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13 juin 2025
LA POLITIQUE AU MENU DE L'ACTUALITE DE CE SAMEDI
La politique continue d’occuper une large place dans la livraison de samedi des quotidiens dont certains traitent dans le même temps de divers sujets sociaux.
Dakar, 24 sept (APS) - La politique continue d’occuper une large place dans la livraison de samedi des quotidiens dont certains traitent dans le même temps de divers sujets sociaux.
Le quotidien Enquête, parlant des stratégies d’alliance du chef de l’Etat, note que Macky Sall "continue d’élargir sa base et d’accueillir de nouveaux alliés", en faisant remarquer que le dernier remaniement "consacre (...) le changement dans le rapport de force au sein" de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (BBY), regroupant les partis de la majorité au pouvoir.
Selon Enquête, "compte tenu de la nouvelle reconfiguration politique, les alliés ont pris du poids", même si l’Alliance pour la République (APR), le parti présidentiel, "se taille la part du lion avec 28 ministres contre 10 pour les alliés et les technocrates".
A en croire le professeur de science politique Maurice Soudieck Dione, interrogé par Sud Quotidien, le président Macky Sall "cherche à étouffer toute velléité de positionnement pour sa succession".
Ce qui ne garantit pas que tout reste fermé pour tout le monde, Le Quotidien annonçant par exemple que l’ancienne Première ministre Aminata Touré, en délicatesse avec le chef de l’Etat, "se lance déjà dans la collecte des parrainages" pour la présidentielle de 2024.
"L’ex-présidente du Conseil économique, social et environnemental (CESE) compte être dans les starting-blocks en 2024. Aminata Touré prépare déjà ses proches, amis et soutiens à la présidentielle de 2024", écrit ce journal.
Sauf que son positionnement "reste très problématique. Trahie par les siens, la tête de liste de Bennoo Bokk Yaakaar aux dernières élections législatives aura du mal à cohabiter avec l’opposition qui ne lui pardonne manifestement pas ses prises de position parfois très osée à ses yeux", analyse Walfquotidien.
Aminata Touré va d’ailleurs "parler demain", dimanche, lors d’une conférence de presse au cours de laquelle elle devrait évoquer "son avenir politique et son positionnement à l’Assemblée nationale, suite à sa brouille avec le chef de l’Etat et sa majorité (...)", annone L’Info.
Aminata Touré semblait destiné à briguer la présidence de l’Assemblée nationale au nom de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) dont il avait conduit avec succès la campagne lors des dernières législatives. Au dernier moment, Amadou Mame Diop lui avait été préféré, ce qui a provoqué sa rupture avec le chef de l’Etat et la majorité
L’Observateur, éloigné de la politique, anticipe sur l’anniversaire du naufrage du bateau "Le Joola", dans la nuit du 26 au 27 septembre 2022, au large de la Gambie. "20 ans de combat à larmes lourdes", titre le journal, en référence au "triste quotidien des familles des victimes".
Le naufrage du bateau ’’Le Joola’’, qui assurait la liaison maritime entre Dakar et Ziguinchor, la capitale sud du Sénégal, a fait officiellement 1863 morts.
Un drame pouvant en cacher un autre, Le Soleil revient à sa une sur la tuerie de Djibanar, qui a eu lieu en 1997 dans une autre partie de la Casamance. "25 ans après, des miraculés racontent +le septembre noir+" au journal.
VERS UNE HARMONISATION DE LA STRATÉGIE DES ORGANES DE RÉGULATION DE LA COMMANDE PUBLIQUE
Les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) réfléchissent à la création d’un cadre harmonisé pour l’élaboration de la stratégie des organes de régulation de la commande publique
Dakar, 23 sept (APS) – Les pays membres de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) réfléchissent à la création d’un cadre harmonisé pour l’élaboration de la stratégie des organes de régulation de la commande publique, a appris l’APS de source officielle.
Cette décision prise lors d’un atelier tenu du 19 au 23 septembre à Istanbul (Turquie), à l’initiative du directeur général de l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP) du Sénégal, Saër Niang, a été largement approuvée par les participants, indique la structure dans une note transmise à l’APS.
’’Les organes de régulation de pays membres de l’UEMOA ont mis en place un comité qui a pour mission de proposer un cadre harmonisé d’élaboration de la stratégie des organes de régulation de la commande publique’’, rapporte le document.
Il y est précisé que des points focaux avaient aussi été désignés.
Les débats au cours de cette rencontre dédiée au ‘’Processus de définition et d’exécution de la stratégie des institutions de régulation et contrôle de la commande publique’’ ont porté sur la planification et le management stratégique, ’’deux concepts ayant démontré, à des époques différentes, leur capacité à améliorer la performance des organisations privées et publiques’’, peut-on y lire.
’’Avec les pressions financière et sociales de plus en plus importantes et le besoin de rationaliser les ressources liées au fonctionnement de l’Etat et à ses investissements, le recours à la stratégie et au management stratégique dans le secteur public est devenu une nécessité, voire une exigence’’, ont plaidé les participants.
Depuis plusieurs années, ’’l’Armp qui participe à l’atelier d’Istanbul, s’est inscrite dans une dynamique d’élaboration et d’exécution d’un plan triennal de développement’’, souligne la même source.
Elle veut à présent ’’affiner le processus de formation et d’implémentation de sa stratégie’’.
L’atelier d’Istanbul, organisé par ‘’SETYM International Inc’’, regroupe la plupart des organes de régulation de la commande publique des pays de l’UEMOA, plus ceux des Républiques de Guinée et de Mauritanie, sous la direction de l’expert en management Ourzik Salahdine.
Selon l’Armp, la rencontre constitue une grande occasion de s’interroger sur le type d’approche stratégique le plus en adéquation avec les caractéristiques du secteur de la régulation de la commande publique.
Elle vise aussi à ’’renforcer les capacités des organes de régulation de la commande publique sur les questions liées à la formation de leur stratégie, à son exécution et à sa gouvernance’’.
Par HENRY NGENYAM BANG
UN EXPERT EN CATASTROPHES MET EN GARDE CONTRE LES REJETS DE GAZ MORTELS
Les lacs “qui explosent” au Cameroun- Le 29 août 2022, un changement soudain de la couleur et de l’odeur du lac Kuk, dans le nord-ouest du Cameroun, a suscité l'anxiété et la panique chez les riverains.
Le 29 août 2022, un changement soudain de la couleur et de l’odeur du lac Kuk, dans le nord-ouest du Cameroun, a suscité l'anxiété et la panique chez les riverains. Ces craintes sont alimentées par un incident survenu il y a 36 ans au lac Nyos, à seulement 10 km de là.
Le 21 août 1986, le lac Nyos a émis des gaz mortels (principalement du dioxyde de carbone) qui ont asphyxié 1 746 personnes et environ 8 300 têtes de bétail. Ce n’était pas le premier incident de ce genre. Deux ans plus tôt, le lac Monoum, à environ 100 km au sud-ouest du lac Nyos, avait tué 37 personnes. D’après les recherches entreprises pour connaître la cause de la catastrophe du lac Nyos, le gaz carbonique – libéré par le manteau terrestre – s’était accumulé au fond du lac pendant des siècles. Une perturbation soudaine des eaux du lac, due à un glissement de terrain, a entraîné une libération soudaine d’environ 1,24 million de tonnes de gaz carbonique.
