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26 août 2025
par Charles Faye
IDRISSA SECK DIT NON AU TROISIÈME MANDAT
Le leader de Rewmi a osé hier jeudi, dans son fief des grandes messes électorales, pour dire avec la rhétorique et l’éloquence qu’on lui connait à Macky Sall qu’il y a un temps pour gouverner, un autre pour partir
Il fallait oser, Idrissa Seck a osé hier jeudi, dans son fief des grandes messes électorales, pour dire avec la rhétorique et l’éloquence qu’on lui connait à l’illustre hôte du jour, en l’occurrence le Président Macky Sall qu’il y a un temps pour gouverner, un autre pour partir.
Sa prière sibylline, mais à la profondeur sans équivoque n’était peut-être pas celle qu’attendait le président Macky Sall venu à Thiès, dans le cadre d’une tournée économique ponctuée par un Conseil des ministres décentralisé. Mais le discours de Thiès détonne comme un acte fondateur de la rupture. Qui l’eut crut, à moins qu’ils en eussent discuté avant.
Mais il faut remonter à 2010, le 4 novembre précisément, où depuis la capitale française, le membre encore du Comité directeur du Parti démocratique sénégalais (PDS) qu’il était, envoyait à son « Frère Secrétaire général », en l’occurrence Me Abdoulaye Wade, une lettre dans laquelle Idrissa Seck lui disait que la messe était dite.
« (…) votre candidature pour un troisième mandat est inconstitutionnelle donc irrecevable. Le terme de votre mandat en cours est 2012 et ne peut être prorogé. »
Idrissa Seck a remis ça. Sans trembler, se permettant dans sa prière, lourde de sens de finir par la même chute de la lettre qu’il avait adressée à Me Wade : « « une mention honorable sur les langues de la postérité ».
Ce qui suit parle : « Il me Reste à présent pour conclure M. le président de la République, d’adresser une prière à votre endroit. Qu’il plaise au Seigneur des mondes de continuer à raffermir vos pas, à dilater votre poitrine, pour que vous acceptiez toutes critiques. Celles qui sont contributives, comme celles qui sont abusivement injustifiées.
C’est une des exigences du leadership et vous en êtes un remarquable. Qu’il continue d’apaiser votre cœur, de fortifier votre esprit, pour que les choix futurs que vous aurez à faire puissent vous valoir un parachèvement de votre parcours déjà exceptionnel d’une telle beauté qu’il n’y aura pas d’autres choix que de vous garantir après une longue et heureuse vie auprès des vôtres une mention honorable sur les langues de la postérité. »
Idrissa Seck aurait-il voulu faire comprendre publiquement au Président Macky Sall qu’il ne dépendait que de lui d’entrer dans l’histoire en sortant la tête haute de l’avenue Roume en 2024 ou de se voir prendre la direction de l’oubli après une tentative ratée de 3e mandat qu’il n’aurait pas fait autrement que d’attendre d’être dans sa ville, après avoir organisé un bain de foule monstre, pour sortir l’artillerie lourde et devenir « la nouvelle tête de turc de la majorité », comme le dit si bien le Dr Cheikh Diallo.
Impossible de croire que celui qui soutenait, il y a un peu plus de 20 ans, qu’il est né pour être président attendrait encore 5 longues années. A moins qu’il ne veuille d’une épitaphe définitive, après le coma de 2007. Qui dit qu’Idrissa Seck veut mourir en étant vivant sous l’ère Macky Sall 3.
La rupture est donc consommée même si elle s’impose plus dans la forme que dans le fond. Après tout, le projet libéral est de faire maintenir au pouvoir les “enfants” de “père Wade”quelle que soit la situation. Pourvu seulement qu’elle sacre leur champion.
Les jours prochains nous édifieront, mais tout semble indiquer les dés sont jetés. Ite missa est !
Ci-dessous la lettre d’Idrissa Seck adressée à Me Wade le 4 novembre 2010
Idrissa Seck – Membre du Comité Directeur
Parti Démocratique Sénégalais
Dakar, Sénégal
Paris, le 4 novembre 2010
« Frère Secrétaire général,
Votre candidature à la prochaine élection présidentielle, annoncée depuis plusieurs mois déjà, suscite débats et interpellations dans l’ensemble du pays.
De toutes les questions que pose cette candidature, celle de sa conformité ou non à la Constitution de notre pays est, à mes yeux, la plus importante.
Il m’est utile au préalable de vous rappeler les dispositions de notre parti relatives à la désignation d’un candidat à une élection présidentielle. L’article 20 du règlement intérieur du Pds stipule que «le candidat à la Présidence de la République est investi par le Congrès sur présentation de la Convention Nationale ou du Bureau Politique.»
Devant me prononcer en ces circonstances exceptionnelles, je me suis instruit de l’avis éclairé des plus grands experts, quant à la conformité de votre candidature avec les dispositions pertinentes de la Constitution de notre pays.
Les experts que j’ai consultés sont formels : votre candidature pour un troisième mandat est inconstitutionnelle donc irrecevable. Le terme de votre mandat en cours est 2012 et ne peut être prorogé.
C’est l’opinion du Professeur Guy Carcassonne, Professeur des Universités, Agrégé des facultés de droit dont l’avis est joint. C’est celle des Professeurs et Docteurs en droit, Pape Demba Sy, Mounir Sy et Ababacar Guèye dont les avis ont été rendus publics. J’ai aussi consulté le distingué constitutionnaliste, le Professeur Seri-gne Diop, à ce jour le plus ancien dans le grade au Sénégal. Ses fonctions actuelles l’empêchent de donner un avis public sur la question, mais il serait prêt à vous le communiquer si vous lui en faites la demande, dans le cadre d’une audience. .
Dès lors, le compagnon de trente ans de lutte politique que je suis, ayant été votre premier Directeur de campagne à l’âge de 29 ans, se prescrit le devoir absolu de vous dire que si vous persistez à présenter votre candidature, malgré l’avis unanime de ces éminents spécialistes, vous faites courir à notre parti le risque d’être absent de cette importante compétition électorale. En effet, selon la loi électorale de notre pays, après la publication par le Conseil constitutionnel de la liste des candidats retenus, 29 jours avant la tenue du scrutin, aucun dépôt de candidature n’est possible, sauf décès d’un candidat retenu avant le jour du scrutin.
Or, je ne puis me résoudre à l’idée que le PDS puisse être absent d’une compétition électorale aussi importante pour l’avenir de notre pays. Pas plus que je ne puis me résoudre à ce qu’un des inspirateurs du Nepad et défenseur de la Renaissance africaine, l’un des interlocuteurs privilégiés en Afrique des dirigeants du 68, soit logé à la même enseigne que Mamadou Tandja du Niger.
Ce sont là, les raisons pour lesquelles je vous exhorte solennellement à faire en sorte que cette question importante soit inscrite à l’ordre du jour de la prochaine réunion du Comité directeur de notre parti, pour que nous puissions en débattre avec nos frères et sœurs de parti.
