KEEMTAAN GI – GESTAPO
La vie commence à devenir vraiment dingue à Galsen. Pendant que l’insécurité règne aux quatre coins du pays, de grands voleurs de nos deniers publics sont à l’air libre. Plutôt que de s’en prendre à ces carnassiers financiers, notre police, notre gendarmerie, sous les ordres de notre « justice », elle-même obéissant au parti au pouvoir se livrent à la chasse de jeunes gens et jeunes filles dont le seul tort est d’être des militants et sympathisants du plus redoutable opposant à celui qui semble vouloir forcer pour un troisième mandat. La vague d’arrestations de ces jeunots pour des délits bénins — voire pour pas de délit du tout ! — doit interpeller tous les militants des droits de l’homme ainsi que tous les démocrates. Les citoyens tout court. Surtout celle, hier, de l’activiste Hannibal Djim connu pour ses actions de bienfaisance en faveur des couches faibles et sa capacité de lever des fonds pour la bonne cause. Des emprisonnements opérés sous le prétexte de manifestations interdites ou de trouble à l’ordre public mais qui relèvent en réalité de dérives dictatoriales du pouvoir en place. Pendant que des jeunes sont ballotés entre la cave du Palais de Justice et les commissariats de police et brigades de gendarmerie, le Chef, lui, déroule tranquillement à Thiès après deux sauts sur les rives de la Seine et sur les bords de la lagune Ebrié. Plutôt qu’une tournée économique, tout le monde sait qu’il effectue dans cette région stratégique électoralement — et la plus importante sur le plan économique après celle de Dakar —une précampagne qui a paralysé toute la ville aux-deux-gares avec une foule immense débarquée de « Ndiaga Ndiaye » et autres moyens de transport de masse. C’est peut-être pour montrer que le Chef n’a pas le monopole de la rue que son farouche opposant déroule depuis avant-hier lui aussi, se promenant dans les rues de la capitale sans être gazé ou interpellé pour trouble à l’ordre public. A malin, malin et demi. Après la déferlante des Parcelles Assainies où il a toisé son ancien collègue des Impôts et Domaines, en l’occurrence le Premier ministre Amadou Ba, sommé de s’expliquer sur l’origine de ses milliards (en tant que fonctionnaire !) il était hier dans les rues de Colobane où, sans jeu de mots, il a mis le feu. Une marche non autorisée aux yeux et à la barbe de nos forces de sécurité. Et on comprend leur inertie, elles qui sont si promptes à gazer. Ç’aurait été bien maladroit de réprimer une marche à Dakar pendant que le Chef déroulait tranquillement à l’intérieur du pays. Ce qui prouve l’inanité de l’interdiction à tout-va de ces rassemblements dans un pays qui a une tradition démocratique vieille de plus d’un siècle. Pour le moment, avec cette vague d’arrestations de jeunes de l’opposition, on se demande si la Gestapo n’a pas ressuscité. Non pas en Allemagne, mais au Sénégal en 2023… KACCOOR BI - LE TEMOIN
BOIS DE CHAUFFAGE ATTENTION AU GAZ CARBONIQUE !
Hier, « Le Témoin » quotidien a été informé que trois membres d’une même famille ont failli mourir par intoxication au monoxyde de carbone ou gaz carbonique. Autrement dit, d’émanations de « Fourneaux Thiouray » ou « Ande Thiouray » à charbon de bois en cette période de froid. L’accident chimique a eu dansla banlieue dakaroise, plus précisément aux Parcelles Assainies de Keur-Massar. Dans cette concession comme partout au Sénégal en cette période de grand froid, les époux Boye, en compagnie de leur enfant âgé de 8 ans, avaient utilisé un chauffage à charbon de bois. Au milieu de la nuit, ils ont été réveillés par des maux de tête atroces. L’origine de leurs maux ? La fumée toxique qui se dégageait du fourneau. Ils ont été secourus par les voisins qui ont immédiatement fracassé les portes et fenêtres de la chambre pour aérer les lieux. Plus de peur que de mal ! Une occasion pour « Le Témoin » quotidien de lancer une alerte au gaz carbonique. Et surtout en cette période de froid où un tueur pernicieux dort parmi nous !
SONKO MOBILISE A COLOBANE
C’est à croire que le leader de Pastef, Ousmane Sonko, ne compte laisser aucune marge de manœuvre au pouvoir. Après avoir défié avant hier le Premier ministre Amadou Ba aux Parcelles Assainies où il s’est offert un bain de foule, Sonko était hier à Colobane où il a provoqué un raz de marée humaine. Une foule nombreuse est sortie accueillir le leader de Pastef qui montre à chacun de ses déplacements qu’il est dans les cœurs. Des sorties qui sonnent comme un avertissement au pouvoir
ARRESTATION DE HANNIBAL DJIM
Hannibal Djim, activiste du mouvement « Frapp France dégage » et un des principaux contributeurs de Pastef, a été arrêté hier. L’activiste a été cueilli devant chez lui par des éléments de la police. Cependant, jusque tard dans la soirée d’hier, les raisons de son arrestation n’étaient pas encore connues. Aucune notification ne lui a été non plus faite. Le jeune homme est connu parmi les initiateurs de Kopar Press à travers des levées de fonds pour des malades et autres mais également pour les activités de Pastef.
