SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
26 août 2025
SIKILO, DOULOUREUX RETOUR SUR LES LIEUX DU DRAME
Une semaine après le tragique accident ayant occasionné 42 morts, retour sur les lieux de la catastrophe, devenus un sanctuaire. Il s’y joue un chapitre chargé d’émotion pour tous les passants empruntant la route nationale 1
Impossible qu’il ait un survivant ! C’est la première pensée qui traverse l’esprit, une fois, à Sikilo, sur les lieux du tragique accident. La scène apocalyptique est encore perceptible sur la route nationale. Une semaine après le frontal choc impliquant deux bus de transport de voyageurs. Tout porte à croire que le drame vient juste de se produire. Des débris de verres éparpillés, de la ferraille, des vêtements déchiquetés, des sièges volatilisés, divers objets. Et des taches de sang noircies, mais visibles sur le bitume. Témoin de ce bilan macabre enregistré, l’un des deux véhicules est complètement détruit. « J’imagine ce qu’ont vécu les passagers. Ce fut certainement l’horreur », lance une dame trouvée sur place, profondément touchée, les yeux pleins de larmes. Sa camarade, également sous le choc, renchérit : « comment tout cela a-t-il pu arriver » ? Elles se sont imposé cet arrêt pour se recueillir et prier pour les victimes.
« En réalité, aucun véhicule ne traverse désormais Sikilo sans s’arrêter sur le site de l’accident ayant occasionné le décès de 42 personnes » renseigne Modou Ndao, habitant du village. Et la trentaine de minutes passées sur place, confirme notre interlocuteur. Sur les lieux du drame, bus, camions, « 7 » places et véhicules particuliers, tous s’immobilisent quelques minutes. Le tout sous le signe du recueillement et des effusions. Donnant lieu à un chapitre haut en émotions. « Cet accident dépasse l’entendement. Il y a des choses que l’on ne peut expliquer de façon rationnelle », dit Pathé Seck, chauffeur d’un bus stationné juste à côté. Il s’explique difficilement la tragédie. « J’ai fait trente ans dans le milieu, mais c’est la première fois que je vois un choc aussi brutal », résume-t-il, le malaise perceptible sur son visage.
« Rendons grâce à Allah (Swt). Tous les passagers pouvaient périr dans cet accident », tempère Rokhaya Thioune, terrifiée par le nombre de victimes et l’ampleur des dégâts. « Le bilan pouvait être plus lourd », soutient-elle, au milieu du chaos, s’accrochant à l’épaule de sa fille, Anta. Toutes les deux en pleurs. L’image est insoutenable. Les voitures passent et repassent. Le même rituel. Arrêt, recueillement, prières et solidarité envers les victimes, les blessés et leurs familles. Sur la chaussée, quatre jeunes, l’air perdu. Trois filles et un garçonnet. Ils habitent Sikilo et commencent à s’habituer à ces images douloureuses de gens en pleurs, venus de tous les coins du Sénégal en soutien aux victimes. « C’est à la fois dur et incompréhensible. Notre village est devenu tristement célèbre », chuchote Daba, relevant que son père est l’un des premiers à arriver sur les lieux de l’accident. « Quand je l’ai vu à son retour à la maison, j’ai compris que quelque chose de terrible s’était passée. Son visage a subitement changé. Et il faisait des va-et-vient incessants entre la route et la maison », se souvient-elle, réalisant « réellement » la catastrophe, le lendemain, une fois sur les lieux. « La foule était immense. Pompiers, gendarmes, journalistes. Tous étaient là. C’était incroyable. Je me souviendrai à vie de cette nuit du samedi 7 au dimanche 8 janvier 2023 ».
