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23 août 2025
LES REFORMES PHARES POUR UN PROCESSUS ELECTORAL APAISE
Les différents contentieux notés lors des dernières législatives, la tension ambiante ainsi que les incertitudes liées au respect du droit à la candidature font peur à l’ensemble des acteurs du processus électoral.
Le collectif des organisations de la société civile a organisé le 28 février dernier un atelier de réflexion et d’échanges sur le processus électoral. Au cours de cette rencontre, le coordonnateur du pôle des Non-alignés lors du dialogue politique, Déthié Faye, est intervenu sur le thème : «Quelles réformes clés pour le processus électoral au lendemain des élections législatives ?» Dans sa présentation, il a proposé quelques réformes phares à opérer fondamentalement pour avoir un processus électoral apaisé.
Les différents contentieux notés lors des dernières législatives, la tension ambiante ainsi que les incertitudes liées au respect du droit à la candidature font peur à l’ensemble des acteurs du processus électoral. C’est pourquoi, le collectif des organisations de la société civile a organisé mardi dernier un atelier pour mettre sur la table certaines urgences à régler pour la tenue d’une élection présidentielle libre, transparente et apaisée. A cette occasion, le coordonnateur du pôle des non-alignés lors du dialogue politique, Déthié Faye, a soumis à l’appréciation des participants des propositions qui pourraient aider à avoir une loi électorale consensuelle.
A l’en croire, les menaces qui pèsent sur la présidentielle du 25 février 2024 imposent à tous les acteurs du processus électoral, au premier rang desquels le président de la République de prendre toutes les mesures utiles pour créer les conditions d’un scrutin inclusif, transparent équitable et apaisé. Parmi les griefs soulevés, on peut citer les structures de gestion ou de contrôle des élections. A en croire le coordonnateur du pôle des nonalignés au dialogue politique, la structure de gestion des élections fait l’objet d’une perception négative auprès de beaucoup d’acteurs politiques en raison de sa dépendance du ministère de l’Intérieur.
D’après toujours Déthié Faye, il est nécessaire de lui donner une autonomie lui permettant de fonctionner sans influence. Pour preuve, il a fait état de l’absence de réactivité de la Commission Electorale Nationale Autonome (Cena) dans certains cas alors que la loi électorale lui permet par exemple en cas de non-respect des dispositions législatives et réglementaires par une autorité administrative, après une mise en demeure, de prendre des décisions immédiatement exécutoires d’injonction, de rectification, de dessaisissement, de substitution d’action. «Il faut se demander pourquoi la Cena n’exerce pas ses prérogatives. Le manquement est-il dû à l’absence de texte législatif ou réglementaire définissant les conditions dans lesquelles la Cena exerce ses prérogatives», s’interroge-t-il.
INTERDICTION DU DROIT DE VOTE
Un autre fait qui mérite réflexion, c’est l’interdiction du droit de vote par les articles L.29 et L.30 du code électoral qui touche un nombre important de citoyens. Pour certains délits, la privation du droit de vote est sans limite de durée, a souligné Déthié Faye. Il soutient dans la foulée que l’amnistie évoquée dans la presse qui est une mesure ponctuelle ne résout pas définitivement la nonconformité de notre loi électorale aux standards internationaux. C’est pourquoi, il trouve qu’il est urgent de modifier les articles en question pour que l’interdiction du droit de vote ne soit plus permanente, conformément aux consensus de la commission politique du dialogue national et aux recommandations de la mission d’évaluation du processus électoral.
CONTROLE DU FICHIER ELECTORAL
Par ailleurs, sur le contrôle du fichier électoral par les partis politiques, il a recommandé aux autorités de prendre le décret prévu par l’article L.49 pour définir les modalités pratiques du droit de regard et de contrôle sur la tenue du fichier électoral par les partis politiques afin de permettre aux acteurs politiques de s’assurer à tout moment de la fiabilité du fichier électoral.
MESURES POUR L’INSCRIPTION DES PRIMO VOTANTS
En outre, Déthié Faye préconise pour l’inscription des primo votants d’appliquer l’automaticité de l’inscription sur les listes électorales de tout citoyen, détenteur de la carte d’identité biométrique Cedeao, qui atteint 18 ans. Il n’a pas manqué d’appeler à revoir les délais prévus pour les contentieux suite à la publication des listes électorales et à créer un logiciel permettant de numériser les cartes non retirées et d’orienter facilement les titulaires sur le lieu de retrait. A ce jour, beaucoup de Sénégalais ne parviennent pas à localiser leurs cartes d’identité biométriques, ajoute-t-il. Monsieur Faye pense également qu’il faudrait créer un outil performant pour permettre la vérification facile de son lieu de vote pour résoudre les multiples difficultés causées par la modification de la carte électorale.
CE QU’IL FAUT CHANGER DANS LES PARRAINAGES
Concernant les parrainages qui sont souvent source de problèmes, Déthie Faye estime que si on considère les citoyens qui n’ont pas reçu leurs cartes d’identité et ceux qui s’abstiennent à chaque élection, la détermination du nombre de parrains devrait se faire par rapport aux suffrages valables au dernier scrutin et non par rapport au fichier électoral. Il pense aussi qu’il faut créer un logiciel consensuel de vérification des parrainages et mettre un terme à la limitation des citoyens à la signature d’un seul parrainage pour respecter l’anonymat du vote. Le coordonnateur du pôle des non-alignés au dialogue politique recommande de créer une commission nationale de vérification du parrainage qui délivre un quitus faisant partie des dossiers à déposer au Conseil Constitutionnel avec possibilité d’attaquer la décision de la commission de vérification devant la justice. Et de tenir compte de l’expérience de l’élection présidentielle de 2019 et des dernières législatives en mentionnant dans le code électoral que l’ordre de dépôt des candidatures est déterminé par tirage au sort. Pour boucler la boucle, il a préconisé d’adopter le bulletin unique pour l’élection présidentielle de 2024.
