EXCLUSIF SENEPLUS - L'équipe d'Amadou Ba est un casting de bretteurs qui se livrera au concours du propos le plus outrancier envers les opposants. Très bientôt, le doute ne sera plus permis sur la nature du « combat » de ce gouvernement
Félix Atchadé de SenePlus |
Publication 18/09/2022
Heureusement que la vie est pleine d’activités différentes de celles liées à la politique, entendue ici comme l’art de conquérir ou de préserver le pouvoir. N’eût été le Magal de Touba et la ferveur, le partage, la foi, la solidarité qu’il charrie, on aurait pu dire de la semaine dernière qu’elle a été une horribilis septimana. Merci à nos compatriotes mourides de nous avoir offert des moments aussi exaltants et pourvoyeurs d’espérance dans le devenir de notre pays.
Scandale démocratique et dysfonctionnement institutionnel
La semaine avait très mal débuté avec le spectacle révoltant de forces armées imposant le cours du débat parlementaire et du scrutin de la présidence de l’Assemblée nationale. À une occasion au moins, sur les images de webtélés, on voit un officier porter la main sur une parlementaire, qui a fini par terre après avoir été bousculée par la troupe. Qu’on se le dise, de telles images sont inédites et sont l’expression d’une dérive autoritaire du pouvoir présidentiel. La présidente de la séance inaugurale de la quatorzième législature n’a pas le pouvoir de donner l’ordre aux gendarmes d’aller aussi loin dans leur intervention au sein de l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Il n’est même pas exagéré de se demander si cette intervention militaire n’était pas préméditée.
Cette séance du lundi 12 septembre 2022 était tellement mal organisée qu’on peut légitimement se demander si un soin particulier n’a pas été mis pour qu’il en soit ainsi. Une sonorisation défaillante, avec des microphones qui grésillaient tels ceux des chants religieux des quartiers populaires dans les années 1980. Des microphones baladeurs appelés à la rescousse d’où ne sortait aucun son. Les galeries du public remplies de militants du camp présidentiel, qui ne se sont pas privés de manifester bruyamment. Les plus téméraires d’entre eux, invectivaient les députés de l’opposition. Un citoyen, qui n’a pas été candidat à la députation, a accédé à l’hémicycle et s’est adressé de la tribune aux députés pendant plus de trois minutes sous le regard impassible du chef de l’administration de l’Assemblée nationale. Un député du camp présidentiel avait par-devers lui des délégations de vote de personnes présentes dans l’enceinte. On le voit bien, les députés de BBY se sont surpassés pour que ça soit la chienlit à la place Soweto ce jour-là. Il faut quand même se méprendre sur les personnalités de Barthélemy Dias, Guy Marius Sagna ou Abass Fall et le mandat populaire qu’elles ont reçu pour penser qu’ils se laisseraient marcher sur les pieds de la sorte par le camp présidentiel.
Un discours de va-t-en-guerre
Après deux jours de gymkhana parlementaire, on a connu presque deux jours d’accalmie dans le débat politique avec le Magal de Touba qui commémore la déportation en 1895 par l’administration coloniale française au Gabon, du fondateur de la confrérie Mouridiyya, Cheikh Ahmadou Bamba. Alors qu’on pensait que le pèlerinage de Touba ouvrirait la voie de la sagesse au camp présidentiel, il persistait dans sa stratégie : la tension en continu. C’est Madiambal Diagne, autoproclamé et jamais récusé ami du président et qui pour le citer : « … je vois le président Macky Sall quand je le veux et quand il le veut, matin, midi, soir… » d’ouvrir les hostilités en s’en prenant… au port vestimentaire d’un député de YAW. Pour l’ami de Macky Sall, l’« accoutrement », une tenue élégante en réalité, est un danger pour l’unité nationale et signe de ralliement à l’irrédentisme de feu l’abbé Augustin Diamacoune Senghor (1928-2007) qui a dirigé le Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), l’organisation indépendantiste à l’origine du conflit dans la région méridionale du pays. Monsieur Mandiambal Diagne étant fâché avec les faits, il n’est pas inutile de rappeler que le député qu’il accuse est membre d’un parti qui se réclame du panafricanisme et que la dernière décennie de la vie de l’abbé Diamacoune Senghor a été marquée par un retour dans le giron de la République du Sénégal. Il a été reçu par Abdou Diouf, à la gouvernance de Ziguinchor et par Abdoulaye Wade le 4 mai 2003 au Palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor.
