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19 juin 2025
LE TOUT SAUF SONKO S'EMBALLE
S’il promet d’user de tous les moyens à sa disposition pour résister aux tentatives de musellement, le leader Pastef/Les patriotes voit l’étau se resserrer autour de lui
De l’histoire politique du Sénégal, rarement un homme a été persécuté comme Ousmane Sonko. De sa radiation comme agent de l’État aux procès qui menacent de le rendre inéligible aux prochaines joutes électorales, le leader de Pastef/Les patriotes est dans le collimateur d’un régime dont les tentatives de musellement contre sa personne l'ont plus renforcé. Face à l’incertitude des affaires juridiques, politiques et morales qui le vise, d’autres alliances se nouent pour parer à toute éventualité de voir le maire de Ziguinchor accéder à la fonction présidentielle en 2024. L’important, pour ses adversaires, connus et masqués, reste une vérité immuable : le tout sauf Sonko. Même si, pour cela, il faut renouer des relations que l’on pensait perdues à jamais.
Ce n’est peut-être pas sous Macky Sall que l’on voyait Karim Wade et Khalifa Sall revenir dans le jeu électoral. Mais c’est bien le chef de l’État, lors du premier Conseil des ministres du gouvernement d’Amadou Ba, qui a demandé au ministre de la Justice ‘’d’examiner dans les meilleurs délais les possibilités et le schéma adéquat d’amnistie pour des personnes ayant perdu leurs droits de vote’’.
Depuis, Ismaïla Madior Fall s’est exécuté. Le garde des Sceaux a déjà livré le projet de loi de réintroduction, qui ne cite pas les deux ténors du paysage politique, mais dessine les schémas possibles pour le retour des bannis du fichier électoral.
Ancien conseiller puis ministre de son père l’ex-président de la République Abdoulaye Wade, Karim Wade a été condamné, en 2016, à 6 ans de prison ferme et à 138 milliards F CFA d’amende pour ‘’enrichissement illicite’’.
Quant à Khalifa Sall, ancien Maire de Dakar, il a été condamné à une peine de 5 ans de prison ferme, assortie d’une amende pénale de 5 millions F CFA. Tous les deux ont, par le biais de ces condamnations judiciaires, perdu leurs droits civiques et leur éligibilité.
Malgré des procès censés rendre justice au peuple sénégalais, aucun des deux n’a payé les sommes pour lesquelles ils ont été poursuivis. En lieu et place, ils ont bénéficié de grâces présidentielles, sans pour autant retrouver leur droit de participer à l’élection présidentielle de 2019. Des faits allant dans le sens de renforcer les visées politiques de leurs condamnations.
Il y a quatre ans, la situation avait profité au président de la République qui a obtenu sa réélection au premier tour, contre quatre candidats. Aujourd’hui, face à la menace Sonko, adulé au sein de la jeunesse, la réintroduction possible de Karim Wade et Khalifa Sall augure d’une redistribution des cartes parmi les forces en présence. Une manière plus subtile d’arriver à écarter le leader de Pastef des allées vers le palais de la République par des manœuvres politiques.
En effet, ce plan a l’avantage de porter un grand coup à l’intercoalition électorale qui a fait vaciller le pouvoir lors des deux dernières élections (Locales de janvier et Législatives de juillet 2022). Karim Wade et Khalifa Sall se sont alliés à Ousmane Sonko pour gagner la majeure partie des grandes villes du Sénégal et imposer une quasi-cohabitation parlementaire à l’Assemblée nationale. Le retour en selle des premiers nommés viendra réveiller les ambitions personnelles et partisanes, grâce au mirage d’accéder au fauteuil présidentiel.
Cette prémonition est d’autant plus à considérer qu’avec ses anciens camarades libéraux, Macky Sall a habitué les Sénégalais à des surprises. Ce fut le cas lors de la grâce accordée à Karim Wade et, plus récemment, avec la nomination d’Idrissa Seck à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese). L’ancien Premier ministre sous Abdoulaye Wade entérinant ainsi sa décision de rejoindre la majorité, après avoir terminé deuxième à l’élection présidentielle de février 2019.
Rapprochement entre BBY et Wallu
Selon certaines indiscrétions, le président de la République a envoyé des émissaires au candidat annoncé pour le Parti démocratique sénégalais (PDS), leader de la coalition Wallu Sénégal. Beaucoup de choses vont dans le sens d’une possible collaboration entre Wallu Sénégal et Benno Bokk Yaakaar autour du pouvoir. Bien qu’ayant réitéré son ancrage dans l’opposition dure, au lendemain des bonnes performances lors des Législatives, la coalition a pris ses distances avec ses alliés de Yewwi Askan Wi. Deux faits pour en témoigner sont le refus de voter la motion de censure introduite par Yewwi contre le gouvernement d’Amadou Ba et l’adhésion à la déchéance d’Aminata Touré de son mandat de député lancée par la majorité.
Reste que pour éviter la perte du pouvoir par les libéraux, le rassemblement de la grande famille libérale est toujours dans un coin de la tête du pouvoir. Souleymane Ndéné Ndiaye, Pape Samba Mboup, Serigne Mbacké Ndiaye, Abdoulaye Baldé, Oumar Sarr, Pape Diop. Il ne reste pratiquement plus que les leaders du PDS, Abdoulaye Wade et Karim Wade, pour une recomposition des libéraux autour de Macky Sall. Une réelle possibilité au cas où une troisième candidature du président de la République ne passerait pas auprès du Conseil constitutionnel.
Dans une opposition qu’il avait promis de réduire à sa plus simple expression, Macky Sall n’a jamais fait face à un candidat aussi dangereux qu’Ousmane Sonko pour la prochaine élection présidentielle. Ce qui a peut-être marché pour les cas Khalifa Sall et Karim Wade ne marchera peut-être pas pour le maire de Ziguinchor. Son arrestation, en mars 2021, a provoqué l’une des émeutes les plus violentes de l’histoire du Sénégal, avec 14 morts enregistrés.
Malgré cela, les soucis judiciaires ne sont toujours pas évacués pour le leader de Pastef/Les patriotes. Son procès pour des accusations de viol a été renvoyé devant la chambre criminelle, au moment où un autre procès pour une accusation de diffamation l’oppose à un des hommes forts du régime, Mame Mbaye Niang. À chaque étape de son opposition avec le pouvoir, les Sénégalais retiennent leur souffle.
Une seule question reste valable : jusqu’où pourrait mener le pays l’invalidation de la candidature de l’idole de toute une jeunesse ? Le seul adversaire politique du régime pour lequel le peuple s’est mis sur la route des institutions judiciaires.
CONFESSIONS DE VICTIMES
Alors que les principaux protagonistes de l'affaire Sonko-Adji Sarr préparent leur défense à grand renfort médiatique, les innocents, dépourvus de protection, craignent pour leurs personnes. Des victimes de mars 2021 reviennent sur leur calvaire
Plus de deux ans après son éclatement, l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko continue de tenir en haleine le peuple sénégalais. Alors que les principaux protagonistes préparent leur défense à grand renfort de gros bras, les innocents, dépourvus de protection, craignent pour leurs personnes et leurs biens. Des victimes de mars 2021 alertent et reviennent sur leur calvaire.
