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8 août 2025
LE GIABA ET LE PROJET OCWAR EN ACTION CONTRE LE BLANCHIMENT DE CAPITAUX
Le projet Ocwar-M a pour objectif de contribuer à la réduction du blanchiment de capitaux (Bc) et du financement du terrorisme (Ft) dans les 15 pays de la Cedeao et en Mauritanie.
Le Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest a démarré le 31 octobre 2022 à Saly-Portudal, un atelier régional sur les rôles et responsabilités du comité interministériel, comité national de coordination de la Lb/c/Ft/P (lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme et de la prolifération des armes de destruction massive. Le projet Ocwar-M a pour objectif de contribuer à la réduction du blanchiment de capitaux (Bc) et du financement du terrorisme (Ft) dans les 15 pays de la Cedeao et en Mauritanie.
Edwin W. Harris Junior, le Directeur Général du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent en Afrique de l’Ouest (Giaba) considère que ’’ la création des comités interministériels des comités nationaux de coordination selon l’appellation dans les pays est d’une importance capitale dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme et le financement d’armes de destruction massive ‘’.
A l’en croire, la majeure partie du travail dans la lutte contre le blanchiment de capitaux repose sur les cellules de renseignements financiers. La création des comités interministériels, des comités nationaux de coordination vient appuyer au travail des cellules de renseignement financier en matière de coordination de coopération. Selon ses propos, la mission qui est assignée ne saurait être détachée de celle du Giaba consistant à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme et la protection du système financier des crimes cités. Selon lui, les partenaires s’investissent pour assister les pays afin de renforcer leurs capacités en matière de lutte contre ces infractions citées plus haut.
Pour Stéphanie Barthomeau, coordinatrice du projet, le blanchiment de capitaux, le financement du terrorisme et le financement de la prolifération des armes de destruction massive (Bc/Ft-Padma) restent des menaces pour la sécurité et l’intégrité des Etats. La lutte contre ces infractions exige des dispositifs essentiels à la protection de l’intégrité des marchés et de la structure financière mondiale. ‘’Les objectifs du diagnostic restent l’analyse du dispositif national de coordination de chaque Etat membre du Giaba et de la Mauritanie. Financé par l’Union Européenne et mis en œuvre par Expertise France, Oswar-M est l’un des trois projets du programme de lutte contre le crime organisé en Afrique de l’Ouest avec Ocwar-T (Trafic) et Ocwar-C (Cyber-sécurité)’’.
Selon Stéphanie Berhomeau ‘’Les objectifs poursuivis par le projet sont d’avoir des cadres légaux et réglementaires solides, des cellules nationales de renseignement financier formées et outillées, une chaîne pénale réactive et opérationnelle, des assujettis organisés et conscients de leur rôle, une coopération régionale et internationale efficace. Ce mécanisme de coordination est essentiel pour la définition et la mise en œuvre d’une politique nationale efficace de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme ».
Et de conclure : « Les 15 Etats-membres du GIABA et la Mauritanie disposent tous, désormais, d’un tel mécanisme de coordination. Pour autant, tous ne sont pas aussi dynamiques qu’ils devraient l’être et peinent à tenir leur rôle pour des raisons soit structurelles soit conjoncturelles selon les pays. Pourtant, un comité national de coordination fort et structuré est un préalable indispensable à un dispositif Lbc/Ft conforme et efficace ».
Par Michel RASPAUD
LES ENJEUX SECURITAIRES DE LA COUPE DU MONDE AU QATAR
Régime «rentier, oligarchique et clientéliste», le Qatar a, comme l’explique le chercheur Danyel Reiche, mis en place une politique de soft power par le sport
Régime «rentier, oligarchique et clientéliste»), le Qatar a, comme l’explique le chercheur Danyel Reiche, mis en place une politique de soft power parle sport. Celle-ci, initiée à partir de 1995 après la prise de pouvoir du cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, a été renforcée en 2008 par la Qatar National Vision 2030, un programme ayant pour objectif à la fois de renforcer la sécurité nationale et de garantir le maintien au pouvoir de la famille régnante.
