SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
27 août 2025
EN AFRIQUE DE L'OUEST, LA DÉLICATE ÉQUATION DES PAYS ALLIÉS DE LA FRANCE
Après le départ des troupes françaises du Mali et du Burkina, les derniers alliés de Paris en Afrique de l'Ouest doivent trouver un délicat équilibre entre leur volonté de coopération antijihadiste et la montée du sentiment anti-français dans l'opinion
Les militaires français ont été sommés cette semaine de partir par la junte au pouvoir au Burkina Faso, quelques mois après un départ dans des conditions similaires de la force française du Mali qui s'est tourné vers la Russie.
A Bamako comme à Ouagadougou, le sentiment hostile à la présence française a gagné du terrain, dans les rues, les réseaux sociaux et jusqu'aux palais présidentiels. Mais toutes les capitales ouest-africaines n'ont pas encore cédé à ce rejet.
Mercredi, sur le perron de l'Elysée, l'étreinte est chaleureuse : le président ivoirien Alassane Ouattara vient partager un déjeuner de travail avec Emmanuel Macron pour évoquer notamment la lutte contre le terrorisme en Afrique de l'Ouest et au Sahel. La relation entre les deux pays est au beau fixe, les deux chefs d'Etat se voient régulièrement et plusieurs ministres français se sont succédés à Abidjan ces derniers mois.
Si la liste de ses alliés s'est réduite, la France compte toujours des troupes en Côte d'Ivoire (900), au Niger (2.000) et au Sénégal (500), notamment. En avril, le parlement nigérien a voté un texte autorisant le déploiement de forces étrangères sur son territoire pour lutter contre les groupes jihadistes qui sévissent notamment dans sa partie ouest, près des frontières du Mali et du Burkina. Niamey est une des options privilégiées pour accueillir les forces françaises chassées du Burkina.
La France assure qu'il n'est pas question d'imposer sa présence en Afrique mais plutôt d'être une force d'appui pour aider les pays africains à lutter contre le terrorisme, à leur demande. A cet égard, les soldats déployés à Dakar "incarnent parfaitement la nouvelle dynamique passant d’une logique de lutte directe contre les groupes jihadistes à une logique partenariale centrée sur l’appui et le soutien aux armées partenaires qui sont engagées en opérations", assure un responsable des Eléments français au Sénégal (EFS).
Politique intérieure
La réorientation de la politique française dans la région est accompagnée d'un profil bas pour un allié devenu parfois encombrant pour les gouvernements ouest-africains. "Je ne suis pas un valet de la France", lançait en juin le président nigérien Mohamed Bazoum, soucieux de ménager son opinion publique et les organisations influentes de la société civile qui ont plusieurs fois appelé à manifester contre la France, en 2021 et 2022.
Car avec ce choix assumé de se tourner vers les puissances occidentales, dont la France, "Mohamed Bazoum prend des risques politiquement", juge Amadou Bounty Diallo, enseignant à l'université de Niamey. "Il faut faire extrêmement attention, quand les gens sont très attachés à leur souveraineté, ils n'acceptent pas n'importe quoi", ajoute-t-il à l'AFP.
Le sentiment d'hostilité à l'égard de la France est devenu un sujet incontournable, notamment en politique intérieure. Au Sénégal, le président Macky Sall est régulièrement accusé par des militants, des articles de presse ou des publications sur les réseaux sociaux de prendre ses instructions auprès de son "maître" français, Emmanuel Macron.
Un des principaux opposants au chef de l'Etat sénégalais, Ousmane Sonko, qui compte se présenter à la présidentielle de 2024, assume un discours souverainiste et panafricaniste, parfois acide contre la France.
"La France divise au sein des opinions et devient un sujet de politique intérieure. C'est un thème utilisé comme un escalier pour accéder ou se maintenir au pouvoir, car cela fait recette dans une partie de l'opinion", souligne Fahiraman Rodrigue Koné, chercheur principal à l'Institut des études de sécurité (ISS), spécialiste du Sahel.
Aucun pays n'est à l'abri d'une montée du sentiment anti-français, pointe le fondateur du groupe de réflexion ouest-africain Wathi Gilles Yabi qui estime que le phénomène est autant lié "à la situation sécuritaire dans la région" qu'à "une volonté d'une partie de l'opinion de passer à une nouvelle phase, d’accéder à 'une nouvelle indépendance'".
"Mais il ne faut pas réduire le positionnement des Etats de la région à la question de leur rapport envers la France", prévient-il toutefois. "Le Niger, par exemple, est confronté à d'énormes menaces sécuritaires et pour M. Bazoum, le soutien des puissances occidentales apporte à l'heure actuelle plus d'avantages que d'inconvénients pour l'aider à résoudre ces défis", souligne cet expert.
