SenePlus | La Une | l'actualité, sport, politique et plus au Sénégal
8 août 2025
L'ÉLAN BRISÉ DES DÉTENUS INNOCENTÉS DANS L'AFFAIRE BOFFA BAYOTTE
Emprisonnés dans l’affaire de la tuerie de Boffa Bayotte, ces habitants de Toubacouta ont finalement été acquittés après plus de quatre ans de détention. Depuis le retour à la maison, c'est l'angoisse. Car, ils ont presque tout perdu
Tourment, dénuement, dépit, sentiment de vide… le récit de leur vie est hérissé d’épines. Le sort les accable depuis 2018. Maudite année ! Arrêtés cette année-là dans l’affaire de la tuerie de Boffa Bayotte, puis envoyés en prison où ils ont séjourné pendant quatre ans et six mois pour la plupart, des habitants de Toubacouta ont finalement été acquittés le 13 juin 2022, au terme d’un procès longtemps espéré. Toutes les charges retenues contre eux ont été abandonnées. De retour dans leur village natal, une angoisse quotidienne étreint leur cœur. Car, ils ont presque tout perdu. Ces infortunées âmes survivent, aujourd’hui, grâce au soutien des habitants de ce village situé dans la commune de Nyassia. Retour à Toubacouta, dans l’antre des « acquittés du 13 » qui veulent être dédommagés par l’État du Sénégal.
Toubacouta étale ses charmes et ses « infirmités » en cette matinée du vendredi 28 octobre 2022 ! Une douce quiétude, rarement troublée, se répand. Les rayons du soleil déchirent le sol sans en faire une terre inhospitalière. Pour accéder à ce village, il faut, à partir de la route nationale menant à Mpack et en Guinée-Bissau, emprunter une piste latéritique distante de moins de cinq kilomètres. Dans ces allées lumineuses, des femmes, par petits groupes, se rendent à Mpack, village de la commune de Boutoupa Camaracounda, pour assister aux funérailles de deux garçons décédés la veille par noyade dans les carrières. À quelques encablures de là, les manguiers qui enserrent Toubacouta s’offrent au visiteur. Cette terre a, pendant longtemps, croupi ainsi dans cette douce routine jusqu’à la tragédie de Boffa Bayotte et sa nuée d’épreuves.
L’assassinat, en janvier 2018, de 14 exploitants forestiers dans les forêts de Boffa Bayotte, village situé en Basse Casamance, dans la commune de Nyassia, a sorti Toubacouta de l’anonymat. Vingt de ses fils ont, en effet, été envoyés en prison. Toubacouta, tombé dans le désarroi, s’est pratiquement vidé de ses hommes. Quatre ans plus tard, il y a eu l’ouverture de leur procès, le lundi 21 mars 2022. La Chambre criminelle a prononcé, le 13 juin dernier, jour du délibéré, l’acquittement en faveur du groupe de détenus. Abdou Karim Sagna, Adama Diémé, Tombon Arona Badji, Cheikh Omar Diédhiou, Nfally Diémé, Lansana Badji dit Assane, Alphouseyni Badji, Papya Sané dit Daguen, Jean Christophe Diatta, Ibou Sané et Abdou Sané ont recouvré la liberté. Mais ils étaient loin de voir le bout du tunnel.
Supplice moral et anéantissement
Les incertitudes subsistent malgré les joies de la liberté. Car, la réinsertion hante le sommeil de ces villageois. Le temps infini passé en prison a anéanti des années de labeur, bouleversé leur vie et compromis leur carrière professionnelle. Aide-soignant à la case de santé de Toubacouta au moment de son arrestation, Abdou Sané, trouvé à son domicile, soutient qu’il s’occupait « très bien » de toute sa famille. Cependant, les années passées en prison ont précipité sa retraite. « Nous avons passé quatre longues années en prison au terme desquelles la justice a prononcé l’acquittement. Depuis lors, on tente difficilement de redémarrer une nouvelle vie. Avant notre arrestation, je travaillais. Tout allait très bien, car je parvenais à prendre en charge ma petite famille. Mais, aujourd’hui, je n’ai rien, plus rien. Je n’ai plus de travail », se désole-t-il.
Regard lointain, Abdou Sané est père de trois enfants, dont une fille et deux garçons. Le plus âgé a sept ans. Sa fille cadette est née pendant qu’il était encore en prison. À sa sortie, renseigne-t-il, ces propres enfants avaient du mal à le reconnaître. L’un d’eux a dû quitter l’école parce qu’il n’y avait personne pour s’acquitter de sa scolarité. Abdou Sané est sorti de prison, mais il y a laissé une part de lui. « On nous a arrêtés et envoyés en prison. Un beau jour, on nous libère, disant que nous n’avons rien fait. Effectivement, nous n’avons rien fait. C’est vraiment injuste parce que, dès le début, ils savaient que nous n’étions pas coupables. Mais, il fallait à tout prix trouver des coupables. Au-delà de cette longue détention provisoire, nous avions été détenus dans des conditions extrêmement difficiles. Et depuis que nous sommes sortis de prison, nous n’avons reçu le soutien de personne, encore moins de l’État du Sénégal qui doit nous dédommager », tempête Abdou Sané.
