SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
20 juin 2025
CAN U20, LISTE COMPLETE DES PAYS QUALIFIES
La République centrafricaine et le Congo Brazzaville ont complété la liste des douze pays qui prendront part à la 22e édition de la Coupe d'Afrique des nations U20, qui se déroulera en Egypte du 19 février au 11 mars 2023.
Dakar, 17 déc (APS) - La République centrafricaine et le Congo Brazzaville ont complété la liste des douze pays qui prendront part à la 22e édition de la Coupe d'Afrique des nations U20, qui se déroulera en Egypte du 19 février au 11 mars 2023.
Les équipes de ces deux pays se ont qualifiées à l'issue de la compétition zonale de l'Union des fédérations de football d’Afrique centrale (UNIFFAC) lors de laquelle le Cameroun et la République démocratique du Congo (RDC) ont été éliminés.
Le Sénégal a validé début septembre son ticket pour participer à la compétition, au terme du tournoi de la zone A de l’Union des fédérations ouest-africaines de football (UFOA-A).
Les Lionceaux avaient battu en demi-finale la Mauritanie sur le score de 4 buts à 1. Ils ont remporté le tournoi en battant la Gambie par 1 but à 0. Les Scorpions sont également qualifiés pour la CAN U20.
La CAN des moins de 20 ans, organisée depuis 1979 par la CAF, se tient tous les deux ans.
La première édition a été remportée par l’Algérie. Jusqu’en 1989, la finale se jouait en match aller et retour, avant la mise en place d’une finale organisée par un pays en 1991.
Le Sénégal, pays organisateur et finaliste de la 19e édition en 2015, n’a jamais remporté le tournoi. Les Lionceaux ont perdu les deux suivantes éditions.
Le Nigeria est la nation la plus titrée avec sept trophée. Le Ghana, tenant du titre, a remporté quatre éditions de même que le pays hôte, l’Egypte.
Voici la liste des pays qualifiés :
Bénin, Congo-Brazzaville, Egypte, Gambie, Mozambique, Nigeria, Ouganda, République centrafricaine, Sénégal, Soudan du Sud, Tunisie et Zambie.
QATAR 2022, LE MAROC AU PIED DU PODIUM
La Croatie a remporté, samedi, le match pour la troisième place de la Coupe du monde en battant le Maroc par 2 buts à 1.
Dakar, 17 déc (APS) - La Croatie a remporté, samedi, le match pour la troisième place de la Coupe du monde en battant le Maroc par 2 buts à 1.
L'équipe nationale de la Croatie a plié le match durant la première mi-temps au terme de laquelle elle menait par 2 buts à 1.
Les Croates ont ouvert le score dès la 7e mn sur une tête du défenseur central Josko Gvardio. Deux minutes plus tard, Achraf Dari égalisait de la tête pour le Maroc.
L'Equipe finaliste de la dernière édition du Mondial en Russie doublait la mise en fin de première mi-temps sur un but de Mislav Oršić.
Le score n’évoluera pas en deuxième période, malgré un fort engagement des deux équipes. La Croatie a eu plusieurs occasions d’inscrire un troisième but, mais n’a pu concrétiser ses actions.
Les Marocains ont tenté jusqu’à la dernière minute d’égaliser, mais se sont heurtés à une solide défense croate.
Comme en 1998, lors de l’édition organisée en France, la Croatie décroche la troisième place du mondial de football. En 2018, elle avait perdu la finale devant la France, à l’occasion de la Coupe du monde en Russie.
CHEIKH OMAR ANNE FAIT OEUVRE UTILE
e ministre de l’Education nationale, Cheikh Oumar Anne, a lancé, ce samedi, à Podor (nord), une campagne de consultations ophtalmologiques et de dons de lunettes médicalisées au profit des élèves, enseignants et personnes du 3ème âge
Podor (nord), 17 déc (APS) – Le ministre de l’Education nationale, Cheikh Oumar Anne, a lancé, ce samedi, à Podor (nord), une campagne de consultations ophtalmologiques et de dons de lunettes médicalisées au profit des élèves, enseignants et personnes du 3ème âge des régions de Saint-Louis, Louga et Matam, a constaté l’APS.
L'association ‘’Solidarité pour la santé des femmes du Fouta’’ (ASSFF), initiatrice de cette action, entend ainsi manifester sa solidarité ‘’agissante'' envers les populations des régions du nord exposées aux troubles visuels, a expliqué sa présidente, Coumba Ndom.
Elle a souligné que cette question est une préoccupation de personnes de bonne volonté ici au Sénégal et dans la diaspora, qui ont conjugué leurs efforts pour répondre favorablement à la forte demande existante.
Venu présider la cérémonie de lancement, le ministre de l'Education nationale, par ailleurs maire de Ndioum, a rappelé que ‘’la vision est un facteur déterminant dans les résultats scolaires''.
De nombreux élèves, enseignants et personnes du 3ème âge ont envahi les locaux de l’espace numérique ouvert de l'UVS de Podor, pour bénéficier de consultations ophtalmologiques gratuites et des paires de lunettes médicalisées offertes par L'ASSFF.
Cheikh Oumar Anne a salué cette action de bienfaisance et annoncé la signature dans ce cadre d'une convention avec l'association Solidarité pour la santé des Femmes du Fouta.