Le ‘’gatsa-gatsa’’ se prépare activement dans les états-majors politiques. Depuis quelque temps, les attaques fusent de tous bords, majorité comme opposition. Si les derniers promettent ouvertement de casser du dirigeant, les partisans du pouvoir promettent cette fois-ci des ripostes à la hauteur des attaques. Chez les populations, l’inquiétude est déjà à son paroxysme.
Président de l’Association des gérants de stations-services, Ibrahima Fall alerte : ‘’On a eu à limiter les dégâts pour une première fois (lors des évènements de février-mars 2021), mais un autre mars serait catastrophique. Non seulement au plan social, mais aussi aux plans humain et sécuritaire. Que les gens manifestent s’ils le veulent, mais qu’ils épargnent nos fonds de commerce. Il faut nous aider à faire comprendre aux gens que ces stations appartiennent à des Sénégalais comme eux. Nous sommes juste en location-gérance avec Total. Quand on pille ces stations, nous sommes les seuls à perdre nos sous, nos sources de revenus.’’
Lors des événements de mars 2021, elles étaient une quarantaine de stations caillassées, en partie ou totalement. Des coffres-forts emportés, des boutiques totalement pillées…
Au total, les dégâts sont évalués à 1 milliard 102 millions F CFA. Et les gérants n’avaient que leurs yeux pour pleurer.
Depuis, certains peinent à se relever. D’autres ont définitivement fermé boutique. Malgré les nombreuses sollicitations, l’État n’a rien fait. Ibrahima Fall regrette : ‘’Aucun acte n’a été posé. On a eu à rencontrer toutes les autorités qui tournent autour du secteur. En l’occurrence le ministre du Commerce, le ministre du Pétrole avec son staff, tout le monde. On nous avait demandé de constituer un dossier avec le constat d’huissier et l’évaluation des dégâts. Tout a été fait et déposé au niveau du ministère du Commerce. Des séances de travail ont eu lieu, mais depuis lors, rien n’a été fait. Nous avons vraiment été laissés en rade.’’
Une occasion rêvée pour les malfaiteurs
A ceux qui seraient tentés de se demander pourquoi l’assurance n’a pas pris en charge les dégâts, il explique : ‘’Toutes ces stations ont souscrit des assurances certes, mais en période d’émeute, l’assurance ne prend pas en charge. L’État devrait pouvoir se substituer aux assureurs et aider les citoyens à reprendre leurs activités. Ce qui n’a pas été fait. Nous espérons seulement que de tels actes seront évités à l’avenir. Nous répétons que nous n’avons rien à voir avec ces compagnies. Il faut vraiment que les gens le comprennent une fois pour toutes.’’
Aussi, tient-il à alerter sur le danger sécuritaire que consiste l’attaque sur ces lieux très dangereux. ‘’Nous sommes dans des zones à fort taux d’explosion. Les gens qui y travaillent, on les a formés. Ce sont des stations qui ont des milliers de litres dans leurs cuves. Si ça explose, je n’ose pas imaginer la catastrophe que ça peut créer. Nous sommes aussi sénégalais qu’eux. Il faut que les gens le comprennent’’.
En vérité, il serait naïf de croire que tous ceux qui sont sortis dans la rue pour piller et voler les biens d’autrui l’ont fait pour défendre une cause quelconque.
En effet, à côté des militants et sympathisants, il y a eu également les voyous et autres délinquants qui sont sortis pour braquer tout ce qui pouvait l’être. Même des lieux de soins, censés être protégés, même en temps de guerre, en ont fait les frais. Le docteur Gazi avait une clinique à Pikine Icotaf, à côté d’Auchan. Il a tout perdu à cause des événements de février-mars. Patiente et amie du médecin, Mamy Diara Guèye témoigne : ‘’Cela m’avait fait mal. On a dilapidé tout son patrimoine en un rien de temps. Les investissements de toute une vie, alors qu’il n’a rien fait, rien à voir ni avec la politique ni avec la France. Comment des gens qui disent lutter pour la justice peuvent s’en prendre à un cabinet médical ? Ils ont tout emporté : les équipements médicaux, les meubles, même la chaise anglaise, ils l’ont emportée.’’
Des innocents qui ont tout perdu sans indemnisation
Un épisode inoubliable chez la famille Guèye, dont la demeure est située à un jet de la gare du Train express régional à Pikine. Non seulement parce que c’est un lieu médical qui a été attaqué, mais aussi parce que le médecin se trouvait être un bon samaritain. Mme Guèye : ‘’C’est quelqu’un qui faisait beaucoup de social. Je peux donner mon exemple. Au moment d’accoucher chez lui mes jumeaux, il y a eu une complication qui devrait rallonger la facture de 200 000 F. Il m’a dit de ne payer que la facture initiale. Le reste, il l’a pris en charge, parce que ce n’était pas dans le bilan de départ. C’est un homme formidable et on a bousillé comme ça tout son investissement. Et l’État n’a rien fait pour lui.’’
Depuis, Mamy et ses amies portent le combat, malgré la résignation du médecin qui s’est reclus dans son coin, obligé de travailler dans des cabinets d’autres collègues.
En décidant de s’installer dans la grande banlieue, le gynécologue avait notamment pour ambition de démocratiser les soins de qualité, d’offrir à des laissés pour compte les mêmes chances de prise en charge que leurs concitoyens des centres urbains. Son départ a rendu orphelines bien des femmes enceintes dans le voisinage immédiat. ‘’Avec lui, on avait non seulement l’assurance d’avoir accès aux meilleures prises en charge, mais aussi, il était à proximité. Avec ma première grossesse, il y avait quelques risques, mais grâce à son suivi, tout s’est très bien passé. Ici, il n’y avait que lui comme gynécologue. Aujourd’hui, pour trouver un gynéco, les femmes se voient contraintes de payer plus dans d’autres cliniques, en plus d’aller bien plus loin. Pour ma deuxième grossesse, j’ai été contrainte de me rabattre sur les postes de santé du coin où l’on se fait consulter par des sages-femmes’’, a rétorqué Fatou.
Embouchant la même trompette, Mme Diop, qui habite non loin du cabinet, exprime son amertume et demande à l’État de penser aux victimes de ces événements malheureux. ‘’J’étais vraiment choquée quand j’ai appris ce qui est arrivé au Dr Gazi. C’était très difficile. A Pikine, nous ressentons bien son absence. Aujourd’hui, on est obligé d’aller chercher ailleurs des spécialistes ou ne serait-ce que pour faire une bonne échographie. Il était non seulement compétent, empathique, mais avait des équipements très modernes. Mais ce que nous apprécions, c’est surtout son humanisme. Nous pensons que l’État devrait le soutenir à recouvrer ses biens’’.