Vous avez l’impérieux devoir de rester un exemple, à l’image d’un Mandela ou d’un Lula da Sylva. La possibilité vous est encore offerte de donner une ultime leçon de sagesse à vos compatriotes et au reste du monde. Je vous prie de ne pas la rater, pour garder « une mention honorable sur les langues de la postérité».
AFFRONTEMENTS ENTRE MILITANTS DE PASTEF ET LES FORCES DE L'ORDRE À MBAKCÉ
Les policiers veulent faire respecter l’arrêté du Préfet interdisant le meeting de Sonko prévu ce vendredi dans la ville. Mais les partisans du leader politique, qui trouvent la décision de l’autorité infondée, résistent
La ville de Mbacké (région de Diourbel) qui accueille l’opposant Ousmane Sonko, ce vendredi, est le théâtre de violents affrontements entre ses militants et les Forces de défense et de sécurité. Au moment où ces lignes sont écrites, des milliers de militants et sympathisants du leader de Pastef sont en train de faire face aux policiers.
Ces derniers veulent faire respecter l’arrêté du Préfet interdisant le meeting de Sonko prévu ce vendredi à Mbacké. Mais les partisans du leader politique, qui trouvent la décision de l’autorité infondée, résistent.
VIDEO
ENJEUX ET AVANCÉES DANS LE SILLAGE DE CHEIKH ANTA DIOP
L’urgente redynamisation de l’Afrique comme régénération africaine dans un système monde en recomposition
L’actualité et la pertinence de l’œuvre holistique de Seex Anta Joob, au regard des modifications du système monde, de la résurgence du populisme, du culturalisme et du racisme scientifique. L’urgente redynamisation de l’Afrique comme régénération africaine dans un système monde en recomposition.
Une conférence du politologue Aziz Salmone Fall.
par Amadou Tidiane Wone
AU NOM DE QUOI ?
Le libre exercice des activités de mobilisation, d’information, de réunion et de contestation, d’un parti légalement constitué, est de source constitutionnelle et légale. Aucune entrave ne doit y être apportée hors du droit commun
« Il n'y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l'on exerce à l'ombre des lois et avec les couleurs de la justice. » Montesquieu.
Notre « République » calquée sur la France dont elle se veut une réplique, est de plus en plus caricaturale. Tant les manipulations des institutions, par ceux qui ne sont chargés que de les animer pour un temps donné, sont devenues envahissantes et disproportionnées. Il est donc temps de retourner vers l'auteur de « L’esprit des Lois » (françaises) Montesquieu, pour prendre la mesure des dérives graves en cours dans notre pays quant aux missions et rôles, tâches et servitudes, dévolus aux agents de l’Etat, les fonctionnaires. Afin d’évaluer, les droits et devoirs de tous, vis-à-vis de la loi qui est sensée assurer l’égalité des citoyens.
L’interdiction de la réunion publique prévue ce vendredi à Mbacké par le Parti Pastef-Les patriotes, nous donne une occasion de nous interroger sur la légitimité et, pire, la légalité de l’acte administratif pris par le préfet de Mbacké. Car, tant dans la forme que dans le fond, le courrier du préfet de Mbacké nous semble inopportun, incongru et vexatoire.
Inopportun. Parce qu’aucun précédent de débordement d’une manifestation « autorisée » n’est à signaler au Sénégal. Bien au contraire ! Toutes les manifestations autorisées se déroulent dans une ambiance festive, bon enfant et la foule, quelque soit sa densité, se disperse tranquillement après la prise de parole du dernier orateur. Par contre, les manifestations « non-autorisées » suscitent toujours une résistance et peuvent déboucher sur des affrontements entre forces de l’ordre et aspirations citoyennes. Au demeurant, les forces de défense et de sécurité sont tenues de respecter les ordres de la hiérarchie même s’ils sont illégitimes ! L’éternelle dialectique entre la légalité et la légitimité ! Un penseur nous rappelle, cependant, que « Quand le mal a toutes les audaces, le bien doit avoir tous les courages »… A méditer !
Incongru. Si la situation actuelle de la capitale, jonchée de gravats et meurtrie par des travaux inachevés qui tirent en longueur peut paraître inadaptée à des mouvements de foules importants, que dire de Mbacké et de la possibilité d’y trouver des espaces à foison ? Interdire, pour le plaisir d’interdire, au point d’utiliser le prétexte du manque d’une signature sur trois est quand-même incongru (!) pour rester dans le registre policé du vocabulaire disponible. Un seul coup de fil aux organisateurs aurait suffi pour faire venir un troisième signataire…Sans compter une erreur matérielle manifeste sur le visa de la loi évoquée. Précipitation ou coup du sort ? Que Justice soit rendue !
Vexatoire. A la fois pour les militants de Pastef mais aussi pour les sympathisants, de plus en plus nombreux de ce parti et parmi lesquels je me compte désormais. Résolument. Nous sommes vexés ! Par le manque de considération dont nous faisons l’objet de la part d’autorités administratives qui sont en place pour nous servir ! Elles doivent, à cet égard, s’assurer du traitement équitable, et non partisan, des droits de tous les citoyens. Le libre exercice des activités de mobilisation, d’information, de réunion et de contestation, d’un parti légalement constitué, est de source constitutionnelle et légale. Aucune entrave ne doit y être apportée hors du droit commun. Ainsi doit fonctionner une République qui se respecte et qui veut conserver la confiance de ses administrés.
« Pour qu'on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir. » Livre XI, chap. IV Montesquieu
La responsabilité individuelle, la conscience de chaque agent de l’État est interpellée lorsque la légitimité d’un acte administratif convoque sa légalité. Aucun ordre illégitime ne doit se parer du manteau de la légalité. C’est pour cela que les recours en abus de pouvoir existent. Mais pour fonctionner normalement, ces dispositifs doivent être servis par des hommes et des femmes qui portent des valeurs éthiques et morales fortes et incorruptibles. La formation des corps d’élite de l’administration doit donner une part importante à la rigueur morale ainsi qu’à l’honnêteté ! Sinon nous sommes tous en danger ! Mais…
« Il est une vérité qui nous venge de toutes les autres : Il y’a une fin en toute chose, et aucun malheur n'est éternel », nous rappelle fort justement Yasmina Khadra. Merci !
Notre pays va se relever. La jeunesse généreuse et ambitieuse qui piaffe d’impatience à besoin du soutien des aînés et de leur expérience. Sortons de nos zones de confort pour accompagner, avec sagesse et clairvoyance, les mutations sociétales inexorables qui se font jour. Nul ne peut arrêter la mer avec ses bras ! Il vaut mieux apprendre à nager dans le sens des vagues.
Comprenne qui pourra !
Jummah Mubaaracka à tous les hommes et femmes de foi et de bonne volonté !
C’est une bombe à retardement. L’inactivité et le désœuvrement rongent la société. Les concours du plus beau et du plus grand bain de foule au gré des tournées et rassemblements politiques sont le baromètre de l’oisiveté, du manque d’occupation.
