La guerre russo-ukrainienne entre dans une phase critique avec les déclarations guerrières de la Russie et le raffermissement du soutien militaire de l’Occident à l’Ukraine, que symbolise l’envoi de chars lourds. Le mot n’est pas encore lâché, mais au vu des développements récents, il est permis de penser que nous nous dirigeons tout droit vers un conflit militaire de dimension mondiale avec l’Europe comme théâtre des opérations, et en soubassement, des enjeux économiques mondiaux.
Nous voyons,sous nos yeux, l’organisation du commerce international centrée sur la devise américaine, la logistique de production et de transport des biens commerciaux, le réseau bancaire mondial de messagerie (Swift) duquel des pays comme la Russie et l’Iran ont été exclus, se fragmenter en plusieurs autres circuits pour la commercialisation des produits énergétiques comme le pétrole et le gaz essentiels à l’industrie occidentale, européenne en particulier.
Les BRICS et d’autres pays comme l’Arabie Saoudite, l’Egypte, l’Algérie, d’autres pays d’Asie du Sud-Est, semblent opter pour d’autres monnaies de paiement comme le rouble et autres devises nationales, ainsi que d’autres logistiques d’approvisionnement et de transport (routes chinoises de la soie).
La déconnexion de la Russie du réseau bancaire SWIFT a accéléré la création d’un réseau de messagerie bancaire parallèle, lequel, relié à la « roublisation » des transactions de pétrole et du gaz russe et l’acceptation d’autres monnaies nationales de pays importateurs, entraîne un dérèglement progressif de l’organisation du commerce international, en place depuis la fin de la guerre froide.
L’embargo sur le pétrole russe, l’exclusion de la Russie du réseau Swift et la mise de d’une batterie de sanctions sont le phénomène déclencheur de cette désorganisation qui exclut du commerce mondial l’essentiel des ressources (énergie, engrais) jusque-là indispensables à l’industrie européenne et à l’agriculture mondiale.
Cette crise localisée entre la Russie et l’Ukraine a fini par créer une fragmentation du système économique mondial, déjà perceptible avec la montée en puissance des BRICS, de la Chine et de l’Inde en particulier, marquant le début d’une nouvelle opposition entre blocs économiques concurrents, s 30 années après la disparition de l’Union soviétique.
A la veille d’un conflit mondial aux camps nettement identifiés, les protagonistes comptent leurs amis. L’Afrique, qui a jusque là affiché une neutralité, est interpellée par les anciennes puissances tutélaires pour un soutien clair à l’Ukraine.
Conscients que la tiédeur du continent africain dans cette affaire résulte de sa marginalisation systémique des flux du commerce mondial, les USA et l’Europe, la France en particulier, sont en pleine révision de leur modèle de coopération qui a fait faillite si l’on se fie aux résultats économiques engrangés et à la révolte de la jeunesse africaine.
Après l’Asie, le tour est venu pour l’Afrique de prendre son envol économique, a-t-on entendu ces dix dernières années en se basant sur des taux de croissance économique des Etats du continent supérieurs aux taux de croissance stagnants des économies occidentales, et sur le ralentissement de la croissance chinoise.
De quelle Afrique s’agit-il d’abord ? L’Afrique est un seul et même pays lorsqu’on l’évoque dans la macroéconomie mondiale. Dans une approche plus micro économique, les partenariats et accords bilatéraux sont signés avec des Etats distinctement identifiés. Or, les pays à l’origine du partage de Berlin et de la balkanisation savent bien qu’unir des Etats que tout sépare n’est pas chose aisée.
Le développement économique du continent ne peut s’adosser à une approche émiettée de sa réalité qui a jusque-là prévalu dans le but d’optimiser la prédation de ses ressources minières
La création d’espaces communautaires en Afrique de l’Ouest, comme la CEDEAO (1975) et l’UEMOA (1994) avec le tarif extérieur commun et les unions douanières n’a pu casser cette inertie économique qui ne fait participer l’économie du continent qu’à hauteur de 2 % pour la production mondiale et 3% pour le trafic commercial.
La raison des ratios insignifiants est connue ! L’énorme plus-value tirée de la transformation industrielle externalisée de nos ressources minières prive l’Afrique de la valorisation adéquate de ses exportations.
Du commerce international, nos pays ne recueillent que lesflux financiers marginaux tirés des ventes de matières brutes dont les cours sont de surcroît déterminés au gré des options de spéculation des traders de Londres et Chicago.
De la nécessité d’une industrie pour créer de la valeur ajoutée à nos produits !
Ousmane SONKO du PASTEF a récemment parlé du manque à gagner pour le Sénégal à exporter nos réserves de fer sises dans la Falémé sans transformation, en signalant que la disponibilité du gaz permettrait de produire de l’acier ou de l’aluminium à des prix compétitifs et encaisser la plus-value.
Bien entendu, cette question présuppose la disponibilité des ressources financières, le know how et le partenariat avec les firmes internationales sur des bases plus équitables que les partenariats public privé (PPP) financièrement mortifères.
La même observation peut être faite sur l’or dont le Sénégal a produit près 16 tonnes en 2021 essentiellement exportées sans transformation vers la Suisse et l’Australie pour une valeur de FCFA 390.7 milliards.
La part à réserver aux artisans nationaux reste à définir, selon les responsables de l’Association des bijoutiers du Sénégal.
Les flux commerciaux réalisés dans le cadre des organisations communautaires sus évoquées existent, certes, mais pour des quantités peu significatives au regard des statistiques officielles (les mouvements du secteur informel restent à être pris en compte pour l’exhaustivité des données)
Pour que l’Afrique constitue un ensemble économique homogène, il est indispensable que la transformation des matières premières se fasse dans le périmètre régional et dans les pays les mieux à même d’assurer la transformation compétitive de ses produits industriels.
Les yeux sont actuellement rivés sur la Zone de libre échange continentale africaine (ZLECAf) qui serait la solution à l’émergence économique du continent.
Cette nouvelle institution serait-elle un nouveau leurre ?
Une zone de libre échange conçue pour réorienter en interne les flux commerciaux du continent ne doit-elle pas être précédée, ou alors accompagnée, d’une industrialisation ?
Des ouvrages d’experts sur les échanges communautaires commencent à sortir. Le statisticien sénégalais Souleymane Diallo, dans son livre « Radioscopie des exportations sénégalaises en vue de la ZLECAF », met en relief la structure du commerce extérieur des pays membres, ainsi que les opportunités et les risques encourus par le Sénégal dans ce nouvel espace dont les règles vont se substituer à celles en vigueur au niveau de la CEDEAO, où « le Sénégal réalise plus de 40% de ses exportations de biens depuis 2007 ».
Dans cet ouvrage, on apprend avec étonnement que les exportations du Sénégal vers la Côte d’Ivoire ne représenteraient que 1 % des importations de ce pays, alors que leurs économies sont les plus fortes de l’UEMOA dont ils partagent la monnaie (FCFA) et le même environnement juridique harmonisé.
Dans la même veine, les exportations du Sénégal vers le Burkina Faso, ne représenteraient que 2% des importations de ce pays. Globalement les échanges entre pays de l’UEMOA ne dépassent pas 15 %.
À titre de comparaison, 60 % des échanges européens s’effectuent sur le continent même, tandis que ce taux s’établit à 40 % pour l’Amérique du Nord.
Cette distorsion de la structure des échanges signifierait que les besoins en biens de consommation et d’équipements des pays partageant ces espaces ne peuvent être satisfaits qu’à l’extérieur de ces derniers.
Dès lors, à quoi cela servirait d’avoir une monnaie commune si les échanges commerciaux sont si peu significatifs ? S’agit-il d’une vacuité d’offre industrielle, d’un taux de change monétaire défavorable aux pays exportateurs, d’un défaut de compétitivité ? Il doit y avoir un peu de tout cela.
Pour conclure, la crise géopolitique en cours a produit une fragmentation géoéconomique ou, comme certains l’appellent, une « démondialisation » avec comme principales manifestations la dédollarisation partielle du commerce des produits énergétiques et céréaliers, le contournement du réseau mondial de messagerie bancaire SWIFT, avec la Chine et la Russie à la manœuvre, et la substitution progressive des logistiques d’approvisionnement de transport et de livraison par les routes chinoises de la soie.
Le déficit de produits alimentaires, dont l’Afrique est importatrice nette, a induit une exigeante priorité, celle de la souveraineté alimentaire.
Dans une précédente contribution, nous évoquions les contraintes de l’agriculture sénégalaise, à savoir la question de la propriété foncière, la qualité des ressources en eau soumises à haute pression par les usagers, la dégradation de sols non régénérés, les coûts élevés des aménagements hydro agricoles et de leur réhabilitation, l’aversion des banques commerciales au risque agricole, et la faible dimension ainsi que la faible compétitivité des exploitations agricoles (1/2 hectare en moyenne), souvent de type familial, peu susceptibles de générer de la rentabilité et des économies d’échelle.
C’est avec une base d’exportation diversifiée, constituée de produits agricoles et industriels transformés qu’une politique monétaire à la hauteur de celles pratiquées par les pays d’Asie sur des monnaies en parfaite communion avec l’économie réelle, prendra tout son sens.
La création d’une zone monétaire couvrant la CEDEAO dans son ensemble serait à notre avis immédiatement improductive, si l’on tire les enseignements du fonctionnement actuel de la zone Euro, en proie à la disparité des structures économiques des pays du Sud comme la Grèce, l’Espagne et l’Italie, par rapport à celles du Nord et de l’Ouest
Aussi, la création de sous zones monétaires à l’échelle de pays compatibles en termes de structures économiques et de sensibilité aux chocs exogènes, devrait être étudiée, l’ensemble étant relié par une structure faîtière en charge de la gestion des réserves de changes essentielles pour le commerce extérieur.
Il faudrait, dans cette perspective, créer ou renforcer les pôles d’intelligence économique au niveau supra national (Agenda 2063), avec comme mission d’étudier en profondeur la question de la complémentarité des économies nationales et proposer des stratégies économiques, monétaires, industrielles et commerciales permettant d’y parvenir.
Enfin, en termes de positionnement géostratégique, le continent devrait privilégier le critère d’efficacité dans le choix des partenaires devant l’accompagner vers le développement industriel
L’industrie est, en effet, le secteur le plus lucratif dans le commerce international lorsqu’il est allié aux technologies de pointe pour la production de biens à haute valeur ajoutée.
Faute de capitaux propres et de know how, les investissements directs étrangers doivent y être encouragés mais sur des bases équitables favorisant le transfert de technologies
Le partenaire naturel de l’Afrique aurait dû être l’Occident au regard des liens souvent douloureux ayant prévalu mais des erreurs stratégiques ont été commises, incitant l’Afrique à multiplier ses partenaires économiques sur la base de ses stricts intérêts.