Cette attaque contre le député de l’opposition Alphonse Mané Diédhiou, n’était que le prélude à celle au bazooka du président en personne. Le vendredi 16 septembre dans un message à la Nation aussi inattendu qu’improvisé, Macky Sall a montré sa disponibilité d’esprit : en découdre avec l’opposition. Ce discours présidentiel n’a pas été un propos d’apaisement après la crise au Parlement. Son message a été sans équivoque, sur une ligne d’attaque ! Il s’en est pris à l’opposition et s’est immiscé dans les affaires du parlement au nom d’un mandat… que les élections territoriales et législatives auraient renouvelé. Sans dire par quel miracle rationnel, politique et constitutionnel il en était arrivé à une telle conclusion, il a intimé l’ordre de se réunir autour de sa personne. De ce qu’il s’est passé à l’Assemblée nationale le 12 septembre, il n’a retenu que des « incidents » avec dégradation de « matériels ». Il n’a pas évoqué le boycott par l’opposition l’élection du HCCT. Il n’a ouvert aucune perspective de dialogue républicain entre les forces politiques du pays. Ce message à la Nation ne peut être interprété par l’opposition que comme la volonté d’en découdre. Nous allons vers une période de tensions.
Un gouvernement de bretteurs sans légitimité populaire
Le samedi 17 septembre 2022, après moult tergiversations le président Macky Sall, s’est finalement soumis à la Constitution en nommant un Premier ministre. Plusieurs heures après le moment annoncé, la liste des membres du gouvernement a été divulguée. Que dire de cette équipe présentée comme de « combat » contre les défis sociaux que les diverses crises imposent au peuple sénégalais ? Le premier constat est que les principales figures de ce gouvernement n’ont pas brillé cette année par leurs succès électoraux. Les trois quarts d’entre ceux qui se sont présentés aux territoriales ou aux législatives ont été défaits. Parfois avec des scores qui frisent l’humiliation. Une autre catégorie et pas des moindres de ces ministres, est celle de politiques qui pour des raisons inconnues ne se sont pas soumises au suffrage populaire. Il s’agit donc d’un gouvernement sans grande légitimité politique. Si son chef, Amadou Bâ, est réputé calme et mesuré, il en est autrement de plusieurs figures de cette équipe. Un d’entre eux a récemment promis de s’occuper de l’anatomie d’un opposant. Un autre, a été sûrement nommé pour prendre le contrepied de l’exégèse juridique de la Constitution qu’il faisait. Cette équipe est un casting de bretteurs qui se livrera au concours du propos le plus outrancier envers les opposants. Très bientôt, le doute ne sera plus permis sur la nature du « combat » de ce gouvernement. Les oreilles d’un certain opposant radical siffleront.
YANKHOBA DIATTARA DANS UN SECTEUR AGITÉ
La préparation du Mondial de football prévue du 20 novembre au 18 décembre sera son premier grand dossier. Le nouveau ministre des Sports sera jugé selon sa capacité à réconcilier les acteurs d’un milieu souvent confronté aux querelles des dirigeants
Le nouveau ministre des Sports, Yankhoba Diattara arrive dans un secteur plein de défis à relever et souvent agité, à la différence de son précédent portefeuille, l’Economie numérique et les Télécommunications.
A la tête du département des Sports, la préparation de la Coupe du monde de football prévue du 20 novembre au 18 décembre au Qatar sera son premier grand dossier. Le Sénégal ira au Mondial 2022 de football en tant que champion d’Afrique, dans une poule qu’il partage avec les Pays-Bas, le Qatar et l’Equateur. Une poule ‘’jouable’’ pour le Sénégal, selon plusieurs observateurs.
La nomination au poste de ministre des Sports de Yankhoba Diatta, âgé de 48 ans, connu pour sa fidélité au président du Conseil économique, environnement et social, Idrissa Seck, l’un des alliés politiques politique de Macky Sall, a été fortement commenté dans les milieux sportifs.
‘’Cette instabilité n’est pas souhaitable à quelques semaines de la Coupe du monde’’, a réagi Louis Lamotte, ancien vice-président de la Fédération sénégalaise de football.