« Je n’ai pas assisté aux obsèques de ma mère »
Aide-soignant, Abdou Sané avait entrepris de petits projets avant que sa vie ne bascule, le dimanche 21 janvier qui coïncide avec son arrestation. Il faisait du maraîchage et de l’élevage de poulets de chair. Actuellement, il ne travaille pas. « C’est le cas de tout le monde », confie-t-il. S’il parvient à joindre les deux bouts, c’est en grande partie grâce à la solidarité villageoise. À leur sortie de prison, les Toubacoutois ont décidé de leur venir en aide en leur apportant des vivres. « Le jour où je suis revenu à la maison, je n’y ai trouvé que ma femme et mes deux enfants, en plus de mon petit frère que j’ai laissé ici. Ma maman était déjà décédée. Je n’ai pas assisté à ses obsèques parce que des gens m’ont accusé d’une chose que je n’ai jamais faite. C’est trop dur. Beaucoup de nos proches sont décédés derrière nous », souligne l’ex-prisonnier de la Maison d’arrêt et de correction de Ziguinchor, du Camp Pénal et de Rebeuss, à Dakar.
Arrêté lui aussi dans cette affaire, Nfally Diémé revient de loin. Il se rappelle encore ses derniers instants passés à Toubacouta avant de prendre congé de son épouse et de ses enfants sous la pression des forces de défense et de sécurité. Une triste et éprouvante nuit du 13 mars 2018. Ce jour-là, à quatre heures du matin, alors que tous les villageois dormaient, des hommes ont fait irruption à Toubacouta pour procéder à l’arrestation des personnes accusées d’être mêlées à la tuerie de Boffa Bayotte. « Ils m’ont trouvé chez moi. Je dormais. C’est ma femme qui a entendu le bruit. Elle a pris le temps de s’assurer de leur identité. Dans un premier temps, je pensais que c’était les gens de l’autre côté (les éléments du Mfdc). À ma grande surprise, c’était des gendarmes habillés en civil. Ils avaient réussi à défoncer la porte en fer pour s’introduire dans ma maison. Ils m’ont arrêté et jeté par terre avant de me mettre les menottes. Avec le reste du groupe, ils nous ont conduits à la gendarmerie de Néma, dans la ville de Ziguinchor. Et sans chaussures », relate Nfally Diémé, la mine triste.
L’heure de la réhabilitation
Tout comme Abdou Sané, M. Diémé travaillait avant son arrestation. Il « bossait » à Ziguinchor dans une entreprise spécialisée en voirie. Les quatre ans et demi passés derrière les barreaux lui ont causé du tort : « J’ai perdu mon travail. Je suis resté quatre années sans travailler. Depuis que je suis sorti de prison, je ne suis pas retourné à mon lieu de travail parce que je sais que c’est déjà fini. Je ne travaille pas et c’est le cas des 19 personnes arrêtés dans l’affaire de Boffa. Nous n’avons rien à offrir à nos familles. Ce sont les villageois qui se cotisent pour nous aider. Tout est à refaire », regrette M. Diémé.
De la gendarmerie de Néma, ils ont été déférés et placés sous mandat de dépôt. C’est le début d’une longue période de détention. « C’était terrible. Ils refusaient que nos parents viennent nous voir. Pire, ils ne voulaient pas que nos familles nous apportent à manger. Ils savaient que nous étions innocents. Cette prison a gâché ma vie. Il appartient à l’État du Sénégal de nous réhabiliter parce qu’on nous a porté un préjudice moral et matériel », martèle Nfally Diémé.
Après avoir passé un mois à la Mac de la capitale régionale du sud, les 26 détenus ont été transférés à Dakar par un vol spécial. C’était le mercredi 21 février 2018. « Cette nuit-là, ils nous ont réveillés à cinq heures du matin. Je pensais qu’on allait être libérés. Les véhicules sont immobilisés, direction l’aéroport de Ziguinchor, sans nos bagages. À bord de cet avion, nous étions seuls avec les gendarmes. Nous étions menottés et en cagoule. Nous avons passé deux ans à Dakar. C’était compliqué pour nous. On attend d’être indemnisés », soutient-il. Loin de leurs familles, restées à Toubacouta, Abdou Sané, Nfally Diémé et leurs camarades d’infortune disent être victimes d’injustices et de traitements inhumains pendant quatre années. C’est pourquoi, disent-ils, l’heure de la réhabilitation a véritablement sonné.
Sény Sané, 73 ans, une triste fin
Âgé de 73 ans, Sény Sané, alors chef de village de Toubacouta, a été arrêté, lui aussi, suite aux malheureux évènements de Boffa Bayotte. Tout comme les autres, il a été en détention préventive avant de décéder, en 2019, au pavillon spécial de l’hôpital Aristide Le Dantec, à Dakar. Et très loin de sa famille. Plus de trois ans après le rappel à Dieu de son père, Ousmane Sané réclame justice et réparation. Sa douleur est encore vive. « Au moment de son arrestation, mon père avait 73 ans, voire plus. Il venait juste de subir une opération. Ceux-là qui l’ont arrêté le savaient parce qu’il a été admis au pavillon spécial où il est décédé. Vous imaginez un vieillard de 73 ans se rendre dans les forêts pour commanditer ce massacre. Cela fait très mal de perdre son père dans ces conditions », confie-t-il. Ancien travailleur de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), Sény Sané ne reviendra jamais à la maison. Il a été inhumé, en 2019, au cimetière de Kantène. Pour son fils, Ousmane Sané, il faut une explication claire sur la mort de son père. Aussi, demande-t-il, à l’État d’indemniser ceux qui sont encore en vie. Boffa Bayotte continue de charpenter un récit de souffrances.