INCENDIE AU MARCHÉ OCASS
Au moins 113 cantines sont parties en fumée à suite de l'incendie qui a ravagé dans la nuit de samedi à dimanche une partie du marché Occas de Touba (centre)
Au moins 113 cantines sont parties en fumée à suite de l'incendie qui a ravagé dans la nuit de samedi à dimanche une partie du marché Occas de Touba (centre), a indiqué à l'APS, le président du groupement des délégués des marchés de la cité religieuse.
‘’Actuellement, je ne peux pas estimer les dégâts matériels. Pour le moment, on a dénombré au moins 113 cantines qui sont parties en fumée. Les tabliers, les tailleurs entre autres font partie des sinistrés. Si on l’estime financièrement, c’est beaucoup d’argent perdu’’, a notamment déclaré Sény Dieng.
Il a salué la diligence dans l’intervention des sapeurs-pompiers avec à leur tête le général Mamadou Ndoye, commandant de la brigade mais également la police et la gendarmerie, qui n’ont ménagé aucun effort pour pouvoir maîtriser la situation.
Pour sa part, le chef de quartier de Touba mosquée et conseiller municipal, El Hadji Makhtar Diop a manifesté soutien aux sinistrés tout réclamant une modernisation de la pratique du commerce au marché Ocass.
‘’On veut un marché moderne qui répond aux exigences actuelles. On compte vraiment sur le soutien des autorités étatiques pour qu’on puisse avoir un marché moderne’’, a-t-il plaidé.
Un incendie dont l'origine n'a pas été encore déterminée, a ravagé dans la nuit de samedi à dimanche une grande partie du marché Ocass de Touba. En visite sur les lieux du sinistre, le ministre de l’Intérieur Antoine Diome a fait part de l'engagement des autorités étatiques à œuvrer afin d'éviter qu'un tel drame ne se reproduise.
VIDEO
OMAR CISSÉ, LE SECRET DE MA RÉUSSITE AU CANADA
Le Canada a beau être une destination attractive, mais ça ne se passe pas toujours bien pour tout le monde. Mais Omar Cissé lui a réussi à tirer son épingle du jeu grâce surtout d’une bonne préparation. Profil d’un jeune gestionnaire de fortune.
Le Canada est une destination dont de nombreux candidats à l’expatriation rêvent. En dépit des opportunités que peut offrir ce pays, ça ne se passe pas toujours bien pour tout le monde.
Toutefois, pour Omar Cissé, jeune planificateur financier, parti de France pour le Canada, tout s’est bien passé. Au vu de sa situation actuelle et de son parcours, il considère son émigration comme réussie. Ça a tellement réussi qu’il a dû penser à s’engager en politique au pays de l’érable.
Dans la première partie de cet entretien avec AfricaGlobe Tv, il nous parle de ce qui a motivé son départ vers le Canada, comment il a préparé son départ et les différentes étapes de son insertion.
Dans la deuxième partie de l’entretien que nous diffuserons bientôt, Omar Cissé nous parle de son engagement en politique et surtout de sa candidature comme député en octobre dernier.
VIDEO
OBJECTION AVEC DIALO DIOP
Le vice-président de Pastef en charge du panafricanisme et des questions mémorielles, évoque dans l'émission dominicale de Sud, le modèle politique sénégalais bâti selon lui, sur le faux. "Un anti-modèle qui s'effondre", ajoute-t-il
Le vice-président de Pastef en charge du panafricanisme et des questions mémorielles, évoque dans l'émission dominicale de Sud, le modèle politique sénégalais bâti selon lui, sur le faux. "Un anti-modèle qui s'effondre", ajoute-t-il.
LE SÉNÉGAL EST PROPRIÉTAIRE DE SON TER
Le porte-parole du gouvernement, Abdou Karim Fofana, a insisté samedi à Kaolack (centre) sur le choix du gouvernement de privilégier une ‘’souveraineté entière et exclusive'' dans l'exploitation du Train express régional
‘’Il faut noter que le Sénégal a fait le choix de la souveraineté, en étant propriétaire de son Train express régional. Quand je dis propriétaire, c’est entièrement et exclusivement. Le Sénégal est propriétaire de ses voies, de ses rames et de ses gares’’, a notamment précisé M. Fofana.
