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19 juin 2025
par Mamadou Sene
MANGONÉ, L’AMI, L’INTELLECTUEL ET L’AFRICAIN FONDAMENTAL
Mangoné Niang est de la race de ces géants d’Afrique sur les épaules desquels nombreux sont ceux qui se sont perchés et se perchent encore pour observer et comprendre notre continent et le monde
Il y a dix ans, presque jour pour jour, installé à Conakry, je recevais de Niamey, comme un uppercut en plein ventre, la nouvelle de la disparition de Mangoné Niang à Dakar. Il était à quelques jours de ses 67 ans. Pour tous ses amis, ce fut une vie prématurément interrompue, une vitalité intellectuelle et une intelligence rare tôt éteintes. Pour moi, ce fut une des mauvaises nouvelles les plus inattendues et les plus dévastatrices ; inattendue parce que rien ou presque rien ne la laissait entrevoir dans les derniers instants du dialogue épistolaire soutenu – par emails –, que nous entretenions depuis plus d’une douzaine d’années ; dévastatrice parce que Mangoné – comme tout le monde l’appelait affectueusement – a été pour moi, comme pour beaucoup d’autres, un véritable et bon ami.
« Mais qui est-il donc, ce Mangoné Niang ? » C’est, selon le récit qu’en fait Boubacar Boris Diop dans son hommage à Mangoné[i] de décembre 2012, l’interrogation lancée par ce lecteur, qui, après avoir lu un article de notre ami, « avouait ainsi sa stupéfaction de n’avoir jamais entendu parler d’un intellectuel sénégalais à l’esprit aussi puissant et incisif».
Ce Mangoné Niang a été pour moi entre la fin août 1999 et la mi-décembre 2012 un véritable ami, un bon ami, une partie de moi, un kharit[ii], comme disent les Wolof. Nous avions noué cette amitié à Niamey, ville que j’ai rejointe en 1999 et où il travaillait et vivait déjà depuis le début des années 1980.
Notre première rencontre a eu lieu en septembre 1999 dans mon bureau dans la banque où je venais de prendre fonction quelques jours ou semaines auparavant. Il m’avait été présenté comme étant le Directeur du bureau de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). Il l’était, mais il n’était pas que le représentant au Niger d’une organisation panafricaine cacochyme, dont l’Union Africaine (UA) devait prendre le relais. Il était aussi et surtout le Directeur du Centre d'Études Linguistiques et Historiques par Tradition Orale (CELHTO), aujourd’hui bureau spécialisé de la Commission de l'UA basé à Niamey.
A priori ils partageaient peu, l’intellectuel qu’il était et le banquier que j’étais, l’homme de lettres et celui des chiffres, le sorbonnard ancien de l’EHESS[iii] et l’HEC[iv], le manieur de concepts et le manieur d’argent. Mais la réalité est plus complexe que les apparences et les a priori. Tous deux, nous avions la même exigence de comprendre le réel dans sa globalité et sa complexité. L’intellectuel en bon connaisseur de Marx savait que l’être économique et social des hommes déterminait leur conscience, d’où son intérêt non feint pour l’économie et la finance. Le banquier avait compris depuis longtemps que le comportement du consommateur, c’est-à-dire celui du client, était aussi influencé par des facteurs sociaux, outre les facteurs personnels et psychologiques. Le banquier a vite vu que l’intellectuel n’était pas rétif aux chiffres et l’intellectuel a vite compris que le banquier avait quelques lettres. Tous deux, nous étions convaincus que l’Afrique devait vivre et philosopher en même temps, c’est-à-dire creuser en même temps et avec la même énergie et la même profondeur le sillon économique et le sillon culturel, nous éloignant ainsi de la maxime latine Primum vivere deinde philosophari[v]. Alors s’est nouée, jusqu’à ce que mort nous sépare, une véritable amitié.
Aristote nous a enseigné il y a 25 siècles : « Un bon ami est un ami qui nous élève[vi] ». Mangoné a toujours élevé le plus haut possible ceux qu’il a aimés. Et pour l’intellectuel africain qu’il était, élever ceux qu’il aimait, c’était vivre avec eux les deux passions de sa vie : l’Afrique et les livres.
Mangoné a partagé avec moi, pendant nos treize années d’amitié une bonne part de ce que sa pensée lumineuse a produit : réflexions, textes présentés dans de multiples conférences, symposiums et séminaires, notes de lectures etc. Ces derniers jours, j’ai parcouru de nouveau avec beaucoup d’émotion et de bonheur mêlés certains de ses écrits : Le jeu et la parole[vii], une réflexion philosophique et anthropologique ; Le Veilleur de Jour[viii], un hommage au Professeur Joseph Ki-Zerbo ; Mémoire et Modernité[ix] et Pour une pédagogie de progrès[x], deux réflexions profondes sur des problématiques de l’heure. Pendant treize années, suivant en cela le conseil de Montaigne à ses contemporains, je me suis évertué à frotter et limer ma cervelle contre celle de mon ami[xi]. Ainsi, si d’autres ont pu louer la clarté aronienne, j’ai pour ma part pu admirer la clarté mangonéenne. Je ne l’ai jamais trouvé englué dans la fange du langage jargonnant, ni dans l’affectation de la pensée complexe, ni dans la nébulosité du propos, si courantes chez maints intellectuels. Chez Mangoné, la clarté, la rigueur et l’intelligibilité étaient toujours de mise, du moins lorsque le commerce était avec moi.
Mangoné ne partageait pas seulement ses propres réflexions, il aimait beaucoup aussi diffuser celles des autres, notamment celles de ses amis. Que de fois ne m’a-t-il parlé du dernier livre, du dernier papier, de la dernière intervention de l’un ou l’autre. Que de fois ne m’a-t-il parlé de Boris, de Penda, d’Abou, de Tierno, de Mamoussé, de Mandiaye et de tant d’autres, comme s’ils étaient nos amis communs. Tous ces hommes et femmes de culture, que je ne connaissais pas personnellement, m’étaient devenus familiers, sans doute grâce à leurs écrits, mais aussi grâce à tout le bien que Mangoné a pu me dire d’eux. Au fil du temps, au gré de leurs venues au Niger ou de mes déplacements au Sénégal, j’ai eu l’occasion d’en rencontrer certains à Niamey ou à Dakar. En effet, à l’occasion des invitations autour d’un méchoui dont Mangoné honorait tous ses amis de passage à Niamey, j’ai eu par la suite le plaisir de faire la connaissance de certains parmi eux : l’historienne Penda Mbow, le philosophe Mamoussé Diagne, l’écrivain Tierno Monénembo. À Dakar, à l’occasion d’une invitation à dîner de Penda Mbow, j’ai eu le plaisir de rencontrer Abou Tall, le banquier-philosophe. Chaque fois que son nom arrivait dans nos conversations, Mangoné le présentait ainsi et ne manquait pas de me glisser avec beaucoup d’amitié et de bienveillance « Abou et toi, vous êtes mes deux amis banquiers-philosophes ». Tout aussi amicalement, je lui glissais du tac au tac « Mangoné, tu m’aimes trop bien, mais laisse-moi à ma place ! Le fardeau du banquier est déjà trop lourd ! ne m’en ajoute pas !».