L’Asie a été préférée par l’Europe à l’Afrique en termes de délocalisation industrielle, alors que la proximité des matières premières stratégiques aurait dû représenter un critère déterminant.
Les gouvernants de l’Afrique n’ont pas cru bon de miser sur le capital humain, le savoir faire technologique, qui ont fait de l’Asie la destination prisée des investissement internationaux
Avec l’accroissement de ses coûts de production intérieurs, la Chine délocalise progressivement son industrie
L’Éthiopie est l’une des destinations privilégiée des investisseurs chinois parce que l’énergie y est moins chère et les salaires moyens faisant à peine 1/10eme des salaires d’un ouvrier chinois. Ces mouvements de délocalisation devraient être organisés à l’échelle des organisations africaines, de façon à bénéficier de plus-values tant financières que technologiques.
passage sous scanner du yérim nouveau, par Latyr Diouf
TONTON CHEIKH YÉRIM, TÉMOIN INTIME OU CONSEILLER OCCULTE ?
EXCLUSIF SENEPLUS - Dire que Macky Sall est entré au palais par effraction, (p.23), c’est nier ou méconnaitre ses efforts et ceux de ses partisans (2)
Une introduction, vingt-deux chapitres, une conclusion. Telle est la composition du livre de Cheikh Yérim Seck, que j’avais absorbé comme une pizza tiède une semaine de grande déprime. En attendant le tome 2, la cérémonie publique de versement des recettes aux nécessiteux et les séries télévisées annoncées autour de l’œuvre, je vous propose de les déguster sous les titres suivants, en cinq actes :
Cette part regroupe les chapitres 2 L’entrée au palais par effraction, 3 Marième Faye Sall, atout ou boulet ?4 Macky Sall et la pratique du pouvoir et 22 Trois gros travaux que Macky Sall doit mener pour l’avenir du pays. Ayant tacitement pris le train de Macky Sall après son discours de novembre 2008, où il rendait tous ses mandats électifs acquis sous la bannière du PDS, et adhéré formellement à l’Alliance Pour la République en janvier 2009, avant de rejoindre la Convergence des Cadres Républicains en mai 2010, je m’étonne du traitement tendancieux de cet épisode. Dire que Macky Sall est entré au palais par effraction, par miracle (p.23), c’est nier ou méconnaitre ses efforts et ceux de ses partisans. C’est même paradoxal de relever ensuite qu’il a fait trois fois le tour du pays pour implanter son parti (p.31-32) et que la Convention d’investiture de Diamalaye avait rassemblé 100 000 personnes (p.34). Le libellé de ce chapitre 2 contredit ce qu’il narre : le mérite de Macky Sall et celui de ses militants dans la conquête du pouvoir, trois ans et trois mois seulement après la création de l’APR. Je me méfie, en outre, de cette phrase qu’on entend plusieurs fois par jour : C’est Dieu qui donne le pouvoir à qui il veut. Ses implications dans une République sont inquiétantes, quand on sait à quoi elle renvoie historiquement. Elle implique, par exemple, un retour logique à un ordre ancien où la roture ne pouvait être aussi audacieuse. Dans une nation comme la nôtre, on devrait éviter d’en abuser et œuvrer à promouvoir l’idéal d’une souveraineté apaisée émanant du peuple.
Marième Faye Sall, dépeinte en Lady MacBeth tropicale (p.40), népotique (p.47), aurait le chic de muer des « critiques acerbes à souteneurs hardis de Macky Sall » (p.50). Pour corroborer ces lourdes charges, Yérim risquera une généalogie des liens très forts entre le président et sa belle-famille (p.42). Je n’étais pas à Diourbel en l’an de grâce « 1992 » (p.41), quand se formait le couple présidentiel, mais en 2010-2011, quand on s’enorgueillissait, à qui mieux mieux, de notre proximité très sympathique avec le futur président de la République, à grand renfort de photos, de vidéos et d’anecdotes, un ancien du PDS m’avait dit (devant témoins) : « Tu perds ton temps, Macky méprise les intellos ; si tu veux devenir ministre, rapproche-toi plutôt de sa femme et dis-lui que tu es prêt à mourir pour son mari ! ». J’avais mis cela sur le compte de l’adversité politique et de la menace que l’opposant Macky représentait pour ses anciens camarades. J’avais eu, ensuite, quelques occasions furtives de parler avec la Première dame, en marge de leurs séjours parisiens, sans jamais vraiment trouver un moyen de lui faire part de mon intention de me sacrifier pour la défense de son auguste chéri.
Sans vouloir disputer à « Tonton Cheikh Yérim » son privilège de témoin intime de notre aventure politique et de la vie domestique du boss, il est possible qu’il soit resté sur le Macky ministre habile, qui pouvait dire à Wade, sans frémir du menton, que même Napoléon Bonaparte ne lui arrive pas à la cheville (p.28), le Macky fumant une cigarette (p.45), le Macky imitant les Américains, « Misteur présideunt, gayim is oweur, oweur, oweur… » (p.63). Ce Macky, « très taquin dans l’intimité » (p.62), nous l’avions fait danser au rythme du riti sérère, bien avant ses pas de salsa plus modérés au son d’un « combine beuré » remixé de Youssou Ndour. Alors tonton, c’est qui, qui vise le plus loin ?!
Le chef de l’État, reconnaitra toutefois Yérim, est « loin des rois fainéants nègres ; il prend son job au sérieux » (p.53). « Réputé regardant sur l’argent, voire avare » (p.55), ses premières années au pouvoir furent, réellement, sobres et vertueuses. Comme si c’était trop beau pour durer, l’auteur, visiblement pressé d’anticiper sur d’autres chapitres à charge, embraya sur une analogie avec Le Prince de Machiavel. Voici un concentré du tableau : « Cynisme et humour face à la transhumance, force brutale et ruse, « diay dolé » et « ndiouthie ndiaathie », nomination de politiciens incompétents dotés à maxima de bases politiques et à minima d’une langue de vipère, très forte politisation de l’administration (p.59-61) ».
Cette lecture pleine d’amalgames est, à mon avis, imposée dans l’opinion par la violente course à la soupe étatique entre fonctionnaires et militants promus. Les premiers, jaloux de leurs privilèges, méprisent, au mieux, les seconds, souvent de manière indifférenciée. Au pire, démotivés et amers, ils peuvent se livrer à des procédés dilatoires antipatriotiques dans l’exercice de leur fonction, sabordant ainsi leurs missions au service de l’intérêt général et leur obligation de réserve. Le cas d’école Sonko, détaillé dans un autre chapitre du livre, sera relu plus tard. Les seconds, dans leurs habits de nouveaux nommés s’emploient souvent, après une passation sans garantie de la continuité de l’Etat, à tout mettre en œuvre pour durer dans la fonction et en jouir pleinement. Le procédé le plus fréquent consiste à vouloir prouver, par tous les moyens, sa compétence et sa loyauté, tout en veillant à déployer une connivence mondaine hors norme (réseautage, fêtes religieuses, baptêmes, mariages, funérailles, restaurants, sans oublier les vœux de bonheur à tire larigot sur les tous les réseaux réseaux sociaux). Après cette phase d’intégration, place aux échanges plus discrets de bons procédés : comme larrons en foire, fonctionnaires et politiques rivalisent de largesses : recrutements sauvages de proches, marchés, voitures, carburant, argent, voyages en première…, souvent par une mue agile de lignes budgétaires. Ces enjeux de pouvoir, même à des niveaux modestes, expliquent pour beaucoup, l’hystérie qui s’est emparée de notre pays. La veulerie en vogue voudrait qu’on impute tous ces travers à Macky Sall qui, nécessairement loin de cette tambouille épicière, s’efforce de gouverner son pays au mieux de ses métabolismes (je lui emprunte ce terme) pour préserver les équilibres nationaux. Le don d’ubiquité qu’on lui prête est d’abord une vaste escroquerie de certains de ses partisans. Cela peut concerner l’officiel représentant du Sénégal dans une réunion mondiale qui, quels que soient le format et le thème de la rencontre, se débrouillera pour faire dire au président Macky ce qu’il n’a jamais dit. Le plus important sera de placer distinctement cette expression : « conformément à la vision éclairée du président de la République, son Excellence Macky Sall ». Cela descend, ensuite, à tous les niveaux : « Macky m’a dit », « c’est une commande du président », « le président vous félicite », « le président n’est pas content », « je vous le dis, le président sait tout, il va sévir ! », « li président mo len ko diokh ». Tout est fait et dit au nom du président. Pas étonnant que l’opposition radicalisée trouve en lui un bouc émissaire tout désigné.
Sans doute, pour tempérer l’image exagérée de l’ogre malfaisant qu’il a ravie à l’opposition, l’auteur enchainera vite avec un portrait moral plus doux du président : « Vrai froid mais faux méchant, orgueilleux mais pas cruel, homme sensible et humaniste, derrière le niangal (mine sévère) » (p.62)
Après ces séquences drôles et émouvantes aux allures des « Dans la peau de… » de Karl Zéro, Cheikh Yérim Seck, en Conseiller ou Expert, revient avec des recommandations. Il propose trois sentiers essentiels pour l’avenir du pays. Il s’agit de l’exploitation optimale du pétrole et du gaz, de la transformation numérique et digitale et de la répartition équitable des ressources issues des énergies fossiles (p.237). Peu enclin aux incantations, j’ai trouvé cette partie aussi fastidieuse que les rapports institutionnels. Vouloir répondre à l’injonction implicite aux solutions pousse au pragmatisme artificiel. Je disais souvent à nos réunions de « Cadres qui ne cadrent rien » (d’après Farba Ngom en 2010), que les mesures efficaces sont souvent en filigrane dans les constats bien énoncés. Car, oui, il y a encore beaucoup de pseudo-intellectuels qui exigent un chapelet fléché de solutions concrètes. Yérim a pensé à vous. Mais, au risque de ne pas rendre justice à son ingénierie, je ferai abstraction des explications, qui soutiennent les trois gros impératifs.
A propos de l’exploitation optimale du pétrole et du gaz, « il faut une nouvelle articulation de la carte universitaire et de la formation professionnelle et technique avec cette réalité économique (p.238). Il poursuivra : « En vue de doper le taux d’emploi et résorber le chômage de masse, le secteur privé national doit capitaliser sur cette importante manne financière ». A la page 240, pour finir avec le pétrole et le gaz, « l’exploitation du pétrole doit reposer sur un système de péréquation intégrant la prise en compte des générations futures, des groupes vulnérables et la lutte contre la corruption […] notre pays souverain doit veiller à ce qu’aucune multinationale ne puisse se soustraire aux obligations environnementales, ni à la fiscalité locale ou nationale ». Je suis d’accord. Tape-m'en cinq !