Il était membre du comité exécutif et du groupe de travail chargé de la préparation de la Coupe d’Afrique des nations remportée par le Sénégal, le 6 février dernier, des instances dirigées par Matar Ba.
‘’L’instabilité n’est pas souhaitable à ce poste. Mes pensées vont à Matar Ba, le meilleur parmi la dizaine de ministre des Sports que j’ai rencontrés’’, a déclaré M. Lamotte dans la presse.
Le nom de Matar Ba, maire de Fatick (centre) depuis dix ans, semblait se confondre avec celui du département des Sports, où il a battu un record de longévité : huit ans.
Après Elhadji Malick Gakou et Mbagnick Ndiaye, Macky Sall lui a confié le département des Sports, où il s’est employé à réconcilier les protagonistes des nombreux foyers de tension.
Baba Tandian, un ancien président de la Fédération sénégalaise de basket-ball, ne comprends d’ailleurs pas le soutien de l’ex-ministre des Sports à Babacar Ndiaye, l’actuel patron du basket-ball au Sénégal.
Une discipline qui a touché le fond selon Tandian.
Le nouveau ministre des Sports sera jugé selon sa capacité à réconcilier les acteurs d’un secteur souvent confronté aux querelles des dirigeants sportifs. Moins connu du monde sportif que son prédécesseur, leader notable de l’Organisme national de coordination des activités de vacances, Yankhoba Diattara est toutefois un habitué des tribunes du stade Lat-Dior de sa ville de Thiès (ouest), la seule infrastructure sportive sénégalaise capable, jusqu’à une date récente, d’accueillir les matchs de l’équipe nationale de football senior.
A Thiès, le nouveau ministre des Sports est jugé méticuleux, courtois et loyal par ses anciens collaborateurs du conseil départemental.
Bassirou Ndiaye, un de ses anciens collaborateurs, le décrit comme quelqu’un ‘’très discret’’ et de ‘’respectueux’’ des autres. Des qualités dont aura besoin le nouveau ministre des Sports.
Yankhoba Diattara est titulaire d’une maîtrise en droit et d’un diplôme d’études approfondies de droit privé de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar (2000). Il est ensuite allé à Québec, d’où il est revenu avec un master en management et gestion d’entreprise.
L’ancien directeur des structures de Rewmi, le parti politique d’Idrissa Seck, quitte un secteur peu médiatisé, celui de l’Economie numérique et des Télécommunications, pour un monde sportif bouillonnant.
Yankhoba Diattara, ministre depuis deux ans, était délégataire de la signature du maire de Thiès, Idrissa Seck, son mentor, de 2009 à 2014. De 2014 aux dernières élections départementales et municipales du 23 janvier dernier, il jouait le même rôle aux côtés du président du conseil départemental de Thiès, Idrissa Seck en l’occurrence.
Il sera appelé à convaincre les nombreux dirigeants sportifs (les dirigeants des fédérations, des clubs et associations) souvent exigeants. Dans un secteur qui exige d’importants moyens.
Après la Coupe du monde de football prévue dans deux mois au Qatar, il aura à mettre de l’ordre dans les arènes de lutte, où les grands combats s’accompagnent souvent de scènes de violence.
En basket-ball, l’équipe nationale masculine est en compétition pour une qualification en Coupe du monde. Malgré les investissements et la qualité des joueurs, le Sénégal n’a plus remporté le trophée continental chez les hommes depuis 1997, et chez les dames depuis 2015.
Les défis à relever et les dossiers dont il faut s’occuper sont nombreux et les uns aussi urgents que les autres.
Réagissant à sa nomination, Yankhoba Diattara dit avoir à s’occuper d’un secteur ‘’très stratégique et passionnant’’. ‘’Je donnerai le meilleur de moi-même, avec la collaboration de toutes les fédérations sportives, pour hisser (…) notre drapeau national encore plus loin et plus haut’’, a-t-il écrit sur Twitter.