Beaucoup de localités des régions de Saint Louis, Matam et Louga vont accueillir la caravane, qui va séjourner dans le nord du pays jusqu'au 27 décembre prochain.
Lors de la cérémonie, Cheikh Oumar Anne a réceptionné 10 mille paires de lunettes, offertes par l'association Solidarité pour la santé des Femmes du Fouta (ASSFF).
SARA KONARE, NOUVEAU SG DU SNTPGS/FC
Sara Konaré a été élu, samedi, nouveau secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz du Sénégal (SNTPGS/FC), à l’issue d’un congrès organisé à Dakar, a constaté l’APS.
Dakar, 17 déc (APS) - Sara Konaré a été élu, samedi, nouveau secrétaire général du Syndicat national des travailleurs du pétrole et du gaz du Sénégal (SNTPGS/FC), à l’issue d’un congrès organisé à Dakar, a constaté l’APS.
Konaré, qui était jusque-là le secrétaire général par intérim du SNTPGS/FC, remplace à ce poste Abdourahmane Cissokho, empêché depuis quelques temps pour cause de maladie.
Le nouveau SG a été élu sur proposition des délégués lors du 12ème congrès du syndicat, organisé en présence de Cheikh Diop, secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/Forces de changement (CNTS/FC).
‘’Nous allons être ouverts à tous les travailleurs. Nous demandons également à tous d’être soudés et d’aider la nouvelle équipe, pour qu’elle puisse mener à bien notre travail. Le chantier est énorme. Déjà, nous avons trois réunions avec le ministre de tutelle cette semaine’’, a lancé Sara Konaré.
Il a souligné que son principal combat sera de parvenir à l’application de la convention collective des travailleurs du secteur pétro-gazier, pour lesquels les choses continuent de traîner.
Il a précisé que son premier chantier sera de parvenir à l’élaboration d’un arrêté devant permettre d’appliquer la convention collective du secteur, mais aussi du sous-secteur des hydrocarbures. ‘’Nous allons également organiser à l’endroit de nos nouveaux délégués des ateliers de capacitation, pour qu’ils s’imprègnent du règlement intérieur’’, a-t-il par ailleurs annoncé.
Selon le SG de la CNTS/FC, Cheikh Diop, avec cette élection, ‘’une nouvelle génération de syndicalistes va reprendre le flambeau pour diriger le SNTPGS, qui a vu le jour à la fin des années 1950 avec son premier secrétaire général Magatte Diack, frère de feu Lamine Diack''.
Il a invité les syndicalistes à aller vers la mise en place d’un nouveau contrat social. ‘’Aujourd’hui, le combat du mouvement syndical est de faire en sorte d’aller vers un nouveau contrat social, dans lequel se trouve le secret du secteur du pétrole et du gaz. Cela veut dire que les syndicalistes doivent être à jour, fonctionner avec modernité, car tout est digitalisé et robotisé de nos jours’’, a-t-il dit.
‘’Le rôle du SNTPGS/FC dans l’économie petro-gazière naissante’’ est le thème central du congrès organisé ce samedi.
PAR Jean-Baptiste Placca
LES SÉLECTIONS, CARTE GÉNÉTIQUE DES NATIONS ?
Leur composition en dit souvent long sur l'histoire, l'esprit d’ouverture, le degré de tolérance et de générosité des peuples qu'elles représentent lors des événements sportifs
« Probablement qu’il y a certains qui sont Français parce qu’il y a un certain nombre d’intérêts à l’être, mais qui ont le cœur qui bat pour un autre pays ». Ainsi s’exprimait un homme politique, parmi quelques autres, qui prédisaient des débordements, sinon une guerre civile, le jour du match Maroc-France. Pourquoi donc dites-vous que cela vous rend triste, Jean-Baptiste Placca ?
Parce que cette perfidie est devenue un classique, qui surgit chaque fois que les Bleus brillent en compétition. Elle vise indirectement les joueurs dont au moins un des parents vient du Maghreb ou, plus généralement, d’Afrique. Arnaud Pontus, dans un billet caustique, le jour du match, a remis à leur place ces politiciens qui ne peuvent s’abstenir de renvoyer à leurs origines ces footballeurs de l’équipe de France et ceux qui leur ressemblent. Certains osent même parfois questionner leur loyauté à la patrie, au moment, précisément, où ces sportifs se dévouent corps et âme pour faire briller la France, comme jamais ne le pourront les politiciens qui les indexent.
En France comme ailleurs, la composition d’une sélection nationale est, sinon la carte génétique des peuples que représentent ces équipes, du moins l’illustration la plus fidèle de leur histoire, de leur esprit d’ouverture, de leur degré de tolérance et de leur générosité.
En quoi la composition de la sélection nationale illustre-t-elle l’histoire d’un pays ?
Prenons l’équipe des Pays-Bas. Depuis toujours, elle a comporté un fort contingent de joueurs originaires du Surinam. C’est parce que, jusqu’en 1975, ce pays a été une colonie néerlandaise. Frank Rijkaard, Ruud Gullit, Patrick Kluivert, Clarence Seedorf, et bien d’autres. Aujourd’hui, le père de Virgil Van Dijk est, certes, Néerlandais, mais sa mère est originaire du Surinam. Quant à l’esprit d’ouverture et de générosité, et même d’amour, il est illustré par la présence, dans cette équipe, de Memphis Depay et Cody Gakpo : leurs mères sont Néerlandaises, mais le père Depay vient du Ghana, et le père Gakpo est d’origine togolaise et ghanéenne.