C’est une bombe à retardement. L’inactivité et le désœuvrement rongent la société. Les concours du plus beau et du plus grand bain de foule au gré des tournées et rassemblements politiques sont le baromètre de l’oisiveté, du manque d’occupation et de travail décent. Sans grande difficulté, on saisit encore mieux pourquoi et comment nos territoires et bourgades en particulier sont percutés de plein fouet par le désert économique et l’exode rural. Épicentre des services étatiques le temps d’une tournée économique présidentielle, l’ancienne cité du rail est le visage et le paysage d’une certaine forme de désolation largement façonnée par les gouvernements successifs dont le socle repose sur l’incurie pour ne pas dire la nullité.
La ville de Thiès était un de nos bijoux de famille. Une sorte de petite Suisse sénégalaise. Tout y était en bon ordre sans que rien ne dépasse. Ses nombreux trains arrivaient à l’heure. C’était la locomotive qui tirait les wagons. Les gouvernements de passage ont réussi le tour de force d’éteindre le moteur. À l’heure du « mburu ak soow », les jeunes générations sur place sont pour la plupart au régime du pain sec. Les perspectives ne sont pas énormes si ce ne sont pas les emplois-jakarta précaires. Et leur lot quotidien que sont les traumatismes et séquelles des accidents innombrables soignés comme on peut dans les couloirs de l’hôpital régional. Un ministre de l’Intérieur a du reste complaisamment cautionné le pansement sur jambes de bois pour avoir donné instruction afin que ces types d’engins soient laissées en paix et qu’ils aient libre cours. À Thiès comme dans d’autres cités, l’horizon bouché a fermé les débouchés. Il faut bien que nos jeunes frères aient un gagne-pain. 285.000 deux-roues au moins circulent sur l’étendue nationale. Aveu d’échec et d’impuissance.
Il ne s’agit pas de dénigrer mais de s’insurger contre le manque de prévenance pour cette frange de la jeunesse laissée à elle-même et privée en même temps de l’opportunité et du plaisir de s’émerveiller et de se cultiver. La connaissance étant étroitement liée à la qualité de vie et au progrès social. Ce qu’on vient d’évoquer est une plaie qui est en train de les ravager. Le chef de l’Etat a une grande expérience des territoires. Sa visite-marathon aurait un goût d’inachevé si ce sujet épineux n’était pas mis sur la table.
Piètres orateurs
Les états-majors politiques tablent sur 2024 pour conquérir ou conserver le pouvoir. Les effluves d’une campagne électorale prématurée rendent l’atmosphère assez lourde. Il y a lieu d’ailleurs de se boucher le nez tant les discours sont irrévérencieux et médiocres. Les mots ont dû lui brûler la bouche quand le Premier Ministre, d’habitude placide, s’est essayé au jeu des extrémistes qui agitent à longueur de meeting la loi du Talion. Ce fut une sortie ratée. Les piètres orateurs cachent leur lacune dans les outrances. Dans le camp d’en face, on fait preuve du même manque de classe et de la même morgue. D’habitude, ceux qui anticipent les testaments aiment la vie par-dessus tout. Parce que la mort est aussi la destruction des plaisirs et des douleurs. Les tons macabres sont symptomatiques d’un pays qui va mal. Malgré tous les dérapages, le Sénégal a besoin de tous ses fils sains et saufs.
L’AVENIR EST ENTRE VOS MAINS
Message empreint de positivité et d’encouragement d’Aliou Cissé, sélectionneur de l’équipe sénégalaise de football, en direction des enfants et des jeunes à l’issue d’une rencontre avec des jeunes acteurs de changement dans la région de Tambacounda.
Message empreint de positivité et d’encouragement d’Aliou Cissé, sélectionneur de l’équipe sénégalaise de football, en direction des enfants et des jeunes à l’issue d’une rencontre avec des jeunes acteurs de changement dans la région de Tambacounda.
En mission avec l’équipe de l’UNICEF dans le sud du Sénégal, j’ai eu la merveilleuse opportunité d’avoir un échange dans le centre départemental de l’action sociale de Tambacounda, où une trentaine d’enfants et d’adolescents m’accueillaient sous une bâche pour une discussion sur les défis auxquels ils sont confrontés et les solutions qu’ils proposent pour les surmonter.
Le ton a été donné par le jeune Mohammed, président du conseil consultatif du département jeunes de Tambacounda, qui a assuré avec brio la facilitation de la séance. "Nous sommes devant un exemple de réussite aujourd’hui. Je peine à croire de me lever devant vous "coach". Merci encore de nous avoir ramené ce trophée" a-t-il indiqué. "Je suis ému, je ne sais pas quoi dire. Tout ça est émouvant, j’aimerai vous tenir dans mes bras ?"
De suite, je me suis levé et l’ai tenu dans mes bras, et là, je sentais que la séance allait être remplie non seulement d’émotions mais aussi d’authenticité.
Ces enfants et adolescents sont au quotidien sur le front pour mener un combat : celui de promouvoir les droits de leurs pairs, et particulièrement leurs droits de vivre à l’abri de la violence, de l’exploitation et de la maltraitance. Avec le soutien de l’UNICEF, ils animent des causeries éducatives dans leurs communautés, ont été formés à l’autoprotection de l’enfant, participent activement à des dialogues communautaires avec leurs aînés, leurs parents et les leaders communautaires ou animent des émissions radiophoniques pour encourager une conversation positive autour des droits de l’enfant.
La discussion démarre par des histoires poignantes d’enfants, d’adolescents victimes de toute forme de violence. Celle d’une fille envoyée aux villages pour subir l’excision, d’enfants de rues qui se réveillent à six heures du matin et ne revenir qu’à minuit forcés à mendier dans la rue, d’enfants données en mariage par leurs parents, d’enfants qui subissent des violences physiques dans leur propre maison, d’enfants n’ayant pas d’extraits de naissance et obligés d’abandonner l’école, d’enfants confiés à des tuteurs qui abusent d’eux, d’enfants obligés de travailler, exploités dans la vente de drogues, et bien d’autres situations, parfois inimaginables.
Militante des droits des filles dans la ville de Tambacounda, Ndeye Fall, 18 ans, elle, est revenue à plusieurs reprises sur le traitement inégal entre garçons et filles. "Le rôle des filles est de s’occuper de la maison, faire les tâches ménagères, laver le linge, puiser l’eau, mais pas à l’école… voilà ce que subissent certaines filles" confie-t-elle. "Nous sommes les ambassadeurs de demain, c’est pour cette raison que nous insistons pour vous partager la réalité de ces enfants. Avec votre voix à côté des nôtres, nous pouvons amplifier le message et accélérer le changement".
En écoutant leurs témoignages, nous devons sentir notre responsabilité grandissante de répondre à leurs exigences, vu l’urgence avec laquelle ils exigent un avenir meilleur. Nous devons œuvrer pour combler le fossé entre tout ce que nous imaginons pour les enfants et tout ce que nous n’avons pas encore été en mesure de réaliser pour eux. J’ai été fièrement impressionné de la manière dont ils ont porté leur plaidoyer. J’étais là avant tout pour les écouter, et leur cœur a parlé en toute authenticité.