Le ministre du Commerce, de la Consommation et des Petites et moyennes entreprises (PME), réagissait à des informations relayées dernièrement dans la presse indiquant que le TER, assurant la desserte entre Dakar et Diamniadio n’appartenait pas encore en réalité au Sénégal.
‘’Il s’agit d’un débat un peu incongru et impertinent sur le TER, nourri sur la base d’un article publié par un quotidien français qui estimerait que le Sénégal n’est pas propriétaire de son Train express régional, que dans l’exploitation, le choix du partenaire n’a pas été fait de façon optimale et des questions de rentabilité se posent’’, a commenté le porte-parole du gouvernement sénégalais.
S'adressant à des journalistes en marge de l'ouverture officielle de la Foire internationale de Kaolack, une localité du centre du pays, a déploré les manipulations et la désinformation dont le projet a souvent l'objet.
‘’Cette propriété a été matérialisée par la création de la SETER, (la société d’exploitation du TER de Dakar). Il s’agit précisément d’une société d’exploitation qui a été sélectionnée suivant un processus rigoureux, dans lequel l’Etat du Sénégal a exigé de l’exploitant d’être actionnaire du capital de la SETER’’, a-t-il rappelé.
Il a fait savoir que cette société est un prestataire de l’Etat du Sénégal pour l’exploitation et la maintenance, a rappelé le porte-parole du gouvernement du Sénégal.
LES MIGRANTES, HÉROÏNES NÉGLIGÉES DU DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
Les femmes peuvent être, de moins en moins, considérées comme de simples figurantes du projet migratoire des familles dont elles constituent un moteur important de l’ambition de réussite, au Sénégal comme dans bien d’autres pays d’accueil
Les femmes peuvent être, de moins en moins, considérées comme de simples figurantes du projet migratoire des familles dont elles constituent un moteur important de l’ambition de réussite, au Sénégal comme dans bien d’autres pays d’accueil dans lesquels la contribution des migrantes à la création de richesse est une donnée essentielle de ce phénomène, à rebours de tous les clichés sur ce sujet.
La migration, régulière ou non, concerne toutes les catégories de population, dont les femmes, actrices importantes d’un phénomène qui a toujours contribué à la prospérité des pays, à travers les âges et les siècles, malgré la force des préjugés et des idées reçues.
Des migrantes de nationalité sénégalaise ou des étrangères vivant au Sénégal, témoignent pour l’APS des bienfaits de la migration qui leur a permis de prendre leur destin en main en s’ouvrant au monde et en se confrontant à d’autres réalités et cultures.
Aïda Sock, une Sénégalaise d’une trentaine d’années, en est un bon exemple. Cette artiste chanteuse et entrepreneure, a un point de vue plutôt tranché sur la question, en parlant de la migration en termes d’opportunités.
Il est important de partir, sous-entendu chacun doit avoir la possibilité d’aller voir d’autres horizons, chaque fois que le besoin de découvrir des cultures différentes et des choses nouvelles se fait ressentir, dit cette diplômée en administration des affaires et en commerce international du Miami Dade College et de l’université internationale de Floride, aux Etats-Unis.
Aïda Sock considère que son séjour aux Etats-Unis lui a apporté plus de savoir-faire et d’ouverture d’esprit sur le monde, malgré la perception négative que l’opinion a du migrant dans certains pays et sociétés.
Au pays de l’Oncle Sam, elle dit avoir ressenti de la curiosité plus qu’autre chose dans le regard que les autres posaient sur lui, surtout pas de mépris.
‘’Il y avait beaucoup de curiosité vis-à-vis de quelqu’un venu d’Afrique dans les normes, qui travaille et gagne sa vie. Il y a eu plus d’ouverture de portes qu’autre chose’’, confie-t-elle en riant.
‘’Je suis partie aux Etats-Unis pour étudier, avoir plus d’expérience mais également pour travailler. Et lorsque j’ai fini mes études, j’ai décidé volontairement de rentrer pour apporter à mon pays ce que j’ai reçu à l’étranger’’, explique Aïda.
A son retour au bercail, la jeune artiste qui compte notamment une participation à ‘’The Voice Afrique francophone’’, version africaine francophone de l'émission de télécrochet The Voice, se sent suffisamment armée pour lancer son entreprise et s’engager dans les affaires. Ce qui constitue à ses yeux la meilleure manière de participer à la création de richesse au profit de son pays.
Aïda a porté cette entreprise sur les fonts baptismaux avec l’aide de sa sœur et en se servant des différentes expériences professionnelles qu’elle a acquises à l’université mais aussi dans le domaine du mannequinat.