Une détention provisoire «anormalement longue»
Président de la Ligue sénégalaise des droits humains, Me Assane Dioma Ndiaye est l’un des avocats des détenus, en plus de Me Ciré Clédor Ly. Après l’acquittement de ses clients et le non-lieu prononcé en faveur d’un autre groupe de détenus avant l’ouverture du procès, ce dernier, interrogé par des journalistes, a regretté que cette « détention provisoire ait été anormalement longue ». De plus, persiste-t-il, cette longue détention est « une atteinte grave aux droits de l’homme ». Me Assane Dioma Ndiaye a précisé que tous « vont demander des dommages et intérêts prévus par la loi, estimant que les conditions pour une indemnisation sont réunies ». Une thèse confortée par son confrère, Me Ciré Clédor Ly qui, lui, estime que cette longue détention est « injuste et incompréhensible lorsqu’on dit que nous sommes dans un État de droit ».
PAULIN HOUNTONDJI, AU-DELÀ DE LA CRITIQUE DE L'ETHNOPHILOSOPHIE
Et s’il fallait passer par Husserl pour comprendre Hountondji ? C’est le pari du philosophe sénégalais Bado Ndoye dans son nouvel ouvrage qui vient de paraître intitulé « Paulin Hountondji : leçons de philosophie africaine » (Riveneuve, 2022, 181 pages)
Et s’il fallait passer par Husserl pour comprendre Hountondji ? C’est le pari du philosophe sénégalais Bado Ndoye dans son nouvel ouvrage qui vient de paraître intitulé « Paulin Hountondji : leçons de philosophie africaine » (Riveneuve, 2022, 181 pages). À rebours de ceux qui réduisent très souvent l’œuvre de Hountondji à la critique de l’ethnophilosophie, Ndoye change de perspective et nous fait découvrir une autre facette du philosophe béninois, différente de l’image du « philosophe positiviste eurocentré » que l’on s’était faite de lui.
Paulin Hountondji est l’une des figures les plus marquantes de la philosophie en Afrique. Mais il existe, si l’on peut dire, un quiproquo dans la compréhension des « deux moments » de sa pensée : sa vive critique de l’ethnophilosophie exposée dans « Sur la philosophie africaine », son ouvrage polémique publié en 1977, et les articles et ouvrages publiés par la suite à propos de la réappropriation des savoirs endogènes africains. Ainsi, même si l’on reconnaît au philosophe béninois (il est né en 1942 à Abidjan) d’avoir fixé pour l’essentiel les termes du débat philosophique africain tel qu’il s’est constitué dès le début des années 1970, il reste qu’il semble avoir renié sur le tard les thèses qui lui avaient valu d’avoir été présenté comme le philosophe africain le plus célèbre de ces cinquante dernières années. Pourtant, nous dit le philosophe sénégalais Bado Ndoye, il n’y a chez Paulin Hountondji « ni reniement ni revirement, mais poursuite d’une même problématique dont les déplacements, rectifications et reprises critiques ont jalonné un même parcours philosophique ». Dans son nouvel ouvrage qui vient de paraître intitulé « Paulin Hountondji : leçons de philosophie africaine » (Riveneuve, 2022, 181 pages), Ndoye met en lumière la logique unissant les « deux moments » de la pensée de Hountondji. En effet, souligne-t-il, l’ethnophilosophie n’est pas le dernier mot de la philosophie de Hountondji et que la critique de l’ethnophilosophie n’a pas pour but de frapper d’anathème pour la bannir la notion de « philosophie africaine ».
Détour par la phénoménologie d’Edmund Husserl
Dès le milieu des années 1970, écrit Bado Ndoye, il a initié une réflexion qui le conduira dans ses écrits tardifs à ce que devait être une approche philosophique des cultures africaines. Mais pour comprendre pleinement le parcours qui avait fait de lui le philosophe de la critique de l’ethnophilosophie, il faut effectuer un détour par la phénoménologie d’Edmund Husserl. C’est du moins le pari que fait Bado Ndoye. Une telle invitation, écrit Souleymane Bachir Diagne, qui a préfacé cet ouvrage, ne pouvait trouver meilleure adresse que celle du philosophe sénégalais (Bado Ndoye), qui, pour avoir lui-même consacré une thèse et des articles remarquées à la phénoménologie husserlienne, « est particulièrement bien placé pour faire voir ici tout le bénéfice théorique qu’il y a à penser avec Husserl les problèmes philosophiques en Afrique ».
À ceux qui trouveraient paradoxal d’inviter parmi les penseurs du continent un philosophe (Husserl) qui a déclaré que la philosophie ne peut appartenir en propre qu’à l’Europe, mettant à part une « humanité européenne » sur laquelle les autres feraient bien, autant qu’elles le peuvent de se modeler, Bado Ndoye maintient, avec Hountondji, qu’il existe dans la phénoménologie de Hussserl une « leçon de philosophie africaine ».
Pour cela, l’auteur distingue un premier Husserl, idéaliste et donc insensible à la réalité empirique des cultures, et un second Husserl plus soucieux de l’hétérogénéité de fait des cultures historiques. C’est plutôt ce dernier qui l’intéresse dans cet ouvrage.
