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14 juin 2025
UN ADVERSAIRE NOMMÉ CONJONCTURE
Le nouveau gouvernement n’aura pas d’état de grâce, tant de nombreux dossiers l’attendent dont certains avec une charge sociale avérée. Il s’installe alors que les Sénégalais font face à une inflation généralisée
Le nouveau gouvernement n’aura pas d’état de grâce, tant de nombreux dossiers l’attendent dont certains avec une charge sociale avérée. Il s’installe alors que les Sénégalais font face à une inflation généralisée. Au plan économique, le contexte international n’incite pas à l’optimisme. Amadou Bâ doit reconduire la politique de soutien aux prix, à défaut de réchauffer le front social à 17 mois de la présidentielle.
Le chaudron qu’est devenue l’Assemblée nationale avec une représentation presque égale de l’opposition et la relative proximité de la présidentielle de 2024 ne sont pas les seuls corsets du nouveau gouvernement. Le vrai adversaire de la nouvelle équipe se nomme ‘’conjoncture’’.
L’équipe d’Amadou Bâ va, en effet, faire face à une demande sociale inédite, car accentuée par le sentiment d’abandon des consommateurs face à la spéculation sur les prix des denrées et d’autres produits comme le ciment. Le constat est sans bavure. Dans sa 5e Note stratégique publiée le 1er septembre 2022, le Bureau de prospective économique (BPE) dirigé par l’économiste sénégalais Moubarack Lô, dresse un tableau alarmant de l’évolution de l’inflation au Sénégal, ces deux dernières années.
L’organe logé au Secrétariat général du gouvernement affirme que le renchérissement des produits alimentaires s’accélère depuis mai 2021 (1,6 % ce mois-là), atteignant 5,4 % en décembre 2021, 10,6 % en février 2022 et 17,2 % en juillet 2022. Il est vrai que c’est là une crise d’une autre nature après celle, terrible, de la Covid, qui a obligé le gouvernement à instituer le Programme de résilience économique et social (Pres).
Il était question de relance pour accélérer le Pap2A, quand la guerre en Ukraine est venue noircir le tableau des perspectives économiques. Le conflit a provoqué une perturbation des chaînes d’approvisionnement mondiales et une pénurie de produits essentiels tels que le pétrole, le gaz et les céréales importés d’Ukraine et de Russie.
Ainsi, les prix des produits alimentaires importés par les pays de l’UEMOA, exprimés en francs CFA, se sont accrus de 46,2 % en mai 2022, comparés à la même période de l’année 2021, après un accroissement de 30,6 % le mois précédent, tirés par la hausse des prix du blé (+77,2 %), des huiles (+54,0 %), du riz (+35,9 %) et du sucre (+28,5 %). Or, plus de 70 % du riz et tout le blé consommé au Sénégal sont importés, dont 64 % de Russie et d’Ukraine, pour ce qui concerne le blé. Il y a une semaine, l’Inde a décidé de restreindre ses exportations de riz.
Une réalité faite de privation
Au-delà de ces chiffres très parlants du reste, il s’agit de saisir une réalité faite de privations, de difficultés liées au coût de la vie et de désagréments que les Sénégalais ont traduits dans les urnes par un vote favorable à l’opposition dans les grands centres urbains (Dakar, Touba, Thiès, Saint-Louis, Tivaouane) et en Casamance. Parmi les courants idéologiques qui ont installé une tête de pont à l’Assemblée nationale depuis les élections du 31 juillet dernier, il y a une, très visible, qui atteste qu’une large part de nos difficultés provient de ‘’nos intérêts divergents avec la France’’.
Ce courant ‘’anti-impérialiste’’, incarné par certains députés de Yewwi Askan Wi, dont Guy Marius Sagna membre de Frapp France dégage, pourrait trouver du grain à moudre avec l’autre raison de la tension économique : le handicap monétaire matérialisé par la chute vertigineuse de l’euro (donc du F CFA) par rapport au dollar américain. La semaine dernière, la BCEAO a été obligée de hausser ses taux directeurs pour répondre à l’inflation.
Le Premier ministre Amadou Bâ et son gouvernement n’ont pas une grande marge de manœuvre et devraient continuer sur la lancée de ce qu’on a connu ces derniers mois : laisser filer le déficit budgétaire, pour favoriser une relance rapide de l’économie et soutenir le pouvoir d’achat des ménages, à travers des subventions et des abandons de taxes.
C’est à un jeu d’équilibriste qu’un gouvernement, quel qu’il soit, serait astreint, en attendant les rentrées liées à l’exploitation du gaz attendues dans le deuxième semestre de 2023.
L'IMAM QUI MURMURAIT À L'OREILLE DES PRÉSIDENTS
Le président de l’association des imams et oulémas du Sénégal, Imam Moustapha Guèye est décédé lundi dernier à Paris. En 2028, EnQuête avait réalisé le portrait de cet homme multidimensionnel
Le président de l’association des imams et oulémas du Sénégal, Imam Moustapha Guèye est décédé lundi dernier à Paris. En 2028, EnQuête avait réalisé le portrait de cet homme multidimensionnel. Vous pouvez découvrir l’homme et son parcours.
Accueillant, humble et disponible, Moustapha Guèye est connu pour son franc-parler. Il fait partie de ces hommes qui ne mettent pas de gants lorsqu’il s’agit de parler de religion. En plus, il n’hésite pas à s’exprimer, de temps en temps, sur certaines questions. ‘’Dernièrement, sur certaines dérives, il a eu à rappeler à l’ordre la jeunesse sénégalaise et surtout la classe politique. De temps en temps, il arrive qu’il s’exprime sur les questions d’actualités et de prendre position’’, témoigne le coordonnateur du Réseau des journalistes pour l’information religieuse (Rejir), Mouhamadou Barro, par ailleurs membre du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct).
Représentant des familles et des cercles religieux au sein de cette institution, le natif de Thiarène dans le département de Matam est considéré par ses collaborateurs comme le ‘’symbole’’ d’un leader religieux et d’un imam. Au sein de cette institution, l’homme se distingue par le travail qu’il accomplit aux côtés du président Ousmane Tanor Dieng.
Son histoire avec la presse
Très connu à travers le petit écran de la Radiotélévision sénégalaise (RTS), et grâce à son émission ‘’Tontou Bataxaal’’ ou ‘’Lettres des auditeurs’’ qu’il a initiée et plus connue sous le nom ‘’Lettres musulmanes’’, Moustapha Guèye a une ‘’légitimité religieuse’’ qui a une empreinte dans la durée. L’imam a intégré, dès son retour au Maroc où il était de 1961 à 1966, le milieu de l’enseignement arabe. Enseignant de profession, le fils d’Alpha Guèye s’est lancé dans la presse, après un concours organisé par le directeur de l’Information à l’époque, Moustapha Niasse, pour recruter des journalistes arabophones. Sur 10 candidats, il a été reçu avec deux autres camarades. Il s’agit d’El Mamoune Sylla et Thierno Kandji Diallo.
‘’Nous détenons une revue arabe Ahlil-Jadid devenue Almasira qui existe toujours. C’est un mensuel. Quand Niasse est parti, il fut remplacé par Boubacar Latmingué Faye. Ce dernier m’a nommé conseiller’’, narre-t-il. Avec nostalgie, il explique qu’il fut des années où aucun journal arabe n’était diffusé au Sénégal sans son aval. Une mission que l’animateur de Kaddu Islam va assurer pendant des années. En 1970, quand Ablaye Ousmane Camara fut nommé ministre de l’Information, il a continué à collaborer avec la tutelle.