Le deuxième gros sentier pour notre avenir, d’après Cheikh Yérim Seck, c’est la transformation numérique et digitale. Pourquoi ? Eh bien, parce que « le numérique et le digital ont profondément bouleversé nos modes de consommation et de production » (p.241). La plus récente référence théorique, parmi celles convoquées pour étayer cette lapalissade, a plus de vingt ans ! Deuxième occasion de toper avec Yérim : « nos données sensibles ne doivent plus être stockés dans des data-center étrangers ». Sur la même page 245, et pour une révélation, ç’en est une, « le supercalculateur, acquis à 15 millions d’euros auprès d’Atos, installé en février 2020 à la Cité du Savoir de Diamniadio, le 3ème en Afrique […] a pris de l’eau de pluie dans le local où il a été abandonné… ». Det waay seugn bi ! Saa, Saa, Saa, criait-on en pays sérère, pour éloigner les mauvais présages.
Pour la dernière recommandation relative à la répartition équitable des ressources issues des énergies fossiles, je me payerai le luxe de l’analyser du bas vers le haut. Cheikh Yérim Seck, dans le dernier paragraphe de cette partie, utilise une comparaison forte pour préparer notre entrée dans l’ère pétrolière et gazière (p.248). En substance, il nous invite à veiller à être plus Qatar que Gabon, et surtout pas Nigéria, où l’arrogance des élites politiques aurait produit Boko Haram. La partie, qui précède cette puissante mise en garde, me plait beaucoup aussi, car elle liste des thèmes qui me sont chers : « relever des défis civilisationnels, s’interroger sur les valeurs et le format de société que nous souhaitons bâtir […] réflexion sur la démocratie politique, économique et sociale, sur les nouveaux paradigmes de gouvernance des politiques publiques, sur le poids de l’argent dans nos sociétés, sur la lutte contre la corruption et les trafics en tout genre… ». Le reste du chapitre, enfin, traite d’équité territoriale, d’inclusion sociale, de prise en charge des groupes vulnérables, des domaines sur lesquels il serait prétentieux de donner des leçons à Macky Sall.
Un étudiant gabonais :« Nous exhortons nos frères et sœurs à bien réfléchir avant de venir étudier au Sénégal… »
Jusqu’à présent, le Sénégal était une destination académique pour de nombreux étudiants du continent. En particulier en provenance d’Afrique centrale. La qualité de notre système d’enseignement supérieur et de formation professionnelle, qu’il soit public ou privé, n’est pas en cause et reste toujours attractive pour des milliers d’étudiants en quête de savoir et de qualifications. Malheureusement, le coût de la vie et, surtout, la cherté du loyer font fuir de nombreux étudiants camerounais, gabonais, centrafricains, burkinabés, nigériens, congolais etc. vers d’autres pays du continent où il est possible de se loger et d’étudier à moindre coût. Ce même si la qualité de l’enseignement n’est pas toujours au rendez-vous dans ces nouvelles destinations académiques. « Le Témoin » s’est invité dans le calvaire de ces braves hôtes qui vivent et étudient parmi nous…
Jusqu’à une époque récente, le Sénégal était une destination académique de choix pour de nombreux étudiants d’Afrique centrale et d’Afrique de l’Ouest. Et notamment les Gabonais, les Ivoiriens, les Centrafricains, les Maliens, les Guinéens, les Camerounais, les Burkinabés, les Nigériens, les Togolais, les Tchadiens etc. attirés par la qualité de nos systèmes d’enseignement supérieur et de formation professionnelle. Mais aussi la possibilité de vivre et d’étudier dans une grande ville possédant toutes les commodités des métropoles européennes mais avec un environnement africain. C’est-à-dire sans le racisme des Toubabs !
Malheureusement, ces dernières années, la hausse du coût de la vie à Dakar, en particulier l’augmentation exagérée et incontrôlable des prix des denrées alimentaires et du coût du loyer a fait fuir de nombreux étudiants étrangers. Et dissuadé des centaines d’autres à venir s’inscrire dans nos écoles et nos universités. Mais la tendance constatée par « Le Témoin », c’est que de plus en plus des étudiants africains interrompent leurs études à Dakar pour soit rentrer chez eux soit migrer vers d’autres pays africains. Beaucoup d’étudiants étrangers que connaissait votre serviteur ne sont plus revenus de vacances. L’un d’entre eux explique pourquoi : « Parce que la vie est trop chère à Dakar, surtout le loyer. Actuellement, je suis au Maroc où on peut allier études et travail alors qu’au Sénégal, c’est quasiment impossible de trouver du travail, ni même un stage rémunéré » se justifie cet étudiant burkinabé qui a migré vers le Maroc. « Pourtant, le Sénégal dispose des meilleures écoles de formation et universités en Afrique, et le pays est sûr en matière de sécurité, mais la vie y est trop, trop chère… » ajoute notre interlocuteur avec amertume et regret puisqu’il se plaisait bien dans notre capitale.
En dehors du Maroc, nous renseigne-t-il, certains étudiants étrangers choisissent la Côte d’Ivoire où l’argent circule bien que la vie soit plus ou moins chère par rapport à Dakar. La décision portant baisse du coût du loyer effective depuis ce mercredi va-t-elle permettre d’inverser la tendance ? Il est évidemment trop tôt de répondre à cette question. Il faudra sans doute attendre le mois d’octobre prochain, date de rentrée des classes, pour savoir si elle a eu les effets escomptés sur ces étudiants africains déjà établis au Sénégal ou susceptibles de s’inscrire dans nos établissements d’enseignement supérieur. Le gouvernement a décidé une baisse de 5% pour les loyers de plus de 500 000 cfa, 10 % pour les loyers allant de 300 000 cfa à 500 000 cfa et 20 % pour les loyers inférieurs ou égaux à 300 000 cfa. Dès lors, toute la question est de savoir comment ces mesures vont-elles prendre en compte les chambres dites « célibataires » ou « étudiants » dont le prix du loyer est passé de 25.000 cfa à 75.000 cfa /mois en quelques années ? De même, le studio qui se louait il n’y a guère entre 60.000 et 75.000 cfa ne peut s’obtenir aujourd’hui à moins de 125.000 cfa voire 150.000 cfa/mois. Et encore fallait-il donner l’équivalent de trois mois de loyer avant de prendre possession des clefs… A prendre ou à laisser ! Une chose est sûre : pour bon nombre d’étudiants étrangers et sénégalais, cette mesure n’est que du saupoudrage politique et risque encore de tomber à l’eau comme la loi de février 2014 portant baisse des prix du loyer qu’avait initiée et décrétée l’ancien président Me Abdoulaye Wade. Toujours est-il qu’on voit comment le gouvernement pourra-t-il faire appliquer toutes ces mesures de baisse des prix du loyer et aussi de ceux des denrées alimentaires. Or, c’est la condition pour, en particulier, à encourager les étudiants étrangers à continuer de venir au Sénégal !
Des étudiantes Congolaises injustement expulsées
Interrogée sur le coût du loyer à Dakar, la jeune Ebare Priscillia, étudiante en licence 2 de journalisme et communication, à l’école Ensup Afrique se désole des dures conditions de vie au pays de la Téranga. « Mes sœurs et moi avons été expulsées par notre bailleur, une certaine Mme Guèye au quartier Sicap-Foire. C’était un appartement de 5 chambres loué à 300.000 cfa/mois pour un contrat de loyer d’une durée d’un an renouvelable. Hélas, au bout de six mois, la propriétaire de l’immeuble a voulu porter le prix de l’appartement à 500.000 cfa/mois. Et comme nous ne pouvions pas accepter cette augmentation exagérée, elle nous a fait expulser ! » explique cette étudiante gabonaise. Avant d’ajouter, la mort dans l’âme : « Depuis notre expulsion de Sicap-Foire, nous ne sommes plus stables, faute de logement ! Presque chaque jour, mes sœurs et moi désertons les cours à tour de rôle à la recherche d’un appartement à notre portée c’est-à-dire à un prix abordable » souligne-t-elle. Même complainte chez l’étudiante congolaise, Mlle Spencet Paka, qui se plaint non seulement du comportement de certains bailleurs mais aussi de la malhonnêteté des agents immobiliers et des courtiers véreux. « Ces intermédiaires font payer des commissions équivalant à un mois de loyer c’est-à-dire 300.000 cfa ou 500.000 cfa pour un appartement. C’est inconcevable ! Si je savais que j’allais être confrontée à cette situation à Dakar, je n’allais jamais venir étudier au Sénégal. Jamais ! Parce que la plupart des étudiants étrangers n’ont pas de bourse d’Etat. Ce sont des parents qui se débrouillent pour nous emmener poursuivre nos études supérieures ici à Dakar. Pour survivre, nous vivons en colocation c’est-à-dire à deux, trois ou quatre dans une chambre. Et chaque colocataire doit payer sa part de loyer, ou disons sa quotepart aussi bien pour le logement que pour les factures d’eau et d’électricité. Malheureusement certains bailleurs et courtiers refusent l’option « collocation ». Une situation qui nous plonge dans un autre calvaire » se lamente Mlle Spencet Paka, étudiante non boursière. Et de jurer qu’« après l’obtention de ma licence, je compte changer de pays pour poursuivre mes études en master ailleurs où la vie est moins chère qu’à Dakar. »
Un rêve de lycéen vire au cauchemar !
Pour Elvis Nelson, un autre étudiant gabonais en Qualité Hygiène et Assurance, venir étudier au Sénégal a été toujours en rêve d’enfance « parce que j’ai été ébloui par ce pays dès la classe de seconde avec de grands hommes et savants de référence comme Cheikh Anta Diop, Léopold Sédar Senghor et Me Abdoulaye Wade. Mieux, le système éducatif sénégalais est bon, ce qui justifie que les étudiants gabonais diplômés de Dakar sont systématiquement embauchés ou recrutés au Gabon. Mais la vie est trop chère dans votre pays. Il est impossible pour un étudiant de vivre avec 100.000 cfa par mois. Ce qui fait que nous, étudiants étrangers, sommes toujours confrontés à d’innombrables difficultés. En tout cas, je ne cesse d’exhorter nos frères et sœurs qui sont encore au pays de bien réfléchir avant de venir ici au Sénégal. Moi, pour boucler mes fins du mois, j’exerce une activité de coiffeur après les cours. Aujourd’hui mon rêve d’enfance vire au cauchemar à Dakar ! » regrette cet étudiant gabonais, et coiffeur à ses heures creuses.