C’est dans ce cadre que, du 20 novembre au 18 décembre (jour de fête nationale), le Qatar accueillera la 22e Coupe du monde FIFA. De vives polémiques ont agité les années séparant l’attribution de la compétition (2010) – controversée et entachée de soupçons de corruption – de son organisation. Ces polémiques portent notamment sur le coût des travaux estimé à 200 milliards de dollars ; sur l’empreinte écologique de l’événement, bien que ce sera le Mondial géographiquement le plus ramassé depuis le tout premier, organisé en 1930 à Montevideo ; sur les conditions de travail sur les chantiers, quasi esclavagistes et le nombre de décès d’ouvriers, pointés en particulier par une enquête du Guardian… Liste non exhaustive.
Toutes ces questions sont tout à fait pertinentes mais, à l’approche du Mondial, d’autres interrogations importantes émergent, ayant trait à l’accueil des supporters, ainsi qu’à la sécurité globale.
Un afflux de touristes inédit
Le Qatar accueillera durant la Coupe du Monde près de 1,5 million de touristes, pour une population totale de 2,9 millions de personnes (dont 90 % d’immigrés, parmi lesquels Gianni Infantino, le président de la FIFA, qui s’y est récemment installé !), sur un territoire équivalent à la région Île-de-France.
Ce Mondial est un important enjeu touristique pour un pays qui accueillait près de 3 millions de touristes par an au milieu des années 2010 (avant le blocus de 2017 et la crise du Covid) Ces supporters se concentreront sur un périmètre très réduit : sept des huit stades se trouvent à Doha ou dans un rayon de 20 km (à Al-Rayyan et Al-Wakrah), et seulement 75 km séparent le stade le plus au Nord (à Al-Khor) de celui le plus au Sud (à Al-Wakrah).
La première partie de la compétition (du 21 novembre au 2 décembre) sera très sensible puisque la phase de poules verra se jouer 48 rencontres, soit quatre par jour, impliquant des déplacements massifs et incessants de huit cohortes de supporters, au contraire des Coupes précédentes où seuls deux équipes et leurs fans se trouvaient simultanément dans une même ville.
La gestion des flux des foules sera donc un gros enjeu. Helmut Spahn, le directeur de la sécurité de la FIFA, estime que 350 000 supporters seront réunis en même temps à Doha, mais se montre toutefois confiant: « Il faut gérer ça. Mais nous pouvons faire l’histoire et je suis presque sûr que nous y arriverons. »
Alors qu’il se trouvera pendant cinq semaines sous les yeux des médias du monde, le Qatar ne peut se permettre le moindre faux pas en matière de sécurité. De ce point de vue, il y a deux enjeux majeurs : la sécurité dans l’espace public et dans les stades ; et la lutte contre le terrorisme.
Sécurité dans l’espace public
Comment contrôler durant plusieurs semaines ces foules qui, à la différence des très nombreux travailleurs immigrés se trouvant en permanence dans le pays, disposeront de liquidités financières conséquentes puisque les prix du transport aérien et des hôtels sont très élevés, et de beaucoup de temps libre ?
Certains éléments de réponse à cette question ont fait l’objet de nombreuses prises de parole, informations et, aussi, fake news. Ainsi du comportement individuel et collectif dans l’espace public : il est vrai que les traditions vestimentaires locales exigent la couverture du corps, même si une certaine tolérance est accordée aux touristes, et les démonstrations d’affection en public heurtent les valeurs culturelles locales et sont proscrites ; quant à la consommation d’alcool et l’ébriété sur la voie publique, elles sont punies par la loi. Toutefois, il est possible de se procurer de l’alcool dans certains restaurants et hôtels internationaux, et la FIFA a annoncé qu’il sera possible de se procurer de la bière du principal sponsor dans les fan zones trois heures avant et une heure après les matches.