Continuité
Si Paulin Hountondji a été critiqué, ses détracteurs l’accusant d’avoir de la philosophie une conception eurocentrée et élitiste, c’est parce qu’il passe d’ordinaire pour un marxiste althussérien ; et donc convaincu qu’il n’y a de philosophie qu’articulée au développement des sciences. Sans invalider cette approche althussérienne, Bado Ndoye propose une autre lecture qui éclaire sous un jour nouveau l’œuvre de Hountondji et la question des tâches de la philosophie aujourd’hui en Afrique. La critique de Tempels par Hountondji, souligne Bado Ndoye, est allé de pair avec la démarche qu’il a mise en œuvre d’élucidation du statut théorique des savoirs endogènes. « Il faudrait donc savoir tenir les deux bouts de la chaîne et lire d’un seul souffle la critique de l’ethnophilosophie et celui de l’exigence de reconstruction des savoirs dits traditionnels comme procédant d’une seule et même intention », invite l’auteur. Plus loin, il écrit : « (…) de la même manière qu’il y a eu principalement deux moments dans la phénoménologie husserlienne, l’on peut voir chez Hountondji un déplacement similaire qui fait advenir deux périodes dans le développement de sa philosophie » (page 70). Hountondji lui-même revient, dans la préface de son ouvrage autobiographique, « Combat pour le sens » (Les Éditions du Flamboyant, 1997), sur cette cohérence interne, cette « continuité » dans son œuvre. Ainsi, nous dit Bado Ndoye, l’idée de philosophie qui oriente la critique de l’ethnophilosophie ne peut être pleinement comprise que si elle est articulée à la problématique du sujet qui s’élabore d’abord chez le Husserl des « Recherches logiques » et « Ideen, I », et ensuite dans la « Krisis ».
De même, il voit une similitude entre la volonté de Hountondji de penser l’instauration d’une tradition de pensée scientifique en Afrique à partir des savoirs endogènes et celle du dernier Husserl cherchant à articuler l’univers des idéalités logico-mathématiques à la substructure du monde de la vie et à réinstaurer par cette voie inattendue l’idéal de la rationalité scientifique.
Vue sous cette angle, la critique de l’ethnophilosophie est « une manière de sauver les droits du sujet philosophant ». Ce qui suppose que l’on commence d’abord par « faire un sort à l’interprétation convenue d’un Hountondji altussérien » et ainsi « rompre avec la thèse trop longtemps brandie d’un Hountondji marxiste-althussérien et positiviste eurocentré », indique Bado Ndoye.
Arrière-plan idéologique
À travers la critique de l’ethnophilosophie, notamment la thèse du « sujet collectif », Hountondji met à nu l’arrière-plan idéologique qui supporte le livre du Révérend Père Placide Tempels, « La philosophie bantoue » (1947). En effet, fait-il remarquer, l’ouvrage, de Tempels « appartient de part en part à l’histoire de la philosophie occidentale, et qu’il prend part dans un débat intra-européen où l’Afrique n’est présente qu’à titre d’objet ». Or, pour Hountondji le philosophe africain ne saurait être un « ventriloque » qui reproduit les représentations erronées et les préjugés fallacieux que les autres élaborent sur lui. Autrement dit, « si la philosophie doit être conforme à son essence de discours critique sur soi-même et sur le monde, son inspiration ne devrait pas provenir de ce que les autres pensent ou disent des Africains, mais de l’initiative de ces derniers » (p. 85).
Pour ceux qui pensent que la critique de l’ethnophilosophie condamne les penseurs africains à « mourir dans la sociologie ou s’en détourner dans un mépris souverain », Bado Ndoye soutient avec force qu’il existe en réalité, dans la pensée de Hountondji, une « voie médiane ». Celle qui consiste « à penser les dépendances de l’esprit dans une perspective qui sauve à la fois les droits de la philosophie et ceux des sciences humaines et sociales ».
« Ré-instituer le sens de l’universel »
Une fois la critique de l’ethnophilosophie faite, il reste à s’atteler à l’examen sans concessions des superstructures culturelles dans lesquelles baignent les mentalités africaines, de sorte à mettre en lumière la façon dont les pratiques discursives y sont engendrées. Ce qui pose la problématique de l’oralité et la réhabilitation des langues africaines. À ce propos, contre le philosophe rwandais Alexis Kagamé, qui s’est fourvoyé dans la recherche d’une spécificité africaine et d’une « philosophie (bantoue) sans philosophes », Hountondji se tourne vers le ghanéen Kwasi Wiredu, philosophe de la traduction, pour mettre en lumière les véritables enjeux de la question philosophique des langues.
Pour conclure, l’enjeu ultime de penser Hountondji avec Husserl, comme le fait Bado Ndoye dans cet ouvrage, c’est de « ré-instituer pour nous, aujourd’hui, le sens de l’universel ». On l’aura compris, en faisant « dialoguer » un Hountondji soucieux de « démarginaliser » les savoirs endogènes avec un auteur (Husserl) resté « désespérément eurocentré » et qui, en cela, perpétue une tradition d’ostracisme, voire parfois de racisme que l’on retrouve chez de nombreux grands penseurs européens, Ndoye invite au fond à « désenclaver l’idée d’humanité » et l’humanité elle-même.
VIDEO
NE DURE PAS QUI VEUT, MAIS QUI PEUT
1982-2022. Ce dimanche 6 novembre marque le 40e anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Paul Biya. Quelles sont les clés de cette longévité hors du commun ? L’analyse de Christophe Boisbouvier
1982-2022. Ce dimanche 6 novembre marque le 40e anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Paul Biya. Par cette longévité politique exceptionnelle, le chef de l’État camerounais entre dans le « Club des cinq » – les cinq chefs d’État africains qui, depuis un siècle, ont franchi le cap des 40 ans au pouvoir.
Quelles sont les clés de cette longévité hors du commun ? L’analyse de Christophe Boisbouvier.