Un semblant de normalité
Sikilo reste en deuil. Sur place, la tristesse est grande. La douleur immense. Les pleurs constants. L’atmosphère pesante s’est emparée de tout le village. Et « aucun semblant de normalité » ne fera oublier ce qui s’est passé. « Il faut dire que le tragique accident n’a épargné personne. Petits et grands, hommes et femmes, tous sont affectés. Et il faudra véritablement du temps pour tourner cette page douloureuse de notre histoire », lance un quinquagénaire qui nous reçoit devant sa demeure. C’est également le sentiment du chef de village. Alimou Diaby n’arrive pas à arrêter de repenser aux « horribles images » de l’accident. « Je suis encore sous le choc. Il sera difficile d’effacer ces images de ma mémoire », insiste M. Diaby. Des séances de lecture du Coran ont été organisées à l’initiative de l’imam. Une manière de prier pour les victimes et pour que « plus jamais ça » à Sikilo. Le village s’efforce donc de passer à autre chose. La vie reprend peu à peu son cours normal. Les femmes s’adonnent aux activités postrécolte. Les moins jeunes à la cueillette de jujube, principal fruit de la zone en cette période de l’année. Tous vaquent tranquillement à leurs occupations. Ainsi pour dire que Sikilo s’engage silencieusement, mais résolument sur la voie du post accident tragique qui l’a projeté à la face du monde.
FATOU DIOME ELUE A L’ACADEMIE ROYALE DE LANGUE FRANÇAISE DE BELGIQUE
L’écrivaine sénégalaise Fatou Diome, a été élue, samedi 14 janvier, à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, en remplacement de Marie-Claire Blais, écrivaine québécoise, décédée le 30 novembre 2021
L’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique a procédé à l’élection d’un nouveau membre, en la personne de l’écrivaine Fatou Diome. Yves Namur, Secrétaire perpétuel, a présenté l’auteure sénégalaise comme étant dans la lignée des Senghor et Césaire.
L’écrivaine sénégalaise Fatou Diome, a été élue, samedi 14 janvier, à l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, en remplacement de Marie-Claire Blais, écrivaine québécoise, décédée le 30 novembre 2021. Dans une note à la presse, Yves Namur, Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, il est écrit que « c’est, avec une très large majorité de voix de préférence, que l’écrivaine Fatou Diome a été élue et rejoint désormais, outre les membres belges, Philippe Claudel, Sylvie Germain, Éric-Emmanuel Schmitt, Gérard de Cortanze ou Michel del Castillo ».
La source ajoute qu’en cours d’année, Fatou Diome sera officiellement reçue, au Palais des Académies, par Yves Namur, Secrétaire perpétuel. « Par le passé, l’Académie de Belgique avait ainsi élu, au titre de membres étrangers (section littéraire), des écrivaines telles qu’Anna de Noailles, Colette, Edmée de La Rochefoucauld, Marguerite Yourcenar, Dominique Rolin ou Assia Djebar », lit-on dans le document.
Née au Sénégal en 1968, sur la petite île de Niodior, dans la région de Fatick, Fatou Diome, est depuis 2001, l’auteure d’une quinzaine de romans, nouvelles et essais. Parmi ceux-ci, « Le Ventre de l’Atlantique », publié aux éditions Anne Carrière en 2003, réédité en poche et traduit dans une vingtaine de langues. En 2006, elle entre chez Flammarion avec un roman intitulé « Kétala » ; suivront, chez le même éditeur, Inassouvies, nos vies, Celles qui attendent, Mauve, Impossible de grandir ou Marianne porte plainte ! L’année 2019 signe son passage chez Albin Michel avec des titres tels Les Veilleurs de Sangomar, « De quoi aimer vivre » (2021) ou « Marianne face aux faussaires » (2022). « Son œuvre romanesque est souvent nourrie de faits autobiographiques où se mêlent le grave, la spiritualité et un humour irrésistible. Une écriture riche en images et réflexions, tel ceci : « Chercher le bonheur, c’est oser le vertige. » Une œuvre très largement accueillie par la critique », a écrit Yves Namur dans la note. Yves Namur a aussi présenté Fatou Diome comme une auteure, dans la lignée des Senghor et Césaire, qui dit ouvertement : « Ma paix intérieure réside dans le dialogue des cultures ». « Quant à son œuvre, outre le fait qu’elle est un trait d’union entre deux mondes, on peut également ajouter qu’elle s’avère aussi un véritable hymne à la résilience », a-t-il insisté.
LE TOP DEPART DU CHAMPIONNAT DONNÉ CE WEEK-END
Le coup d'envoi de la saison 2022-2023 de basketball (Homme et dame) sera donné ce week-end. 14 formations reparties en 2 poules seront sur la grille de départ de ce nouveau marathon.