Une plaque commémorative sera déposée, ce samedi 17 décembre, sur la place Mamadou-Dia de Thiès, ville située à 70 kilomètres de Dakar, pour rendre hommage à cet acteur oublié de l’indépendance du pays
Il y a soixante ans, celui qui était alors le président du Conseil des ministres avait été arrêté pour « tentative de coup d’État » après avoir fait intervenir la gendarmerie à l’Assemblée nationale pour empêcher le vote d’une motion de censure contre son gouvernement qu’il estimait abusive, un tournant pour le jeune Sénégal de l’époque qui passe d’un régime parlementaire bicéphale à un régime présidentiel dominé par Léopold Sedar Senghor.
Babacar Diop, maire de Thiès, se rappelle toujours avec émotion de Mamadou Dia qu'il a rencontré lorsqu'il était étudiant et avec qui il a collaboré pendant des années, avant son décès, en 2009.
« Il ne voyait plus à la fin de sa vie. Je lisais donc pour lui et il me dictait aussi des lettres. Il était très âgé mais il avait une certaine énergie qu’il avait gardée », se souvient-il.
Né en 1910, cet ancien instituteur a milité pour l’indépendance du Sénégal, main dans la main, avec Léopold Sedar Senghor avec qui il a fondé le Bloc démocratique sénégalais (BDS).
Devenu président du Conseil des ministres, Mamadou Dia signe les accords d’indépendance, en 1960, puis partage le pouvoir exécutif avec Léopold Sedar Senghor, avant la crise de décembre 1962.
« Mamadou Dia était un nationaliste. Il était pour le socialisme autogestionnaire et pour l’indépendance économique de notre pays, contrairement à Senghor plus conciliant et plus Français. Donc la crise va éclater et cette crise oppose deux visions différentes », explique Babacar Diop.
L'AFRIQUE BATAILLE POUR BRISER SA DÉPENDANCE AU RIZ INDIEN SOUS RESTRICTIONS
La crise alimentaire mondiale et l'inflation causées à la suite de la guerre en Ukraine et de la hausse des cours des céréales et de l'énergie a rendu d'une actualité pressante la recherche de l'autosuffisance alimentaire en Afrique
Suite à l'annonce par l'Inde de restrictions sur ses exportations de riz, et plus généralement à cause de la crise alimentaire mondiale et de l'inflation, certains pays d'Afrique explorent les solution pour parvenir à l'autosuffisance alimentaire.
Autour du village de Dak, au centre du Sénégal, des femmes coupent les tiges de riz avec des faucilles et des couteaux, en chantant et dansant. Dans ce pays ouest-africain grand consommateur de la céréale, la récolte en cours ne couvrira pas tous les besoins.
"Cette production est destinée à l'autoconsommation. Nous ne voulons plus acheter le riz importé qui coûte très cher", affirme au milieu des rizières Diétéo Diouf, responsable d'une association de femmes.
La crise alimentaire mondiale et l'inflation causées à la suite de la guerre en Ukraine et de la hausse des cours des céréales et de l'énergie a rendu d'une actualité pressante la recherche de l'autosuffisance alimentaire en Afrique.
Le riz, l'un des éléments de base de l'alimentation africaine, est particulièrement concerné car l'Inde, deuxième producteur mondial, a annoncé en septembre des restrictions sur ses exportations, faisant craindre une pénurie en Afrique, où plus de 280 millions de personnes étaient déjà sous-alimentés en 2020 selon l'ONU.
Le géant asiatique a interdit l’exportation des brisures de riz (du riz à moindre prix et aux grains fracturés accidentellement ou non) et instauré une taxe de 20 % sur les exportations de riz de qualité supérieure pour améliorer l’approvisionnement domestique après une sécheresse importante dans les principales régions productrices.
Pour lutter contre la spéculation, le Sénégal a récemment fixé à 325 Fcfa le prix du kilo (environ 0,5 euros) du riz brisé indien, l'un des moins coûteux et le plus consommé, et quasiment le seul à être importé dans le pays, selon le coordonnateur du programme national d'autosuffisance en riz, Waly Diouf. Le riz est essentiel pour la préparation du ceebu jën, riz au poisson et plat le plus populaire au Sénégal.
Panique et tensions
L'Afrique représente 32% des importations mondiales de riz pour 13% de la population mondiale, selon Africa Rice, un centre de recherche à Abidjan, formé de 28 pays membres. "Le production locale de riz ne couvre qu'environ 60% de la demande actuelle en Afrique subsaharienne", souligne le centre.
Ainsi, la décision indienne de limiter ses exportations a créé la panique dans plusieurs pays africains où le riz est une denrée essentielle. Aux Comores, un archipel de 890.000 habitants où plus d'un quart de la population vit avec moins de deux euros par jour, la flambée du cours du riz a provoqué des heurts fin septembre.
Au Liberia, des queues se sont formées devant les grossistes sur fond de rumeurs de pénurie. Les prix ont atteint l'équivalent de 23 euros le sac de 25kg, contre environ 13 euros habituellement.
"La menace (de pénurie) est réelle au Sénégal" quand l'Inde dit qu'elle ne va plus en exporter, dit M. Diouf. Le pays a connu en 2008 des "émeutes de la faim" dues à une forte augmentation des prix des aliments de base.