COMMERCE L’APIX SIGNE UN PROTOCOLE AVEC WOLRDVLOGISTICS PASSPORT
L’APIX-S.A. a pris part à la 6ème édition du SHARAH INVESTISTMENT FORUM qui s’est ouvert hier à Dubaï et prend fin ce jeudi. Un rendez-vous majeur du monde des affaires des Émirats Arabes Unis qui réunit des CEO de banques, de fonds d’investissement, d’agences de promotion et d’institutions gouvernementales du Middle Est. Au cours de ce forum présidé par le ministre de l’Economie des Émirats Arabes Unis, la délégation de APIX- S.A, conduite par son Directeur Général, Dr. Abdoulaye BALDE, a pu susciter l’intérêt de nombreux participants en quête de nouveaux marchés et de nouvelles destinations pour des investissements. En effet, le Dg de l´Apix S.A a saisi l’occasion pour présenter aux visiteurs du stand du Sénégal les opportunités d’investissement dans notre pays et les réformes de l’environnement des affaires. Aussi, l’occasion a-t-elle été saisie par Dr Abdoulaye Baldé pour informer ses interlocuteurs de la tenue du forum INVEST IN SENEGAL prévu en juin à Dakar. En marge du Sharjah Investment Forum, le Directeur Général de l’APIX a signé ce mercredi 8 février 2023 un Protocole d’Accord avec WorldvLogistics Passport (WLP). Le World Logistics Passport (WLP) est un programme mondial de fidélisation du fret et de la logistique, développé par Dubai Logistics World (DLW), une entité du gouvernement de Dubaï en partenariat avec DP World, Emirates Group et Dubai Customs. Le programme vise à développer les échanges commerciaux entre pays émergents du Sud. A travers la signature de ce protocole, APIX-SA va renforcer sa visibilité sur le réseau mondial des membres du WLP programme, en mettant à leur disposition toutes les informations relatives aux opportunités d’investissement et au dispositif d’incitations aux investissements.
SAINT-LOUIS DEUX ENFANTS MEURENT DANS L’EXPLOSION D’UNE ANCIENNE CITERNE
Deux élèves d’une école coranique ont trouvé la mort, hier mercredi, dans l’explosion d’une ancienne citerne, aux environs de dix heures, au quartier Sud de la ville de Saint-Louis, a appris l’APS. Le drame a été causé par l’explosion d’une ancienne citerne enfouie dans le sous-sol et récemment déterrée, a déclaré à la presse un habitant du quartier Sud, Saib Diop « Go ». « Quand nous avons entendu du bruit, j’ai aussitôt dit qu’il s’agissait d’une explosion et ces deux enfants ont péri après avoir été projetés très loin du lieu de la détonation » a-t-il déclaré. Selon le témoin, ce quartier abritait d’anciens ateliers mécaniques ainsi que des stations d’essence et compte des lieux où étaient enfouis des citernes d’essence. Malheureusement, les habitants ne prennent pas le soin de vérifier le sous-sol et s’exposent ainsi. Saib Diop invite donc les autorités à mener un travail de recherche pour mieux sécuriser les populations. Le préfet de Saint-Louis, Modou Ndiaye, qui s’est rendu sur les lieux après l’explosion mortelle, a assuré que « toutes les dispositions ont été prises par les sapeurs-pompiers et la police pour sécuriser le site où a eu lieu l’explosion ». Selon lui, « toutes les dispositions sécuritaires seront prises et un travail de recherche mené pour vérifier les affirmations selon lesquelles beaucoup de réservoirs d’essence restent enfouis sous le sol ». Le marabout des deux talibés, Thierno Moussa Sow, a indiqué que « depuis quelques semaines », lui et ses élèves avaient quitté la maison dont le propriétaire « s’attelait ces derniers jours à déterrer cette ancienne citerne sans prendre toutes les précautions ». Ce qui explique ce drame car les enfants passaient seulement sur les lieux où ils n’étaient plus logés.
BASKET BABA TANDIAN ET CIE ATTAQUENT LA GESTION DE ME BABACAR NDIAYE
Le bureau fédéral du basket national dirigé par Me Babacar Ndiaye va entendre ce jeudi des vertes et des pas mûres venant de la Convergence pour le Renouveau du Basket sénégalais dirigée par l’imprimeur Baba Tandian. Ce dernier, ancien président de la Fédération sénégalaise de basket, va être soutenu dans sa croisade contre l’équipe en place par l’association des anciens basketteurs Keur Magny. A travers une conférence de presse, des thématiques variées seront débattues. On assistera surtout à un déballage sur, entre autres, la mauvaise gestion des championnats avec des calendriers non maîtrisés et des règles de jeu changées en cours de jeu, l’absence de reddition des comptes, la violation abusive et répétée des textes (règlement intérieur et statuts). Ces thèmes renvoient directement à la gestion de l’actuelle équipe dirigée par Me Babacar Ndiaye. Baba Tandian et Cie évoqueront aussi le rapport de la Cour des comptes et ses conséquences sur l’image du basket si la lumière n’est pas faite, la négligence du basket à la base, le cumul de fonctions du directeur technique, qui est en même entraîneur national et directeur technique de l’ASC Ville de Dakar. Egalement dans le viseur de Tandian et Cie la nébuleuse sur les contrats de sponsoring, la gestion « clanique » du basket-ball à tous les niveaux avec une mise à l’écart des cerveaux fertiles et « une responsabilisation des courtisans qui se distinguent pour la plupart par une médiocrité », la déstructuration des clubs de basket et la mauvaise qualité des infrastructures abritant les compétitions de Ligue et Ligue 2. Ce sont les oreilles Me Babacar Ndiaye et Cie qui vont siffler ce jeudi !
LA PRÉCAMPAGNE BAT DÉJÀ SON PLEIN
Le décret de fixation de la date des élections n’est toujours pas publié par le ministère de l’Intérieur. Qu’importe, entre meetings et tournées politiques, la campagne est déjà lancée en vue de 2024
Pour le moment, rien n’est officiel. À part une promesse du ministère de l’Intérieur de l’ouverture prochaine d’une période de révision exceptionnelle des listes électorales en vue de la Présidentielle de 2024. Le 31 janvier dernier, un communiqué de l’instance habilité à organiser les élections a soutenu que ‘’cette révision se substituera à la révision ordinaire qui devrait démarrer le 1er février 2023’’.