LE «COLLECTIF DES VICTIMES DE DAOUDA DIALLO» SAISIT L’OFNAC
Babacar Mbaye Ngaraf et Cie ne lâchent toujours pas le receveur, chef du bureau des Domaines de Guédiawaye, Daouda Diallo, qu’ils accusent de vouloir coûte que coûte chercher à les déposséder de leurs terrains situés à la cité Ndiobéne
Les membres du «Collectif des Victimes de Daouda Diallo» ont saisi l’Office National de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) pour demander à Serigne Bassirou Guèye et ses collaborateurs de faire la lumière sur les agissements de ce dernier qu’ils accusent de vouloir chercher à les déposséder de leurs terrains situés à la cité Ndiobéne, dans le département de Guédiawaye. Babacar Mbaye Ngaraf et Cie comptent aller jusqu’au bout pour «freiner» le receveur, chef du bureau des Domaines de Guédiawaye, Daouda Diallo.
Babacar Mbaye Ngaraf et Cie ne lâchent toujours pas le receveur, chef du bureau des Domaines de Guédiawaye, Daouda Diallo, qu’ils accusent de vouloir coûte que coûte chercher à les déposséder de leurs terrains situés à la cité Ndiobéne, dans le département de Guédiawaye. Après avoir créé le « Collectif des Victimes de Daouda Diallo», ils ont saisi l’Office National de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) en fin février pour obtenir justice. «Le gars veut nous voler nos terrains. On a saisi sa hiérarchie. On a fait un recours administratif, mais il semble que les agents du service des domaines font de la solidarité de corps. Etant donné que toutes ces procédures n’ont rien donné, on a saisi l’Ofnac», explique le coordinateur dudit collectif, Babacar Mbaye Ngaraf. Dans la lettre adressée à Serigne Bassirou Guèye et ses collaborateurs, les membres du collectif expliquent : «Sentant un parfum de corruption et de concussion dans la gestion foncière de notre département depuis l’avènement du receveur Daouda Diallo au bureau des Domaines de Guédiewaye, nous avons jugé nécessaire de saisir votre noble institution pour une enquête sur les transactions foncières à Guédiawaye notamment sur les lotissements dits «Extension UMS», «Wakhinane», «Sen foot», «Sahm Notaire», «Ndiobéne»… Fondant un grand espoir sur votre compétence et votre sens élevé de la responsabilité pour traquer des fonctionnaires véreux de l’administration domaniale qui s’éloignent de leurs missions de service public pour se constituer en gang spécialisé en spoliation foncière, nous vous prions d’agréer notre entier dévouement».
Mais Babacar Mbaye Ngaraf et Cie craignent que le dossier ne soit classé sans suite, accusant Daouda Diallo de faire main basse sur leurs terrains pour les vendre dans le but de financer les activités de sa formation politique. «Il prend des terrains qui appartiennent à d’honnêtes citoyens pour les donner à d’autres personnes. C’est pourquoi, on a saisi l’Ofnac pour qu’elle ouvre une enquête. Maintenant, nous craignons que notre plainte soit rangée sans suite parce qu’il a dit qu’on ne peut rien contre lui, parce qu’il est un proche de Serigne Bassirou Guèye».
PAR Palmira Telésforo Cruz
LA MALÉDICTION DU CONSEIL DE L’ENTENTE
Thomas vit dans chaque jeune du continent qui lève le poing pour se rebeller contre l’ordre de soumission et du silence, et qui ose conquérir son avenir au prix de sa vie
Au revoir, adieu, étoile de mes nuits
- dit un soldat, au pied d’une fenêtre
Je m’en vais, mais ne pleure pas mon ange,
Demain, je reviendrai demain.
L’au revoir d’un soldat. Domaine public.
Les tensions au sein de sa propre élite ont mis fin à Idriss, le maréchal des idiots. Le serpent s’est mordu la queue et est mort empoisonné par lui-même. Le vieil usurpateur est parti sans fermer la porte, sans dire au revoir, et sa petite vermine s’apprête à prendre sa place avec une dague dans une main et une mitrailleuse dans l’autre. Il est temps de parler, d’agiter l’eau, de faire couler les ruisseaux, d’écouter le vent glisser entre les épis du millet.
Le roi des idiots, ousmane, a pactisé avec blaise, lui a demandé la vie de Thomas en échange d’un sort qui lui confère des pouvoirs obscurs et imbattables. C’est ça, le prétexte. En réalité, les deux prévoient de livrer le pays à la France et à ses guérilleros et terroristes proxy, pour continuer à se remplir le gros ventre ; l’un avec des impôts réels et l’autre avec des aides au développement. Du travail, rien du tout. Ils sont frustrés et leur ambition réclame de l’espace. Ils ont peur de perdre du pouvoir, de l’influence et de l’argent, d’être forcés de travailler pour manger.
Aujourd’hui, nous avons décidé de nous habiller dignement et de prendre la rue, la place, la destination. Car ici, il semble que rien ne bouge, ni la poussière qui couvre les rues, ni les flaques visqueuses, ni les fissures dans les murs, ni la chaleur qui fend les peaux. Le temps devient fou enfermé dans sa redondance et nous emprisonne avec lui pour se venger de sa tiédeur insignifiante.
Il ne s’agit pas de demander beaucoup ou peu. Nous voulons vivre plus et mieux, exiger tout ce que nous n’avons pas eu en trente ans mais qui a été promis depuis les indépendances, chaque année, chaque mois, chaque jour une promesse. Rien n’arrive, rien ne change, ni les écoles, ni les emplois, ni l’eau potable, ni un hôpital, ni l’électricité. Les promesses, celles qui se transforment, s’investissent de modernité, restent éthérées mais deviennent trending topic.
Pendant ce temps, les seuls qui ont une voiture, de l’essence, de l’électricité, la santé, de l’argent, des bijoux, de la délicieuse nourriture, ce sont les militaires de l’élite du défunt qui se perpétuent en son fils lequel découpe et livre le pays aux enchères.
Pendant ce temps, les seuls qui ont la voiture, de l’essence, de l’électricité, la santé, de l’argent, des bijoux, des repas délicieux, ce sont le dictateur dans son luxueux exil et les membres de la royauté traditionnelle qui se perpétue dans les superstitions et l’ignorance.
Nous refusons les 30 années semblables aux autres.