Même les cliniques n’ont pas été épargnées
Pour Alassane Seck, la crainte est surtout de devoir revivre des scènes de violence comme il en a connu au mois de mars 2021. Témoin de ce qui s’est passé au niveau du cabinet médical, il se rappelle comme au premier jour. ‘’Nous étions dans la boulangerie qui est mitoyenne au cabinet. On a dû s’enfermer dedans pour ne pas subir le même sort. Les manifestants ont essayé de défoncer la porte, mais n’ont pas pu. Le cabinet a eu moins de chance, parce que la porte était en aluminium. Ils ont dévalisé tout ce qui pouvait l’être’’.
Revenant sur le pillage de la clinique, il précise : ‘’Après avoir vidé Auchan, ils sont venus dans la clinique. Ils ont tout pris et ont brûlé les documents. C’était de la méchanceté gratuite.’’
Avec la montée actuelle de la tension, ils sont nombreux à craindre le syndrome de 2021. Les habitants de la banlieue plus que tout le monde. Récemment, un des lutteurs les plus populaires de la banlieue était d’ailleurs monté au créneau pour mettre en garde. Il disait : ‘’Quand vous ouvrez cette porte, vous voyez le péage. J’ai été témoin direct de comment les gens bloquaient l’autoroute pour venir prendre de force les biens des gens. La plupart de ceux qui venaient semer le bordel n’habitent pas ici. Personnellement, je me suis impliqué pour que les gens ne pillent pas la station de Demba Ka, EDK. Je prends à témoin Gris Bordeaux. On lui avait confié la garde de cette station, mais il a été contraint de se sauver et de faire appel à moi, puisque c’est mon secteur. C’est grâce à notre intervention, mes amis et moi, que nous avons sauvé la station.’’
Pour Siteu, il est hors de question de vivre à nouveau ces casses dans son secteur. ‘’Nous demandons à Sonko de continuer son combat. Il fait de bonnes choses, mais il faut éviter d’y mêler la violence. Nous sommes les seuls perdants. Nous, nous n’allons pas nous battre. Ici à Diamaguene, de Fass Mbao à Sips, je vais prendre mes responsabilités. Nous allons nous battre pour la paix dans notre quartier. On prendra toutes nos responsabilités. Ils n’ont qu’à faire leur politique et nous laisser en paix’’, lâchait le lutteur qui s’était attiré les foudres des partisans de Pastef.
SEISME EN TURQUIE, CHRISTIAN ATSU SURVIVANT
C'est un miraculeux serait-on tenté de dire. Alors que tout laissait croire que l'international ghanéen est mort dans le violent séisme qui a frappé la Turquie la nuit du dimanche au lundi, Christian Atsu a été retrouvé sous les décombres ce mardi matin.
Il est en vie. Alors que l’international ghanéen était porté disparu depuis ce lundi après le violent tremblement de terre qui ont touché la Turquie, Christian Atsu a été sorti vivant des décombres. Ce mardi matin, un porte-parole d’Hatayspor a révélé que le joueur de 31 ans a été secouru. Il a quand même subi plusieurs blessures.
Atsu n’était pas le seul joueur impliqué dans ce drame. Trois autres joueurs d’Hatayspor ont déjà été secourus lundi, mais le gardien de but de Malatyaspor, Eyup Türkaslan, par exemple, est toujours porté disparu.
LE MYTHE DU KANKOURANG À MBOUR
Les non-initiés connaissent peu de chose de ce personnage. A Mbour, même les responsables de la communauté Mandingue en charge de la conservation de ce rite culturel n’en savent pas davantage
Le mythe du Kankourang, un personnage qui désigne, à la fois, un masque et un rituel célébrant la circoncision parmi les Mandingues, continue à être jalousement préservé à Mbour, un des départements de la région de Thiès (ouest).
Les non-initiés connaissent peu de chose de ce personnage. A Mbour, même les responsables de la communauté Mandingue en charge de la conservation de ce rite culturel n’en savent pas davantage.
Seuls des membres d’un comité de sages regroupant des vieux âgés de plus 70 ans sont au contact de ce personnage qui apparaît habituellement en septembre, la période de la circoncision chez la communauté Mandingue de Mbour. Un mystère.
D’ailleurs, dire peu de chose à son père et ne rien révéler à sa mère, après la sortie de la case des circoncis, demeure le principal procédé ayant contribué à la préservation du mythe autour du Kankourang, introduit à Mbour au début du 20e siècle, précisément en 1904.
D’ordinaire interdit d’accès aux femmes pendant les périodes de circoncision, le local abritant les secrets du Kankourang dans le quartier Médine extension à Mbour a été exceptionnellement ouvert à une équie de journalistes de l’Agence de presse sénégalaise dans le cadre des préparatifs du Conseil des ministres que doit abriter jeudi Thiès, la capitale régionale.
L’isolement de l’endroit et son bosquet touffu que le visiteur est invité à découvrir ainsi que l’espacement de ses bâtiments sont à l’image du mystère qui entoure le Kankourang.
Démarche nonchalante, de loin identifiable par son bonnet rouge assorti de cauris, des gris-gris sur le corps et la corne entre les mains qu’il présente comme un de ses moyens de communication avec les anciens, Cheikhou Koté est le maitre des lieux. Il est le doyen d’âge de la communauté mandingue à Mbour.
Président du conseil des sages, organe délibératif de tout ce qui concerne le Kankourang, le vieux Koté s’exprime en langage codé, pour ne pas dire inaccessible aux non-initiés.
‘’Les anciens vous ont remis un tapis sur lequel ils étaient assis, tachez de le remettre intact aux générations futures’’, lance le vieux en langue mandingue, invitant avec autorité un de ses neveux présents sur les lieux à faire la traduction.
Durant les cases de circoncision, ‘’l’enfant est inculqué de valeurs qui vont le suivre durant toute sa vie’’, indique-t-il.
A sa sortie de cette retraite culturelle, l’enfant est invité ‘’à dire peu de chose à son père et à ne rien révéler à sa mère’’, ajoute le gardien du temple, devant les acquiescements de Fatou Faty. Comme pour confirmer les dires de son grand-père ou dénoncer ce procédé discriminant.
Né en 1936, Cheikhou Koté soutient que le Kankourang est arrivé au Sénégal en 1904 par l’entremise de notables mandingues établis à Mbour dont son père Mady Koté. Son introduction au Sénégal ferait suite à des fléaux marqués notamment par des morts d’enfants et de femmes en couches, rappelle Mamadou Aidara Diop.
Le secrétaire général de la Collectivité mandingue à Mbour ajoute que ses ancêtres, désemparés devant ces fléaux, avaient dépêché une délégation composée de mandingues pour retourner puiser dans les savoirs endogènes en vue de trouver un remède contre ces catastrophes naturelles.
La délégation partie à Gabu est revenue avec le kankourang, a-t-il poursuivi.
C’est depuis 1904 que le Kankourang est célébré à Mbour à des fins ‘’thérapeutiques’’ et ‘’protectrices’’, indique M. Diop.
Le secrétaire général de la collectivité note toutefois que sa structuration actuelle à travers le septembre mandingue remonte en 1990.