Les survivants avaient brièvement entendu un grondement provenant du lac Nyos avant qu’un nuage de gaz invisible n’émerge de ses profondeurs, tuant sur son passage dans la vallée des personnes, des animaux, des insectes et des oiseaux, avant de se disperser dans l’atmosphère où il est devenu inoffensif. Kuk et Nyos sont tous deux des lacs de cratère, situés dans une région d’activité volcanique connue sous le nom de ligne volcanique du Cameroun. Et il existe 43 autres lacs de cratère dans la région qui pourraient contenir des quantités mortelles de gaz. Parmi les autres lacs dans le monde représentant une menace similaire, citons le lac Kivu à la frontière du Rwanda et de la République démocratique du Congo, le lac Ngozi en Tanzanie et le lac Monticchio en Italie.
Après l’éruption du lac Nyos, son eau avait pris une couleur rouge foncé et les survivants avaient signalé une odeur d’œuf pourri. Ce sont les mêmes caractéristiques qui ont récemment été constatées au lac Kuk. Le changement de couleur du lac Nyos n’avait été remarqué qu’après l’explosion du gaz. Selon un communiqué de presse, les fortes pluies ont un lien avec l’odeur et le changement de couleur du lac Kuk.
Les dizaines de milliers de personnes vivant autour du lac ont été invitées à « rester calmes, mais vigilantes et à informer en permanence l’administration de tout autre incident constaté ». En tant que géologue et expert en gestion des catastrophes, je pense que les efforts fournis pour régler et gérer le danger des lacs de cratère dans la région sont insuffisants. Grâce à mon expérience et à mes recherches, j’ai identifié plusieurs mesures clés que les décideurs politiques doivent prendre pour éviter qu’une autre tragédie ne se produise.
PRÉVENIR LES CATASTROPHES
Pour commencer, il importe de savoir quels sont les lacs qui risquent d'«exploser». Les premières vérifications autour de certains lacs ont été faites il y a plus de 30 ans et de manière peu approfondie – il s’agissait d’une seule équipe et d’une seule occasion. D’autres investigations et une surveillance régulière sont nécessaires. Actuellement, il semblerait que, sur les 43 lacs de cratère de la ligne volcanique du Cameroun, 13 sont suffisamment profonds et grands pour contenir des quantités mortelles de gaz. Bien que 11 soient considérés comme relativement sûrs, deux (les lacs Enep et Oku) sont dangereux.
La recherche a révélé que le profil thermique (c’est-à-dire la façon dont la température change avec la profondeur), la quantité de gaz dissous, la surface ou le volume et la pronfondeur de l'eau sont des indicateurs majeurs du potentiel des lacs de cratère à stocker de grandes quantités de gaz nocifs. Les facteurs de risque les plus importants sont les suivants : de grandes quantités de gaz dissous, maintenues sous haute pression et à de grandes profondeurs, dans des lacs contenant des volumes d’eau considérables. Le risque d’explosion est encore plus grand lorsque les lacs se situent dans des cratères vastes ou imposants où il y a des perturbations. Les deux lacs qui ont causé des morts (Nyos et Monoum) sont profonds et ont des profils thermiques qui augmentent au fur et à mesure qu'on descend en profondeur.
D’autres lacs sont trop peu profonds (moins de 40 mètres) et présentent des profils thermiques uniformes, ce qui indique qu’ils ne contiennent pas de grandes quantités de gaz. Mener des investigations sur tous les lacs de cratère du Cameroun serait un défi logistique, parce que cela nécessiterait un financement important, une équipe scientifique diversifiée, des ressources techniques et des moyens de transport pour atteindre les lacs. Comme la plupart des lacs de cratère se trouvent dans des zones reculées, avec un piètre réseau de communication (pas de routes, ni de voies ferrées, ni d’aéroports), cela prendra quelques années pour achever un tel travail. Étant donné que le Cameroun compte de nombreux lacs de cratère potentiellement dangereux, il est inacceptable que 36 ans après la catastrophe du lac Nyos, peu de choses aient été tentées pour atténuer les risques que font courir d’autres lacs dangereux chargés de gaz.
GESTION DES LACS DANGEREUX
Le lac Kuk a été contrôlé peu de temps après la catastrophe du lac Nyos en 1986 et il s’est avéré qu’il ne contenait pas de dioxyde de carbone en excès. Compte tenu de sa profondeur et de sa superficie relativement faibles, le risque qu'une grande quantité de gaz soit emprisonnée est faible. Néanmoins, les autorités auraient dû immédiatement restreindre l’accès au lac Kuk en attendant une enquête approfondie sur place.
Le communiqué de presse officiel appelant au calme a été envoyé un jour seulement après que l’incident a été déclaré. Il est impossible qu’un scientifique ait pu procéder à un examen physique du lac. Le communiqué indiquait que les précipitations étaient responsables de ces changements, mais tout cela reposait sur des hypothèses. Le lac Kuk pourrait être considéré comme sûr, mais en raison de la nature dynamique et active de la ligne volcanique du Cameroun, il est possible que des gaz volcaniques puissent s’infiltrer dans le lac à tout moment. Une enquête scientifique sur place permettrait de déterminer avec certitude le comportement anormal du lac Kuk. Tenir les gens à distance jusqu’à ce qu’une enquête rapide et crédible soit menée serait la décision la plus rationnelle. Une étape supplémentaire consisterait à installer un détecteur de dioxyde de carbone près de ce lac et des autres lacs de cratère potentiellement dangereux. Cela servirait de système d'alerte précoce en cas d'émission de gaz mortel. Un système d’alerte précoce au dioxyde de carbone est conçu pour détecter les concentrations élevées de gaz dans l’atmosphère et pour émettre un signal d’alarme.
En entendant ce son, les gens sont censés s’éloigner rapidement du lac et se réfugier sur des terrains en hauteur. Après la catastrophe du lac Nyos, des détecteurs de dioxyde de carbone et des systèmes d’alerte ont été installés près des lacs Nyos et Monoum. Néanmoins, aucune simulation n’a été effectuée pour tester leur efficacité. La Direction de la protection civile est l’agence responsable de la coordination de la gestion des risques de catastrophes au Cameroun. Cette agence devrait établir des contacts avec les autres parties prenantes pour garantir la sécurité autour des lacs dangereux de ce pays. Si les autorités ne sont pas proactives, le scénario de la catastrophe du lac Nyos pourrait se répéter, avec la mort soudaine de milliers de personnes et de bétail.