Ces deux dernières années, "le Sénégal a chaque fois produit quelque 840.000 tonnes de riz, soit neuf mois de consommation, une quantité en augmentation", assure M. Diouf. Le pays "importe en moyenne chaque année 900.000 tonnes de riz. Cela dépasse les besoins mais l'importation permet (de garantir) la disponibilité du produit et d'éviter la spéculation", explique-t-il.
Produire localement
L'objectif est de réduire cette dépendance. "En 2030, la consommation au Sénégal devrait atteindre 1,5 million de tonnes de riz par an. Nous avons travaillé sur une stratégie pour aller vers l'autosuffisance", dit Waly Diouf. Il estime à 1.371 milliards de francs CFA (environ deux milliards d'euros) l'effort financier nécessaire pour parvenir à l'autosuffisance.
"Nous avons besoin de plus de périmètres rizicoles, de crédits, de moissonneuses-batteuses, de refaire notre système d'irrigation", souligne Mouhamadou Moustapha Diack, président d'une union de producteurs à Boundoum (nord). Là, les digues et canaux d'irrigation entre les rizières sont usagés, parsemés d'eucalyptus et de nénuphars.
Au-delà de la quantité, la supposée moins bonne qualité du riz produit au Sénégal a longtemps détourné les consommateurs. "Cela a changé", affirme à l'AFP Birame Diouf, responsable d'une rizerie à Ross Béthio (nord), une usine qui élimine les impuretés comme les petits graviers. Les grains sont engloutis dans d'immenses cuves, où ils sont décortiqués, nettoyés et transformés en riz entier ou brisé.
Le Sénégal espère suivre l'exemple ivoirien où "les quantités importées d'Inde ont connu une régression de 24% de 2021 à 2022. Il y a eu une substitution vers le riz ivoirien en nette progression et secondairement vers d'autres origines", a déclaré à l'AFP Régina Adea, chargée de communication de l'Agence pour le développement de la filière riz en Côte d'Ivoire (Aderiz). Autre stratégie, celle du Nigeria, où le riz importé est ultra-taxé à l'arrivée dans les ports et interdit d'entrer par la route.
VERS DES PERTURBATIONS DE L’ECOLE
Va-t-on vers des remous dans le système éducatif ? Tout porte à le croire, après le dépôt du préavis de grève du Syndicat des enseignants libres du Sénégal hier, vendredi 16 décembre.
Va-t-on vers des remous dans le système éducatif ? Tout porte à le croire, après le dépôt du préavis de grève du Syndicat des enseignants libres du Sénégal hier, vendredi 16 décembre. Huit points sont inscrits sur la plateforme revendicative.
L ’école sénégalaise risque de connaître des perturbations, les jours à venir. En effet, le Syndicat des enseignants libres du Sénégal (SELS) annonce avoir déposé un préavis de grève sur la table du ministère de la Fonction publique hier, couvrant la période du 16 décembre 2022 au 16 décembre 2023. Les enseignants exigent du gouvernement la «revalorisation du statut des décisionnaires par la modification des décrets : 2006-392 du 27 avril 2006, 74-347 du 12 avril 1974», lit-on dans le document rendu public.
Sur cette question, ils demandent «l’équité dans la péréquation de l’avancement de grade de 50% à 60%, afin de faire bénéficier à ses agents la faveur des enseignants fonctionnaires à la même position», «le relèvement du taux des cotisations sociales à l’IPRES comme au Fonds national de retraite» et «l’élargissement optionnel de l’âge de la retraite à 65 ans pour les décisionnaires».
Parmi les revendications du SELS, il y a aussi «l’application intégrale du résiduel de protocole d’accord Gouvernement/G7 du 26 février 2022 et des accords annexes notamment». Il s’agit de «la fin des lenteurs et lourdeurs administratives relatives à la gestion de la carrière des enseignants», de «l’élargissement des indemnités : de classes spéciales (double flux et multigrade) aux Ecoles Franco Arabe (EFA), aux Conseillers pédagogies en Arabe (CPA) de sujétion aux Cases des Tout-Petits (CTP)» et de «l’octroi d’une indemnité aux personnels occupant des postes diligents au niveau central et dans les circonscriptions déconcentrées du ministère de l’Education nationale».
Le Syndicat des enseignants libres du Sénégal n’a pas manqué d’exiger «la modification du décret 99- 908 du 13 septembre 1999 afin de fixer les conditions d’emploi et de salaire des 5000 enseignants recrutés en 2021» et «l’évaluation de la politique de résorption des abris provisoires pour une accélération du processus, la réhabilitation des écoles vétustes et l’élargissement du réseau scolaire». La «dotation en nombre suffisant de table-bancs et de manuels scolaires», le «recrutement suffisant d’enseignants» et la «diligence de la mobilité et la mise en position de stage du personnel chargé des cours et en nombre suffisants» sont, entre autres points, inscrits sur la plateforme revendicative du Syndicat des enseignants libres du Sénégal.