Ainsi, l’homme politique et le religieux œuvraient en parfaite harmonie pour des missions publiques, sociales et politiques, se rendant de conférence en conférence pour sensibiliser les citoyens. ‘’Un jour, on a organisé une rencontre à la mairie de Dakar et j’animais la conférence. Après, j’ai reçu trois lettres de satisfaction du ministre que je garde soigneusement jusqu’à présent. Elles font partie de mes dossiers’’, confie-t-il avec satisfaction.
Collaboration avec la Primature et la présidence
Un évènement marque le début de son histoire avec la Primature et la Présidence. Contacté pour la première fois par Abdou Diouf qui était le chef du gouvernement, à l’époque, il sera son conseiller chargé des affaires arabo-islamiques, lorsqu’il deviendra président de la République du Sénégal. Très impliqué dans les questions étatiques et surtout en rapport avec le fonctionnement de l’Etat, Moustapha Guèye est resté à ce poste pendant des années. Il a été aux côtés des Premiers ministres Habib Thiam, Moustapha Niasse, avant d’être affecté à la Présidence occupée alors par Léopold Sédar Senghor. Par la suite, il est resté le conseiller des présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. ‘’C’est cette longue durée de travail pour asseoir un certain équilibre au sein de la société qui lui donne cette légitimité, malgré son âge’’, confie Mouhamadou Barro.
Mais, comme l’a dit Alfred de Musset : ‘’le cœur de l'homme n'a pas d'âge’’, en plus, la justesse de l’imam dans ses prêches, de même que sa maîtrise de l’histoire des prophètes, ont fait que la RTS ne veut pas encore se séparer de l’homme de Dieu. ‘’Je suis fatigué, mais ils me sollicitent pour que je continue d’animer des émissions comme Tontou Bataxal et Kaddu l’Islam. Cependant, je n’ai jamais encaissé l’argent d’une radio ou d’une télé’’, rapporte l’ancien chef de desk religieux à la chaîne nationale. Peu importe ‘’Allahou ahlam’’ (Dieu Seul Sait), et l’imam ne compte pas sur cet argent pour entretenir sa famille. Et ce média d’Etat n’a pas été le seul organe à faire appel à ses services.
Il a également été chez Sidy Lamine Niasse. ‘’Je ne pouvais pas refuser sa requête, parce que c’est un de mes anciens élèves. Je dis souvent que les élèves les plus terribles parmi les arabophones furent les miens. Il s’agit de Sidy Lamine Niasse, Bamba Ndiaye et Dame Ndiaye’’, dit-il tout souriant. Ainsi, chaque matin, après la prière de l’aube, sur Walfadjri Fm, c’est cette voix sereine du prêcheur qui attirait l’attention des auditeurs.
L’Imam, Wade et les Lébous
La force de l’esprit religieux de Moustapha Guèye marque son envergure. C’est ce qui lui a valu d’être désigné par Abdoulaye Wade, en 2000, comme le conseiller n°1 chargé des affaires religieuses et coutumières. Et naturellement, il fut son interprète auprès des Lébous, des notables de la capitale entre autres, jusqu’à la fin de son mandat en 2012. Durant cette période, le Président Wade l’a nommé Commissaire général au pèlerinage à La Mecque pendant 4 ans. Ceci grâce à Pape Diop, l’ancien maire de Dakar. ‘’Il a tout réglé. Il m’a juste appelé pour demander mon aval. Je lui ai dit que j’allais accepter cette responsabilité pour trois raisons. D’abord, parce qu’il était un ami et je n’avais rien réclamé ; c’est lui qui m’a désigné, donc je ne pouvais pas refuser. Deuxièmement, l’offre d’un chef d’Etat ne se décline pas et troisièmement, c’est un honneur pour le fils d’une famille religieuse qu’on me charge de gérer des affaires concernant ma religion’’, explique-t-il.
A la fin de son mandat, il revint au sein de l’Association des Imams du Sénégal ; et au rappel à Dieu de Mamadou Sylla, il lui succéda sur décision du congrès. ‘’Abdoulaye Wade a fait une déclaration à la radio pour dire que Moustapha Guèye remplaçait Imam Mamadou Sylla (Ndrl qui était aussi Imam de la Grande mosquée)’’, rapporte-t-il. Vu que c’étaient les propos d’un chef d’Etat, l’Imam n’a pas polémiqué. Mais pour la Grande mosquée de Dakar, il confie qu’il ne pouvait pas la diriger. ‘’Je ne le voulais pas. C’est une responsabilité des Lébous. Donc je n’allais ni me battre ni me quereller pour ça. Cependant, vu que c’est le président de la République qui l’avait annoncé, je n’ai rien fait. J’ai continué à gérer mes activités au sein de l’association et j’ai laissé la gestion de la mosquée aux Lébous’’, avoue-t-il. Sur ce, il observa de loin la guéguerre de l’imamat entre les dignitaires lébous durant 4 ans.
L’étudiant révolutionnaire
S’il est resté en dehors de cette histoire, cela a été une toute autre musique lorsqu’il a fallu se dresser contre les autorisés sénégalaises pour réclamer des bourses pour les étudiants arabophones. Moustapha Guèye est monté au créneau. Car la religion, comme le dit Emile Durkheim, ‘’n'est pas seulement un système d'idées, elle est avant tout un système de forces’’. Cette force, il en a fait usage quand il le fallait. Au Maroc, l’imam a fédéré des mouvements estudiantins. Il a dirigé l’Union des étudiants sénégalais en langue arabe. ‘’On a une fois organisé une manifestation et brûlé l’ambassade du Sénégal au Maroc. Nous revendiquions nos bourses. A l’époque, les étudiants arabophones n’avaient pas droit à une bourse, alors que les autres en avaient. On était 76 étudiants. Parmi nos aînés, il y avait Mamadou Sow qui était le président, Amadou Iyane Thiam, le secrétaire général. On a affronté la police et il y avait eu des arrestations parmi nous. C’était en mai 1963’’, indique le Haut-commissaire de cette association.
Quelques jours après cet incident, ils furent tous rapatriés et, précisément, le 27 mai de la même année coïncidant avec l’inauguration de la mosquée de Touba. Ils furent conduits sur le champ au Commissariat central où ils passèrent un jour avant d’être transférés au palais de Justice. ‘’Les jeunes continuaient à faire des revendications. Ils ont décidé alors de nous amener à la prison civile. On a passé là-bas trois jours. Mais tous les chefs religieux avec en tête Baye Niasse, Mame Thierno Seydou, Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh, Cheikh Mbacké Gaïndé Fatma se sont levés et ont fait bloc’’, explique-t-il. Avant de confier que l’implication de leaders religieux, comme Baye Niasse, dans ce combat n’est pas fortuite. Au-delà de la cause estudiantine, Moustapha Guèye était élève et fervent disciple du guide de Médina Baye.
Chantage politique
En effet, après avoir quitté la maison de son oncle maternel El Hadji Madato Diatta, en 1951, où il a été pour l’approfondissement de ses connaissances religieuses depuis l’âge de 10 ans, imam est allé chez Baye Niasse dans le Saloum. De là, il s’est rendu au Royaume chérifien. Donc, ces érudits de l’Islam ont demandé à Senghor de faire libérer ces étudiants. Mais, cette libération fut conditionnelle. ‘’La condition, c’était que j’accepte de militer pour leur parti à savoir le Ps et ils voulaient que je sois membre du Mouvement des jeunes du Ps. Ce que j’ai accepté. Parce que je voulais que tout le monde retourne étudier au Maroc. Ils nous ont ainsi donné 3 cartes de membre du parti. C’est sur ce qu’ils nous ont tous laissés y retourner’’, raconte-t-il.