C’est pour ça qu’on doit sortir.
Crier ce qu’il faut crier.
Nous ne voulons rien qui ne soit pas à nous ou qui ne soit pas possible : cesser d’être l’arrière-cour du G7. Et que les émergents ne cherchent pas à se succéder dans la spoliation. Et nos mains soient libres pour construire l’avenir par nous-mêmes.
Alors nous sommes sortis en groupe. Avec les mains et la voix haute. Deux à deux, dix à dix, cent à cent, mille en mille, hommes et femmes, garçons et filles, jeunes et vieux, fatigués de regarder, prêts à œuvrer pour un avenir plus dégagé et plus juste, avec un projet en mémoire, croyant qu’un autre monde est possible. Nous nous regardions les uns les autres pour nous rendre compte que nous sommes sans chemise, sans chaussures, aussi tristes que tristes que peuvent l’être ceux qui n’ont plus rien à perdre, sauf la vie.
Il y a une certaine douceur dans le délire. La lumière du soleil déverse une chaleur suave sur le corps. Dehors, il y a des voix, des cris, des pleurs doux, des gens qui expliquent qu’ils ne doivent pas bouger. Une torpeur douce et gélatineuse envahit le corps qui répand son sang chaud sur la terre et qui s’écoule lentement, mouille les plis de la peau et suit son chemin en un fil mince, interminable qui confond la langue, assombrit la lumière, empêche l'écoute, ternit les pensées... Certains ont couru et sont revenus en arrière quand ils ont réalisé que nous ne les suivions pas. Certains ont hurlé de douleur. D’autres sont plongés dans un silence atroce. Tous ont la peur implantée là où ils avaient récemment déposé l’espoir.
Un doigt indique la cible principale, puis glisse pour indiquer le reste. Un corps tombe avec le bruit amorphe de corps fracassant quand ils tombent. Puis un autre, et encore en comptant douze, treize corps détruits. Celui qui les regarde tomber a été payé pour porter sur ses épaules la passion de celui qui les hait, les craint et en a reçu l’ordre. Ici et partout la terre accueille les morts, les berce, les materne, les abrite, devient un vase d’argile pour les hommes intègres. Mais il existe une terre maudite par la trahison qui ramènera les morts qui portent les balles dans le dos. Ils reviendront pour affronter du regard les lâches.
Ce soir et tous les soirs, mahamat. Ce jour et chaque jour, je reviendrai te chercher. Pour te regarder dans les yeux et te demander si tu veux boire mon sang. Depuis la fosse ouverte dans les sables basaltiques du désert. Du fond de la rivière. De la tombe obscure de la prison.
Un drapeau couvre le corps maigre. L’enfant qui n’est pas minuscule, cependant, semble tout petit, couvert de ce chiffon dans lequel commencent à se former des caillots jaunes, rouges, bleutés, selon la couleur qui les saisit. Les gens l’entourent et un photographe prend une foule de pieds qui l’entourent, pieds nus, mains ensanglantées tenant des douilles et des bandages sur des corps sans vie.
Un drapeau couvre la petite urne de l’homme énorme qui devient juste un emballage fait à contrecœur pour le jeter dans un misérable trou, signe de la hâte qu’ont un roi grandiloquent, un vieux dictateur exilé et un empire décadent, pour enterrer la petite boîte en bois débordante de cette liberté qui les met en colère parce qu’elle s’enroule avec force dans leurs corps obèses, regrettables et corrompus. Les indignes ont peur de l’au-delà. Les tueurs pensent pouvoir enterrer leurs crimes.
Chaque nuit, le petit tyran continue de dévorer des adolescents, leur mord les viscères et mâche leurs os pour conjurer leurs. Et ne parvient qu’à se rétrécir toujours un peu plus, en agitant sa cloche, pervers au point de se transformer en tueur à gages.
Pour laver le sang de ses vêtements royaux, ousmane a construit une statue, et créera un parc, construira une tour, un mausolée, une salle de cinéma et une bibliothèque multimédia ; pour éviter d’être dépouillé des pièces d’or qu’il garde dans son caleçon, blaise restera caché sous son lit ; chirac et mitterrand continueront à pourrir comme ils le faisaient de leur vivant.
Les meurtriers de la liberté rencontreront les yeux de leurs victimes chaque aube et chaque nuit parce que le destin continue sa marche sur un sentier ouvert. Thomas vit dans chaque jeune du continent qui lève le poing pour se rebeller contre l’ordre de soumission et du silence, et qui ose conquérir son avenir au prix de sa vie. Aujourd’hui, maintenant, le monde, l’histoire, n’attendent pas : les hommes, les femmes, eux savent qu’ils doivent dompter la peur "jusqu’à ce que la dignité devienne coutume".
C’est vrai, on ne tue pas les idées ; les idées ne meurent pas. (TS)
Ne pleure pas mon ange, je reviendrai demain...
(NB : Les noms des personnes commencent volontairement en minuscule)
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LES BONS RESSENTIMENTS, UN ESSAI SUR LES RELATIONS ENTRE LA FRANCE ET L'AFRIQUE
Les écrivains africains sont-ils culturellement aliénés ? Y-a-t-il un malaise entre les auteurs et l’ancienne puissance coloniale française ? L'écrivain Elgas analyse ces questions dans son dernier livre
Les écrivains africains sont-ils culturellement aliénés ? Y-a-t-il un malaise entre les auteurs et l’ancienne puissance coloniale française ? L'écrivain Elgas analyse ces questions dans son dernier livre : "Les bons ressentiments - Essai sur le malaise post-colonial".
Par Moussa TAYE
LA THESE DU SECOND QUINQUENNAT, UNE SI FAUSSE TROUVAILLE
Certains partisans du pouvoir commencent à défendre la possibilité juridique d’un second quinquennat pour le président Sall. S’il s’agit de pauvres quidam vulgus, on peut comprendre et tolérer leur ignorance
Certains partisans du pouvoir commencent à défendre la possibilité juridique d’un second quinquennat pour le président Sall. S’il s’agit de pauvres quidam vulgus, on peut comprendre et tolérer leur ignorance. Par contre, s’il s’agit de ceux supposés connaitre la matière, cela s’appelle hypocrisie, opportunisme ou malhonnêteté. Malheureusement, des spécialistes troquent leurs toges contre le manteau d’hommes et de femmes politiques véreux. Dans la foire du droit, ils vendent et achètent des idées aussi saugrenues que contraires sous l’autel des intérêts immédiats. Le président Sall a épuisé ses cartouches. La loi est très claire.