HENRY NGENYAM BANG
DISASTER MANAGEMENT SCHOLAR, RESEARCHER AND EDUCATOR, BOURNEMOUTH UNIVERSITY
THECONVERSATION.COM
«DÉGAGER UNE LISTE COHÉRENTE, ÉQUILIBRÉE ET HOMOGÈNE D’ICI NOVEMBRE»
Le sélectionneur de l’équipe nationale du Sénégal, Aliou Cissé compte mettre à contribution les matches amicaux internationaux, Sénégal-Bolivie (ce soir au stade La Source d’Orléans) et le 27 septembre contre l’Iran pour «dégager un groupe cohérent
Recueillis Par Abdoulaye THIAM (Envoyé Spécial) |
Publication 24/09/2022
(ORELANS, France) – Le sélectionneur de l’équipe nationale du Sénégal, Aliou Cissé compte mettre à contribution les matches amicaux internationaux, Sénégal-Bolivie (ce soir au stade La Source d’Orléans) et le 27 septembre contre l’Iran pour «dégager un groupe cohérent, équilibré et homogène d’ici novembre». Il a fait cette révélation hier, vendredi 23 septembre, lors d’une conférence de presse.
Coach, sur quoi allez-vous vous baser pour départager vos joueurs en vue de la publication de la liste de la coupe du Monde ?
C’est vrai que l’équipe nationale est faite d’une porte d’entrée et d’une porte de sortie. Mais comme vous l’avez suivi aussi, depuis quelques temps nous avons gardé quand même l’ossature de ce groupe. 90 ou 95% de l’effectif est là depuis le début de cette aventure là. Peut-être que ce sont des garçons qui sont blessés comme Krépin (Diatta) qui revient encore dans le groupe et d’autres garçons qu’on a vu et qui sont intéressants qui viennent le renforcer. Mais en réalité, l’ossature de cette équipe du Sénégal est là depuis pratiquement 5 ou 6 ans. En revanche, c’est vrai quand on regarde la semaine qu’on a faite, mais cela ne nous étonne pas. S’ils sont venus en sélection c’est qu’ils ont de la qualité. Donc, sur ces entraînements là ils confirment tout simplement le bien qu’on pense d’eux. M a i n t e - nant, il restera encore des séances d’entraînement. Ce qui est i m p o r t a n t aussi c’est ce qu’on sera capable de faire dans un match et demain on aura justement l’occasion idéale pour pouvoir donner du temps de jeu à ces garçons là que le public sénégalais n’a pas l’habitude de voir jouer. Tout ça pour qu’à la fin de ce stage, on puisse faire le point et dégager un groupe plus équilibré et plus homogène possible.
Qu’est-ce qui explique le choix de la Bolivie ?
C’est un choix bien réfléchi. On a pensé en tout cas qu’il fallait avant cette coupe du monde, jouer et faire face à une équipe d’Amérique du Sud. On a l’occasion de le faire avec la Bolivie. Quand on connaît les équipes sud-américaines, c’est souvent des équipes bien organisées qui mettent de l’intensité et de l’agressivité dans leur jeu. Demain (ce soir, Ndlr) on s’attend à un match qui sera tout sauf amical, un match de préparation avec donc beaucoup d’intensité. C’est ça la mentalité du football sud-américain. Et à travers ce match là, on peut imaginer que l’Equateur amènera cette même intensité même si au niveau tactique ce n’est peut-être pas les mêmes dispositions. Mais, je pense que le fil conducteur qui est le gain du ballon, la récupération du ballon, l’agressivité sur le porteur du ballon sera de rigueur. Et je pense que ce sont des oppositions comme ça qu’on attend aussi.
Quid du style de la Bolivie ?
Ce qu’on cherche dans ce match, c’est d’abord de jouer. Parce que c’est important, on est en période de date Fifa. Il est important qu’on puisse jouer. On a deux matches, avec deux styles différents. La Bolivie c’est un style, l’Iran un autre. Je penses que c’est très intéressant p o u r nous de c o n t i - nuer à n o u s améliorer sur notre fond de jeu mais aussi tactiquement sur le plan défensif. Mettre en place notre projet de jeu et continuer sur la dynamique que nous sommes depuis quelques temps. Maintenant, au delà gagner, même si c’est très important, c’est aussi de donner du temps de jeu puisqu’on a un groupe de 26 joueurs. Donner la possibilité à ces garçons là de s’exprimer pour que justement au mois de novembre on puisse avoir une liste cohérente et homogène. Voilà un peu les objectifs de ces deux matches là.
Est-ce que votre 11 est choisi en fonction du vécu du joueur ou de son temps de jeu ?
Les deux me vont. Justement, je pense que dans les périodes où nous sommes il faut allier les deux. Il faut à la fois la forme du moment mais aussi le vécu de cette équipe là. Donc, ce qui est important ce n’est pas de faire une révolution, mais de faire évoluer et ouvrir l’équipe mais en même temps garder l’ossature. Ça permettra à ces nouveaux là qui sont inexpérimentés de pouvoir apprendre aux côtés des anciens et de mieux s’exprimer ensuite. Donc, les deux aspects seront très importants pour ces matches là. Vous verrez des joueurs qui ont du vécu et d’autres qui en ont moins. Les joueurs qui ont du vécu, c’est parce qu’ils ont commencé et ont joué pour avoir ce vécu là. Par rapport au timing, la coupe du monde c’est bientôt, il faut essayer d’évoluer. Sinon on n’aura jamais l’occasion de pouvoir le faire.
Pouvez-vous vous considérer comme un exemple parfait pour les autres entraîneurs africains ?
C’est une question qu’on me pose souvent. Un modèle pour les techniciens africains, je ne le crois pas. Je crois que je suis juste un jeune entraîneur qui essaye de percer dans ce milieu là. Maintenant, cette longévité ce n’est pas le fruit du hasard. Si vous restez longtemps dans un poste c’est parce que vous faites du bon travail. Ce n’est pas un cadeau qu’on me fait. Et croyez-moi au Sénégal si vous avez cette longévité là c’est parce que vous avez fait du bon boulot. Moi, j’en suis fier, je suis content. C’est un travail d’ensemble. J’en profite aussi pour féliciter les joueurs parce que c’est grâce à eux que je suis là. La Fédération, le staff, tous ces gens là qui travaillent très dur pour que ce football là continue à avancer. En revanche, c’est vrai que si à travers ce que le football sénégalais est en train de faire à travers moi, d’autres fédérations veulent le faire avec des fils de leur pays, je les encouragerais. Parce qu’une équipe nationale aussi, au-delà de la connaissance technique et tactique, c’est la connaissance des réalités du pays. Le fait de connaître mon pays, d’y avoir grandi, d’y avoir joué et avoir été capitaine de mon pays, les gens n’en parlent pas beaucoup, mais c’est un plus pour moi, dans mon background.
N’avez-vous pas imaginé de jouer en 3-5-2 afin d’expérimenter autre chose ?
