à lui !
ATTEINTE AUX DROITS DE LA DÉFENSE
Le refoulement de Juan Branco par l'État du Sénégal est un précédent dangereux pour la profession parce qu’il constitue une entrave injustifiable qui interpelle au-delà du pays, tous ceux qui exercent la profession d’avocat - LES AVOCATS DE SONKO
SenePlus publie ci-dessous, le communiqué du Collectif des avocats d’Ousmane Sonko relatif au refoulement par le ministère de l’Intérieur de l’avocat Franco-espagnol Juan Branco à son arrivée à Dakar, le 30 mars 2023.
« Dans la nuit du 29 au 30 mars 2023, nous avons appris que notre confrère Juan Branco, avocat au barreau de Paris, arrivé à l’Aéroport Blaise Diagne au Sénégal, par vol de Royal Air Maroc, a été empêché de rentrer sur le territoire Sénégalais et rapatrié vers la France par les autorités de ce pays.
Notre confrère Juan Branco venait au Sénégal pour prendre part, comme avocat, à l’audience du 30 mars 2023 devant la chambre correctionnelle du TGI hors classe de Dakar. Il avait été constitué depuis le 15 mars dernier par monsieur Ousmane Sonko pour faire partie de l’équipe d’avocats chargée de sa défense.
Cette décision injuste, incompréhensible et arbitraire est une atteinte grave et inadmissible aux droits de la défense, à l’exercice de la profession d’avocat et à la libre circulation des personnes.
Il s’agit d’un précédent dangereux pour l’ensemble de la profession d’avocat parce qu’il constitue une entrave injustifiable qui interpelle au-delà du Sénégal, tous ceux qui exercent la profession d’avocat et qui pourraient demain subir le même sort, dans n’importe quel pays du monde. Notre destin commun est d’être sans frontière et d’être présent chaque fois que notre mission de défense le commande.
La communauté internationale est prise à témoin sur les attaques intolérables perpétrées contre les avocats et les libertés.
Nous rappelons que dans la même affaire, des violences physiques ont été exercées sur un autre confrère, maître Ciré Clédor Ly qui a été gazé et violenté en connaissance parfaite de sa qualité d’avocat.
Nous condamnons fermement et sans réserve ces comportements de l’Etat du Sénégal qui ne resteront pas sans suite et qui ont brisés la vitrine de l’Etat de droit et de la démocratie.
Ont signé : Cire Cledor Ly, Masoghna Kane, Martin Diatta, Ablaye Tall, Babacar Ndiaye, Dabakh Malick, Amadou Diallo, Macodou Ndour, Kandiack François, Said Larifou, Guy Hervé Kam, Ndiaye Abdy Narcisse, Youssoupha Camara et Moussa Balde, avocats, membres du collectif des avocats de monsieur Ousmane Sonko. »
par Sylla Thiam
QUI POUR VENIR AU SECOURS DES MÉDECINS DU SÉNÉGAL ?
Une rupture de confiance entre le personnel de santé et la population a des conséquences désastreuses sur le recours aux soins mais surtout sur la réussite des principaux programmes de santé publique FCFA
En tant que médecin sénégalais, je suis indigné par le traitement infligé à des citoyens sénégalais à travers des exactions et des atrocités occasionnant des blessures, des mutilations, des incapacités et parfois même des pertes de vie.
Pire, je suis outré par le traitement infligé aux médecins sénégalais ces derniers mois. Je sais que dans toute profession il y a des écarts qui peuvent être notés çà et là, mais au rythme où vont les choses, des interrogations s’imposent :
En effet depuis quelques temps il y a des faits inquiétants qui doivent nous faire réfléchir sur la place du médecin dans notre pays.
1. Rappelez-vous lorsque le corps médical et paramédical a été livré à la vindicte populaire suite aux événements de Linguère Louga et Tivaouone entre 2021 et 2022. Certains agents ont été emprisonnés, d’autres démis de leur fonction. Et toutes sortes de critiques ont été déversées sur le personnel de santé. Certes, certaines sont valables, mais il y avait comme un rejet total de tout le corps médical. Faudrait-il le rappeler, ce même personnel de santé a été félicité et a reçu des éloges de partout durant la crise de la Covid-19. Qu’est-ce qui a changé entre temps ?
2. Après, il y a eu la répression de la marche des internes des hôpitaux en Novembre 2022. Ces derniers, qui ne représentaient aucun danger, ont reçu des gaz lacrymogènes à l’intérieur de l’hôpital de Fann, alors qu’ils organisaient une marche pacifique pour réclamer leurs droits. Qu’est-ce qui peut bien expliquer cette violence envers des médecins, si l’on sait que ces jeunes collègues abattent un travail de titan dans les hôpitaux publics et dans des conditions misérables ?