Je me réfère seulement aux thèses des experts Ismaela Madior Fall, Ngouda Mboup, Mounirou Sy. Ils ont expliqué clairement que Macky Sall en est à son dernier mandat en distinguant formellement « la durée » et « le nombre » de mandats. Ismaela Madior Fall : « Je me rends compte que les gens ne lisent pas les textes. Si les gens continuent à dire qu’il est possible que le président fasse un troisième mandat, je me dis qu’on n’a pas lu les textes, notamment l’article 27 qui dit très clairement que « nul ne peut avoir plus de deux mandats consécutifs ».
La constitution ne laisse à aucune interprétation : nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs » Ngouda Mboup : « L’article 27 est clair. Il ne parle pas de principe, ni d’exception. Il stipule : ‘’Nul ne peut exercer plus deux mandats consécutifs » Mounirou Sy : « Dans le projet de décret, il ne s’agissait pas de se demander si c’est le mandat de 5 ou 7 ans qui est renouvelable. Ce qui était admis, c’est que le mandat présidentiel est renouvelable une fois. Le Président Macky Sall n’a pas jugé nécessaire de soumettre cette question au Conseil Constitutionnel parce qu’elle est devenue une évidence depuis 2008. Ce qui est intangible, c’est l’interdiction de plus de deux mandats consécutifs. »
Le problème est donc réglé. C’est une affaire de droit. Certains Sénégalais estiment aussi que des considérations morales, éthiques et même philosophiques empêchent le président Sall de déposer sa candidature en évoquant la sacralité de la parole. Ils ont raison. La parole est quelquefois plus valeureuse même que la loi et surtout lorsqu’elle émane justement du gardien des lois (le gardien de la Constitution, la Loi fondamentale). Les paroles d’un chef d’Etat ne sont pas celles d’un simple citoyen. Elles ne sont point banales. On accorde beaucoup de crédit aux propos d’un chef d’Etat. Toutes les religions révélées et les traditions insistent sur l’importance de la parole. L’Islam nous impose d’avoir une parole de vérité. Dans la sourate Al Baqara, il est clairement mentionné au verset 8 :« Parmi les gens, il y a ceux qui disent : "Nous croyons en Allah et au Jour dernier ! " tandis qu'en fait, ils n'y croient pas. ».
Le verset 10 donne la sanction : « Il y a dans leurs cœurs une maladie (de doute et d'hypocrisie), et Allah laisse croître leur maladie. Ils auront un châtiment douloureux, pour avoir menti. » La charte du Mandé en son article 19 consacre le respect de la parole prononcée sans contraintes.
Dans notre tradition marquée par l’oralité, on n’avait pas besoin d’écrire. Seule la parole donnée comptait. La parole est l’acte fondateur de la confiance. Elle construit ou détruit. Même dans la mafia italienne, il est admis que « entre gens d’honneur, parole vaut contrat » tandis que chez les turcs, « qui n’est pas homme de parole, n’est pas homme. ».
C’est justement par respect à sa parole que Lat Dior tomba sur le champ de l’honneur. Et justement, notre cher président affirmait clairement : « Tout au long de mon mandat qui s’achève, je me suis efforcé de traduire en actes l’essentiel des promesses contenues dans le Yoonu Yokutté et déclinées par la suite dans le Plan Sénégal émergent. Et cela, je l’ai fait en mon âme et conscience. Et me voici de nouveau devant vous en vue de solliciter votre confiance pour un second et dernier mandat. » in Le Sénégal au cœur, p. 165. Ce sont là ses paroles, les paroles du chef…
Les actes posés depuis un certain temps et les manœuvres en cours laissent penser que Macky Sall prépare une troisième candidature. Sous ce rapport précis, les sorties sporadiques de quelques zélés confirment les velléités de représentation de l’actuel locataire du palais. Sa tournée qui devrait être une tournée d’adieu est en réalité une pré-campagne déguisée.
Le président Sall doit partir en 2024. Faut-il le convaincre à partir ou le contraindre à partir ? Ses partisans devraient plutôt le convaincre à partir tranquillement pour éviter au pays une instabilité politique et sociale. En définitive, la question (troisième candidature) qui fâche est devenue une question qui lasse. Mais, quelle que soient les manœuvres, les nauséeuses combines et la répression, le peuple souverain fera face. Vox populi, vox dei… La thèse du second quinquennat est une hérésie. Cette si fausse trouvaille doit être oubliée. Et vite. »
par Elgas
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FRANÇAFRIQUE, IL FAUT SORTIR DU RESSENTIMENT
Alors que la France fait aujourd'hui l'objet d'un violent rejet sur le continent, il est important de comprendre comment la surenchère identitaire a avalisé une nécrose des idées au profit des forces les plus régressives et populistes
C'est l'histoire d'une douloureuse captivité. Les intellectuels, artistes et écrivains africains francophones ont tous à un stade de leur carrière été accusés d'être à la solde de la France. Dociles. Aliénés. Qu'il s'agisse de Léopold Sédar Senghor, académicien, poète et premier président du Sénégal postindépendance, Yambo Ouologuem, Prix Renaudot 1968, ou encore Mohamed Mbougar Sarr, Prix Goncourt 2021, tous ont dû subir ce procès en disqualification.
Parce que reconnus, primés, lus en France. Ils sont des exemples parmi tant d'autres d'une querelle ancienne et fratricide, d'un long malaise intellectuel et identitaire. Tout avait pourtant bien commencé. La rupture tant prônée avec la France est au départ porteuse d'espoir, énergie libératrice qui a lancé la dynamique des indépendances. Dans les années 1970, il y a là un élan postcolonial théorisé entre autres par Edward Saïd penseur palestino-américain, qui critique le dévoiement des Lumières françaises dans l'entreprise coloniale, sans jamais renier l'opportunité que la philosophie des Lumières représente, et ce qu'elles fondent de droits humains universels. Toutefois, interprétée hâtivement, surtout en France, la pensée décoloniale est dans une logique de rupture. Le courant de pensée originel est au fil du temps dévoyé au profit d'une logique qui s'acharne plus à traquer les ennemis qu'à rechercher des alternatives.