A la tête de la délégation, il est retourné au Maroc la même année. Ce n’est qu’en 1966 qu’imam va fouler à nouveau le sol sénégalais. Ce chantage politique, l’homme religieux ne l’a pas regretté, vu que c’était le seul moyen pour lui de poursuivre son rêve. Et aujourd’hui, avec fierté, il affirme que si les étudiants en arabe ont pu bénéficier de bourses d’études, c’est grâce à eux, au combat qu’ils ont mené.
A propos de son implication dans les affaires de la cité et de l’Etat, l’animateur de ‘’Kaddu l’Islam’’ peut être considéré, selon ses admirateurs, comme ‘’un symbole’’ pour le Sénégal. ‘’Je l’appellerai institution. C’est une personnalité qui travaille et ce qu’ils font n’est pas visible’’, renchérit le journaliste spécialiste des questions religieuses. Sa particularité, c’est un imam qui n’a jamais été empêché par le poids de son âge. Il continue d’officier dans sa mosquée, de faire le tafsir. C’est aussi un spécialiste de la vie du Prophète (Psl), son histoire et celle de ses compagnons. Malgré une santé fragile liée à l’âge, il continue d’accomplir cette mission d’éducation et de transmission du savoir. Mais, comme le dit notre prêcheur ‘’Allahou Ahlam’’ (Dieu Seul Sait).
LE CNLS ET LE MCA QUITTENT LA PRÉSIDENCE POUR LA PRIMATURE
La restauration du poste de Premier ministre a apporté des changements dans la répartition des services de l’Etat et du contrôle des établissements publics entre la présidence de la République et la Primature.
Avec le Décret n°2022-1777 portant sur la répartition des services de l’Etat entre la présidence de la République, la Primature et les ministères, il est noté quelques changements. Par exemple, le Cnls et le Mca, qui étaient rattachés à la Présidence, sont maintenant logés au niveau de la Primature.
La restauration du poste de Premier ministre a apporté des changements dans la répartition des services de l’Etat et du contrôle des établissements publics entre la présidence de la République et la Primature. Dans le nouveau Décret n°2022-1777 portant sur cette question, il est noté que le Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls) et le Millenium challenge account Sénégal (Mca-Sénégal II) ont quitté la Présidence pour la Primature.
Autre constat, le Comité national de régulation du secteur de l’électricité, logé jusque-là au ministère du Pétrole et des énergies, est devenu la Commission de régulation du secteur de l’énergie, désormais logée à la présidence de la République. Dans le nouveau décret, il est noté que la Haute autorité du Waqf a quitté le Secrétariat général du gouvernement pour le ministère des Finances et du budget. S’agissant des autres structures, il n’y a pas de changements particuliers.
Dans ce cadre, l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), la Commission d’évaluation et de suivi des politiques et programmes publics, le Comité d’orientation stratégique du pétrole et du gaz (CosPetrogaz), le secrétariat du Conseil supérieur de la magistrature, le secrétariat du Conseil supérieur de la Cour des comptes sont toujours rattachés à la présidence de la République. Avec la restauration du poste de Premier ministre, les structures comme la Cellule de coordination et de suivi des projets et programmes, le Conseil national de développement de la nutrition, le Haut-conseil national de la sécurité sanitaire mondiale «One Health», le Secrétariat exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire, le Comité interministériel de restructuration des entprises publiques et parapubliques, le Comité interministériel à la prévention et à la sécurité routières, la Commission d’évaluation des agences d’exécution, l’Ecole nationale d’administration sont rattachés à la Primature.
NIAKHATE ET MORY DIAW, DES «BLEUS» AU PARLOIR !
Aliou Cissé a encore démontré ses qualités de chasseur de binationaux. Le coach des Lions a en effet décroché deux joueurs prometteurs : le défenseur, Moussa Niakhaté, et le gardien, Mory Diaw
Aliou Cissé a encore démontré ses qualités de chasseur de binationaux. Le coach des Lions a en effet décroché deux joueurs prometteurs : le défenseur, Moussa Niakhaté, et le gardien, Mory Diaw. Réactions.
Niakhaté : «Comment Mané m’a convaincu»
Passé par l’Equipe de France Espoirs, Moussa Niakhaté a finalement fait le choix de défendre les couleurs du pays de ses origines, le Sénégal.
Convoqué pour la première fois pour les matchs amicaux contre la Bolivie (le 24 septembre) et l’Iran (le 27 septembre), le défenseur central de Not-tingham Forest a expliqué son choix ce mercredi en conférence de presse, en mettant en avant le rôle joué par Sadio Mané.
«Sadio m’a contacté et ça m’a touché. (…) Il est venu vers moi et m’a demandé si je comptais jouer pour le Sénégal, si j’avais la motivation pour défendre les couleurs des Lions, donc bien évidemment, je lui ai dit ce que j’avais sur le cœur, il l’a très bien reçu, il était très content et derrière, il en a parlé au coach. Quand Sadio m’a dit : «Moussa, j’aimerais que tu viennes nous aider parce qu’on a de grands objectifs», ça m’a touché, ça m’a surpris et ça montre encore la grande personne qu’il est», a encensé le transfuge de Mayence, qui a réalisé un choix fort car il avait, à 26 ans, encore un petit espoir d’atteindre l’Equipe de France.
A noter que Moussa, venu à ce regroupement pour les deux matchs, est forfait contre la Bolivie.
Mory Diaw : «Je viens tranquillement pour essayer de me faire une place…»
Appelé suite au forfait de Edouard Mendy et au manque de compétition de Alfred Gomis, Mory Diaw, le gardien de Clermont, a été interrogé par les internautes sur le compte Twitter de la Fédération sénégalaise de Football (Fsf). Le néo-Lion a d’abord parlé de ses objectifs.
«Mes objectifs en club, c’est de continuer à performer, d’aider l’équipe dans ses objectifs qui sont le maintien. En sélection, je viens tranquillement, essayer de faire ma place et d’apporter mon expérience à un groupe qui vit très bien.»
Par rapport à la concurrence en sélection, il semble ne pas pressé.
«Franchement, moi je viens d’arriver. Mon but, c’est de rester en sélection. Maintenant, il y a une concurrence qui est là et il faut la respecter. Le principal, c’est qu’on soit tous unis pour faire avancer le Peuple sénégalais, l’Equipe nationale, et que tout le monde soit content.»
Qu’en est-il de son parcours avant d’arriver en sélection ? «Je suis formé au Paris Saint-Germain. Après, j’ai été au Portugal. Ensuite, j’ai fait une saison sans club parce que j’avais résilié mon contrat au Portugal. J’ai fait six mois en Bulgarie. Mais, là-bas, ça s’est mal passé. Après, j’ai résilié mon contrat et j’ai refait un an sans club. Puis, j’ai été en Suisse, en Quatrième Division au début, avant d’être repéré par Lausanne-Sport où j’ai fait trois ans pleins et je me suis imposé en tant que titulaire. Là, je viens de rejoindre Clermont.»
Enfin Mory raconte une anecdote quand Aliou Cissé l’a appelé. «En fait, moi, je suis quelqu’un quand mon téléphone sonne, si je ne connais pas le numéro, je ne réponds pas, il faut que la personne m’envoie un message. Là (avec Aliou Cissé), je vois un numéro que je ne connaissais pas et je me suis dit «c’est qui celui qui m’appelle ?»… J’étais avec deux jeunes de l’équipe, il y en a même un qui est sélectionné avec les U23 du Sénégal, Baba Diallo… Je décroche et j’entends : «Allô, oui Mory, c’est le sélectionneur Aliou Cissé.» J’ai dit : «Dieu merci j’ai répondu.» Et voilà, après on en est là (rires).»