3. Avant cela, on a assisté à la fermeture précipitée de l’Hôpital Aristide Le Dantec, en août 2022, sans une bonne préparation pour permettre un recasement des services et des agents. Cette fermeture a grandement occasionné la frustration des internes car ces derniers avaient leurs outils de travail et logements au sein de cet hôpital. Qu’est qui pouvait expliquer cette précipitation ? Cette fermeture avait elle été bien planifiée ?
4. Ensuite, il y a eu l’arrestation arbitraire de notre brave collègue, Dr Faye, gynécologue à Kédougou, et des membres de son équipe de bloc, en septembre 2022. Pourquoi s’était-t- on précipité pour les inculper et les placer en garde à vue sans que leur culpabilité ne soit établie par une expertise avérée ? Si l’on sait les sacrifices que le corps médical fait dans ces zones éloignées de la capitale où il arrive qu’il travaille 24h/24 et même les weekends, parfois loin de sa famille et avec peu de moyens.
5. Enfin, l’arrestation, dans des conditions dignes d’un film, de notre collègue Dr Babacar Niang, ne témoigne-t-elle pas d’un manque de considération de notre collègue et, au-delà de sa personne, de la profession médicale elle-même ?. Cet homme, comme beaucoup de médecins, a créé des entreprises privées d’utilités publiques, il vit et travaille dans son pays. Pourquoi a -t-il été arrêté de la sorte ? Ne mérite-t-il pas respect et considération ? Je l’ai rencontré une seule fois, il y a 6 ans. Il était venu à mon bureau et j’avais pu apprécier son amabilité, sa modestie et ses idées novatrices. Malgré tout ce qu’on peut dire sur lui, c’est un homme d’action, un homme franc et un grand travailleur, en témoigne le service SUMA Assistance qui est « Made in Sénégal » et qui est bien connu. Nous devons l’honorer, car c’est un digne fils de la patrie. Rares sont ceux qui peuvent se prévaloir d’une réalisation aussi utile que SUMA sur une initiative personnelle.
Nous devons éviter de désacraliser le sacré, c’est un élément fondamental de cohésion sociale. Le médecin avait, a et aura une place dans la société. Depuis la nuit des temps, les médecins qu’ils soient traditionnels ou modernes sont très bien considérés et respectés dans leur milieu, à cause des services utiles qu’ils rendent à la société. Ils doivent certes répondre de leurs actes et de toute faute, mais il faut les protéger au risque de fragiliser la profession qui aboutira à une perte de confiance.
Une rupture de confiance entre le personnel de santé et la population a des conséquences désastreuses sur le recours aux soins mais surtout sur la réussite des principaux programmes de santé publique dans lesquels l’État, les Collectivités Territoriales, le Secteur Privé et les Partenaires investissent des milliards de FCFA. Et au-delà, la gestion des futures crises sanitaires se fera dans des conditions très difficiles-sans l’engagement des populations- surtout au vu des scandales qui ont émaillé la riposte contre la Covid 19.
J’invite l’Ordre des médecins, les syndicats et associations professionnels à travailler ensemble et saisir les autorités compétentes pour le règlement définitif de ces questions.
Les enseignements d’un verdict : Malgré le traitement expéditif, par moment, dans l’affaire M. Mbaye Niang contre O. Sonko, il faut tout de même reconnaître que le verdict rendu comporte des relents d’apaisement.
Malgré le traitement expéditif, par moment, dans l’affaire M. Mbaye Niang contre O. Sonko, il faut tout de même reconnaître que le verdict rendu comporte des relents d’apaisement.
En effet, il aurait suffi simplement que le Tribunal prononçât une amende correspondant à 1/1000 du montant à verser en guise de dommage et intérêt au demandeur pour que le prévenu perde provisoirement son droit d’être électeur et, par là même occasion, son éligibilité pour cinq (05) ans. Or, le défenseur, condamné à une peine de deux (02) mois avec sursis et à réparer un préjudice, échappe de ce fait aux dispositions des articles L.29 et L.30 du code électoral.
Dès lors, l’on peut tenter d’apprécier ce verdict, du reste provisoire, en tirant quelques enseignements.
En premier lieu, il démontre la capacité de l’État à garantir le fonctionnement normal de la justice par-delà les préjugés et autres ressentiments. Il y a lieu de rappeler les nombreux renvois en vue du respect du droit au procès équitable. Toutefois, il est regrettable de constater, à présent, une remise en cause du droit de la défense sous certains aspects…
En deuxième lieu, il intègre les dispositions du code électoral qui instaurent la déchéance électorale automatique et indifférenciée sans que celle-ci ne soit prononcée comme peine complémentaire par les juridictions. De ce point de vue, le juge a bien statué dans les limites du respect du droit fondamental de suffrage du citoyen.