"C’est pour cette raison que je me suis déplacé ici aujourd’hui : vous écouter, écouter ce qui sort de votre cœur, et vous l’avez exprimé en toute authenticité. Plus vous serez authentique, plus l’avenir sera entre vos mains. Les droits que vous réclamez, le pays y travaille, les partenaires y travaillent, et moi, j’y travaille".
"Vous avez cette capacité de transformer les situations difficiles en opportunités positives, vous avez démontré votre volonté, votre ambition à faire bouger les lignes malgré toutes les difficultés auxquelles vous faites face. Continuer de croire en votre mission, en vos rêves, en vos ambitions, plus vite vous savez ce que vous voulez, plus vite on pourra vous aider à frayer le chemin pour y parvenir
"A votre âge, à 17-18 ans, on m’avait dit que je ne pourrais jamais être footballeur, et encore moins être un footballeur professionnel. Pour moi, ces personnes n’étaient ni Dieu ni Prophète. Je continuais à croire en mes rêves, et j’y travaillais pendant des années et des années. Parmi mes récompenses, j’ai signé pour l’un des clubs les plus prestigieux du monde. Et j’ai ramené le trophée de la Coupe d’Afrique des Nations au Sénégal.
"Sur le chemin de la vie, il y aura toujours des difficultés, il y aura des personnes qui continueront à vous décourager, mais tant que vous croyez en vous, vous pouvez réussir.
"Ne vous attendez pas à faire l’unanimité pour avancer. Quelques soient les difficultés de la vie, vous avez le choix : abandonner ou continuer à vous battre pour vos rêves. Et dès lors que vous prenez le choix de vous battre, c’est déjà une étape de gagner. Et vous allez gagner."
Avec les adolescents et les jeunes, nous sommes sortis de cette rencontre avec beaucoup de positivité, avec une nouvelle énergie, une volonté de faire plus. Et pour moi, une responsabilité de relayer la voix de ces enfants et ces jeunes.
L’UNICEF n’est pas seul à plaider en faveur des droits de l’enfant. Je ne suis pas le seul à soutenir les efforts visant à promouvoir les droits des enfants. Fort heureusement, nous pouvons aujourd’hui compter sur un vaste réseau d’organisations et d’individus, y compris les enfants et les adolescents eux-mêmes.
Plus ils seront nombreux, meilleurs seront les chances que la réalisation des droits des enfants décrite dans la Convention des droits de l’enfant soit une réalité pour chaque fille et chaque garçon du Sénégal.
En 2022, grâce au soutien de l’UNICEF :
• 2 836 enfants ayant subi des violences, y compris des violences sexuelles (1 264 filles et 1 572 garçons), ont eu accès à des services
• Plus de 90 000 personnes ont renforcé leurs compétences en matière de prévention, de détection et de signalement des violences contre les enfants en participant à des dialogues communautaires
• Plus de 50 000 personnes ont été engagées dans des dialogues communautaires pour l’abandon des mutilations génitales féminines et l’autonomisation des filles.
• Plus de 20 700 professionnels de divers secteurs ont été formés sur la prévention, la détection et la gestion des cas liés à la protection de l’enfance
MBACKÉ SOUS HAUTE TENSION CE VENDREDI
Ousmane Sonko n’entend pas reculer après l’interdiction de son meeting à Mbacké. Dans un post sur sa page Facebook, il informe avoir saisi la Cour Suprême d’une requête en référé aux fins de l’annulation de « cette honteuse décision ».
Ousmane Sonko n’entend pas reculer après l’interdiction de son meeting à Mbacké. Dans un post sur sa page Facebook, il informe avoir saisi la Cour Suprême d’une requête en référé aux fins de l’annulation de « cette honteuse décision ». Mais, en attendant, indique le leader de Pastef, « le méga meeting de Mbacké reste maintenu » et que c’est « au préfet qui s’est courbé devant les ordres illégaux de ses supérieurs d’en assumer les conséquences devant l’histoire ».
Sonko appelle « les militants et sympathisants à maintenir la très forte mobilisation notée qui crée la psychose chez Macky Sall au point qu’il ait besoin d’être ‘’rassuré’’ par une mobilisation payante de ses responsables et alliés politiques moribonds ». Il ajoute qu’il compte accomplir la prière du vendredi à Touba avant de rallier Mbacké pour « solliciter les prières auprès de Serigne Amdy Modou Mbenda Fall, khalife des baye fall ». Il a, par ailleurs, affirmé que son cortège a essuyé hier « des tirs de grenades lacrymogènes pour une simple visite à la mairie de la Patte d’Oie, alors que Macky Sall, président de l’Apr, s’est payé, tranquillement, un convoi politique à Thiès sous prétexte d’un conseil des ministres décentralisé ».
AMSATA FALL LIVRE LES CLES DU SUCCES DU SÉNÉGAL AU CHAN
En prélude de la reprise du championnat sénégalais ce week-end, Amsata Fall est revenu sur le sacre de l’équipe nationale locale au Championnat d’Afrique des nations (Chan) en Algérie.
En prélude de la reprise du championnat sénégalais ce week-end, Amsata Fall est revenu sur le sacre de l’équipe nationale locale au Championnat d’Afrique des nations (Chan) en Algérie. Selon le Directeur exécutif de la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP), la régularité des compétitions et la maîtrise du calendrier ont été les facteurs clés de la réussite des Lions.
L’équipe nationale locale du Sénégal a remporté le dernier championnat d’Afrique des nations (CHAN) en terre algérienne. En conférence de presse hier, le Directeur exécutif Ligue sénégalaise de football professionnel a commenté les performances des poulains de Pape Thiaw lors du dernier Chan. A en croire le responsable du football local, la régularité des compétitions et la maîtrise du calendrier ont été les facteurs clés de la réussite. «La victoire de l’équipe nationale locale est due à la bonne programmation des matchs de ligue 1 et 2. C’est ce qui nous a valu ce sacre. Nous avons fait une programmation bien suivie qui a permis à nos joueurs d’être compétitifs sur le plan international», a expliqué Amsata Fall. Par ailleurs, il estime que ces résultats sont le fruit de la compétitivité des joueurs en championnat. «Sur les 13 matchs de la phase aller, nous en avons disputé 11. Nous n’avons pas senti une seule fois durant ce CHAN, un déficit sur le plan physique ou mental. Cela a permis aux joueurs sélectionnés d’être prêts. Quand tu es fatigué, mentalement, tu n’es plus lucide. Au contraire, nous avons vu une équipe engagée, disciplinée, qui a eu beaucoup d’envie», dit-il.
A en croire le directeur exécutif, le développement des infrastructures sportives, notamment la mise en place des centres techniques feu Jules François Bocandé et feu Youssoupha Ndiaye, ont permis aux différentes catégories de faire de bons résultats. «C’est le lieu de féliciter la Fédération qui a compris que nous perdions beaucoup d’argent en logeant dans des hôtels. Nous avons vu également nos équipes U17,U20,U23 et locales s’entraîner comme un club. Ils restent parfois deux à mois ensemble », a magnifié M. Fall.
«L'INDISPONIBILITÉ DES STADES À DAKAR POSE PROBLÈME».