«LA TELEVISION N’EST PLUS L’ECRAN NUMERO 1»
Le mythe de la télévision s’est cassé. Apparaître sur le petit écran n’est plus devenu un privilège aujourd’hui. Nous sommes maintenant très loin de l’époque où ceux ou celles qui apparaissaient sur la petite lucarne étaient considérés comme des stars
La télévision est en train de ne plus être l’écran numéro 1, surtout avec l’émergence de nouveaux types de moyens de diffusion de contenus depuis l’avènement d’internet. C’est ce qui explique la fin d’un mythe annoncée par les spécialistes qui disent que l’alerte avait été faite dans les années 90.
Le mythe de la télévision s’est cassé. Apparaître sur le petit écran n’est plus devenu un privilège aujourd’hui. Nous sommes maintenant très loin de l’époque où ceux ou celles qui apparaissaient sur la petite lucarne étaient considérés comme des stars. On les regardait de haut. Ils impressionnaient leur monde. Le journal de 20 heures à la Rts était le passage obligé pour s’informer. Les parents d’élèves exigeaient à leur progéniture de se mettre devant le petit écran pour s’informer. Il y avait une certaine élite à qui l’accès à ce médium était réservé. Ce n’est plus le cas avec maintenant le petit écran devenu le lieu de fréquentation de n’importe quelle catégorie sociale, pourvu que celle-ci soit en phase avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication, communément appelées les Ntic. Celles-ci ont participé, dans une large mesure, à tuer le mythe de la télévision en démocratisant son accès à n’importe quel individu qui veut faire passer son message. Adama Sow, journaliste spécialiste des métamédias, reconnait que la télé connait une crise qui dure depuis bientôt deux décennies.
Dans l’émission Les Guignols de l’info, qui passait sur Canal, l’alerte avait été lancée dans les années 90 selon lui. «Si vous vous souvenez d’ailleurs, le générique de cette émission Les Guignols de l’info sur Canal, c’était quoi ? C’était vous êtes en train de suivre l’ancêtre d’internet. C’était déjà une anticipation des années 90. Parce que Les Guignols de l’info, c’est vrai que c’était une émission parodique mais pleine de sens. Déjà à cette époque, certains professionnels des médias voyaient un peu, avec l’avènement d’internet, que la télé va bientôt faire son temps. Qu’on le veuille ou non», argumente M. Sow, avant de surligner que ce bouleversement que connait ce médium «maintenant encore, s’est rendu plus prégnant du fait de l’avènement de nouveaux modes de consommation, de l’image qu’on vous montre, de diffusion des contenus». «On ne parle pas assez de ça. Mais je pense que l’évènement, quand Netflix a vu le jour, c’est le streaming. Ce dernier est vraiment le mode de diffusion. Maintenant, au lieu d’attendre les rendez-vous d’émission devant la télé, les gens peuvent avoir un flux de contenus de qualité supérieure de divertissements, d’infos, de magazines, de documentaires en continu. C’est-à-dire non seulement en continu, mais avec une nouvelle technique qui est le replay», poursuit-il.
Si la télévision tenait sa force de ses rendez-vous, ce n’est plus le cas avec d’autres modes de consommation de contenus. «La télé, c’étaient des rendez-vous. Par exemple au Quotidien, nous avons rendez-vous tous les matins avec vous. La force des médias traditionnels est que ce sont des médias de rendez-vous. Par exemple, à la Rts, les journaux télévisés de 20 heures, 13 heures, 6 heures du matin, la matinale, etc., ce sont des rendez-vous. Déjà le streaming, c’est un mode de consommation et de diffusion de l’info avec les Vod, Vidéo à la demande, replay streaming. C’est dire qu’il n’y a plus de rendez-vous», fait-il remarquer. «Si vous rentrez chez vous, le soir par exemple, le week-end, pour vous détendre un peu parce que vous ne travaillez pas le dimanche, vous pouvez regarder des contenus audiovisuels en continu sur votre Laptop ou votre tablette, sur votre téléphone. Ce sont des séries, des films et même des journaux, des magazines d’information, des débats. Nous sommes affranchis de la force de la télévision, c’est-à-dire elle nous donnait des rendez-vous qui marquaient des moments. La télévision n’est plus le principal écran», renchérit Adama Sow.
En plus d’une floraison de chaînes de télévision inondant l’espace télévisuel, il suffit d’avoir dans son smartphone, une connexion internet pour faire passer son message. Il y a l’émergence de nouveaux types de télévision sur les réseaux sociaux. A travers un article sur France 24 publié en 2018, l’on se posait la question de savoir si bientôt on ne devait pas aller sur Facebook ou Twitter pour regarder ses programmes préférés ? Après Netflix et Amazon, ce sont les réseaux sociaux qui s’attaquent au monde de la télévision avec un avantage de taille : une parfaite connaissance de leurs utilisateurs. Le poste téléviseur est titillé par les smartphones et autres appareils téléphoniques, qu’on se prend à dire que la télévision est maintenant à portée de main. «Chacun a sa chaîne de télévision», a-t-on l’habitude de dire pour faire ressortir la réalité qui veut que chacun dispose de sa télévision dans sa poche. Contrastant avec l’époque où ne disposait pas encore de ces moyens de communication dont dispose l’actuelle génération qui peut se permettre de produire des contenus en s’improvisant journaliste ou animateur sans pour autant passer par une école de formation. Et cela déteint sur la qualité des productions qui sont loin de ce qu’on avait l’habitude de nous servir à l’époque, où il n’y avait qu’une seule chaîne de télévision au Sénégal, la Rts.
Ayant perdu l’exclusivité de la diffusion de contenus en 1994, avec la libéralisation des médias et l’ouverture des premières chaînes de télévision privées, la télévision sénégalaise est loin encore de l’époque où ceux qui sont devenus aujourd’hui de grands artistes lui faisaient les yeux doux pour se faire promouvoir à travers les émissions télévisuelles qui passaient à cette époque sur ladite chaîne. Boubou Sall, directeur des Systèmes d’information à la Rts, de mettre l’accent sur la démocratisation de la télévision qui en fait un médium qui n’est plus hors de portée d’une certaine catégorie sociale qui semblait être exclue de son fonctionnement. «Il n’y avait qu’une chaîne, la Rts, maintenant c’est tout un chacun qui fait de la télé. Maintenant c’est un médium accessible à n’importe qui. Des gens font des productions. Ils sont beaucoup plus suivis et tout ça participe à démystifier la télévision», avance le directeur des Systèmes d’information à la Rts, qui se rappelle les bons souvenirs où la Rts était courue par ceux qui sont aujourd’hui devenus de grands artistes. «Donc ce que les observateurs ne comprennent pas, avant même de rentrer à la Rts, c’était un problème. Les grands artistes, tous faisaient le pied de grue. Ils s’asseyaient sur les escaliers pour attendre Maguette Wade (le regretté animateur de l’émission Télé-variétés qui passait à la Rts)», raconte Boubou Sall pour montrer les efforts que ces artistes déployaient pour pouvoir passer à l’émission de télévision animée par le regretté Maguette Wade, pour faire leur promotion.
Si à cette époque, c’étaient les artistes qui couraient après la télévision, ce sont maintenant les télévisions qui sollicitent les artistes pour se produire en casquant fort. «On les paye maintenant. La donne a changé. Pour faire prester Dip Doundou Guiss, il faudra payer beaucoup d’argent. Les chroniqueurs sont payés. La démocratisation de la télé est passée par là. Avant, la télé était réservée à une certaine élite. Même pour faire leur promotion, il faut les payer», renchérit M. Sall. «Nous avions quand même payé à Viviane Ndour, 4 (quatre) millions si je ne trompe, pour prester avec son orchestre à la Rts. Si Waly devait prester, on aurait déboursé 8 (huit) millions», ajoute-t-il.