Mangoné me faisait souvent l’amitié de me présenter les intellectuels africains qu’il recevait à Niamey au CELHTO. Aussi, ai-je eu le plaisir de croiser à Niamey dans son bureau Cheikh Hamidou Kane. Jeune cadre dans l’industrie, je l’avais déjà croisé de loin dans les années 1980 en sa qualité de Ministre du Plan et de la Coopération, puis de l’Industrie du Sénégal, mais la rencontre avec Cheikh Hamidou Kane, la grande figure des lettres africaines, avait une saveur toute autre.
A Niamey, il ne tarda à me présenter son ami Jean-Pierre Olivier de Sardan, anthropologue comme lui, qui conduit des recherches au Niger depuis les années 1960. Si ma mémoire ne me trahit pas, le dernier de ses amis dont il m’a parlé dans les derniers mois de sa vie est le Professeur et philosophe Paulin Hountondji, qu’il a appelé mon vieil ami dans le mail de juillet 2012 qu’il m’a envoyé. Une ou deux fois, il m’a informé qu’il allait se réfugier au Centre Africain de Hautes Études de Porto-Novo dont son ami est le Directeur. Peut-être en avait-il fait un de ses lieux de retraite intellectuelle.
Mangoné aimait la réflexion, le débat, l’échange d’idées, mais jamais la dispute, ni disputation. En définitive, j’ai le sentiment qu’il aurait toujours voulu que ses amis fussent tous amis et le dialogue avec chacun d’entre eux fut un dialogue entre tous. Peut-être aujourd’hui voudrait-il, là où il se trouve, que ses amis poursuivent ensemble les débats et réflexions qu’ils menaient avec chacun d’entre eux.
Mais qui est-il donc, ce Mangoné Niang ?
Ce Mangoné Niang aimait ardemment les livres. Il en A beaucoup acheté, beaucoup lu, beaucoup offert et beaucoup soutenu. Je ne sais pas si, comme Jean-Paul Sartre, il aurait pu écrire : « j’ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres[xii]. » Je ne sais pas s’il a eu, comme Sartre, « un grand-père qui avait un bureau où il y en avait partout et qu’avant de savoir lire, déjà, il les révérait, ces pierres levées ». Je ne sais pas s’il a eu, comme Souleymane Bachir Diagne, un père qui était un « boulimique de la lecture » qui « aimait les livres, tous les livres[xiii] … ». En revanche, je sais que personne au monde n’a aimé et n’a révéré les livres autant que lui. Mangoné a vécu au milieu des livres, je le sais ; il a fini sa vie au milieu des livres, j’en ai l’intime conviction.
Le meilleur cadeau que Mangoné pouvait faire à un ami, c’était un livre. A Niamey, ville où le livre n’était pas une denrée courante, il ne rentrait pas d’un voyage, sans m’en ramener au moins un et m’en conseiller d’autres. Au détour d’une discussion que nous avons eue au début des années 2000 à propos de la baisse de la lecture chez les jeunes, j’ai eu à évoquer le goût assez prononcé de ma fille pour la lecture. A compter de ce jour, il ne se passait pas un mois sans que Mangoné lui offrit un livre.
Mais qui est-il donc, ce Mangoné Niang ?
Ce Mangoné Niang était aussi en sa qualité de Directeur du CELHTO, un vrai protecteur des lettres, apportant soutien matériel, intellectuel et relationnel aux écrivains et aux chercheurs. Ainsi, Tierno Monenembo a rappelé dans l’hommage[xiv] qu’il lui a rendu en décembre 2012 le soutien important qu’il lui a apporté pour la rédaction de son roman Peuls[xv] pendant toute sa gestation qui a duré au moins une dizaine d’années. Il lui a ouvert son carnet d’adresses au Nigeria et l’a mis en contact avec des archéologues, des traditionnalistes et des chercheurs, notamment ceux des universités de Sokoto, Kaduna et Zaria. Boubacar Boris Diop, lui aussi, nous a appris dans son hommage à Mangoné, qu’il a bénéficié d’une bourse de trois mois du CELHTO pour terminer au Niger son roman Les traces de la meute[xvi]. Bien évidemment, des intellectuels et écrivains de toute l’Afrique, du nord au sud, d’est en ouest, ont bénéficié du même appui décisif de Mangoné et du CELHTO.
A mes yeux, sa grande œuvre et celle du CELHTO au cours des années où il a dirigé le Centre, a été le travail de redécouverte de la Charte de Kurukan Fuga. La Charte est un ensemble de principes, de droits et d’obligations établi lors de l’Assemblée constitutive de l’Empire du Mandé qui se tint en 1236 aux lendemains de l’historique bataille de Kirina, sur le plateau de Kurukan Fuga dans l’actuel Mali. Elle a été proclamée cinq siècles avant la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789. Dans l’avant-propos de l’ouvrage présentant la Charte, Mangoné la définissait ainsi : « L’acte de Kurukan Fuga, parce qu’il correspondait au sacre de Soundiata, était la célébration d’un code juridique, certes élargi et plus détaillé, qui devait à partir de ce moment-là prendre force de loi pour toutes les communautés du Mandé. Les énoncés constitutifs portent sur l’organisation sociale, la gestion des biens et celle de la nature. » Pour cette reconstitution, fort de sa science, de sa notoriété et de ses capacités d’organisation, Mangoné a su, grâce à son obstination et sa détermination, faire travailler ensemble des historiens traditionnistes – les djeli –, des historiens modernes, des théoriciens du texte, des juristes, des environnementalistes, des philosophes etc.
Mais qui est-il donc, ce Mangoné Niang ?
Ce Mangoné Niang était anthropologue et linguiste de formation. Il a surtout été pendant toute sa vie un éminent chercheur et un grand intellectuel africain. Ses deux alma maters sont des plus prestigieuses de France : l’Université Paris 1 – Sorbonne pour l’anthropologie, la littérature orale et les études africaines ; toujours à Paris, l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS) pour l’anthropologie et la linguistique.
