SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
14 juin 2025
Par Serigne Saliou DIAGNE
AMADOU BA, UN METRONOME POUR L’ORTHODOXIE REPUBLICAINE
La nomination d’un Premier ministre, en fin de semaine dernière, en la personne de monsieur Amadou Ba, met fin à une période de neuf mois depuis l’annonce du retour de cette station dans l’arsenal institutionnel du Sénégal.
La nomination d’un Premier ministre, en fin de semaine dernière, en la personne de monsieur Amadou Ba, met fin à une période de neuf mois depuis l’annonce du retour de cette station dans l’arsenal institutionnel du Sénégal. C’est un épisode qui s’est fait dans la mesure et la civilité républicaine, pour rappeler que malgré le chaos vécu à l’Assemblée nationale lors de l’installation de la quatorzième législature, notre République repose sur des socles solides bien que les vents de l’anarchie et du chaos, drapés d’une surenchère nourrie d’un sentiment patriotique faussement mûri, peuvent la faire tanguer par moments. Elle tangue, elle tangue mais ne coule pas, pour paraphraser la devise d’une ville. Heureusement pour nous.
Les formations de gouvernement dans notre pays ont pris ces deux dernières décennies, les tournures d’un grand jeu de chaises musicales ou d’un mercato politique. Les gouvernements sont passés au peigne fin pour mesurer les représentativités régionales, les permutations, les entrées et sorties. Le traitement et le commentaire médiatiques en viennent à faire vivre ce jeu trivial et à s’en accommoder. La table du Conseil des ministres est ainsi assimilable à un banquet dont les chaises sont allouées sur fond de «régionalisme», de représentativité sociale et économique, d’influence douce ou subtile des chefferies religieuses. Rien n’est plus gauche que l’exercice de descendre systématiquement des ministres déchus pour chercher des qualités d’immaculés à leurs remplaçants.
Ce jeu a par le passé eu ses conséquences et il est bien que pour le récent remaniement, les vieux démons ne soient pas venus habiter les lieux et les esprits. C’est dans ce pays que des drapeaux ont été brûlés quand des circonscriptions se sont senties lésées après la formation de gouvernement ou des tronçons du réseau routier national barrés. C’est dans ce pays également que des communautés spécifiques ont fustigé les gouvernements pour ne pas avoir de représentant à la table. On se surprend à avoir peur qu’un jour, le jeu des identités et des appartenances finisse par pousser dans notre pays, l’émergence d’une forme de pacte tacite comme au Liban où la formation des gouvernements, les nominations aux hautes stations étatiques et le partage du pouvoir tout bonnement obéissent à des lignes religieuses et confessionnelles. Le service à sa nation est l’une des plus belles missions qui soient, il serait dangereux de laisser une place à des subjectivités autres que le mérite professionnel et/ou politique influer le choix de ceux qui se doivent d’être au service de tous.
L’actuel Premier ministre, Amadou Ba, sera attendu dans sa capacité d’instiguer et d’insuffler toute une dynamique nouvelle dans son équipe gouvernementale sur le service. L’instigation est vue ici au sens théorisé par Bertrand de Jouvenel dans son essai De la politique pure, c’est-à-dire que l’acte premier de toute politique chez un individu, repose sur le fait de faire faire quelque chose à quelqu’un. C’est par sa capacité d’instigation que le nouveau chef du gouvernement, dans une logique de rupture et d’un nécessaire retour à une orthodoxie républicaine, imposera à toute son équipe, une démarche faite d’écoute, d’anticipation et surtout de souci consciencieux à la chose publique. Les mots, qu’ils avaient communiqués lors de sa passation de services en quittant le ministère des Affaires étrangères sur la loyauté qui ne devrait jamais être de circonstance, sonnent toujours forts. On ne peut que nourrir l’espoir qu’il insufflera à toute son équipe, l’impératif de servir du mieux ce pays pour le bien de toutes ses populations.
Le ministre de l’Economie sortant, Amadou Hott, avait l’audace (bien que fustigé çà et là) dans son Cabinet de s’entourer de la meilleure expertise qu’offraient des jeunes sénégalais, n’hésitant pas à les débaucher un peu partout dans le monde pour les inviter à servir dans le public. Espérons que l’exemple qu’il aura cherché à susciter fera tache d’huile et inspirera davantage de ministres nommés par le Président Macky Sall. Quand on lit certaines indignations de manitous de nos réseaux sociaux sur le «mauvais choix de carrière» d’une Oulimata Sarr qui aurait choisi de servir son pays en quittant le «confort» douillé et la sécurité d’emploi d’une organisation internationale, on peut se dire qu’il faudra énormément d’efforts pour redorer le blason du service public dans notre pays. Aux grandes missions, il faut des hommes à la hauteur. «L’histoire enseigne aux hommes les difficultés des grandes tâches et la lenteur des accomplissements, mais elle justifie l’invincible espoir», disait Jean Jaurès.
KOULIBALY SANS DETOUR
Ses débuts difficiles avec Chelsea sont loin de le perturber. Kalidou Koulibaly reste zen. Tout en reconnaissant ses problèmes d’adaptation en Premier League, le capitaine des Lions promet de vite rebondir....
Recueillis par Woury DIALLO (Envoyé spécial à Orléans) |
Publication 23/09/2022
Ses débuts difficiles avec Chelsea sont loin de le perturber. Kalidou Koulibaly reste zen. Tout en reconnaissant ses problèmes d’adaptation en Premier League, le capitaine des Lions promet de vite rebondir. Sur le Mondial, «KK» veut, avec les Lions, marquer l’histoire en hissant le Sénégal en demi-finales.
Comment se passe la préparation pour les deux amicaux, contre la Bolivie ce samedi, et l’Iran, mardi prochain ?
La préparation se passe très bien. On est arrivés ici lundi avec beaucoup d’enthousiasme, beaucoup de motivation. On sait que certains joueurs manquent de temps de jeu dans leurs clubs. C’est pourquoi c’était important pour ces derniers de venir en sélection pour avoir du temps de jeu, pour pouvoir reprendre un peu de choses positives et après rentrer en club avec un peu plus de capitale confiance. On est tous prêts pour jouer ce match contre la Bolivie et contre l’Iran pour pouvoir emmagasiner de la confiance avant le début de la Coupe du monde.
Finalement, le report par la Caf des deux journées des éliminatoires de la Can 2024 de ce mois, a été une bonne idée, surtout pour les Mondialistes…
En effet, c’est important parce que, comme vous le savez, les styles de jeu sont divers dans le monde. Jouer contre une équipe sud-américaine, asiatique ou européenne, c’est différent. Donc, c’était important d’avoir ces deux matchs amicaux pour bien préparer nos matchs de Coupe du monde. Jouer contre une équipe sud-américaine, c’est jouer contre une équipe très agressive. C’est sûr que ça va nous changer. Contre une équipe asiatique, on n’a pas trop l’habitude, mais on a la chance de jouer l’Iran. Cela nous donnera une idée du Qatar.
Qu’est-ce qu’on recherche dans ce genre de match ?
On cherche à avoir des idées sur les équipes qu’on va rencontrer dans le futur. On essaye de prendre de la confiance avant la Coupe du monde, en décrochant des résultats positifs. Parce que les victoires appellent les victoires. Si on arrive à gagner ces matchs, ce serait très positif avant la Coupe du monde, Inchallah.
On note l’arrivée de nouveaux joueurs dans la Tanière. Comment, en tant que capitaine, gérez-vous en interne ces nouvelles arrivées pour que l’état d’esprit reste le même ?
Il y a une épine dorsale qui est là depuis très longtemps. C’est très important d’avoir des joueurs qui ont l’habitude de jouer ensemble. Cela apporte de la sérénité, de la solidité, de la confiance. Maintenant, après, on essaie d’intégrer les jeunes joueurs qui arrivent. C’est-à-dire leur donner l’état d’esprit, de ce qu’on attend d’eux, de ce que le Sénégal représente pour nous tous, les objectifs qu’on s’est fixés. Le plus important, c’est qu’ils savent qu’ils ont la confiance de tous les Sénégalais. On a une seule Nation dans notre carrière. Donc, quand on a la chance de pouvoir défendre les couleurs de notre pays, on doit le faire correctement. Mais surtout, savoir l’ambition qu’on a, les motivations de cette équipe, pourquoi cette équipe a réussi à gagner cette Coupe d’Afrique. C’est-à-dire un état d’esprit irréprochable. Les joueurs qui arrivent donc doivent avoir cet état d’esprit. On a vu qu’il y a beaucoup de joie de vivre, mais aussi beaucoup de sérieux à l’entraînement. Ils écoutent et sont attentifs, et vraiment c’est très positif. Au Sénégal, il y a beaucoup de talents, et on a besoin de ces talents-là pour pouvoir atteindre nos objectifs. Et c’est bien que tout le monde mette la main à la pâte pour y arriver.
