KEEMTAAN Gi - RESTAURER LA DEMOCRA
Bye – bye 2022, bonjour 2023 ! On espérait l’année qui s’achève demain, samedi 31 décembre, moins ennuyeuse, elle nous est apparue bordélique avec le piétinement des libertés individuelles et collectives, le chahut fait à la démocratie et la mascarade sur la gestion des finances publiques par une bande de rapaces. Jamais depuis l’instauration du multipartisme, et même bien avant, nos prisons n’ont contenu autant de détenus d’opinion que maintenant sous le magistère d’un Président né après nos glorieuses indépendances. Consacrant ainsi un véritable recul de la démocratie. Celle-ci — notre démocratie — nous paraissant plus précieuse que l’or noir dont l’exploitation est prévue pour 2023, puisque fruit de longues luttes menées par des hommes et des femmes dont la parole ne vacillait point et qui avaient l’éthique chevillée au corps. Des hommes et femmes de conviction libérés des contingences d’un monde obnubilé par l’accaparement des richesses. C’est justement, hélas, cette course à l’accaparement des richesses qui explique, aujourd’hui, cette frénésie autour du pouvoir si bien que tout tourne autour de la politique. Rarement nos préoccupations existentielles sont prises en compte par ceux qui aspirent à la gestion de ce pays. Tout tourne autour des invectives, des harcèlements, des complots et autres. C’est troublant de voir celui qui doit cimenter la nation s’attarder à écouter un troubadour qui ne cherche qu’à picorer à toutes les mains qui se présentent à lui. La bienséance aurait été de lui tourner le dos. Mais le voilà, ce Président, qui écoute cet ancien vendeur de viande grillée dire des bêtises devant ses ministres rigolant aux pitreries du mange- mil. Un autre se dit prêt au suicide si lui, Président, ne déclare pas sa candidature pour un troisième mandat. Deux flagorneurs qui veulent pérenniser leur jouissance et continuer à bénéficier des libéralités de celui qui les nourrit. Il nous faut revoir notre conception de la gestion du pouvoir. Instaurer des règles pour faire vivre et vivifier notre belle démocratie aujourd’hui si chahutée par des gens sans relief qui ne vivent qu’aux dépens de ceux qui les écoutent, comme le renard de la fable. Vivement un autre jour en 2023. Bonne année !!! KACCOOR BI - LE TEMOIN
RAPPORT COUR DES COMPTES LA SOCIETE CIVILE MOBILISE LE PEUPLE CE VENDREDI, POLEMIQUE SUR LA PRISE DE PARLE DES POLITICIENS
La Place de la Nation va vibrer ce vendredi à l’appel de la Société civile pour réclamer des comptes aux gestionnaires de fonds publics épinglés dans le rapport de la Cour des Comptes. De nombreuses organisations de la société civile comme le Collectif de Organisations de la société civile pour les élections (COSCE), Y en a marre, Afrika- jom center, l’Observatoire de Suivi des Indicateurs de Développement Economique en Afrique (Osidea), l’Observatoire national du développement humain (Ondh), l’ONG 3D et la Ligue Sénégalaise des droits de l’homme (Lsdh) mais aussi la RADDHO, le Réseau Siggil jiguen, le Forum du justiciable, Frapp et Nittu Deug Valeurs ont convié les forces vives de la Nation à ce rassemblement pour réclamer des suites judiciaires au carnage financier révélé par la Cour des comptes. Les acteurs politiques ne prendront pas la parole même s’ils sont conviés. Cela procède d’une volonté des acteurs de la Société civile d’éviter « une politisation de la manifestation et un esprit partisan surtout qu’il ne doit pas être question de parler de 3ème mandat ou d’une actualité du genre. Les politiciens ont des agendas cachés. La parole ne sera donnée qu’aux organisations de la société civile et aux citoyens » selon une source de la Société civile. Une source a été désavouée par Aliou Sané du mouvement Y En Marre. Ce dernier, que nous avons joint au téléphone, indique que ce serait de la discrimination d’écarter les politiciens qui font partie des forces vives de la Nation. « Cette information parue dans la presse tendant à dire que les politiciens ne prendront pas la parole nous a surpris. Nous ne savons pas d’où est venue une telle information. En tout cas, ce n’est pas au niveau des organisateurs. Nous convions toutes les forces vives de la Nation. Même Macky Sall est invité à participer pour écouter son peuple lui dire que les milliards volés de la covid-19 ne seront pas digérés. Comment on peut écarter de la prise de parole l’opposition politique qui est une composante des forces vives de la Nation ? Demain tout le monde aura droit à la parole » assure Aliou Sané. Les organisations de la Société civile qui tiennent ce matin une réunion d’harmonisation auront peut-être la possibilité d’arrondir leurs positions.