La convergence culturelle comme outil de diplomatie dans la sous-région
Le Kankourang est admis depuis 2005 au patrimoine immatériel de l’UNESO, l’organisme des Nations unies en charge de la protection des cultures, renseigne l’ancien cadre de la Sonatel.
Mamadou Aidara Diop note que l’activité se faisait traditionnellement après les récoltes. Mais avec le temps, le mois de septembre a été choisi pour la célébrer en période de vacances et pouvoir enrôler les élèves pendant un mois sans entrave sur le calendrier scolaire
Visiblement préoccupé par la sauvegarde de sa culture, Mamadou Aidara Diop n’a pas manqué de déplorer la ‘’profanation’’ du Kankourang dans certaines activités commerciales.
Cette pratique, déplore-t-il, n’est en aucune manière liée à une ‘’manifestation culturelle’’, mais constituerait une ‘’banalisation’’ de cet objet mystique chez les mandingues.
Parlant d’un modèle d’éducation qui devrait permettre de retourner à l’orthodoxie, le secrétaire général de la collectivité mandingue invite les Etats africains à davantage utiliser ‘’les ressources culturelles’’ dans les processus de résolution des conflits sur le continent.
Il faisait notamment allusion à la présence de la communauté Mandingue dans beaucoup de pays africains, à l’instar du Burkina Faso, du Mali, du Sénégal, de la Gambie, de la Guinée, de la Guinée Bissau, de la Côte d’ivoire, entre autres.
CHEIKH ANTA DIOP, L'HOMME QUI A RENDU LES PHARAONS À L'AFRIQUE
Le 7 février 1986 s’éteignait l’historien sénégalais, dont on célèbrera les 100 ans de la naissance le 29 décembre 2023. Que reste-t-il de sa pensée ? Quel est son héritage ?
Jeune Afrique |
Laurent de Saint Perier |
Publication 07/02/2023
« L’Égypte pharaonique est une civilisation africaine, élaborée en Afrique par des Africains » : ce qui semble aujourd’hui évident – sauf, peut-être, pour Nicolas Sarkozy et ses nègres – a longtemps été passé sous silence, voire ouvertement nié par l’égyptologie développée dans les laboratoires européens. Nous devons au scientifique, historien, anthropologue et homme politique Cheikh Anta Diop d’avoir rendu à l’Afrique ce qui appartient à l’Afrique.
Scandale à l’université
Né il y a un siècle, le 29 décembre 1923, à Thieytou, au Sénégal, et venu faire ses études à Paris, le chercheur provoque le scandale dans les milieux universitaires en publiant, en 1954, Nations nègres et culture, la thèse de doctorat pour laquelle il n’avait pu réunir un jury à la Sorbonne trois ans auparavant, par manque d’intérêt des professeurs.
Son chapitre « Origine des anciens Égyptiens », qui ouvrait le tome II de l’Histoire générale de l’Afrique (éditée en 1984 par l’Unesco et Jeune Afrique deux ans avant sa mort, à Dakar, le 7 février 1986), résumait ses dernières conclusions.
« Traits négroïdes »
S’appuyant sur des sources européennes antiques et contemporaines, sur l’iconographie pharaonique, sur la linguistique, invoquant aussi la craniométrie, l’étude des groupes sanguins et de la pigmentation épidermique, Anta Diop affirme que « le fonds de la population égyptienne était nègre à l’époque prédynastique » et qu’il en était de même à la période dynastique (celle des pharaons), où, « partout où le type racial autochtone est rendu avec un tant soit peu de netteté, il apparaît négroïde ».
« Les traits typiquement négroïdes des pharaons Narmer, Ière dynastie, le fondateur même de la lignée des pharaons, Djéser, IIIe dynastie (avec lui tous les éléments technologiques de la civilisation égyptienne étaient déjà en place), Khéops, le constructeur même de la grande pyramide (de type camerounais) […], montrent que toutes les classes de la société égyptienne appartenaient à la même race noire », souligne-t-il.
L’Égypte, matrice des cultures africaines
Pour le scientifique, formé en physique et en chimie, la vallée du Nil fut non seulement le creuset d’où un peuple noir tira la civilisation qui brilla sur le monde pendant trois millénaires, mais aussi la matrice des structures sociales, dynastiques et rituelles des cultures africaines postérieures. En témoignent, selon Diop, de nombreuses parentés linguistiques et coutumières.
« Quand on a découvert que l’Égypte avait une préhistoire, les égyptologues sont allés chercher ses sources dans les grandes civilisations mésopotamiennes, encore convaincus que la Lumière ne pouvait venir que de l’Orient. Cette théorie a prévalu jusque dans les années 1960 », reconnaît Béatrix Midant-Reynes, spécialiste de la préhistoire égyptienne et directrice de recherche émérite au CNRS.
Redécouverte scientifiquement et militairement par l’Europe avec l’expédition du général Napoléon Bonaparte, en 1798, l’Égypte n’est-elle pas aussi le berceau de l’orientalisme ? L’orientalisme comme mouvement artistique en vogue dans une Europe possédée par les fantasmes d’un « Orient sensuel et mystérieux », mais aussi comme discours de la domination politique et culturelle européenne puis occidentale, dénoncé en 1978 par l’universitaire palestinien Edward Said dans L’Orientalisme. L’Orient créé par l’Occident.
À la création de l’Orient a répondu une création de l’Afrique, terre hors de l’Histoire à laquelle l’Europe avait le devoir d’apporter la civilisation. L’Égypte, « mère des sciences, des arts et de l’histoire » célébrée par Athènes et Rome avant Paris et Londres, étudiée par des savants issus du sérail académique orientaliste, ne pouvait y être rattachée, malgré son évidente appartenance géographique. Détachée de son continent, érigée en monde autonome, fille du seul Nil fécondée par l’Orient, l’Égypte a été placée à contresens sur la carte des cultures blanches, censées avoir amené la civilisation et la puissance à l’Europe depuis l’Asie, en passant par Athènes et Rome.
Ignorance et mépris
En 1908, alors que l’expansion coloniale s’accélère, le manuel Hachette des classes de 6e enseigne ainsi : « On discute beaucoup de l’origine des Égyptiens. Les égyptologues les plus compétents, M. Maspéro en particulier, les tiennent pour un peuple de sang mêlé mais où domine le sang sémitique, c’est-à-dire le sang des descendants de Sem, fils de Noé. Les Égyptiens seraient donc venus d’Asie alors que les Grecs les croyaient venus d’Afrique, des pays du Sud et de l’Éthiopie ».
LA SANTE ET LES COLLECTIVITES TERRITORIALES ENCORE PARALYSEES
L’alliance And Gueusseum et l’Intersyndicale des collectivités territoriales du Sénégal (Itcts) poursuivent la grève. La coalition a décrété un mot d’ordre de de 96 heures. La grève débute ce mardi 7 pour prendre fin le vendredi 10 février 2023.
L’alliance And Gueusseum et l’Intersyndicale des collectivités territoriales du Sénégal (Itcts) poursuivent la grève. La coalition a décrété un mot d’ordre de de 96 heures. La grève débute ce mardi 7 pour prendre fin le vendredi 10 février 2023.