L’effritement du mythe de la télévision est symbolisé par l’accessibilité des moyens de diffusion qui se traduit à travers la facilité que les utilisateurs ont pour faire passer leur message actuellement, contrairement à une époque où c’était la croix et la bannière pour le faire. «Pour passer un message, on n’a pas besoin d’écrire, il suffit d’un vocal ou d’une vidéo pour arriver à ses fins», soutient M. Sall. Indiquant que «le poste téléviseur est appelé à disparaître», M. Sall de s’exprimer au sujet de la perte de crédibilité de la télévision dont l’information était toujours considérée comme une vérité. Et M. Sall de soutenir qu’on en est arrivé à un moment où «l’information peut être manipulée». «Tout dépend de la ligne éditoriale. Tu peux manipuler l’information comme tu veux. Avant c’était la Rts, on disait que tout ce qui passe à la Rts c’est vrai. Et effectivement je peux le prouver. Une information, avant d’être diffusée, est traitée, on fait les recoupements. Maintenant c’est la course sur tout ce qui est scoop», soutient-il. «La démocratisation a mené à cette médiocrité. Auparavant pour faire de la télé, il fallait beaucoup de moyens. Maintenant avec son téléphone, on peut faire de la télé», indique-t-il.
Alioune Ndiaye, journaliste et patron de Pikini Production, de soutenir que la télévision n’est plus de «la magie». «Il y a des gens qui sont des stars de la médiamétrie au Sénégal. Il y a des gens qui sont plus connus que les présentateurs télé. Auparavant tous les présentateurs étaient bien connus. Aujourd’hui, tout le monde connait Nabou Dash, Adamo…», avance Alioune Ndiaye, ancien journaliste à la Rfm. «La démocratisation de ce médium s’est faite sans encadrement», selon Alioune Ndiaye. Le manque de diversité dans la manière de faire, amène notre interlocuteur à dire ceci : «Souvent j’ai l’habitude de le dire, il y a quinze enseignes au Sénégal, mais il y a une seule chaîne. Toutes les chaînes proposent le même programme, le même type de contenu», déclare-t-il. Parlant de la télévision, Alioune Ndiaye de souligner que ce médium a plusieurs rôles à jouer. «Le rôle des médias en général, c’est d’informer, distraire. Les gens ne regardent pas la télé pour apprendre, les gens regardent la télé pour se distraire», fait-il savoir.
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TENSION ENTRE CONAKRY ET LA CEDEAO
La junte au pouvoir en Guinée s'est livrée jeudi à une charge violente contre le président de la Cédéao peu avant un sommet de cette organisation, dénonçant des propos tenus mercredi comme une "honte" et l'accusant de pratiquer une diplomatie de guignols
La junte au pouvoir en Guinée s'est livrée jeudi à une charge très violente contre le président en exercice de la Cédéao peu avant un sommet de cette organisation, dénonçant des propos tenus mercredi comme une "honte" et l'accusant de pratiquer une diplomatie "de guignols".
"Le mensonge grossier et les propos qui s'apparentent à de l'intimidation sont de nos jours des pratiques rétrogrades qui n'honorent pas son auteur et ternissent par la même occasion l'image de marque de la Cédéao. Nous ne pouvons pas porter cette honte", affirme dans une vidéo adressée à un correspondant de l'AFP le colonel Amara Camara, une des figures de la junte et secrétaire général de la présidence dite de transition. "On n’est pas dans une relation de guignols ou de téléréalité", a-t-il renchéri.
Le colonel Camara reproche au président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao), le Bissau-Guinéen Umaro Sissoco Embalo, ses déclarations aux médias français RFI et France 24 mercredi.
M. Embalo avait prévenu que la Guinée allait au devant "de lourdes sanctions" si la junte arrivée au pouvoir par la force en septembre 2021 persistait à vouloir s'y maintenir trois ans. Il avait réaffirmé avoir obtenu lors d'une visite en Guinée un accord avec la junte pour qu'elle cède la place à des civils élus au bout de deux ans, ce que le colonel Camara qualifie de "mensonge".
Les dirigeants des Etats membres de la Cédéao devraient se réunir en sommet jeudi après-midi à New York en marge de l'assemblée générale des Nations unies, avec la situation en Guinée ainsi que la crise entre le Mali et la Côte d'Ivoire tout en haut de leur agenda.
Par Mame Abdoulaye TOUNKARA
AMADOU BA RÉPOND À L’APPEL DU DEVOIR
« The right man at the right place » ou « L’homme qu’il faut, à la place qu’il faut. » Enfin, voilà ce que tout le monde attendait, depuis neuf mois !
« The right man at the right place » ou « L’homme qu’il faut, à la place qu’il faut. » Enfin, voilà ce que tout le monde attendait, depuis neuf mois !
La nomination d’un Premier Ministre par le Président de la République. Il s’appelle Amadou BẬ. Un pur produit de l’école sénégalaise. J’allais dire un produit de l’école Bassang Goumba de Grand –Dakar, du lycée Technique Maurice Delafosse, de la Faculté des Sciences Juridiques et Économiques de l’Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, de l’E.N.A.M. (École Nationale d’Administration et de Magistrature). Un enfant de Niary Tally, un Dakarois, un Sénégalais, un inspecteur principal des Impôts et des Domaines.
Dans un contexte de soubresauts politiques, marqué par l’installation de la quatorzième législature, un événement singulier dans l’histoire de notre démocratie, en ce sens que l’on assista à un charivari indescriptible, jamais vu dans l’histoire de cette institution, qui enfanta douloureusement l’élection du quatorzième Président de l’Assemblée nationale du Sénégal. La présence des Forces de l’ordre dans l’hémicycle en dit long.
L’homme Amadou BẬ était dans la salle, parce qu’élu député dans la quatorzième législature, lui, le futur quatorzième Premier Ministre du Sénégal. Mais avec un comportement d’un grand monsieur, à l’image de certains élus, aussi, demeurés stoïques. Cet ancien Directeur Général des Impôts et des Domaines, ancien Ministre de l’Économie et des Finances, ancien Ministre de l’Économie des Finances et du Plan, ancien Ministre des Affaires Étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur vient de déjouer les pronostics, chez certains, à l’annonce de sa nomination à la Primature, dans l’après-midi de ce samedi 17 septembre 2022.
La nomination d’Amadou Ba, une suite logique
Pour autant, ce fut une suite logique pour d’autres, comme pour moi ! Pourquoi ? Parce qu’en jetant un coup de projecteur sur l’histoire politique de notre pays, je me suis rendu à l’évidence que de l’installation de notre Premier Gouvernement dirigé par le Président Mamadou DIA, je dis de 1957 à nos jours, se sont sublimés des commis de l’État, de hauts fonctionnaires qui se sont illustrés par leur compétence, leur charisme, leur sens du devoir, leur parcours, leur dignité, leur aura, leur stature politique, leur Foi en la République.
Je me permettrai d’en citer quelques exemples parmi tant d’autres pour illustrer mon propos. Le Sénégal a connu un grandissime Ministre de l’Économie et des Finances, en la personne de Monsieur Babacar BẬ, un administrateur civil sorti de l’E.N.F.O.M. qui impressionna, au-delà des Sénégalais que nous sommes, la haute sphère internationale des Finances. Ce dernier a été Ministre des Affaires Étrangères du Gouvernement, avant d’écrire son nom en lettres d’or dans les annales de l’économie et des Finances de notre pays et du continent, ce qui lui a valu d’être costumé du titre de meilleur Ministre de l’Économie et des Finances d’Afrique.