INJOIGNABILITE D’ETAT CES MINISTRES INACCESSIBLES !
A peine les élections législatives terminées et les plus responsables politiques les plus influents et les « méritants » nommés ou reconduits aux fonctions de ministres, l’injoignabilité reprend ses droits ! Qu’ils soient des citoyens lambda, des responsables politiques insignifiants ou de piètres mobilisateurs de militants, voire des quémandeurs professionnels, nombreux sont ceux qui n’arrivent plus à joindre les ministres, députés et autres Pca au téléphone puisque la plupart d’entre eux ont organisé leur injoignabilité. Et pour mieux fuir les citoyens du bas peuple ou les pauvres militants de la base, il y a des ministres qui se sont dotés de plus de cinq (05) vrais faux numéros de téléphone banalisés dont deux ou quatre confiés aux chauffeurs ou gardiens chargés de filtrer les appels et de répertorier les misérables appelants. Bref, il est avéré que dès qu’un individu est nommé ministre, il devient automatiquement inaccessible et téléphoniquement arrogant. En poussant ses investigations au niveau des bases politiques, « Le Témoin » a constaté que les ministres Aly Ngouille Ndiaye et Ibrahima Ndoye font partie des autorités politiques les plus citées pour leur accessibilité. Comme quoi, tous les autres ne sont en « contact » avec les populations que le temps d’une campagne électorale. En tout cas, militants et citoyens les attendent de pied ferme en 2024. Une année-carrefour où convergeront tous les chemins…du donner et du recevoir. Y compris des appels téléphoniques !
COVIDGATE LE MINISTRE AÏSSATA TALL CHERCHE A RASSURER LES AMBASSADEURS DE L’UNION EUROPEENNE
La ministre des Affaires étrangères Me Aïssata Tall s’est essayée hier à un exercice de clarifications en direction des Ambassadeurs de l’Union Européenne à travers un déjeuner. Cette rencontre survient au lendemain de la sortie de la coalition Yewwi Askan wi qui a interpellé le Fmi, la Banque mondiale et l’Union Européenne pour leur demander de réclamer des comptes à l’Etat suite au carnage financier des fonds du covid-19. Ce trio de bailleurs constitue le plus gros contributeur cumulé au montant de 667 milliards de frs alloué par les partenaires techniques financiers au fonds Force covid-19. L’Union Européenne à elle seule a contribué à hauteur de 80 milliards de frs soit 11,77 % du montant total. Aïssata Tall Sall a tenu à rassurer les ambassadeurs de l’Union Européenne accrédités au Sénégal en tenant avec eux une séance de travail. Ce déjeuner, comme l’explique le MAESE sur sa page Twitter, tournait aussi autour d’autres sujets comme l’approfondissement de la coopération avec notre pays, la mise en œuvre des conclusions du Sommet UE/UA et bien sûr les conclusions du rapport de la Cour des Comptes sur le Fonds Force Covid. À ce sujet, indique Aïssata Tall Sall, toutes les clarifications nécessaires ont été apportées et les partenaires rassurés. « A ce sujet, j’ai apporté toutes les clarifications nécessaires et rassuré nos partenaires » a dit laconiquement le ministre des Affaires étrangères. Birahime Seck, le Coordonnateur du Forum Civil, à l’annonce de cette rencontre avait dans un message explicite remis à sa place le MAESE. « Mme la Ministre, «bët bu russul tocc», ces partenaires et diplomates sont au cou
Par Makhtar DIOUF
MALFRATS FINANCIERS D’HIER ET MALFRATS FINANCIERS D’AUJOURD’HUI
EXCLUSIF SENEPLUS - L’histoire du Sénégal depuis 1960 englobe la délinquance financière dont il est fait ici une brève présentation. Les historiens devraient s’y pencher de façon plus étendue. Le discours à la nation du 31 décembre n’a rien de sacré
La délinquance financière sur fonds publics existe partout dans le monde. D’un pays à l’autre, ce qui fait la différence, c’est la fréquence du phénomène, son ampleur, l’impunité et les sanctions.