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JEAN-GODEFROY BIDIMA, LE PHILOSOPHE DE LA TRAVERSÉE
Son œuvre dialogue avec la théorie critique de l'école de Francfort. Il travaille également sur l’art des sans espoirs et élabore une théorie critique du regard
Jean-Godefroy Bidima est un philosophe né au Cameroun en 1958. Intéressé par les marges et le mouvement, il a pensé toute une philosophie de la traversée et a réfléchi à la palabre comme lieu du politique. Son œuvre dialogue avec la théorie critique de l'école de Francfort. Il travaille également sur l’art des sans espoirs et élabore une théorie critique du regard.
Jean-Godefroy Bidima a notamment publié Théorie critique et modernité négro-africaine (1993) mais aussi La palabre, une juridiction de la parole (1997).
MACKY SALL AU ROYAUME-UNI PUIS AUX ÉTATS-UNIS
Le chef de l'État quitte Dakar ce dimanche 18 septembre au lendemain de la formation du nouveau gouvernement, pour se rendre à Londres, puis à New York. Son retour à Dakar est prévu samedi 24 septembre, selon la présidence de la République
Macky Sall quitte Dakar, dimanche 18 septembre, pour se rendre à Londres, puis à New York, a-t-on appris le même jour de la présidence de la République.
A Londres, il prendra part, lundi 19 septembre, aux obsèques de la reine Elisabeth II.
Le chef de l’Etat va ensuite participer, du mardi 20 au vendredi 23 septembre, à New York, à la 77e session ordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies, selon un communiqué de la présidence de la République.
Macky Sall va participer à d’autres rencontres prévues en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, dont un sommet sur l’éducation.
Son retour à Dakar est prévu samedi 24 septembre, selon le communiqué.
PAR Jean-Baptiste Placca
PETIT RECUL DE LA PRÉSIDENCE À VIE
Un nouveau président au Kenya, à la suite d'un autre qui s'en va au terme de ses deux mandats, et d'un processus qui n'est certes pas irréprochable, mais conforte les espoirs que beaucoup placent dans une des Un nouveau les moins discréditée du continent
RFI : Devant une foule immense, William Ruto a prêté serment, mardi 13 septembre, dans un stade de Nairobi, en présence d’une vingtaine de chefs d’Etat africains. « Le petit villageois d’origine modeste », comme il aime à se définir, est donc président. Àpropos de cette victoire, validée, à l’unanimité, par les juges de la Cour suprême, peut-on parler de revanche sur l’establishment ?
Il s’agit, surtout, d’une victoire des institutions électorales et judiciaires du Kenya, dont la fiabilité a été éprouvée et confortée, tout au long de ce processus. Au fur et à mesure du dépouillement, les résultats ont été affichés sur les écrans de télévision, qui donnaient Ruto avec une avance qui s’est resserrée au fil des jours, sans que jamais le perdant ne le devance. La victoire de William Ruto a d’ailleurs été jugée vraisemblable par la société civile, qui a fait un travail que d’aucuns ont jugé sérieux et rigoureux.
Les Kényans ont même pu suivre, en direct à la télévision, les plaidoiries et autres argumentations des conseils des candidats qui contestaient les résultats devant la Cour suprême. Sans être parfaite, cette transparence démocratique est de celles dont on rêverait pour toute l’Afrique. À commencer par le respect de la Constitution par Uhuru Kenyatta, qui s’est éclipsé, au terme de son second mandat.
Faut-il donc le féliciter pour avoir suivi ce que prescrivait la Constitution ?
Non, évidemment ! Mais si l’on continue de se féliciter d’une telle attitude, c’est parce que d’autres s’évertuent à modifier la Constitution, pour toujours plus de mandats, jusqu’à ce que coup d’Etat s’en suive. L’on est peiné devant la frénésie de certains à vouloir mourir au pouvoir. Et la plupart, souvent, n’ont rien apporté à leur peuple durant leurs deux mandats. Ils tentent de faire croire que leur seul objectif est de moderniser les institutions, alors que leur dessein est souvent, de confisquer le pouvoir ad vitam aeternam.
Certains dirigeants africains ont même osé, par le passé, citer l’exemple d’Angela Merkel, pour dire qu’il est de grands pays démocratiques sans limitation de mandats. Mais Madame Merkel a travaillé pour le peuple allemand comme peu de dirigeants occidentaux l’ont fait pour leur peuple. Et l’on aimerait tant voir une Merkel au service de quelques-uns des peuples africains confrontés aux présidences à vie ! En plus, si la chancelière avait trouvé en Allemagne une Constitution limitant les mandats, jamais elle ne l’aurait modifiée, pour s’incruster. C’est une question de loyauté.