La grève sera ponctuée de la tenue d’assemblées générales de remobilisation. Les syndicalistes se retrouvent ce 7 février dans le département de Rufisque. Une autre assemblée aura lieu le 8 février dans le département de Guédiawaye. Deux autres se tiendront respectivement le 9 et le 10 février à Pikine et à Dakar.
La coalition And Gueusseum et l’Itcts compte aussi décréter un autre mot d’ordre de 72 heures. Cette grève débutera la semaine prochaine. Elle aura lieu les mercredi 15, jeudi 16 et vendredi 17 février. Au cours de cette grève, les agents de la santé ont prévu, le 14 février, de restituer la logistique vaccinale et des intrants du Programme élargi de vaccination. Une marche nationale sera également organisée le jeudi 16 février à Kaffrine.
Les agents de la santé et les travailleurs des collectivités en sont à leur 10ème plan d’action. Les syndicalistes se radicalisent de plus en plus face à « l’inertie du gouvernement » pour la satisfaction de leur plateforme revendicative.
La coalition And Gueusseum et l’Itcts réclame une « ‘harmonisation des augmentations de salaire et du paiement de l’indemnité de logement aux personnels administratifs et technique et aux agents des collectivités territoriales ».
JE SUIS DANS UN ETAT SECOND
Il y a un an jour pour jour, le Sénégal remportait sa première Coupe d’Afrique des nations (Can) au Cameroun face à l’Egypte (0-0 ;4-3). Aliou Cissé, l’entraîneur héros des Lions, revient sur comment il a préparé et vécu le sacre de ses hommes. ENTRETIEN
Il y a un an, jour pour jour, le Sénégal remportait sa première Coupe d’Afrique des nations (Can) au Cameroun face à l’Egypte (0-0 ; 4-3). Aliou Cissé, l’entraîneur héros des Lions, revient sur comment il a préparé et vécu le sacre de ses hommes, entre la finale perdue en 2019 contre l’Algérie et celle victorieuse devant les Pharaons.
Aliou Cissé, revenons au 19 juillet 2019. Le Sénégal vient de perdre la deuxième finale de Can de son histoire contre l’Algérie (0-1). Quelle a été votre première pensée lorsque l’arbitre a sifflé la fin du match ?
Je me suis dit : «Voilà ! Un autre rendez-vous raté.» Un autre rendez-vous loupé et une autre finale perdue. Un jour de défaite. C’est très compliqué, c’est très difficile parce qu’on voulait tellement gagner cette coupe, l’amener au pays pour nos supporters, pour le Peuple sénégalais. Cela n’a pas pu se réaliser. Je suis très amer, très malheureux, forcément sur le moment. On se dit au fond, on a encore loupé le coche.
Est-ce que, comme la plupart des Sénégalais, vous vous êtes dit : «C’est une malédiction.» Chaque fois, le Sénégal arrive avec un bel effectif, de bons joueurs, mais il n’y jamais la coupe au bout. Comme déjà en 2022 et la finale perdue…
(Catégorique) Non ! Pas du tout. Je crois en Dieu. Ce qu’il faut d’abord rappeler, c’est qu’en 2019, l’Algérie avait une très bonne équipe. Sur cette Coupe d’Afrique, elle était la meilleure équipe. Elle avait vraiment sacrément bien joué. Maintenant, une finale se joue sur des détails. J’ai pu tout imaginer dans la préparation de cette finale-là, sauf qu’on pouvait prendre un but aussi rapidement, et aussi tôt dans le match (2e minute) et surtout dans des conditions aussi bizarres. Après, on avait aussi des opportunités de pouvoir revenir dans ce match, mais à un moment donné, on a confondu vitesse et précipitation. Après, on ne peut pas parler de malédiction, c’est une finale ratée. C’était juste la deuxième finale du Sénégal, on ne peut pas parler de malédiction si on n’a pas joué et perdu beaucoup plus que deux finales. Sur ce match et sur cette Can, l’Algérie était la meilleure équipe, il faut être sportif et accepter que l’adversaire ait été meilleur.
Quel a été le votre discours après cette finale en direction des joueurs ?
Tout simplement que j’étais fier d’eux. Je n’avais absolument rien à leur reprocher. Ils ont donné ce qu’ils pouvaient. Leur attitude, leur professionnalisme ont été magnifiques. C’est une finale perdue, mais ce qu’on a montré dans cette Can présageait un meilleur avenir. Cette défaite, il fallait la prendre comme une expérience qui allait nous servir. Cette défaite, aussi amère que cela puisse être, nous a permis de préparer 2022.
Vous vous êtes aussitôt projeté sur la prochaine Can, en 2022 ?
Il m’a fallu un peu de temps quand même. Pour me reposer, retrouver ma famille, parce que la Can, évidemment, vous prend énormément d’énergie. Mais au bout de deux-trois semaines, on a envie de repartir. Le soir de cette défaite, j’avais déjà essayé de remobiliser les joueurs en les encourageant, même s’il était difficile de les consoler, car eux tous rêvaient d’amener cette coupe au pays. Mais l’essentiel est qu’on a su nous relever et c’est ça la force de cette équipe. Se servir de cette grande déception pour réaliser ce qu’ils ont réalisé, c’est énorme.
Vous avez dit tout à l’heure que vous aviez tout imaginé en 2019, sauf ce scénario du but encaissé au bout de deux minutes. En 2022, vous aviez imaginé le scénario de la finale que vous gagnez aux tirs au but face à l’Egypte ?
Oui, on avait imaginé ce scénario parce que dans ma carrière de footballeur, j’ai eu la chance de jouer quand même trois, quatre finales, que ce soit en club avec le Paris Saint-Germain ou avec la sélection. Je sais que les jours de finale, tout peut se passer. Il faut se préparer à jouer 90 minutes ou plus et aller aux tirs au but. La seule chose importante dans une finale, c’est la gagner. On savait que cette finale pouvait se régler dès le début de la rencontre comme dans les prolongations ou les penaltys. Mon seul souci était que mon équipe rentre bien dans ce match, parce qu’après, ça peut déterminer le scénario final. Une finale, c’est beaucoup de stress, beaucoup de pression. On était à 90 minutes de ramener une coupe au pays. Le match en soi n’était pas difficile, mais l’enjeu a alourdi le jeu. Toute la semaine, je ne cessais de dire aux joueurs : «Il est important de bien débuter cette finale.» Et on a bien débuté avec ce penalty obtenu à la 5e minute. On le rate, mais derrière, les attitudes sont bonnes, les garçons continuent à attaquer, on est équilibrés sur le plan défensif. En réalité, on a joué le match qu’il fallait jouer.
Qu’est-ce qui vous a traversé l’esprit quand Sadio Mané rate le penalty après 5 minutes de jeu ?