Cette dérive a condamné tout un continent à se renfermer dans une traque des « aliénés » qui ne pouvait déboucher que sur un ressentiment chronique contre la France. La logique des tenants de cette décolonisation nouvelle mouture est celle d'une impuissance qui mue en vanité, plaquant le schéma du bouc émissaire pour dissimuler sa faillite intellectuelle. Alors que la France fait aujourd'hui l'objet d'un violent rejet sur le continent, il est important de comprendre comment la surenchère identitaire a avalisé une nécrose des idées au profit des forces les plus régressives et populistes. Vrai du Burkina comme du Mali, ce front antifrançais cache pourtant des liens plus insondables et inavouables avec l'ex-colonisateur : la France demeure au cœur de tout, et bien souvent, elle finance le récit contre elle-même. Pointons ainsi la nature profonde de la blessure : l'état de captivité des penseurs décoloniaux dans des situations inconfortables. Et pour cause, une majorité des intellectuels africains francophones est elle-même captive du mentorat, voire du mécénat de son ex-tuteur colonial.
Le président français Emmanuel Macron a affirmé jeudi 2 mars à Libreville que l'ère de la "Françafrique" était "révolue" et que la France était désormais un "interlocuteur neutre" sur le continent
"L'âge de la Françafrique est révolu" et la France est désormais un "interlocuteur neutre" sur le continent, a déclaré jeudi Emmanuel Macron au Gabon où il participe à un sommet sur la protection des forêts tropicales, au commencement d'une tournée de quatre jours dans la région.
"Cet âge de la Françafrique est bien révolu et j'ai parfois le sentiment que les mentalités n'évoluent pas au même rythme que nous quand je lis, j'entends, je vois qu'on prête encore à la France des intentions qu'elle n'a pas, quelle n'a plus", a-t-il dit devant la communauté française du Gabon, en soulignant par ailleurs que la réorganisation militaire française qu'il avait annoncée lundi dans un discours à Paris n'est "ni un retrait, ni un désengagement".
Ces dernières années, la France s'est efforcée de rompre avec la "Françafrique", ses pratiques opaques et ses réseaux d'influence hérités du colonialisme.Mais sur le continent, on reproche toujours à Emmanuel Macron de poursuivre ses rencontres avec des dirigeants africains jugés autoritaires.
Le président français participe jeudi à Libreville à un sommet baptisé One Forest Summit, co-organisé par la France et le Gabon et destiné à trouver des "solutions concrètes" pour la conservation des forêts, la protection du climat et des espèces dans un contexte de dérèglement climatique.Une réunion qui n'aura "pas pour objectif de faire adopter de nouvelles déclarations politiques", ont souligné par avance les organisateurs.
Ils précisent qu'il aura surtout vocation à mettre en application les objectifs fixés par l'Accord de Paris sur le climat (2015), qui vise la neutralité carbone en 2050, et la COP15 de Montréal sur la biodiversité (2022) tendant à sanctuariser 30% de la planète d'ici à 2030 pour protéger les terres, les océans et les espèces de la pollution, de la dégradation et de la crise climatique.
Le chef de l'Etat français s'est d'abord rendu dans la matinée au parc de l'Arboretum Raponda Walker, l'une des aires protégées du littoral gabonais au nord de Libreville, avant de s'exprimer devant la communauté française du pays à la résidence de l'ambassadeur de France.Il doit participer dans l'après-midi à des rencontres avec des scientifiques, des ONG et des acteurs du secteurs privés au palais présidentiel.
D'autres chefs d'Etats dont Denis Sassou-Nguesso (Congo-Brazzaville), Faustin Archange Touadéra (Centrafrique), Mahamat Idriss Déby Itno (Tchad) ou encore Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale) feront aussi le déplacement.
Les présidents français et gabonais concluront le sommet par deux discours en fin de journée.
Le One Forest Summit a commencé dès mercredi avec des échanges entre ministres, société civile et experts sur plusieurs thématiques (gestion durable des forêts, biodiversité, financements).
- Influence décroissante -
La venue d'Emmanuel Macron a été décriée par une partie de l'opposition politique et de la société civile gabonaises, qui l'accusent de venir "adouber" Ali Bongo alors que les gabonais éliront un nouveau président cette année.M. Bongo avait succédé à son père, Omar Bongo Ondimba, après la mort de ce pilier de la Françafrique qui avait dirigé le pays pendant 41 ans.
Ali Bongo avait été réélu dans des conditions controversées en 2016 et sera probablement candidat à sa réélection cette année.
C'est le dix-huitième déplacement d'Emmanuel Macron en Afrique depuis le début de son premier quinquennat en 2017, où l'influence et la présence française sont de plus en plus remises en question.
Depuis 2022, l'armée française a été poussée hors du Mali et du Burkina Faso par les juntes au pouvoir dans ces deux pays.Mardi, au lendemain du discours de M. Macron sur l'Afrique, le Burkina a également dénoncé un accord d'assistance militaire signé avec la France en 1961, l'année d'après l'indépendance du pays, auparavant colonie française.
Forte des mercenaires du groupe Wagner et de campagnes de désinformation qui alimentent le sentiment antifrançais, la Russie dame de plus en plus le pion à Paris dans cette sphère d'influence française historique.
Emmanuel Macron a exposé lundi depuis Paris sa stratégie africaine pour les quatre ans à venir.Il a prôné "l'humilité" et encouragé un nouveau partenariat "équilibré" et "responsable" avec les pays africains. Il a également annoncé une réduction de la présence militaire française, concentrée depuis dix ans sur la lutte contre le jihadisme au Sahel.
- Année électorale -
Après le Gabon, le président français se rendra en Angola où il signera un accord visant à y développer la filière agricole, puis au Congo et en République démocratique du Congo (RDC).