Une chose est sûre : il n’est donc pas surprenant de constater que la destination Sénégal devient de plus en plus un repoussoir pour les étudiants étrangers. Et comme le disait le célèbre rappeur panafricaniste sénégalais Didier Awadi : « Pour comprendre ma douleur tu dois la vivre ». Votre quotidien préféré « Le Témoin », à travers ce reportage, a compris la douleur sociale des étudiants étrangers vivant à Dakar. Et pourtant, ils ne sont pas les seuls puisque les étudiants sénégalais en provenance de l’intérieur du pays vivent le même martyre dans la capitale au point que certains d’entre eux ont dû abandonner les études, faute de logement ou de moyens de subsistance. Ce même si la bourse est généralisée au niveau des universités et autres établissements du privé. Mais, face à la cherté de la vie dans ce pays, et si l’on ne bénéficie pas des œuvres sociales des universités comme le Coud, le Crous etc., difficile de vivre avec une pauvre bourse d’étudiant.
Comme quoi la nouvelle et énième loi sur la baisse du loyer vient à son heure si elle peutservir à réduire le coût de la vie non seulement pour nos compatriotes mais aussi, et surtout, pour ces pauvres hôtes étudiants étrangers ayant choisi de s’inscrire dans nos établissements !
Texte Collectif
LA DECLARATION DE 100 SENEGALAIS POUR DES VOIES DE SALUT
Les signataires de cette déclaration appellent toutes les Sénégalaises et tous les Sénégalais à œuvrer pour un Sénégal de paix, de stabilité et de renforcement de la démocratie
Les Sénégalais retiennent leur souffle. Les sombres perspectives redoutées d’une crise politique profonde ont amené des voix à s’élever partout à travers le pays et la diaspora pour arrêter cette spirale dangereuse. Des Sénégalais notamment des universitaires, des opérateurs économiques, des ingénieurs, des imams, des maitres coraniques…membres actifs de la société, citoyens et citoyennes de sensibilités différentes ont jugé nécessaire et urgent de publier une « Déclaration des 100 : quelles voies de salut pour le Sénégal ».
Les signataires de cette déclaration appellent toutes les Sénégalaises et tous les Sénégalais à œuvrer pour un Sénégal de paix, de stabilité et de renforcement de la démocratie. Ces 100 Sénégalais réaffirment leur attachement à la paix, à la stabilité du pays sur 6 axes : (01) la transparence et la bonne gouvernance dans les affaires publiques, (02) le respect de la Constitution, notamment en ce qui concerne le nombre de mandats consécutifs, (03) la satisfaction de la demande sociale, (04) la préservation de nos valeurs religieuses et traditionnelles pour une société enracinée mais ouverte au monde, (05) l’ancrage de notre système éducatif dans nos valeurs de base en l’adaptant à nos besoins de développement et aux réalités du monde moderne, (06) le choix de solutions de développement endogènes tirées des enseignements de nos grandes figures religieuses et historiques, en faisant confiance au génie sénégalais, tout en restant ouvert à toute coopération juste et équitable.
« Chères concitoyennes, chers concitoyens, amis et habitants du Sénégal, Le pays qui nous est tous cher traverse des moments d’incertitudes augurant de sombres lendemains. La tension est latente. La moindre étincelle peut embraser notre cher pays. La situation n’est pas insurmontable, mais exige la mobilisation de tous et de chacun pour éviter à ce pays les sombres perspectives qui pointent à un horizon qui se rapproche. Des voix audibles dans les secteurs respectifs de leurs porteurs appellent solennellement les différents acteurs à un apaisement de la situation, à une désescalade de la violence physique et verbale qui menace et risque de faire éclater notre république. Ces voix soucieuses de la stabilité et de la bonne marche de notre jeune nation, sont celles d’universitaires, d’opérateurs économiques, d’ingénieurs, d’imams et de maîtres coraniques…, membres actifs de la société, citoyens et citoyennes de sensibilités différentes. Ces esprits engagés dans la préservation de l’unité nationale et la préservation des valeurs que nous avons en partage, ont en commun de s’être abreuvés à l’immense source que sont les Enseignements de Cheikh Ahmadou Bamba et ceux de nos grands sages et maîtres spirituels » soulignent les rédacteurs de la Déclaration. Poursuivant, ils visitent l’histoire politique du Sénégal pour étayer leurs propos. « Dans sa lettre ouverte intitulée Le Langage de la Vérité* adressée à Galandou Diouf, ancien député du Sénégal, le Grand Mufti Serigne Mbacké Bousso, un des premiers disciples de Cheikh Ahmadou Bamba, nous a laissé en héritage ces conseils enrobés d’injonctions coraniques. Parlant de la relation entre les dirigeants et les citoyens, dans un style inédit, il interpellait les dirigeants puis les populations en empruntant la voix du Seigneur : “Sois donc reconnaissant envers Moi, Galandou Diouf, en développant Mon pays, en t’occupant de Mes serviteurs, en ramenant les exilés chez eux, en libérant les prisonniers, en soutenant les faibles et en aidant les professionnels dans leur profession afin qu’ils ne soient pas exposés au marasme.” «Sois reconnaissant envers Moi, Galandou Diouf, en te considérant comme étant un parmi eux et en ne te voyant pas meilleur qu’eux, mais comme quelqu’un que J’ai choisi parmi eux afin d’observer comment tu te comporteras. J’élève quiconque se montre humble et Je rabaisse quiconque se montre orgueilleux. » “Quant à vous, qui l’avez élu, soyez reconnaissants, en l’aidant à développer ce pays béni. Évitez de lui demander des choses n’ayant pas un caractère d’intérêt général, mais uniquement des choses qui relèvent de l’intérêt public.”
Œuvrer pour la paix et six axes de perspectives
Les signataires de cette déclarationappellent toutes les Sénégalaises et tous les Sénégalais à œuvrer pour un Sénégal de paix, de stabilité et de renforcement de la démocratie. Pour réussir cette grande aspiration, nous réaffirmons notre attachement :
• A une Justice indépendante et équitable,
• à la transparence etla bonne gouvernance dans les affaires publiques,
• au respect de la Constitution, notamment en ce qui concerne le nombre de mandats consécutifs,
• à la satisfaction de la demande sociale,
• à la préservation de nos valeurs religieuses et traditionnelles pour une société enracinée mais ouverte au monde,
• à l’ancrage de notre système éducatif dans nos valeurs de base en l’adaptant à nos besoins de développement et aux réalités du monde moderne et au choix de solutions de développement endogènes tirées des enseignements de nos grandes figures religieuses et historiques, en faisant confiance au génie sénégalais, tout en restant ouvert à toute coopération juste et équitable.
« Ces aspirations ne peuvent être satisfaites que si la paix et la stabilité du pays sont préservées. C’est tout le sens des propos tenus en février 2023 par le Khalife Cheikh Mountakha Bachir Mbacké à Porokhane : « Le développement du pays passe nécessairement par la paix. Cette paix incombe d’abord aux autorités car c’est à elles qu’Allah a confié la direction du pays. Cependant la paix passe obligatoirement par le respect des principes de droiture et de vérité, njub ak dëgg. »
La paix est également de la responsabilité de tous et de chacun. Pour aider chaque Sénégalais à atteindre cet idéal, Cheikhoul Khadim nous a laissé en héritage cette formule clé : « A Toi qui aspires au salut, à la paix, que le bien gouverne ton intention, ta parole et tes actions en tout lieu et en toute circonstance » notent les rédacteurs de cette Déclaration. « Sénégalaises, Sénégalais, chers compatriotes, nous devons bâtir pour le Sénégal une œuvre à l’échelle de l’Histoire.
Pour atteindre ce noble objectif, nous tendons nos mains en demandant au Seigneur Tout Puissant de bénir et protéger notre cher pays, le Sénégal, afin qu’il devienne le grand carrefour des idées, des innovations et des grandes valeurs de la nation humaine.
Salaamun qawulann min Rabbin Rahiim. Paix à vous ! Salaam ! est le mot de bienvenue qu’un Maître Miséricordieux adresse à Ses hôtes. [36-58] » conclut la Déclaration des 100.