Il y a peu, une information s’est répandue suite à un article du tabloïd Daily Star, selon lequel les relations sexuelles hors mariage seraient totalement interdites. Elles le sont effectivement, mais dans la réalité bien peu d’hôtels se préoccupent de la question en demandant un certificat de mariage aux couples, car le personnel est quasi exclusivement étranger.
En revanche, il est vrai que l’homosexualité n’est pas tolérée au Qatar. Elle tombe sous le coup de la loi et les personnes reconnues coupables sont passibles de sept ans de prison.
La FIFA assure toutefois qu’elle s’engage avec le Qatar à « garantir la sécurité et l’accueil chaleureux de tous les participants à la Coupe du Monde de la Fifa. Cela implique de veiller à ce que les activités des forces de l’ordre liées à la Coupe du Monde de la Fifa soient strictement nécessaires et proportionnées. Comme cela a été le cas lors de plusieurs événements internationaux que le Qatar a accueillis, la vie privée des personnes sera respectée. »
Toutefois, les autorités qataries ne s’y sont pas formellement engagées, et des démonstrations ostensibles heurteraient les nationaux au point de troubler l’ordre public.
Coopération sécuritaire internationale
Si la conférence « Le dernier mile de la Coupe du Monde Qatar FIFA-2022 » s’est tenue en mai à Doha, en présence de responsables de la sécurité représentant chacun des 32 qualifiés, le Qatar développe de longue date des coopérations pour relever certains défis tels que la gestion de la menace terroriste, le hooliganisme, les mouvements de foule, les cyberattaques, ainsi que certaines problématiques que les autorités locales ont peu l’habitude de gérer: contrefaçon, consommation d’alcool, actions d’organisations contestataires…
Contrairement aux autres pays arabes du Golfe, le Qatar est en bons termes avec l’Iran, avec qui il partage le North Dome, plus grand gisement de gaz au monde, Téhéran étant même venu à son secours alimentaire lors du blocus de 2017, il est a priori peu probable qu’une attaque vienne d’ici, d’autant plus que l’équipe nationale participe au Mondial. Cependant, du fait que le Qatar a joué les médiateurs lors de la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan, une éventuelle menace djihadiste pourrait venir de groupes basés dans ce pays tels que l’Organisation de l’État Islamique-Khorasan, redevenue plus active depuis le départ des Américains et qui a récemment perpétré des attentats à Kaboul et Herat et s’oppose au pouvoir taliban.
Toutefois, aucune menace n’a été proférée. Enfin, last but not least, un rapport commandé en 2010 par le Français Jérôme Vlacke, alors Secrétaire général de la FIFA, notait que la proximité du Qatar avec des pays ayant une présence d’AlQaida et son projet d’entasser des millions de fans et les joueurs dans une zone très centralisée en faisait un lieu à haut risque…
Sur ce point, la coopération avec la France (initiée dès les Jeux asiatiques de Doha en 2006) se concrétise en 2019 lors d’une visite au Qatar du premier ministre français de l’époque, Édouard Philippe, puis par un accord signé à Doha le 21 mars 2021. Le Qatar est alors qualifié de « partenaire stratégique pour la France ». Un projet de loi au Sénat en résulte, portant sur les aspects suivants : planification, contre-terrorisme, gestion de l’ordre public, renseignement, sécurité des installations sportives, sécurité des mobilités, moyens spéciaux terrestres, moyens aériens, cybersécurité, sécurité civile.
Des missions d’assistance et de formation seront réalisées auprès des forces intérieures locales (échange d’informations, envoi d’experts et de spécialistes, entraînements en commun). Sont prévus aussi le déploiement de gendarmes, policiers et sapeurs-pompiers, et la mise à disposition de matériels, équipements, véhicules et engins.
Autre coopération, avec la Turquie, qui a formé 677 membres du personnel de sécurité qataris dans 38 domaines, et déploiera 3 000 policiers anti-émeute, 100 membres des forces spéciales, 50 chiens de détection de bombes et leurs opérateurs, et 50 experts en bombes.