Cette formation à bonne école l’a armé à jamais dans sa vie professionnelle et dans sa vie tout court. Mangoné ne parlait jamais de sa personne. Lorsque nous nous sommes connus, il était déjà Directeur du CELHTO. De ce que j’ai su – par d’autres sources que lui –, l’essentiel de son parcours professionnel s’est déroulé au CELHTO où il a occupé la fonction de Chef de l’Unité Linguistique de 1980 à 1998 et ensuite celle de Directeur de 1998 à 2008. Dans la seconde moitié des années 1970, avant de rejoindre le CELHTO, il a été Chercheur-Vacataire à la Délégation Générale de la Recherche Scientifique et Technique (DGRST) à Paris.
Par ailleurs et parallèlement à ses fonctions au CELHTO, il a rempli de nombreuses autres missions, notamment celles de membre du Conseil International Francophone des Langues (CIFLA) de l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie (AIF), de Coordonnateur de la Traduction en Hausa de l’Histoire Générale de l’Afrique avec M. Ibrahim Makoshi, Directeur de la Hausa Studies Center de Danfodiyo University of Sokoto, Nigeria, de Coordonnateur de la numérisation des traditions orales et des cultures africaines pour l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique Centrale et l’Océan Indien au CELHTO.
Pendant toutes ces années, il a participé et contribué à une multitude de réflexions, d’études, de symposiums et d’ouvrages dont l’Afrique, sa culture, ses langues et sa mémoire étaient les thèmes centraux. Mangoné – un prénom typiquement de chez nous – réfléchissait et écrivait sur tout, quelques lignes, quelques feuillets, plusieurs pages etc. Y passaient les thèmes les plus divers : les cultures et langues africaines, les questions de mémoire, l’État africain, les difficultés de la démocratie, l’intégration africaine, les conflits, leur prévention, les médiations traditionnelles et modernes, les hommages aux hommes et femmes de culture etc. Aussi, je formule ici le vœu de voir un jour sa famille et ses amis recenser, rassembler et publier ses très nombreux écrits, pour en faire le legs de Mangoné aux générations actuelles et futures.
J’écrivais au début de cet hommage que l’Afrique était pour Mangoné la passion de sa vie. Il l’aimait ardemment et la plaçait au-dessus de tout. Mais il ne perdait jamais sa lucidité. Rien de ses faiblesses et de ses échecs ne lui échappait. Quand il arrivait à l’Afrique de faillir, à l’excès ou modérément, il en souffrait toujours beaucoup. Combien de fois l’ai-je entendu dire « j’ai honte », parce qu’un pays africain a dérogé au rang qui devait être le sien.
Aimé Césaire se définissait comme le nègre fondamental. « Nègre je suis et Nègre je resterai. » clamait-il. Pour moi, Mangoné a été l’Africain fondamental, l’Africain de toute l’Afrique, de toutes les causes africaines. Africain il a été, africain il est resté toute sa vie. Il est de la race de ces géants d’Afrique sur les épaules desquels nombreux sont ceux qui se sont perchés et se perchent encore pour observer et comprendre notre continent et le monde. Les hommages sincères que Mandiaye Gaye[xvii] , Boubacar Boris Diop et Tierno Monenembo, – chacun avec ses mots et son cœur – , lui ont rendus à sa mort en constituent des témoignages éloquents. Le mien, dix ans après, se veut modestement être un rappel.
Mangoné, tu as laissé ta trace sur ta terre d’Afrique. Repose en Paix ! Puissent tes amis et ta famille perpétuer ton legs ! Puisse ce legs être partagé par les hommes et femmes d’Afrique et d’ailleurs !
Mamadou Sene est un parmi les amis de Mangoné Niang, ancien Directeur Général de banque
[xvi] Boubacar Boris Diop, Les traces de la meute, L’Harmattan, 2000.
[xvii] Mandiaye Gaye, Hommage à Mangoné Niang, le militant intransigeant de toutes les justes causes, Xalimasn, mercredi 12 décembre 2012.
CES FEMMES QUI FONT BOUGER LES LIGNES
MAIMOUNA SIBY, UNE RAFALE VENUE DU NORD
EXCLUSIF SENEPLUS - Elle a l’étoffe d’une cheffe et n’entend pas se faire dicter son agenda et certainement pas par des hommes. L’invisibilisation des femmes et de leurs apports historiques, économiques ou sociaux la fait bondir de colère
Khaira Thiam, Fatima Diallo et Fatou Sow |
Publication 07/12/2022
Comme chaque année, la campagne des 16 jours d’activisme bat son plein contre les violences faites aux femmes. Toutefois, il est des violences faites à certaines femmes qui passent (presque) inaperçues. Ce sont les violences des institutions nationales et internationales contre les féministes sénégalaises. L’entrisme dans les institutions qui refusent le progressisme, le copinage, les réflexions absurdes, les considérations et compliments non sollicités, les tentatives de corruption financières ou sexuelles, sans doute pour en délégitimer certaines, le flicage, la pratique du blacklistage, du male gaze qui veut que des anti-féministes demandent à des hommes de pouvoir de valider des féministe sénégalaise ou non ; voire de favoriser des personnes que les féministes ne reconnaissent pas comme tel pour des faits graves d’attaques contre des femmes réclamant leur liberté, des victimes de viol ou encore contre des féministes. Les féministes sénégalaises ne valident pas ce qu’il est commun d’appeler, chez nous, des « pick me women ». Celles qui tirent du regard masculin une valorisation de leur existence.
En cette fin des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, qui nous mènent à la journée des droits humains, le 10 décembre, il nous paraissait nécessaire de faire front commun contre ces pratiques patriarcales. Cela d’autant que le thème retenu cette année par ONU femmes est « Tous unis ! L’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles ». Notre unité féministe se restitue donc dans cette action collective de diffusion d’une partie de notre Hall of fame féministe. L’une des premières leçons à retenir du féminisme est que dans la culture féministe, la seule et unique reconnaissance qui nous importe est celle de nos consœurs toutes obédiences confondues. Nous n’avons besoin ni de la reconnaissance patriarcale, individuelle et masculine, ni de celle plus structurée des institutions. Ainsi, voici une série de portraits, dont le projet est validé par une féministe, Pr Fatou Sow, écrits par une féministe, Khaïra Thiam, corrigés par une autre féministe, Fatima Diallo, et autorisés par toutes celles qui y figurent. Elles ont la reconnaissance et la gratitude de chacune d’entre nous et elles œuvrent au quotidien pour la libération de chacune d’entre nous des fers du patriarcat sénégalais. Et cela bien malgré nos divergences d’opinions, de positionnement, de stratégies ou de modes de lutte.