En troisième lieu et subséquemment à la considération, le verdict, n’en déplaise certains partisans de tous bords, va dans le sens de contribuer à la sauvegarde de la stabilité et de la paix sociale et à la préservation de l’image de notre modèle démocratique.
Enfin, la décision rendue par le Tribunal ne referme pas les portes du dialogue politique tout aussi indispensable durant ce tournant si décisif que notre cher pays devra passer en gardant ce qu’il a de plus essentiel : les fondements de la République, la garantie de l’Etat de droit, la préservation de l’unité et la cohésion nationale, par-delà les convulsions inhérentes à toute compétition électorale.
Pour ce faire, il ne faudrait surtout pas envisager une interprétation tendancieuse du code électoral – résultante d’un droit textuel – dans un sens non édicté, même si le droit de recours est garanti dans les procès. L’article L.29-4 visant le jugement par contumace concerne les matières criminelles. À cet effet, il ne saurait prévaloir dans le cas d’espèce encore que cette disposition susvisée ne cite nullement le jugement par défaut.
Il nous revient encore d’alerter les différents camps politiques sur l’urgence à revoir certaines dispositions du code électoral relatives aux conditions de participation à l’élection présidentielle, notamment les articles L.29 et L.30 ainsi que les modalités régissant le système de parrainage. La problématique de l’enrôlement des primo-votants, qui demeure une faiblesse malgré les efforts consentis depuis près de vingt (20) ans par l’Etat du Sénégal, ne doit pas être laissée en rade. Il y va de la modernisation et de la fiabilité du fichier des électeurs. Ceci a été attesté par les différentes Missions d’audit du fichier électoral.
Sous ce rapport et en guise de rappel, il apparait que la solution pour une prise en compte efficiente des primo-votants réside dans la possibilité de l’enrôlement sur présentation du récépissé de la demande de la carte nationale d’identité biométrique CEDEAO, comme ce fut le cas en 2018. De plus, la prorogation de la période de révision exceptionnelle des listes électorales préconisée par le Collectif des Organisations de la Société civile pour les Élections (COSCE) devrait être prise en compte.
Voilà des gages d’un processus électoral intègre, inclusif, apaisé.
Ndiaga SYLLA, Expert électoral
Président du Dialogue Citoyen
«CE VERDICT EST LA DÉFAITE DES FAUCONS DU PALAIS»
Mamoudou Ibra Kane, leader du mouvement «Demain, c’est maintenant» se prononce sur les ondes de Sud FM, sur le procès opposant Ousmane Sonko à Mame Mbaye Niang
«Une décision de justice est toujours commentée mais de mon point de vue, ce verdict est un verdict d’apaisement parce que nous avons une situation politique et sociale très tendue depuis presque deux ans au Sénégal. Le pays est à l’arrêt. Les gens ne travaillent plus convenablement. Nos enfants ne vont plus à l’école normalement. Je crois que ce verdict va dans le sens de la paix sociale. C’est un verdict dont il faut aussi tirer les leçons. La première leçon, c’est qu’il y a deux personnalités politiques : le président de Pastef Ousmane Sonko, leader de l’opposition qui était opposé à Mame Mbaye Niang ministre du Tourisme à propos de l’affaire PRODAC. La justice a décidé de condamner Ousmane Sonko à deux mois avec sursis assortis d’une amende de 200 millions mais M. Ousmane Sonko ne perd pas ses droits. Ce qui veut dire qu’il reste en course. Il reste dans la compétition. Ça, c’est le premier enseignement. Le deuxième enseignement de mon point de vue, ce verdict, c’est aussi la défaite des faucons du Palais qui se trouvent dans d’autres sphères qui pensaient que dans cette affaire, Ousmane Sonko allait être condamné et privé de ses droits. Donc, ces faucons-là ont perdu aujourd’hui une bataille. Est-ce qu’ils ont perdu la guerre ? La question reste posée. L’autre enseignement et pour moi qui est l’enseignement majeur, c’est au niveau du Président de la République. Le Président de la République doit ouvrir le jeu démocratique».