Le coup d'envoi de la saison 2022-2023 de basketball (Homme et dame) sera donné ce week-end. 14 formations reparties en 2 poules seront sur la grille de départ de ce nouveau marathon. Du fait de l'agenda chargé des compétitions internationales de cette année, la fédération sénégalaise de basketball exige un respect strict du calendrier national dans le but de boucler la saison au plus tard le 31 juillet. Après le tournoi inaugural des quatre Grands, la saison de basketball 2022-2023 démarre ce weekend au stade Marius Ndiaye et dans les régions. 14 équipes réparties en deux poules de 7 seront en lice pour la succéder de l'As ville de Dakar et à l'As Douanes sacrées respectivement championnes du Sénégal dans les deux tableaux.
Les féminines de l'As Ville de Dakar qui ont vampirisé tous les trophées de la précédente saison (Coupe du maire, coupe de la Ligue, championnat et Coupe du Sénégal) partiront une fois de plus avec les faveurs des pronostics. Sous la houlette de Couna Ndao Reine de la saison 2022-2023, l'équipe de la Municipalité de Dakar et sa pléiade d'internationales et de nouvelles recrues disposent encore les armes pour imposer leur domination voire leur suprématie. A commencer dans la poule A qu'elle partage avec DBALOC, le Jaraaf, l'UCAD Sporting Club, le Flying Stars et CEMT de Ziguinchor et la Jeanne d'Arc. Une équipe de la JA qui abordera la saison avec de grandes ambitions au vu des recrues de tailles dont l'ancienne Reine Ndèye Sène. Tête de file de la poule B, le Dakar Université club (Duc) et Saint-Louis basket club auront encore l'ambition de contester le leadership de l'As ville de Dakar depuis deux saisons. Cette position s'est d'ailleurs affirmée le week-end dernier lorsque cette équipe remportait le trophée du tournoi des 4 Grands devant le Duc. Outre ces deux grandes prétendantes et grandes rivales de l'As Ville depuis quelques saisons, la poule B est complétée par l'ISEG Sport, l'ASFO, Diamaguène, Mbour BC et Bopp.
Chez les hommes, les débats seront tout aussi serrés dans les deux poules constituées. Championne de la saison en titre, l’AS Douanes remet son trophée de champion en jeu. En lice pour le Basket-ball Africa League (BAL), la formation douanière est encore assez affûtée pour jouer encore les grands rôles dans cette présente saison. Les Gabelous démarrent le marathon le mercredi 25 janvier avec le duel qui l'oppose dans la poule A à Bopp. Une poule qu'elle partage avec l'USO, l'UGB, le SIBAC, Mermoz, l'ASFA et Louga. Dans la poule B, la Jeanne d'Arc et le Duc se positionnent en favoris. Elles se mesureront avec l'As Ville Dakar, l'US Rail, l'équipe de Larry Diouf, l' UCAD Sporting Club, le Port et l' ASC Thiès. Il faut noter que en raison d'un calendrier international chargé avec les éliminatoires de la Coupe du monde (24-26 février), la Basketball Africa League (11-21 mars), l’Afrobasket féminin (28 juillet-6 août) et la Coupe du monde masculine (25 août-10 septembre), la Fédération sénégalaise de basketball a décidé de calibrer la présente saison pour la boucler au plus tard le 31 août.
COMPOSITION DES GROUPES
NATIONAL 1 MASCULIN
Poule A : AS Douanes, USO, UGB, SIBAC, Mermoz, Bopp, ASFA, Louga
Poule B : DUC, JA, Ville Dakar, US Rail, Larry Diouf, UCAD Sporting Club, Port, ASC Thiès
NATIONAL 1 FÉMININ
Poule A : Ville de Dakar, DBALOC, JA, Jaraaf, UCAD Sporting Club, Flying Stars, CEMT
Dos au mur, Le Sénégal va jouer sa qualification demain dimanche 22 janvier à 19h en affrontant à Annaba, la République Démocratique du Congo (RDC) pour le compte de la 3ème journée du groupe du CHAN.
Battue et contrainte de céder la première place de son groupe à l’Ouganda, l'équipe du Sénégal affronte demain dimanche 22 janvier, la République démocratique du Congo (RDC) pour le compte de la 3ème journée du groupe D du championnat d'Afrique des nations en Algérie. Les Lions doivent obligatoirement terminer par un résultat positif pour poursuivre l'aventure.