Ainsi donc pour paraphraser un slogan féministe des années 70 : « Ne nous croquez pas, on s’en charge ! »
Maimouna Siby, une rafale venue du nord
Il se dégage de Maimouna Siby une volonté de connaitre, comprendre et apprendre le féminisme : ses courants, ses histoires grandes ou petites, ses thématiques, ses systèmes de pensée, ses leaders aussi…
Ainsi n’a-t-elle lésiné sur aucun effort pour emmagasiner le plus d’informations possibles et les traiter au fil de l’eau. Son volontarisme toujours souriant est impressionnant pour qui discute avec elle cinq minutes. Sa curiosité et son questionnement incessant vous met un coup de pression pour reprendre vos tablettes et être sûre de ce que vous affirmez. Mais elle a de qui tenir car ses modèles féministes sont loin du féminisme de convenance teinté de « patriarcat bienveillant ». Elle, ce sont les scientifiques et les radicales qui l’intéressent. Son arrière-grand-mère, Maguette Maty Niang Ndoye, Pr Fatou Sow, Aminata Libain Mbengue, Khaïra Thiam et bien d’autres lui donnent le courage de prendre, elle aussi, la parole et de dénoncer la condition des femmes sénégalaises. Grande décomplexée, elle a l’étoffe d’une cheffe et n’entend pas se faire dicter son agenda et certainement pas par des hommes. C’est elle qui décide ! N'en déplaise à ces messieurs !
Mère de deux enfants, qu’elle a toujours élevé sur des bases égalitaires, il lui est impensable que sa fille ait moins de droits que son fils ou qu’elle soit traitée différemment par la société en raison de son sexe ou de son genre. L’invisibilisation des femmes et de leurs apports historiques, économiques ou sociaux la fait bondir de colère car dit-elle « nous sommes tous 100% des humains à être nés d’une femme (…) tous sans exception ! ».
Ainsi, celle qui prétend, par coquetterie sans doute, être « la bleue du mouvement », est très claire sur ce qui motive son engagement : l’égalité en droit et en traitement. La force physique n’octroyant pas plus de droits aux uns plus qu’aux autres. Il lui est donc inacceptable que le droit de la famille au Sénégal soit encore si inique avec les femmes, en 2022, et que celles-ci en soient encore à se battre pour l’acquisition de certains droits ou pour la levée des discriminations scandaleuses que ledit code recèle. Dans un autre domaine, notre révolutionnaire, propose que toutes les femmes s’arrêtent de travailler en même temps le 25 de chaque mois pour bien faire réaliser au reste de l’humanité l’importance qu’elles ont dans l’économie et l’inanité des discriminations salariales. Le monde cesserait de tourner ou il serait bien obligé de faire droit à leur demande. Mais pour se faire, l’union et à la constance de l’engagement de toutes les femmes doit se réaliser contre le patriarcat. C’est pourquoi là encore, elle montre l’exemple en utilisant tous les ressorts qu’offrent divers modes de lutte qu’elle combine. Parce que la société sénégalaise met toutes les femmes en danger et bafoue leur dignité humaine, sans que ces dernières n’aient besoin de rien faire, Maimouna Siby est sûre de son bon droit et qu’elle n’a rien à perdre à se battre pour sa liberté.
Maimouna-sans-peur, espère tout de même que cette égalité se réalisera et que les hommes arrêteront de croire qu’ils trônent sur la destinée des femmes. « Nos corps nous appartiennent, nos têtes nous appartiennent, nos vies nous appartiennent ! Ça n’est à personne de nous dire ce qu’on a ou pas à faire, ni qui être ou ne pas être. Une féministe se doit d’abord d’être libre, d’être elle-même et authentique et d’agir en accord avec ses valeurs pour l’amélioration de l’humanité ! »
CES FEMMES QUI FONT BOUGER LES LIGNES
AMINA SECK, UNE PLUME REBELLE
EXCLUSIF SENEPLUS - Ce cœur d’or espère encore une société égalitaire dans laquelle les femmes seraient libres et respectées en droit. Dès lors qu’il s’agit des femmes, pour elle, toutes les luttes se valent
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En cette fin des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, qui nous mènent à la journée des droits humains, le 10 décembre, il nous paraissait nécessaire de faire front commun contre ces pratiques patriarcales. Cela d’autant que le thème retenu cette année par ONU femmes est « Tous unis ! L’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles ». Notre unité féministe se restitue donc dans cette action collective de diffusion d’une partie de notre Hall of fame féministe. L’une des premières leçons à retenir du féminisme est que dans la culture féministe, la seule et unique reconnaissance qui nous importe est celle de nos consœurs toutes obédiences confondues. Nous n’avons besoin ni de la reconnaissance patriarcale, individuelle et masculine, ni de celle plus structurée des institutions. Ainsi, voici une série de portraits, dont le projet est validé par une féministe, Pr Fatou Sow, écrits par une féministe, Khaïra Thiam, corrigés par une autre féministe, Fatima Diallo, et autorisés par toutes celles qui y figurent. Elles ont la reconnaissance et la gratitude de chacune d’entre nous et elles œuvrent au quotidien pour la libération de chacune d’entre nous des fers du patriarcat sénégalais. Et cela bien malgré nos divergences d’opinions, de positionnement, de stratégies ou de modes de lutte.
Ainsi donc pour paraphraser un slogan féministe des années 70 : « Ne nous croquez pas, on s’en charge ! »
Amina Seck, une plume rebelle
Féministe, la belle Amina Seck l’est sans doute depuis l’enfance. En grande observatrice de la société sénégalaise, elle notait déjà que le grand respect que recevaient les hommes n’avait pas sa réciproque pour les femmes. Trop marquée par le traitement inégal entre les filles et les garçons, à commencer par sa propre famille, elle s’est très tôt rebellée contre cet état de fait.
Quoique plus jeune elle n’avait pas les mots pour nommer positivement cet humanisme, très vite l’écrivaine s’est saisie du vocable « féministe » pour désigner sa lutte pour l’éradication de toutes formes de violence que subissent les femmes, les jeunes filles et les petites filles. Une lutte donc, pour le respect des droits et une reconnaissance sociale des femmes et des filles, qui se retrouve aujourd’hui sous sa plume de romancière. Par ailleurs, sans modèle féministe particulier, elle a appris à connaitre les pionnières du féministes sénégalais, membre de Yewu Yewi, qu’elle regarde avec beaucoup de respect pour le courage qu’elles ont eu de faire entendre les voix des femmes sénégalaises.