Pour la petite histoire, ce natif du Saloum ne laissa pas indifférent nombre de chefs d’État étrangers qu’il aura côtoyés, à l’occasion de sommets internationaux, comme le chancelier allemand Helmut SCHMIDT, le président Valery Giscard d’Estaing, éminent agrégé en économie, à qui il laissa une très forte impression, surtout lors d’un certain sommet A.C.P. – C.E.E., qui engendra leur amitié dont le substrat fut la brillance de sa prestation ; ce que témoigna le Président SENGHOR. Quid du Président ivoirien Henry Konan BÉDÉ, du temps de son magistère de Ministre de l’Économie et des Finances de son pays, qui coïncida au sien.
C’est ainsi que DIOUF, caractérisé par son air désintéressé, n’ayant jamais lorgné le fauteuil présidentiel, du moins, n’ayant jamais posé d’acte tendant à laisser entrevoir une once d’ambition du genre, fut choisi. Du coup, on assista à une réforme de la Constitution, dont le fameux article 35 le projeta sur le fauteuil présidentiel.
Un cursus à la dimension de Babacar Bâ Pour ma part, Amadou BẬ dont le cursus me rappelle celui de son doyen institutionnel dans les méandres du Ministère des Finances, au regard de moult points de similitude – durée du magistère de Ministre de l’Économie et des Finances, meilleur Ministre des Finances d’Afrique, Ministre des Affaires Étrangères, brillance dans les cercles financiers internationaux… - est, naturellement, dans la peau d’un présidentiable. Ce propos ne résulte que de l’analyse des faits politico – historiques qui sont sacrés. Et non d’un quelconque parti pris, affection, militantisme et que sais – je ?
Au demeurant, loin d’être dans le secret des dieux, le profil présidentiel requiert une batterie de critères dont, certainement, il ne serait pas le seul cadre technico – politique à remplir dans le landernau politique. Cependant, « l’Appel du devoir » commande la transmission des rênes de la Primature à sa modeste personne, comme autrefois, après avoir quitté le Gouvernement pendant des années, un certain Moustapha NIASS fut supplié pour redevenir patron de la diplomatie sénégalaise, poste qu’il occupa pendant onze ans. Le souvenir de l’intervention de hautes autorités étatiques, religieuses, politiques et j’en passe facilita son retour aux affaires, non sans une pléiade de conditions qu’il posa, au détours d’une crise politique. Je me remémore ce fameux « Appel du devoir », qui lui avait été lancé par le Président DIOUF. Sous ce rapport, « l’Appel du devoir » fait appel à « l’homme de la situation » : Amadou BẬ.
Les chapitres évoqués par le Président Macky SALL sur la feuille de route adressée au Premier Ministre, compte tenu des enjeux de l’heure, du contexte socio-économique difficile issu de la crise de la Covid 19, du rôle qu’il a joué dans la mise en œuvre du Plan Sénégal Émergent, de la montée de l’opposition aux dernières élections législatives, le problème de l’emploi des jeunes, de leur insertion, des inondations, etc, sont autant de défis majeurs à relever. Et pour ce faire, s’imposent les services d’un homme du sérail, d’un orfèvre en la matière, qui dispose du profil à même de manager l’équipe gouvernementale, qui a du pain sur la planche, il faut l’avouer, car tout est urgence. Autant dire que le fast –track est plus que jamais de rigueur.
Toutefois, il faut le reconnaitre, aussi bien au sein de son parti l’A.P.R. qu’au niveau la Coalition B.B.Y. et dans l’échiquier politique national, le dialogue s’impose. Dès lors, la nécessité de nommer ce super coach aux qualités qui ont noms : expérience politique, expertise, pondération, intelligence, calme, ouverture d’esprit, sympathie de la classe politique, et tutti quanti, comme je l’ai dit supra. Mais aussi et surtout, doté d’un esprit de dialogue, en d’autres termes, capable de conjuguer avec tous, gens de du pouvoir comme gens de l’opposition.
C’est pour dire qu’après avoir remanié le Gouvernement, en direction du sprint qui mène à l’année 2024, année de l’élection présidentielle, le départ est donné et le faux de faux départ est strictement interdit pour tout membre de la nouvelle équipe gouvernementale. Ainsi donc, le mot d’ordre se résume à l’obtention des résultats prédéfinis sur cette feuille de route, lue par ledit coach, aussitôt après sa nomination.
Espoir et enthousiasme accompagnent cette nomination
En conséquence, remarquables sont l’espoir et l’enthousiasme suscités par cette nomination, - qui est, quelque part, une surprise pour qui connait l’exigence du peuple sénégalais - ce qui est un truisme dont l’évidence se lit à travers la réaction du citoyen lambda, au lendemain de la remise sur orbite de la Primature.
De mon observatoire, l’union des cœurs et des esprits, la synergie des efforts de tous, la volonté de réussir ce challenge, conjugué à moins d’arrogance de la part de certains Ministres, Directeurs Généraux et autres tels que décriés par une foultitude de Sénégalais, - il faut le dire -, sont autant de facteurs dont la mise en relief pourrait être le levain de cette force de frappe attendue par les Sénégalais et de laquelle émaneront, ipso facto, les mesures phares escomptées par toute la Nation.
Toutefois, il est impératif de rappeler la « solennité » de la charge gouvernementale, pour ne pas dire de la « gravité » de cette charge, comme en parlait le Président SENGHOR dans ses différents messages à la Nation. Car, quand on est investi d’une quelconque responsabilité à un si haut niveau, l’on doit se considérer comme un Serviteur de la République autrement dit on doit faire preuve d’ouverture, et de communier en parfaite intelligence avec les citoyens, qui sont les uniques mandants, et proscrire tout sentiment de supériorité, d’inaccessibilité de narcissisme…
Sur que je suis, que dès lors, si peu que le fast–track entrasse en action, on ose espérer que la majeure partie des objectifs fixés seront atteints. La lumière jaillira du phare de l’avenir. L’unique bénéficiaire des défis relevés sera le peuple sénégalais ; au – delà, bien entendu, du succès gouvernemental accompli, tributaire de l’efficience de son travail, en fonction de la feuille de route qui lui a été assignée par le Premier Ministre, à l’entame de sa prise de fonction. Sur ce, le Président Macky SALL aura réussi son pari. Et le Sénégal s’en réjouira.
La pertinence de « L’Appel du devoir » sera synonyme de l’efficience des mesures citées plus haut et posées par « l’homme de la situation ». Je parle du nouveau Premier Ministre. Dès lors, ce segment temporel qui s’achèvera en 2024 occupera une place de choix dans l’histoire de la République. Or donc, seul le Sénégal est à l’honneur.
Bonne chance !
Par El Hadj Ibrahima Ndaw
LETTRE MARINE DU 26 SEPTEMBRE 2021
En hommage au Joola - Mes filles, cette année je m’essaie à vous livrer une petite page d’histoire en laissant les historiens de profession combler les inévitables lacunes.
Mes filles, cette année je m’essaie à vous livrer une petite page d’histoire en laissant les historiens de profession combler les inévitables lacunes.
Depuis l’aube des temps, les conflits ont toujours émaillé l’évolution des hommes sur cette terre que nous partageons pourtant tous. Les Ecritures révélées -La Thora, la Bible, le Coran- nous apprennent qu’en des temps immémoriaux, le seul couple sur terre, Adam et Eve, a vu sa famille disloquée, par désobéissance, par des querelles intestines et dispersée à travers le monde.