Malgré ce retard du calendrier républicain, chez les politiques, la campagne électorale a déjà commencé. Si les déclarations de candidature tous azimuts ont donné le ton depuis longtemps, le méga meeting de Pastef à Keur Massar trace, à coup sûr, la route vers la Présidentielle 2024.
Le monde fou réuni par Ousmane Sonko et ses alliés, les images faisant le tour des réseaux sociaux ont montré que pour battre de candidat de Pastef/Les patriotes en 2024, il faudra se lever tôt. L’opposant, qui continue son ‘’Nemeeku Tour’’, a réussi un vrai coup politique, aussi bien dans la mobilisation de militants que dans le contenu de son message politique. L’appel à la résistance, au lendemain de son renvoi en chambre criminelle, dans le cadre des accusations de viol qui le visent ne laisse personne indifférent. Et les records de Pastef ne se limitent pas à l’audience que le parti parvient à réaliser.
Pour la première fois, une levée de fonds lancée par un parti politique au Sénégal a pu réunir, en quelques jours, plus de 300 millions F CFA, selon les organisateurs.
Après Keur Massar, Pastef prépare Mbacké
Un deuxième meeting national est annoncé pour le vendredi 10 février à Mbacké. Le maire de Ziguinchor entend réaliser un nouveau coup dans l’un des bastions électoraux du pays où le président Macky Sall ne s’est jamais réellement imposé.
Hier, le leader des ‘’pastéfiens’’ a rendu visite à Aboubacar Djamil Sané, un membre fondateur de Pastef, qui a mis fin à 14 ans de règne du maire des Parcelles-Assainies Moussa Sy. Ousmane Sonko en a profité pour promettre aux habitants qui ont fait confiance au nouvel édile qu’ils ont fait le bon choix, tout en déplorant qu’une commune de 450 000 habitants ne dispose pas d’un budget de 3 milliards. Ce qui dénote du peu de moyens dont disposent les collectivités locales, malgré les sollicitations des populations.
Le maire de Ziguinchor entend mettre en place un comité mixte entre sa collectivité et celle des Parcelles-Assainies, en collaboration avec la mairie de Dakar.
Si beaucoup de leaders de la coalition Yewwi Askan Wi s’entassent autour du président de Pastef, d’autres ont choisi d’occuper le terrain. C’est le cas de Khalifa Sall.
Khalifa Sall tisse sa toile ; Le PDS ne change pas de formule
Malgré son inéligibilité, l’ancien maire de Dakar, à la tête de Taxawu Sénégal, effectue une tournée nationale et dans la diaspora afin de convaincre les électeurs sur son programme dénommé ‘’Motalli Yeene’’ (pérennisation d’un engagement politique). A l’image du ‘’Nemeeku Tour’’, les opérations de charme à travers les visites de proximité sont à la mode, après avoir permis, selon plusieurs observateurs, à Macky Sall de gagner la Présidentielle de 2012.
Toujours au sein de l’opposition, d’autres ont choisi des moyens plus classiques. Le Parti démocratique sénégalais (PDS) a lancé, depuis septembre 2022, une opération de vente de cartes. Le secrétaire général national a montré la voie aux militants en achetant la sienne à un million de francs CFA. Le parti partage avec Taxawu Sénégal l’inéligibilité de leurs premiers choix : Karim Wade et Khalifa Sall. L’amnistie qui se prépare viendra les remettre dans le jeu de la compétition électorale.
Si tous les deux se détachent de l’amnistie demandée par le président de la République en Conseil des ministres, les deux leaders politiques s’investissent tout de même dans la perspective de participer à l’élection présidentielle.
Ce n’est tout de même pas qu’au sein de l’opposition seulement que la campagne avant l’heure bat son plein. Au sein de Benno Bokk Yaakaar, les espoirs ne font plus l’objet d’un consensus. L’incertitude se dissipe peu à peu sur la volonté du président de la République Macky Sall de briguer un troisième mandat. Si le principal concerné s’en tient toujours à son fameux ‘’ni oui ni non’’, ses camarades de parti ne cachent plus leur volonté de faire de lui leur candidat pour 2024.
Macky Sall tâte toujours le pouls
‘’Le moment est venu de ne plus attendre que le président Macky Sall dise qu’il est candidat. L’APR a décidé, à travers ma voix […] de présenter le président Macky Sall candidat de l’APR-Yaakaar et de la mouvance présidentielle. On ne s’en cache pas’’, lançait Mbaye Ndiaye à la veille de la cérémonie de lancement des ventes de cartes du l’APR. Le directeur des structures du parti, ministre d’État sans portefeuille, est l’un des premiers à avoir invité le président sénégalais à briser le silence et à déclarer sa candidature.
Le plus récent à l’imiter fut le Premier ministre, dimanche dernier, lors du meeting organisé par le parti au pouvoir. Selon Amadou Bâ, il n’y a ni plan A ni plan B au sein de l’APR et Benno, le seul candidat est Macky Sall : ‘’Ce qu’on veut du président Macky Sall, c’est qu’il continue de nous guider. Qu’il continue de mettre en œuvre le PSE, de lutter contre la pauvreté, contre les injustices, contre la mal gouvernance dans ce pays et un peu plus en Afrique, et il peut compter sur l’ensemble des militants APR, de Benno Bokk Yaakaar, sous la direction du parti.’’
Le Parti socialiste en séminaire d’évaluation du compagnonnage avec BBY
L’optimisme du Premier ministre risque de se heurter à la réalité du terrain. Du moins, en ce qui concerne la coalition Benno Bokk Yaakaar. Le silence de son leader pousse certains à se poser des questions. Ancré dans la mouvance présidentielle depuis plusieurs années, le Parti socialiste (PS) va tenir un séminaire ce weekend (samedi 11 et dimanche 12 février) ‘’exclusivement les membres du Bureau politique élargi aux secrétaires généraux de coordination qui n’en sont pas membres’’, sur le thème général ‘’Le Parti socialiste à la croisée des chemins : enjeux et défis’’.