Liste des signataires
Khadim Moustapha Abdourahmane LO (Docteur, Imam)
Khadim NDIAYE (Imam, Parcelles Assainies)
Mame Diarra Mountakha MBACKE (Directrice d’École)
Albatoule Fatoumatou (Zahra) LO (Enseignante)
Dr Khadim Bamba DIAGNE (Professeur d’université)
Cheikhouna (Abdoul Woudoud) MBACKE (Enseignant)
Khaly DIAKHATE (Maître coranique, Imam)
Cheikh Sidy Mokhtar KA (Guide religieux, Conférencier)
Dr Same BOUSSO (Enseignant, Chercheur)
Ababacar MBOUP (Entrepreneur social)
Dr Cheikh GUEYE (Docteur, Géographe)
Serigne Mourtala FALL (Directeur d’école, Mboro)
Sokhna Ndeye Fatou DIOP (Directrice centre d’études islamiques Al Khadim)
Sidy Alboury NDIAYE (Certified Public Accountant, USA)
Bousso FAYE (Chef d’entreprise, USA)
Abdoul Ahad Habibou MBACKE (Chef religieux, Touba)
Rokhaya DIAKHOUMPA (Femme au foyer)
Mané THIAM MBACKE (Expert-comptable, Experte en Diagnostic Stratégique)
Mouhamadou Bamba DRAME (Docteur, Chercheur, Maroc)
Serigne Mor MBAYE (Maitre Coranique, Imam)
Serigne Mbacke SYLLA (Enseignant coranique et animateur religieux SudFM)
Sakomady KEITA (Homme de Culture)
Mohammadou Lamine LO (Ingénieur des télécoms, France)
Mareme KANDJI (Enseignante)
Babacar KHOUMA (Enseignant, Écrivain)
Mame Diarra THIAM (Élève Ingénieure)
Cheikh Fatma MBACKE ( imam - ingénieur informaticien)
Mouhamed Moustapha MBACKE (Journaliste expert en communication)
Khadim GUEYE (Ingénieur)
Hamidoune MBACKE (Financier)
Assane GUEYE (PHD, Professeur d’université)
Cheikh Ahmadou Bamba BOUSSO (Chercheur, écrivain)
Assane TOURE (Informaticien, Canada)
Emile SOCK (Ingénieur, France)
Ousmane FAYE (Docteur en Économie)
Souhaibou SY (Maitre coranique)
Fallou SECK (Commerçant)
Cherif SARR (Ingénieur Informaticien, USA)
Dr Alioune DIONE (Chercheur en Politiques publiques et Développement)
Sokhna Maguette Gueye SYLLA (Formateur)
Amsatou MBACKE (Chercheur)
Cheikh Kalidou NDAW (Juriste, Ingénieur pédagogique)
Cheikh Moustapha MBACKE (Économiste)
Dr Cheikhouna Khadîm MBACKE (Professeur d’université)
Serigne MBACKE Saam (Chef d’entreprise)
Moustapha MBACKE (Ingénieur, France)
Moustapha FALL (Fonctionnaire)
Bassirou FALL (Agent d’affaire, USA)
Mohamadane MBACKE (Agriculteur)
Moustapha Lo DIOP (Oustaz concierge UCAB)
Marième NDIR (Écrivaine, France)
Serigne Saliou KHOULE (Commerçant)
Serigne SAMB (Juriste, Formateur en Italie)
Kabe SYLL (Commerçant)
Serigne Modou Mamoune NDIAYE (Juriste,Écrivain,France)
Maimouna THIAM (Sociologue, USA)
Mame Thierno MBACKE (Expert-Comptable)
Saliou WADE (Enseignant)
Mouhameth Galaye NDIAYE (Professeur, imam en Belgique)
Elhadji Mamadou NGUER (Professeur d’université)
Mouhamadou Lamine SARR (Supply Chain Manager,France)
Moustapha NDOYE (Ingenieur)
Abdoulaye DEME (Agent de sécurité)
Serigne Mbacke KANE (Chef de Projet territorial, Marseille)
Saer SYLLA (Professeur)
Cheikh NIANG (Économiste-Statisticien-économètre)
Mamadou Corsène SARR (Cadre administratif, Écrivain)
Serigne Khalil MBACKE (Chercheur et Guide Religieux)
Mor Talla CISSE (Inspecteur de l’Éducation, Chercheur et Professeur à l’UCAD)
Sokhna Faty SAMB (Ingénieur en génie chimique)
Bamba MBAYE (Professeur, Écrivain)
Assane DIENG (Retraité)
Mamadou LO (Inspecteur de l’Éducation à la retraite)
Ahmet SARR (Économiste)
Serigne Mbacké Madina MBACKE (Agriculteur)
Elhadji Fallou BOUSSO Assane (Directeur d’école)
El Hadji Malick SECK (Cadre de banque)
Serigne Abdoul Khadre SENE (Doctor Dentiste)
Soda SAMB (Ménagère Diplômée, Master)
Khadidiatou NIANG (Commerçante)
Elhadji Ansou BOP (Junior Business Developper)
Thiendou NDIAYE (Cadre commercial à la retraite)
Serigne Mor TOURE (Docteur)
Soda DIOP (Enseignante)
Cheikh Sidy Makhtar MBACKE (Professeur)
Fatim Samba NDIAYE (Professeur)
Serigne Bassirou DIOP (Imam, DG Al-Azhar Kaolack)
Cherif DIATTARA (Architecte)
Amdy Moustapha MBACKE (Chercheur en traductologie, France)
Alassane KITANE (Professeur de Lycée en Philosophie)
Ahmadou Moukhtar SYLLA (Docteur en Droit)
Mouhamadou Mourtada MBACKE (Professeur)
Serigne Moustapha Bassirou KA (Expert-comptable Diplômé Commissaire aux comptes)
Fatma DIOP (Conseillère pédagogique arabe)
Balla MBENGUE (Professeur)
Abibou DIATTARA (Imam et maître coranique)
Mame Mor Hamdy MBACKE (Enseignant-Chercheur)
Mor FAYE (Professeur d’université)
Cheikh DIONE (Ingénieur, USA)
Serigne Ahmadou DRAME (Chercheur en Sociologie, France)
Anta SALL (Professeur, Lycée de Louga)
Saliou MBACKE (Président d’ONG)
Alioune Badara NDIAYE (Spécialiste en Droit et Finance islamique)
Mouhamadou Habib GAYE (Prédicateur et animateur islamique (Radio))
Mody DIAGNE (Secrétaire d’Ambassade à la retraite)
Pape Saer GUEYE (Ambassadeur, ancien Conseiller spécial Pdt Wade)
Abdou Khadre MBOUP (Docteur)
Sokhna Bintou LO (Enseignante)
Mamadou DIOP (Retraité, France)
Mame Diarra BOUSSO Niang-Gueye (Ingénieure Commerciale)
Mame Marieme DIOP (Expert-Comptable, France)
Serigne Mbacke KA (Employé de Banque à la retraite)
Bayemama NDONGO (Ingénieur)
Aminata NDIAYE (Architecte-Urbaniste en Informatique)
UNE TROISIÈME CANDIDATURE DE MACKY SALL, LA PAIX EN CASAMANCE ET LA RÉSURGENCE DE LA LÈPRE AU MENU DE LA REVUE DE PRESSE DE L’APS CE VENDREDI
Les quotidiens parus ce vendredi 3 mars mettent en relief sur La question d’une troisième candidature de Macky Sall, vue de l'étranger, la paix en Casamance et la résurgence de la lèpre au Sénégal
Dakar, 3 mars (APS) – La question d’une troisième candidature de Macky Sall, vue de l'étranger, la paix en Casamance et la résurgence de la lèpre au Sénégal sont, entre autres, sujets abordés par les quotidiens reçus vendredi à l’Agence de presse sénégalaise (APS).
‘’Troisième candidature de Macky Sall, un enjeu international’’, s’exclame à la Une le quotidien EnQuête. Citant la publication Intelligence magazine, le journal rapporte que lors d’un entretien, ‘’Emmanuel Macron a tenté de convaincre Macky Sall de renoncer à sa candidature’’. ‘’Des chefs d’Etat ouest-africains appellent de leurs vœux une candidature de Macky Sall. La question reviendrait régulièrement dans les échanges entre Paris et Washington’’, écrit EnQuête.
‘’La France et les Usa contre un 3e mandat, invalidation diplomatique’’, affiche à sa Une le quotidien Bës Bi. ‘’Macky Sall aura-t-il le soutien de la France et des Etats-Unis en cas de 3e candidature ? Le Président français Emmanuel Macron a tenté de le convaincre d’y renoncer, selon les révélations du site Africa Intelligence faites hier. Quoi qu’il en soit, c’est un débat qui rappelle celui de 2011-2012 lorsque les Occidentaux mettaient la pression sur Abdoulaye Wade’’, relève le quotiidien.
WalfQuotidien parle des ‘’mises en garde de l’Occident’’ contre une troisième candidature de Macky Sall.
‘’Fortement contestée au niveau national, une éventuelle troisième candidature du président de la République, Macky Sall, inquiète la France et les Etats-Unis, les deux principaux partenaires du Sénégal’’, rapporte Walf.
Le Soleil met en exergue les investissements de l’Etat dans la région de Sédhiou, où le président de la République est en tournée économique, et note que le département de Goudomp est ‘’bien servi’’. Macky Sall a procédé au lancement des travaux de la rive gauche du Pakoa, du Programme de modernisation des villes (PROMOVILLES) et de la Maison de la jeunesse à Goudomp-Commune et annoncé le recrutement spécial supplémentaire de cent jeunes, rapporte le journal.
La publication se fait aussi écho de l’appel du chef de l’Etat au Mouvement des forces démocratiques de Casamance, la rébellion, et écrit que Macky Sall ‘’tend la main au MFDC’’.
Selon Le Témoin, ‘’Macky Sall tend encre la main au MFDC’’. ‘’Le président de la République a profité du lancement des travaux de construction de la rive gauche du Pakao, pour lancer un énième appel à la paix du MFDC auquel il a demandé de déposer les armes’’, écrit le journal.
Vox Populi indique Macky Sall ‘’appelle le MFDC à +enterrer définitivement la hache de guerre’’’.
En santé, Le Quotidien alerte sur une ‘’nouvelle vague de lèpre’’ avec 154 cas recensés depuis 2022.
‘’Avec plus de 150 nouveaux cas enregistrés en 2022, la lèpre réémerge au Sénégal’’, selon L’As qui écrit : ‘’Eradiquée il y a quelques années, la lèpre refait surface au Sénégal où plus de 150 nouveaux cas ont été enregistrés en 2022. Cette information émane du coordonnateur du programme national de lutte contre la lèpre qui faisait face à la presse hier’’.
Sud Quotidien s’inquiète de la ‘’rareté progressive des ressources halieutiques’’ et affiche à la Une : ‘’la pêche en eaux troubles’’.
POURQUOI L’OPERATION DE RECONQUETE DE MACKY SEMBLE VOUEE A L’ECHEC
Macky Sall en opération reconquête à Sédhiou. C’est le moins qu’on puisse dire après sa rencontre avec les responsables de la majorité présidentielle de la localité, avant-hier.
Jean Diatta, Correspondant permanent à Ziguinchor |
Publication 03/03/2023
Macky Sall en opération reconquête à Sédhiou. C’est le moins qu’on puisse dire après sa rencontre avec les responsables de la majorité présidentielle de la localité, avant-hier. Rencontre au cours de laquelle le chef de l’Apr, visiblement choqué, a exprimé sa déception par rapport aux revers que BBY a essuyés face à Ousmane Sonko dans les circonscriptions de Sédhiou et de Goudomp, lors des dernières législatives. Selon Macky Sall, ces revers sont consécutifs aux clivages qui gangrènent son parti dans la Moyenne Casamance et particulièrement à Sédhiou et à Goudomp. Ces clivages auraient, selon son analyse, entraîné des votes-sanctions à l’intérieur de la coalition BBY pour empêcher tel ou tel de gagner. Aussi, il a-t-il intimé à ses partisans de mettre de côté leurs querelles et de travailler, main dans la main, pour l’intérêt de leur coalition à laquelle ils ont causé d’énormes préjudices.
Et en marge des inaugurations et autres poses de pierres qui ont pris souvent les allures de meetings politiques, celui à qui on prête l’intention de briguer un troisième mandat a également rendu visite à beaucoup de guides religieux de la région, depuis son arrivée à Sédhiou. Ces visites ciblées dites de courtoisie, on le sait, sont toujours teintées de politique. On rencontre ces guides pour avoir les voix de leurs talibés ou des membres de leurs familles religieuses. En fait, dans ces villages, c’est connu, les guides religieux ont une forte influence sur les faits et gestes des populations. Chacun essaie de se conformer au vœu du guide pour montrer son attachement à celui-ci. Donc, le soutien de ces guides est toujours très bénéfique pour les pêcheurs de voix. Sur un autre plan, le locataire du palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor a accordé et continue d’accorder d’interminables audiences à des notabilités ou à des leaders d’opinion de la région. C’est un secret de Polichinelle, ces audiences ont toutes des relents politiques, c’est une campagne de charme déguisée pour faire des récupérations. Dans les jours à venir, on ne devrait pas être surpris d’apprendre que tel ou tel responsable d’un parti de l’opposition à Sédhiou a retourné sa veste pour rejoindre le camp présidentiel. Mais est-ce que ces campagnes de charme du chef suffiront pour permettre à la majorité présidentielle de renverser la tendance dans le Pakao (Sédhiou) et dans le Balantakounda (Goudomp) ? Une telle éventualité semble peu probable à priori, même si la politique est souvent faite de surprises.