On n’a pas le temps de gamberger, les Egyptiens étaient déjà en train d’attaquer, donc, il fallait que les joueurs restent dans le match. Même si on avait marqué, le match allait être difficile. Personne ne lâche une finale comme ça, surtout les Egyptiens qui s’y connaissent bien. Rater ce penalty nous a poussés à être attentifs jusqu’à la fin du match et allez au bout de nous-mêmes. Les victoires sont plus belles quand vous allez les chercher au plus profond de vous-mêmes. C’était difficile, c’était compliqué, mais nous avons gagné et c’est ça qui est important. C’est ce qui a changé un petit peu dans notre mentalité. Les joueurs sénégalais maintenant, jusqu’à la 95e minute, ne lâchent rien. «Dem ba diekh» («aller jusqu’au bout», en wolof).
La plupart des Sénégalais avaient peur que la finale aille aux penaltys, parce que l’Egypte avait éliminé la Côte d’Ivoire (huitième) et le pays organisateur, le Cameroun (demi-finale), aux tirs au but. Et en plus, il y avait un gardien particulièrement craint dans cet exercice, Gabarski. Comment on fait pour chasser tout ça de l’esprit des joueurs et faire que la pièce tombe du bon côté ?
Tout simplement parce que je n’accordais pas d’importance à ces faits-là, ces statistiques. On ne peut pas analyser le football avec ces faits, même s’il faut en tenir compte. Ce qui était important, c’est que, nous aussi, nous nous sommes préparés pour ce scénario. On savait qu’on pouvait aller aux tirs au but et tout le monde savait ce qu’il devait faire. Depuis le début de cette Can, nous nous sommes préparés à tirer des penaltys. Qu’importe ce qu’a pu faire l’Egypte avant, nous, on était prêts. A chaque séance, on prenait au moins dix joueurs pour frapper les penaltys. On savait que tôt ou tard, on allait passer par là et quand cela arriverait, les garçons avaient le mental nécessaire pour passer. Quand Bouna (Sarr) rate le premier tir, aussi, on voit que l’attitude, le comportement, la posture restent les mêmes. Ce sont des petits détails qui donnent des certitudes à notre équipe, et transmettent le doute aux adversaires. Même quand Edouard Mendy arrête le quatrième tir égyptien, rien n’est fait. Le football, c’est ça, il y a tellement eu de retournements de situation qu’il faut rester concentrés jusqu’au bout.
Entre le moment où Mendy arrête le penalty et celui où Sadio Mané est devant le ballon pour le cinquième tir sénégalais, qui peut être décisif, qu’est-ce qui vous a traversé l’esprit ?
Quand Sadio Mané avance, j’ai mon bras posé sur mon adjoint, qui me dit : «Si Sadio marque, on est champions d’Afrique.» Comme si je ne le savais pas (rires). J’ai confiance, je me dis que Dieu est bon. Ce n’est pas possible que cela soit autrement. (Il répète) Ce n’est pas possible que cela soit autrement. Aujourd’hui, c’est notre soir, Dieu ne peut pas faire ça. Je suis positif et je me dis que Sadio va le marquer. On n’a jamais été aussi près de gagner la Can. Dans ma tête, Sadio, il ne peut que le mettre. Il n’y a pas d’autre option, ce n’est pas possible que Dieu soit… (il ne termine pas sa phrase).
Et Sadio le marque…
Ma tête explose. Je suis dans un état second. On se dit, voilà, on est champions d’Afrique, on a enfin, nous aussi, notre étoile. On ne réalise pas. Jusqu’à maintenant, on ne réalise pas totalement. Je sais qu’on est champions d’Afrique, mais je pense que c’est dans 10, 15 ans qu’on réalisera carrément. Aujourd’hui encore, on est dans le «game». Les matchs continuent ; la Coupe du monde, la prochaine Can. Il y a tellement d’échéances qu’on n’a pas vraiment le temps de savourer. Mais c’est fait, on a gagné la première Coupe d’Afrique pour le Sénégal. Et ma pensée aujourd’hui va à tous ces présidents de fédération, tous ces entraîneurs qui ont bataillé pour gagner cette Can et qui n’ont pas eu la chance de la remporter et qui ne sont plus là : Bruno Metsu, Jules Bocandé, Karim Séga Diouf avec qui tout a commencé. Je sais que ce soir du 6 février, ils nous voyaient et ils devaient être fiers.
Une dernière question, à quel moment vous vous êtes «mis dans la tête» de gagner une Coupe d’Afrique avec le Sénégal ? Quand vous étiez gamin dans les rues de Ziguinchor ? A votre arrivée, adolescent, en France ? Lors de votre première sélection ?
J’ai toujours rêvé d’être footballeur professionnel et de jouer une Coupe du monde. Je voulais être champion du monde et dans nos quartiers, quand on jouait, on était la France, le Brésil, l’Allemagne, mais pas le Sénégal (Rires). La Coupe d’Afrique, j’en rêvé à partir de 1986 et la Can en Egypte. J’étais jeune (10 ans), je regardais Jules François Bocandé, Thierno Youm, Oumar Guèye Sène, Boubacar Sarr Locotte. Ils nous impressionnaient. Quand Bocandé venait à Ziguinchor, c’était l’émeute ; Johnny Hallyday qui descendait dans les rues de Paris… Les rues étaient bloquées parce que Bocandé venait. Quand on voyait ça, on avait envie d’être à sa place, de sentir tout cet engouement, d’aller jouer pour le Sénégal et de gagner la Can un jour.
LA LEÇON DU MINISTRE DE LA JEUNESSE
L’ex-lycée des Parcelles-Assainies a reçu, hier, la cérémonie de levée de couleurs. Le ministre de la Jeunesse y a pris part et a profité de l’occasion pour faire la leçon aux élèves.
Le ministre de la Jeunesse, de l’Entrepreneuriat et de l’Emploi a présidé, hier, la cérémonie de levée de couleurs au lycée Seydina Issa Rouhou Lahi (SIRLA) (ex-lycée des Parcelles-Assainies de Dakar). L’occasion a été saisie par Pape Malick Ndour pour confier qu’en tant qu’ancien du lycée, il va profiter des initiatives développées dans le cadre du Programme ‘’Xéyu Ndaw Ñi’’ pour embellir les lieux.
Ainsi, il a décidé de contribuer à l’amélioration du cadre de vie du lycée, par le pavage des allées et le verdissement de certains espaces. A cet effet, il a promis d’envoyer très bientôt les services compétents pour donner corps au projet.
Par ailleurs, il a indiqué que cette cérémonie de levée des couleurs nationales cadre parfaitement avec l’initiative dénommée ‘’l’Étendard des dignes couleurs, geum sunu drapeau, sop sunu rew’’, mise en œuvre par son département, dans le but de promouvoir le civisme, l’engagement citoyen et le dévouement national.
Sans nul doute, a-t-il poursuivi, cette cérémonie, par sa signification et sa portée civique, participe à l’effort de vulgarisation de ce concept, car elle leur offre l’occasion de vivre, avec les jeunes lycéens, des moments riches en symboles et en enseignements, mais aussi de délivrer, à leur attention, un message axé sur le civisme et la citoyenneté.