Pour Amsata Fall, le championnat d’Afrique des nations qui s’est joué au mois de janvier février, contrairement aux années précédentes, a permis également au sélectionneur Pape Thiaw de sélectionner des joueurs compétitifs. «C’est la première fois qu’on joue un Chan en pleine saison. Les autres éditions avaient toujours lieu en fin de saison. Avant, cette compétition avait toujours lieu en fin de la saison, coïncidant souvent avec le départ de beaucoup de joueurs vers d’autres destinations. Cette programmation en milieu de saison est à saluer et cela a permis de sélectionner des joueurs compétitifs. Abordant ainsi la reprise du championnat sénégalais prévue ce weekend, le directeur exécutif de la Ligue pro en a profité pour faire le bilan à mi-parcours.
Sur les 144 matchs disputés en ligue 1 et 2, deux incidents ont été notifiés. Il s’agit de la rencontre entre AS Pikine contre Guédiawaye et Jaraaf contre AS Pikine. «Les compétitions ne peuvent pas s’accommoder avec la violence. Depuis quelques années, on insiste sur l’absence de violence. Nous commençons à voir le bout du tunnel. Mais il y a toujours des signes de violences sur quelques matchs. Sur les 144 matchs que nous avons vus, deux incidents majeurs peuvent être signalés. Certes le risque zéro n’existe pas. Mais nous allons nous prémunir de toutes les garanties au niveau de la sécurité pour régler cela», a prévenu le directeur exécutif.
En ce qui concerne les manquements, Amsata Fall pense que l'indisponibilité de certains stades surtout à Dakar est à régler. «L’indisponibilité de quelques stades surtout à Dakar nous posent souvent des problèmes. On peut même se poser la question pour savoir comment on fait pour qu’il ait des programmations. Nous avons remarqué qu’il a une absence à l’interne des distinctions notamment l’équipe type, joueur du mois. Nous allons voir en phase retour comment faire pour régler ce problème», a-t-il conclu.
L’ADMINISTRATION, UN MONSTRE A REFORMER
La réforme de l’Administration sénégalaise est une urgence. Elle devient une question fondamentale sur le chemin de l’émergence. L’Administration publique sénégalaise, le plus gros employeur du pays avec près de 127.130 agents, est malade à tous les nivea
La réforme de l’Administration sénégalaise est une urgence. Elle devient une question fondamentale sur le chemin de l’émergence. L’Administration publique sénégalaise, le plus gros employeur du pays avec près de 127.130 agents, est malade à tous les niveaux. Elle ne parvient plus à allier atteinte de résultats et satisfaction du client qu’est l’usager de l’Administration. Le livre-diagnostic du DR Mor Seck intitulé « Repenser les politiques publiques et réinventer l’Etat » qui vient d’être publié pose le débat d’une problématique à réformer l’Etat en mettant l’accent sur l’éthique et la déontologie de l’agent de l’Etat, mais aussi sur la modernisation des « corps de l’Etat » comme l’ENA, l’Inspection générale d’Etat, la Cour des Comptes… Dr Mor Seck, secrétaire permanent de la Commission d’évaluation et de suivi des politiques et programmes publics (CESPPP) de la présidence de la République dirigée parle ministre El Hadj Ibrahima Sall, est d’avis que la réforme de l’Etat passera parla mise en place d’un Tableau de Bord Prospectif (TBP) ou équilibré (TBE) afin de déboucher sur un Système national résilient d’évaluation ou un Système national d’évaluation (SNE).
« Le Sénégal, plus de soixante années après son indépendance, donc avec une Administration publique de plus de soixante ans, après avoir expérimenté des réformes avec des résultats très mitigés, et dans un contexte où les populations sont de plus en plus exigeantes sur la qualité des services publics qui leur sont fournies, doit inévitablement, procéder à une réforme profonde de l’État et à une transformation de l’action publique, seul gage de la préservation de l’intérêt général et du bien-être des populations pour l’atteinte de l’émergence économique, sociale et politique de notre pays » souligne Dr Mor Seck.
Ce dernier titulaire d’un PhD en Management public et de plusieurs masters et diplômes en management, politique et administration publics note que l’Administration sénégalaise souffre aujourd’hui d’un sérieux problème de réactivité. «Nous avons l’impression qu’elle ne réagit presque plus aux correspondances envoyées par les usagers mais aussi et surtout même plus à celles provenant d’autres structures de l’Administration.
Cette attitude pourrait éventuellement entraîner un problème de transparence dans les affaires publiques mais poser aussi la question du respect du principe d’équité et d’égalité devant les citoyens, principe que leur accorde notre Constitution » dénonce vivement l’auteur de l’ouvrage « Repenser les politiques publiques et réinventer l’Etat.
Cette mauvaise attitude, qui trouve aussi une de ses explications dans les aspects liés à la question de la formation et des compétences de ses ressources humaines, favorise l’instauration d’un traitement basé sur le favoritisme, le lobbying et la corruption. La confiance constitue en effet le nerf de la relation qui lie l’Administration et le citoyen. L’autorité de l’État y dépend d’ailleurs. C’est pourquoi un des principaux objets de la réforme suggérée est la restauration de cette confiance entre les citoyens et les agents de l’État.
L’amélioration, de cette relation de confiance qui doit prévaloir entre l’Administration et les usagers, passe aussi par des instruments relativement nouveaux tels que Internet avec la systématisation de portails pour toutes les Administrations explique l’ancien Président de l’Association africaine des centres d’enseignement à distance (AACED) basée à Dar es Salaam, en Tanzanie.
Les agents de l’Etat : principal levier de la réforme de l’Etat
La 1ère étape de la réforme se situe au niveau des Agents de l’État, sur la question de leur déontologie et leur éthique. « Nous avons besoin d’un code de déontologie, de même qu’un code d’éthique et de conduite pour arriver à des Fonctions publiques respectées et efficaces. Concrètement, cela veut dire une déontologie qui précise les droits, les obligations, les garanties et la discipline de l’Agent de l’État ». A ce niveau, l’Etat avait déjà préparé, en 2021, un « code de déontologie des fonctionnaires » qu’il envisageait « de faire adopter sous peu de temps ». Seulement ce code souffre d’imperfections soulevées par Dr Mor Seck. Elles se situent à trois niveaux notamment. Les obligations des fonctionnaires énumérées dans ce projet de code restent très vagues et incomplètes au regard des défis déontologiques actuels de la Fonction publique. Et alors par conséquent, ce projet de code de déontologie des fonctionnaires devra être complété par des codes de déontologie pour les différentes professions qui ont des obligations déontologiques particulières (médecins, agents des forces de sécurité, agents des régies financières (douane, impôts et domaines, trésor, etc.), agents des corps de contrôle et de régulation, agents des services de renseignements, conseillers spéciaux etc…).