Il fera ensuite une brève escale à Brazzaville, où Denis Sassou Nguesso dirige d'une main de fer le Congo depuis près de 40 ans.Une rencontre qui risque là encore d'apparaître à contre-courant de son discours de lundi.
Il conclura sa tournée en RDC, ex-colonie belge mais aussi plus grand pays francophone du monde, où le président Félix Tshisekedi, au pouvoir depuis janvier 2019, se prépare à une échéance électorale cette année.
Cette étape peut également s'avérer délicate alors que la France est accusée en RDC de prendre le parti du Rwanda, au moment où Kinshasa accuse son voisin rwandais de soutenir le "M23", rébellion active dans l'est congolais.Un soutien qui a été corroboré par des experts de l'ONU mais reste nié en bloc par Kigali.
ENFIN LE BOUT DU TUNNEL POUR LE DEMARRAGE DES TRAVAUX DU PORT DE NDAYANE
Le futur port de Ndayane occupe d’ores et déjà une place de choix dans la politique portuaire du Sénégal. Deux ans après la pose de la première pierre de ce gigantesque projet, l’on peut affirmer que les travaux effectifs vont démarrer incessamment
Etienne NDIAYE (Correspondant permanent à Mbour) |
Publication 02/03/2023
Le futur port de Ndayane occupe d’ores et déjà une place de choix dans la politique portuaire du Sénégal. Deux ans après la pose de la première pierre de ce gigantesque projet, l’on peut affirmer que les travaux effectifs vont démarrer incessamment. L’assurance a été donnée par le directeur général du Port Autonome de Dakar. Mountaga Sy, qui participait hier à Saly à un atelier de partage et d’information sur le processus, a invité les préfets de Rufisque et de Mbour, les deux départements traversés par l’infrastructure, à utiliser le barème 1 fixé par l’Etat dans le cadre de la compensation et des indemnisations dues aux personnes affectées par le projet.
Dans le cadre de la mise en œuvre des orientations majeures du Plan Sénégal Emergent (PSE), l’Etat a jugé utile de réaliser un deuxième port autonome en dehors de celui de Dakar. Le 3 janvier 2022, le président Macky Sall, en compagnie du ministre des Pêches et de l’Economie maritime d’alors, Alioune Ndoye, procédait à la pose de la première pierre de ce projet à forte incidence économique. Hélas, depuis lors, rien n’avait bougé sur le site. Pour cause, il fallait poursuivre le travail de recensement des impactés et de conciliation pour procéder aux compensations et indemnisations des personnes affectées par le projet. Il fallait aussi poursuivre le travail de concertation avec les différentes parties impliquées dont les associations d’impactés et les autorités administratives locales. Ainsi, huit dates repères ont marqué ce processus entamé le 11 janvier 2021 par la signature du décret 2021/19 d’utilité publique. Il y a eu entre temps l’évaluation des impenses, la notification du périmètre définitif, le démarrage des conciliations, la délivrance de l’attestation de conformité environnementale, la rencontre avec les collectifs de Yenne et les rencontres avec les préfets de Rufisque et de Mbour.
En visite à Thiès le mois dernier où il a présidé le conseil présidentiel consacré à la région, le chef de l’Etat avait donné des instructions pour que les travaux de ce port multifonctions démarrent effectivement dans la première quinzaine de ce mois de mars.
Après ces étapes cruciales, il fallait aussi organiser une rencontre d’évaluation du processus et donner les orientations nécessaires à la matérialisation de cette volonté exprimée par le président de la République. C’est le sens de l’atelier de partage et d’information sur le processus de démarrage des travaux tenu hier à Saly.
Vers une accélération du processus
Cette rencontre a vu la participation des autorités administratives et des représentants des services techniques des départements de Rufisque et de Mbour. Après un recensement des 21 personnes affectées par le projet et qui sont dans le domaine public maritime, Mountaga Sy, le directeur général du Port Autonome de Dakar, a dit sa volonté d’accélérer le processus surtout que les populations ne sont pas contre l’idée de l’installation de cette infrastructure.
Le seul point d’achoppement, a-t-il indiqué, était lié à l’indemnisation jugée très insuffisant par les PAP (personnes affectées par le projet). Afin de résoudre ce problème, le DG du PAD a demandé aux préfets de Mbour et de Rufisque d’utiliser le barème 1 qui est le plus élevé de l’Etat afin que les personnes impactées ne soient pas lésées.
« Nous avons organisé cette rencontre sur le processus de démarrage des travaux du port de Ndayane. Nous sommes en train de prédisposer les équipements et ce matin nous devons finaliser les diligences liées à 21 personnes impactées par le projet dans le département de Rufisque et qui sont dans le domaine public maritime et la zone du terminal à conteneurs. Il est donc important d’harmoniser les échanges et les éléments de langage des deux conciliations. Ce projet enjambe deux départements et impacte trois communes (Popenguine-Ndayane, Yenne -Toubab Dialaw et Diass)» a expliqué le DG du PAD.
Pour l’instant les équivoques semblent levées surtout que les indemnisations ont été revues à la hausse. Désormais, les impactés des deux départements auront le même barème d’indemnisation
Concernant les avantages du futur port, Mountaga Sy a souligné que l’Etat y est actionnaire à 40 %. « Le port de Dakar est copropriétaire de celui de Ndayane. Ce port est une extension entre le PAD et DP World qui a été conçu depuis 2017 pour son exploitation. Son expansion a dépassé le seuil de 450 conteneurs par année, soit 20 000 camions par jour. Donc il était question de faire une extension qui était envisagée à Dakar dans un premier temps. Mais, pour désengorger la capitale et éviter les embouteillages, le chef de l’Etat a décidé de décentraliser le port et requalifier le foncier de la ville. Le PAD est actionnaire de 40 % du port de Ndayane, DP World détenant les 60 % restants », a souligné Mountaga Sy.