Oui, le système peut tout à fait évoluer. Les connaisseurs, les gens qui débattent sur le football aujourd’hui dans notre pays et ailleurs savent que nous avons le potentiel et les joueurs pour ça. Et d’ailleurs la plupart de nos joueurs défensifs jouent dans ce système à trois dans leur club. C’est un système que j’ai essayé au moins 4 fois depuis que je suis à la tête de cette sélection. Oui, ça peut être une évolution mais en réalité à deux ou trois mois de la coupe du monde, il est très difficile de pouvoir faire ce genre de chamboulement sur le plan tactique. C’est mieux d’aller avec des certitudes même si c’est vrai que nous sommes en déséquilibre sur certains postes. On a essayé des choses à l’entraînement depuis un bon bout de temps qu’on aimerait essayer dans ces deux matches là. Nous savons qu’il y aura une équipe qui jouera le premier match et une deuxième qui jouera l’autre. Donc, pour moi, on va rester fidèle à ce que nous savons faire. Rester sur la stratégie et la tactique qui ont fait de nous ce que nous sommes aujourd’hui. Ce qui nous a fait gagner la Coupe d’Afrique et nous a fait qualifier à cette coupe du monde. Maintenant, au fur et à mesure que le match se déroule, on pourra d’évoluer sur le plan tactique. C’est une possibilité.
Avez-vous suivi les prestations de la Hollande et du Qatar qui ont joué hier ?
C’est des résultats que j’ai entendus, mais je ne me focalise pas trop sur ça. Pour moi, il y a deux matches que le Sénégal va jouer dans un contexte difficile. Nous nous concentrons d’abord sur ces deux matches là, bien les négocier en espérant que tout ce que nous avons fait comme travail cette semaine là qu’on puisse le voir sur le terrain. Après, tout le monde connaît la Hollande. On connaît leurs valeurs et leurs forces. Mais chaque chose en son temps. On va prendre les matches les uns après les autres. Pour l’instant, c’est la Bolivie, on se concentre sur la Bolivie, après ce sera l’Iran. Et on verra ce qui se passera au Mondial.
Que retenez-vous de votre préparation à Orléans ?
La semaine s’est plutôt bien passée. On a eu une visite surprise de la Fifa pour le contrôle antidopage. Une visite inopinée (rires). Lundi, on a eu une séance l’après-midi, qui s’était bien déroulée. On a doublé le mardi et le mercredi. Hier (jeudi, Ndlr) c’était surtout un travail dirigé poste par poste, secteur par secteur. Aujourd’hui (hier, Ndlr) on est à la veille du match, les conditions sont bonnes, les terrains dans un bon état. Je tiens à remercier la ville d’Orléans, la mairie et tous les gens qui ont œuvré pour qu’on soit dans ces conditions là. Merci au nom de l’équipe nationale et au nom du peuple sénégalais.
SÉNÉGAL-BOLIVIE, 20 ANS APRÈS
Dans leur antre du stade Senghor plein comme un œuf, les poulains de Feu Bruno Metsu avaient battu leurs hôtes sur la marque de 2 buts à 1.
(ORLEANS, France) – Le 27 mars 2002, les Lions du Sénégal, vice-champions d’Afrique à la CAN malienne, en partance pour la coupe du monde asiatique Japon-Corée du Sud avaient affronté au stade Léopold Sédar Senghor, La Verde de la Bolivie dans une rencontre amicale.
Dans leur antre du stade Senghor plein comme un œuf, les poulains de Feu Bruno Metsu avaient battu leurs hôtes sur la marque de 2 buts à 1. Feu Pape Bouba Diop qui avait fini de renvoyer Pape Sarr sur le banc, avait ouvert la marque à la 44ème minute.
Au retour des vestiaires, la Bolivie de Jorge Habegger (coach argentin) va égaliser par l’entremise de Diégo Bengolea à la 48ème minute. Mamadou Niang, pour son baptême de feu va offrir la victoire aux Lions à la 64ème minute de jeu. Ils vont ensuite s’envoler pour l’Arabie Saoudite pour continuer à peaufiner leur préparation. La suite est connue de tous. Le Sénégal pour sa première participation à une phase finale de la coupe du monde, va atteindre la barre des quarts de finale et égaler le record du Cameroun (1990).
20 ans après, les «Lions» qualifiés pour la 3ème fois de leur histoire, vont affronter la sélection de la Bolivie à Orléans pour préparer la coupe du monde encore en Asie (Qatar 2022). Aliou Cissé, capitaine d’alors, va conduire sa troupe face à Pablo Escobar. L’histoire va-t-elle se répéter. Wait and see !
LES «LIONS» AU TESTEUR D’«EL TRICOLORE» AVANT L’IRAN
Les «Lions» vont affronter ce samedi 24 septembre 2022 la sélection de la Bolivie dans une rencontre amicale internationale au stade La Source de Orléans (France). à 17 heures GMT
(ORLEANS, France) - Les «Lions» vont affronter ce samedi 24 septembre 2022 la sélection de la Bolivie dans une rencontre amicale internationale au stade La Source de Orléans (France). Un match devant permettre au Sénégal de préparer l’Equateur (El Tricolore) qu’il affronte le 29 novembre 2022 lors de la 3ème journée de la poule A comptant pour la coupe du monde Qatar 2022. Un test grandeur nature face à un football latino-américain qui est loin d’être un inconnu pour Aliou Cissé.
Les Lions au testeur de la Bolivie surnommée La Verde (La Verte). Ce sera ce samedi 24 septembre à partir de 17 heures GMT au stade La Source de Orléans (France). Les poulains de Aliou Cissé auront en face d’eux un bon client pour mieux préparer l’Equateur qu’ils rencontrent le 29 novembre prochain pour la compte de la 3ème journée de la poule A comptant pour la coupe du monde de football prévue du 20 novembre au 18 décembre 2022 au Qatar.
Face à La Verde (La Verte) surnom de la sélection bolivienne, prête à démontrer que son absence à la prochaine de football n’est autre qu’un accident, les Lions devraient retrousser les manches pour éviter le piège. Le coach uruguayen de cette sélection, Pablo Escobar, a déjà averti Aliou Cissé sur les qualités du football latino-américain. «Nous avons un football technique et tactique. Nous avons des individualités», a-t-il déclaré en conférence de presse d’avant match hier, vendredi 23 septembre, non sans préciser qu’il n’a aucune prétention pour donner des conseils à Aliou Cissé qui selon lui, devrait visionner le jeu des équipes, comme tout le monde.
Toutefois, il faut relever que ce football n’est étranger au Sénégal. D’ailleurs la meilleur match des Lions sous l’ère Aliou Cissé sera celui qui s’est déroulé à Singapour face à la Seleção du Brésil emmené par un certain Neymar Jr. Il s’était soldé par un nul (1-1). Le Brésil avait ouvert la marque dès la 9eme minute avec Roberto Firmino. Famara Diedhiou va égaliser à la 45eme sur penalty provoqué par Sadio Mané. Même s’il faut aussi le relever, ces sélections latino-américaines ne réussissent pas souvent au Sénégal.
En 2002, l’Uruguay avait donné des sueurs froides aux Sénégalais. Après avoir été menés (3- 0) à la mi-temps grâce à Khalilou Fadiga (20ème sur penalty) et Pape Bouba Diop (26eme et 38eme minutes), La Céleste avait réussi à égaliser par l’entremise de Morales 46eme minute, Diego Forlan (69ème minute et Alvaro Recoba (88ème minute sur penalty).