LE DILEMME DES LANGUES OFFICIELLES EN AFRIQUE
Plusieurs pays veulent rendre leurs langues nationales officielles, au même titre que le français ou l’anglais. Une démarche délicate qui demande du temps
Certains pays Africains sont en train de doter leurs langues nationales du statut de langue officielle au côté des langues dites de la colonisation. C’est le cas du Rwanda, de l’Afrique du Sud, du Lesotho, de Madagascar, du Burundi ou encore de la Tanzanie. Le débat est aussi présent au Mali sur fond de tension diplomatique avec la France.
Mais les linguistes préviennent que ce genre de décision, motivée par des dimensions politiques, peut créer de l’exclusion entre les populations au sein d’un même pays. Car la langue contribue à l’intégration sociale.
Le linguiste Sénégalais Seck Mamarame travaille au laboratoire de linguistique à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il salue "la promotion et la valorisation des langues nationales africaines".
Pour lui, "nos langues nationales, tant qu’elles resteront des langues de communication à l’intérieur des groupes, ne pourront pas se développer et être au même niveau que les langues occidentales. Il y a ce besoin de promouvoir les langues nationales et d’en faire des langues d’éducation, des langues de commerce."
Influence linguistique
Au Mali, un projet de loi est en cours pour faire du bambara la langue officielle du pays au côté du français. Certains réclament même que ce soit à la place du français.
C’est un mouvement qui se développe dans plusieurs pays, estime Seck Mamarame. "C’est en fait un sentiment général qui se développe en Afrique dans les anciennes colonies de la France. Celles-ci veulent se séparer de l’influence culturelle, linguistique, diplomatique et économique de la France."
Mais son collègue, le linguiste et écrivain rwandais François-Xavier Gasimba, prévient que cela ne doit pas se faire de façon brutale pour éviter d’exclure ceux qui ne parlent pas la langue choisie désormais comme officielle. Par exemple le bambara dans le cas du Mali. "Il ne faut pas exercer la violence vis-à-vis des langues dites de la colonisation, il faut plutôt une attitude de tolérance. Si une décision est prise de façon brutale, il va y avoir une sorte de frustration et d’exclusion", note François-Xavier Gasimba
Pas de changements brutaux
Dans plusieurs pays africains, les langues nationales cohabitent en effet avec le français ou l’anglais en tant que langues officielles. François-Xavier Gasimba évoque ainsi le cas du Rwanda.
Il rappelle que "le Kinyarwanda est depuis bien longtemps une langue nationale et aussi c’est une langue officielle à côté du français mais aussi de l’anglais. Et tout récemment, on a ajouté le swahili. Il faudrait œuvrer pour la convivialité des langues."
Précisons qu’une langue officielle est celle dont on se sert dans l’administration et dans tous les services officiels d’un Etat. Au niveau extérieur, elle est une langue de coopération dans le domaine politique, culturel et économique.
La langue nationale est, quant à elle, considérée comme propre à une communauté ou un groupe ethnique et sert pour les communications internes au sein de ce groupe.
LES MYSTÈRES DE LA LONGÉVITÉ DE BIYA AU POUVOIR
Le président camerounais apparaît comme un politique qui ne se laisse pas déchiffrer, à la fois déroutant et imprévisible
Pour certains, ce serait le caractère énigmatique du personnage. Selon d’autres, il faudrait mettre en avant la technique de gestion du personnel politique, dont il est un véritable démiurge, et sa capacité d’adaptation aux situations. À en croire d’autres encore, la piste de « l’initiation aux savoirs du pouvoir traditionnel » gagnerait à être explorée. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les « secrets » du bail exceptionnel de quarante ans du chef de l’État camerounais relèvent toujours d’un grand mystère.
« Je commencerai par dire que ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure qui peut (…) Les élections présidentielles camerounaises de 2018 sont certaines, mais encore lointaines. Nous avons le temps de réfléchir et le moment venu, les Camerounais et les amis français et tout le monde sauront si je suis candidat ou si je prends ma retraite ». Juillet 2015. Le président Paul Biya, à la faveur d’une conférence de presse conjointe, en compagnie du président français François Hollande, répond à la préoccupation de ceux qui veulent sonder son avenir politique, en lui faisant grief d’un long exercice du pouvoir. Et si ce propos résumait, à lui seul, le trait caractéristique de la personnalité du chef de l’État camerounais ?
La perspective d’analyse est pertinente à plus d’un titre. Octobre 2007. Quatre ans avant l’élection présidentielle de 2011 à laquelle il prit finalement part, le même Paul Biya, répondant à une question du journaliste Ulysse Gosset de France 24, sur son intention de se présenter à ce scrutin, s’était fendu de cette réponse : « Les élections présidentielles au Cameroun sont certaines, mais lointaines. ». Juillet 2022. Alors qu’on l’interroge une nouvelle fois sur l’horizon de sa retraite politique, le président, réélu en octobre 2018, a cette saillie : « Le Cameroun est dirigé conformément à sa Constitution. Selon cette Constitution, le mandat que je mène a une durée de sept ans. Alors, essayez de faire la soustraction et vous saurez combien de temps il me reste à diriger le pays. Mais autrement, quand ce mandat arrivera à expiration, vous serez informé sur le point de savoir si je reste ou si je m’en vais au village ».