Parlons de votre nouveau club, Chelsea. Après des années à Naples, vous avez finalement décidé de partir. Comment se passent vos débuts dans ce nouvel environnement ?
Ça se passe très bien. Vous savez, c’était un choix de vie. J’avais envie de changer de club. Je pense que j’avais tout donné au Napoli. On est arrivé à un moment où je voulais changer de vie, me remettre en question et me lancer dans un nouveau défi. Chelsea est arrivé et mon choix n’a pas été long à faire. C’est une équipe qui fait partie des cinq meilleurs clubs du monde, avec un grand palmarès, une équipe qui a l’habitude de gagner. Quand ils m’ont appelé, j’ai directement donné une réponse positive parce que c’était aussi admirable de jouer en Premier League. J’ai joué en France, en Belgique, ensuite je suis arrivé en Italie, là où j’ai grandi, mûri et où mes enfants sont nés. Donc, je ne cesserai jamais de les remercier pour tout ce qu’ils m’ont donné. Maintenant, je pense qu’il était temps de découvrir autre chose. M’engager avec Chelsea, c’était une bonne chose pour moi. Aujourd’hui, je suis très content d’être là-bas. C’était un peu difficile au début, parce qu’il a fallu déménager 8 ans de ma vie à Londres. C’est quelque chose de difficile. Fallait trouver une école, se mettre à la vie londonienne. Je suis arrivé à Londres où j’ai trouvé ma maison, les écoles des enfants, j’ai un peu pris mes marques. Donc, je suis très content.
Et comme par hasard, vous avez retrouvé Edouard Mendy…
Ah oui ! Edouard m’a aussi beaucoup aidé. Il a fait partie de ceux qui ont guidé mes choix. C’est quelqu’un qui restait beaucoup au téléphone avec moi. Et quand il a su qu’on avait la possibilité de jouer ensemble, autant en sélection qu’en club, cela a été un choix très fort pour moi. Je le remercie vraiment parce que dès le premier jour, il m’a mis à l’aise à Chelsea. Il m’a présenté à tout le monde. Là, je suis déjà bien entré dans le groupe de Chelsea. Et ça, c’est aussi en grande partie grâce à lui. Il y a aussi Jorginho que je connaissais depuis Naples. Voilà, mais vraiment je suis très content de mon choix. Cela a été un choix difficile à faire de quitter l’Italie, mais c’est vraiment un choix qu’il fallait faire. Aujourd’hui, je suis très content et j’espère que cela va bien se passer pour la suite.
Justement, on note des difficultés en ce début saison en Premier League. Elles sont dues à un problème d’adaptation ?
Je ne sais pas si tout le monde lie ces difficultés à un problème d’adaptation. Mais c’est le football, cela en fait partie. Rien n’est acquis. Je me suis remis en question. J’aurais pu rester à Naples, être tranquille là-bas. Je voulais un nouveau défi et je suis content de cela. Maintenant, je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de joueurs qui arrivent dans un club et qui sont directement décisifs. Je pense que c’est normal qu’il y ait une bonne adaptation. Cela fait huit ans que j’étais en Italie, j’arrive en Angleterre, là où je dois très rapidement apprendre tout. C’est normal qu’il y ait un temps d’adaptation. Il y en a même certains qui m’ont dit que ce temps d’adaptation pourrait durer six mois. Mais moi, je pense que cela va durer moins longtemps. Je suis vraiment motivé, je veux montrer à tout le monde que je suis un bon défenseur. Et ça, c’est sur le terrain. Je pense que ça va bien se passer. Et que l’adaptation va arriver très rapidement. Je ne m’inquiète pas pour ça. Je sais que je serai prêt quand on fera appel à moi.
Est-ce que le changement de coach risque de prolonger cette durée d’inadaptation ?
Le nouvel entraîneur est venu avec de bonnes idées. C’est un vrai coach. Il a fait de bonnes choses avec Brighton. Maintenant, il est entraîneur de Chelsea. Il a des directives, des attentes. A moi d’être patient, à moi de montrer que je mérite de jouer, de montrer à l’entraînement que le coach peut avoir confiance en moi. Par rapport à cela, il n’y aura aucun problème. On est aussi dans les premières semaines, c’est normal que le coach s’appuie sur des joueurs qui ont l’habitude de l’emblème de Chelsea et qui sont là depuis très longtemps. Quand je serai à 100%, il n’y aura pas de problème, je rejouerai Inchallah.
Quelles sont vos ambitions pour la présente saison ?
C’est de jouer le plus de temps possible en club, essayer de gagner un trophée. Pour ce qui est de l’Equipe nationale, j’espère qu’on ira le plus loin possible dans cette Coupe du monde. Déjà, dans un premier temps, passer la phase de groupe, car c’est quelque chose de très important parce qu’en 2018 en Russie, on a encore en travers de la gorge cette élimination au premier tour. On a appris de nos erreurs passées. Aujourd’hui, le premier objectif sera donc de passer le premier tour. On veut faire partie des protagonistes de cette Coupe du monde. On va donc essayer de tout faire pour passer le premier tour. Ensuite, on verra les matchs à élimination directe. Je pense que le Sénégal peut battre n’importe qui sur un match. Donc, on va y aller humblement, en respectant tout le monde, en essayant de se faire respecter aussi. J’espère que ce sera la bonne année pour voir une Nation africaine dans le dernier carré. Et j’espère que ce sera le Sénégal.
BALLO TOURÉ A L’OCCASION DE CONVAINCRE ALIOU CISSÉ
Avec la situation actuelle de Saliou Ciss (sans club) et le forfait de Bouna Sarr pour la prochaine coupe du monde, Fodé Ballo Touré a une carte à jouer pour les deux matchs amicaux du Sénégal contre la Bolivie et l’Iran.
Avec la situation actuelle de Saliou Ciss (sans club) et le forfait de Bouna Sarr pour la prochaine coupe du monde, Fodé Ballo Touré a une carte à jouer pour les deux matchs amicaux du Sénégal contre la Bolivie et l’Iran. Le latéral gauche des Lions en manque du temps de jeu a l’occasion de convaincre le sélectionneur national pour une place de titulaire dans l’effectif des Lions. Dans les buts, Seny Dieng fait son bonhomme de chemin en bousculant la hiérarchie.
Fodé Ballo Touré peine depuis longtemps à trouver ses marques avec le Sénégal. Depuis sa première sélection avec les Lions, le défenseur est sous l’ombre de Saliou Ciss. Mais avec la situation de ce dernier qui n’a pas encore trouvé un club lors du dernier mercato, le défenseur a une occasion de s’affirmer et de montrer toutes ses qualités. Appelé pour les deux matchs amicaux contre la Bolivie ce 24 septembre au stade de la Source à Orléans et l’Iran trois jours plus tard à Viennes en Autriche, le Milanais dispose aujourd’hui d’une opportunité pour s’imposer et garder une place de titulaire dans l’effectif d’Aliou Cissé. Le technicien sénégalais mise beaucoup sur le jeu des couloirs, surtout du côté gauche avec Sadio Mané pour faire la différence dans les rencontres. Et avec ces deux matchs amicaux, l’ancien Monégasque a son destin en main pour marquer ses empreintes dans le groupe.
SENY DIENG BOUSCULE LA HIÉRARCHIE DES GARDIENS
Avec la blessure au genou du portier titulaire Edouard Mendy, Seny Dieng est en train de faire son bonhomme de chemin dans la Tanière. Considéré comme le troisième gardien des Lions, le portier de Queens Park Ranger est en train de bousculer la hiérarchie. D’ailleurs lors de la récente coupe d’Afrique des Nations, le natif de Zurich avait réussi à rendre une copie propre lors de sa titularisation des deux premiers matchs au Cameroun. Aujourd’hui, avec la situation d'Alfred Gomis, Seny Dieng a une opportunité de prendre la place du portier de Rennes au sein de la Tanière. Mais avec l'arrivée de Mory Dieng, qui compte se faire un nom, Alfred Gomis n’a plus le droit à l’erreur et il doit se ressaisir le plus rapidement possible pour espérer une place dans la liste d’Aliou Cissé pour la Coupe du monde.
DERNIERS INSTANTS D'UNE GRANDE FIGURE DE L'ESPACE MÉDIATICO-RELIGIEUX
La levée du corps de l'imam Moustapha Gueye est prévue aujourd'hui à l'hôpital principal en présence de plusieurs autorités gouvernementales et religieuses dont le khalife de Medina baye.