L’influence massive des jeunes dans la victoire de YAW
En fait, à Sédhiou, à Goudomp, comme presque dans tout le pays, ce sont les jeunes qui constituent l’essentiel de l’électorat de Sonko. C’est cette frange qui a plébiscité les listes de YAW dans ces deux départements, lors des dernières locales. Ces jeunes, influencés sûrement par leurs camarades des grandes villes du pays qui battent une campagne quasi-quotidienne dans les réseaux sociaux en faveur de Sonko, qu’ils peignent comme le sauveur, ont voté massivement pour les listes de YAW lors des législatives. Les discours qu’ils entendent, à travers les médias et sur internet ont une influence certaine dans leur esprit, ils ont fini de se faire une religion que tant qu’il n’y a pas un changement radical dans ce pays, le peuple continuera toujours de souffrir.
À leurs yeux, celui qui incarne leur espoir, c’est Sonko et non le régime actuel. Et comme mentionné un peu plus haut, les réseaux sociaux ont beaucoup contribué à incruster cette idée dans leurs têtes. En fait, on n’est plus à l’époque où seuls les jeunes des villes ont accès aux réseaux sociaux puisque, actuellement, même dans les coins les plus reculés du pays, à l’image de Goudomp qui est plus proche de la Guinée-Bissau que de Ziguinchor ou Sédhiou, on peut se connecter sur internet et être branché sur l’actualité. Pendant la période de la campagne électorale, presque tous les jeunes étaient branchés sur la page Facebook de Pastef pour suivre en direct les déplacements de Sonko à travers les différentes localités du pays.
Au lendemain de son passage à Kolda où les jeunes ont accueilli son cortège, vers une heure du matin, dans une liesse indestructible, les jeunes du Balantakounda avaient, eux aussi, réclamé la venue du leader du Pastef dans leur contrée pour qu’ils puissent lui manifester leur soutien. À Sédhiou également, les jeunes avaient obligé son cortège à s’arrêter même dans les plus petites bourgades pour communier avec la population. Ces deux faits avaient fait anticiper à beaucoup d’observateurs une victoire de YAW à Sédhiou et à Goudomp.
Dans un autre registre, il faut signaler que les jeunes des régions de Sédhiou et de Kolda, à l’image de ceux de presque tout le pays, ne digèrent pas les brimades exercées sur le leader du Pastef à chacune de ses sorties politiques et les arrestations ciblées de ses militants. Cette situation les pousse à la révolte. Aussi profitent-ils des élections qui constituent une belle occasion pour désavouer le régime au pouvoir. Et si on ajoute à ce cocktail le chômage endémique quo touche ces jeunes et découle de l’absence quasi-totale de programmes d’emplois dans cette partie de la Moyenne Casamance, et cela malgré les énormes potentialités dont elle regorge, on est tenté de croire que la mission de reconquête du président donnera difficilement les résultats escomptés. En effet, après les campagnes de commercialisation des noix d’acajou qui ne durent que deux mois et qui ne profitent véritablement pas aux producteurs, ces jeunes n’ont aucune activité pour le reste de l’année. Ils passent leurs journées sous les manguiers à se tourner les pouces. Du moins pour ceux d’entre eux, c’est-à-dire l’immense majorité, qui ne disposent pas de motos « Jakarta » !
Remous dans le secteur primaire
L’intersyndicale des travailleurs du secteur primaire a tenu hier une assemblée générale d’informations. L’ordre du jour a porté sur l’examen du protocole d’accord signé le 1er décembre 2022 entre le gouvernement et l’intersyndicale, dans lequel il était prévu la possibilité de travailler à mettre en place un fonds commun dans les six mois qui suivent la signature du protocole. Mais depuis maintenant trois mois, cette première rencontre tarde à être convoquée malgré les rappels. C’est pourquoi, Omar Dramé et Cie sont sortis de leur réserve. Ils comptent en effet déposer un préavis de grève pour entamer leur plan d'actions. Ainsi à l’expiration du préavis, l’intersyndicale prévoit la paralysie totale du secteur primaire.
Diop Sy et les femmes de Tivaouane
Les femmes de Tivaouane ont convergé hier au domicile du député-maire Demba Diop dit Diop Sy. Et pour cause, le premier magistrat de la cité religieuse procédait au lancement d’une formation dédiée aux femmes et portant sur la transformation des produits locaux. Pour lui, beaucoup de financements sont orientés vers les femmes, mais on constate un manque de formation de celles-ci pour qu’elles puissent asseoir des activités économiques viables. Selon Diop Sy, la formation est de nature à aider les femmes à mieux gérer les fonds mis à leur disposition et à leur permettre de les fructifier à travers des activités économiques créatrices de richesses.
«Jamm a gën 3e mandat» reçu par Pr Mary Teuw Niane
Le Collectif Jamm a Gën 3ème mandat maintient la cadence pour la mise sur pied d'un large front des forces vives contre la 3e candidature du Président Macky Sall. En fait, Pr Mary Teuw Niane a reçu une délégation du collectif «Jamm a Gën 3e mandat». Ensuite, Mamadou Mbodji et compagnie ont été reçus par Me Moussa Diop, candidat déclaré à la Présidentielle de 2024
Le Forum Civil réclame une enquête sur le contrat d’armement
Le Forum Civil continue d’exiger la lumière sur le contrat d'armement de 45 milliards de FCFA impliquant le ministère de l'Environnement et du Développement Durable. Le coordonnateur national du Forum Civil, Birahime Seck, exige la saisine du procureur de la République et la publication du décret N° 2021- 563 du 10 mai 2021.
Un jeune orpailleur meurt électrocuté à Bandafassi
Un jeune orpailleur est mort électrocuté hier sur le site d’orpaillage clandestin de Djiguiba Dala, dans la commune de Bandafassi, rapportent nos confrères de l’«Aps». La victime a été électrocutée dans l’après-midi par un marteau piqueur branché à un groupe électrogène. «C’est vers 15h qu’on a reçu un appel téléphonique des populations riveraines pour nous dire qu’un groupe de jeunes orpailleurs étaient dans un trou en train de creuser dans un site aurifère clandestin», a indiqué une source sécuritaire ayant requis l’anonymat. L’un d'entre eux avait un marteau piqueur qui était branché à un groupe électrogène. Il a été électrocuté et est décédé sur le coup. Son décès a été confirmé par la brigade de gendarmerie de Kédougou, qui était sur les lieux du drame pour les constats d’usage et l’ouverture d’une enquête. Le corps sans vie a été déposé à la morgue du centre hospitalier régional Amath Dansokho par les sapeurs-pompiers de Kédougou.
Kédougou : un véhicule militaire se renverse, un mort
Un véhicule s’est renversé hier dans le département de Saraya, tuant un soldat et blessant 11 autres dont un grièvement, d’après l’«Aps» qui cite des sources militaires. Le véhicule qui les transportait a fait plusieurs tonneaux peu après 9 heures, à hauteur du village de Noumoufoukha, a expliqué le commandant Daouda Faye du camp militaire Fodé Ba de Kédougou. Les blessés ont été évacués au centre hospitalier régional Amath Dansokho. Le corps sans vie a été déposé à la morgue du centre de santé de Saraya.
Le cours magistral de Me Aïssata Tall Sall aux jeunes
Pour sa troisième édition, le salon Business Africa a choisi le Sénégal pour abriter ce rendez-vous annuel qui regroupe des entrepreneurs. Plus qu’un évènement, le salon business Africa est devenu une vision pour les jeunes artistes, sportifs, avocats, bref tous les acteurs de l'entrepreneuriat pour promouvoir les talents de la diaspora africaine. Présidée par le ministre des Affaires Etrangères, Me Aïssata Tall Sall, cette édition a vu la participation de milliers de jeunes venus d’horizons divers, à la recherche d’un potentiel financier. Selon Aïssata Tall Sall, de telles initiatives sont à saluer en ce sens qu’elles aident les jeunes à entreprendre et à avoir confiance en eux. Elle a conseillé aux jeunes d’avoir la volonté d’entreprendre et de ne jamais renoncer. La ministre des Affaires étrangères cite en exemple les initiateurs de ce salon qui ont eu le courage de revenir pour investir dans leur continent. Revenant en outre sur le choix de Dakar pour abriter la 1ère édition africaine et la 3ème du genre, le directeur général de business Africa révèle que l’Afrique est une terre d’opportunité pour la diaspora et pour les entrepreneurs. Il pense que la terre doit être une opportunité pour les Sénégalais d’abord. Pour Régis Mutombo Katalayi, il y a un déficit d’informations qui poussent les jeunes à vouloir aller à l’aventure. Le salon de business Africa ambitionne de corriger ce déséquilibre à travers des débats, des panels mais aussi des témoignages de success stories africaines, des personnalités du continent et de la diaspora.
Prise en charge de certaines pathologies spécifiques aux femmes
L’existence des mutuelles de santé est un avantage pour la couverture sanitaire surtout en faveur des plus démunis. Mais jusqu’à présent, ces mutuelles ne prennent pas en charge certaines maladies dont souffrent particulièrement les femmes. C’est pourquoi, à l’occasion de la 4ème édition de la journée internationale des femmes mutualistes qui a été lancée à Saly hier et regroupant une dizaine de nationalités, les femmes sénégalaises ont plaidé pour la prise en charge de certaines maladies par les mutuelles. Le choix du Sénégal pour abriter ces assises intercontinentales se justifie notamment par les efforts consentis par l’Agence de la Couverture Maladie Universelle (Cmu) qui a su mailler le territoire national en y installant plus de 600 mutuelles. Selon Mme Mbaye née Rokhaya Badiane coordonnatrice de la cellule genre de l’Agence nationale de la couverture maladie universelle (Cmu), l’ambition des femmes sénégalaises est d'élaborer un projet qui les rendra plus visibles dans tout ce qui est maladie universelle. Les femmes réclament au gouvernement la prise en charge de certaines pathologies spécifiques aux femmes telles que le cancer du sein et du col de l’utérus qui ne sont pas pris en compte par la couverture maladie universelle. Pour sa part, le Directeur de cabinet du ministre du Développement Communautaire, de la Solidarité nationale, de l'Équité Sociale et Territoriale souligne que les efforts de réduction des inégalités liées au genre se poursuivent et se consolident chaque jour davantage.