L’idée principale annoncée dans une lettre circulaire signée Aminata Mbengue Ndiaye, Secrétaire générale, est d’engager un ‘’débat introspectif’’ dans le but de ‘’repositionner le parti, tant au sein de la coalition BBY que dans l’espace politique national’’.
Il y a quelques jours, le porte-parole du PS s’était prononcé contre un troisième mandat de Macky Sall, avant de se raviser, en soutenant le contraire, selon d’autres interprétations de la Constitution. Malgré tout, le PS ne donne pas les signaux de vouloir être un problème majeur pour la mouvance présidentielle.
Même si, la tentation est grande, au moment où l’idée de la réunification de la famille socialiste est agitée, de se repositionner définitivement sur l’échiquier politique, en présentant un candidat de consensus d’obédience socialiste. Cela signifierait de mettre un terme au compagnonnage record avec Macky Sall. Les Verts vont-ils oser s’affranchir et franchir le Rubicon ?
Au tout cas, cela ferait chorus avec les voix qui s’élèvent pour réclamer la candidature d’autres ténors au sein de Benno.
Idrissa Seck et ses ambitions présidentielles
Dans un communiqué publié la semaine dernière, la section France de Rewmi invite son leader Idrissa Seck à se présenter en 2024. Mieux, suggère-t-elle, le président du Conseil économique, social et environnemental devrait être le candidat de Benno Bokk Yaakaar à la place du président de la République et l’incite même à quitter le navire Benno, s’il n’est pas choisi.
‘’Puisque l’analyse objective de l’évolution du paysage politique sénégalais, ces dernières années, nécessite de l’objectivité, elle invite, ordonne et nécessite de remettre la clé des institutions à un homme d’Etat consensuel et expérimenté : Idrissa Seck. Puisque sa compétence prend sa source dans son intelligence, son pragmatisme, sa sagesse, son savoir- devoir-faire être-faire et qu’il en est expérimentalement et richement doté. Puisque les perspectives dictées par la prochaine exploitation des ressources naturelles vont commander toutes ces qualités qui allient patriotisme, souveraineté et mondialisation(…) A l’évaluation de tous ces crédibles arguments qui font forte et indéniable raison, nous, de Rewmi France, à l’issue de la rencontre du 21 Janvier 2023, souhaitons, appelons et proposons le président Idrissa Seck comme candidat de Benno Bokk Yaakaar (BBY) à la prochaine élection présidentielle de 2024’’, déclarent les Rewmistes de France dans une note signée par le secrétaire général de cette coordination, Moustapha Dramé.
Il peut s’agir là d’une simple tactique pour repositionner leur leader qui a perdu de sa superbe et montrer que Rewmi est bien toujours là. Mais, également, cette sortie peut être annonciatrice d’un futur divorce, entre Rewmi et BBY. Puisqu’il s’agit là, clairement, d’une dissonance avec le ‘’tout pour Macky’’ qui est en vigueur au sein de la majorité présidentielle.
Dans tous les cas, les jours à venir édifieront sur les intentions réelles d’Idrissa Seck qui, comme tout le monde le sait, n’est intéressé que par la magistrature suprême. Dans ce sens, être à la tête d’une machine électorale comme BBY va considérablement augmenter ses chances de réaliser son rêve.
LE MAL DE L'ATTAQUANT SÉNÉGALAIS
L’inefficacité des attaquants sénégalais devient de plus en plus un sujet de débat pendant les compétitions auxquelles prennent part nos sélections nationales
L’inefficacité des attaquants sénégalais devient de plus en plus un sujet de débat pendant les compétitions auxquelles prennent part nos sélections nationales. Même le chef de l’État en a fait la remarque aux dirigeants du football sénégalais, à l’occasion de la réception de l’équipe locale, victorieuse du Chan, et des champions d’Afrique de Beach Soccer. Qu’est-ce qui explique cette maladresse et quelles solutions pour y remédier ?
L’équipe locale du Sénégal a remporté le Championnat d’Afrique des nations (Chan) de football en s’imposant en finale face à l’Algérie (0-0, 2 tab 4), samedi dernier. Ce sacre historique a donné un coup de projecteur sur le football local sénégalais qui, de l’avis du sélectionneur national, est ‘’sous côté’’. Il n’a pas tout à fait tort, compte tenu de la qualité du joueur sénégalais qui est bien appréciée dans les grands championnats européens. Mais dans ce coup d’éclat des Lions locaux, la maladresse des attaquants était notoire, même aux yeux du plus profane des supporters sénégalais.
Lors de l’accueil des Lions au lendemain de leur sacre à Alger, le président de la République n’a pas manqué d’en faire la remarque. ‘’On doit former des attaquants de pointe plus solides. Les académies doivent revoir ça. Il y a un manque de 9. On doit avoir des attaquants qui fassent trembler les filets régulièrement. C’est une carence dans le football sénégalais. Peut-être les coaches et la fédération sont en train d’y penser, mais il faut marquer des buts. Au football, si on ne marque pas, on ne peut pas gagner des coupes. Le beau jeu c’est bien, le football défensif aussi, mais on ne va pas dans un tournoi pour défendre. Il faut être offensif pour gagner’’, a regretté Macky Sall.
Ce manque d’efficacité offensive est même parfois reproché aux hommes d’Aliou Cissé. Est-ce un défaut de l’attaquant sénégalais ? Certainement pas. Le chargé de la formation au Racing de Dakar indexe le système de jeu mis en place par le sélectionneur national Pape Thiaw. ‘’Tout s’explique par le système de jeu mis en place depuis le début du tournoi, avec le 3-5-2 qui ne facilitait pas la tâche aux joueurs offensifs qui étaient dénaturés. Comme ils jouaient en 4-3-3 dans leurs clubs, ça leur a causé d’énormes problèmes. Ils dépensaient beaucoup d’énergie et, arrivés au dernier tiers, ils manquaient de lucidité pour marquer’’, explique El Hadj Cissé.