QUAND AÏCHA KONÉ SE FAIT LA GRIOTTE D'ASSIMI GOÏTA
Alors que les tensions entre Abidjan et Bamako s’aggravent, la chanteuse ivoirienne dédie une chanson au chef de la junte malienne. Les réseaux sociaux sont divisés
Jeune Afrique |
Damien Glez |
Publication 18/09/2022
Zèle et mauvais timing ? Si l’on sait que la musique d’inspiration mandingue est volontiers saupoudrée d’un zeste de griotisme, les artistes doivent-il franchir le pas qui sépare le simple name-dropping du culte de la personnalité, voire du « mabanga » à la congolaise ?
Alors que le directeur de cabinet d’Alassane Ouattara accusait, mercredi, la junte malienne d’avoir pris en « otages » 46 soldats ivoiriens détenus depuis le 10 juillet, Aïcha Koné faisait déjà la promotion d’une chanson dédiée au chef de ladite junte. En malinké, sur une introduction militaire puis un rythme dansant, la diva ivoirienne déroule ses éloges envers Assimi Goïta qu’elle qualifie de « vrai homme » et d’« enfant prodige ». Pendant ce temps, ses compatriotes Yodé & Siro, stars de la musique zouglou, réservent leurs notes aux militaires détenus et non à leur « geôlier ». Et la chanteuse de se justifier en exhumant son arbre généalogique : « le père de ma mère vient de Sikasso au Mali. »
« Super Goïta »
Défaut de patriotisme ou mauvais hasard de calendrier ? Sur le continent où les productions musicales semblent naître instantanément, Aïcha Koné aurait eu tout le loisir de reporter le lancement de son titre « Digne fils d’Afrique ». Tandis que les Maliens boivent du petit lait, les Ivoiriens se déchirent dans les forums de discussion de la presse en ligne. Un internaute s’étonne qu’on glorifie un « Super Goïta caché sur le mont Koulouba » et dénonce une « provocation » de la part d’une chanteuse qui « est en sécurité, contrairement à de nombreux Maliens ». À ceux qui accusent le chef de la junte malienne d’avoir piétiné la démocratie, un twitto établit la liste de putschistes qu’il admire, comme Thomas Sankara et John Jerry Rawlings. Et de conclure : « Entre Alassane Dramane Ouattara et Assimi Goïta, y a pas photo ! »
LE PREMIER SAMOURAÏ NOIR DU JAPON BIENTÔT À L'ÉCRAN AVEC OMAR SY
L’acteur français d’origine sénégalo-mauritanienne sera à l’affiche du prochain biopic consacré par Netflix à Yasuke, premier guerrier étranger de l’histoire nipponne. Une nouvelle consécration pour cet acteur qui ne cesse de crever l’écran
À en croire le magazine cinématographique américain The Hollywood Reporter, Netflix a choisi Omar Sy pour incarner Yasuke, le personnage principal de sa prochaine biographie dédiée au premier samouraï noir et étranger du Japon.
La même source indique que l’acteur français de père sénégalais et de mère mauritanienne sera à la coproduction de cette série de cinq épisodes en compagnie de Nick Jones Jr, un des scénaristes de la version animée disponible sur la plateforme de streaming américain depuis avril 2021.
Une légende célébrée
Mais contrairement à la série d’animation de genre fantastique, Netflix entend reproduire aussi fidèlement que possible, avec Omar Sy, la vie du personnage à la fois mystérieux, légendaire et fascinant que fut Yasuke.
Il s’agit, en effet, d’un homme passé de la condition d’esclave à celle d’honorable guerrier au pays du Soleil-Levant, loin de sa terre natale de Makua, dans la région Est de l’Afrique. Plus précisément au Mozambique, affirme le journaliste franco-ivoirien Serge Bilé qui lui a notamment consacré « Yasuke, le samouraï noir » aux éditions Owen Publishing en 2018.
La trajectoire singulière de Yasuke est celle d’un personnage qui aura su se faire un nom grâce à la bravoure, dans le contexte peu favorable du Japon féodal. Des siècles plus tard, son histoire suscite, de ce point de vue, bien des fantasmes.