«Le Président Macky Sall doit renoncer à ce projet de 3e mandat»
«Il doit libérer davantage l’espace politique en permettant aux sénégalaises et aux sénégalais qui ont des aspirations, une vision pour ce pays de pouvoir participer à l’animation du jeu démocratique et de pouvoir participer à la compétition électorale. Et l’autre enseignement, c’est que je crois très sincèrement que le Président de la République, s’il en a l’intention, doit renoncer à ce projet de 3ème mandat qu’on lui prête parce que il y a va de la paix sociale, du fonctionnement normal des institutions parce que le Président de la République a tout simplement, à plusieurs reprises, donné sa parole et sa parole est importante. Sa parole est sacrée. Sa parole compte. Sa parole pèse. Moralement, la parole donnée est quelque chose d’essentiel au Sénégal et je crois que c’est un des enseignements majeurs de mon point de vue qu’il faudra tirer de ce verdict dans l’affaire qui a opposé Mame Mbaye Niang et Ousmane Sonko».
«Vouloir verrouiller ce jeu démocratique, c’est exposer le pays à des tensions»
«C’est un verdict qui a des conséquences sur le jeu politique parce que tout simplement quand on est en démocratie, il faut permettre l’expression libre des citoyens. Il faut aussi surtout permettre à ceux et celles qui ont des ambitions, de pouvoir s’adresser aux sénégalais parce qu’en fin de compte, ce sont les sénégalais qui doivent décider, choisir puisque nous parlons de l’élection présidentielle de 2024 leur Président de la République en toute liberté, en toute démocratie et en toute transparence. Vouloir verrouiller ce jeu démocratique, c’est exposer le pays à des tensions. Et verrouiller le jeu démocratique, c’est déjà dans le camp du pouvoir aujourd’hui, on voit qu’il n’y a aucune tête pratiquement qui émerge et à un moment donné, quand on a pensé que oui il y a avait un certain nombre de personnalités qui avaient le profil, nous avons vu ce qui s’est passé. Les personnalités ont été isolées politiquement et du côté de l’opposition, il faut le reconnaitre, un certain nombre d’identités remarquables ont été écartées du jeu politique par des condamnations et je ne suis pas en train de dire que la justice ne doit pas faire son travail. Je ne suis pas en train de dire que quand quelqu’un commet une faute, il ne doit pas être jugé et condamné. Au contraire, il n’y a aucune personne au Sénégal qui doit être au-dessus de la loi et de la justice, je suis en train de parler d’un certain nombre de principes qu’exige le jeu démocratique et ce que le jeu démocratique exige, c’est qu’il y ait une compétition».
DAKAR TOURNE AU RALENTI
Les échauffourées à répétition entre jeunes manifestants et Forces de l’ordre et les violences qui s’en suivent, à chaque convocation du maire de Ziguinchor au Tribunal, ont été à l’origine de la paralysie de la ville
Dakar n’était pas au mieux de sa forme dans la matinée d’hier, jeudi 30 mars. Le procès pour diffamation opposant le leader du parti Pastef, Ousmane Sonko, au ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, a impacté l’activité socioéconomique dans la capitale du Sénégal qui a tourné au ralenti.
Les échauffourées à répétition entre jeunes manifestants et Forces de l’ordre et les violences qui s’en suivent, à chaque convocation du maire de Ziguinchor au Tribunal, ont été à l’origine de la paralysie de la ville. Du coup, beaucoup de secteurs n’ont pas fonctionné, pour des raisons de sécurité. Les rues autrefois ambiantes étaient désertes, une circulation fluide, les motocyclettes et cyclomoteurs interdits de circuler, à cause d’un arrêté du Gouverneur de Dakar.
Les élèves des écoles privées retenus chez eux. Les banques qui avaient décidé de se pointer, ont fermé à 13 heures. Certaines institutions ainsi que de nombreux commerces et centres commerciaux ont aussi baissé les rideaux. Le transport en commun notamment la société nationale Dakar Dem Dikk est également impacté. Elle a décidé de suspendre ses rotations pour ne pas subir de dommages, comme ce fut le cas lors de la dernière convocation du leader du parti Pastef, le jeudi 16 mars 2023, où pas moins de trois de ses bus ont été incendiés, d’autres caillasses. Déjà, la veille du procès, les populations s’étaient préparées à vivre une journée sous haute tension, comme à l’accoutumée. C’est pourquoi beaucoup de structures avaient décidé de suspendre leurs activités. Mais, au finish, plus de peur que de mal, hier !
Même si quelques échauffourées entre jeunes manifestants et Forces de l’ordre ont été constatées dans la ville. En effet, cette paralysie de plusieurs activités n’est pas sans conséquences sur l’économie du pays. Il faut noter que le procès a rendu son verdict vers 12 heures. Ousmane Sonko a été condamné à deux mois avec sursis et 200 millions de FCFA de dommages et intérêts.
Ainsi, après l’annonce du verdict, la vie a repris petit à petit dans la ville. L’affaire qui, depuis quelques mois, tenait en haleine et en émoi tout un pays, avait fini par paralyser la capitale lors de chaque convocation du leader du Pastef.