Autre coopération, avec la Turquie, qui a formé 677 membres du personnel de sécurité qataris dans 38 domaines, et déploiera 3 000 policiers anti-émeute, 100 membres des forces spéciales, 50 chiens de détection de bombes et leurs opérateurs, et 50 experts en bombes.
Enfin, l’OTAN apportera son soutien sécuritaire par une formation contre les menaces posées par les matières chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires (CBRN), par une seconde concernant la protection des personnes importantes (VIP), et une troisième pour contrer les menaces posées par les engins explosifs improvisés.
La sécurité est aussi un enjeu de communication
Le Qatar précise que, pendant le tournoi, un centre de coopération policière internationale sera présent afin de prévenir tout incident. Aussi, le directeur de la sécurité de la FIFA estimet-il que le risque terroriste est « faible et sous contrôle » comparé aux Coupes du monde précédentes : « Nous avons eu des menaces d’attaque terroriste avant un Mondial, des grèves dans la sécurité privée et la police, parfois des problèmes d’infrastructures dans des stades qui n’étaient pas prêts. Ça n’est pas le cas ici. »
L’accueil du Mondial 2022 est un enjeu d’image considérable pour le Qatar, d’où ces coopérations sécuritaires internationales. D’où, aussi, ces discours de tolérance dont on ne sait s’ils se concrétiseront positivement durant l’événement.
Les vives critiques subies depuis des années en ce qui concerne le non-respect des droits humains et des travailleurs ainsi que l’intolérance des mœurs mettent en évidence la face noire du pays. Tout incident relevant de ces questions pourrait brouiller le message que le Qatar destine au monde concernant la qualité de l’accueil et la tolérance, composants essentiels d’une stratégie d’attractivité touristique .
« LA BCEAO DOIT ETRE PRUDENTE PAR RAPPORT A SA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE L’INFLATION »
Abdou Kane, économiste et professeur titulaire des universités, Intervenant sur comment lutter contre la hausse de l’inflation en Afrique subsaharienne, dans le cadre de la présentation de l’édition d’octobre 2022 du rapport du FMI
Intervenant sur comment lutter contre la hausse de l’inflation en Afrique subsaharienne, dans le cadre de la présentation de l’édition d’octobre 2022 du rapport du Fonds monétaire international (Fmi) sur les perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne, Abou Kane, professeur titulaire des universités, non moins agrégé des sciences économiques a appelé la Banque centrale à la prudence dans sa lutte contre l’inflation l’ayant conduit à augmenter ses taux d’intérêt à 2,5%, comme c’est le cas pour de nombreuses banques centrales du monde.
L’économiste a d’emblée convoqué les causes de l’inflation pour argumenter son appel à prudence. A l’origine de la situation actuelle, les politiques d’assouplissement quantitatif des banques centrales des pays développés après la pandémie, avant ou pendant la guerre, en injectant beaucoup de liquidités et l’aspect psychologique autrement dit les anticipations. Parce qu’explique-til « durant la Covid, la demande s’est tassée », dans l’espoir qu’après la crise sanitaire, « la demande explose ».
Théoriquement, relève-t-il, pour faire savoir que la dynamique de « l’inflation dépend de trois facteurs essentiels à savoir les anticipations, le cycle économique, et la fluctuation des taux de change ». En termes clairs, cela peut signifier une inflation importée, ou une inflation par la demande, ou une encore une inflation par les coûts. Dans son argumentaire, il écarte de facto « l’inflation par la demande » pour ne retenir que « l’inflation importée et partiellement l’inflation par les coûts », explique-t-il.