LE COLIDEP AMPLIFIE LA LUTTE
Ils sont plusieurs personnalités politiques, d’organisations de la société civile et de mouvements citoyens à se joindre au Collectif pour la libération des «détenus politiques» (COLIDEP) hier, vendredi 16 décembre
Le Collectif pour la libération des détenus politiques (COLIDEP) a battu le macadam hier, vendredi 16 décembre 2022, en présence de plusieurs organisations politiques, de mouvements citoyens, de la société civile. Cette marche consiste, pour le COLIDEP et ses soutiens, à exiger des autorités la libération immédiate de tous les détenus politiques, disent-ils
Ils sont plusieurs personnalités politiques, d’organisations de la société civile et de mouvements citoyens à se joindre au Collectif pour la libération des «détenus politiques» (COLIDEP) hier, vendredi 16 décembre, sur les allées Doudou Ndiaye Coumba Rose.
L’objectif de cette rencontre, souligne le porte-parole du jour, Clédor Sène, «est la conquête de nos droits, droit à la liberté d’expression, droit à la liberté d’opinion, garantis par la Constitution», justifie-t-il. Et de relever qu’«au nom de ces principes, il n’est pas normal que nos compatriotes soient emprisonnés pour justement avoir exprimé leurs opinions. Au moment où, sur les plateaux de télévisions, nous entendons des gens proches du régime qui menacent de mort, qui accusent d’assassinat ou qui font n’importe quelles déclarations plus répréhensibles et qui s’en sortent à bon coup. Alors que nous, de l’opposition, sommes objets de traque pour la plus petite expression de notre opinion», martèle le membre de la coalition citoyenne «Le Peuple». Sous ce rapport, dit-il «Cet état de fait, il doit cesser parce que toutes libertés ne s’acquièrent, toutes les libertés se conquièrent. Elles se conquièrent dans la lutte. La lutte acharnée et sans concession pour l’obtention de nos droits consacrés par la Constitution, en son article 8, qui dispose : ‘’Tout citoyen peut exprimer son opinion par la plume, la parole et l’image’’».
Selon lui, «Nous sommes dans un contexte où se déroule une dictature sans nom. Parce que nous sommes gouvernés par des «prévaricateurs», des gens coupables de vol», soutient M. Sène, citant notamment l’ex-ministre des Finances et du Budget, Abdoulaye Daouda Diallo, qui, selon lui, a signé et avalisé une fausse facture sur un montant de 45 milliards de F CFA. Aussi, poursuit-il, «Vous avez vu le rapport de la Cour des comptes qui épingle des gens pour plusieurs de milliards. Et il n’y aura pas sanctions, comme il n’y en a pas eu dans les scandales précédents». « A ce même moment, ces voleurs, ces prévaricateurs nous emprisonnent, nous, justement pour l’expression de notre opinion ; ceci est inacceptable. Donc nous ne ménagerons aucun effort pour obtenir que soient libérés nos otages politiques».
A ce titre et au nom du collectif, dira-t-il «le COLIDEP tend de façon solennel, personnellement, la main à tous les députés de l’opposition et à toutes les organisations de l’opposition de toutes obédiences confondues, pour qu’on élargisse le cadre de cette lutte autour des questions de démocratie et de libertés qui ne sauraient mettre personne en reste».
QUAND HOUPHOUET BOIGNY CONDITIONNE SA VISITE A DAKAR PAR LA LIBERATION DE DIA
Dix ans après le décès de l'ancien président du Conseil (1957 à 1962), son ancien directeur de cabinet, Roland Colin, a confié à RFI l’intégralité de ses douze heures d’entretiens enregistrés à Dakar entre 1975 et 1978
Dix ans après le décès de l'ancien président du Conseil (1957 à 1962), son ancien directeur de cabinet, Roland Colin, a confié à RFI l’intégralité de ses douze heures d’entretiens enregistrés à Dakar entre 1975 et 1978. Dans cette interview à Rfi, il revient sur l’histoire de cette archive sonore et sur la dimension biographique du récit de Dia.
RFI : Dans quelles circonstances avez-vous réalisé ces entretiens ?
Roland Colin : J’ai retrouvé Mamadou Dia à Dakar en 1974, juste après sa sortie de prison et je lui ai dit que son témoignage était fondamental, que son histoire devait désormais être intégrée à la grande Histoire et qu’il devait reprendre la parole pour que tout le monde puisse entendre ce qu’il avait à dire. Il a été très heureux de cette proposition, mais comme il était devenu presque aveugle et qu’il ne pouvait plus écrire, il a accepté de témoigner oralement et de revenir sur son parcours, de son enfance jusqu’à son emprisonnement en 1962. C’est dans ce contexte que son récit autobiographique a été enregistré. Le travail de mémorisation a été fait par étape. Nous nous sommes vus une quinzaine de fois chez lui à Dakar entre 1975 et 1978. Ce travail lui a permis d’écrire son livre autobiographique : Afrique, le prix de la liberté (aux éditions L’Harmattan). J’ai soigneusement gardé ces enregistrements et j’ai décidé aujourd’hui, à 90 ans, d’en faire don à RFI pour l’émission de Valérie Nivelon, La marche du monde. Il est important que ces archives puissent être connues de tous, car elles nous donnent à entendre la voix de Mamadou Dia, acteur de l’indépendance du Sénégal, mais aussi figure incontournable de la décolonisation en AOF (Afrique-Occidentale française) et en Algérie.
Quand entrez-vous au cabinet de et Mamadou Dia et quelle fonction occupez-vous?