En 2018, c’est Yeri Mina de la Colombie d’une tête rageuse va renvoyer le Sénégal à la maison alors qu’un match suffisait aux Lions pour composter leur ticket à 15 minutes de la fin du temps réglementaire. Le Sénégal va quitter la Russie à cause des cartons jaunes. Chez les petites catégories, Aliou Cissé, mené (2-0), avait réussi un exploit en tenant tête à la Colombie (2-2) grâce à Moussa Konate (47ème minute) et Cheikh Ndoye (52ème minute).
C’était le 31 mai 2014 au stade Pedro-Bidegain. Les Lions avaient fini le match à 10 suite l’expulsion d’I. Seck avait vu rouge à la 67ème minute. Mais ce soir, le Sénégal va affronter la Bolivie dans un autre contexte.
ÉQUIPE PROBABLE :
Seyni Dieng ; Fode Balo Touré, Kalidou Koulibaly (Capitaine), Abdou Diallo, Moustapha Name ; Krepin Diatta, Pape Gueye, Pathe Ismalia Ciss; Sadio Mane, Krepin Diatta, Boulaye Dia
«LE PRÉSIDENT SALL CHERCHE À ÉTOUFFER TOUTES VELLÉITÉS DE POSITIONNEMENT POUR SA SUCCESSION»
Professeur agrégé de Science politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Maurice Soudieck Dione nous livre dans une interview son diagnostic des enjeux politiques à la base de la formation du nouveau gouvernement du Premier ministre Amadou Ba
Professeur agrégé de Science politique à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, Maurice Soudieck Dione nous livre dans une interview son diagnostic des enjeux politiques à la base de la formation du nouveau gouvernement du Premier ministre Amadou Ba. Il revient notamment sur les raisons politiques du choix de l’ancien ministre de l’Économie et des finances, du retour du professeur Ismaïla Madior Fall au ministère de la Justice, de la pléthore de ministres alors qu’on est à 15 mois de la fin du dernier mandat de l’actuel chef de l’Etat mais aussi de la capacité de ce gouvernement à apporter des solutions efficaces aux problèmes que vivent les Sénégalais dans ce laps de temps qui nous sépare de la présidentielle prévue en février 2024.
Amadou Ba, Premier ministre, que vous inspire ce choix du président Sall ?
Cette nomination s’est imposée au Président Sall eu égard au contexte politique, pour éviter d’ouvrir des fronts au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar ; d’autant plus que le Président Sall n’a pas par ses seules forces politiques une majorité à l’Assemblée nationale, puisque c’est le ralliement du député Pape Diop de la coalition Bokk Gis Gis Liggeey qui a sauvé de justesse Benno Bokk Yaakaar, qui se retrouve avec une majorité limite et très précaire de 83 députés sur 165.
Pensez-vous qu’Amadou Ba a le profil de ce poste ?
Monsieur Amadou Ba est un haut cadre de l’administration. Il a été Directeur des impôts, Directeur général des impôts et domaines, ministre de l’Économie et des Finances, ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur et aujourd’hui Premier ministre. Donc, sur le plan technique et expérientiel, il a le profil de l’emploi. Sur le plan politique, c’est le président de la République qui nomme le Premier ministre qui lui convient, ou celui que les circonstances et contraintes politiques lui imposent.
Avec cette nomination, Amadou Ba va-t-il enterrer ses ambitions présidentielles pour 2024 ?
Au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar et au sein de l’APR, il n’y a aucune personnalité, y compris Amadou Ba, qui ait exprimé explicitement des ambitions présidentielles. Par ailleurs, le jeu du Président Sall a toujours été d’étouffer dans son camp toutes velléités de positionnement pour sa succession. Cela aboutit en définitive à une impasse. En effet, les actes que pose le Président Sall depuis sa réélection en 2019 semblent emprunter le chemin d’une troisième candidature, illégale au regard de la Constitution, qui dispose en son article 27 : « Nul ne peut exercer plus de mandats consécutifs ». En effet, le premier acte posé par le Président Sall dans cette perspective a été de supprimer le poste de Premier ministre dès sa réélection en 2019 ; par le remaniement ministériel du 1er novembre 2020 il pose un autre jalon, en cherchant à augmenter sa surface de légitimité tout en brisant l’opposition par la cooptation. En plus de sa majorité de 58,26% des voix, il coopte Idrissa Seck classé deuxième à la Présidentielle de 2019, avec 20,51% des suffrages, en lui confiant la présidence du Conseil économique, social et environnemental, en plus de deux postes ministériels pour son parti.
Le candidat du PUR à la Présidentielle de 2019, Issa Sall, a également rejoint le Président Sall ; alors que le candidat Madické Niang, lui, s’est retiré de la vie politique. Donc parmi les candidats de 2019, il ne reste plus que Ousmane Sonko dans l’opposition. En plus de cela, le Président Sall a coopté Oumar Sarr, qui a quitté le PDS pour créer son propre parti, et qui siège au Gouvernement depuis le remaniement ministériel du 1er novembre 2020, comme ministre des Mines et de la Géologie. Dans la foulée, le Président a également coopté Madame Aïssata Tall Sall de «Osez l’avenir», à qui il a confié l e ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur. Pour les autres opposants et activistes, l’arme de la répression est utilisée. Dans son camp, les personnalités à qui des ambitions présidentielles sont prêtées sont écartées du Gouvernement du 1ernovembre 2020. Le but du Président Sall était donc d’annihiler toutes les forces politiques susceptibles de prendre en charge la contestation d’une troisième candidature illégale en 2024.
Les évènements de mars 2021 ont complètement bouleversé ses plans. Aujourd’hui, il ne semble pas avoir laissé le projet d’une troisième candidature constitutionnellement illégale. Cependant, des signaux ont été envoyés par le peuple à travers les élections locales de janvier 2022, avec la victoire de l’opposition dans la plupart des grandes villes, notamment Dakar, Rufisque, Guédiawaye et Thiès, et dans les départements de Keur Massar, Rufisque, Mbacké, Bignona, Oussouye et Ziguinchor ; mais également à travers la percée remarquée de l’opposition aux élections législatives du 31 juillet 2022, car la coalition Benno Bokk Yaakaar, seule, n’a pas obtenu la majorité à l’Assemblée nationale. C’est la première fois dans l’histoire politique du Sénégal qu’une majorité présidentielle ne dispose pas d’une majorité parlementaire confortable. C’est tout cela qui oblige le Président Sall à desserrer l’étau avec la carte Amadou Ba, même si au fond cela peut ne pas l’enchanter.
N’est-ce pas une stratégie de Macky Sall d’étouffer une éventuelle rébellion en nommant Amadou Ba après la révolte de Mimi ?