Dans un petit pays aux maigres ressources financières, abonné à l’endettement extérieur, aspirant au développement économique et social, le détournement de l’argent public est un fléau presque aussi dévastateur que certaines catastrophes naturelles. L’histoire du Sénégal depuis 1960 englobe l’histoire de la délinquance financière dont il est fait ici une brève présentation. Nos historiens devraient s’y pencher de façon plus étendue.
Du temps de Senghor
Ne pas avoir été du bord de Senghor et de son régime n’exclut pas de revenir en toute objectivité sur la manière dont la délinquance à col blanc était traitée de son temps. Le seul quotidien de l’époque Le Soleil ne donne pas certaines informations comme des décisions de justice qu’on ne trouve que dans le Journal officiel. On y apprend que le président Senghor a eu à saisir la justice sur quelques cas de malversations financières. Retenons-en trois, sans par miséricorde, citer les noms des coupables.
Un haut fonctionnaire nommé à la direction d’une entreprise publique, face au retard de publication du décret fixant son salaire de directeur, s’octroie une rémunération substantielle. Senghor informé, le traduit en justice et la sanction tombe : Il est tenu de rembourser la différence entre ce qu’il a perçu et ce qu’il aurait dû percevoir, et il est rayé de la fonction publique. Rien que pour ça ! Une broutille en comparaison avec ce qui se passe aujourd’hui. L’image inversée de la souris qui accouche d’une montagne.
Un magistrat détaché auprès d’un ministère qui ordonne des dépenses importantes ne s’y oublie pas. Même scénario : Senghor informé le raye de la fonction publique. Un gouverneur de la région de Dakar s’adonnant aux mêmes pratiques subit les mêmes sanctions.
Avec Senghor, ces fonctionnaires indélicats ne sont pas emprisonnés. Ils sont tenus de rembourser et exclus de la fonction publique. C’est l’essentiel. Et tout cela se fait ‘’ sans tambours ni trompettes’’. Y a-t-il plus dégradant pour un haut fonctionnaire que d’être rayé de la fonction publique pour escroquerie financière ? En fait, du temps de Senghor, les cas de détournement de deniers publics sont très rares parce que le couperet de la sanction est là. Une dissuasion qui ne manque pas d’efficacité face aux velléités de délinquance financière.
Cependant on ne saurait passer sous silence que c’est Senghor qui a mis en place en 1964 la Banque nationale de développement du Sénégal (BNDS). Elle fonctionne pratiquement comme une banque de prêts sans remboursement pour les dignitaires de son parti UPS-PS avec le fameux Compte K2 renfloué par les rentrées financières dues à la forte hausse des prix du phosphate. On est ici en présence d’une forme ‘’légalisée’’ de détournement de deniers publics. Une véritable caverne d’Ali Baba pour certains dignitaires du régime, avec comme mot de passe : Sésame ouvre-toi ! Et le compte K2 s’ouvre. Une pratique d’autant plus préjudiciable à l’économie que les bénéficiaires de cet argent n’investissent pas. Ils ne font que consommer, surconsommer. Ils s’adonnent à la bamboula en se payant des voyages, des voitures de luxe… Au point qu’au début des années 1980, la conjoncture économique est marquée par un chiffre de consommation supérieur au produit intérieur brut. Sans parler des placements bancaires à l’étranger.
Du temps d’Abdou Diouf
Abdou Diouf arrivé au pouvoir réhabilite le directeur du trop-perçu de salaire en le rééintégrant dans la fonction publique, et lui confie une autre direction qui brasse beaucoup d’argent. Incapable de résister à ses penchants, le bonhomme se livre à son sport favori. Abdou Diouf déçu et désabusé, car c’était son ami, le renvoie définitivement.
Quant à l’ancien magistrat révoqué par Senghor, Abdou Diouf le réhabilite et le nomme ministre.
Pourtant Abdou Diouf a inauguré son règne avec la création en 1981 de la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI), mais pour aussitôt appuyer sur le bouton ‘’Mise en sommeil’’. Il se pique même une fois de s’adresser à ses gens en ces termes : L’argent que vous avez déposé dans des banques à l’extérieur, je vous demande de le faire revenir pour investir dans le pays. Je sais que vous l’avez gagné honnêtement.