Pour l’ancien coach du Dakar université club, ‘’la réussite d’une attaque est aussi sujette à l’organisation défensive’’ de l’adversaire. ‘’Si en face ce n’est pas tellement solide, la réussite vient naturellement. Mais si au contraire c’est solide, ça devient difficile. Le football est une organisation aussi offensive que défensive’’, explique Abdou Karim Mané.
Mais qu’est-ce qui explique donc cette inefficacité déconcertante ?
Manque de maitrise et de confiance
Si la maladresse n’est pas un défaut propre à l’attaquant sénégalais, celui-ci s’illustre par son manque de ‘’maitrise’’ et de ‘’confiance de soi’’. C’est le constat fait par les techniciens. ‘’L’attaquant sénégalais est souvent dans les nuages, une fois devant le gardien. Souvent, dans sa tête, il marque le but avant d’avoir frappé le ballon. C’est ce manque de lucidité qui fait que l’attaquant sénégalais a des problèmes’’, souligne coach Cissé. Il souligne aussi le manque de confiance qui découle de la non-maitrise des fondamentaux du football.
‘’Parfois, c’est le manque de confiance en soi, parce que, pour marquer un but, il faut être serein, avoir de la clairvoyance. C’est ce qui explique la maladresse de Pape Diallo, surtout Cheikh Ibra qui faisait beaucoup de débauche d’énergie. Arrivé au dernier tiers, il tergiversait pour savoir quelle surface du pied utiliser. Ce manque de confiance est aussi dû à la mauvaise connaissance du haut niveau’’, explique Karim Mané.
‘’Par rapport à nos gosses qui viennent de jouer une première finale dans leur carrière, ils sont en terre étrangère en Algérie, un grand pays de foot, dans un stade archicomble. Subitement, dans le jeu, l’occasion se présente, le joueur a envie de marquer, mais dans la précipitation, il peut rater le geste facile. C’est l’aspect mental qui joue, à partir de ce moment’’.
Sur cet aspect, coach Cissé préconise de ‘’forcer le joueur à vivre la réalité du terrain, savoir quand il est en position d’ailier droit ou gauche, comment marquer, quand il sort du centre du terrain, comment il doit se positionner pour marquer le but’’.
Déficit d’exercices personnels
Ainsi, coach Mané plaide pour le renforcement du coaching mental. ‘’Les entraineurs travaillent d’arrache-pied pour assurer l’efficacité de leurs attaquants. Dans la semaine, il y a des jours où l’entraineur ne fait que travailler devant les buts avec les joueurs d’une manière répétitive. Parfois, le jour du match, mentalement, le joueur est bloqué’’, explique-t-il.
Malgré l’importance du coaching, le travail individuel du joueur aussi occupe une place primordiale dans son rendement, les jours de match. Selon le chargé de formation au Racing Club de Dakar, les attaquants sénégalais ne font pas souvent assez d’exercices pour s’améliorer. ‘’Le joueur doit être en éternelle répétition des différents gestes, même s’il n’y a pas match. Après chaque séance, laisser du temps aux joueurs de travailler, comme le font les professionnels qui en ont les moyens. Mais ici, l’attaquant sénégalais n’a pas beaucoup de temps de travail déjà et après la séance collective, lui personnellement ne va pas au terrain pour s’exercer davantage dans son domaine. Il se contente de ce qu’il fait à l’entrainement’’, regrette-t-il.
En plus des exercices, El Hadj Cissé recommande de mettre l’accent sur la formation. ‘’Dès la formation, si on ne fait pas répéter aux enfants les fondamentaux, cela devient compliqué offensivement, une fois en équipe senior où ils doivent être des joueurs confirmés. C’est pourquoi, au niveau de la formation, il faut voir le profil des encadreurs de ces enfants, pour leur permettre de développer cette phase offensive’’.
CHEIKH ANTA DIOP, SAVANT ET HOMME POLITIQUE VISIONNAIRE
Décédé le 7 février 1986, il aurait eu cent ans en 2023. Cheikh Anta Diop, c’était d’abord et avant tout l’homme de science, le monument du savoir. Vient ensuite le politique engagé, courageux et clairvoyant, avec une certaine idée du développement
Scientifique de formation, historien, anthropologue, homme politique, Cheikh Anta Diop s’est attaché, toute sa vie durant, à montrer l’apport de l’Afrique, plus particulièrement l’Afrique noire, à la culture et à la civilisation mondiales. Avec Théophile Obenga et Asante Kete Molefe, il est considéré comme l’un des inspirateurs du courant épistémologique de l’Afrocentricité. Lors du premier Festival mondial des Arts nègres de Dakar, il a été distingué comme « l’auteur africain qui a exercé le plus d’influence sur le 20e siècle ». Il est reconnu comme un précurseur dans sa volonté d’écrire l’histoire africaine précédant la colonisation, mais également l’un des premiers scientifiques africains à faire une application archéologique du laboratoire carbone 14 dès 1963. Cependant, certaines de ses thèses sont controversées.
La famille de Cheikh est d’origine aristocratique wolof dans le Thiapy ou Bambey. C’est à l’âge de 23 ans qu’il se rendit en France, à Paris, pour poursuivre des études en sciences physiques et la chimie, mais il se tourna aussi vers l’histoire et les sciences sociales. Il suivit les cours de Gaston Bachelard et de Frédéric Joliot-Curie. Il adopta un point de vue spécifiquement africain face à la vision de certains auteurs de l’époque, selon laquelle les Africains sont des peuples sans passé.