Dr Mor Seck de signaler que « le texte qui était programmé par le Ministre, Secrétaire général du Gouvernement, et qui était en voie d’adoption pose un problème majeur dans la mesure où il comprend en « titre 1 les devoirs » des fonctionnaires et en « titre 2 les droits » des fonctionnaires. Je me permets donc d’attirer l’attention du Ministre de la Fonction publique et de la Transformation du Secteur public sur le fait que :(i)Un code ou une charte de déontologie ne peut comprendre QUE DES DEVOIRS ; (ii) S’il inclut - à tort - des « droits » en reprenant des éléments de statut des fonctionnaires, ces derniers pourraient vous opposer certains de leurs « droits non satisfaits » pour justifier leurs manquements aux devoirs que leur impose le code de déontologie ».
L’influence du système politique sur l’Administration, un phénomène noté depuis 2000
Une autre plaie de l’Administration a été l’ingérence de la sphère politique devant la mesure de promotion de l’agent du service public. « Comme toutes les structures, on constate que l’Administration publique sénégalaise est fortement influencée par l’environnement dans lequel elle baigne.
Le système politique a, en effet, un impact très négatif sur l’Administration sénégalaise. Cet impact est matérialisé par une cohabitation avec des rapports très déséquilibrés, dominés par le Politique. Par exemple, dans la répartition des postes de responsabilité au sein de l’Administration, le Politique jouit d’une certaine prééminence vue comme un phénomène normal et universellement accepté, au nom du principe : « qui gagne gouverne ». Mais, il faut noter qu’un tel principe ne pourrait être valable pour toutes les catégories de postes ou fonctions. Il ne peut donc se justifier, à la rigueur, que pour les fonctions à caractère politique, telles que celles de ministres et des membres de leurs cabinets, et non pour celles à caractère technique ou technocratique telles que les Directions de Sociétés publiques, les Directions nationales dans les différents départements ministériels et leurs services rattachés comme les Agences nationales d’Exécution et autres services assimilés. Ne serait-ce que pour un souci de conformité par rapport au but de l’Administration publique, et, qui le différentie essentiellement de l’Administration privée, l’Administration privée étant assimilée aussi au secteur privé, l’hégémonie d’un ou plusieurs partis politiques ne devrait, en aucun cas, être utilisée pour détourner l’Administration de sa mission de servir l’intérêt général, au profit d’intérêts strictement privés » note le Secrétaire permanent de la Commission d’évaluation et de suivi des politiques et programmes publics (CESPPP). Une telle dérive souligne-t-il, constitue un grand danger dans la gestion de l’Administration. Elle viole en plus deux règles constitutionnelles majeures qui fondent notre nation, à savoir l’égalité des citoyens devant le service public et la défense de l’intérêt général.
Cette allégeance marquée des autorités publiques aux politiques a engendré des perturbations dans la conduite des affaires de l’Administration et a fini de convaincre de la partialité et du manque de neutralité de cette dernière aux yeux d’une bonne frange de l’opinion aussi bien nationale qu’internationale. Cette situation d’allégeance a naturellement des conséquences extrêmement néfastes dans la vie de la nation, parmi lesquelles, nous pouvons citer particulièrement : Une divulgation systématique d’informations à caractère confidentiel et/ou secret sur la voie publique. Le constat est, qu’en réalité, politique et Administration cohabitent très mal au Sénégal, surtout depuis 2000. D’ailleurs, la situation est devenue, aujourd’hui, extrêmement grave et même dangereuse pour l’Etat qui voit son mythe s’effondrer.
En effet, l’Administration qui représente le bras armé de l’Etat et la fragiliser revient à fragiliser l’Etat se politise de plus en plus. Dr Mor Seck fait le constat que « certains secteurs de l’Administration, particulièrement des régies financières, restés pendant longtemps en dehors de cette mouvance, ont fini, au fil de ces vingt-deux dernières années, à s’ériger en Administration les plus politisées de notre Etat aujourd’hui. C’est le cas, particulièrement de la Direction générale des Impôts et des Domaines (DGID). L’exemple le plus frappant que je peux citer, encore une fois, concerne le cas de la Direction générale des Impôts et des Domaines (DGID) qui constitue, aujourd’hui, non seulement l’une des structures les plus politisée de notre Administration, mais aussi qui subit en son sein des pressions venant du syndicat des agents des Impôts et des Domaines, une des rares organisations syndicales créés et gérées par des Agents de l‘État, l’essentiel des Corps de l’État étant organisés en Amicales. La raison fondamentale est, malheureusement pour ces Administrations, d’avoir à leur tête, à un moment crucial de leur histoire, des dirigeants opportunistes, sans aucun sens républicain ou esprit patriotique. Ces Hauts fonctionnaires ont choisi de mettre en péril l’image de l’Administration et, au-delà, l’image de l’Etat et de la République pour mener des combats personnels, bassement politiciens et matériels, qui sont en train de conduire notre pays vers des dérives extrêmement dangereuses et graves, vers le chaos. Tous ces mauvais comportements de fonctionnaires nous ramènent à des questions d’éthique, de déontologie et de professionnalisme dans le secteur public mais aussi à un manque de culture administrative de leur part. Il ne s’agit pas d’être Agent de l’Etat pour connaitre l’Administration ou pour avoir la culture de l’Administration. Il ne s’agit pas non plus, malheureusement, de sortir d’une école de formation de fonctionnaires, civils ou militaires, pour avoir une conscience administrative ou maitriser les règles de fonctionnement de l’Administration. C’est juste une condition nécessaire, peut-être, mais pas suffisante pour être un bon Agent de l’Etat ».
Réformer les « corps de l’Etat », l’ENA, l’IGE, la Cour des Comptes…
La réforme de l’Administration passera aussi par celle des « corps de l’État » notamment l’Ecole Nationale d’Administration (ENA), l’Inspection générale d’Etat et la Cour des Comptes. Dr Mor Seck à ce niveau convoque la jurisprudence Emmanuel Macron. Dans un essai en novembre 2016, le président français disait que « les hauts fonctionnaires se sont constitués en castes » et « qu’il faut en finir avec leur protection hors du temps ». Il initiera alors une réforme visant à supprimer les grands corps de l’État au profit d’un corps unique d’« Administrateurs de l’État ». Il ajoutera ensuite « pour faire la réforme que j’évoquais, il faut supprimer entre autres l’ENA ». Cette annonce et cette décision formelle ont été faites en avril 2019 par le Président Macron, lui-même produit de l’ENA. Alors, une réforme profonde de l’ENA s’en est suivie et a abouti à sa suppression. Il est établi en France, suite à de nombreuses critiques, la question de la suppression de l’ENA se posait régulièrement depuis les années 1970. Telle qu’elle existe et fonctionne aujourd’hui, aussi bien dans son management, son mode de recrutement que dans ses programmes de formation. « J’avoue que l’ENA pose aussi, dans nos pays anciennes colonies françaises, un sérieux problème, et, est devenue un instrument obsolète, inapproprié, ne pouvant mettre entre les mains de l’Administration publique que des produits pas finis, inadaptés et pas prêts à l’emploi. Au Sénégal, comme dans d’autres pays africains francophones, je pense que l’ENA peut être considérée aujourd’hui comme l’un des principaux facteurs responsables de la dégradation de la qualité des services publics fournis aux citoyens et usagers de l’Administration publique. D’ailleurs, à la différence des pays anglo-saxons où il n’existe ni « corps d’État » ni « ENA », et, où seules les compétences prévalent dans la majeure partie des cas pour occuper une fonction publique, la performance des Administrations publiques et la qualité des services publics fournis sont largement meilleures. La question troublante de la rémunération des agents de l’État en général et des hauts fonctionnaires en particulier pourrait trouver une solution plus juste et plus équitable avec une telle réforme au niveau des corps de l’État » écrit Dr Mor Seck.