Aujourd’hui, Amina Seck oriente toutes ses activités dans le sens de cette lutte notamment sur le plan de la promotion des droits des femmes dans et par les arts et la culture. Elle ne fait pas qu’écrire et faire écrire les autres femmes, elle promeut la création artistique féminine. En effet, elle a déjà fondé une agence pour la promotion des arts et des cultures au féminin. Celle-ci lui a permis de mettre sur pied le premier salon du livre féminin du Sénégal. Elle n’entend pas en rester là car la prochaine édition s’en vient ainsi que des participations à des colloques, des formations et bientôt un centre dédié.
Ce cœur d’or espère encore une société égalitaire dans laquelle les femmes seraient libres et respectées en droit. Elle pense que la lutte féministe y mènera et permettra de développer une plus grande sororité entre mouvements féministes et mouvements féminins. Dès lors qu’il s’agit des femmes, pour elle, toutes les luttes se valent.
CES FEMMES QUI FONT BOUGER LES LIGNES
MAIMOUNA YADE, UNE FÉMINISTE PIQUANTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Elle réfute la relégation des femmes ou la confiscation de leurs droits au motif d’une inégalité physionomique. Argument pourtant souvent entendu au Sénégal des hommes qui se croient autorisés à parler des femmes ou de leurs droits
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Ainsi donc pour paraphraser un slogan féministe des années 70 : « Ne nous croquez pas, on s’en charge ! »
Maimouna Yade, une féministe piquante
Dans le milieu, on l’appelle Maya et comme son homonyme, l’abeille : qui s’y frotte s’y pique. Maya aime la confrontation et le débat d’idées et sans contredit, sa voix porte.
Pourtant dans ses débuts, malgré une inclination naturelle à défendre les droits des femmes et des filles, elle ne se réclamait pas féministe. C’était un mot pour elle dénué de sens, que certains devant ses propos lui collaient comme étiquette. Au fil du temps, de ses recherches et de ses accointances féministes, le mot « féministe », elle le porte, aujourd’hui, comme une seconde peau. Dans ses pérégrinations féministes à travers le monde, Maimouna Astou Yade a pu faire groupe avec d’autres et découvrir des féministes d’horizons divers. Dès lors elle a su se forger sa propre tendance dans ce courant idéologique et s’allier à d’autres autour d’un objet commun.
Féministe au faîte de son engagement, elle reste impressionnée par les pionnières et leur travail. Elle se nourrit de leur courage qui a porté haut le combat du féminisme sénégalais. Parmi elles, Marie Angélique Savané et Fatou Sow, dont elle lit les écrits, lui donnent matière à penser dans ses propres batailles pour l’égalité et l’équilibre social. Elle réfute la relégation des femmes ou la confiscation de leurs droits au motif d’une inégalité physionomique. Argument pourtant souvent entendu au Sénégal de la bouches d’hommes qui se croient autorisés à parler des femmes ou de leurs droits.
En reine des abeilles, elle s’active dans l’organisation féministe qu’elle dirige. En effet, c’est à travers diverses actions et programmes auprès de bénéficiaires qu’elle essaime sa philosophie et ses valeurs féministes. Mais là où elle est le plus efficace c’est avec son projet « les pupilles féministes » qui lui permet de préparer la relève. Elle vise par là à prévenir un éventuel essoufflement du mouvement comme on a pu le connaitre à d’autres moments de l’histoire du féminisme sénégalais.
C’est avec tout cet investissement personnel et professionnel que Maimouna Astou Yade espère rendre le mouvement féministe encore plus puissant et durable. Elle appelle de ses vœux les filles et les femmes féministes à acquérir des compétences intellectuelles et pratiques nécessaires au transfert de nos savoirs et savoir-faire aux plus jeunes.
CES FEMMES QUI FONT BOUGER LES LIGNES
FATOU SOW, LUX MEA LEX
EXCLUSIF SENEPLUS - Première femme sociologue sénégalaise, militante féministe convaincue, elle a fait ses armes dans un contexte socio-historique fermé à la pensée africaine de l’égalité des sexes
Khaira Thiam et Fatima Diallo |
Publication 07/12/2022
Comme chaque année, la campagne des 16 jours d’activisme bat son plein contre les violences faites aux femmes. Toutefois, il est des violences faites à certaines femmes qui passent (presque) inaperçues. Ce sont les violences des institutions nationales et internationales contre les féministes sénégalaises. L’entrisme dans les institutions qui refusent le progressisme, le copinage, les réflexions absurdes, les considérations et compliments non sollicités, les tentatives de corruption financières ou sexuelles, sans doute pour en délégitimer certaines, le flicage, la pratique du blacklistage, du male gaze qui veut que des anti-féministes demandent à des hommes de pouvoir de valider des féministe sénégalaise ou non ; voire de favoriser des personnes que les féministes ne reconnaissent pas comme tel pour des faits graves d’attaques contre des femmes réclamant leur liberté, des victimes de viol ou encore contre des féministes. Les féministes sénégalaises ne valident pas ce qu’il est commun d’appeler, chez nous, des « pick me women ». Celles qui tirent du regard masculin une valorisation de leur existence.
En cette fin des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes, qui nous mènent à la journée des droits humains, le 10 décembre, il nous paraissait nécessaire de faire front commun contre ces pratiques patriarcales. Cela d’autant que le thème retenu cette année par ONU femmes est « Tous unis ! L’activisme pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et des filles ». Notre unité féministe se restitue donc dans cette action collective de diffusion d’une partie de notre Hall of fame féministe. L’une des premières leçons à retenir du féminisme est que dans la culture féministe, la seule et unique reconnaissance qui nous importe est celle de nos consœurs toutes obédiences confondues. Nous n’avons besoin ni de la reconnaissance patriarcale, individuelle et masculine, ni de celle plus structurée des institutions. Ainsi, voici une série de portraits, dont le projet est validé par une féministe, Professeur Fatou Sow, écrits par une féministe, Khaïra Thiam, corrigés par une autre féministe, Fatima Diallo, et autorisés par toutes celles qui y figurent. Elles ont la reconnaissance et la gratitude de chacune d’entre nous et elles œuvrent au quotidien pour la libération de chacune d’entre nous des fers du patriarcat sénégalais. Et cela bien malgré nos divergences d’opinions, de positionnement, de stratégies ou de modes de lutte.