L’humanité connaît alors ses premières affres sur terre et son évolution sera chaotique, revêtant souvent des aspects liés à son environnement et à sa survie en général. De siècle en siècle, les cassures se suivent et ne se ressemblent pas. Des populations plus fortes envahissent d’autres plus faibles pour avoir plus d’espace vital ; certaines le font pour survivre. Les empires, les royaumes naissent, se battent entre eux et meurent pendant qu’ailleurs des regroupements identitaires s’organisent et se fortifient ; pour disparaître à leur tour pour faits de guerre. Et ce cycle immuable et infernal de se poursuivre inlassablement. Pour dire que le monde vit depuis toujours au gré de ces terribles moments de ravages, de destructions et de carnages sans nombre, émaillées par de grandes épidémies aux origines parfois inconnues.
Esclavage et colonisation ont secoué l’Afrique
L’Afrique, pour sa part, a subi l’esclavage, la colonisation ; on connaît la période subtile de la ‘’décolonisation’’ avec le monstre hideux, ‘’la Françafrique’’. Et voilà qu’aux 20 ème et 21 ème siècles on insiste beaucoup sur la mondialisation avec énormément de conviction, malgré les disparités entre les continents, les Etats et les gouvernants sur les plans économique, politique et culturelle. Le monde avance à un rythme effréné certes. Mais tous ses habitants n’avancent pas au même rythme de développement économique, social et culturel pour des raisons diverses qu’il faut souvent rechercher dans leur façon de gérer leurs terroirs.
En Occident, les anglais, les portugais, les espagnols, les hollandais, jadis les maîtres de la mer, envahissent l’Amérique alors habitée par des aborigènes appelés indiens ou peaux rouges et s’aventurent jusqu’aux côtes de l’Afrique, un continent encore vierge d’occupations mais où se détachent, par leur puissance et leur richesse, de puissants empires et royaumes. Ce sera le début pour l’Afrique de combats parfois épiques contre les assauts de ces étrangers. La richesse de cette contrée sauvage par l’environnement mais faible et sous armée est découverte.
La France est la dernière à se lancer réellement dans cette aventure. Elle n’a pas les moyens déployés par les autres pays, mais elle se développera grâce au commerce de nègres. Le monde devient tout au long de l’évolution, une planète qui, avec le développement industriel et technologique, sera l’épicentre d’une course acharnée pour ses richesses. Terre relativement vierge de toute industrie mais pleine de ressources, l’Afrique noire vit repliée sur elle-même, protégée par les mers, les cours d’eau et les forêts souvent denses et impénétrables. C’est dans ce contexte que se déclenchera des évènements qui vont la marquer à jamais : la triste et ignoble traite des noirs, la colonisation, les indépendances ’’couplées’’ à la sinistre et hideuse françafrique.
Mes chères filles…
Mes filles, la traite des noirs est rendue possible à l’époque des faits, puisqu’il n’existait alors aucune entité au plan mondial pour gérer les dissensions entre les peuples. C’est la jungle qui prédominait ; l’emporte celui qui dispose de tous les moyens matériel et humain. L’Amérique - actuel USA- peuplée d’aborigènes encore appelés ‘’peaux rouges’’ est envahie et sa population anéantie ou parquée en des lieux choisis. Cette nouvelle colonie européenne d’Amérique -constituée principalement d’anglais-, s’installe donc dans cette vaste étendue de terre, hostile mais gorgée de richesses de toute nature. Les Etats Unis d’Amérique viennent de naître et pour travailler dans ses immenses plantations on manque de bras, alors on fait appel aux négriers les marchands d’esclaves, pour la plupart, des occidentaux. C’est le début de la grande et ignoble traite des noirs. Le code noir, une loi créée et codifiée par l’Empereur français de l’époque, l’Eglise et les riches commerçants, est venu renforcer la conviction de l’occident que l’opération est légale et légitime puisque le noir est ravalé au rang de bête, taillable et corvéable.
A la fin officielle de cette traite, combattue, partout par les intellectuels éclairés et les humanistes, l’occident, déjà présent sur les côtes africaines, entreprend alors méthodiquement d’occuper l’Afrique à la suite d’un découpage historique et inique. La colonisation vient ainsi d’être entérinée. La France se constitue ainsi un vaste empire sur lequel pèse sa gouvernance directe impliquant la vassalisation ou l’élimination des autorités autochtones traditionnelles. Le rôle de l’administration coloniale est donc d’étendre et de renforcer le contrôle militaire sur les colonies, de protéger les ressortissants de la métropole, d’épauler parfois le travail de « civilisation » des missionnaires. Pour réussir et pérenniser cette entreprise, rien n’est laissé au hasard. Tout l’arsenal politique, militaire, intellectuel, évangélique, commercial est mis à contribution.
Durant toutes ces périodes pleines de péripéties douloureuses, l’âme noire se trouve asservie, écartelée, annihilée puis corrompue et ses ressources spoliées sans états d’âme. En Afrique francophone, le cheminement de l’empire colonial se déroule ainsi jusqu’à la deuxième guerre mondiale, la plus avilissante pour la France occupée par les troupes allemandes. Nous sommes dans les années 1940, la guerre mondiale fait rage. La France est envahie par l’Allemagne. La résistance s’organise autour du Général De Gaule. La fragilité de la grande métropole est mise à nu. De Gaule lève des troupes jusques dans les colonies. Cette conjonction des faits favorisera, dans l’empire colonial français, l’émergence d’une prise de conscience entre les communautés sous tutelle.
Mes filles, à la fin de la guerre, les intellectuels africains prennent conscience qu’il est temps, pour leurs pays respectifs, de s’affranchir de la domination française. De Gaulle y souscrira, mais à sa manière en instituant un cabinet dirigé par Jacques Foccart pour gérer les indépendances à venir. Ainsi naît la fameuse françafrique. Les séquelles de toutes ses périodes vécues par le noir d’Afrique à travers des siècles laissent entrevoir le mode d’évolution du noir qui veut construire son pays en se servant des méthodes pensées et élaborées par sa tutelle d’antan. L’environnement socio-culturel n’étant pas le même qu’en Occident. Aussi, toute velléité de souveraineté pleine et entière est toujours mal venue et mortellement combattue. Et cela nos dirigeants le savent. ‘’La France sans l'Afrique, ce serait la bombe nucléaire sans uranium, l'industrie sans pétrole, la faillite pour les nombreuses sociétés françaises qui surexploitent le bois, le coton, les phosphates, les minerais, le cacao...’’ disait le Président Charles De Gaulle. Ce pessimisme ambiant de l’époque perdure encore et ne peut être vaincu que par une Afrique unie et solidaire.
Mes chères filles, le sentiment, que les états d’esprit de ces puissants de ces époques-là, déteignent sur ceux qui prétendent gérer le monde actuellement, reste encore vivace dans les esprits. Les slogans humanistes ou humanitaires cachent mal leur propension souvent subtilement déclinée d’organiser le monde selon leur vision. La terrible pandémie de la Covid19 qui sévit depuis 2019 où les pays plus nantis et plus puissants se disputent les vaccins au détriment des pays pauvres et démunis ; où les planches à billets fonctionnent pour les uns selon leurs besoins exprimés en oubliant les autres. Le monde va de plus en plus mal, les moins nantis souffrent de la déstructuration de leurs tissus économiques, industriels et sociaux. Ainsi va notre histoire mes chères filles adorées.
El Hadj Ibrahima Ndaw
LES USINES DE FARINE DE POISSON, «UN MAL NÉCESSAIRE»
La polémique sur l’installation d’usines de fabrication de farine de poisson ne devrait pas avoir cours. C’est du moins l’avis d’Abdoulaye Diouf, enseignant-chercheur à l’Institut universitaire de pêche et d’aquaculture (Iupa) de l’Ucad.