Un camion fou tue trois mécaniciens à Gouloumbou
C’est l’émoi à Gouloumbou, un village de la commune de Missirah. Un camion fou a écrasé trois jeunes à bord de la route. En provenance de Tambacounda, le conducteur a perdu le contrôle de son véhicule qui n’avait ni freins, ni lumière. C’est ainsi qu’il a heurté trois jeunes mécaniciens installés à côté de la route. Les pauvres sont morts sur le coup. Selon des témoins de la scène, le camion a continué sa course avant de heurter à nouveau plus loin un véhicule et de s’immobiliser. Le conducteur et son apprenti sont arrêtés par la gendarmerie de Gouloumbou qui les a mis à la disposition de la brigade de Tambacounda, sans doute pour éviter qu’ils soient lynchés par la population furieuse. Les dépouilles sont déposées à la morgue de l’hôpital de Tambacounda.
Décret sur la baisse des loyers
Le ministère du Commerce, de la Consommation et des Petites et Moyennes Entreprises met fin à la polémique sur l’entrée en vigueur de la mesure de baisse du loyer. Car, pour retarder l’échéance, certains bailleurs évoquent l’absence de signature du décret d’application de la mesure. Le ministère du Commerce a rendu public le décret modifiant la loi de 2014 portant baisse des loyers qui n'a pas et́ é calculée suivant la surface corrigée. Le décret est signé par le président de la République depuis le 24 février et publié le 28 février dans le journal officiel. Il précisé dans le premier article qu’à compter du 1er mars 2023, les loyers des baux àusage d'habitation sont baissés ainsi qu'il suit : les loyers inférieurs ou égaux à 300.000 francs CFA : 15% ; les loyers compris entre 300.001 francs CFA et 500.000 francs CFA : 10% et les loyers supérieurs à500.000 francs CFA : 5%. Quant aux conditions d'accès àla location, elles sont fixées ainsi : Le montant de la caution à verser d'avance, à titre de garantie, ne peut excéder une somme équivalente à deux mois de loyer pour les baux dont les montants sont inférieurs ou eǵ aux à 500.000 francs CFA par mois. Toutefois, indique le décret, seul l'équivalent d'un mois est payable àl'entrée en jouissance. Le reliquat de la caution est étalé sur la location mensuelle pendant 12 mois en raison de 1/12e par mois. En plus, le loyer est payable à la fin du mois de jouissance. Les frais liés à la commission d'agence ou de courtage sont ramenés à la moitiéd'un mois de loyer pour les baux dont les montants sont inférieurs ou égaux à 500.000 francs CFA.
Le livreur E. Ba en prison pour abus de confiance
Plus téméraire que E. Ba, livreur de son état, on meurt. Il a eu le culot de vendre la moto de son patron D. Top au commerçant Ch. Diouf. Pourtant, son patron avait conclu avec lui un versement journalier de 3.000 francs. C’est pourquoi, il a été surpris de voir C. Diouf conduire sa moto. Interpellé sur la provenance de l’engin, le commerçant déclare l’avoir acheté à 200.000 Fcfa auprès de E. Ba. Suffisant alors pour que D. Top se rende à la Police pour porter plainte contre son employé E. Ba. Au même moment, la restauratrice S. Bocoum déposait une plainte contre E. Ba. Ce dernier à qui elle avaitloué une chambre meublée a emporté la téléviseur écran plat qu’il a vendu au commerçant M. Diagne pour la somme de 75.000 Fcfa. Ainsi les hommes du commissaire Kébé des Parcelles Assainies font une descente à l'Unité 21 pour cueillir le livreur E. Ba. Face aux enquêteurs, il est passé aux aveux. Le receleur M. Diagne s'est présenté à la police avec le téléviseur pour le restituer. Sur place, il a déposé une plainte contre son vendeur E. Ba pour abus de confiance. C’est ainsi que ce dernier est placé en garde à vue. Informé de l'arrestation du livreur, Ch. Diouf qui avait sa moto se présente également à la Police pour expliquer sa mésaventure. Il a rendu la moto et porté plainte contre E. Ba pour abus de confiance. Le livreur a été déféré au parquet pour abus de confiance.
Grand gamou de Thiaroye sur mer
L'hôtel communal de Thiaroye Sur Mer a abrité hier, une réunion du Comité local de développement (Cld) pour les préparatifs du grand gamou de Thiaroye Sur Mer prévu le 18 mars prochain. Une rencontre qui a permis aux organisateurs, à leur tête Imam Maodo Niang, d'étaler leurs complaintes liées à la restauration, l'hébergement, la sécurité et la santé. Mais, le maire El Mamadou Ndiaye et le préfet de l'Arrondissement de Thiaroye ont promis de mutualiser leurs forces pour la réussite de ce grand évènement religieux, dont le thème porte sur «La paix et la solidarité »
par Vieux Savané
LES BONS RESSENTIMENTS, ESSAI SUR LE MALAISE POST-COLONIAL
La décolonialité indexe « l’autoscopie comme acte de trahison ». Par son positionnement, elle exonère de tout et s’invite sur le « champ finalement commode, où personne n’est responsable, sinon la colonisation » et l’esclavage
Parce que l’air du temps consiste à expliquer que tout ce qui advient au continent est le fait du traumatisme colonial, écrire sur l’Afrique en des termes peu amènes, aux antipodes de la pensée dominante, est devenu problématique, voire une faute. C’est pourquoi, El Hadj Souleymane Gassama, dit Elgas, l’auteur de ,« Les bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial », invite à une inquiétude éloignée des préjugés tenaces. Il est donc question de faire l’éloge d’une réflexion qui ose s’aventurer hors des sillons tracés par le communautarisme, et de la « quête d’authenticité » qui travaille un champ décolonial sommant de rentrer dans le moule, sous la surveillance des adeptes de « la nostalgie de l’innocence perdue ».
Aussi l’auteur va-t-il s’employer à « disséquer l’écosystème global de l’aliénation et de sa forme la plus orageuse et la plus blessante, le ressentiment ». Et de remarquer que si la nouvelle vulgate consiste en « l’hostilité à la France » par exemple, force est de constater que cela « n’est plus un frein » à la promotion aux dénonciateurs. La dépréciation de l’Afrique n’étant plus de mode, place par conséquent au discours décolonial. Comble de l’ironie, avec les médias français devenus des « façonneurs de réputation », notamment les plus prestigieux d’entre eux, « on ne peut plus dire que les voix contestatrices d’un ordre colonial soient marginalisées ». Elgas met ainsi en lumière la violence symbolique repérable dans le fait que la dynamique de reconnaissance du talent, voire de la notoriété des artistes, écrivains et autres intellectuels africains, est initialement célébrée en occident. Une façon de pointer du doigt la difficulté qu’il y a à mettre en œuvre une unité continentale et à sortir du discours déclamatoire.
Il s’y ajoute que, pour avoir compris la puissance manipulatrice que charrie « la flatterie du peuple et de ses instincts », des chefs d’Etat en mal de notoriété , empêtrés dans des problèmes de mal gouvernance et de corruption, se feront les chantres de la décolonisation. Et les voilà exonérés de tout, du moment que l’occident , nommément houspillé, est désigné comme étant à l’origine de tous les maux dont souffre l’Afrique.
Peu importe alors le bilan de l’accession à la souveraineté nationale et internationales, les richesses pillées et planquées dans les banques occidentales par les élites au pouvoir !
En tout de cause, il s’avère pour l’essentiel, que les indépendances n’ont pas apporté les ruptures attendues mais ont plutôt comprimé les espérances, obligeant beaucoup d’enfants d’Afrique à rêver d’un ailleurs plus clément. Partir, pour nombre d’entre eux est désormais une inéluctabilité, faisant ainsi de l’occident une bouée de sauvetage, une échappée possible, un eldorado à atteindre, quitte à braver le désert, les mers et les océans. Le faisant, ils exhibent une désespérance qui met à nu leurs désillusions et l’incurie des élites dirigeantes . Le dire n’est pas la manifestation d’une haine de soi mais plutôt l’expression d’une lucidité conquérante. Car nul doute que « si le continent avait vaincu ses problèmes fondamentaux », il serait non seulement devenu attractif pour ses enfants mais plus encore, ces derniers auraient autrement soldé leurs comptes avec la colonisation, en se réappropriant leur propre destin. En lieu et place, la décolonialité indexe « l’autoscopie comme acte de trahison ». Par son positionnement, elle exonère de tout et s’invite sur le « champ finalement commode , où personne n’est responsable, sinon la colonisation » et l’esclavage.
Le fief de l'incolonisable des peuples
Elgas développe une perspective autre, car pour lui , demeure « une part incolonisable, bastion imprenable de la résistance ». Colonisation et incolonisation se posent donc dans l’unité et la conflictualité des contraires. Aussi, « l’incolonisation » diffère-t-elle de la décolonisation, car ne signifiant « pas le geste de se dévêtir au bout du cycle, mais celui de ne pas porter un refus d’origine ». En cela, il se différencie du paradigme décolonial contre lequel il proteste puisque ce dernier est dans l’abdication de l’initiative. Elgas de noter, qu’à « regarder le temps long de l’histoire des peuples et des sociétés africaines, leurs patrimoines, leurs mémoires, leurs empires, leurs systèmes politiques, il y a une barrière, une frontière de la pénétrance des idées exogènes ». C’est précisément à ce niveau de la résistance inexpugnable que gît « le fief de l’incolonisable des peuples ». Réifier la colonisation pose ensuite un autre problème, car en lui faisant la part belle, on s’exclue du même coup de l’à-venir, comme suggéré dans la dualité tradition/modernité. Une grande arnaque en effet que de considérer la modernité pour l’occident et la tradition pour les sociétés africaines. Convoquons alors la différenciation entre « Faire l’histoire » et « faire de l’histoire ». Si « faire de l’histoire » est affaire d’ experts s’échinant à présentifier l’absence (le fait historique), « faire l’histoire » est par contre une réalité incontournable dont toute société est comptable, parce que obligée dans son tête-à-tête avec la nature, de trouver de quoi se nourrir, se vêtir, se loger, etc. Une façon de dire que « les sociétés africaines ne sont pas des actrices passives de l’histoire ». Elles l’ont écrite et continuent de le faire, et en le faisant, elles se posent en créatrices d’inédits. Aussi, importe-t-il plus que tout , de « réussir à avoir…des aires de discussion, des espaces de dialogue apaisés qui n’en réfèrent pas toujours à l’extérieur pour cultiver une conversation sans illusion et sans fétichisation d’un âge d’or ».