Dos au mur, Le Sénégal va jouer sa qualification demain dimanche 22 janvier en affrontant à Annaba, la République Démocratique du Congo (RDC) pour le compte de la 3ème journée du groupe du CHAN.
De retour dans la compétition après une absence de douze ans, les Lions du Sénégal ont l'objectif d’atteindre le second tour. Dans cet élan, la bande à Lamine Camara, Moussa Ndiaye et autres Pape Sy avaient réussi leur entrée en matière dans la compétition en dominant les Éléphants de la Côte d’Ivoire lors de la 1ère journée (1-0). La deuxième sortie a toutefois été moins brillante puisqu'ils ont été surpris par l’Ouganda (0-1). Les protégés de Pape Thiaw se retrouvent relégués à la 2ème place du Groupe B, avec seulement trois points au compteur derrière l’Ouganda (4 pts).
Une défaite amère puisque en plus d'avoir perdu la première place, l'équipe du Sénégal s'était retrouvée dans une position inconfortable. Il n'aborde pas cette ultime rencontre de la meilleur manière qui soit. Il devrait se passer de son meneur de jeu Lamine Camara et Raymond Ndour tous blessés. Des absences de taille auxquelles, il faut ajouter celles de Libasse Ngom qui a écopé de deux matches de suspension suite à un carton rouge reçu contre l'Ouganda.
Quoiqu'il en soit les Lions sont dans l'obligation de gagner. Pour cela, les hommes de Pape Thiaw devront être prêts, concentrés et faire preuve de plus d'efficacité sur le plan offensif. Surtout devant une formation congolaise qui n'a pas encore encaissé de but.
En cas de victoire, ils retrouveront directement les quarts de finale quel que soit l’autre résultat du match entre la Côte d’Ivoire et l’Ouganda. En revanche, s'ils décrochent le point du match nul, leur sort sera lié au résultat de l’autre match ou à la meilleure différence de buts.
MACKY PISTE SONKO
Engagé dans une entreprise systématique de réduction de l’opposition politique à sa plus simple expression, comme il l’a ouvertement clamé, le président Macky Sall serait-il en train de bénéficier d’un «coup de pouce» du destin ou de Dame justice,...
Engagé dans une entreprise systématique de réduction de l’opposition politique à sa plus simple expression, comme il l’a ouvertement clamé, le président Macky Sall serait-il en train de bénéficier d’un «coup de pouce» du destin ou de Dame justice, c’est selon ? Pour cause, avec l’ordonnance de « renvoi et de mise en accusation » devant la Chambre criminelle de son principal opposant Ousmane Sonko, dans l’affaire dite Adji Sarr, les nuées continuent de s’amonceler au-dessus de la tête du plus irréductible des opposants au pouvoir, de surcroit pièce maitresse de la coalition Yewwi Askan wi. Surtout avec un procès dont personne ne peut préjuger de l’issue sur la situation politique du Sénégal et l’éligibilité de l’accusé. Allez demander à Karim Wade et Khalifa Sall !
L ’élection présidentielle de 2024 qui mettra en lice le mandat de Macky Sall est bien partie pour être celle de tous les paradoxes. A preuve, nul ne peut gager des challengers qui vont y participer, à commencer par le président sortant lui-même. Alors qu’il devra faire face à l’épineuse question de la troisième candidature, le président Macky Sall voit les ténors de son opposition la plus représentative, en pourcentage électoral, sous le coup de Dame justice. Qu’il y ait joué un rôle ou non, le constat est là : les principaux prétendants au fauteuil présidentiel, sous Macky Sall, sont presque toujours en bisbilles avec la justice. Dernier en date : le cas Ousmane Sonko, le maire de Ziguinchor et principal porte-voix de la coalition Yewwi Askan wi. Celle-là même qui, aidée par la coalition Wallu, a failli imposer en 2022 la cohabitation à l’Assemblée nationale, en portant un sérieux coup à la majorité parlementaire mécanique de Benno Bokk Yaakar, lors des 12ème et 13ème législatures
A moins de 13 mois de la présidentielle qui se profile, « l’ennemi public n°1 » du camp au pouvoir se retrouve englué dans un procès de tous les possibles, car pouvant même déboucher selon certains esprits à la perte de son éligibilité, en cas de condamnation. Comme avant lui, Karim Wade du Ps et Khalifa Sall de Taxawu Sénégal. Deux candidats qui avaient vraisemblablement avec eux soit l’appareil politique soit la sympathie du corps électoral pour pousser Macky Sall dans ses derniers retranchements, sur la base du «dégagisme» en vigueur au Sénégal, pendant les dernières élections présidentielles.