Notoriété croissante
Le film représente une nouvelle occasion pour Omar Sy de démontrer ses talents d’acteur, lui qui a débuté à la télévision française en qualité d’humoriste au début des années 2000. Sa notoriété a, par la suite, traversé les frontières françaises pour s’installer sur les rives américaines. Aujourd’hui, de nombreuses firmes de production cinématographique semblent se l’arracher.
Depuis octobre 2021, Omar Sy est en collaboration avec Netflix pour « la production de contenus exclusifs », fort de sa performance dans Lupin, une adaptation du célèbre roman éponyme de Maurice Leblanc. La série, qui prépare sa troisième saison, compte parmi les plus regardées de l’histoire du géant du streaming.
L’acteur Sy s’est également allié à HBO Max, concurrent de Netflix, en mai dernier. « Il faut du cran pour raconter l’histoire du samouraï noir. Je suis extrêmement chanceux d’être de ce voyage avec Omar Sy », a notamment réagi le scénariste Nick Jones Jr, le 8 septembre 2022 à propos de Yasuke.
PAR Farid Bathily
L'ÉCRIVAINE CHIMAMANDA ADICHIE APPELLE LES NIGÉRIANS À L'ÉVEIL SOCIAL
La célèbre écrivaine nigériane a fait une sortie remarquée contre l’état de la société de son pays décrit comme sans espoir, en perte de repères et tyrannique
C’est un véritable plaidoyer pour l’éveil des consciences, une ode à la mobilisation générale que Chimamanda Ngozi Adichie a lancé le 29 août 2022 dans l’enceinte d’Eko hôtel à Lagos. Invitée de la cérémonie inaugurale de la réunion annuelle de l’association du barreau du Nigeria, la romancière connue pour ses prises de position sans concession, s’est insurgée contre le contexte social préoccupant dans ce pays, le plus peuplé du continent africain.
"Nous devons sauver l’âme de notre nation", a-t-elle lancé sous les acclamations, dans un discours-diagnostic de tous les pans de la société nigériane. La romancière a notamment décrit un pays en plein désarroi et en proie à la tyrannie dans chacune de ses composantes.
Faillite de l’État de droit
"L’État n’a pas le monopole de la tyrannie. Les forces de sécurité qui traînent des journalistes en prison, comme c’est toujours le cas dans ce pays, reflète la tyrannie. Le journaliste qui maltraite son employé de maison est un exemple de tyrannie. L’utilisation de la loi par les riches pour assujettir les pauvres est également tyrannique", estime-t-elle, appelant à une vision plus large du concept de tyrannie.
À en croire l’auteure de plusieurs ouvrages à succès, dont "Americanah" et "nous sommes tous des féministes", entre autres, une telle situation témoigne de la faillite de l’État de droit. Elle invite à rompre cette spirale en agissant pour l’intérêt général. "Ce n’est pas parce que les choses paraissent difficiles qu’elles sont impossibles", indique la militante féministe qui exclut de renoncer à l’action pour le changement.
Manque de figure de proue
Chimamanda Ngozi Adichie estime notamment avoir souvent été assimilée par certains à "une provocatrice", un "fauteur de troubles" à cause de son engagement contre l’injustice, à l’image de tant d’autres personnes. L’essayiste cite à cet effet la défunte spécialiste en pharmacologie Dora Nkem Akunyili réputée pour sa lutte implacable contre les faux médicaments.
"Elle était aussi considérée comme une empêcheuse de tourner en rond. Mais l’important n’est pas d’être traité de fauteur de troubles. Ce qui importe, c’est la raison pour laquelle nous sommes perçus comme tels", a insisté Chimamanda pour qui le Nigeria est en manque cruel de héros susceptibles d’inspirer la jeunesse.
Le discours prononcé en présence de plusieurs personnalités politiques dont le candidat de l’opposition à la prochaine présidentielle Atiku Abubakar, a été repris avec abondamment dans la presse nationale et sur les réseaux sociaux.
Le pays est en effet étreint par de sérieux problèmes de sécurité et une situation économique chancelante, à six mois d’un scrutin présidentiel pour lequel l’actuel chef de l’État Muhammadu Buhari ne peut pas se représenter.