En 1951, sous la direction de Marcel Griaule, il prépara une thèse de doctorat à l’Université de Paris, dans laquelle il affirme que l’Égypte antique était peuplée d’Africains noirs, et que la langue et la culture égyptiennes se sont ensuite diffusées dans l’Afrique de l’Ouest. Dans un premier temps, il ne parvint pas à réunir un jury. Selon l’anthropologue Gnonsea Patrice Doué, sa thèse rencontre un « grand écho » sous la forme d’un livre, Nations nègres et culture, publié en 1954. Il obtint finalement son doctorat, six années après. C’est-à-dire en 1960, année de notre indépendance. Par la suite, il mit à profit sa formation pluridisciplinaire pour combiner plusieurs méthodes d’approche.
Cheikh Anta s’appuie sur des citations d’auteurs anciens comme Hérodote et Strabon pour illustrer sa théorie selon laquelle les Égyptiens anciens présentaient les mêmes traits physiques que les Africains noirs d’aujourd’hui (couleur de la peau, texture des cheveux, forme du nez et des lèvres). Son interprétation de données d’ordre anthropologique (comme le rôle du matriarcat) et archéologique l’amena à conclure que la culture égyptienne est une « culture nègre ». Sur le plan linguistique, il considère, en particulier, que le wolof, parlé aujourd’hui en Afrique occidentale, est phonétiquement apparenté à la langue égyptienne antique.
Une brillante carrière universitaire
Titulaire du doctorat ès Lettres en 1960, Cheikh Anta Diop revint au Sénégal enseigner comme maître de conférences à l’université de Dakar, rebaptisée université Cheikh-Anta-Diop, à son décès. Il y obtint en 1981 le titre de professeur. Il fut un homme de bibliothèque et non de terrain ; en dehors des datations au radiocarbone qu’il pratiquait dans son laboratoire de l’Institut fondamental d’Afrique noire (Ifan) à Dakar, fondé à l’instigation de Théodore Monod. Toute sa réflexion s’appuyait sur son interprétation des trouvailles publiées dans la littérature, sur des textes et une iconographie connus de tous. Il effectua des tests de mélanine sur des échantillons de peau de momies égyptiennes, dont l’interprétation permettrait, selon lui, de confirmer les récits des auteurs grecs anciens sur la mélanodermie des anciens Égyptiens.
Durant la décennie 70, il participa au Comité scientifique international qui dirige, dans le cadre de l’Unesco, l’élaboration de l’histoire générale de l’Afrique ; un projet éditorial ambitieux qui comptera huit volumes. Pour la rédaction de cet ouvrage, il participa, en 1974, au Colloque international du Caire où il confronta les méthodes et résultats de ses recherches avec ceux des principaux spécialistes mondiaux. À la suite de ce colloque international, il rédigea un chapitre sur « L’origine des anciens Égyptiens ».
Un intellectuel engagé en politique
C’est en 1947 qu’il s’était engagé politiquement en faveur de l’indépendance des pays africains et de la constitution d’un État fédéral en Afrique. Jusqu’en 1960, il lutta pour l’indépendance du continent et de notre pays, et contribua à la politisation de nombreux intellectuels africains en France.
Secrétaire général des étudiants du Rassemblement démocratique africain (Rda), entre 1950 et 1953, il dénonça très tôt, à travers un article paru dans La Voix de l’Afrique noire, l’Union française, qui, «quel que soit l’angle sous lequel on l’envisage, apparaît comme défavorable aux intérêts des Africains ». Il poursuivit la lutte sur un plan culturel, et participa aux différents congrès des artistes et écrivains noirs. En 1960, il publia ce qui va devenir sa plateforme politique : « Les fondements économiques et culturels d’un futur État fédéral en Afrique noire ».
Gnonsea Patrice Doué reconnu que Cheikh Anta Diop sera l’un des principaux instigateurs de la démocratisation du débat politique au Sénégal où il anima l’opposition institutionnelle au régime du Président Léopold Sédar Senghor, à travers la création d’un parti politique, le Front national sénégalais (Fns) en 1961, puis le Rassemblement national démocratique (Rnd) en 1976, d’un journal d’opposition (Siggi, renommé par la suite Taxaw) et d’un syndicat de paysans. Sa confrontation, au Sénégal, avec le chantre de la négritude, serait l’un des épisodes intellectuels et politiques les plus marquants de l’histoire contemporaine de l’Afrique noire. Un problème d’écriture l’opposa à Senghor sur le mot wolof/ouolof « Siggi », et il refusa de changer l’orthographe.
Senghor qui avait introduit les quatre courants dans la Constitution n’accepta pas la reconnaissance de son parti par le Rnd. Ce sera chose faite avec l’arrivée d’Abdou Diouf en 1981 avec le multipartisme intégral. En février 1983, le Rnd de Cheikh Anta participa aux élections législatives et obtint un seul député en la personne du leader, mais il dénonça les irrégularités du scrutin et refusa de siéger à l’Assemblée nationale. D’ailleurs, c’est là où débuta la rupture entre Cheikh Anta et Me Babacar Niang, l’éminence grise du Rnd qui siégea à sa place à l’Hémicycle. Quelques mois après, Me Babacar Niang député créa le Parti pour la libération du peuple (Plp) avec Abdou Fall et d’autres responsables du Rnd.
ISM, UNE ÉCOLE CHARGÉE D'HISTOIRE
Il y a 30 ans, Amadou Diaw recrutait une promotion de 25 élèves. Aujourd’hui, l’ISM compte plus de 30 000 diplômés à travers le monde
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LA VIE DE FORÇATS DES TRAVAILLEURS ÉTRANGERS DE DIAMNIADIO
La nouvelle ville est la vitrine du plan de Macky visant à faire du Sénégal un pays émergent, mais pour la construire, de nombreux travailleurs migrants sont maltraités, entre journées interminables, salaire minimal et conditions de travail misérables
Quand Mohamed a commencé à travailler sur le chantier du nouveau siège des Nations unies pour l'Afrique de l'Ouest au Sénégal, il était fier de dire qu'il travaillait "non seulement pour l'Afrique, mais pour le monde". Ce plombier sierra-léonais de 25 ans est venu s'installer à Diamniadio, à une quarantaine de kilomètres de Dakar, attiré par la perspective de travailler à la construction d'un des plus grands projets urbains d'Afrique de l'Ouest.