La levée du corps de l'imam Moustapha Gueye est prévue aujourd'hui à l'hôpital principal en présence de plusieurs autorités gouvernementales et religieuses dont le khalife de Medina baye. Décédé à paris, imam Moustapha Guèye était connu par sa longévité dans la prêche audiovisuelle. Avec son décès, c’est la fin d'une époque.
De Thiarene dans le département de Matam où il a vu le jour en 1937 à Paris où il a tiré sa révérence dimanche dernier, le président national des Imams du Sénégal, Moustapha Guèye, aura parcouru du chemin. Plusieurs générations, des années 70 à aujourd'hui, ont été bercées par les «Lettres musulmanes» d'imam Moustapha Guèye Pendant longtemps, ce pédagogue hors pair a fait les beaux jours de l'Orts. Il se montrait sérieux, limpide et objectif dans ses prêches. D’ailleurs, les Sénégalais ont mis plusieurs années même avant de connaitre l'appartenance confrérique de ce disciple de Baye Niasse. Il a fait une partie de ses études dans la cité religieuse fondée par ce dernier après avoir quitté son oncle, un grand mufti de la région de Matam El Hadji Madado Diattara, qui a guidé ses premiers pas en tant que «ndogo daara».
Ancien pensionnaire de l'université Al Quarawine au Maroc, l'imam Moustapha Guèye est un des pionniers l'activisme estudiantin au royaume chérifien pour l’amélioration des conditions d'existence de ses camarades étudiants arabophones qui n'avaient pas le droit d'avoir une bourse contrairement aux autres étudiants sénégalais. Une injustice que l'ex-commissaire au Pèlerinage à la Mecque ne va pas accepter. Ainsi, il sera à la tête d'une grève devant l'ambassade du Sénégal au Maroc. Des manifestations violentes qui ont pousser le gouvernement Senghor à les rapatrier et emprisonner au Sénégal.
UN IMAM AU SERVICE DES PRÉSIDENTS
C'est à la suite d'interventions musclées de personnalités religieuses marquantes de l'époque comme Cheik Ibrahima Niasse , Mame Abdou Aziz Sy Dabagh et Cheikh Mbacké Ngaide Fatma que le gréviste et ses camarades dont un certain Mouhamad Mahi Niasse, actuel khalife général de Medina Baye, vont retourner au Maroc pour poursuivre leurs études en 1963. À son retour vers 1966, il devient professeur en langue arabe pendant plusieurs années avant de réussir un concours organisé par la Direction de l'information, dirigée à l'époque par un certain Moustapha Niasse, pour recruter des journalistes arabophones. Devenant ainsi fonctionnaire au ministère de l'Information, c'est Imam Moustapha Gueye qui contrôlait et entérinait tous les journaux arabes qui entraient dans le pays. Voix autorisée en Islam , le journaliste sera détaché par la suite à la Primature comme conseiller. Il servira deux Premiers ministres en l'occurrence Abdou Diouf et Habib Thiam avant de devenir par la suite conseiller des Présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Animant en outre des émissions religieuses pendant plusieurs années à la RTS où il est entré par l'entremise de Cheikh Tahirou Doukoure , conseiller des Affaires religieuses du président Senghor. Ainsi, son émission '' Lettres musulmanes '' a aidé beaucoup de Sénégalais , dans l'intimité leurs foyers, à comprendre beaucoup par rapport à leur religion.
UN SOUFI ORTHODOXE
Recruté par la suite par Sidy Lamine Niasse, il poursuivra ses enseignements à «Walfadjri » dans ''Tontou Bataxal'' pendant plusieurs années. Infatigable propagateur de l'islam, Imam Moustapha Guèye fait partie des premiers conférenciers à parcourir le pays pour vulgariser la religion musulmane. Initié à la gnose divine et disciple convaincu de Baye Niasse, Imam Moustapha Gueye ne faisait pas transparaître pour autant ses accointances spirituelles dans ses prêches. Pour lui, le soufisme n'est pas une absence d'obligations, mais un complément d’exigences. Mesuré, il passait tout son temps à ''discipliner'' les adeptes des confréries qui s'aventurent à l'excès.
À côté de cette mission qu'il s'est assignée durant toute sa vie, celui qui a créé avec l'ancien président de l'Assemblée nationale Moustapha Niasse la première Fédération des Étudiants de l'Ups a été militant socialiste, idéologie qu'il a épousée après ses déboires judiciaires avec le régime senghorien durant ses années de militantisme estudiantin.
Formateur de renom et hommes de réseaux, Moustapha Guèye est imam, depuis plus de 40 ans, à Thiaroye où son exégèse du coran pendant le mois de ramadan est suivi par plusieurs milliers de personnes. Sa proximité avec le Président Macky Sall lui a valu ces derniers années de sévères critiques de la part de certains activistes qui lui reprochaient de ne pas prendre des positions tranchées sur la «mal gouvernance» qui règne dans le pays.
Avec son décès, c'est une page de l'animation religieuse qui se referme. Il a écrit en effet les plus belles pages de cette rubrique audiovisuelle. Il sera inhumé ce samedi à Sedo Sebe dans la région de Matam auprès de son guide et oncle El Hadji Madado Diattara
Macky tance ses militants des Etats-Unis
Le Président Macky Sall n’est pas content de ses militants aux Etats-Unis ! Alors du tout! Profitant de son voyage au pays de l’oncle Sam pour prendre part à l’Assemblée générale des Nations unies, il les a reçus en audience comme il a l’habitude de le faire. C’était une occasion pour lui d’exprimer avec les mots sa colère contre eux, surtout par rapport aux résultats qu’ils ont obtenus aux dernières Législatives où ils ont été laminés par l’opposition. Devant ses ténors dont le Consul général El hadj Ndao, Pape Barro Gassama, Bassirou Djigeul , Mamadou Kane tous promus par lui, il a déploré leur attitude qui a conduit à ce résultat. Pourtant chaque année, c’est le même constat : le Président vient, les reçoit et leur donne de l’argent, mais dès qu’il reprend les airs, tout le monde croise les bras, déplore une source de L’As qui rappelle que Macky Sall a pourtant promu beaucoup de Sénégalais des Usa dont Kankou Thiam, Nata Samb, Pape Galo Ndiaye, Makane Kane etc.
Infox sur le folklore
Avec les réseaux sociaux, il faut tout vérifier avant de gober. La preuve, un communiqué d’actualité pris à l’époque par le porte-parole de la Présidence Seydou Guèye pour rappeler le caractère solennel des passations de service, a refait surface avec le retour en force des passations folkloriques, notamment entre le ministre sortant des Sports Matar Ba et son successeur Yankhoba Diattara. Même si l’esprit reste le même, le nouveau ministre porte-parole n’a nullement sorti un communiqué dans ce sens. Quoi qu’il en soit, ce folklore doit être banni.
Les partisans de Moussa Bocar Thiam indisposent l’assistance
C'est dans une salle archi-comble que s’est déroulée hier la cérémonie de passation de service au ministère de la Communication, de l'Economie Numérique et des Télécommunications. Le ministre sortant Yankhoba Diattara et son successeur Me Moussa Bocar Thiam étaient obligés d’attendre que le calme revienne dans la salle pour s’adresser à l’assistance. En effet, les militants et sympathisants du nouveau ministre se sont illustrés par un vacarme monstrueux. Pendant plusieurs minutes, ils ont hurlé : «Moussa Bocar Thiam, le djinn du département de Matam». Une pagaille qui a fortement indisposé l’assistance.
Passations de services folkloriques
Restons avec les cérémonies de passations de services pour dire que le folklore a pris le dessus sur la solennité de l’évènement. En atteste le comportement des militants du ministre de la Formation professionnelle sortant, Dame Diop. Comme dans un meeting politique, ses griots et autres militants ont rivalisé d’ardeur en s’égosillant à qui mieux mieux. Le tout sous les regards ébahis des ministres Mariama Sarr et Pape Malick Ndour. Le slogan la patrie avant le parti a foutu le camp !
Fake news sur un supposé accord entre le Sénégal et le Canada…
Le ministère des Affaires Étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur alerte sur la diffusion de fake news sur un supposé accord pour faciliter l’obtention du visa pour le Canada. Un communiqué des services de Me Aïssata Tall Sall rapporte que depuis quelques jours, un message, largement partagé sur les réseaux sociaux, fait état d'un supposé accord bilatéral entre le Canada et le Sénégal portant sur l'octroi de «visas exceptionnels aux citoyens sénégalais, pour visiter, étudier, travailler ou faire des affaires au Canada». A cet effet, le ministère des Affaires Étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur informe qu'aucun accord de ce genre n'a été signé avec le gouvernement canadien. Il s'agit donc d'une fausse information sans fondement, divulguée par des individus mal intentionnés dont le dessein serait de nuire aux honnêtes citoyens, précise la même source. Le ministère invite les Sénégalais désireux de se rendre au Canada à utiliser la voie officielle en se rapprochant de l'ambassade de ce pays à Dakar.