A contrario, le candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds) Karim Wade qui s’est retrouvé au cœur de la traque des biens mal acquis et du feuilleton judiciaire qui a tenu le Sénégal en haleine pendant près de deux ans et demi, a écopé en mars 2015 d’une peine de six ans de prison ferme, et d’une amende de 138 milliards de francs CFA. Du coup, il perdait toute possibilité de briguer face à Macky Sall le strapontin présidentiel. Idem pour l’indéboulonnable ancien maire de Dakar Khalifa Sall. Rattrapé par l’affaire dite de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, il écopait, lui aussi qui aspirait contester le fauteuil de Macky Sall à la présidentielle de 2019, d’une condamnation ferme au terme d’un procès qui aura duré près de deux mois et demi. Au final, ce fut une condamnation à 5 ans de prison ferme, la révocation de son perte de maire et la déchéance de son statut d’électeur. Malgré les mesures de grâces prises à leur endroit par le chef de l’Etat lui-même, ces deux anciens challengers au strapontin présidentiel courent encore derrière leur éligibilité, nonobstant une fictive promesse d’amnistie en divagation dans les couloirs du Palais. Aujourd’hui, c’est Ousmane Sonko de Pastef-les Patriotes lui-même qui est envoyé en procès, devant la Chambre criminelle, pour «viols répétés» et “menaces de mort”.
Main du destin, instrumentalisation de la justice pour liquider des adversaires ou coïncidence. Allez savoir. En tout cas, le maitre incontestable du jeu politique depuis 2012, fortement ébranlé lors des dernières élections au Sénégal (Locales et Législatives 2022) est comme qui dirait «remis en selle» par les affaires politico-judiciaires qui écartent ses adversaires politiques les plus dangereux de son chemin. Toute chose qui semble du pain bénit pour sa coalition Benno Bokk Yakaar qui amorçait une dangereuse régression sur le terrain électoral depuis 2019. Surtout en perspective de la présidentielle de 2024 et la neutralisation politique d’Ousmane Sonko.
MIMI TOURE ET LE COLLECTIF FRAPP/FRANCE DEGAGE EXPRIMENT LEUR REGRET DE LA RENCONTRE MACKY-LE PEN
Audience supposée de Macky Sall au leader du Front National, Marine Le Pen, L’ancien Premier ministre, Aminata Touré, et le collectif Frapp/France dégage sont dans tous leurs états.
L’ancien Premier ministre, Aminata Touré, et le collectif Frapp/France dégage sont dans tous leurs états. Alors que plusieurs médias Français font état d’une audience secrète de 4 heures que le président de la République, Macky Sall, aurait accordée le mercredi 18 janvier dernier au leader du Front National, Marine Le Pen, arrivée au Sénégal le 16 janvier dernier pour une visite de trois jours, Aminata Touré est montée au créneau pour exprimer son étonnement. « Je n’ose pas croire que cette information est vraie. Si c’est le cas, nos compatriotes sénégalais et africains vivant en France qui subissent depuis des décennies les attaques racistes et xénophobes du Front National apprécieront », a lancé l’ex Premier ministre devenue, depuis sa mise à l’écart de la présidence de l’Assemblée nationale par l’actuel chef de l’Etat, un de ses farouches opposants.