Cette entreprise spécialisée dans l’art, la mode et la nourriture, a contribué à créer des emplois mais a surtout ‘’apporté une nouvelle approche dans ce domaine, un traitement salarial différent, de l’embauche, la formation des employés et plus d’opportunités avec des partenaires’’, se félicite la jeune entrepreneure.
L’appétit venant en mangeant, Aïda lance une autre entreprise dans le domaine de l’art sous son propre label ‘’Mandarga Music’’, histoire de se tester et de voler de ses propres ailes.
La jeune femme, pas dupe, laisse entendre que les risques encourus par cette entreprise individuelle sont bien calculés. ‘’En tant que femme, dit-elle, je sais qu’il y a une question de sécurité qui se pose. C’est plus une question de s’assurer juste de ne pas partir sur un coup de tête, mais de faire attention sur sa destination et d’avoir un objectif à atteindre’’.
L’artiste musicienne convient que parfois il est important de partir de son pays pour mieux apprendre de la vie et s’imprégner d’autre chose, avoir plus de bagages pour apporter un plus à son pays d’accueil et d’origine.
Mais il demeure que la migration, surtout dans le cas des femmes, doit se faire ‘’dans les règles’’, de manière régulière, pour que personne ne soit amenée à risquer sa vie, observe-t-elle.
Partir pour apprendre, se confronter à d’autres horizons
De nationalité ivoirienne, Nathalie Nguessan est établie au Sénégal depuis 20 ans et ne manque jamais de louer l’importance de la formation qu’elle a reçue dans ce pays d’accueil où elle se sent épanouie.
Désormais mariée et mère de 3 enfants, cette employée de l’ONG Enda Energie dont elle est la responsable de la communication, n’était venu au Sénégal que pour renforcer sa formation et acquérir plus de connaissances.
Nathalie se dit plus que jamais décidée à rester dans son pays d’accueil, devenu, par la force des choses, sa seconde patrie.
‘’Je ne voyais pas l’opportunité de rester [en Côte d’Ivoire] dans un contexte de crise politique à l’époque, et je m’étais dit pourquoi pas chercher quelque chose au Sénégal, vu que j’ai fait ma formation ici’’, se justifie cette experte en communication, qui insiste sur la solidité de son cursus de formation ayant facilité son insertion professionnelle au Sénégal.
‘’Plusieurs personnes dans mon cas ont tenté de trouver du boulot ici, sans succès, et ont décidé de rentrer au pays, mais moi par contre, j’ai eu de la chance. Ce pays a été un terrain d’apprentissage pour moi, surtout dans le domaine du développement durable’’, indique Nathalie.
Mme Nguessan reconnait, par contre, avoir dû s’adapter à la culture sénégalaise, ce qui lui a permis de facilement faire valoir ses compétences professionnelles.
‘’Ma présence au Sénégal m’a permis d’aller au-delà de mon travail, pour entreprendre dans le domaine des cosmétiques en valorisant nos matières comme le cacao et le karité’’, renseigne Nathalie Nguessan, qui s’adonne au business à ses heures perdues.
Tout comme Aïda Sock, Nathalie soutient que la migration reste une bonne chose, en ce qu’elle permet aux femmes surtout de prendre leur destin en main, à condition qu’elle soit régulière.
‘’C’est possible de réussir en Afrique aussi, moi j’en suis la preuve. Il n’y a pas que l’Occident qui offre cette opportunité. Même ici, on peut créer des activités génératrices des revenus, mais tout dépend du domaine dans lequel vous vous engagez’’, poursuit-elle.
Nathalie va plus loin. La migration Sud-Sud reste plus bénéfique que celle Nord-Sud, affirme la native de Côte d’Ivoire, qui invite à se tourner vers les pays du continent, plutôt que de tenter l’aventure en mer pour un hypothétique Eldorado européen.
‘’L’Afrique est un terrain vierge’’, constate Nathalie d’un air plutôt sérieux pour le coup, avant d’ajouter : ‘’Les Occidentaux eux-mêmes viennent travailler ici. Si on a la formation et l’accompagnement nécessaire, on peut faire plus dans le continent’’.
Toujours est-il que Mme Nguessan dit se réjouir de voir de plus en plus de femmes profiter des opportunités offertes par la migration pour prendre leur destin en main et devenir de réels soutiens pour leurs familles.
Halima Saker Ahmed Damoh, une jeune entrepreneure d’origine tchadienne, parle à ce sujet d’une véritable prise de conscience féminine, se disant fière à titre personnel de se découvrir des capacités à franchir les obstacles de la vie pour aller toujours de l’avant.