Avec ses sièges de ministères, d'organisations internationales et d'entreprises et ses enceintes sportives, la nouvelle ville censée désengorger la capitale est la vitrine du plan du président Macky Sall visant à faire du Sénégal un pays émergent. Il y a neuf mois, les rêves de Mohamed ont volé en éclats quand le climatiseur qu'il installait est tombé, sectionnant un doigt et entaillant son pouce. Diminué, il dit avoir été licencié sans indemnité. Depuis, il survit plus qu'il ne vit de petits boulots.
L'AFP s'est entretenue avec plus d'une dizaine de migrants venus de la Sierra Leone, de Guinée ou du Nigeria qui travaillent à Diamniadio. Tous racontent une vie misérable, des journées interminables pour un salaire minimal et des nuits dans des logements collectifs et décrépits, hantés par la peur de se blesser. L'AFP a modifié leur nom pour préserver leur anonymat.
"Ils nous ont dit que notre salaire était le prix de notre âme... En un mot, c'est de l'esclavage", dit Alpha, un Guinéen, monteur d'éléments en acier. La société chinoise WIETC, au centre de nombre des accusations, a nié tout abus et déclaré qu'elle respectait strictement les lois sénégalaises.
"Conditions inhumaines"
Le nouveau bureau de l'ONU au Sénégal est une structure spectaculaire de 60.000 mètres carrés en forme d'étoile tourbillonnante. Avec un grand complexe sportif, le Dakar Diamniadio Sports City, il est l'une des constructions phares de la ville nouvelle où, depuis le lancement il y dix ans, les chantiers gigantesques engloutissent la plaine fertile.
Les ouvriers qui les construisent disent travailler jusqu'à 13 heures par jour, sept jours sur sept, et être payés l'équivalent d'environ 7 dollars par jour. Ou moins. Le code du travail sénégalais prévoit un jour de repos par semaine. Le salaire minimum pour les ouvriers peu qualifiés dans le bâtiment varie entre 378 FCFA (0,56 euro) et 658 FCFA (0,98 euro) par heure.
"Ce sont évidemment des conditions inhumaines", dit Seydi Gassama, responsable d'Amnesty International au Sénégal. "Tous les travailleurs doivent pouvoir travailler et avoir des jours de congé, qu'ils soient Sénégalais ou internationaux."
Certains assurent marcher plus de trois heures par jour pour se rendre et rentrer du travail. Leur logement, des "cabanes" fournies par la compagnie, ont un jour été démolies par les gendarmes. Tous les travailleurs rencontrés par l'AFP ont déclaré n'avoir signé aucun contrat.
Bakary, un autre Sierra-Léonais rencontré fin 2022, s'était blessé la veille. Il avait des blessures visibles à la tête. Il dit avoir été renvoyé chez lui sans solde. Ses supérieurs ne l'ont pas emmené chez le médecin, et lui ont laissé le choix: soit il revient le lendemain, soit il est licencié.
"Ils sont très mauvais et crient et insultent les travailleurs. Même si tu es épuisé, ils te forcent à le faire (travailler)", assure aussi Alpha. D'autres disent avoir été battus.
"Tous les jours, ils crient, crient, te frappent, te maltraitent", raconte Ibrahim, un ouvrier de 26 ans. Si un ouvrier frappe un chef en retour, "tu te fais virer. Donc quand il frappe, tu n'as qu'à avaler, supporter et te remettre au travail".
Lois du travail
Dans une réponse écrite à l'AFP, le directeur général de WIETC pour l'Afrique de l'Ouest, la société chinoise retenue pour construire les deux complexes, a objecté que celle-ci se conformait entièrement à la législation. Tous les employés ont été déclarés à la sécurité sociale sénégalaise, et tous ceux qui ont été blessés ont été couverts pour les soins médicaux et payés jusqu'à leur rétablissement, dit He Shenjian.
Il a assuré que le travail le soir et le week-end était "exceptionnel" et n'avait lieu que lorsque les travailleurs y "consentaient librement". Madani Tall, le maître d'ouvrage des deux sites, dit n'avoir été informé d'aucun mauvais traitement jusqu'alors.
Les travailleurs sont des journaliers, selon lui, bien qu'ils aient tous déclaré à l'AFP être payés au mois. "La loi sénégalaise n'exige pas de contrat pour un journalier", affirme-t-il. Avoir des journaliers itinérants, ajoute-t-il, "c'est quelque chose qui n'est pas particulier au Sénégal, c'est ce que vous avez sur tous les chantiers", y compris aux Etats-Unis et en Europe.
Sollicité par l'AFP, le cabinet d'avocats sénégalais Geni & Kebe rappelle que la loi sénégalaise exige de l'employeur un document écrit à l'embauche des journaliers et qu'à défaut, ces derniers doivent être considérés comme des travailleurs disposant d'un contrat à durée indéterminée. La précarité est très répandue au Sénégal. Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), 9 travailleurs sur 10 occupent un emploi informel.
MM. Tall et He Shenjian ont confirmé qu'il y avait eu deux décès sur le site de l'ONU, l'un lié à une crise d'épilepsie et l'autre dû à un accident. Le Coordinateur résident des Nations unies pour le Sénégal n'a pas répondu aux multiples sollicitations de l'AFP. Les autorités gouvernementales en charge de Diamniadio ont dit que cela ne relevait pas de leur responsabilité.
"Honte"
Les travailleurs étrangers disent envoyer jusqu'à la moitié de leurs revenus à leur famille au pays. Mohamed, le plombier, voulait étudier l'administration des affaires mais a quitté le lycée à la mort de son père. Il ne peut plus subvenir aux besoins de sa mère agricultrice et de ses trois sœurs.