La loi-cadre Deffere du 23 janvier 1956 permet de créer pour la première fois un gouvernement sénégalais, et c’est le parti de Léopold Sédar Senghor qui occupe la position de responsabilité. Léopold Sédar Senghor nomme Mamadou Dia à la tête du gouvernement. A la demande de Léopold Sédar Senghor, j’entre au cabinet de Mamadou Dia en juillet 1957, que je connaissais et pour qui j’avais de l’estime. Mamadou Dia me confie plusieurs missions importantes ; travailler à la fédération des Etats d’Afrique occidentale, suivre le transfert de la capitale de Saint-Louis à Dakar et l’accompagner dans la mise en place de sa politique de développement économique ; l’animation rurale.
Peut-on établir des comparaisons dans les parcours et les origines de Senghor et Dia ?
Mamadou Dia vient d’une classe pauvre. Il n’appartient pas au milieu de la bourgeoisie urbaine, à l’inverse de Léopold Sédar Senghor, dont le père était bien ancré dans le milieu des affaires. Léopold Sédar Senghor a été extrait de son milieu dès l’âge de 7 ans. Il a été envoyé à l’école où on lui a appris le français et le wolof, alors que sa langue maternelle était le sérère. Il a découvert la religion et la culture française, tout en étant travaillé par l’aiguillon de la culture première perdue et qu’il appelait son royaume d’enfance. Dès lors, il va être obsédé par le retour à cette culture perdue ; la négritude, selon lui, qui sera vue comme une reconquête de soi. Il arrive à Paris en 1928 et il y restera jusqu’en 1945. Quand il revient au Sénégal, il entend parler de Mamadou Dia, qui était un jeune instituteur et qui faisait un travail formidable avec les paysans sénégalais. Il rencontre un garçon en pleine possession de sa négritude première et sera dès lors fasciné par la négritude de Dia, qui venait de créer, avec un groupe d’amis, le cercle de l’authenticité, véritable creuset de la négritude accomplie. De son côté, Dia considérait que la religion ne pouvait être un facteur discriminant pour s’intéresser aux autres, ce qui explique pourquoi il a accueilli Senghor (chrétien) avec beaucoup d’ouverture.
Dans quelle mesure la religion apparaît comme une clé de compréhension de la personnalité et de l’éthique politique de Mamadou Dia?
Son témoignage nous permet de comprendre l’importance qu’a joué son père dans sa vie. Cet « homme digne et extraordinaire », comme il le qualifiait, était agent de police rurale et il incarnait à ses yeux la rectitude et la loi. Sa mort accidentelle va profondément le marquer et renforcer sa foi. Par la voie d’un islam soufi que lui a transmis son père, la religion était de l’ordre du personnel et il était révulsé de voir l’utilisation de l’islam par les marabouts. Il voulait faire une grande assise nationale sur l’islam et le développement, mais cela n’a pas pu se faire à cause des événements de 1962.
D’où vient son intérêt pour les questions économiques?
Il devient instituteur, puis comme directeur de l’école régionale de Fatick, il écrit pour des journaux dans lesquels il décrit la misère du monde paysan qu’il connaît bien. Ses articles portent essentiellement sur les questions économiques. Il préconise le regroupement des paysans en coopératives, voie idéale pour leur émancipation. Cette idée marquera par la suite sa pensée politique.
Comment Mamadou Dia est-il entré en politique et a-t-il créé le Bloc démocratique sénégalais (BDS) avec son mentor Léopold Sédar Senghor ?
D’abord réticent à l’action politique, il accepte de se présenter à la demande des habitants de Fatick qui souhaitent le voir candidat au conseil général. Parrainé par Senghor, il se présente sous l’étiquette SFIO. Ses relations avec Lamine Gueye, leader de la SFIO, se détériorent et avec un groupe de camarades contestataires, dont Léopold Sédar Senghor, il décide de s’impliquer dans la création du BDS.
Pour quelles raisons Mamadou Dia entretient-il des relations privilégiées avec les religieux et avec les syndicalistes pour créer le BDS ?
Le contact avec les religieux et les syndicalistes a permis au BDS de se structurer et de s’étendre, là où la SFIO n’avait pas d’influence. Mamadou Dia était proche du militant syndicaliste Ibrahima Sar, qui était l’animateur de la grande grève des chemins de fer de 1947. Ibrahima Sar a été ministre du Travail et de la Fonction publique dans le gouvernement de Dia. Il restera fidèle et solidaire à Dia lors des événements de 1962. Il sera emprisonné au même titre que Dia pendant douze ans. Il est mort peu de temps après, suite à une maladie mal soignée pendant son emprisonnement.
En quoi l’année 1958 est-elle un tournant dans la politique sénégalaise ?
L’année 1958 est celle de l’effondrement de la IVe République française. Le général de Gaulle arrive au pouvoir et accepte de faire un pas supplémentaire vers l’autonomie des territoires de l’AOF en proposant un grand référendum sur l’ensemble de l’espace d’influence française, où les pays doivent choisir entre deux options : prendre l’indépendance immédiatement ou se fédérer au sein de la communauté française… Gros débat, car choisir l’indépendance, c’est émerger sur le plan international sous la forme d’un petit Etat et compromettre les chances réelles d’émancipation sur le plan économique et géopolitique. Le Sénégal, avec d’autres, choisit le statut d’Etat membre de la communauté, en annonçant qu’il transforme son système intérieur de telle sorte à être apte à assumer les responsabilités de l’indépendance. Le Sénégal se donne quatre ans pour transférer son économie.