Du temps de Wade
Au plan de la délinquance financière, Wade lui, ne tergiverse pas, y allant même parfois de façon hâtive et désordonnée comme dans le cas Latif Guèye faussement accusé puis réhabilité. Son collaborateur le plus proche a été mis en prison dans ‘’l’Affaire des chantiers de Thiès’’ restée une nébuleuse même après le non-lieu rendu par la justice. A la place de la BNDS supprimée par Abdou Diouf en 1990, Wade crée le Fonds de Promotion Economique (FPE), mais pour en faire un pourvoyeur d’emplois pour ses protégés victimes des suppressions d’emplois des plans d’ajustement structurel de son prédécesseur.
Sous Macky Sall
Macky Sall lui, s’est inspiré de Wade dans bon nombre de ses actions. Mais dans le traitement de la délinquance financière impliquant certains de ses collaborateurs, le mentor de Macky Sall n’a été ni Senghor ni Wade. C’est Abdou Diouf qui a été son inspirateur. Il réactive le FPE de celui-ci. Sa directrice accusée de malversations financières reçoit sa dose de privation de liberté, comme certains anciens collaborateurs de Wade. Mais ce n’est qu’une brève parenthèse pour ensuite installer en faveur de ses protégés un régime d’impunité qui dépasse l’entendement.
Au point que son entourage est truffé de criminels économiques impunis (pour l’instant). Ce qui n’est pas sans rappeler ce que Balzac faisait dire à un de ses personnages : Les lois de la République sont comme les toiles d’araignées. Elles n’arrêtent que les petites mouches pendant que les grosses mouches les transpercent allègrement. La traduction dans la langue wolof donne : Coumba am ndey ak Coumba amul ndey. Il est temps d’y consacrer un livre, en prévoyant des rééditions avec chaque fois la mention ‘’nouvelle édition revue et augmentée’’.
En cette fin de l’année 2022, mais encore et malheureusement sous le régime de la gestion sobre et vertueuse depuis dix ans, les crapules qui viennent d’être incriminées dans la gestion des fonds du Covid-19 sont en toute sérénité en train de se préparer pour leurs prochaines nominations à des postes bien budgétisés où, en fins connaisseurs, ils vont encore donner libre cours à ce savoir-faire, ce talent, que personne ne leur conteste. Et ils se sentiront moins seuls en pensant à certains de leurs camarades de parti qui les ont précédés dans cette voie, leurs alter égo. Les mœurs du sérail !
La procédure ‘’fast track’’ qui a été utilisée pour la distribution de ces fonds, compte tenu des circonstances, n’aurait pas dû amener à négliger la vigilance. Quelqu’un qui arrive à voler des habits bien gardés dans une malle glissée sous un lit laissera-t-il de côté des habits accrochés sur un manteau placé à côté d’une fenêtre ?
Concert de casseroles et discours du 31 décembre
Cela dit, la manifestation pacifique de concert de casseroles prévu par des opposants le 31 décembre à la même heure que le discours à la nation du président de la République (pour s’indigner des derniers détournements de deniers publics) soulève des vagues.
En réalité, ce discours n’a rien à voir avec l’ordre républicain. C’est Senghor qui l’a introduit au Sénégal en imitant le général de Gaulle qui l’a initié en France pour la première fois en 1960 sous la Cinquième République, et à deux reprises la même année : le 1er janvier et le 31 décembre. Ses prédécesseurs Vincent Auriol et René Coty présentaient leurs vœux aux Français à des dates différentes, jamais le 31 décembre.
Ce discours du 31 décembre a été plutôt une aubaine pour des comédiens humoristes imitateurs des présidents : Henri Tisot avec de Gaulle, Thierry Le Luron avec ses successeurs. Les Français préféraient se tordre de rires en écoutant ces humoristes parodiant leurs présidents avec le discours du 31 décembre (et d’autres discours de leurs inventions). Ils préféraient la copie dans sa drôlerie égayante à l’original dans sa solennité ennuyante. Où se situe alors le sacré dans le discours présidentiel du 31 décembre même dans son pays d’origine ?
Le discours à la nation du 31 décembre n’a rien de sacré, rien de républicain, et n’a rien à voir avec notre culture et nos traditions qui ne datent tout de même pas de 1960. De surcroît, il n’est d’aucun intérêt pour les populations, quel que soit le président qui le prononce.