Ainsi donc pour paraphraser un slogan féministe des années 70 : « Ne nous croquez pas, on s’en charge ! »
Fatou Sow, lux mea lex
À 83 ans, Fatou Sow est notre fringante universitaire féministe. Première femme sociologue sénégalaise, elle est aussi notre première ressource intellectuelle. Garante de l’histoire du féminisme sénégalais et africain, elle nous enseigne, à tout moment du jour ou de la nuit, avec une générosité non feinte, tout ce que ses années de recherches universitaires intenses lui ont permis de découvrir et de théoriser. Fatou Sow est toujours active dans la production de savoirs féministes et dans leur diffusion. Son agenda est extraordinairement plein, tant elle a à cœur de poursuivre ses activités sur le plan national et international.
Fatou Sow à l’exigence des têtes bien faites et nous pousse toutes à monter en puissance intellectuellement, à déconstruire sans relâche les moindres détails de notre pensée prise dans les rets du système patriarcal. Son intransigeance à notre égard nous amène à nous dépasser et à nous confronter parfois à d’autres féministes à travers le monde, dans les espaces dans lesquels elle nous envoie. Son point de vue, ou son éclairage sur des questions qui nous traversent nous est hautement précieux quand bien même nous pouvons lui discuter certaines de ses positions affirmées sur nombre de sujets.
Son engagement féministe, elle le dit elle-même, lui est venu, par petites touches, au cours de ses travaux universitaires, de ses contacts avec les femmes dans leurs situations de terrain et surtout de ses échanges avec ses collègues universitaires internationaux. Son long compagnonnage avec les réseaux de femmes du Sud Global a enrichi ses expériences. Militante féministe convaincue, elle a fait ses armes dans un contexte socio-historique fermé à la pensée africaine de l’égalité des sexes. Sans désemparer, Fatou Sow a, sa vie durant, défriché les espaces de pensée et progressivement imposé diverses poches de respiration pour qu’advienne des recherches et des productions scientifiques sur les problématiques des femmes, pensées par et pour les femmes. Défiant le monde académique africain viscéralement patriarcal et tout à fait hostile à l’idée, elle y a instillé une pensée critique féministe qui a fait beaucoup d’émules et qui continue à en faire, pour notre plus grand bonheur.
Discuter avec elle est un bonheur renouvelé à chaque fois car elle à l’art et la manière de contenir et materner, sans en avoir l’air, les plus terribles d’entre nous, parce qu’elle les traite en égales. C’est là toute la quintessence de la culture féministe : l’absence de verticalité et de hiérarchie que créent les systèmes de dominations auxquels le patriarcat nous a habitués.
L'AMBITION XXL
C’est officiel. Le Sénégal veut organiser la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2027. La précision est faite par le ministre des Sports, Yankhoba Diatara, face aux députés pour le vote de son Budget, ce mercredi 7 décembre.
C’est officiel. Le Sénégal veut organiser la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2027. La précision est faite par le ministre des Sports, Yankhoba Diatara, face aux députés pour le vote de son Budget, ce mercredi 7 décembre.
« Beaucoup s’attendaient à ce que nous déposions notre candidature suite au retrait de la Guinée en 2025. Mais, la Can est passée de 16 à 24 équipes. Pour l’organiser, il faut au moins huit stades qui soient aux normes. Aline Sitoe Diatta fait partie des stades désignés pour abriter une poule. Mais, il faut une réfection pour qu’il soit aux normes », a expliqué la tutelle.
Le responsable de Rewmi d’Idrissa Seck d’ajouter : « le Président (Macky Sall) a donné des instructions pour dérouler un programme d’urgence visant à doter les 26 départements dépourvus de stade d’ici octobre 2023, (à raison de) 500 millions F CFA, par stade, qui devrait contenir une tribune de 1000 à 2000 places, avoir du gazon synthétique, de l’éclairage et une clôture. »
Poursuivant, il a confié que le Premier ministre (Amadou BA) lui a demandé de se rapprocher de l’Agence française de développement (Afd), qui a remis un financement de 29 milliards F CFA à l’État du Sénégal, pour la première phase (réalisation des infrastructures) pour l’organisation des Jeux olympiques de la jeunesse (Joj) Dakar 2026.
Le dossier technique est en cours d’élaboration pour permettre au ministère de l’Économie de déposer la requête, a assuré Yankhoba Diatara.
Lors des débats, des députés ont tenu à encourager les Lions du Sénégal, après leur élimination, 0-3, en huitièmes de finale du Mondial 2022, par l’Angleterre. « Les échecs préparent les succès futurs », a prédit Me Oumar Youm, président du groupe parlementaire BBY.
L’opposant Serigne Abo Mbacké Thiam retient le sacre historique à la dernière Can pour renouveler ses félicitations à Aliou Cissé et ses poulains.
« Ce n’est pas un déshonneur que de perdre les armes à la main », a souligné son collègue de l’opposition, Abass Fall. Mais, ce dernier a interpellé le ministre sur l’évaluation des campagnes précédentes du Sénégal. « Est-ce que vous êtes prêt à faire cette évaluation-là parce que depuis Caire 1986, il y a eu énormément de campagnes mais il n’y a eu aucune évaluation ? », a-t-il posé.
par Babacar Gueye MBAYE
LES DÉPITÉS MASSATA SAMB ET MAMADOU NIANG, VOUS AURIEZ DU AVOIR HONTE
Messieurs les dépités, avant de penser à s’attaquer à l’honorable Amy NDIAYE pour désacraliser la femme, qui incarne des valeurs intrinsèquement africaines et notamment sénégalaises, vous auriez dû penser aux fonctions des députés...
Messieurs les dépités, avant de penser à s’attaquer à l’honorable Amy NDIAYE pour désacraliser la femme, qui incarne des valeurs intrinsèquement africaines et notamment sénégalaises, vous auriez dû penser aux fonctions des députés, qui doivent refléter les valeurs du peuple qu’ils représentent. Ce peuple qui fait de la femme un être sacré vu sa place dans la société.
Vous auriez dû avoir honte de s’attaquer si lâchement à une maman, en pensant uniquement à la sacralité d’une mère de famille qui est le symbole de l’amour et du sacrifice.
Vous auriez dû avoir honte de donner un coup de pied ou une gifle aussi horriblement à une épouse, qui est le symbole de la bravoure et de la solidarité par respect aux siennes.
Mais vous auriez dû avoir plus honte d’avoir terni l’image de l’homme sénégalais, en bafouant un principe immuable de la société sénégalaise.