Comment Mamadou Dia s’y prend-il pour transformer l’économie de son pays ?
Dia avait une formation économique, ce qui était précieux et rare pour un responsable africain de cette époque. Et comme le Sénégal vivait encore dans l’économie de traite colonialiste, il va choisir la voie de l’économie sociale pour transformer l’économie de l’arachide et créer les coopératives paysannes, qui seront de véritables lieux d’apprentissage de la démocratie. Il se fixe comme objectif de réaliser ce travail de formation et de transformation sur quatre ans. Il lui faut un outil d’éducation paysanne pour permettre à la population de gérer ce qu’il lui est proposé ; ce sera l’animation rurale. Dia va parler d’une économie démocratiquement contractuelle et d’un socialisme humaniste - et non bureaucratique - selon les références culturelles du peuple. A partir de là, son gouvernement va proposer aux paysans de s’organiser en coopératives paysannes, puis il va choisir de réformer l’administration pour que celle-ci soit une administration de partenariat. Dia va appeler ce système de cogestion et d’autogestion le « socialisme africain humaniste ».
C’est à cette période que vous débutez votre collaboration avec Mamadou Dia ?
Oui. Accordé à cette idée, Mamadou Dia me demande de prendre la tête de son cabinet. Ce seront quatre années passionnantes de mise en place du développement de l’animation rurale. Une étape nécessaire pour passer de l’autonomie à l’indépendance.
Comment se met en place l’animation rurale ?
L’Etat met en place un plan de développement sur quatre ans pour chacune des régions : 750 coopératives sont créées la première année. L’Etat crée une banque de développement et un office de commercialisation, ce qui permet de sortir de l’économie de traite. Sur les 600 000 tonnes d’arachide produites chaque année, 150 000 tonnes le sont par le biais de l’économie sociale. Les protagonistes extérieurs n’y croient pas et pensent que les Noirs sont incapables de se gérer eux-mêmes… Au bout de la première année, tout marche au cordeau. Lors de la deuxième année, 1 500 coopératives sont créées et 300 000 tonnes d’arachide sont produites. Tout marche normalement et les protagonistes extérieures hostiles au régime commencent à avoir peur et pensent que si l’on passe à 75%, ce sera irréversible… Dès lors, il faut « abattre » Dia avant la troisième année.
Comment les opposants de Mamadou Dia vont-ils s’y prendre pour faire tomber son gouvernement ?
Les opposants forment une coalition comprenant trois composantes : « les firmes de commerces internationaux », « les grands marabouts sénégalais » et « le personnel des administrations ». L’objectif est de faire renverser le gouvernement avant la troisième année en déposant une motion de censure par les députés qui s’opposent à la politique de Dia. Entre-temps, Senghor avait pris les fonctions de président de la République. Dia était toujours chef de gouvernement et pouvait orienter le gouvernement avec la confiance de Senghor, qui pouvait arbitrer en cas de crise. La gestion de Dia est critiquée. Il reprend contact avec certains dirigeants venant des pays de l’Est, notamment la Yougoslavie dont le principe d’autogestion l’intéresse. Les ennemis de Dia intoxiquent Senghor, car le socialisme de Dia mènera au communisme qu’on lui présente comme une destruction pour l’Afrique. On fait croire à Senghor que Dia est en train de monter un complot contre lui pour transformer le Sénégal en République islamique. Progressivement, Senghor va se laisser envahir par cette idée.
Comment Mamadou Dia décrit les événements de 1962 dans vos entretiens?
Senghor s’était installé dans un protocole « élyséen », si bien que Dia n’avait plus le même accès à Senghor qu’auparavant pour discuter simplement. Les députés frondeurs déposent une motion de censure alors qu’ils sont issus du même parti que Dia et Senghor. Ils programment le vote de la motion de censure avant que le Conseil national ne se réunisse. Dia se trouve face à un dilemme politique et moral ; s’il laisse faire, c’est toute la politique menée depuis des années qui s’écroule. Il faut donc convaincre les parlementaires avant que le parti ne se réunisse, ce qu’il ne réussit pas à faire. La motion de censure est votée. En parallèle, la Constitution change et on passe au régime présidentiel. Dia est embarqué par l’armée. La nouvelle est répandue : Dia a tenté un coup d’Etat, la presse est sous contrôle, et on dit que Senghor a sauvé la démocratie d’un coup d’Etat.
Ou étiez-vous à ce moment précis ?
Un mois avant les événements de 1962, j’étais au cabinet de Dia et j’avais encore accès à Senghor avec qui je pouvais discuter, car il avait confiance en moi, mais une tuberculose m’oblige à être évacué en France. J’apprends la nouvelle de l’emprisonnement de Dia à la radio depuis la France.
A quel moment revenez-vous au Sénégal ?