Pour sa part, parlant de cette supposée audience qui n’est pas confirmée par les services de communication de la présidence de la République, le collectif Frapp/France dégage dit avoir « honte des actes posés par Macky Sall ». Des actes qui, selon lui, « donne un blancseing à l’extrême droite française, à la montée de l’islamophobie et à la haine des migrants ». « En voyage au Sénégal, Marine Le Pen a été reçue par le président Macky Sall au palais ce mercredi 18 janvier. Qui est Marine Le Pen ? Pourquoi sa visite au Sénégal et sa rencontre avec Macky Sall devraient faire réagir les Sénégalais et les Africains ? », s’est interrogé le Secrétariat exécutif national (SEN) du FRAPP dans une note transmise à notre rédaction. « Signataire de plusieurs protocoles d'accord avec des pays européens sur la gestion des flux migratoires, Macky Sall est en accord idéologique avec Marine Le Pen qui milite pour l’expulsion des migrants, l’interdiction du port du voile, la suppression du regroupement familial… », Ajoutent encore les responsables de Frapp qui précisent en outre que « Le Rassemblement National comme tous les partis politiques fascistes européens est notre ennemi ».
Par Marie-Pierre Rokhayatou Sarr
LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
Je vous invite à apprendre de l’histoire qui n’est malheureusement qu’un éternel recommencement. Ne vous laissez pas tromper par les illusions d’optique, un leurre politique déjà vu avec vos prédécesseurs
La situation politique actuelle est très tendue. Notre cher pays est encore à la croisée des chemins. J’ai appris qu’un de vos proches, Moustapha Kane, votre ancien Chef de Cabinet, Président du Conseil de surveillance de l’Asepex, a préféré démissionner de ce poste, démission qui ne peut, j’en suis sûre, vous laisser indifférent. Il justifie son acte «pour être logique dans sa démarche qui consiste à montrer sa désapprobation à votre troisième candidature en 2024».
S’en est suivie celle du Coordonnateur de votre parti au Canada, pour vous manifester lui aussi, dans une lettre ouverte, son opposition à votre éventuelle troisième candidature.
M. le président, vous êtes attendu principalement sur cette question qui est d’ailleurs sur toutes les lèvres, elle est, en effet, au centre de toutes les attentions de nos concitoyens. L’article 27 de la Constitution est pourtant sans équivoque, ses deux alinéas sont bien dissociables. L’alinéa 1er traite de la durée du mandat qui est fixée à cinq ans. Quant à l’alinéa 2 qui fixe le nombre autorisé de mandats, il dispose : «Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs». Cet alinéa a ainsi levé toute équivoque sur le sens des mots utilisés. C’est clair comme l’eau de Roche, on ne peut y perdre son latin, c’est écrit dans un français limpide. Tout le monde est en mesure de comprendre la phrase, on n’a même pas besoin d’être juriste. Un mandat qu’il soit de 7, 5 ou 3 ans est un mandat. Peu importe la durée du mandat qui n’a rien à voir avec le nombre. Les deux alinéas les distinguent bien, l’interprétation n’est donc pas nécessaire. Et puis, vous en êtes le premier interprète, le concepteur. L’obstacle juridique de la troisième candidature est donc bien là. Vous êtes en effet en train d’exercer votre second et dernier mandat, Mr le Président.
Votre prédécesseur a été élu en 2000 sur la Constitution du 7 mars 1963 qui avait supprimé en 1998 la limitation du nombre de mandats présidentiels, contrairement à vous qui avez été élu en 2012 avec la Constitution de 2001 votée par référendum (loi n°2001- 03 du 22 janvier 2001 portant Constitution modifiée (jors n° spécial 5963 du 22 janvier 2001, p.27). Cette Constitution de 2001 avait d’ailleurs déjà verrouillé la limitation des mandats à deux. Il disposait : «…Le mandat est renouvelable une seule fois».
Vous avez toutefois souhaité fortifier la limitation des mandats avec le référendum de 2016 (article 1er loi constitutionnelle n° 2016-10 du 5 avril 2016 portant révision de la Constitution, jors n° spécial 6926 du 7 avril 2016, p.505, article modifiant et remplaçant l’article 27) et c’est tout à votre honneur. La clause d’éternité est même venue pérenniser cette limitation.
Aucune dérogation n’est possible au principe d’interdiction absolue posée par l’alinéa 2, une disposition transitoire pour éviter toute ambiguïté n’est pas prévue. Elle pouvait être rédigée par exemple de la façon suivante : «L’alinéa 2 de l’article 27 ne s’applique pas au premier mandat de 7 ans», ce qui n’est pas le cas.
Il vous appartient donc de respecter notre charte fondamentale, comme mentionné dans l'article 37 de la Constitution qui dispose : «Le Président de la République est installé dans ses fonctions après avoir prêté serment devant le Conseil constitutionnel. Le serment est prêté dans les termes suivants :
Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure…d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution…».