En commettant ces atrocités
Avez-vous pris la peine de mettre vos mamans ou vos épouses à la place de l’honorable Amy NDIAYE ?
Avez-vous pris la peine d’imaginer la réaction qu’ aurait vos enfants si c’était leur mère qui était agressée de la sorte ?
Sûrement vos désirs machiavéliques, vous ont poussé à faire fi des règles de base de l’hémicycle qui, par essence, est le symbole de la démocratie pour assouvir votre haine vis à vis de cette dame qui, rappelons-le, n’a pas cité de nom, ni insulté, mais uniquement rappelé des faits avec virulence.
Cependant, Messieurs les dépités vous allez avoir plus honte car les Sénégalais vont se désolidariser avec de telles absurdités à l’endroit de la femme.
Vous allez perdre l’estime qui vous restait auprès des Sénégalais.
Vous allez comprendre que les fondements de la nation sont indéniables et qu’un combat politique ne peut avoir un échos favorable que s’il est basé sur le respect et la considération qui sont notamment les ciments de la nation sénégalaise.
Messieurs les dépités, je pense qu’il est temps pour vous de présenter des excuses publiques pour montrer un peu de grandeur, ne serait-ce que pour votre famille, qui mérite un meilleur comportement de votre part.
Par ailleurs, que justice soit rendue car, de tels actes ne peuvent rester impunis.
En effet, selon l’alinéa 3 de l’article 51 du règlement intérieur de l’assemblée « le député pris en flagrant délit ou en fuite, après la commission de faits délictueux, peut-être arrêté, poursuivi et emprisonné sans l’autorisation du bureau de l’assemblée nationale ».
À Amy NDIAYE , une soeur, une maman pour d’autres et une fille pour certains, cette dame forte qui a su montrer engagement et abnégation pour être aujourd’hui député, par des sacrifices énormes dans le combat politique, je lui réitère tout mon estime et tout mon amour fraternelle.
Je l’encourage à poursuivre sa démarche très courageuse notamment de répondre aux attaques politiques formulées en l’encontre de son Excellence Macky SALL, par des réponses factuelles.
Le vol spécial Air Sénégal, transportant les Lions du Sénégal, en provenance du Qatar, a atterri ce mardi soir à l’Aéroport de Yoff. Interrogé par les journalistes, le président de la Fédération sénégalaise de football a exprimé le regret pour se retour
Le vol spécial Air Sénégal, transportant les Lions du Sénégal, en provenance du Qatar, a atterri ce mardi soir à l’Aéroport de Yoff. Interrogé par les journalistes, le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Me Augustin Senghor, n’a pas manqué d’exprimer ses regrets concernant le parcours du Sénégal, éliminé dimanche, en huitièmes de finale, 3-0, par l’Angleterre.
« Malheureux de rentrer si tôt, a-t-il dit. L’envie et la volonté de l’ensemble de la délégation étaient de rester un peu plus longtemps au Qatar. Malheureusement, cela n’a pas été le cas parce que lors de notre dernier match en huitièmes, la marche anglaise était un peu haute. Nous sommes désolés pour les Sénégalais. Nous aurions aimé offrir d’autres moments de joie et de partage en 2022 mais je pense que ce n’est que partie remise. »
Il retient que « nous avons en dépit des contraintes et difficultés en début de compétition, fait une bonne Coupe du monde », en faisant partie des deux équipes africaines, avec le Maroc, à sortir de la phase de poules. Selon lui, cela constitue une « progression » par rapport au Mondial 2018, où le Sénégal a été éliminé, pour cumul de cartons, dès le premier tour.
« Mais, nous sommes tellement exigeants maintenant par rapport à nous-mêmes que nous pensons que nous aurions pu faire plus », a-t-il souligné, indiquant qu’ils « vont tirer les leçons » pour que « dès demain on se remette sur les chantiers » de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (CAN) prévue en Côte d’Ivoire à partir de janvier 2024. L’objectif est de conserver le trophée acquis le 6 février dernier au Cameroun, a-t-il fixé. Il s’agira aussi de « travailler à renforcer cette équipe » pour « titiller les meilleurs » et atteindre le top 8 ou le top 4 du niveau mondial ».
Après le Cameroun, en 1990, le Sénégal en 2002 et le Ghana en 2010, le Maroc, qui a éliminé l’Espagne en huitièmes de finale ce mardi 6 décembre, est le quatrième pays africain à jouer les quarts de finale. Ce sera samedi prochain contre le Portugal.
EDEN HAZARD PREND SA RETRAITE
L’international Belge de football, Eden Hazard, a annoncé mercredi 7 décembre sur le réseau social Instagram qu’il mettait fin à sa carrière internationale.
L’international Belge de football, Eden Hazard, a annoncé mercredi 7 décembre sur le réseau social Instagram qu’il mettait fin à sa carrière internationale. Conséquence, pourrait-on dire, de l’élimination des Diables Rouges dès la phase de groupes du Mondial-2022 au Qatar.
« Une page se tourne aujourd’hui... Merci pour votre amour. Merci pour votre soutien inégalable. Merci pour tout ce bonheur partagé depuis 2008. J’ai décidé de mettre un terme à ma carrière internationale. La relève est prête. Vous me manquerez », a écrit l’attaquant du Real Madrid, âgé aujourd’hui de 31 ans.
Par Amadou Lamine SALL
UN HERITAGE PRECIEUX A VITE SAUVER DE LA TOMBE !
Les tristes 50 ans des Nouvelles éditions africaines du Sénégal : Que d’émotion en évoquant et en écrivant sur les Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal !
Que d’émotion en évoquant et en écrivant sur les Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal !
On connait son baptême du feu : nous sommes en 1972 quand un chef d’État bien particulier décida de créer avec des pays amis, la Côte-d’Ivoire et le Togo, une maison d’édition. Je me rappellerai toujours ce que Senghor m’avait confié en me recevant tout jeune, alors que je venais de publier ma première œuvre poétique qui me fit connaitre à l’époque et aujourd’hui encore : MANTE DES AURORES ! Des années 70 à 2022, cinquante-deux ans se sont écoulés. Le temps de vivre er de mourir. Beaucoup nous ont quittés. Les meilleurs. Irremplaçables dans mon cœur. Sédar me dit ceci : « si j’ai tenu à fonder cette maison d’édition, c’est qu’il s’agit de faire naitre une nouvelle génération de poètes et d’écrivains qui nous succéderont. Je vais nommer un Premier ministre pour assurer au Sénégal une relève politique sereine. Mais le plus important pour moi, est de voir surgir une nouvelle génération de poètes et d’écrivains. C’est cela qui est durable. C’est cela qui reste. Je reçois régulièrement toutes les parutions des NEA et je les regarde de très prés. Votre recueil est prometteur et vous êtes jeune. Aujourd’hui, seul le poète congolais Tchicaya Utamsi tient la rampe haute en Afrique. Je veux de grands poètes au Sénégal. Travaillez encore et encore. Je vous suis désormais et je vous encourage ».