Loin de la « passion triste » nourrie par la rancœur et l’amertume, Elgas appelle à une énergie positive, parce que créatrice de ruptures paradigmatiques, dans le sens où elle se remet en question, bouscule le statu quo. Une pensée de l’initiative donc, qui refuse de s’épuiser dans la seule réaction, au risque de créer « les conditions d’une nécrose des idées ».
A travers cet essai rythmée par une écriture vive, tripale, Elgas s’inscrit assurément dans le sillage des ouvrages qui bousculent , avec fraîcheur et bonheur, les lettres sénégalaises et africaines. Avec Mbougar Sarr, ils sont de cette génération de jeunes et talentueux écrivains, défaits de tout complexe d’infériorité et/ou de supériorité, pour assumer les exigences d’une pensée décorsetée, libérée des a-priori et des atavismes.
Ne s’interdisant rien, en rupture avec la victimisation et la défausse, Elgas explore les mille et une nuances de la liberté de création. Ni momification, ni déification, ni gourou, ni maître, il s’autorise toutes les audaces. Avec lui, la vie reprend ses droits, portée par une insouciance joyeuse.
47 CAS DE LÈPRE À DAKAR
La lèpre est toujours présente au Sénégal. Au total, 150 cas ont été détectés l’année dernière dans le pays
La lèpre est toujours présente au Sénégal. Au total, 150 cas ont été détectés l’année dernière dans le pays. Et la région de Dakar reste celle la plus affectée par la maladie, avec 47 cas. Malgré le plaidoyer de plusieurs acteurs de lutte et des défenseurs des droits humains, les villages de recasement continuent toujours de jouer leur rôle. Certains lépreux ont été soustraits de leur famille, pour vivre leur maladie dans des zones réservées à la prise en charge, pour ne pas exposer plus la communauté.
Le ministère de la Santé et de l’Action sociale (Msas) a organisé hier, jeudi 2 mars 2023, une séance d’information sur la situation de la lèpre au Sénégal. La rencontre qui s’est tenue à Dakar, a permis de faire la cartographie des cas de lèpre sur le territoire national. Le coordinateur du Programme national d’élimination de la lèpre, le Dr Louis Hyancinthe Zoubi, a avancé qu’au cours des trois trimestres de l’année 2022, il a été enregistré 150 cas de lèpre sur le territoire national ; il ressort aussi de ces cas que 47 ont été dépistés dans la région de Dakar, 38 à Diourbel, 12 à Thiès et 11 à Kaolack, qui forment les foyers les plus affectés.
Se basant sur les données de 2019 à 2021, Dr Zoubi a fait savoir que quatre (4) régions ont un fardeau élevé, avec plus de 20 cas par an. Il s’agit de Dakar, Diourbel, Thiès et Kaolack. Deux (2) autres ont un fardeau moyen, entre 10 et 20 cas par an, notamment Saint-Louis et Louga. Cependant, huit (8) régions gardent un fardeau faible de moins de 10 cas de lèpre ; ce sont les régions de Fatick, Kolda, Sédhiou, Matam, Kaffrine, Tambacounda, Kédougou et Ziguinchor. « En 2023, la situation est toujours stable, c’est en 2016 que nous avons eu un pic par rapport au nombre de nouveaux cas enregistrés. Aujourd’hui, nous œuvrons toujours à la lutte contre la lèpre, en mettant en place plusieurs stratégies», a fait savoir Dr Louis Hyacinthe Zoubi, médecin épidémiologiste et coordonnateur du Programme national de la lèpre au ministère de la santé et de l’action sociale.
DAKAR, FOYER DE FORTE CONTAMINATION
Dans l’optique de rompre la chaine de contamination, Dr Zoubi a renseigné : «nous avons eu à mener une étude sur le dépistage actif, associé à la chimio prophylaxie. Dans un 1er temps, nous avons ciblé les villages de reclassements qui étaient les anciens foyers de la lèpre. Autour de cette étude, nous avons dépisté des nouveaux cas. La stratégie est de dépister précocement pour pouvoir rompre la chaine de contamination et réduire aussi davantage le nombre de mutilés». Et de poursuivre : «nous avons eu l’expérience que la plupart des malades qui venaient pour la prise en charge étaient déjà mutilés c’est-à-dire qu’il y a des dépistages tardifs, avec des mutilations, alors que la lèpre peut être guéri sans ce procédé». Les cas de lèpre sont plus détectés dans la région de Dakar. Selon Dr Zoubi, la capitale sénégalaise, compte tenu de la présence du Centre de l’ordre de Malte qui est un hôpital de référence pour la prise en charge de la lèpre, beaucoup de références y sont faites. «Il faut noter que parmi ces cas qui sont notifiés à Dakar, il y a ceux qui viennent de la banlieue, comme Guédiawaye, Pikine et Yeumbeul, et même des régions. La lèpre est une Maladie tropicale négligée (Mtn) car elle date de longtemps. Non seulement, elle ré-émerge, mais il n’y a pas de financement. Il n’y a pas un intérêt réel par rapport aux Etats et aux partenaires.»
DES VILLAGES DE RECASEMENTS TOUJOURS EXISTANTS
Des villages de recasements pour les lépreux continuent toujours à exister au Sénégal, malgré le recul de la maladie. Si certains ont été transformé en village communiqué, d’autres continuent de servir de retraite à certains malades. «Nous avons des cas et nous étions obligé de les placer sous des foyers à cause du taux élevé de contamination. Aujourd’hui, il est possible d’éliminer la lèpre au Sénégal, car nous avons un plan mondial qui est élaboré par l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Donc, nous avons une feuille de route pour tous les pays endémiques à cette maladie. Et nous travaillons pour un dépistage précoce, car la lèpre peut se guérir sans que le malade ne garde des séquelles qui sont souvent stigmatisantes», a assuré Dr Zoubi.
Pour rappel, le Sénégal compte 9 villages de reclassements dont Njambo à Saint-louis, Mbaling et Toubapico à Thiès, Teubie et Djibélor à Ziguinchor, Médina Chérif à Kolda, Fadiga à Kédougou, Souane à Fatick et enfin Koutal à Kaolack. Suffisant pour que Pape Mamadou Diagne, président de l’Association sénégalaise de lutte contre la lèpre et les Mtn, s’attaque à la loi 03-76 du 25 mars 1976 qui a régi les villages de reclassements sociaux. Pour lui, quand on vous dit qu’en 2023, il y a des villages qui n’existent pas, administrativement parlant, dans la cartographie du Sénégal, c’est autre chose. «Nous sommes en train de mener des combats pour l’élimination de cette loi qui est stigmatisant et discriminatoire. C’est une loi obsolète et nous interpellons le président de la République à revoir cette loi pour permettre à ces populations de retrouver leur dignité. On ne peut pas concevoir, à l’heure où nous sommes, qu’on nous parle de villages de reclassement social ; c’est inadmissible.»
UN PLAIDOYER POUR L’ACCOMPAGNEMENT DES MALADES
Il y a plusieurs perspectives pour accompagner les malades, du point de vue social et de la réinsertion. Pour Pape Mamadou Diagne, président de l’Association sénégalaise de lutte contre la lèpre et les Mtn, il faut une prise en charge pour ceux qui vivent les séquelles de la maladie. «Nous voulons qu’il y ait un accompagnement psycho-social et des programmes de réinsertion.»
CES MAUVAISES PRATIQUES QUI PILLENT NOS RESSOURCES HALIEUTIQUES
Surpêche, pêche non déclarée et non réglementée, Surpêche, pêche non déclarée et non réglementée
Au Sénégal, le secteur de la pêche qui est l’un des moteurs de l’économie est de plus en plus confronté à un effondrement des stocks. En effet, la majeure partie des stocks de poissons est surexploitée avec notamment la présence des bateaux étrangers en mer et certaines pratiques néfastes dont se livrent certains pêcheurs. Ce qui ne fait qu’aggraver cette situation alarmante que traverse le secteur.
Le secteur de la pêche est d’un grand apport à l’économie nationale, car contribuant à hauteur de 2% au Pib et générant plus de 600 mille emplois. Cependant la pêche est dans des eaux troubles et la ressource halieutique se fait de plus en plus rare au Sénégal. Cette situation est due aux mauvaises pratiques de pêche notamment la surpêche et la pêche non déclarée et non réglementée (Inn) avec la présence massive des bateaux étrangers dans les eaux sénégalaises. « La situation va de mal en pis du fait qu’aujourd’hui, nous avons un effondrement des stocks et des ressources qui sont pleinement exploitées. Cette situation critique en appelle aujourd’hui à une restructuration des aménagements des pêcheries.
En plus du non-respect des réglementations, aucun avis scientifique n’est donné dans l’analyse des possibilités de donner les licences de pêches. Des Asiatiques et des nationaux font venir des bateaux dans des conditions très douteuses et les font pêcher au Sénégal. La pélagique est ciblée. La ressource est renouvelable et pas inépuisable », se désole Mamadou Diop Thioune, porte-parole de la coalition des acteurs pour la transparence dans la gestion des ressources halieutiques des pays membres de la commission sous régionale des pêches en Afrique de l’Ouest. Il préconise des concertations pour qu’il y ait de la transparence dans la gestion des ressources pélagiques en Afrique de l’Ouest. Et cela dépendra, selon lui, du statut qu’on va donner à la commission sous régionale des pêches qui doit devenir une structure de gestion des ressources et non de coopération.
Selon M Thioune, la pêche illégale non déclarée et non réglementée n’est pas seulement le fait d’avoir des bateaux étrangers sur les eaux sénégalaises, mais c’est le fait d’avoir accepté de livrer des licences là où il ne le faut pas et aucune révélation ne soit faite au préalable et aucun avis scientifique ne soit partagé. « Concernant les mauvaises pratiques, je pense que les responsabilités sont partagées. Le code de la pêche interdit l’utilisation du mono filament. Mais il manque des éléments qui renforcent la posture de cette interdiction », souligne-t-il.
Pour lutter contre ces mauvaises pratiques, Mamadou Diop Thioune demande à l’Etat de s’engager à restructurer le programme d’aménagement des pêcheries et appliquer les textes réglementaires pour que la pêche d’aujourd’hui soit une pêche de demain. « Il faudrait mettre sur la table la liste des navires autorisés et respecter les clauses de la convention des Nations unies sur les droits de la mer. Nous devons peser beaucoup plus du côté de la préservation de nos ressources que de faire un effort de pêche très excessif. Ce qui pourrait détruire nos ressources », suggère-t-il.