Révolte de jeunes du Parti Socialiste
Le Parti Socialiste n’en a pas encore fini avec les démons de la division. Après la levée de boucliers de responsables socialistes contre la reconduction de Serigne Mbaye Thiam dans le gouvernement, c’est au tour de jeunes frustrés de monter au créneau pour dénoncer la discrimination au sein de la formation. Dans le contexte où le parti bouillonne à cause de divisions internes, de guéguerres de positionnements et de préservations d'intérêts crypto personnels de certains camarades, ces jeunes socialistes qui se sentent laissés en rade annoncent la mise en place d’un cadre d'actions pour la réhabilitation du parti. Déjà, ils pointent du doigt le silence coupable du secrétaire général du Mouvement national des jeunesses socialistes, Bounama Sall. Ils tiennent un point de presse aujourd’hui pour donner les contours du nouveau cadre d'actions des jeunesses socialistes pour un parti dynamique.
Suspension de médicaments à base de pholcodine
A l’instar de beaucoup de pays dont récemment la Gambie, le Sénégal interdit tout médicament à base de pholcodine. La décision est de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (Ansm) qui annonce la suspension des autorisations de mise sur le marché (Amm) des spécialités à base de pholcodine, en raison d'un rapport bénéfice/risque jugé défavorable. D’après une note de Laborex Sénégal qui cite l’agence, ces sirops antitussifs sont associés à des réactions allergiques croisées graves avec les curares, utilisés lors d'anesthésie générale. Ainsi, la survenue d'un accident allergique peut survenir même plusieurs semaines après la prise de pholcodine. C’est pourquoi, depuis le 8 septembre, la prescription etla délivrance de sirops à base de pholcodine sont interdites en France et au Sénégal, sous demande du laboratoire Melisana Pharma. Ainsi, les professionnels de santé ne doivent plus prescrire ou délivrer ces médicaments et les patients doivent arrêter leur traitement et le rapporter en pharmacie pour destruction.
113 jeunes migrants rapatriés du Niger
Amnesty International se félicite de la diligence des autorités pour sauver des candidats malheureux à l’émigration coincés au Niger. Le Directeur exécutif de la section sénégalaise Amnesty International, Seydi Gassama, avait plaidé pour le rapatriement du Niger de quelque 164 jeunes Sénégalais expulsés d'Algérie. Selon M. Gassama, un premier groupe de 113 personnes a atterri hier à l’aéroport international Blaise Diagne (AIBD) par vol charter affrété par l'État du Sénégal. Mais une cinquantaine de jeunes attendent encore d’être rapatriés. Le Directeur exécutif de la section sénégalaise salue les efforts consentis par les autorités sénégalaises pour le rapatriement de ces jeunes et les exhortons à diligenter le retour de ceux qui sont encore au Niger.
Kolda en déficit de 119 enseignants et 12 000 tables-bancs
Le département de Kolda enregistre un déficit de 119 enseignants et 12 000 tables-bancs, à quelques jours de la rentrée scolaire 2022-2023, a appris l’APS jeudi, de l’Inspecteur de l’éducation et de la formation (IEF), Birane Tine. «Nous avons pour le moment un déficit de 119 enseignants et de 12 000 tables-bancs, malgré les efforts consentis par l’Etat parce que nous attendons une dotation de 2 235 tables bancs», a-t-il déclaré. L’Inspecteur Birane Tine s’entretenait avec des journalistes à l’occasion d’un Conseil régional de développement(CRD) consacré à la rentrée scolaire 2022-2023. La rentrée scolaire de l’année académique 2022-2023 est fixée au 3 octobre pour le personnel enseignant et au 6 pour les élèves. «Nous avons déjà enregistré 808 tables-bancs parmi la dotation de 2 235 tables-bancs qui a permis de passer d’un déficit de 14 366 tables-bancs à 12 000 tables-bancs», a-t-il dit. L’IEF a toutefois assuré que ces «difficultés ne peuvent pas empêcher la rentrée scolaire», soulignant que «l’essentiel, c’est d’être prêt à les affronter afin d’inverser la tendance». Les écoles «ne sont pas totalement prêtes», mais «nous sommes en train de créer les conditions d’une bonne rentrée scolaire parce que ce sont les mesures qui sont prises ici qui vont permettre de les apprêter», a-t-il souligné. «Nous sommes encore à quatorze jours de la rentrée scolaire, donc je crois que par rapport à l’apprêtement des écoles, ça doit pouvoir se faire avant le 6 octobre prochain », a-t-il dit.
«And Gueusseum» tient le gouvernement pour responsable...
«And Gueusseum» et l'intersyndicale des travailleurs des Collectivités Territoriales (ISTCTS) tiennent le gouvernement pour responsable des perturbations. Mballo Dia Thiam et compagnie qui se félicitent du suivi du mot d'ordre de grève de 72 h sur l'étendue du territoire national avec le respect des urgences et du service minimum, se désolent de l’absence de volonté des autorités de satisfaire la plateforme minimale commune, relative à l'augmentation des salaires et leur harmonisation tant dans les secteurs de la santé et de l'action sociale que pour les collectivités territoriales. Selon les travailleurs, l'évaluation des deux premières journées de grève montre qu’elle a été suivie à 98% dans les postes de santé, 95% dans les centres de santé et 90% dans les hôpitaux, privant les populations de soins. A les en croire, cette démonstration de force des blouses blanches a paralysé le système sanitaire au plan national, malgré la logorrhée de certains décideurs ou autres pourfendeurs et braconniers du social en quête de légitimité populaire.
… et tire sur le Directeur des établissements publics de Santé
Restons avec l’alliance des syndicats de la Santé et de l’Action sociale (Asas) «And Gueusseum», qui tire à boulets rouges sur le Directeur des établissements publics de Santé (DEPS) qui s’en est pris à leur organisation. Les travailleurs de la santé lui rappellent que la démagogie est une qualité chez les populistes et flagorneurs dont certains ont un contentieux permanent avec la vérité des faits. Avant de lui rappeler que les menaces ou sanctions insinuées n'ébranlent point And Gueusseum, mais devraient plutôt s'adresser à ceux-là qui ont déclenché une grève illicite parce que sans préavis, contrairement à And Gueusseum qui a observé un délai de 45 jours et de surcroît en humanisant ses activités de grève et de sit-in.
Vers un jumelage entre Touba et deux communes du Gabon
La commune de Touba et celles de Lambaréné et Mayumba de la République du Gabon ont initié la mise en œuvre d’un projet de jumelage destiné à faciliter l’intégration des Sénégalais dans ce pays d’Afrique centrale, a-t-on appris jeudi. «Ce projet de jumelage sera bénéfique pour toutes les trois communes mais va aussi faciliter l’intégration des Sénégalais du Gabon, particulièrement des fidèles mourides », a dit le maire de la commune de Touba, Abdou Lahad Kâ, dans un entretien avec l’APS. Dans le cadre de ce projet de jumelage, a annoncé M. Kâ, une délégation du conseil municipal de Touba va prochainement se rendre dans ces deux villes du Gabon pour consolider les acquis de cette coopération. Le conseil municipal de Touba a reçu mercredi une délégation gabonaise conduite par les maires de Lambaréné et Mayumba, a fait savoir l’édile de la ville de Touba. «Nous allons nous déplacer aussi au Gabon très prochainement dans le but de raffermir ces liens et poursuivre les discussions», a-t-il encore souligné. Le fondateur du Mouridisme Cheikh Ahmadou Bamba a séjourné en détention pendant sept ans dans les villes historiques de Lambaréné (2 ans) et Mayumba (5 ans) lors de son exil au Gabon, sous la contrainte de l’autorité coloniale. Située à 237 km de Libreville (Gabon), Lambaréné est la capitale de la province du Moyen Ogoué. Mayumba est une ville côtière de la province de la Nyanga, située à 800 kilomètres de la capitale gabonaise.
Par Abdoul Aly KANE
LE DERNIER VIRAGE AVANT 2024
Au regard de la baisse tendancielle des suffrages collectés par le camp présidentiel au fil des consultations, une défaite de son chef en 2024 ne saurait être écartée.