A l’entendre, le Sénégal et la gentillesse dont les Sénégalais ont fait preuve à son égard n’y sont pas étrangers, la vie dans ‘’le pays de la Téranga’’ lui ayant permis de d’ouvrir les yeux sur beaucoup de choses et de devenir plus autonome.
‘’Je me suis fait une autre famille ici au Sénégal, avec des voisins et des personnes qui m’ont accompagnée depuis mon arrivée, en 2006’’, relève Halima, trouvée dans son bureau à Keur Ndiaye Lô, à une trentaine de kilomètres de Dakar, dans le département de Rufisque.
Cette femme battante aux multiples casquettes, entrepreneure dans le domaine de la menuiserie moderne, se félicite surtout de la tolérance dont les Sénégalais font preuve à l’égard des migrants.
Mme Damoh, conquise par ce trait de caractère des Sénégalais, demeure sous le charme de son pays d’accueil, qu’elle considère comme le sien.
Femme battante aux multiples casquettes
Dans sa petite entreprise de menuiserie moderne, elle emploie quelques Sénégalais avec lesquels la Tchadienne d’origine entretient des rapports empreints de cordialité et de respect mutuel, comme souligné par l’entrepreneure elle-même.
‘’Mon entreprise vient à peine de naitre mais j’ai pu créer de l’emploi ici au Sénégal grâce à ce que j’ai appris à l’école. Mon ambition est de faire plus que ce que je fais aujourd’hui’’, indique cette diplômée en ingénierie financière.
D’après Mme Damoh, le Sénégal demeure un pays de paix et de justice pour tous. ‘’Peu importe tes origines, dit-elle, lorsque tu as raison, la justice sera toujours en ta faveur’’.
L’analyse de la socio-anthropologue Oumoul Khaïry Coulibaly, spécialiste de la migration, donne toute la mesure de la place des femmes migrantes dans les pays d’origine et de destination.
‘’Certaines créent des emplois, même si elles sont moins nombreuses. Elles contribuent aussi à l’économie, à travers les transferts de fonds et de matériels, payent des taxes quand elles créent des activités, mais tout cela reste invisible’’, pour des raisons liées à la perception que la société a des migrations féminines, souligne-t-elle.
Il résulte de ce constat que les migrantes ont ‘’un rôle social très important’’, selon cette socio-anthropologue, enseignante-chercheuse à l’Ecole supérieure d’économique appliquée (ESEA) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
‘’Elles contribuent à l’économie de leur famille, voire prennent entièrement en charge les besoins de leurs proches, mais on a tendance à l’oublier, parfois’’, dit Oumoul Khaïry Coulibaly.
‘’Si on parle peu de la réussite des migrantes, cela est due à l’image que l’on a d’elles. Étant perçues comme des accompagnatrices passives, elles sont rarement considérées comme une catégorie sociale à part entière et ayant un projet migratoire’’, analyse-t-elle.
‘’Et pourtant, avance-t-elle, même celles qui partent dans le cadre familial sont souvent animées d’une ambition de réussite socioéconomique. Il en est de même pour les migrantes de retour et de leurs activités dont on parle peu’’.
La faute aux représentations sociales négatives qui empêchent une bonne perception de l’importance du rôle de la femme, observe la socio-anthropologue.
‘’Dans nos sociétés africaines, le rôle de l’homme comme pourvoyeur économique est tellement ancré que les migrations liées au travail sont avant tout perçues comme un phénomène masculin, passant ainsi sous silence les migrations féminines, alors que les débuts de la féminisation des migrations sénégalaises en Europe, par exemple, remontent, au moins, à la fin des années 70, et surtout au début des années 80, notamment suite à la fermeture des frontières françaises à la migration de travail’’, explique la chercheuse.
L’apport des femmes migrantes compte autant que celui des hommes
Pas de doute donc que les femmes migrantes contribuent plus que ce que l’on pense à l’économie de leurs pays d’origine et d’accueil grâce à leur travail et leurs activités.
Il faut déjà partir de ce que de manière générale, la contribution de la diaspora et des migrants de retour au PIB national ne souffre plus d’aucune contestation.
Selon Abdoul Karim Cissé, conseil technique à la Direction des Sénégalais de l’extérieur, la diaspora, hommes, femmes et jeunes réunis, contribuent à hauteur de 10% au PIB national.
La contribution des migrants dans le développement socio-économique est surtout visible dans le domaine des infrastructures sociales de base, note M. Cissé.
S’agissant de l’aide apportée aux migrantes, il indique qu’un fonds d’appui existe au niveau de la Direction des Sénégalais de l’extérieur pour appuyer leurs différents projets dans les pays d’accueil comme dans les pays de départ.