Etienne NDIAYE (correspondant permanent à Mbour) |
Publication 22/09/2022
La polémique sur l’installation d’usines de fabrication de farine de poisson ne devrait pas avoir cours. C’est du moins l’avis d’Abdoulaye Diouf, enseignant-chercheur à l’Institut universitaire de pêche et d’aquaculture (Iupa) de l’Ucad.
Le spécialiste reste convaincu que ces usines de fabrication de farine de poisson sont « un mal nécessaire » dans la mesure où elles constituent « la meilleure solution » pour faire face au problème environnemental posé par l’équation de la valorisation des déchets issus de l’industrie de transformation. Mieux, a-t-il ajouté, ces usines, souvent taxées de pollueurs, font l’objet d’études d’impact environnemental. Toutefois, il trouve qu’il est nécessaire de mettre en place des textes réglementaires pour l’implantation de ces usines de fabrication de farine de poisson. Il révèle d’ailleurs que le ministère de la Pêche et de l’Economie maritime y travaille.
S’exprimant hier à Saly au cours d’un atelier d’élaboration de programmes de formation courte durée en transformation de produits halieutiques, Abdoulaye Diouf, enseignant-chercheur à l’Institut universitaire de pêche et d’aquaculture (Iupa) de l’Ucad, a révélé que le ministère de la Pêche et de l’Economie maritime travaille à la mise en place de textes réglementaires pour l’implantation d’usines de fabrication de farine de poisson.
« Au Sénégal, il n’y a pas de texte réglementaire qui interdit l’installation d’usine de farine de poisson mais le ministère est en train de travailler dans ce sens » a-t-il dit. Selon l’enseignant-chercheur, le document qui sera élaboré va permettre de « limiter l’installation d’usines de farine de poisson » dans la mesure où le Sénégal veut arriver à la sécurité alimentaire dans le secteur halieutique à travers la sardinelle (yaboye) et le chinchard (diaye). Or, indique-t-il, ce sont « les mêmes espèces » qui sont ciblées par ces usines.
Pour l’universitaire, il est inconcevable que des poissons de qualité et en nombre soient vendus à ces usines pour l’alimentation d’animaux au détriment des populations qui, pour la plupart, n’ont pas les moyens de se procurer d’autres espèces de poissons.
« Ces usines doivent-elles s’approvisionner au niveau des plages pour prendre la matière première de qualité ? », s’est-il interrogé. « A l’origine, quand on installait les usines de farine de poisson, c’était pour résorber les déchets qui viennent de la transformation. Les industries de transformation génèrent des déchets à travers le filetage, les conserves et les produits de haut de gamme » a expliqué Abdoulaye Diouf. Les usines de poisson étaient « la meilleure solution » pour la valorisation des déchets issus des industries, a-t-il ajouté. L’enseignant-chercheur, spécialiste en transformation des produits halieutiques, trouve que l’installation d’usines de farine de poisson est « un mal nécessaire » dans la mesure où c’est « la meilleure solution » pour faire face à ce problème environnemental. Contrairement à ce qui se dit, insiste l’enseignant-chercheur, ces usines, souvent taxées de pollueurs, font l’objet d’études d’impact environnemental. « Il y a des règles à respecter par rapport à la distance entre les populations et les usines qui doivent être hors agglomération » a rappelé Abdoulaye Diouf.
LE SALUT DU SECTEUR HALIEUTIQUE SE TROUVE DANS UNE VALORISATION ACCRUE, SELON UN CHERCHEUR
Pour pérenniser la ressource halieutique, il faudra miser sur sa valorisation avant son exportation. C’est la conviction d’un enseignant-chercheur à l’Institut universitaire de pêche et d’aquaculture (IUPA) de l’Ucad, Abdoulaye Diouf
Etienne NDIAYE (correspondant permanent à Mbour) |
Publication 22/09/2022
Les ressources transformées ne représentent que 15 % de l’ensemble des exportations halieutiques de l’Etat, ce qui engendre une perte énorme pour le pays, qui doit inverser cette tendance.
Selon Abdoulaye Diouf, enseignant-chercheur à l’Institut universitaire de pêche et d’aquaculture (IUPA) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, qui intervenait hier (mercredi) à Saly dans un atelier d’élaboration de programmes de formation en transformation des produits halieutiques, le volume actuel des exportations de produits halieutiques tourne autour de 200 milliards de francs CFA, et si cette tendance d’exportation de produits bruts majoritairement est inversée, les devises vont tourner autour de 300 milliards de francs CFA. Cet atelier de Saly, organisé sous l’égide de l’IUPA et du Centre d’excellence africain en aquaculture pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle, a pour objectif de concevoir des maquettes de formation de courte durée en transformation de produits halieutiques, au profit des professionnels de la pêche et de l’aquaculture.
Pour pérenniser la ressource halieutique, il faudra miser sur sa valorisation avant son exportation. C’est la conviction d’un enseignant-chercheur à l’Institut universitaire de pêche et d’aquaculture (IUPA) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. De l’avis d’Abdoulaye Diouf, qui intervenait hier à Saly lors d’un atelier d’élaboration de programmes de formation en transformation des produits halieutiques, dans un contexte marqué par la raréfaction des ressources halieutiques, le salut se trouve dans la valorisation puisqu’on doit produire peu pour les pérenniser. Le spécialiste précise que la lettre de politique sectorielle de la Pêche et le Plan Sénégal émergent recommandent de transformer les ressources de la mer avant de les exporter.
A en croire M. Diouf, le volume actuel des exportations de produits halieutiques tourne autour de 200 milliards de francs CFA, et si cette tendance est inversée, les devises vont tourner autour de 300 milliards de francs CFA. « Le Sénégal exporte les produits à l’état brut à hauteur de 80 à 85 %. Seuls les 15 % sont exportés à l’état valorisé, ce qui entraîne une perte énorme pour le pays » a-t-il déclaré.
Selon Abdoulaye Diouf, le peu de produits valorisés représente 30 % de la valeur ajoutée. « Si on fait des efforts pour arriver à 50 %, la tendance sera inversée. On va exporter peu mais on va gagner beaucoup plus en devises », a-t-il recommandé.
Toutefois, l’enseignant chercheur reconnaît que la transformation artisanale de produits halieutiques demande « beaucoup d’efforts pour un rendement très faible ». Il a donné l’exemple des femmes actives dans la cueillette d’huîtres. Ces dernières, en valorisant leurs produits en marinade et autres, « peuvent se retrouver au moins avec 5 à 6 bocaux qui sont vendus à 2.000 ou 2.500 francs CFA l’unité, donc la tendance est facilement inversée », souligne-til. C’est pourquoi, a insisté l’enseignant-chercheur, il est très important de viser la transformation des produits en marinade. Mais, pour ce faire, il indique qu’il faut une ressource humaine qualifiée, capable de répondre convenablement aux urgences du moment. « Il faudrait miser sur un personnel de qualité, ce qui ne peut que passer par le renforcement des capacités de ces personnels » qu’ils soient du secteur privé ou de l’administration publique, a expliqué Abdoulaye Diouf.
Cette rencontre de quatre jours se tient à Saly-Portudal (Mbour), sous l’égide de l’IUPA et du Centre d’excellence africain en aquaculture pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Selon le directeur de l’IUPA, Alassane Sarr, cet atelier destiné aux professionnels de la pêche est « pédagogique, académique ».
Il s’agira, au bout de ce conclave de quatre jours de concevoir des maquettes de formation de courte durée en transformation de produits halieutiques au profit des professionnels de la pêche et de l’aquaculture, a-t-il précisé.