‘’Être un citoyen responsable, prêt à participer à la construction de son pays, c’est d’abord être conscient de ses devoirs et avoir le sens civique, mais aussi être imbu des valeurs attachées à la citoyenneté. En effet, le civisme est une valeur généralement attachée à la citoyenneté, qui pousse l’individu à respecter le bien public, à s’intéresser à la vie sociale et politique, à se conformer aux règles qu’impose la vie en société, à obéir aux lois de la République et à respecter l’autorité publique. Bref, il donne au jeune comme à l’adulte la force et la capacité de devenir un citoyen épanoui et engagé au service de la Nation.
Notre pays a beaucoup d’espoir sur sa jeunesse, car l’avenir d’un pays, c’est sa jeunesse. C’est pourquoi vous n’avez pas le droit de décevoir, ni vos parents qui ont beaucoup investi sur vous ni vos professeurs qui vous accompagnent dans le processus de votre formation pour devenir des citoyens accomplis, encore moins votre pays qui compte sur vous pour assurer la relève. Pour y arriver, vous devez refuser de céder face aux discours de la manipulation et de la mauvaise influence distillés à travers les réseaux sociaux par des adultes malintentionnés. Évidemment, cela ne sera pas facile, tant s'en faut. Mais à force de courage, de persévérance, de discernement et surtout de discipline, vous parviendrez à vaincre les obstacles dressés sur le chemin qui vous mène vers l’autonomie et l’âge adulte", a dit le ministre.
Selon Pape Malick Ndour, la mission que le président de la République a bien voulu lui confier consiste, dans sa dimension éducative, à créer les conditions d’expression d’une citoyenneté agissante, à travers des initiatives permettant à chaque Sénégalais, par son propre mérite, de pouvoir s’offrir en exemple de discipline, de droiture, de rigueur dans le travail et de faire preuve d’un sens élevé du patriotisme.
Cette cérémonie d’après lui, fait partie des initiatives que son département encourage et soutient, car elle vise à susciter chez les jeunes l’attachement aux valeurs citoyennes et à les inciter à prendre conscience de leur responsabilité afin de jouer pleinement leur rôle dans le processus de développement économique et social du Sénégal.
PAR MAMADOU DIOP
L'HEURE EST GRAVE
Le monde entier observe la gravité de la situation que traverse le Sénégal et qui s’envenime au fur et à mesure qu’approche l’élection présidentielle de février 2024.
Le monde entier observe la gravité de la situation que traverse le Sénégal et qui s’envenime au fur et à mesure qu’approche l’élection présidentielle de février 2024. Les perspectives de celle-ci sont assombries par l’entêtement du régime à soutenir la candidature de Macky à un troisième mandat et l’acharnement de ce dernier à éliminer un candidat que l’essentiel de l’opinion, surtout sa franche jeune, souhaite voir à la tête du pays l’année prochaine.
Dans mon livre intitulé « VISION ET PROJET DE SOCIETE » (2019), je déplore le fait que l’Afrique soit « la seule partie du globe où une élection semble toujours annoncer la fin du monde ». Le Sénégal en fait aujourd’hui une flagrante démonstration dans une folle ambiance d’invectives, d’injures, de menaces, de manifestations et de répressions. Au point qu’on parle même d’une implication de l’Armée dans les opérations de maintien de l’ordre. C’est à croire que dans ce brouhaha troublant et inélégant, il n’y a pas place pour un débat d’idées et une confrontation de programmes.
L’on pousse ces agressions cruelles contre l’image du pays jusqu’à l’exposer à des remous ethnicistes qui pourraient nous faire basculer dans l’horreur d’une guerre civile dont de nombreux pays, africains ou autres, ont gardé des séquelles indélébiles. Cette vilaine ambiance qui annonce des secousses telluriques, tient, à mon sens, à deux phénomènes convergents qui touchent les trois Pouvoirs de l’Etat, l’Exécutif, le Législatif et le Judiciaire.
DESEQUILIBRE INSTITUTIONNEL
Au sommet de l’Etat, un net déséquilibre en faveur du président de la République lui confère des pouvoirs exorbitants dont il use et abuse à sa guise sans aucun contrôle. Cela ne date pas d’aujourd’hui et n’est pas propre au Sénégal ; si les anciennes colonies ont fait du « couper-coller » en reproduisant sans nuances les lois françaises dans leur architecture institutionnelle, ils ont très peu suivi l’ancien colon dans l’application de ces textes fondateurs. Un seul exemple suffit pour en administrer la preuve : c’est le système du parrainage si décrié, même par la CEDEAO, et qui en France avait amené, à l’approche de la dernière présidentielle, des proches du régime de MACRON à aider un challenger comme Marine LEPEN à compléter sa liste de parrains. C’était là la manifestation d’un esprit élégant et républicain bien rare sous nos cieux. Pour dire le moins.
Chez nous, le parrainage semble ne viser qu’un seul but : permettre au régime en place d’éliminer des listes de l’opposition. On s’est ainsi retrouvé, lors des élections législatives de l’année dernière, dans une situation incongrue où les citoyens qui avaient donné leur parrainage à la liste de YEWI-WALLU, au vu des noms de titulaires qui y figuraient, virent des suppléants se substituer à ces derniers.
Personne n’est dupe, la manœuvre était simple, il fallait éliminer certains candidats comme Ousmane SONKO, Khalifa SALL, Guy Marius SAGNA, Moustapha SY, pour ne citer qu’eux, afin d’affaiblir la liste d’opposition la plus représentative. Et voilà comment on avait créé les conditions d’une explosion dont le pays pouvait et devait se passer.
Ironie du sort, celle qui était tête de liste de la coalition au pouvoir, et qui avait accentué les risques de cette explosion en proclamant, sans gène, en pleine nuit, des résultats inventés, vient d’être éjectée du Parlement par ses anciens compagnons de campagne.
Tant qu’en Afrique, on laissera prospérer une trop forte concentration de pouvoirs entre les mains d’un homme qui ne supporte aucune opposition, ni même aucune contradiction, on ne se souciera même pas d’une démocratie formelle bâtie sur des textes juridiques copiés ailleurs, des élections truquées, des mesures répressives contre l’opposition et des basses manœuvres pour la réduire à sa plus simple expression. On oublie ainsi que si l’opposition n’a plus droit de cité, c’est la rue qui prend le relais.
LE TROISIEME MANDAT A TOUT PRIX
Tout cela est motivé par la psychose d’un homme à l’approche de la fin de son règne dont la Constitution, (« sa » Constitution), rejette la prolongation en excluant, très clairement, la candidature à un nouveau bail de quiconque a fait deux mandats consécutifs. C’est ici que l’on mesure l’importance des dernières législatives quand on sait que Macky n’hésiterait pas à recourir à une loi pour modifier la Constitution s’il disposait d’une majorité confortable au Parlement. C’est peut-être ce qui avait amené Ely Madior FALL, rédacteur de la Constitution, à réclamer le titre de « tailleur de haute couture » en oubliant qu’au Sénégal, une forte majorité de la population s’habille de friperies.