Senghor m’envoie un message et me dit que ma place est au Sénégal, et qu’il me confiera des responsabilités importantes quand je sortirai du sanatorium. Je lui réponds que je ne peux pas remettre les pieds au Sénégal tant que Dia est en prison. Senghor se fâche et interrompt ses relations avec moi. Je retrouve Paris en juin 1963 après huit mois au sanatorium et j’entre à la direction de l’Iram, l’Institut de recherche et d’applications des méthodes de développement. Madagascar et le Niger s’intéressaient aux méthodes de Dia et je leur servais d’interlocuteur. Entre-temps, Dia est condamné pour coup d’Etat par une cour de justice constituée de parlementaires qui avaient voté la motion de censure, et est envoyé dans un centre de détention proche de la frontière du Mali. En 1967, je reviens à Dakar pour un congrès international et je rencontre Senghor le lendemain de mon arrivée. Je lui rappelle l’estime que j’ai pour lui et que le tandem qu’il formait avec Dia était fondamental, que c’était une chance pour l’Afrique d’avoir un homme de culture et un économiste à la tête du gouvernement du Sénégal, et qu’ensemble ils doivent faire front commun pour mener le destin du Sénégal. Senghor veut bien envisager des mesures permettant la libération de Dia, mais il veut des garanties et me propose de faire l’intermédiaire pour mettre en œuvre sa libération.
Quel est votre rôle pendant les douze années de prison de Dia ?
Je continue d’écrire régulièrement à Senghor sans réussir à faire avancer les choses et un jour Senghor me fait venir à Dakar. Il me demande de porter le message suivant : « J’ai décidé d’envisager la libération de Dia à condition qu’il fasse l’engagement par écrit de renoncer à faire de la politique ». Je me charge de faire l’intermédiaire et Senghor me permet de rencontrer secrètement Dia en prison. Je revois Dia en 1972 et lui expose les exigences de Senghor et il me dit qu’il considère la politique non pas comme un droit mais aussi comme un devoir. Il me dicte un texte que je remets à Senghor dans lequel il lui dit préférer « vivre libre en prison plutôt que d’être prisonnier dehors ». La lettre est transmise au cabinet de Senghor, qui estime que Dia fait sa mauvaise tête. Entre-temps, Dia souhaite que son message soit connu et me demande que sa lettre soit envoyée à Houphouët-Boigny, alors président de Côte d’Ivoire. La réconciliation entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire bat son plein ; Senghor fait son voyage de réconciliation à Abidjan et invite Houphouët à Dakar. Houphouët-Boigny appelle l’ambassade du Sénégal et dit qu’il accepte à condition que Dia sorte de prison. Senghor reçoit le message et les négociations se rouvrent pour faire sortir Dia de prison. Un compromis est trouvé. Nous sommes en 1974.
Comment Dia a-t-il supporté ses douze années de détention ?
Ses conditions de vie étaient très dures. Il a tenu le choc moralement et spirituellement en le prenant comme une épreuve humaine et métaphysique. Une mission vis-à-vis de son peuple. Il a beaucoup médité, réfléchi, lu et écrit. Il en est sorti encore grandi. J’ai beaucoup admiré sa force morale et sa sérénité. Dia a été séparé de ses cinq compagnons avec qui il n’a eu aucun contact pendant ces douze ans. Chacun dans son pavillon. Il a vécu dans une grande solitude et il ne pouvait recevoir de visite qu’une fois par trimestre. Il est sorti de ces longues années d’incarcération avec une volonté de liberté totale.
Dans quel état d’esprit retrouvez-vous Mamadou Dia à sa sortie de prison ? Une réconciliation était-elle envisageable avec Senghor ?
Dia était évidemment heureux de retrouver les siens et la liberté mais il n’était pas habité par un esprit de revanche. Il avait la conviction qu’il avait encore un devoir à accomplir dans la ligne de la démocratie participative. Avec Senghor, on peut parler de reprise de contact et non d’une réconciliation. Dès que Dia est sorti de prison, il a demandé à être reçu par Senghor. Une fois dans son bureau, il s’est avancé vers lui, a ouvert les bras et lui a dit : « Alors, tu ne m’embrasses pas Léopold ? » S’en est suivi une conversation politique dans laquelle Dia lui a dit qu’il fallait impliquer davantage la société civile pour qu’elle puisse avancer vers la démocratie participative et qu’il souhaitait fonder une internationale africaine pour le développement. Senghor était interloqué par la demande de Dia. Dia créée cette fondation en 1975 et commence à faire des voyages. Le gouvernement sénégalais lui a mis des bâtons dans les roues. Le projet a fonctionné deux ans. Dia a ensuite repris sa militance politique.
BIBLIOGRAPHIE :
• Afrique, le prix de la liberté, Mamadou Dia, édition L’Harmattan (épuisé)
• La Toison d’or de la liberté, Roland Colin, édition Présence africaine
BIOGRAPHIE DE ROLAND COLIN
Né en 1928, Roland Colin entre à l'Ecole nationale de la France d'outre-mer en 1948 où il a Léopold Sédar Senghor comme professeur et avec qui il se lie d’amitié.
Diplômé de l'Ecole des langues orientales, il commence sa carrière comme administrateur au Soudan français (actuel Mali) en 1952, puis au Sénégal en 1955.
En juillet 1957, à la demande du président Senghor, il est nommé conseiller technique dans le cabinet de Mamadou Dia, président du Conseil de gouvernement du Sénégal, puis chef du gouvernement de la République du Sénégal en 1958.
Suite à l’arrestation de Mamadou Dia en décembre 1962, Roland Colin abandonne toute fonctionne officielle et rentre en France pour entamer une carrière d’anthropologue et d’universitaire, spécialiste du développement des pays africains.