C’est, sans tarder, le lieu d’évoquer la mémoire d’hommes exceptionnels qui, dans les années 70-80, ont donné aux N.E.A de l’époque, toute sa splendeur : le charismatique Directeur Général Mamadou Seck, qui nous gâtait avec de l’argent de poche solide et des encouragements à élever notre niveau d’écriture.
Roger Dorsinville, directeur littéraire d’une culture « pharaonique », rigoureux, intraitable, si généreux et si affectueux. C’est dans son bureau, un jour, qu’il me présenta une grande dame du nom de Mariama Ba. « Tu entendras longtemps parler d’elle », me ditil. Il me parla du manuscrit « Une si longue lettre ». Mariama était devenue une grande amie. Roger Dorsinville m’aura véritablement montré le solide chemin du travail d’écrivain.
Pour l’histoire, je lui avais soumis cinq recueils de poésie à la fois. Après les avoir lus, il me fit appeler et me dit ceci : « Vous n’êtes pas fait pour la poésie. Elle est exigeante. Je sais que vous l’aimez beaucoup, mais essayez-vous à la nouvelle ou au roman. Vous aurez plus de chance d’être édité un jour. Votre poésie n’a rien d’original. L’on constate que vous avez beaucoup, beaucoup lu, mais cela vous a desservi car vous n’arrivez pas â être vous-même. C’est mauvais, ce n’est pas bon. Laissez tomber la poésie. Écrivez autre chose. » Ces mots seront partagés par Lyliane Kesteloot qui était mon professeur à la faculté des lettres de Dakar. Plus tard, elle écrira qu’elle s’était trompée. Peut-être pas. Dans 50 ans, le vrai verdict tombera, même si le dictionnaire m’a fait une place dans la poésie.
Des années passèrent jusqu’au jour où je remis au directeur littéraire des NEA, tremblotant et anxieux, le manuscrit de MANTE DES AURORES. On connait la suite heureuse… et la rencontre avec Senghor.
Et puis comment ne pas nommer Madieyna Ndiaye, le grand frère affectueux et redoutable critique qui travaillait aux côtés de Roger Dorsinville. Avec ces deux, on prenait tout son temps avant d’aller leur remettre un manuscrit. On savait ce qui vous attendait.
L’écriture n’est pas un jeu. Le compte d’auteur a affaibli la production littéraire sénégalaise ainsi que la pléthore de maisons d’édition pareilles aux partis politiques sénégalais. L’accès facile et par chèque à l’édition, a tout bouleversé. Les mauvais écrivains ont chassé les bons. Vogue la galère !
C’est toute la chaine de l’édition sénégalaise qui doit être revue, réformée, en partant de l’octroi de subventions par la Direction du Livre et de la Lecture du ministère en charge de la Culture. Cette Direction a beaucoup fait. Il s’agit maintenant de faire mieux en refondant le Fonds d’Aide à l’Édition en le rendant plus efficace, moins éparpillé, plus ciblé, mieux orienté et plus généreux dans sa dotation aux meilleures maisons d’édition de la place.
Le catalogue doit faire partie des outils de mesure et des critères d’attribution. Je vais conclure en allant à l’essentiel : il y a longtemps maintenant que le sauvetage des Nouvelles Éditions Africaines du Sénégal, dure et dure encore. Nombre de ministres de la Culture sont passés sans pouvoir trouver une solution à l’impasse douloureuse. Les NEAS agonisent.
L’État s’est engagé à sauver cette structure qui est un patrimoine solide, mais l’État tarde et il tarde trop. Il est temps de passer à l’action concrète et non aux promesses et caresses infinies et sans lendemain. Cela bloque depuis nombre d’années. Ce dossier doit désormais être pris en charge en priorité absolue par le ministère des Finances en collaboration avec le ministre de la Culture Aliou Sow fort pratique, dès lors que Monsieur le président de la République qui ne peut pas tout faire par lui-même, avait donné les directives nécessaires pour sauver les NEAS. Mais toujours rien, comme si les directives du chef de l’État faisaient plutôt sourire ! D’ailleurs on s’y habitue, alors que le Président a fait son job ! Le temps passe et les NEAS ont depuis longtemps les deux pieds dans la fosse. Reste le travail de la pelle ! On s’apitoie, on compatit, et puis on va dormir tranquille.
Les NEAS comme Présence Africaine sur la place de Paris, sont un patrimoine inestimable. Présence Africaine a eu plus de chance et a été souvent plus considérée et plus entendue que les NEAS. Les Grands Blancs, redoutables et féroces éditeurs du nord, étaient venus l’éventrer et choisir les meilleurs morceaux. Elles ont résisté. Vite, rendons-leur leurs faste d’antan en rendant hommage à Senghor son fondateur et en honorant ce qu’il nous a laissé comme héritage pour l’esprit. Pour ma part, au nom des miens, c’est-à-dire au nom de tous les auteurs sénégalais publiés dès leur début par les NEAS dans les années 70-80, je salue cette maison d’édition qui mérite notre respect et notre attention. Beaucoup d’entre nous ont disparu.
Il est difficile de les citer tous, le temps ayant fait son effet sur la mémoire : Ibrahima Sall, Mariama Ba, Abdou Anta Ka, Fatou Ndiaye Sow, Mamadou Traoré Diop, Kiné Kirama Fall, Aminata Maïga Ka, Mbaye Gana Kébé, Mame Seck Mbacké, Ndèye Coumba Mbengue Diakhaté… Si nous voulons être sauvés, sauvons l’esprit, sauvons le livre ! Mais lire est une culture, une soif, un désir presque sexuel -excusez la filiation-. La quête effrénée de l’argent à tout prix et le poids écrasant et gagnant de l’inculture, ont tout détruit et installé le désenchantement et la ménopause. Mais le livre vivra ! Les NEAS méritent au plus vite un conseil présidentiel si les médecins à son chevet ont perdu jusqu’à leur dernière seringue !Il est temps de faire preuve d’autorité et d’efficacité !
Amadou Lamine SALL
Poète Lauréat des Grands Prix de l’Académie française