5460 personnes à indemniser
Toutes les familles qui ont droit à l’indemnisation et à un accompagnement seront satisfaites, a rassuré Mountaga Sy. A l’en croire, l’ensemble des personnes concernées sont recensées et connues. Il s’agit de 5460 personnes soit 95 % des impactés dans le département de Mbour et 280 soit 5% dans le département de Rufisque. Pour mieux communiquer et donner la bonne information, des visites à domicile seront organisées pour évaluer de manière juste ceux qui n’ont pas encore été indemnisés. D’ailleurs, a révélé le DG du PAD, des locaux permanents ont été déjà ouverts à Ndayane, Toubab Dialaw et Yenne et prochainement à Diass. Ces lieux seront des points focaux pour recevoir toutes les personnes impactées voulant des informations ou désirant une réévaluation soit de leurs champs et/ou de leurs maisons. Après une revalorisation des paiements des indemnités, le montant global pour les premiers recensements et pour les impenses tourne autour de 15 milliards. « On fera à Ndayane ce que l’Etat n’a jamais fait jusque-là en manière d’accompagnement » a martelé Mountaga Sy.
UNE VIE AU SERVICE DE L’ETAT ET DE LA PAIX SOCIALE !
« Big Fam » - Famara Ibrahima Sagna a fait ses études primaires à Ziguinchor où il est né en 1938 avant de les poursuivre à Dakar et à Paris pour le secondaire et le supérieur.
Famara Ibrahima Sagna a fait ses études primaires à Ziguinchor où il est né en 1938 avant de les poursuivre à Dakar et à Paris pour le secondaire et le supérieur. Dans la capitale française, il a suivi les cours de l’Institut des hautes études d’Outre-mer (ancienne Ecole nationale de la France d’Outre-mer)section « Administration générale » et a fait partie de la promotion « Charles de Gaulle » sortie en 1961.
Rentré au Sénégal l’année suivante, il a occupé aussitôt des fonctions d’autorité dans l’administration sénégalaise plus précisément sous les auspices de feu Me Valdiodio Ndiaye. Après différentes fonctions d’autorité, il est retourné, à sa demande, suivre une formation postuniversitaire en France et aux Etats-Unis d’Amérique. Après une spécialisation comme analyste au Centre d’études financières, économiques et bancaires de Paris (CEFEB), il a migré vers l’Institut du Fonds monétaire international à Washington DC. Il a suivi une formation de deux ans au sein de cette institution de Bretton Woods sise sur les rives du Potomac.
Rappelé au Sénégal par le président Senghor — dont on dit qu’il n’en était pas revenu lorsque l’administrateur civil Famara Ibrahima Sagna était venu lui demander un jour une bourse pour aller étudier encore ! —, il a atterri au ministère des Finances et des Affaires économiques alors dirigé par Babacar Ba. Après y avoir abattu un travail de titan, et notamment modernisé les procédures et mis en place plusieurs services, l’enfant de Ziguinchor est nommé Président directeur général de la Société nationale de Garanties et d’Assistance (SONAGA) puis directeur général de la Banque nationale de Développement du Sénégal (BNDS). Une banque liquidée dix ans après son départ et à la tête de laquelle, entretemps, deux autres directeurs généraux étaient passés. Enfin, Famara Ibrahima Sagna a été patron de l’Administration Autonome de la Zone Franche industrielle de Dakar (ZFID).
Une riche carrière ministérielle !
Après quoi, n’ayant plus rien à prouver en matière de gestion, il est entré au Gouvernement où il a occupé successivement les fonctions de ministre du Développement rural, puis de ministre du Développement industriel et de l’Artisanat. Par la suite, en tant que ministre de l’Intérieur, plutôt que d’user de la matraque et des grenades lacrymogènes, il s’est mué en médiateur discret pour favoriser un dialogue entre le président Abdou Diouf et son principal opposant qui l’empêchait de dormir : Me Abdoulaye Wade. Des discussions couronnées de succès puisqu’elles ont abouti à la formation d’un gouvernement de majorité présidentielle élargie dans lequel siégeaient des ministres du Parti démocratique sénégalais avec à leur tête le secrétaire général national Me Abdoulaye Wade comme ministre d’Etat sans portefeuille. Famara Ibrahima Sagna a aussi détenu les portefeuilles de ministre de l’Economie, des Finances et du Plan puis de ministre de l’Economie, des Finances, du Plan et de l’Intégration africaine.
Cet homme au caractère trempé provenant sans doute de ses origines royales fut l’un des principaux artisans de la chute de l’alors tout-puissant et redoutable Jean-Baptiste Collin, qui fut maître de tous les services de sécurité et de renseignements du pays. Mais aussi le véritable patron du Parti socialiste. Famara Ibrahima Sagna fut l’un des rares à lui tenir tête et à refuser de lui faire allégeance. De la même manière, ses relations étaient orageuses avec le Premier ministre Habib Thiam qui était pourtant l’ami personnel du président Abdou Diouf. Nommé président du Conseil économique et social, « Big Fam » a mis à contribution ses propres réseaux pour obtenir le financement nécessaire à la reconstruction, élargissement et modernisation de l’ancien bâtiment qui abritait cette institution. C’est aussi lui qui avait décroché de quoi l’équiper.
Enfin, comme ministre de l’Intérieur, c’est lui qui avait ouvert des négociations avec les quatre mousquetaires de la presse que nous étions alors, en 1990, c’est-à-dire feus Babacar Touré et Sidy Lamine Niasse mais aussi Laye Bamba Diallo et moi. Ce alors que nous menacions d’organiser une marche à la place de l’Indépendance avec nos employés et nos familles pour attirer l’attention sur les difficultés de nos entreprises. A la suite des négociations organisées par Famara Ibrahima Sagna dans les locaux mêmes du ministère de l’Intérieur où il avait convié plusieurs directeurs généraux de sociétés nationales concernés par nos revendications, nous avions décroché plusieurs acquis. Cerise sur le gâteau : il avait convaincu le président Abdou Diouf de nous payer exceptionnellement l’aide à la presse — un mécanisme figurant dans la loi de 1979 mais jamais mis en œuvre jusqu’alors — sur ses fonds politiques. Ce qui fut fait. L’année d’après, cette aide était intégrée dans le budget du ministère de la Communication.