… Et la gouvernance de contrôle… le Tableau de Bord Prospectif (TBP) et Un Système national résilient d’évaluation
En outre, une réforme sérieuse de l’État mettra aussi l’accent sur une réforme de la gouvernance de contrôle. Ceci pose encore sur la table la pertinente question du besoin de réforme de l’Inspection générale d’État (IGE) et de la Cour des Comptes au Sénégal, aussi bien du point de vue de leurs modes de recrutement et de nomination que du point de vue de leurs modes d’organisation, de fonctionnement, ainsi que leurs attributions et leurs missions. La réforme de l’État est consciente qu’à côté des femmes et des hommes dévoués pour le service public, il existe des agents publics mus par des intérêts privés. Ceci permet de poser la question des conflits d’intérêts chez les hauts fonctionnaires de l’État de même que toutes les liaisons dangereuses dans les passerelles public-privé dans ce domaine. Aujourd’hui, la réforme de l’Administration publique, pour s’adapter aux pressions et nouvelles donnes d’un monde plus que jamais changeant, est devenue un phénomène global, et peut-être un des principaux défis de notre époque. Dans ce nouveau contexte de modernisation de l’État, où une nouvelle stratégie est mise en place, le manager public doit faire appel à des outils spécifiques de gestion pour piloter sa propre performance et les performances de ses collaborateurs. L’un des principaux outils pouvant le lui permettre est la mise en place d’un Tableau de Bord Prospectif (TBP) ou équilibré (TBE) plus connu sous son appellation anglo-saxonne de Balanced Score Card (BSC). Le BSC est en effet un plan stratégique intégré et un système de management de la performance. C’est un outil de management stratégique, complémentaire des tableaux de bord opérationnels, orienté vers la décision et l’action. C’est une démarche résolument orientée vers la performance, l’efficience, le sens, la cohésion, les résultats et la transversalité. C’est un tableau de bord de pilotage opérationnel.
Un système national d’évaluation (SNE) constitue un ensemble d’acteurs, de règles, de mécanismes, de processus et d’outils, nécessaires pour que l’évaluation devienne systématique et que ses résultats soient utilisés dans la prise de décisions. Les systèmes nationaux d’évaluation, qui prennent leur source des stratégies nationales de développement, permettent de mesurer le progrès et d’améliorer la prise de décisions. Mettre en place un système national résilient d’évaluation peut être assimilé à une question de réinvention du futur pour nos Etats.
Dans les États où les dirigeants et décideurs politiques refusent ou tremblent devant l’idée de réformer l’État, nous pouvons qualifier, systématiquement et sans risque de nous tromper, ces États et leurs dirigeants d’antidémocratiques. En effet, la démocratie meurt si on ne réforme pas l’État. Elle engendre et facilite le réveil citoyen indispensable à l’émergence. En effet, le réveil citoyen est naturellement accompagné de la réforme de l’État pour une satisfaction des besoins des citoyens à travers la fourniture de services publics de qualité. En démocratie, rien n’est figé et tout se discute. La démocratie en soi, comme la réforme de l’État, est un phénomène dynamique d’où la nécessité d’une perpétuelle remise en question pour se corriger, pour avancer, pour se bonifier et pour émerger.
Les Sénégalais veulent transformer leur pays, 5 pistes pour la réforme de l’Etat
« Les Sénégalais veulent transformer leur pays. Ils veulent le voir changé radicalement. La réforme de l’État libèrera notre potentiel de croissance, réduira les inégalités et protègera la République. L’avenir de nos services publics, la réduction des inégalités sociales et même la légitimité de l’action publique dépendront, essentiellement, de la réussite de cette réforme que nous préconisons. Les transformations profondes que les Sénégalais attendent de leur pays passeront nécessairement par l’État. Seul l’État peut porter de telles transformations et l’État doit les porter » souligne Dr Mor Seck. Ce dernier émet cinq principales pistes qui pourraient conduire à la modernisation de la gestion du secteur public et au renforcement de la gouvernance. Il s’agit de e la restauration, la préservation et le maintien de la confiance du peuple dans l’État. Ensuite, la participation, le partenariat, le renforcement de pouvoir, l’appropriation, les droits de l’homme, la liberté d’expression, la liberté d’association et la démocratie nécessitent une coopération active de tous. Ceci permettra surtout d’éviter l’instrumentalisation de certaines composantes de l’État comme la justice et éviter donc de tuer la démocratie. La nécessité de dépolitiser l’Administration publique et d’avoir une éthique nationale. Le besoin de procéder à une « analyse d’opportunités » plutôt qu’à une « analyse de besoins » pour promouvoir la bonne gouvernance. Et enfin, la promotion du leadership par l’exemplarité pour promouvoir le changement. C’est le seul moyen d’éviter le chaos dans nos pays et d’asseoir la stabilité.
Par Abdoul Aly KANE
L’URGENCE D’UNE INTEGRATION ECONOMIQUE A PAS FORCES
La situation économique de l’Afrique, déjà précaire, s’est dégradée depuis près de deux ans avec le Covid-19 et la crise actuelle en Ukraine
La situation économique de l’Afrique, déjà précaire, s’est dégradée depuis près de deux ans avec le Covid-19 et la crise actuelle en Ukraine. Eloignée du théâtre des opérations militaires de ce conflit européen et peu touchée parla pandémie, elle n’en subit pas moins les contrecoups les plus lourds ou chocs exogènes de ces deux crises.
Face à cette situation nécessitant des réactions communes concertées à l’instar de ce qu’ont fait les pays de l’Europe et d’Asie, les Etats africains réagissent en ordre dispersé et sans l’efficacité qu’aurait permis la mise en commun de moyens propres. L’Afrique de 2023 ressemble à une embarcation tanguant sur les flots agités d’une mer démontée.
Le conflit actuel en Europe et ses développements laissant craindre un conflit mondial lui exige de choisir son camp faute d’une unité politique minimale sur les questions géopolitiques. Son aboutissement va accoucher d’une nouvelle configuration dans les relations internationales et l’organisation de l’économie et du commerce mondial auxquelles le continent ne s’est pas suffisamment préparé ni au plan politique ni au plan économique.
Au plan économique, en dépit des annonces de taux de croissance mirifiques parles experts de tous ordres du style « après l’Asie, c’est le tour de l’Afrique », le continent maintient toujours son état d’arriération économique et social vis-à-vis du reste du monde.