A l’issue des consultations législatives du 31 juillet dernier ayant mis dos à dos majorité et opposition en termes de suffrages obtenus, le président de la République, fort d’une majorité étriquée, a procédé au choix du président de l’Assemblée nationale au sein des élus de l’APR puis à la formation d’un nouveau gouvernement.
Dans son adresse à la Nation annonçant le choix d’un Premier ministre, le Président Macky Sall a décliné les urgences de ce gouvernement de « combat », à savoir l’allègement du coût de la vie, le soutien à l’emploi et l’entreprenariat des jeunes, la lutte contre les inondations et la cherté du loyer.
L’horizon de ce gouvernement est donc de 16 mois, soit la fin du mandat présidentiel démarré en 2019. Un président de l’Assemblée a été choisi parmi les inconnus du landernau politique APR, selon le bon vouloir du “Prince”, et dont les suffrages obtenus ont été contestés par l’opposition, arguant que le vote au sein de l’hémicycle s’est déroulé dans des conditions foulant au pied le règlement intérieur de l’institution.
L’installation du président de l’Assemblée a été émaillée d’évènements sidérants et cocasses voire chaotiques, tels la confiscation du micro en pleine prise de parole d’un intervenant et le rapt de l’urne par des responsables de l’opposition suivi de l’intervention saugrenue et inopportune d’une escouade de gendarmes. Il y a eu surtout la sortie de salle spectaculaire de Mme Aminata Touré, tête de liste de la coalition présidentielle aux élections législatives, ne souhaitant pas voter pour le candidat de l’APR au « perchoir », exigeant de ce fait que lui soit rendue la procuration faite au profit d’un de ses collègues Farba Ngom. Lequel aura tout de même fini par voter pour le compte de sa camarade de parti contre son gré.
En réalité, celui dont l’image aura le plus été affectée par cette rentrée parlementaire chaotique, c’est bien le président de la République qui voit la situation échapper à son contrôle, et le nouveau décor se planter sous ses propres yeux. Etsi c’était finalement ça, la cohabitation, et non l’arrivée de l’opposition aux affaires, ce qui aurait pu être parfaitement possible au regard de l’actuel rapport des forces à la Place Soweto.
Les élus APR devront s’adapter à cette nouvelle configuration en termes de rapport de force, qui va induire des débats âpres et nécessiter de la négociation à la place de l’approbation mécanique habituelle. On pourrait même penser que le contrôle de l’Assemblée par le pouvoir arrange quelque part l’opposition actuelle, en ce qu’il le décharge de la formulation d’une politique alternative, qui ne pourrait être qu’approximative parce que non préparée, et de la conduite d’un gouvernement.
En effet, quelle politique aurait pu proposer une inter coalition devenue majoritaire en l’absence d’un programme commun de gouvernement conclu au préalable ? Quel rapport entretenir avec le président de la République auquel la Constitution accorde le pouvoir de définir la politique de la Nation ?
On aurait sans aucun doute assisté jusqu’en février 2024 à des arrangements ou combinazione à l’italienne, préjudiciables à l’opposition, parce que pouvant la rendre comptable des échecs éventuels d’un gouvernement qu’elle aurait formé. La configuration actuelle de l’Assemblée pourrait être, en dernière analyse, favorable à une opposition plus à l’aise dans le rôle de « gardien des pratiques de bonne gouvernance » face à un pouvoir ayant déjà avoué avoir mis sous son coude des dossiers compromettants et promu des cadres de son camp épinglés par les organes de contrôle publics.
En toutes hypothèses, la gestion de sa majorité à l’Assemblée ne sera pas de tout repos pour le président de la République.
Entre propositions de lois de l’opposition, propositions de commissions d’enquête parlementaires sur des sujets brûlants, dénonciations de malversation ou de mauvaise gouvernance avec des « gorges profondes » convaincues de la fin du pouvoir, revendications sociales du fait de la cherté du coût de la vie, le Sénégal va vivre pendant 15mois une situation politique tendue dont l’épicentre de déplacera vers l’Assemblée nationale où les « interdictions » de manifestation habituellement servies à l’opposition par les autorités administratives ne sont pas opérantes.
Le président Macky Sall va désormais diriger le pays jusqu’au terme de son mandat actuel, avec une majorité courte et instable à l’Assemblée nationale, ce qui va le contraindre à s’ingérer davantage dans le fonctionnement de cette institution et poser des actes politiques inattendus en vue de la conservation de cette majorité.
Son grand défi sera de garder la cohésion de l’APR jusqu’à la fin de son mandat, ce qui ne sera pas chose aisée au regard des pratiques de la classe politique, dont la transhumance et le chantage sont les plus courantes. Le gouvernement aura la difficile tâche de défendre ses dossiers dans une Assemblée où rien n’est acquis d’avance.
Bref, le pays va vivre une période de grande démocratie parlementaire à la condition que les nouveaux élus soient à la hauteur de leur mission. Au-delà des urgences sus évoqués, le gouvernement aura à poursuivre l’exécution du PSE dans un contexte de rareté des ressources financières de la coopération internationale et de fort endettement du pays.
Le président SALL a choisi comme Premier ministre M. Ahmadou Ba, ancien ministre des Finances puis des Affaires étrangères. Parmi les critères du choix porté sur sa personne, il a été avancé qu’il est un artisan du PSE (Plan Sénégal émergent). N’ayant pas été l’unique concepteur de ce référentiel des politiques publique nationales, nous présumons que l’on parle surtout de son rôle en matière de mobilisation des ressources financières auprès des partenaires financiers internationaux.
Compte non tenu de ses probables qualités personnelles, nous retenons d’Ahmadou Ba qu’il est l’argentier de l’Etat qui a endetté le Sénégal plus que de raison, handicapant notre indépendance financière, élément important de notre liberté décisionnelle en matière économique.
Cet endettement a servi à financer des infrastructures dont l’impact sur l’économie ne s’est pas encore traduit par des retours sur investissements conséquents, permettant de faire face aux échéances, même si par ailleurs les travaux d’infrastructures ont pu maintenir un taux de croissance artificiel, sans rapport avec la structure réelle de l’économie cependant. Les conventions de financement d’hier avec les partenaires internationaux publics et privés sont constitutives du stock de la dette d’aujourd’hui sur laquelle le FMI alerte.
L’heure des remboursements a sonné alors que les cash-flow ne sont pas à la hauteur!
Avec les travaux du PSE, le Sénégal est aujourd’hui dans une impasse économique et financière. L’heure des remboursements a sonné alors que les cash flow ne sont pas à hauteur, induisant le recours au marché obligataire pour honorer les échéances et « reprofiler » la dette. Notre conviction est que le centre focal d’un plan de développement est d’abord la réappropriation des ressources naturelles pour asseoir un politique d’industrialisation basée sur leur transformation, et la promotion d’un réseau de PME industrielles et agro industrielles.
Développer le Sénégal demande le courage de prendre de grandes décisions de souveraineté économique et l’implication des populations sur les orientations, ce qui exige des gouvernants une transparence dans la gestion des fonds publics assise sur une culture de reddition des comptes et de prise de sanctions contre les auteurs de pratiques de mal gouvernance. La période qui s’ouvre va se refermer en 2024.
Pour ce qui concerne les prochaines échéances présidentielles, la candidature du Président SALL à un 3ème reste encore un mystère, faute pour ce dernier de corroborer ou d’infirmer ses déclarations antérieures de non candidature amplement relayées sur les réseaux sociaux (VAR).
Cela n’empêche que des hypothèses puissent être posées et analysées très succinctement quant à leurs conséquences possibles. Si le candidat Macky Sall ne se représente pas en 2024, l’APR n’y survivra pas faute de préparation d’un dauphin dans des délais suffisants; les ambitions des uns et des autres vont se libérer, et ce qui reste de l’unité du parti volera en éclats.
On se rappelle que Senghor avait passé le relais à Abdou Diouf via une disposition insérée en 1976 dans la constitution soit 5 ans avant son départ (art.35 alinéa 2 de la loi constitutionnelle no 76-27 du 6 avril 1976). Si le président Macky Sall décide de présenter sa candidature pour un 3eme mandat, il sera d’abord obligé de le faire à très court terme, ce qui va limiter dans le temps le travail gouvernemental. Mais surtout, il devra faire face à l’opinion et notamment à l’opposition qui n’aura nullement besoin de thème de campagne autre que le dédit de la parole donnée. Au regard de la baisse tendancielle des suffrages collectés par le camp présidentiel au fil des consultations, une défaite de son chef en 2024 ne saurait être écartée.