FAMARA IBRAHIMA SAGNA, LES RAISONS D’UN CHOIX
Du dialogue politique national au parrainage du Pont de Marsassoum d’un coût de 20 milliards de F CFA, longue de 484 m et qui relie le Pakao à la région de la Basse-Casamance via Bignona
En tournée économique dans la région de Sédhiou, en Moyenne Casamance, depuis lundi, le président de la République, Macky Sall, a baptisé hier, comme l’avait du reste indiqué en exclusivité votre quotidien préféré, le pont de Marsassoum au nom de l’emblématique ancien ministre de l’Economie et des Finances, Famara Ibrahima Sagna, originaire de la région. Le parrain de cette infrastructure d’un coût de 20 milliards de F CFA, longue de 484 m et qui relie le Pakao à la région de la Basse-Casamance (Ziguinchor) via Bignona, n’est plus à présenter dans le landerneau politique national où il a été très souvent sous les feux des projecteurs. Il est, selon le chef de l’Etat, “une symbiose du Sénégal que nous aimons”. Opération de charme et reconnaissance ou main tendue envers un commis de l’Etat hors du commun ? En effet, d’aucuns spéculaient naguère sur la froideur des relations entre les deux hommes au lendemain de l’échec du Dialogue national. Voire !
‘’Ce pont du Diassing que nous inaugurons est un trait d’union, un lien et un lieu de convergence. Pour toutes ces raisons symboliques, je lui ai donné le nom de Famara Ibrahima Sagna qui est la symbiose du Sénégal que nous aimons de par ses origines multiples’’ a soutenu euphorique mardi le chef de l’Etat devant une nombreuse assistance. Plusieurs fois ministre de la République et président du Conseil économique et social sous le régime socialiste, le parrain du Pont de Marsassoum a été, en effet, un acteur majeur du rapprochement de l’ancien président socialiste Abdou Diouf avec son principal opposant d’alors, l’opposant Abdoulaye Wade. Un rapprochement qui avait abouti en 1991 à la formation d’un Gouvernement de majorité présidentielle élargie (GMPE) avec l’entrée de Me Abdoulaye Wade et ses alliés dans le gouvernement du Premier ministre Habib Thiam.
L’échec du Dialogue politique national
Initié en mai 2019 parle chef de l’Etat au lendemain du scrutin présidentiel, le Dialogue politique national qui avait à la tête de son comité de pilotage le président Famara Ibrahima Sagna, avait démarré ses travaux le 14 janvier 2020.De nombreux partis politiques et d’organisations de la société civile s’étaient réunis autour de la table. Il ne manquait à l’époque, au tour de la table, que le Pastef de Ousmane Sonko, le Rewmi de Idrissa Seck (deux candidats malheureux à l’élection présidentielle d’alors) et le Pds de Me Abdoulaye Wade dont certaines composantes avaient pourtant pris part de leur propre chef à ce Dialogue.
Après plusieurs mois de débats, et au grand dam du président du comité de pilotage, Famara Ibrahima Sagna, le président de la République, Macky Sall, par ailleurs maître du jeu politique, a endossé ses habits de chef de parti et tranché en faveur de son camp sur des questions principales, objets de divergences entre les deux camps. Il s’agissait entre autres de la suppression ou la modification des parrainages pour l’élection présidentielle, de la suppression ou la modification du Code électoral notamment en ses articles L31 et L32, base de l’inéligibilité de l’ancien maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall et de l’ancien ministre “de la Terre et du Ciel”, Karim Wade. Cerise sur le gâteau, Macky Sall confortait son ministre de l’Intérieur, Antoine Félix Diome, dans l’organisation des élections avec une direction éponyme sous sa tutelle alors qu’il était surtout question d’une Délégation générale aux élections. Une posture qui est restée en travers de la gorge du grand commis Famara Ibrahima Sagna qui avait lui-même, on se le rappelle, démissionné en 1990 du Parti socialiste pour endosser le costume de ministre de l’Intérieur afin de tenir la balance égale entre toutes les formations politiques du pays.
Pis, après avoir foulé aux pieds le travail des experts de la Commission du Dialogue politique national qui a coûté pas moins de 200 millions de F CFA et entrainé le report des élections locales, le chef de l’Etat avait fait valider par l’Assemblée nationale, en juillet 2021, la réforme du code électoral dans le sens qu’il a voulu et non conformément aux recommandations des experts qui avaient constaté, dépités, que le “Sénégal ne semble pas vouloir aller vers des changements en profondeur alors que les propositions auraient permis de décrisper le climat politique, car le plus important dans une élection, c’est que le processus soit accepté par les acteurs ». A propos d’ailleurs des 200 millions du budget de la Commission du Dialogue politique, le président Famara Ibrahima Sagna, qui n’avait pas voulu prendre le moindre franc en guise de rémunération, avait fait publier, en payant de sa propre poche, un bilan au franc près de leur utilisation. C’était sur deux pleines pages du quotidien national « Le Soleil » ! Mieux, il avait fait reverser au Trésor public le restant inutilisé de l’enveloppe. Il fallait être « Big Fam » pour le faire !
Une main tendue ?
Aujourd’hui, le climat politique est encore beaucoup plus tendu qu’il ne l’était au lendemains du scrutin présidentiel de 2019 avec le spectre de la troisième candidature prêtée au président Macky Sall, des procès lourds de danger qui pourraient disqualifier le principal leader de l’opposition, Ousmane Sonko, de la course à la présidentielle du 25 février 2024 et la problématique en suspens des cas de Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall. Et dans ce contexte, l’expertise d’un homme de consensus comme Famara Ibrahima Sagna, “train d’union” et symbiose du Sénégal que nous aimons” pourrait véritablement aider à renouer les fils du dialogue. Trait d’union, symbiose et, surtout, pont entre l’opposition et le pouvoir mais aussi entre les générations notamment celle de la lutte pour l’indépendance et celle qui a posé les fondations de la jeune nation sénégalaise. Le fait que le nom de ce bâtisseur et de ce passeur soit donc gravé dans le marbre d’un pont, infrastructure vitale surtout dans cette partie enclavée de notre pays, n’est donc que justice. Pour une rare fois, nous avons sans réserve une décision du président de la République !