Vous allez exercer finalement le pouvoir pendant 12 ans. Ce qui est assez suffisant pour éviter l’usure du pouvoir.
Une élection présidentielle étant cruciale, vous pouvez présenter un candidat en 2024. Comme l’a si bien dit mon ami le professeur El Hadj Mbodj, lors de l’émission « Face à la Nation » en date du 2 octobre 2022 , en réponse aux questions du journaliste Khalil Guéye (vidéo à la 29ème mn 14 secondes) : «est-ce qu’aujourd’hui si le président de la République du Sénégal décidait de mettre fin à tous ces bruits sur le troisième mandat et ne se présentait pas, est- ce qu’il peut revenir au pouvoir à travers le scénario Medvedev-Poutine… ? Est-ce que le Sénégal est préparé à ça ?»
Sa réponse sans équivoque est la suivante : «on se réfère aux textes et les textes prévoient cette situation. On dit que nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. Cela veut dire après deux mandats, faut prendre une pause et c’est tout à fait possible de revenir et faire deux autres mandats… ».
J’ai lu, par ailleurs, le livre du journaliste Vincent Hugeux «Reines d’Afrique» paru en 2016, un chapitre intitulé La Mackysarde de Dakar, est consacré à votre épouse. J’y ai apprécié sa sagesse et sa lucidité, lorsqu’elle dit à la p.175 : «Notre séjour ici aura une fin… car je garde à l’esprit qu’il y aura bien demain un après pouvoir». Elle poursuit et c’est à souligner : «Macky Sall fera deux mandats». Mais l’auteur ajoute : «Reste à savoir si la louable injonction survivra durablement aux poisons du palais et à ses vanités».
Quant au vaudeville politico-judiciaire, je partage tout à fait le point de vue de Mme Penda Mbow, votre représentante personnelle à la Francophonie, qui estime que « pour la première fois dans l’histoire politique du pays, une jeune femme est devenue un instrument manipulé entre les mains d’hommes politiques, transformé en tant qu’objet pour des objectifs purement politiques. Ce qui constitue en effet la plus grave forme de violence exercée sur une femme ». C’est aussi mon intime conviction. Des témoignages parus dans la presse ont aussi retenu mon attention : celui du gynécologue qui a établi le certificat médical (une preuve scientifique) écartant l’existence de tout rapport sexuel dans la période incriminée, attestant donc le non viol, du gendarme qui a conduit l’enquête préliminaire, du rapport interne de la gendarmerie, de la deuxième masseuse, puisqu’elles étaient deux à pratiquer le massage, de la propriétaire du salon de massage, de son mari, de l’ancienne patronne de la jeune femme. Ils disent pratiquement tous qu’ils craignent à présent pour leur vie, ce qui est bien inquiétant. J’ai également écouté mmm sur les réseaux sociaux les audios du marabout de la plaignante.
En revanche, je relève l’absence de preuve pouvant accabler l’accusé et que le juge d’instruction, n’a pas, à ma connaissance, entendu toutes les personnes impliquées pourtant, dans ce prétendu viol, qui a entraîné malheureusement des conséquences dramatiques. Je vous invite, M. le président, à apprendre de l’histoire qui n’est malheureusement qu’un éternel recommencement. Ne vous laissez pas tromper par les illusions d’optique, un leurre politique déjà vu avec vos prédécesseurs.
Mon souhait est de vous voir achever tranquillement votre second et dernier mandat et vous retrouvez, pourquoi pas, dans une organisation internationale. Seul le pouvoir de Dieu est éternel. Je ne vous souhaite pas de sortir par la petite porte, d’autant que notre brave peuple vous a tout donné et mérite une transmission pacifique du pouvoir en 2024.
Comme votre parti s’appelle l’Alliance pour la République, il vous serait facile de prouver, j’ose l’espérer, que vous êtes un républicain dans l’âme.
Mme Marie-Pierre Rokhayatou Sarr est docteur d’état en droit maître de conférences à la faculté des sciences juridiques et politiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar à la retraite une citoyenne qui, toute sa vie, a lutté contre l’injustice et pour le respect de la légalité.