L'AVENIR ASSOMBRI D'IDY
Les perspectives personnelles d’Idrissa Seck au sein de la mouvance présidentielle semblent anéanties. Le destin politique du patron de Rewmi est désormais lié à celui de Macky Sall…
Au lendemain de la nomination d’Amadou Ba à la Primature, quel destin politique pour Idrissa Seck ? Un avenir incertain au sein de la mouvance présidentielle compte tenu de la nomination du Premier ministre et de la redistribution des cartes provoquée par les résultats mitigés obtenus par Bby lors des élections locales et législatives. A l’analyse, les perspectives personnelles d’Idrissa Seck semblent être anéanties puisque son destin politique est désormais lié à celui de Macky Sall…
Pour mieux camper le débat, « Le Témoin » vous livre en exclusivité les extraits d’une conversation audio (fuitée) entre deux hauts responsables de Rewmi au lendemain de la nomination d’Amadou Ba comme Premier ministre. Morceaux choisis : « Vous savez, entre Macky et Idy, il y avait un pacte de non au troisième mandat. Et le jour où le président de la République a enregistré son discours à la Nation, le président Idrissa Seck était au Palais. Malheureusement, il a boudé les lieux sacrés lorsque Macky n’a pas voulu se prononcer sur le troisième mandat.
Pour preuve, jusqu’au jour du grand Magal de Touba, et je parle sous le contrôle du marabout (…), le poste de Premier ministre devait revenir à Idrissa Seck. On ne sait ce qui s’est passé entre temps (…). Je suis convaincu que si Macky Sall n’a pas nommé Idy au poste de Premier ministre, c’est parce que ce dernier n’a pas voulu cautionner un éventuel troisième mandat. C’est cette position ferme du président Idrissa Seck qui aurait changé la donne. Mais, quoi qu’il en soit, le président Idrissa doit quitter cette mouvance présidentielle car ses ambitions politiques dépassent le Cese » se désole ce cadre du parti Rewmi et proche d’Idrissa Seck dont l’audio a été filé au « Témoin ».
Son interlocuteur confirme et réplique : « Oui ! Tu as parfaitement raison (…). Moi, j’ai des réseaux au Palais, donc je suis bien placé pour te dire que le président Macky Sall n’a aucune considération pour Idrissa Seck. Donc, à quelque quinze mois de la présidentielle 2024, Idrissa Seck doit quitter BBy pour prendre son destin politique en main. Il est temps qu’il quitte les capitales régionales comme Dakar et Thiès pour démarrer sa campagne électorale à l’intérieur du pays c’est-à-dire dans le Sénégal des profondeurs. Et s’il ne le fait pas très tôt, il va décréter sa mort politique (…) Vraiment, je suis déçu et je n’ai plus espoir ! » désespère ce second cadre de Rewmi. Ces postures radicales de deux responsables du parti de M. Idrissa Seck sont révélatrices de la crise politique que traverse cette formation actuellement.
L’équipe «Rewmi» jouera-t-elle le maintien…
Toujours est-il que si cette redistribution des cartes politiques était un championnat de football à points et à goal-average particulier, on serait forcé d’en conclure qu’Idrissa Seck n’a plus son destin en main pour être champion ! Pis, le président du parti Rewmi risquerait même de jouer le maintien c’est-à-dire rester, de gré ou de force, dans la mouvance présidentielle pour éviter de se retrouver dans une zone relégable.
Pour y parvenir, Idrissa Seck est obligé de soutenir l’action du président Macky Sall et foncer dans sa dynamique. Les analystes politiques contactés par « Le Témoin » se disent convaincus qu’avec la nomination d’Amadou Ba au poste de Premier ministre, les perspectives personnelles d’Idrissa Seck se sont amenuisées.
Autrement dit, son destin politique est désormais lié à celui de Macky Sall. Il est vrai qu’au sortir des élections locales et législatives, les résultats catastrophiques de Bby auraient sans doute affaibli les fondements du pacte « Mbourou Ak Sow ». Ou alors changé la donne jusqu’ à faire vaciller le Parti-Etat sur ses bases et arrière-bases ! Car, la plupart des partis de l’opposition à savoir le Pastef d’Ousmane Sonko, le Taxawu-Sénégal de Khalifa Sall et le Pds d’Abdoulaye Wade ont considérablement gagné du terrain. Ils ont obtenu des résultats considérés comme une performance historique. Dans tous les cas, certains voient mal comment le Rewmi d’Idrissa Sek, une fois sorti de Bby, pourrait combler ce grand retard d’implantation sur l’étendue du territoire national à quelques mois de la présidentielle 2024.
Renaissance du Phénix ?
Toutefois, selon un membre du secrétariat exécutif national de l’Alliance pour la République (Apr) et très proche de Macky Sall, ceux qui conseillent à Idrissa Seck de quitter la mouvance présidentielle sont de vrais novices en politique. « D’abord, au lendemain de la publication de la liste du nouveau gouvernement, tout le monde a constaté que le parti Rewmi d’Idrissa Seck a conservé ses deux postes ministériels dévolus aux ministres Yakhoba Diattara et Aly Saleh Diop. Mieux, Rewmi a été renforcé avec le ministère le plus populaire qu’est celui des Sports confié à Yakhoba Diattara. Avec ce ministère en prise directe sur les jeunes, le Rewmi peut consolider et élargir sa base politique au profit de la mouvance présidentielle. Donc, malgré sa contre-performance politique sur le terrain, Idrissa Seck a conversé le nombre de ses ministres. Et cela veut dire que le président Macky Sall n’a jamais varié dans sa relation avec Idrissa Seck.
Certains responsables de Rewmi doivent éviter de faire de Idy un habitué au long feu. Mieux, il n’y a pas de péril en la demeure. Parce que la recette « Mbourou ak Sow » est toujours très bien conservée au frigo de la confiance pour éviter toute moisissure de nature à provoquer une intoxication alimentaire au sein de l’alliance » ironise notre interlocuteur, histoire de faire croire que rien ne peut plus séparer les deux partenaires politiques que sont Macky Sall et Idrissa Seck.
Il est vrai qu’en politique, tout est possible et qu’il ne faut jamais dire jamais ! Les politologues vous le diront, tout grand homme politique est un Phénix qui renaît de ses cendres. C’est-à-dire un homme exceptionnel toujours prêt à se relever avec une force de résilience impressionnante. Mais Idrissa Seck aurait-il le temps et l’espace de renaitre de ses cendres à quelques petits mois d’une compétition présidentielle de tous les dangers ?
En fin stratège, il ne prendra jamais le risque de quitter la mouvance présidentielle. Et même s’il avait des divergences avec Macky Sall, il aurait l’intelligence de les gérer à l’interne. Il est surtout appelé à suivre le rythme du président de la République et continuer à lui apporter son soutien à travers son nouveau gouvernement dirigé par Amadou Ba. Car la nouvelle configuration politique (Primature, Gouvernement et Assemblée nationale) impose également à Idrissa Seck de mouiller davantage le maillot et de faire une contribution personnelle pour la suivie de l’Apr au front de la présidentielle 2024. Car, en cas de contreperformance électorale de l’Apr, Macky entrainera inéluctablement Idy dans sa chute ! Ce qui ne serait évidemment de l’intérêt ni de l’un, ni de l’autre. Ni de « Mbourou », ni de « Soow ».
Par Moussa KAMARA
TALLAVISION
Après Kinkélibaa et d’autres grandes productions de la RTS, nous sentons tous que les choses bougent positivement dans l’audiovisuel public.
Nous avons tous vu, nous qui qui regardons notre télé nationale, les améliorations apportées à la grille des programmes. Des reportages de bonne qualité, très originaux et effectués par des hommes et femmes du terrain voire du terroir. Le tout chapeauté par une dame de qualité, bien sapée et bien branchée du lundi au vendredi dans l’édition de 13 heures. Une télé qui nous réconcilie avec les réalités du Sénégal des profondeurs.
Après Kinkélibaa et d’autres grandes productions de la RTS, nous sentons tous que les choses bougent positivement dans l’audiovisuel public. Y a juste un bémol — mais il est de taille — qu’il faut souligner avec l’absence des activités de l’opposition dans la grille de la télé. Les opposants ont certes dénoncé et décrié cette marginalisation et à juste raison. On donne tout au Pouvoir, le beurre, l’argent du beurre et même la fermière. Aujourd’hui que cette opposition a réussi à faire jeu quasi égal avec le Pouvoir à l’Assemblée nationale, il est largement temps que Racine Talla revienne à de meilleurs sentiments. Et se rappelle que nous vivons dans un pays pluriel.