Il cite notamment le Fonds d’investissement des sénégalais de l’extérieur (FAISE) et son volet destiné au financement des femmes de la diaspora (FFD), lequel prend en compte, dit-elle, les migrantes de retour au bercail comme celles vivant à l’étranger.
Selon Abdou Karim Cissé, ce fonds permet aux femmes de fiancer leurs projets sans taux d’intérêt, avec une durée de paiement de 3 mois et de remboursement allant de 12 à 18 mois.
Malgré la relative méconnaissance de ce fonds par certaines migrantes de retour, M. Cissé soutient que beaucoup de femmes ayant bénéficié de cet appui ont réussi dans leurs activités.
‘’C’est vrai que ce fonds n’est pas vraiment connu, mais il y a des femmes qui en ont bénéficié’’, certaines trajectoires relevant même d’une véritable ‘’success story’’, même si ‘’d’autres ne s’en sortent pas parfois’’, précise M. Cissé.
Le hic c’est qu’il existe des migrantes revenues au bercail avec des différents projets nécessitant un appui, ‘’mais elles ne connaissent l’existence de ce dispositif (FDD)’’, déplore-t-il, avant de préconiser que ces dernières puissent se rapprocher du ministère de tutelle à travers le Bureau d’accueil d’orientation et de suivi (BAOS) dans les 14 régions, pour corriger cet impair.
‘’Dans les 46 départements, nous avons de points focaux [à travers les antennes de Sénégal Service]’’, Plateforme de gestion des démarches administratives du Sénégal. Il s’agit de corriger l’accès à l’information et d’animer sur le territoire la partie migratoire, car les réalités diffèrent pour chaque région’’, conclut-t-il.
par Jean-Baptiste Placca
D'ABORD AIMER SON PEUPLE
Défier la France n’est qu’un pur défoulement, sans incidence sur les problèmes fondamentaux du continent. Aux dirigeants avisés, l’intelligence politique commanderait d’en profiter pour redéfinir, de manière plus avantageuse, leurs relations bilatérales
Pour espérer s’en sortir, les peuples africains devraient peut-être commencer à s’assurer que les dirigeants qu’ils se donnent les aiment et défendent leurs intérêts, de la même manière que les dirigeants des autres nations du monde aiment leurs propres peuples et défendent les intérêts de leur patrie.
Entre le rappel demandé de l’ambassadeur de France et la dénonciation de l’accord de 2018 relatif aux forces françaises présentes au Faso, les ingrédients d’une brouille entre le Burkina et la France semblent réunis. Pourquoi, alors, donne-t-on, à Paris, l’impression de vouloir dédramatiser ces tensions ?
Paris dédramatise, peut-être, pour ne pas rééditer les vaines querelles d’un passé récent – qui ont tant servi à distraire, à peu de frais, une partie du peuple malien, qui en oublié de demander à la junte des comptes sur sa gestion du pays.
Ces tensions avec le Burkina n’en demeurent pas moins déplaisantes, et l’on se demande à quoi il sert de vouloir les relativiser. La dénonciation de l’Accord de 2018 n’a pas vraiment revêtu une forme des plus amicales. Elle aurait pu s’annoncer et s’amorcer plus discrètement, pour ne faire l’objet d’une telle publicité qu’au moment de sa finalisation. Le choix d’une injonction, servie à la télévision, à l’heure du déjeuner, pour rappeler les délais auxquels Paris était tenu, paraissait d’autant plus inamical que cela survenait après la demande de remplacement de l’ambassadeur. Oui, on peut toujours sauver la face, en dédramatisant. Mais il n’en a pas fallu autant, pour que Dominique de Villepin parle de « déclassement » de la France.
Cette décision de rupture des Burkinabè a pu être motivée par des ressentiments récents, mais elle a sans doute aussi de nombreuses causes plus lointaines. Les autorités de Ouagadougou s’empressent, certes, d’annoncer que cela ne remet pas en cause les relations diplomatiques. Mais, si elles le précisent, c’est justement parce qu’elles savent que ces tensions peuvent évoluer vers une rupture plus profonde.
Il y a parmi nous, et souvent au dessus de nous, des êtres imperméables à la honte. Insensibles au regret ! Est-ce prudent et raisonnable de confier nos sorts à de tels personnages ?