Mystère et silence
Va-t-il se présenter en 2025 ? Mystère et boule de gomme. Chez le chef de l’État camerounais, cette manie de ne pas se dévoiler avant son heure, de combiner le maniement de l’énigme et de l’opacité, apparaît, aux yeux de nombreux observateurs, comme une des explications possibles de sa longévité au pouvoir. « On note chez lui, une gestion calculée et économe du temps qui joue sur le mystère et le silence », décrypte le professeur Mathias Eric Owona Nguini, sociopolitiste, enseignant à l’Université de Yaoundé II-Soa. Son collègue, le professeur Joël Narcisse Meyolo, du département d’Histoire de l’Université de Yaoundé I, renchérit : « Le président Paul Biya a su entretenir un mythe de sa personne. Ceci fait de lui un homme secret, imprévisible, le maître des horloges. Cette façon de faire lui confère le contrôle de ses collaborateurs, car personne ne peut prétendre savoir ou connaître quand ce dernier peut se mettre en mouvement. C’est ce qui explique, par exemple, qu’en quarante années, il forme trente-sept gouvernements ». À cette aune, le témoignage du professeur Titus Edzoa, chirurgien et ancien secrétaire général de la présidence de la République, n’en est que plus édifiant, sur ces aspects de la personnalité du président Biya : « Dans ce système, affirme cet ex-confident du chef de l’État tombé en disgrâce, le seul maître à bord est le président de la République. Il a un extraordinaire talent de créer un véritable hymen entre le formel et l’informel, situation inextricable dont il est le seul prestidigitateur. L’énigme est savamment créée et entretenue par lui-même ». Il n’est pas jusqu’à son prédécesseur, Ahmadou Ahidjo, lui-même, qui ne confessât son erreur d’appréciation de son successeur à la tête de l’État, au plus fort des premières crispations entre les deux hommes : « Je me suis trompé. Le président Biya est faible. Mais je ne savais pas qu’il était aussi fourbe et hypocrite », écrit-il, désabusé, dans un communiqué de presse du 24 août 1983.
Le président Biya apparaît donc comme un politique qui ne se laisse pas déchiffrer, à la fois déroutant et imprévisible, selon de nombreux témoignages. Mais il est constant qu’il a plusieurs cordes à son arc, pour dominer ainsi la scène politique camerounaise depuis quarante ans. Il est perçu comme le démiurge d’une bonne partie du personnel politique qui lui est redevable, aussi bien au sein de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC au pouvoir), que dans les arcanes de l’État. « Aux côtés de sa vie secrète, le président Biya, en instaurant des hommes forts par séquences, s’est assuré une certaine popularité auprès des populations. C’est ce qui explique, par exemple, qu’en l’absence d’une présence physique sur le terrain, il soit toujours maître du jeu. Les hommes forts sur lesquels il s’appuie reçoivent des facilités diverses faisant d’eux des excroissances du chef de l’État, et donc, les gages de sa popularité », explique l’historien Joël Narcisse Meyolo. Pour autant, la gestion de ses « créatures » politiques, n’en obéit pas moins à des principes et logiques bien identifiés, comme le précise, le sociopolitiste Mathias Eric Owona Nguini : « On note chez le président Biya une gestion manœuvrière du personnel politique. Il fait tourner le carrousel. En évitant que se constituent des personnalités politiques trop fortes et qui pourraient devenir incontrôlables ». D’où, probablement, une tendance chez le « patron » à, si ce n’est attiser, du moins à s’accommoder des micro-rivalités qui animent la vie politique locale, dans les régions, les clans, voire des familles, dont les diverses figures deviennent très vite interchangeables, au gré de la formation des équipes gouvernementales, ou des nominations en forme de disgrâces et de promotion à diverses fonctions dans le RDPC, l’appareil d’État, ou encore les entreprises publiques.
SUR LES TRACES D'ALINE SITOÉ DIATTA, MYSTÉRIEUSE HÉROÏNE ANTICOLONIALE SÉNÉGALAISE
D'Aline Sitoé Diatta, au Sénégal, il ne reste presque plus rien. De matériel du moins. Pas de corps, pas d'objet, pas de maison."Les colons ont tout pris", assure Mathurin Senghor Diatta, l'un de ses neveux."Mais on a gardé son souvenir"
Celle qui est aussi surnommée "la reine de Kabrousse", née en 1920 dans ce petit village du sud du pays, et morte en 1944 à Tombouctou, dans l'actuel Mali, incarne la lutte anticoloniale au Sénégal et est devenue l’héroïne la plus célèbre de Casamance, territoire enserré entre la Gambie au nord et la Guinée-Bissau au sud.
Le bateau qui fait la navette entre Dakar et la Casamance porte son nom, tout comme la résidence universitaire des filles dans la capitale sénégalaise, des écoles ou des stades.
En 2020, la dramaturge française Karine Silla écrit un livre de fiction sur le personnage. Sur la couverture, la photo d'une jeune femme qui pose fièrement, les bras croisés, seins nus, pipe à la bouche. Dans son village ou dans les universités, nul ne peut dire s'il s'agit d'elle.
A Kabrousse, c'est la fin de la saison des pluies.Les rayons du soleil percent sous des nuages menaçants.Une légère brise fait danser les feuilles des arbres.Quelques chiens aboient. Des enfants se chamaillent et poussent des cris.
Dans quelques heures, les habitants - de croyance animiste - se retrouveront pour prier sur la place du village et exercer "le fétiche" qu'Aline Sitoé Diatta leur a enseigné, celui de faire tomber la pluie, indispensable à la culture du riz.
Ici, tout le monde connaît l'histoire de la jeune femme, déportée par les Français à 24 ans dans la lointaine Tombouctou, à plus de 2.300 km, parce qu'elle était suspectée de fomenter une rébellion contre la puissance coloniale.