Octroyer à l’opposition ce qui lui revient de droit et de facto n’est pas faire preuve de faiblesse. Cela n’entamera rien quant à sa crédibilité et sa perspicacité à soutenir vaille que vaille le Président. Un médium complètement aligné n’a pas de raison d’exister. Sauf pour vendre ses opinions! Pour renforcer sa crédibilité, il faut que la RTS traite tous les sujets qui intéressent ses auditeurs et téléspectateurs. Et la politique est un sujet majeur que tous ceux qui adorent cette grande maison aimeraient la voir traiter professionnellement. Parce la RTS recèle de grands professionnels qui sont aptes à aborder tous les sujets qui interpellent le pays.
Monsieur le Directeur, débridez-les et ils vous apporteront tout le bonheur que vous pouvez attendre d’eux. Ceux que vous avez désignés pour rendre compte des activités du chef de l’Etat continueront de faire le job avec le même dévouement.
Couvrez les activités de l’Opposition et ça vous grandira et grandira davantage la RTS. Vous en avez la possibilité, vous en avez les moyens ! Et si vous ne le faites pas, d’autres médias s’en chargeront et vous feront porter le bonnet d’âne. Et les ‘’ouailles‘’, pardon les téléspectateurs de la RTS, en pâtiront, en souffriront !!!
Par Cyrille BRET
UNE ATTAQUE NUCLÉAIRE RUSSE EST-ELLE UNE PERSPECTIVE CRÉDIBLE ?
Face à ce qu’ils considèrent comme une récidive ou une rechute, les Occidentaux se partagent à nouveau entre incrédulité horrifiée et le scepticisme inquiet.
Ce 21 septembre, Vladimir Poutine a réitéré une menace qu’il avait déjà exprimée fin février, au tout début de l’invasion de l’Ukraine, quand il avait mis en état d’alerte les unités des forces armées russes en charge des armements nucléaires : si l’intégrité territoriale de la Russie est menacée, a-t-il assuré, il n’exclut pas le recours aux armes nucléaires. Au moment même où, à New York, les chefs d’État du monde entier se succèdent à la tribune de la 77ᵉ Assemblée générale des Nations unies, appelant à la cessation des hostilités, il choisit, lui, de reprendre l’offensive en franchissant un nouveau cran dans la rhétorique très codée de l’arme nucléaire.
LE SCEPTICISME DES OCCIDENTAUX EST-IL JUSTIFIE ?
Face à ce qu’ils considèrent comme une récidive ou une rechute, les Occidentaux se partagent à nouveau entre incrédulité horrifiée et le scepticisme inquiet. Le sérieux des déclarations du président russe est, comme en février, mis en doute. « Bluff », « dérapage », « outrance », « exagération », etc. : les interprétations visant à minimiser le risque nucléaire vont bon train. Les sceptiques ont raison de souligner qu’un usage – même circonscrit – de l’arme nucléaire aurait des conséquences dévastatrices pour Vladimir Poutine : il serait immédiatement privé de ses soutiens – déjà réticents – en Chine et en Inde ; il s’exposerait à une très large réprobation interne, à l’heure où l’opposition à la guerre se manifeste dans les rues (quelque 1 300 personnes ont été interpellées au soir du 21 septembre) ; et, surtout, il risquerait une réplique directe de la part des puissances nucléaires qui soutiennent l’Ukraine : États-Unis, Royaume-Uni et France. Faut-il pour autant congédier comme irréel le spectre d’une attaque nucléaire russe ? Ou bien serait-il plus avisé de considérer ce qui, aujourd’hui, rend la perspective de l’emploi de l’arme nucléaire moins taboue qu’avant le début de la guerre en Ukraine ? Trois éléments se conjuguent aujourd’hui pour abaisser le seuil nucléaire aux yeux du Kremlin : premièrement, cette menace prend corps dans un contexte où la Russie est largement en échec dans son « opération militaire spéciale » ; deuxièmement, Moscou n’a cessé depuis des années, et plus encore depuis février dernier, de rompre avec les méthodes conventionnelles de la conduite de la guerre ; enfin, à titre personnel, Vladimir Poutine se montre, en brandissant la menace nucléaire, fidèle à l’image qu’il cherche à imposer depuis des années – celle d’un homme qui, au nom de sa vision du monde et de la place que son pays doit selon lui y occuper, est prêt à absolument tout.
REPONDRE A UN CONTEXTE DE CRISE
Envisagée depuis le Kremlin, la situation militaire oriente le pouvoir russe vers des moyens d’extrême urgence. En effet, la Russie s’est montrée incapable, en plusieurs mois, d’atteindre ses objectifs stratégiques par le moyen d’une campagne militaire conventionnelle. Malgré la modernisation de ses forces armées depuis une décennie, malgré l’aguerrissement de ses officiers sur le théâtre syrien, malgré la combinaison de cyberattaques et de campagnes de désinformation en complément des opérations militaires classiques, la Russie n’a ni pris Kiev, ni brisé la résistance nationale ukrainienne, ni même conservé ses gains territoriaux face aux contre-offensives déclenchées depuis un mois. La tentation de recourir à des moyens non conventionnels s’accroît quand la victoire militaire conventionnelle se dérobe et le spectre d’une défaite se profile. De fait, les opérations ukrainiennes menées dans les zones de Kharkiv (au nord-est) et de Kherson (dans le sud) visent explicitement à remporter la « victoire » contre la Russie. Pour les Ukrainiens, « victoire » signifie une reconquête intégrale du territoire national issu de l’indépendance de 1991, y compris la Crimée annexée par la Russie en 2014 et les régions de Donetsk, de Lougansk, de Kherson et de Zaporojié qui pourraient tout prochainement être annexées à leur tour, des « référendums de rattachement à la Fédération de Russie » y ayant été annoncés pour la fin du mois de septembre, alors même que Moscou ne contrôle pas la totalité de leurs territoires respectifs (est-ce OK ?). Mais pour certains soutiens de Kiev – avant tout en Pologne, dans les États baltes et aux États-Unis –, la notion de « victoire » implique une déroute militaire de la Russie, suivie d’un bouleversement politique et d’un affaiblissement stratégique durable de ce pays. Ce que redoute le Kremlin désormais, c’est de revenir à l’état d’abaissement international qui fut le sien dans les années 1990. En somme, la Russie de Poutine considère qu’elle est à présent explicitement passée d’une guerre d’invasion contre l’Ukraine à une guerre de défense contre l’OTAN. Le niveau de menace étant dès lors drastiquement plus élevé, il pourrait être justifié, du point de vue du Kremlin, de recourir à un type d’arme qualitativement différent. En matière d’armes nucléaires, les échelons à franchir sont nombreux et il y a loin des premières annonces à l’usage effectif. Toutefois, à mesure que la crise militaire se précise pour la Russie et à mesure que le risque de défaite se matérialise, la tentation de mettre en œuvre un moyen militaire extrême se renforce.
POURSUIVRE DES STRATEGIES DE RUPTURE
Aujourd’hui plus que jamais, les fondements de la doctrine nucléaire russe doivent être rappelés. Ils sont en rupture complète avec la doctrine française, par exemple : la vision russe ne repose pas sur le principe de « frappe nucléaire en second », qui consiste à n’employer l’arme nucléaire qu’une fois que le territoire national aura lui-même été soumis à une attaque nucléaire. Un usage « en premier », dans un cadre « tactique » et pour atteindre des buts militaires, est au contraire régulièrement envisagé par les différents documents stratégiques russes. En l’occurrence, une attaque contre la Crimée (ou contre tout autre territoire considéré par le Kremlin comme étant « russe ») de la part des troupes ukrainiennes, tout particulièrement à l’aide d’armements de l’OTAN, pourrait justifier, aux yeux du pouvoir russe, le lancement de missiles opérant des frappes nucléaires soit sur le champ de bataille pour briser une avancée, soit contre des infrastructures critiques pour l’organisation des forces armées ukrainiennes. C’est ce qui avait été déjà mentionné par le président russe, de façon plus indirecte, en février 2022. C’est ce qui est répété aujourd’hui. Il ne s’agit là ni d’une gesticulation militaire ni d’un coup de menton politique. C’est le rappel strict d’une doctrine depuis longtemps connue et diffusée. Récemment, cette doctrine nucléaire a été influencée par de nombreuses ruptures avec les méthodes conventionnelles de guerre : soupçonnée d’être impliquée dans l’usage d’armes chimiques et bactériologiques en Syrie, coopérant avec des supplétifs mercenaires comme le groupe Wagner ou « ethniques » comme les milices du président tchétchène Kadyrov, conduisant à l’occasion des opérations militaires clandestines, voilà déjà au moins une décennie que l’armée russe ne se contente pas des moyens conventionnels pour remplir ses objectifs. La Russie de Poutine a franchi bien des Rubicons dans les guerres qu’elle a menées, que ce soit au sein de la Fédération (en Tchétchénie), à ses frontières (en Géorgie) ou dans ses zones d’influence (MoyenOrient, Afrique centrale). L’invasion de l’Ukraine constitue en elle-même une rupture profonde avec le principe d’intangibilité des frontières issues de la dissolution de l’URSS. À mesure que les tabous militaires et stratégiques sont brisés, les uns après les autres, la possibilité de rompre le dernier d’entre eux, l’usage de l’arme nucléaire, devient moins fantasmagorique.