J’emprunte volontiers ce titre d'un roman peu connu d’Ousmane Sembene, paru en 1957. Écrivain et cinéaste autodidacte, pêcheur en Casamance dans sa prime jeunesse, maçon, puis Docker au port de Marseille dans les années 56-57. Ousmane Sembene est un auteur prolifique, dont chaque œuvre retrace un pan de l'histoire de notre pays. Par l’écrit et par l’image, il aura laissé à la postérité une marque indélébile. De son temps, et jusqu'il n’y a pas si longtemps, écrire et agir voulaient dire la même chose… Strictement. D'ailleurs, la vie entière d’Ousmane Sembene résume le film de la tragédie de l'Afrique et, plus particulièrement du Sénégal qui tâtonne et se cherche, vainement. Par la faute de leaderships défaillants ou peu inspirés, voire malveillants ! Conséquence : ceux qui auraient dû prendre les rênes du pays, et du continent pour leur clairvoyance et leur sincérité, sont confinés aux oubliettes par ceux qui ont une vision floue de l’Histoire, atteints d’une cécité cognitive qui renverse les priorités et sublime les avatars.
«Ô Pays, mon beau Peuple !» Pour dire, à gorge déployée et en chœur avec toute la jeunesse et le peuple du Sénégal tout entier, notre exigence ici et maintenant, de l’urgence de remettre de l’ordre dans notre pays, le Sénégal !
Promesses trahies, trahisons assumées sans vergogne, dires et dédits, mensonges et affabulations, sont devenus un art de vivre au lieu d’un pis-aller déshonorant. La honte ne tue plus. Les outranciers paradent et les braves gens souffrent en silence leur incapacité à se regarder dans le miroir de la lâcheté, au carnaval des bonimenteurs.
Heureusement qu’il y a la VAR ! Tous les menteurs sont connus, désormais reconnus ! Leurs paroles d’hier et leurs verbiages d’aujourd’hui les confondent au tribunal de l’Histoire. On se partage, à grandes échelle, les flux cathodiques et numériques des histoires de petites gens qui parlent tellement faux qu’ils finissent par s'en ligoter les chevilles. Mais ils n’en n’ont cure ! Ils sauteront, au besoin pieds joints, dans toute nouvelle aventure salvatrice pour piétiner leurs amitiés reniées au profit de nouvelles subordinations… intéressées. Sans mémoire, la conscience n’existe pas.
Mais les oublieux du présent sont… à présent (!) assiégés par la VAR. La mémoire numérique et audiovisuelle qui les traque et les matraque sans répit. Mais sans mémoire, ni conscience, comment éprouver de la honte, ce sentiment si généreux et pudique quant au fond, qu'il dit le regret et la peine ?
Or, il y a parmi nous, et souvent au dessus de nous, des êtres imperméables à la honte. Insensibles au regret ! Est-ce prudent et raisonnable de confier nos sorts à de tels personnages ?
Le temps est venu de nous regarder, les yeux dans les yeux, et de rendre la Justice par des justes ! Ceux dont la conscience n’est pas alimentaire mais davantage spirituelle. Cette conscience qui nous élève et nous exhausse de la fange pestilentielle des lâchetés immédiates. Cette conscience qui scrute les horizons imprescriptibles de l’Ultime Jugement !
Et pourtant !
Le Sénégal est un pays riche ! De ses femmes et de ses hommes qui ont toujours su négocier les virages périlleux pour remettre à flot notre pirogue. Je tiens de cette certitude la foi que rien, ni personne, ne pourra mettre en péril ce pays en forme de tête de lion à la proue de l’Afrique occidentale, quasiment à égale distance entre l’Europe et les Amériques. Je dis bien, nul ne fera chavirer notre pirogue, le Sénégal ! À Dieu ne plaise !
«Il n’y a pas de destins forclos, il n’y a que des responsabilités désertées » aimait nous rappeler mon neveu Le poète et philosophe Hamidou Dia. Qu’Allah lui renouvelle Ses Grâces et Sa Miséricorde Infinie.
Pour lui, pour le Camarade Khasset Cissokho, militant intransigeant, courageux et désintéressé, pour l’avènement d’un Sénégal nouveau et de progrès, et qui sera rendu à la terre en ce vendredi, l’interpellation de Frantz Fanon dans les dernières lignes du livre Les damnés de la terre :
«Allons camarades, il vaut mieux dès maintenant changer de bord. La grande nuit dans laquelle nous fûmes plongés, il nous faut la secouer et en sortir. Le jour nouveau qui déjà se lève doit nous trouver fermes, avisés et résolus». Frantz Fanon, Les damnés de la terre.