Bien entendu avec la rébellion de Madame Aminata Touré qui a été la tête de liste de Benno Bokk Yaakaar lors des dernières élections législatives, et qui n’a pas été positionnée comme la candidate de la coalition au pouvoir pour occuper la présidence de l’Assemblée nationale, le Président Sall voulait éviter certainement l’ouverture d’autres fronts. Car sa stratégie a toujours été de stabiliser sa coalition et de fidéliser ses alliés en les rétribuant à travers le partage du pouvoir et en gérant les frustrations pour éviter autant que faire se peut les départs.
Que vous inspire la présence dans le Gouvernement d’Amadou Ba et Aly Ngouille Ndiaye après la promotion de Me Oumar Youm et Abdoulaye Diouf Sarr à l’Assemblée nationale, souvent cités comme de potentiels candidats de BBY et concurrents au Président de la République en 2024 ?
Je pense que toutes ces personnalités influentes de l’Alliance pour la République (APR) ont été promues pour préserver la cohésion de la coalition Benno Bokk Yaakaar et éviter que les frustrations accumulées ne provoquent des dissidences. Il y a de ce point de vue une continuité dans la stratégie du Président Sall consistant à éviter de fragiliser sa coalition. Il semble à ce niveau qu’il ait tiré quelques enseignements de la chute du Président Wade, qui s’était brouillé avec pratiquement tous ses alliés et avec des membres éminents de son parti. Lors de la Présidentielle de 2012, les leaders les plus influents et les plus représentatifs du Mouvement du 23 juin avaient été des alliés et de proches collaborateurs de Me Wade : Moustapha Niasse, Amath Dansokho, Abdoulaye Bathily, Idrissa Seck, Macky Sall, Cheikh Tidiane Gadio, etc.
Si on comptabilise les résultats obtenus en 2012 au premier tour par le candidat Macky Sall, soit 26,58, % des suffrages exprimés ; ceux obtenus par Idrissa Seck, soit 7,86% et ceux de Cheikh Tidiane Gadio, 0,98%, qui tous ont été de proches collaborateurs du Président Wade, on est à 35,42% des voix, contre 34,81% pour le Président Abdoulaye Wade, soit au total 70,23% des voix. La chute du Président Diouf également est arrivée à cause de l’implosion de son parti, le PS (Parti socialiste), du fait des contradictions qui l’ont miné autour du contrôle de l’appareil politique confié finalement au clan dirigé par feu Ousmane Tanor Dieng ; ce qui avait provoqué le départ de Djibo Leyti Kâ et de Moustapha Niasse. Au premier tour de l’élection présidentielle de 2000, le Président Abdou Diouf obtient 41,30% des voix, Moustapha Niasse 16,77%, et Djibo Leyti Kâ 7,08%. En cumulant les voix obtenues par le Président Diouf et les personnalités qui ont quitté son parti, on est à 65,15%. On voit donc que les deux alternances en 2000 et en 2012 ont été causées par les divisions qui ont progressivement affectées la majorité présidentielle.
Le Président Sall cherche donc à éviter autant que possible des départs dans son parti, l’APR, ou au niveau de ses alliés dans la coalition Benno Bokk Yakaar. Il est intéressant de remarquer que par rapport à ces derniers, le Président Sall a usé d’une stratégie consistant à fidéliser notamment les chefs des deux grands partis que sont le PS et l’AFP (Alliance des forces de progrès), tout en les amenant à étouffer au sein de leurs organisations respectives, l’expression de tout leadership pouvant le concurrencer pour occuper le fauteuil présidentiel. Ce qui va provoquer des scissions au niveau de ces partis, avec l’exclusion de Khalifa Sall et de ses souteneurs au PS qui ont formé Taxawu Dakar, puis Taxawu Senegaal ; et l’exclusion de Malick Gakou et de ses affidés à l’AFP, qui ont créé le Grand parti. Cette logique semble persister au regard du nouveau gouvernement instauré le 17 septembre dernier. Monsieur Alioune Sarr, ancien ministre du Tourisme et des Transports aériens, placé en pôle position pour remplacer Moustapha Niasse à la tête de l’AFP et qui pourrait nourrir des ambitions présidentielles pour 2024 n’a pas été reconduit ; il est remplacé au titre du quota de l’AFP par Pape Sagna Mbaye, qui gère le ministère des pêches et de l’Économie maritime. Moustapha Niasse qui a pris sa retraite politique est nommé Haut représentant du président de la République.
En faisant la promotion de toutes ces personnalités de son parti, notamment Amadou Ba, Aly Ngouille Ndiaye, Oumar Youm, Abdoulaye Diouf Sarr, le Président Sall évite de les frustrer mais les neutralise en même temps. Il les prend à l’usure. Bien que la question ne dépende pas de lui, mais de la Constitution qui l’exclut de la Présidentielle de 2024 ; à 16 mois des élections, le Président Sall reste sur sa réponse ambiguë « ni oui ni non » par rapport à une troisième candidature ; tout en posant des jalons qui semblent l’y conduire. Car s’il y a dans Benno Bokk Yaakaar des candidats à la succession, c’est maintenant qu’ils doivent se manifester et se préparer.
Trouvez-vous raisonnable, l’effectif de 38 ministres pour un gouvernement sensé terminer sa mission dans 16 mois ?
Former un Gouvernement est une tâche très délicate et difficile, car il faut que toute la communauté nationale se reconnaisse dans l’institution. Il y a donc des équilibres à préserver entre autres sur le plan ethnique, religieux, culturel, régional et autres. À cela il faut ajouter les contradictions politiques relatives à la gestion de l’APR et des nombreux alliés au sein de la coalition Benno Bokk Yaakaar. La taille du Gouvernement, me semble-t-il, est plus liée à ces considérations qu’à la durée de 16 mois qui nous sépare de l’élection présidentielle de 2024. Certains proposent une limitation constitutionnelle du nombre de ministres, mais quoi qu’il en soit, il faut mener une réflexion sérieuse et documentée en ce sens, pour trouver une solution pertinente par rapport à cette question ; solution qui puisse concilier au mieux les réalités historiques, socio-culturelles et politiques du pays avec l’impératif de rationalisation organisationnelle et financière eu égard à la taille du Gouvernement.
Le défi de l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, de la stabilité des prix, de sécurité, de logement, d’assainissement, d’éducation, de formation professionnelle, d’insertion d’entrepreneuriat et d’emploi est-il à la portée de cette nouvelle équipe ?
Ces nombreux défis sont liés à des problèmes structurels. Il ne me semble pas que le Gouvernement pourra y apporter des solutions efficaces dans le laps de temps court qui nous sépare de l’élection présidentielle de 2024. Sur le pouvoir d’achat, l’augmentation effrénée et généralisée des prix est en partie liée au renchérissement des taxes ; et les spéculations des commerçants n’ont pas été stoppées par des décisions et actions vigoureuses du Gouvernement. Après avoir ramené dans l’ordonnancement constitutionnel le poste de Premier ministre en décembre 2021, le Président Sall est resté près de 9 mois sans nommer le chef du Gouvernement. Il avait donné aux ministres l’injonction de faire leurs bagages. Depuis lors, il avait promis de mettre en place le nouveau Gouvernement après les élections locales de janvier 2022 ; après celles-ci il a repoussé l’échéance jusqu’après les élections législatives du 31 juillet 2022, pour finalement instituer le Gouvernement le 17 septembre 2022. Mais pendant tout ce temps, les ministres ne pouvaient pas avoir suffisamment l’autorité, l’engagement et la confiance pour gérer correctement les affaires publiques.