Le comble de l’indignation populaire a été atteint lorsque ce professeur de droit, de surcroît ministre de la Justice, a osé crier, lors d’un meeting de soutien à son mentor, ces mots incroyables et choquants : « Nous ne disons pas le droit, nous parlons politique… ». Rien que par ces mots, que de feu et de sang dans nos rues…
Si nous ne cherchons pas un équilibre solide et durable entre les Institutions de l’Etat, si l’Assemblée nationale n’est pas en mesure de contrôler l’action de l’Exécutif, si la Justice ne garantit pas l’existence et le fonctionnement régulier d’un Etat de droit, rien ne peut nous préserver des chocs tragiques et meurtriers vécus ailleurs.
LIQUIDATION D’UN ADVERSAIRE A TOUT PRIX
Depuis deux longues années, le régime ne semble avoir qu’une seule préoccupation, éliminer Ousmane SONKO de la course à la présidentielle. Ce dernier, sorti brutalement de son bureau d’inspecteur des Impôts pour entrer au Parlement, prendre le rang de chef de l’opposition et remporter avec brio la Mairie de Ziguinchor, a subi les tracasseries les plus cruelles et les plus injustes allant jusqu’à être accusé de viols multiples et de menaces de mort.
N’oublions pas qu’à sa première participation à une élection présidentielle, SONKO s’était classé troisième derrière deux « mastodontes » du paysage politique sénégalais. S’il fait tant bouger les foules comme il y est arrivé lors du méga meeting de Keur Massar, si tous les sondages sérieux lui prédisent une victoire sans appel pour 2024, on comprend l’affolement de ceux qui voient en lui un grand risque d’avoir à rendre des comptes pour leur gouvernance sombre et tortueuse.
SORTIE DE CRISE
Nous avons un intérêt suprême à arrêter de jouer avec le feu qui n’épargnera personne sur son passage. Le Rwanda, le Mozambique, l’Angola, la Guinée Bissau, le Libéria, l’Algérie, la Libye, le Mali, le Congo, l’Ethiopie…Voilà autant d’exemples de pays africains (il y en a d’autres ailleurs) qui ont connu ou continuent à vivre la tragédie d’une guerre civile qu’à mon sens, nous avons les moyens d’éviter à notre pays. Les ressorts d’un tel sursaut existent, osons les identifier et les mettre en œuvre.
Notre première urgence est d’abord d’arrêter le jeu de massacre auquel se prête une horde de fanatiques de la dictature qui tiennent, à tout pris à maintenir leurs privilèges contre une forte majorité de la population. Le Sénégal a besoin de tous ses porteurs de voix pour freiner les ardeurs aveugles de ceux qui ne sont pas assez intelligents pour comprendre qu’ils exposent le pays à des remous ingérables. Une intervention concertée des leaders d’opinion viserait principalement deux mesures seules de nature à nous sortir d’un contexte gros de danger :
1- Amener l’actuel chef de l’Etat à arrêter les procédures judiciaires ouvertes contre le leader de l’opposition ;
2- Exclure toute candidature du président sortant à l’élection de 2024.
Lorsque les urnes auront pris la place des actes abusifs et répressifs, nous devrons chercher un consensus national sur les grands axes d’un changement visant à déconstruire un système bâti sur :
· la violation des règles les plus élémentaires de la démocratie par des coups de force contre des opposants traqués jour et nuit avec des dossiers d’accusations fallacieuses montés par des amateurs nuls et médiocres ;
· les abus manifestes de pouvoir allant jusqu’à l’arrestation de députés, de maires et de journalistes pour délit d’opinion ;
· l’enrichissement scandaleux et l’impunité de proches du sommet dont les trois derniers exemples sont le vol chez le « griot du président » d’une somme de plus d’un quart de milliard CFA, les conditions d’attribution de contrats de concession pétroliers et gaziers et les révélations d’un rapport de la Cour des Comptes sur l’utilisation des fonds destinés à la lutte contre la Covid19 ;
· le trafic de faux billets et de faux passeports diplomatiques ;
· le bradage du patrimoine national au profit de trois ou quatre Etats étrangers et de leurs opérateurs qui s’appuient sur leurs suppôts locaux ;
· l’alignement sur des positions géopolitiques qui ne tiennent nullement compte de nos intérêts.
Assurément, en février 2024, le Sénégal va jouer son avenir. Il reviendra à tous les Sénégalais de poser, d’une manière consciente et responsable, un acte citoyen qui pourrait, soit plonger notre pays dans une tragédie meurtrière, soit ouvrir la porte à une démocratie réelle avec des soubresauts politiques gérables. Nous sommes tous concernés. Citoyens, à vos cartes.
par Cheikh Tidiane DIEYE
POURQUOI COMPLIQUER UNE PROCÉDURE QUAND ON PEUT LA RENDRE SIMPLE ?
L’obligation de rendre compte est un principe de base de la gouvernance. C’est aussi un impératif pour garantir la légitimité de l’Etat et des institutions
Donnant suite au rapport de la Cour des Comptes sur la Gestion des Fonds du FORCE COVID 19, Monsieur le Procureur de la République a ordonné l’ouverture « d’enquêtes préliminaires aux fins de constituer la matérialité des faits dénoncés, d’en rassembler les preuves et d’élucider les circonstances qui ont entouré les actes évoqués », entre autres. Cette enquête est confiée à la DIC.
C’est mieux que rien, certes. Mais il aurait pu s’éviter cette procédure longue et complexe pouvant donner lieu à toutes sortes d’interventions, de marchandage et de médiations.
La voie la plus simple était la saisine pure et simple du juge d’instruction pour accélérer les choses, puisque que toutes les preuves qu’il recherche à travers les enquêtes de la DIC sont déjà trouvées par la Cour des Comptes dont les magistrats sont sans doute aussi compétents, si non plus, dans ces matières, que les policiers enquêteurs.
Il aurait même pu saisir la CREI qui est aussi compétente en matière d’enrichissement illicite (sans rentrer dans le débat sur les forces ou faiblesses de cette Cour).
Il est donc important que tous ceux qui suivent ce dossier continuent de veiller au grain, de rester vigilant et de maintenir la pression sur le Gouvernement. Le Peuple sénégalais n’acceptera pas que des lampistes soient visés et condamnés alors que les ministres ordonnateurs seraient épargnés. Nul ne devra passer entre les mailles du filet.
Si nous étions dans un pays normal, où l’éthique fonde les actions du Gouvernement, le Président de la République aurait relevé de leur fonction les ministres cités dans le rapport pour davantage mettre la justice à l’aise. Ces derniers pourraient aussi démissionner de leur propre gré.
L’obligation de rendre compte est un principe de base de la gouvernance. C’est aussi un impératif pour garantir la légitimité de l’Etat et des institutions :
J’invite tous les citoyennes et citoyens à soutenir la démarche des députés de l’opposition pour la mise en place de la Haute Cour de Justice qui pourrait connaître des infractions commises par les ministres.
Je soutiens et félicite les initiateurs du collectif « Sunuy Milliards Du Rées » ainsi que tous les citoyens qui se battent pour préserver les maigres ressources publiques.