DES TRANSITIONS DÉMOCRATIQUES AUX TRANSITIONS MILITAIRES
De Khartoum à Conakry, des militaires ont pris le pouvoir entre 2020 et 2022 et entendent y rester. Analyse d’une tendance qui, malgré les promesses des putschistes, n’annonce nullement l’avènement – ou la restauration – de la démocratie
The Conversation |
Thierry Vircoulon |
Publication 28/01/2023
Depuis 2020, une étonnante épidémie de putschs (cinq en deux ans) a frappé la zone comprise entre les 10e et le 20e parallèles nord, qui va du Soudan à la Guinée. De Khartoum à Conakry, des militaires ont pris le pouvoir entre 2020 et 2022 et entendent y rester. Niger mis à part, cette bande est ainsi devenue la « bande des juntes ».
Analyse d’une tendance qui, malgré les promesses des putschistes, n’annonce nullement l’avènement – ou la restauration – de la démocratie dans les pays concernés.
Putschs de guerre, putschs de paix et putsch consenti
Au Soudan, le 25 octobre 2021, le général Abdel Fatah al-Burhane a fait un putsch au sein de la transition ouverte par la chute du régime d’el-Béchir en 2019 en mettant fin au gouvernement civilo-militaire et en arrêtant le premier ministre Hamdok, en poste depuis 2019.
Bien que tous ces pays aient une longue histoire de pouvoirs militaires, il faut distinguer, dans cette succession de coups de force, les « putschs de guerre », les « putschs de paix » et le putsch consenti tchadien. Les premiers (Mali et Burkina Faso) sont motivés par la défaite progressive face aux groupes djihadistes et le mécontentement consécutif des militaires vis-à-vis du pouvoir civil.
Les noms que se sont donnés les putschistes au Burkina Faso (Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration, MPSR) et au Mali (Comité national pour le salut du peuple, CNSP) illustrent leur motivation : prendre les rênes de la guerre pour sauver le pays face à ses ennemis.
Parmi ces cinq coups d’État, le Tchad est un cas particulier car il peut être qualifié de putsch consenti. En effet, il n’y a pas eu de renversement du pouvoir, mais une succession familiale anticonstitutionnelle dans laquelle l’oligarchie militaire a joué un rôle-clé.
Après le décès inattendu du président Déby, le président de l’Assemblée nationale Haroun Kabadi a renoncé à être président par intérim comme le prévoyait la Constitution, au profit d’un des fils de Déby et d’un groupe de généraux (Conseil militaire de transition, CMT). Dans la mesure où les protestations ont été minoritaires et vite réprimées, la succession militaro-dynastique a été consentie par la majorité de la classe politique, y compris des figures historiques de l’opposition.
La France est-elle encore la bienvenue quelque part en Afrique francophone ? Près d’un an après le début du retrait des troupes de l’opération Barkhane du Mali, et quelques mois après un départ de la Centrafrique, c’est désormais le Burkina Faso qui rejette la présence tricolore venue soutenir la lutte contre les groupes djihadistes qui sévissent au Sahel. D’ici un mois, les 400 militaires des forces spéciales françaises, engagées dans une opération baptisée Sabre, ne seront plus qu’un souvenir. L’option privilégiée serait alors de redéployer ces militaires d’élite au Niger voisin. Mais jusqu’à quand ?
Le scénario burkinabé ressemble de plus en plus aux rebondissements qui touchent le Mali avec quelques mois d’écart. Entre le sentiment anti-français, des putschs à répétition, une junte militaire au pouvoir et un rapprochement avec la Russie, le Burkina Faso est-il dans les pas du Mali ? « Ça ne fait aucun doute », tranche Thierry Vircoulon, coordinateur de l’Observatoire de l’Afrique centrale et australe de l’Ifri (Institut français des relations internationales), contacté par 20 Minutes. Toutefois, la présence militaire française au Mali « est incomparable » avec celle au Burkina Faso, nuance Wassim Nasr, spécialiste des mouvements djihadistes et auteur de L’Etat islamique, le fait accompli (Plon).
Une junte militaire au pouvoir
Ce n’est pas un mais deux coups d’Etat qui ont secoué le Burkina Faso en 2022 déclenchés par des attaques meurtrières perpétrées par des djihadistes. Le premier a renversé en janvier le président élu démocratiquement Roch Marc Christian Kaboré remplacé par le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba. Mais ce dernier est à son tour éjecté du siège présidentiel en septembre de la même année. C’est le capitaine Ibrahim Traoré, désigné président de transition jusqu’à une élection présidentielle prévue en 2024, qui lui succède. Un scénario qui n’est pas sans rappeler celui du Mali où deux coups d’Etat ont également éclaté en 2020 et 2021, laissant là aussi la place à une junte militaire.