L’Afrique, hors BRICS, est une petite économie participant de façon quasi marginale aux flux en valeurs du commerce international (2,5 % du trafic) lieu où s’échangent les produits des nations. Le paradoxe est qu’elle est le siège de toutes les matières premières stratégiques servant à produire les biens technologiques de dernière génération dont les valeurs ajoutées issues de leur transformation industrielle sont les plus valorisées au monde.
L’Afrique reste cantonnée à la vente brute de ces matières se contentant ainsi de la partie la plus faible de la valeur ajoutée globale, une partie insuffisante pour nourrir sa population et donner des emplois à ses jeunes.
Ainsi, 60 ans après les indépendances, l’Afrique a volontairement sauté l’étape de l’industrialisation pour se spécialiser dans l’import-export et les services tout en reléguant en arrière-plan une agriculture dont l’exercice, dans notre pays, dure trois mois sur une année civile de 12 mois.
Les programmes des institutions de Bretton Woods ayant en perspective la mise du continent sur les rails du développement économique n’ont pas été concluants en matière de transformation industrielle mais également sur le plan du développement agricole.
La notion de développement économique n’est plus évoquée en perspective, les préoccupations étant plutôt tournées vers l’équilibre budgétaire et le remboursement de la dette. Les divers programmes d’ajustement structurel ont fini paradoxalement par céder la place à des programmes nationaux de « lutte contre la pauvreté » et d’autres programmes sectoriels initiés par les Etats eux-mêmes. Aujourd’hui, cette pauvreté tape à la porte de couches sociales jusque-là préservées au Sénégal.
Avec la montée d’une inflation devenue structurelle aggravée par les effets du conflit géopolitique actuel, la classe moyenne, usuellement porteuse de l’équilibre familial et national, est atteinte dans sa capacité à faire face à ses besoins essentiels en alimentation, en santé, en énergie.
Encensée il y a peu par les multinationales de l’alimentation comme pilier d’un marché africain émergent, cette couche sociale plie sous le poids de la hausse des prix des produits alimentaires, de l’énergie, du transport ainsi que des charges sociales inhérentes au sous-emploi des jeunes.
La jeunesse a le sentiment d’être abandonnée par un Etat sans solutions durables et sa propension à la révolte et au besoin de changement est renforcée par les fréquentes annonces de cas de gabegies, de prévarications financières de la part de hautes autorités. Des cas non suivis de sanctions administratives et judiciaires. La gestion des fonds Covid-19 au Sénégal, dont on nous dit (maladroitement d’ailleurs) que seul 0,7% du montant total décaissé aurait été distrait de la procédure normale d’exécution de la dépense publique, aura marqué négativement les esprits. Les Sénégalais attendent, sur cette question, des sanctions exemplaires à la hauteur de l’affront subi. Il est présentement convenu parles experts du monde entier, y compris ceux de Davos, que l’Afrique doit sortir du modèle de non industrialisation qui lui est imposé via l’exportation de ses matières premières sans transformation préalable. Cela doit procéder d’abord de la volonté politique de nos dirigeants de mettre en œuvre des programmes économiques tendus vers la transformation structurelle, l’affectation des ressources publiques vers l’investissement, la répression de la corruption, le développement du capital humain, la quête concrète de l’intégration économique du continent via les régions et sous-régions.
Les économistes et autres spécialistes des sciences sociales doivent aider à cette réflexion dans des cadres adaptés pour la redéfinition de nouveaux paradigmes. Les politiques d’émergence économique en solo sont obsolètes compte tenu de la tendance mondiale aux regroupements économiques multipolaires. Il s’agit des plans Sénégal Emergent (horizon 2035), Gabon Emergent (horizon 2025),Côte d’Ivoire Emergent(horizon 2020), Cameroun Emergent (horizon 2035), Tchad Emergent (horizon 2025) etc…
Il est urgent, pour prendre le cas de notre pays, de changer le discours économique officiel faussement perspectiviste promettant l’émergence économique en 2035 alors que la géo-économie mondiale subit des bouleversements en profondeurs appelant à des choix cruciaux.
Vu la lenteur avec laquelle les institutions régionales et sous régionales avancent sur les questions de développement économique à l’échelle communautaire, il est impératif que les économistes, les statisticiens, les démographes, les spécialistes de l’éducation et de la formation, la société civile africaine s’emparent en urgence de ces questions pour dresser les contours d’une intégration économique réaliste.
La priorité devra être accordée à la sécurité alimentaire d’une Afrique pas loin d’abriter 2,5 milliards d’individus en 2050 soit dans 27 ans. La vraie unité africaine sera celle réalisée à travers l’intégration de son économie.
En définitive, et comme rappelé dans une précédente contribution sur la priorisation de l’agriculture vivrière rendue nécessaire par la situation géopolitique actuelle, l’intégration par l’agriculture doit constituer la base économique sur laquelle bâtir le développement industriel du continent via l’agro-industrie.
Tirer les leçons du passé
Dans cette perspective, les leçons du passé doivent servir. L’après- barrages de l’OMVS puis le NEPAD ont porté en leur temps le projet agricole régional intégré sans succès notable. Les barrages de Manantali et Diama, mis en service en 1988 et 1989, étaient prévus au départ pour irriguer 375 000 hectares de terres, arrêter l’intrusion des eaux salées dans le cours fluvial, rendre navigable le fleuve Sénégal de Kayes à Saint-Louis, et enfin produire 800GWHd’énergie hydroélectrique par an.
Sur 375 000 hectares de terres, objectif finalement ramené à 240 000 hectares, seuls 130 000 sont actuellement irrigués depuis 1989 date de mise en service de Diama.
Au finish, en dépit d’importants financements affectés aux investissements en infrastructures directes et connexes, les prévisions ayant prévalu à la mise en œuvre de ces barrages n’ont pas été réalisées ni en termes d’autosuffisance alimentaire via les aménagements hydro-agricoles, ni en termes de production hydroélectrique.
Un des paradoxes frappants est qu’avec ces barrages, environ 21 milliards de m3 environ sont « lâchés dans l’océan Atlantique chaque année pour réguler les volumes d’eau dans le souci d’en favoriser l’hydroélectricité (Mali), et ce, au détriment de l’agriculture à laquelle Diama était dédié pour le Sénégal.
Leur réinjection sur les terres arides du Djolof et environs, envisagée il y a une vingtaine d’année dans le cadre du programme de la revitalisation des vallées fossiles, devrait être rediscuté avec l’Etat mauritanien réfractaire au projet à l’époque. Le moment est d’autant plus propice que les deux Etats — Mauritanie et Sénégal — ont noué un partenariat pour la production du gaz naturel du gisement de Grand Tortue Ahmeyim.
La conception du pouvoir et le repli confortable sur l’espace étriqué que le colon a attribué à chaque pays empêchent notre classe politique d’envisager l’avenir au-delà des frontières géographiques nationales procédant de la balkanisation du continent. Nos dirigeants, pour bien « marquer leurs territoires »,se contentent des apparats quasi royaux (insignes, croix et rubans, drapeaux et hymnes nationaux) alors qu’ils savent pertinemment que les Etats souvent lilliputiens dont ils ont la charge ne sont pas viables. Il est grand temps de passer à une autre échelle.