ENTRETENIR UNE POSTURE POLITIQUE
L’usage de l’arme nucléaire correspondrait également à la posture politique que le président russe a choisie en déclenchant l’invasion de l’Ukraine. En effet, le choix de l’invasion, en février 2022, répond à deux grandes lignes politiques explicites chez Vladimir Poutine. La première, bien identifiée et depuis longtemps analysée, correspond à sa volonté d’annuler, en partie du moins, la réduction du poids international de Moscou suite à la désintégration de l’URSS. La seconde répond à la conception du pouvoir politique qu’il a imposée à l’intérieur comme à l’extérieur : il souhaite se poser comme celui qui ose ce que personne d’autre n’ose. L’usage extrême de la force et l’usage de la force extrême sont la marque de cette conception hyperbolique du pouvoir. Oser franchir le seuil nucléaire serait, en somme, dans la lignée de ce rapport sans complexe à la force. Enfin, la posture politique de la Russie de 2022 se précise désormais, avec les autres mesures annoncées le 21 septembre. D’une part, une mobilisation des réservistes a été décrétée : cela souligne que la Russie, sanctionnée de toutes parts, se transforme rapidement, à l’intérieur, en citadelle assiégée et en caserne généralisée. D’autre part, nous l’avons évoqué, des référendums seront organisés dans plusieurs régions d’Ukraine pour élargir le territoire de la Fédération de Russie et consacrer ainsi une nouvelle mutilation du territoire ukrainien. Ainsi, la Russie se prépare à une longue guerre d’usure pour conserver ce qu’elle considère désormais comme son glacis défensif contre l’OTAN, à savoir la Crimée et une partie du sud et de l’est de l’Ukraine. Brandir une menace nucléaire crédible vise à renforcer encore davantage cette idée que la Russie, assiégée, ne se laissera jamais vaincre. Lorsqu’il a répété, ce 21 septembre, ses menaces nucléaires, Vladimir Poutine avait assurément à l’esprit les répercussions terribles auxquelles il exposerait la Russie si elle frappe en premier. Nul ne doit en douter. Mais nul ne doit négliger non plus les facteurs qui érodent peu à peu l’impossibilité d’utiliser ces armes.
Cyrille BRET
GÉOPOLITICIEN, SCIENCES PO
THECONVERSATION.COM
CARITAS SÉNÉGAL À PIED D'ŒUVRE
108eme journée des migrants et du réfugié, Caritas Sénégal a organisé un atelier de réflexion et de plaidoyer suivi d'une conférence de presse
Conformément à l'appel du Pape François, la 108ème journée mondiale du Migrant et du Réfugié sera célébrée le 25 septembre 2022 autour du thème : «Un avenir à construire ensemble». À ce titre, Caritas Sénégal a organisé un atelier de réflexion et de plaidoyer suivi d'une conférence de presse hier, jeudi 22 septembre. Cette rencontre vise à promouvoir le dialogue entre les autorités et les services de l'État en charge des questions migratoires, les autorités de l'Eglise, les organisations nationales et internationales, les associations de migrants, réfugiés et demandeurs d'asile, les organisations de la société civile engagées dans la migration et les militants des droits de l'Homme.
Caritas Sénégal a organisé un atelier de réflexion et de plaidoyer suivi d'une conférence de presse. Cette rencontre, tenue hier, jeudi 22 septembre, vise à promouvoir le dialogue entre les autorités et les services de l'État en charge de la question migratoire, les autorités de l'Eglise, les organisations nationales et internationales, les associations de migrants, réfugiés et demandeurs d'asile, les organisations de la société civile engagées dans la migration et les militants des droits de l'Homme. En effet, cet atelier est en droit ligne avec l'appel du Pape François, de célébrer la 108ème journée mondiale du Migrant et du Réfugié, le 25 septembre 2022, sur le thème : «Un avenir à construire ensemble».
Selon l'Abbé Alphonse Seck, le secrétaire général de Caritas Sénégal, «cette journée est toujours accompagnée par un message pontifical, c'est-àdire un message du Pape, qui cette année nous invite à être attentif à la manière de construire l'avenir avec les réfugiés et migrants». «La réflexion a montré que l'État et les ONG doivent multiplier les efforts pour que l'insertion socio-professionnelle des jeunes fasse des avancées. La solution n'est pas facile, c'est pourquoi le plaidoyer appelle aussi un dialogue avec les États vers lesquels vont nos jeunes, mais aussi les pays dans la sous-région», a-t-il plaidé à propos de la recrudescence de l'émigration irrégulière aux conséquences dramatiques lors d'un face à face avec les journalistes. D'après l'homme d'Eglise, Caritas Sénégal a posé des actes concrets dans la gestion de la migration. «Il y a plus 20 ans, Caritas Sénégal a mis sur pied le point d'accueil pour les réfugiés et les émigrés logés dans l'enceinte de Caritas Dakar.
Au départ, c'était pour aider plusieurs réfugiés venant des pays secoués par la crise. Ainsi, ce centre s'est mis au travail avec l'aide de volontaires, des communautés religieuses et paroisses, qui finançaient son action, avant même que nous ayons des partenaires financiers. Et c'est comme ça qu'on a commencé à offrir aux migrants des lieux d'écoute, d'accompagnement, de logement, de les nourrir, de les soigner, de les former et de scolariser leurs enfants. Ce, en vue de leur permettre au fur et à mesure de mener des activités économiques qui leur mènent à l'abri du besoin», a-t-il rappelé, avant de promettre que son organisation «continuera» dans cette dynamique.
«ON DEMANDE AUX GENS DE FAIRE PREUVE D'HUMANITÉ»
Interrogé sur les attentes de Caritas par rapport aux pays d'accueil des migrants, surtout ceux européens, le prêtre se veut formel : «on demande aux gens de faire preuve d'humanité, comme le demande le Pape François souvent aux dirigeants des pays de l'OCDE.» Ibrahima Cissé, le Directeur de l'Assistance et de la Promotion des Sénégalais de l'Extérieur a, de son côté, décliné la politique migratoire de l'État du Sénégal. À l'en croire, «L'Etat du Sénégal a choisi d'avoir une démarche holistique inclusive pour la prise en charge du fléau migratoire. Cette gouvernance migratoire peut être scindée en trois parties : il y a une gouvernance sécuritaire, une gouvernance politique et gouvernance économique. Mais l'ensemble de ses sous points sont enchâssés les uns avec les autres pour former un tout», a-t-il renseigné. « La gouvernance sécuritaire concerne les aspects liés à la prévention d'une part de la répression de la migration irrégulière, surtout avec un arsenal juridique bien renforcé. Quand je parle de la gouvernance politique, je fais référence au document de politique migratoire qui a été techniquement adopté par l'ensemble des partenaires impliqués et qui attend l'approbation de l'autorité politique.
Par rapport à la gouvernance économique, je voudrais rappeler les différents programmes qui sont mis en place pour accompagner les migrants de retour, mais aussi de faire en sorte que les potentiels migrants puissent avoir des occupations en vue de leur éviter de prendre la mer ou le désert», a expliqué M. Cissé.
Interpellé sur la recrudescence du phénomène de l'émigration irrégulière, malgré les efforts consentis par les acteurs qui se sont engagés dans l'éradication du fléau, le Directeur de l'Assistance et de la Promotion des Sénégalais de l'Extérieur affirme : «le Sénégal a fait des pas importants pour résorber le phénomène migratoire. Mais comme il s'agit d'un problème mondial, il faut reconnaître que la solution doit impliquer l'ensemble des partenaires au niveau mondial. Mais nous n'avons de cesse de déployer des instruments, ceux qui nous suivent sur le terrain s'en rendent compte, bien ce n'est pas suffisant, puisque les jeunes continuent de partir», a-t-il reconnu. Non sans rassurer : «toutefois, nous continuons à donner le meilleur de nous-mêmes et petit à petit j'ai la certitude qu'on va arriver à juguler le problème ou à l'amoindrir à une proposition raisonnable.»