Il aimerait aller à la police. Mais, en tant qu'étranger anglophone, sans document prouvant son accident, il craint d'aggraver son cas et de ne plus jamais trouver de travail. "Si je rentre, je n'ai rien. Ce serait une très grande honte pour moi", explique-t-il. "Certains de mes amis se sont mariés, certains se sont installés... Moi, je n'ai même pas de petite amie".
L'ESPOIR JAMAIS RÉALISÉ D'UNE RELANCE DU CHEMIN DE FER À THIÈS
Thiès ne devrait plus garder le titre de « capitale du rail ». Le train n’y siffle que très rarement, aujourd’hui
Du chemin de fer à Thiès, il ne reste que le glorieux fantôme du passé. Conscients du rôle économique, social et même culturel que jouait le rail, beaucoup de Thiessois plaident pour sa relance.
Thiès ne devrait plus garder le titre de « capitale du rail ». Le train n’y siffle que très rarement, aujourd’hui. Les passages des locomotives des Industries chimiques du Sénégal (Ics) et de la Grande côte opération (Gco) sont actuellement les seuls instants offerts aux anciens cheminots et à ceux encore en activité pour replonger dans le souvenir de la période faste du rail. Dans « la ville aux deux gares », l’activité ferroviaire est à l’agonie. Presque à terre. Et pourtant, elle était le poumon économique de cette ville. C’est pourquoi la relance effective du chemin de fer est l’une des plus fortes attentes des Thiessois à l’occasion du Conseil des ministres décentralisé prévu à Thiès à partir de ce 8 février. Surtout dans ce contexte de recrudescence des accidents de la route qui repose le débat sur la capacité des véhicules de transport public de personnes à assurer en même temps le convoyage de marchandises. « J’ai l’impression que jusqu’à présent, les autorités ne comprennent pas l’importance du chemin de fer », estime Pape Massiré Kébé.
Même retraités, cet ancien cheminot et ses amis, tous d’ex-agents des Chemin de fer, érigent « Grand-Place » devant le « MR », locaux dédiés au matériel roulant à la gare centrale de Thiès. Appartenant à des camps politiques différents, ils y commentent l’actualité nationale et internationale. Mais ils ont des points de vue convergents sur un sujet : le chemin de fer et la nécessité de sa relance. Ils disent leur fierté d’être cheminots et leur volonté de le rester. « Quand on est cheminot un jour, on l’est pour toujours. C’est un état d’esprit. Et nous aurions souhaité que le train continue de rouler. Nous ne parlons pas pour nous, car nous appartenons au passé, nous plaidons pour vous les jeunes », dit le vieux Mamour Cissé, d’une voix empreinte de nostalgie.
Source d’emplois
Diaby Mbaye qui a passé plus de 40 ans au Chemin de fer a les yeux imbibés de larmes quand il parle de son ancienne société. Lui qui est cheminot et fils de cheminot. « Je prie tous les jours pour que le train soit remis sur les rails », assure-t-il. Selon lui, pendant l’âge d’or du chemin de fer, il n’y avait presque pas de chômeur à Thiès. « Pour mon cas, c’est mon père qui m’a fait intégrer la société des chemins de fer. Ainsi, commence une longue carrière de cheminot. C’est de cette façon que marchaient les choses à l’époque », raconte M. Mbaye. Mouhamed Bachir Dia a passé presque 40 ans au Chemin de fer. « Quand j’en parle aujourd’hui, j’ai le cœur lourd. J’ai mal au plus profond de moi-même. Rien qu’avec le rail, on peut développer le Sénégal. On injecte beaucoup de milliards chaque année pour promouvoir l’emploi des jeunes. Mais avec seulement 150 milliards de FCfa investis dans la relance du rail, on peut créer 2000 emplois directs entre Dakar et Kidira. Sans compter les emplois indirects », estime-t-il. En tant que témoin du passé glorieux du rail, il estime « qu’il manque encore une vraie politique ferroviaire ». Pour sa part, Abdou Aziz Diallo, gérant du matériel roulant à la gare, est catégorique. « Seul le train peut développer le pays », soutient-il. Ces cheminots invitent tous le Chef de l’État à presser le pas pour que le projet de relance soit effectif le plus vite possible.
Même les plus jeunes, qui n’ont pas connu l’époque glorieuse du rail, ne sont pas insensibles. Tapha Sarr, 30 ans, est vendeur de chaussures à la Promenade des Thiessois. Il n’a pas vécu « la belle époque » du rail mais il a entendu le récit. « Mon père ne cessait de me dire que nous n’étions pas chanceux parce que nous n’avons pas connu le temps où le chemin de fer marchait fort. Nous demandons au Chef de l’État de relancer très rapidement le rail pour que nous puissions trouver un emploi décent et sécurisé. Si nous nous mettons à vendre sur le trottoir, c’est parce que nous n’avons pas trouvé autre chose à faire », lance-t-il. Comme qui dirait que la relance du Chemin de fer est une forte préoccupation des Thiessois. Tamsir Ndiaye, lui, n’envisage pas un développement sans train, lui qui a effectué ses études au Maroc et en Europe. « Le Ter est bon, mais le Chemin de fer aussi n’est pas mauvais. Dans tous les pays développés, il y a un vaste réseau ferroviaire. Au Maroc, tu peux vivre à Casablanca et venir travailler tous les matins à Rabat. La relance du Chemin de fer peut même contribuer à baisser le loyer à Dakar. Parce que si les heures de départ sont respectées comme cela se fait ailleurs, les Thiessois n’auront plus besoin d’aller enrichir les bailleurs à Dakar. Tu habites chez toi, tu pars travailler à Dakar le matin et tu rentres le soir », préconise Mamadou Sakho, enseignant de son état. On dit souvent que « sans le Nil, l’Égypte serait un désert ». Pour beaucoup, sans le rail, Thiès n’est qu’une ville fantôme.