Rapportant cette inflation à nos petites économies ouvertes, il soutient qu’en l’espace la théorie économique nous apprend que « l’origine du choc n’est pas importante. C’est plutôt sa nature qui est importante parce que l’origine peut être interne ou externe. Mais, la nature du choc peut être réelle ou irréelle », explique le non moins chef du département de la Faculté des sciences économiques et de gestion de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Dans le cas précis, « la nature du choc n’est pas liée à la monnaie mais plutôt une inflation réelle », argumente l’économiste. Parce que nos pays sont fortement dépendants des importations, notamment en produits alimentaires. Donc, « l’inflation que nous avons est tirée par les produits alimentaires », fait-il-savoir.
Tout le contraire de l’inflation connue en Europe, tirée par la hausse des prix du carburant, de l’électricité, du gaz, des fruits, des légumes, les hôtels et maintenant par les taux d’intérêt. Ce qui lui fera dire que « les situations sont un peu différentes ». Et de ce point de vue, conseille-il : « La Banque centrale (Bc) doit rester prudente ». Car, explique-t-il : « Celle-ci (Bc) ne doit pas réagir vite, parce que nous n’avons pas un problème d’explosion de la demande ». Mais au contraire croit-il savoir: «Notre demande même est assez terne ». Autrement dit, semble-t-il dire, « il y a un grand écart entre Produit intérieur potentiel (Pib) et le Pib absorbé dans le pays ».
DES PANAFRICANISTES TRANCHENT POUR UNE NOUVELLE VOIE
Le développement du continent africain est hypothéqué depuis sa balkanisation, aux lendemains de la Conférence de Berlin (1884-1885).
Des intellectuels d’Afrique, d’Europe, d’Asie et des Amériques ont pris part à la 2ème édition de la conférence sur la souveraineté économique et monétaire de l’Afrique qui s’est tenue du 25 au 28 octobre dernier à Dakar. Au terme de cette rencontre, ils ont tranché pour une nouvelle voie panafricaniste devant donner plus de souveraineté à nos sociétés, embastillées depuis fort longtemps par le système capitaliste occidental.
Le développement du continent africain est hypothéqué depuis sa balkanisation, aux lendemains de la Conférence de Berlin (1884-1885). Un morcellement territorial en micro-Etats faisant des pays du continent des indépendances politiques de petite taille, incapables de se développer. Parce que, justement leur structure de production primaire les oblige à instaurer une coopération économique avec leur métropole. Une manière pour ces puissances européennes de mieux contrôler les ressources et maintenir lesdits Etats dans la pauvreté endémique.
Fort de ce constat déchirant, des panafricanistes d’ici et d’ailleurs se sont réunis, du 25 au 28 octobre dernier, à Dakar dans le cadre de la 2ème édition de la Conférence sur la souveraineté économique et monétaire de l’Afrique pour débattre autour des thèmes relatifs à la déconnexion, la monnaie, la finance, la crise climatique, la crise socio-écologique, la question des réparations globales.
Au terme de cette rencontre de haute facture, qui a pris fin vendredi dernier et à laquelle ont participé qualitativement des économistes, des chercheurs, des anthropologues, des politologues, et des environnementalistes, tous ont convenu d’établir plus de connexion entre les acteurs, d’arriver à un partage d’idées avec les mouvements de masse, de porter le message auprès des dirigeants politiques des pays respectifs, à plus d’implication des médias pour mieux sensibiliser les masses populaires. Cette nouvelle orientation devrait conduire à plus de prise de conscience des Africains pour mettre en œuvre la stratégie devant conduire à une souveraineté monétaire, alimentaire, pharmaceutique, politique, le développement de la coopération sud-sud et l’autonomie financière de l’Afrique pour se prendre en charge face aux nombreux défis.
Pour ce qu’il en sera de la production intellectuelle ressortie de ces échanges de quatre jours, l’économiste Demba Moussa Dembélé fait savoir que le travail va d’abord faire l’objet d’un large partage avec les institutions africaines comme l’Uemoa, la Cedeao, la Banque africaine de développement, l’Union africaine et les chefs d’Etats du continent. « Les médias ont un grand rôle à y jouer, en sensibilisant les populations qui, en retour, peuvent amener nos dirigeants à changer de politiques », a soutenu l’économiste Demba Moussa Dembélé. Ndongo Samba Sylla, économiste et chercheur à la Fondation Rosa Luxembourg, par ailleurs chef-d’œuvre de ladite rencontre, a qualifié de succès cette rencontre.