Le Président a opté pour une politique essentiellement basée sur la construction d’infrastructures, avec beaucoup de réalisations dans ce domaine, dans tous les secteurs de la vie nationale. Mais, il y a un problème de fond, c’est celui de l’aménagement du territoire : l’axe privilégié Dakar-Diamniadio-Diass maintient le pays dans les biais de l’aménagement colonial des villes côtières pour l’acheminement des cultures commerciales. Dakar, singulièrement, a épuisé ses capacités : 0,33 % du territoire qui concentre près de 90% des activités économiques ; les infrastructures qui y sont concentrées vont davantage la rendre attractive pour les populations de l’intérieur, alors que la ville est littéralement asphyxiée.
La question de fond, c’est d’investir massivement dans l’intérieur du pays, de favoriser la mise en place d’unités de production pour transformer les produits locaux et interconnecter les différents territoires pour créer ainsi les conditions pour fouetter les initiatives privées ; calibrer les besoins du développement économique avec l’éducation et la formation et mieux assurer l’insertion socio-professionnelle des jeunes. Il y a aussi la problématique transversale d’une gouvernance transparente susceptible d’assurer une utilisation judicieuse, efficiente et efficace des ressources publiques.
En 10 ans, le régime du Président Sall n’a pas fait grandchose dans ce domaine. À preuve, tous les corps de contrôle de l’État sont tombés en pâmoison, et lorsqu’il arrive qu’ils rendent des rapports, ceux-ci sont classés sans suite judiciaire.
Quelle analyse faites-vous du retour de votre collègue, le Pr Ismaïla Madior Fall au département de la justice qui suscite beaucoup de craintes au sein de l’opinion publique du fait de son changement de ton concernant une possible 3ème candidature du chef de l’Etat ?
Je ne souhaite pas entrer dans un débat sur les personnes parce que c’est inutile et contreproductif. Je me situe au niveau des principes. Les principes, c’est ce qui ne change pas en fonction des humeurs, des positions de pouvoir et des intérêts personnels, partisans ou catégoriels. La justice est le seul service public qui porte en même temps le nom d’une vertu. Le respect de l’État de droit est le gage de la stabilité politique du pays, sans quoi on ne peut rien faire ; tant il est vrai que la santé est aux humains ce que la paix est aux États. La troisième candidature du Président Wade avait provoqué une crise politique grave et violente en 2011 et 2012, avec une dizaine de morts, de nombreux blessés et beaucoup de dégâts matériels.
Le Président Macky Sall a été au cœur et à la pointe de ce combat contre la troisième candidature du Président Wade ; et c’est cela qui a facilité son élection en 2012. Car au second tour il a affronté un «non-candidat». Une troisième candidature du Président Macky Sall est d’une illégalité flagrante au regard de la Constitution du Sénégal qui dispose très clairement en son article 27 alinéa 2 : «Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs». Avant d’entrer dans des considérations d’ordre juridique, il convient de préciser que c’est d’abord une question de logique et une question linguistique. D’abord, le texte est écrit en français. Nul est un pronom impersonnel qui est valable pour tout le monde : Mamadou, Moussa, Jean, Paul, Fatou, Yacine, Christine, Selbé, Makhary, Adiokane, etc. Or, il est absolument clair que c’est bien le Président Macky Sall qui a été élu pour exercer un premier mandat présidentiel de 2012 à 2019 ; il est également clair que c’est le même Président Macky Sall qui a été réélu pour exercer un second mandat de 2019 à 2024. Dès lors, à la fin de son second mandat en 2024, il aura exercé deux mandats à la tête de l’État. Il est également limpide comme de l’eau de source que les deux mandats 2012- 2019 et 2019-2024 sont consécutifs : c’est-à-dire qu’ils entretiennent un rapport de succession immédiate. Sauf à pouvoir déplacer les années dans le temps, ce qui relève d’une impossibilité absolue. Sur le plan juridique, il y a des arguments fallacieux qui lient le mandat à la durée.
En effet, l’article 27 dispose : « La durée du mandat du président de la République est de 5 ans. Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». Mais il faut définir d’abord ce qu’est un mandat. Un mandat est une habilitation à représenter, à parler et agir au nom et pour le compte du peuple pour un temps. Ce temps est variable : aux États-Unis le mandat est de 4 ans ; en France le mandat est de 5 ans ; au Cameroun, au Gabon, le mandat est de 7 ans. Donc la nature du mandat n’est pas liée à la durée du mandat. Autrement dit, un mandat de 4 ans est un mandat, un mandat de 5 ans est un mandat, un mandat de 7 ans est un mandat, etc. Il faut ajouter à cela que le Président Sall a été élu sur la base de la Constitution du 22 janvier 2001 qui limitait déjà les mandats à deux à travers l’article 27 alinéa 2 : « Le mandat est renouvelable une seule fois ».
En 2016, le Sénégal n’a pas adopté une nouvelle Constitution, le Constituant a procédé à une révision de la Charte fondamentale par la loi constitutionnelle n° 2016-10 du 05 avril 2016 qui est venue confirmer, conforter et renforcer les dispositions de l’article 27, en visant le titulaire du mandat, d’où l’expression : « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ». On mesure donc tout le sens de l’illégalité d’une troisième candidature du Président Sall, car autrement il faudrait prouver, tâche impossible, que ce n’est pas la même personne, le Président Macky Sall, qui a exercé les deux mandats consécutifs de 2012-2019 et 2019-2024. Ou alors il faut considérer que 2012- 2019 n’a pas existé dans l’histoire du Sénégal ! Le pays serait alors frappé d’une amnésie collective, un trou noir, un black out dans la mémoire de la communauté nationale !
S’il est incontestable que c’est le Président Macky Sall qui a exercé le pouvoir de 2012 à 2019 et que cette période n’est pas considérée comme le déroulement d’un mandat ; les règles de compétence étant d’ordre public, il aura alors exercé un pouvoir de fait, c’est-à-dire sans titre juridique valide et valable. Dès lors, tous les actes juridiques qu’il a posés sont inexistants, c’est-à-dire qu’ils sont nuls et non avenus. Toutes les lois qu’il a promulguées sont nulles et non avenues ; tous les décrets qu’il a signés sont nuls et non avenus ; toutes les nominations à tous les emplois civils et militaires qu’il a décrétées sont nulles et non avenues ; et par conséquent tous les actes juridiques pris par toutes ces autorités nommées sont également nuls et non avenus. C’est un cataclysme, un bouleversement incommensurable de l’ordonnancement juridique dont on ne saurait évaluer l’ampleur de toutes les conséquences catastrophiques pour le pays. À cela il faut ajouter que le Président Macky Sall a été élu sur la base de la Constitution du 22 janvier 2001 qui déjà prévoyait que le maximum d’années consécutives qu’un Président pouvait rester à la tête de l’État est de 14 ans : soit un mandat de 7 ans renouvelable une fois.