- Enjeux mémoriaux -
Pourtant, Matar Sambaïsseu Diatta, le chef du village, l'assure : "Elle ne s'est jamais opposée à l'intrusion coloniale. A l'époque, beaucoup de monde venait la consulter et les colons ont cru qu'elle représentait un danger. Son histoire a été réécrite par la suite".
Cette version est aussi partagée par l'anthropologue Jean Diédhiou, enseignant-chercheur à l'université de Ziguinchor, qui évoque "une contradiction mémorielle" et "une réécriture de l'histoire à des fins politiques".
Pour lui, "Aline Sitoé Diatta était une prêtresse comme il y en avait d'autres en Casamance".Or, "chaque village dans la région est indépendant et a ses propres cultes", et elle n'a jamais incité à se soulever contre l'ancienne puissance coloniale.
En revanche, elle appelait à la spiritualité des ancêtres et incitait à la désobéissance civile pour s'opposer aux réquisitions de riz, un impôt obligatoire à l'époque.
"Son statut, elle le tient de son arrestation et de son exil, et de la place que les colons lui ont donnée.C’est ce que j’appelle le paradoxe de la post-colonisation.On reprend ce que les colons nous ont légué en héritage", estime M. Diédhiou.
La figure d'Aline Sitoé Diatta est entrée dans la mémoire collective dans les années 1970-1980 à travers des émissions radios présentées par l’abbé Augustin Diamacoune Senghor, un prêtre et chef indépendantiste casamançais, avant d'être popularisé par des mouvements de gauche à la recherche de figures du combat contre la colonisation.
- Exemple féminin -
"Pour les jeunes politisés dans les années 70-80, Aline Sitoé Diatta faisait partie des références incontournables.On luttait pour réhabiliter nos héros nationaux et nous avions créé un prix qui portait son nom pour récompenser ceux qui œuvraient pour l'émancipation des femmes", se souvient Fatoumata Sow, journaliste et membre fondateur du mouvement Yewwu Yewwi pour la libération des femmes.
"Elle incarnait les valeurs de résistance, d’égalité des sexes et de promotion sociale des femmes", poursuit-elle.
Son appartenance au peuple diola, une ethnie de Casamance, a servi à cimenter l'unité nationale, alors qu'une rébellion armée sécessionniste a revendiqué l'indépendance de la région à partir des années 80, rappelle Alioune Tine, figure de la société civile au Sénégal.
Il rappelle l'importance pour les Sénégalais "d'avoir des héros dans les différentes régions, avec des communautés qui peuvent s’identifier à eux, et des héroïnes, pour les femmes".
A Cap Skirring, une ville touristique près de Kabrousse, Kani Ba, une Française de 40 ans dont la famille est originaire du Sénégal, est assise à une table de son campement. "Je suis retournée sur ma terre parce qu'Aline Sitoé Diatta venait d'ici. Je voulais voir où elle avait vécu, ressentir son énergie", confie-t-elle.
"En France, on met en avant les femmes, mais rarement des femmes noires.C'est nécessaire et vital d'avoir des héroïnes afrodescendantes qui nous aident à avancer.La vie est plus simple quand on assume son identité", explique-t-elle.
PAR Charles Faye
MORTAL MARS
Tranquilles. Pragmatiques. Voilà comment se sont montrés jeudi dernier les Sénégalais. Ils veulent un climat social paisible, une vie moins chère, des vivres plein le frigo, une justice taillée pour tous et non à la tête du client
A trop vouloir se faire désirer on finit par se faire oublier. Si je comprends bien, je peux dire, par analogie, qu’à trop vouloir se faire peur, on finit par se faire audacieux. Et qui dit courage, bravoure, hardiesse, ou encore intrépidité, dit héroïsme.
De ce point de vue, les Sénégalais sont bien servis. Il suffit de plonger dans le passé, conté et jamais écrit, par ceux qui soutiennent, que nous ne sommes pas suffisamment rentrés dans l’histoire, pour savoir que nos concitoyens ont de qui tenir.
Ils l’ont montré et démontré encore à qui voulait le voir, jeudi dernier
Vaquant à leurs occupations, non sans humour. Loin d’être tétanisés par la bunkérisation de Dakar, et attentifs aux bruits de couloir du Palais de justice, où se rendait El Phénoméno Sonko, pour son audition, devant le juge d’instruction, Monsieur Oumar Maham Diallo, vedette malgré lui, d’une téléréalité sulfureuse et rocambolesque.
Comme il sait le faire, le génie sénégalais a survolé la journée que d’aucuns avaient prédite rouge sang, ignorant sans doute, que bon scénariste, ce génie rebondissant ferait place aux “jounaleux”, pour qu’ils la meublent de rivalité et d’envolées dignes de l’arène.
Il faut que chacun en ait pour son émotion. Notre ADN nationale.
Moralité de fin de journée, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat. Le Juge a entendu El Phénoméno, qui est rentré chez lui, amputé de quelques gros bras, cueillis la même journée à Thémis pour coups et blessures.
Quant à Dame Justice, jusqu’ici édulcorée par la perception galvaudée, elle a tiré son épingle du jeu, sous haute protection digne des polars hollywoodiens.
Politiquement parlant, ce ne fut pas mal non plus. Des postures contradictoires sur la riposte à Yewwi, aux remontrances de cadres dopés du pouvoir, il en est ressorti toutefois une constante que les Sénégalais demandent de garder á l’esprit.