En 2016, le Constituant a procédé à une réforme réduisant cette durée de 14 ans à 10 ans. Dès lors, il est illogique ; et surtout illégal au regard de la volonté constante du Constituant de soutenir qu’un président de la République peut rester 17 ans à la tête de l’État ! En définitive, juridiquement une troisième candidature du Président Macky Sall en 2024 est d’une illégalité manifeste au regard de l’article 27 de la Constitution qui dispose : « Nul ne peut exercer plus de deux mand a t s consécutifs » ; elle est inacceptable mor a l e m e n t puisque le Président Sall a été à l’avant-garde du combat contre la troisième candidature du Président Abdoulaye Wade avec son cortège de morts et de destructions ; elle est politiquement inacceptable, car elle risque de plonger le pays dans une crise politique grave dont l’issue est incertaine.
En lieu et place de technocrates, le président a finalement décidé de faire avec des politiques en nommant notamment ses plus fidèles défenseurs. Que vous inspire cette décision du chef de l’Etat ?
La distinction entre technocrate et politique doit être relativisée, car un politique peut aussi être un technocrate, au sens d’une personnalité qui a une expertise dans un domaine de compétence donné, et qui est engagé dans le champ de la compétition politique.
L’essentiel c’est de mettre les hommes qu’il faut à la place qu’il faut, plutôt que de promouvoir sur la base de considérations politiciennes ou selon les lubies du Prince, des personnes n’ayant pas les compétences requises pour assurer convenablement le travail gouvernemental. On a parlé de «Gouvernement de combat», même si l’expression peut être interrogée : les gouvernements qui l’ont précédé depuis 10 ans n’ont-ils pas été des « gouvernements de combat » ? Il reste que dans le Gouvernement, on peut retrouver des profils d’hommes et de femmes compétents et expérimentés pour prendre en charge les problèmes que connaît le pays. Mais, c’est aussi un Gouvernement qui compte des défenseurs fidèles et chevronnés du Président Sall, nommés pour aller au front et mener éventuellement la bataille d’une troisième candidature, illégale ; reste à savoir s’ils ne seront pas refroidis par la détermination du peuple sénégalais à le refuser, comme il l’avait fait contre le Président Wade en 2012.
Cette forte présence des politiques dans le gouvernement ne va-t-elle pas augmenter les risques de tension à l’Assemblée nationale avec l’opposition parlementaire ?
Les tensions à l’Assemblée nationale ont commencé dès le jour de l’installation des députés. Donc, de telles contradictions me semblent être essentiellement liées au fait que les forces politiques entre majorité et opposition sont équilibrées, pour la première fois dans l’histoire du Sénégal. Cela permettra à l’opposition de jouer pleinement son rôle à l’Assemblée nationale, c’est-à-dire de contrôler l’action du Gouvernement et d’évaluer les politiques publiques, tout en apportant une dimension critique dans le vote de la loi, puisque l’ère de la majorité mécanique est révolue. Il reste que tous les acteurs du jeu politique, majorité et opposition, doivent éviter de provoquer un blocage de l’institution et privilégier le dialogue et la négociation, dans un esprit constructif et dans le respect de la loi, en mettant en avant non pas les intérêts personnels ou partisans de conquête ou de conservation du pouvoir, mais les intérêts supérieurs du Sénégal.
Quelle analyse faites-vous de la nomination de Mme Oulimata Sarr à la tête département de l’économie, du plan et de la coopération ?
Plusieurs remarques peuvent être faites par rapport à la nomination de Madame Oulimata Sarr. D’abord, il faut relever que c’est la première fois qu’une femme est nommée à ce poste. Ensuite, le ministère est confié à une personnalité qui est en dehors du champ de la compétition politique. Le ministère de l’Économie, du plan et de la coopération, de même que le ministère des Finances et du Budget constituent des dispositifs essentiels dans la gestion des affaires publiques. C’est pourquoi le Premier ministre Amadou Ba a tenu à contrôler ces leviers essentiels en y plaçant des personnes en qui il a confiance. Tous ceux avec qui le Premier ministre Amadou Ba aurait pu avoir des difficultés subjectives ou des rivalités politiques ont été écartées de ces positions névralgiques et stratégiques des secteurs de l’économie, des finances, du budget, du plan et de la coopération. C’est une forme de rationalisation, car si les ministres qui sont à ces stations ne s’accordent pas comme il faut avec le Premier ministre, cela pourrait créer des dysfonctionnements préjudiciables à l’efficacité de l’action gouvernementale.
Quelle lecture faites-vous de l’absence de consensus autour du président de l’Assemblée nationale au sein de l’inter-coalition Yewwi-Wallu ?
Je pense que cela est lié à un imbroglio autour de questions de représentativité politique, de préséance et prestige symboliques et d’ambitions personnelles. Le PDS de Me Wade qui existe depuis 1974, qui a fait 26 ans d’opposition, puis 12 ans de pouvoir et encore 10 ans d’opposition, a tenu à marquer son identité et à ne pas se dissoudre dans une grande coalition. C’est pourquoi le PDS a très tôt affirmé qu’il va avoir son groupe parlementaire et a présenté un candidat au perchoir de l’Assemblée nationale, à savoir Monsieur Mamadou Lamine Thiam, qui totalise une longue expérience parlementaire puisqu’il a été régulièrement élu député depuis 1998, soit une présence de 24 ans à l’Assemblée nationale ; il a été questeur et député de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest). Ces questions de préséance et de prestige symboliques sont cruciales pour le PDS qui tient à préserver sa personnalité et à se donner toutes les chances pour positionner Karim Wade comme candidat à l’élection présidentielle de 2024.
Concernant la coalition Yewwi Askan Wi, c’est une grande organisation politique avec comme locomotive le trio : PASTEF (Patriotes africains du Sénégal pour l’éthique et la fraternité) de Ousmane Sonko, Taxawu Sénégal de Khalifa Ababacar Sall et le PUR (Parti de l’unité et du rassemblement) de Serigne Moustapha Sy. La coalition Yewwi Askan Wi qui détient la plus grande représentativité politique dans l’opposition, n’a pas pu régler le choc des ambitions entre les deux candidats à la présidence de l’Assemblée nationale, à savoir Barthélémy Dias et Ahmed Aïdara. Au demeurant, même avec un seul candidat représentant l’inter-coalition YewwiWallu, celle-ci n’aurait pas pu gagner l’élection à la présidence de l’Assemblée nationale, car même si elle est très faible, la coalition Benno Bokk Yaakaar détient une majorité de 83 députés sur 165. Mais ces contradictions ne me semblent pas être de nature à compromettre la collaboration au sein de l’inter-coalition. Tout va se jouer sur la nature des problèmes posés et des intérêts des différentes composantes de l’inter-coalition. Sur les intérêts communs à l’inter-coalition, il y a de fortes probabilités que celle-ci puisse se retrouver, même s’il peut y avoir de manière ponctuelle ou épisodique des divergences.