A savoir, toujours aller á l’essentiel. Parce que ce n’est qu’ainsi, en sociologie politique, que l’on trouve les ressorts pour ne pas sombrer dans la peur et basculer dans la déraison.
C’est là, une invite manifeste, d’arrêter de surfer sur la manipulation des masses populaires, fortement éprouvées par les dures réalités de leur quotidien, mais non moins déterminées à tourner la page de mars 2021.
Tranquilles. Pragmatiques. Voilà comment se sont montrés jeudi dernier les Sénégalais. Ils veulent un climat social paisible, une vie moins chère, des vivres plein le frigo, une justice taillée pour tous et non à la tête du client.
Quant à El Phénoméno Sonko, de retour chez lui et à la disposition du juge, il va voir venir et étoffer sa défense. L’essentiel étant pour lui de se tirer d’affaire et qui sait de retrouver le Macky sur le chemin de la présidentielle. Reste qu’Adji Sarr n’a pas dit son dernier mot. Quand je vous dis que nous sommes dans un pays d’héros et d’héroïne.
KABIROU MBODJE INCARCÉRÉ À PARIS
Après avoir été mis en examen le 13 octobre, le fondateur franco-sénégalais de la plateforme de transfert d’argent Wari est désormais en prison
D’après une information publiée par le quotidien sénégalais Walf Fadjri, que JA a pu confirmer auprès de l’un de ses proches, l’entrepreneur franco-sénégalais Kabirou Mbodje a été placé en détention le 3 novembre à Paris, à la prison de la Santé. Depuis le 13 octobre, il était mis en examen pour un triple viol et placé sous contrôle judiciaire.
Selon le procureur, cette incarcération serait justifiée en raison du risque de fuite du fondateur de la plateforme de transfert d’argent Wari. Contacté, son avocat Philippe Zeller n’avait pas répondu à nos sollicitations au moment où nous mettions cet article en ligne.
Les viols auraient été perpétrés dans la nuit du 6 au 7 octobre au domicile de l’intéressé. Après avoir passé la première partie de la soirée au Serpent à plume, un établissement situé place des Vosges, Kabirou Mbodje avait invité trois femmes dont il venait de faire connaissance par l’intermédiaire d’un de ses amis à prolonger la nuit chez lui.
Le palais présidentiel abrite actuellement, un conseil spécial de la consommation. L’objet principal est de discuter de la baisse de certains produits et services
Le palais présidentiel abrite, actuellement, un conseil spécial de la consommation. L’objet principal est de discuter de la baisse de certains produits et services. Une rencontre importante, puisqu’il sera question de se pencher sur les différentes conclusions des commissions.
Le loyer, le riz et autres verront-ils leurs prix baisser ? En tout cas, une réunion spéciale est actuellement en cours au palais présidentiel. En effet, le Premier ministre a bouclé le rapport sur les concertations contre la vie chère. Le document sera soumis à l'appréciation du Président Macky Sall et des acteurs cet après-midi.
Les discussions vont porter sur la validation des propositions de baisse. Le Président Sall avait fixé au chef du gouvernement un délai d'un mois pour rendre le rapport sur les propositions de baisse de certains prix lors de la réunion présidentielle de lancement des concertations le 26 septembre.
PÈLERINAGE 2022 : UN BILAN SATISFAISANT
Le Délégué général au pèlerinage aux lieux saints de l’islam, Abdou Aziz Kébé dit tirer un ’’bilan satisfaisant’’ du Hadj 2022, parlant d’un ’’contexte particulier’’ relatif notamment à la crise sanitaire du coronavirus et les restrictions qui ont suivi.
Saly Portudal, 5 nov (APS) - Le Délégué général au pèlerinage aux lieux saints de l’islam, Abdou Aziz Kébé dit tirer un ’’bilan satisfaisant’’ du Hadj 2022, parlant d’un ’’contexte particulier’’ relatif notamment à la crise sanitaire du coronavirus et les restrictions qui ont suivi.
"Le pèlerinage s’est déroulé avec satisfaction du début à la fin. Parce que ce qui importe c’est de respecter la commande de l’Etat qui se résume dans la facilitation de l’accomplissement du pèlerinage pour le citoyen sénégalais’’, a-t-il dit à l’ouverture d’un atelier d’évaluation.
Cette rencontre de trois jours porte notamment sur l’évaluation du pèlerinage 2022 en vue de ’’déceler les failles et apporter des correctifs pour l’édition 2023’’, a-t-on appris des organisateurs.
Après deux ans de suspension du pèlerinage musulman à la Mecque due à la pandémie du coronavirus, ’’la reprise s’est faite dans des conditions particulière, à savoir la réduction des quotas, les délais courts pour l’organisation et la restriction sur l’âge etc’’, renseigne le Pr Kébé.
Le délégué général au pèlerinage aux lieux saints de l’islam a toutefois évoqué ’’quelques difficultés’’ relatives notamment au ’’transport aérien et à la hausse sur le prix’’.
"Lorsque les coûts sont triplés, les gens s’attendent à une évolution du point de vue de la qualité de service. Quand il n’y a pas cet ajustement entre ces deux éléments, il y a des problèmes au niveau du consommateur sénégalais", a-t-il expliqué.
"Le deadline était trop serré mais en 45 jours, nous avons pu convoyer les pèlerins dans de bonnes conditions", s’est félicitée Adja Dado Ndour, directrice d’une agence de voyage.
Cette voyagiste privée a toutefois déploré les taxes du royaume d’Arabie saoudite ’’qui ont été triplées sans aucune amélioration dans l’offre de service’’, selon elle.