LE DÉPUTÉ ABASS FALL VIDE SON SAC
Porte-parole du groupe parlementaire Yewwi askan wi (opposition), l'élu sur la liste départementale de Dakar revient sur quelques dossiers chauds de l’actualité parlementaire ces derniers jours
Porte-parole du groupe parlementaire Yewwi askan wi (opposition), Abass Fall député élu sur la liste départementale de Dakar revient sur quelques dossiers chauds de l’actualité parlementaire ces derniers jours. De la question de non-distribution du projet de loi règlement 2021 pour lequel, son groupe après plusieurs jours de bataille médiatique a finalement saisi le président de la Cour des comptes pour réclamation, aux débats d’orientation budgétaire pour l’année 2023 en commission. Dans cet entretien exclusif accordé à Sud Quotidien, le responsable de Pastef à Dakar, parti d’Ousmane Sonko revient également sur d’autres sujets notamment la convocation de son leader par le doyen des juges d’instruction, les rapports entre sa coalition, Yewwi askan wi et Wallu dans le cadre l’inter-coalition.
Une semaine après le démarrage des travaux du débat d’orientation budgétaire en commission, quel bilan à mi-parcours ?
Je peux dire qu’au niveau de notre coalition, nous sommes satisfaits de la tournure que prennent les débats sur le plan technique. Vous savez que l’Assemblée nationale a un peu changé en termes de composition : l’opposition parlementaire est presque majoritaire. Nous avons réussi de part notre nombre, à imposer un débat beaucoup plus technique dans le fond. D’ailleurs, il y a beaucoup de ministres qui ont approuvé, lors de leur passage en commission, le comportement des députés de l’opposition. Nous avons fait une petite évaluation des travaux en commission la semaine dernière et je dois dire que nous sommes satisfaits à mi-parcours. Et véritablement, les gens vont découvrir lors des plénières ce que nous avons eu à faire lors de ces travaux en commission technique.
Vous voulez dire que vos préoccupations ont été prises en compte par les différents ministres qui sont déjà présentés devant vous ?
On peut dire que dans l’ensemble, nos préoccupations ont été prises compte par certains ministres mais pas tous puisque le dimanche dernier par exemple, un incident est survenu lors de l’examen du budget du ministère de la Santé et de l’Action sociale. À la suite de cet incident, des députés de l’opposition notamment de notre groupe parlementaire (Yewwi askan wi) ont quitté la salle. Nous avons boycotté le vote du budget du ministère de la Santé et de l’Action sociale parce que le ministre des Finances a fait preuve de beaucoup de mépris vis-à-vis des députés en refusant non seulement de répondre aux questions mais aussi en se permettant de donner des leçons de moral. On a failli bloquer les travaux de la commission n’eutété l’intervention des uns et des autres pour ramener le calme. N’empêche, c’est une très mauvaise image que nous gardons de ce ministre qui s’est très mal comporté vis-à-vis des parlementaires que nous sommes. Nous l’attendons de manière ferme au niveau de la plénière. Cependant, retenez que de façon générale, tout se passe bien, nous avons posé beaucoup des questions aux ministres, certains ont promis des réponses écrites sous peu et d’autres ont pris l’engagement d’apporter des réponses lors de la plénière. Nous attendons, mais dans tous les cas, les Sénégalais seront au niveau de la plénière, le travail qui a été abattu par leurs parlementaires que nous sommes et principalement ceux de l’opposition.
Où en êtes-vous avec le projet de loi de règlement 2021 ?
Jusqu’à présent, nous n’avons rien reçu. Le gouvernement n’a pas mis à notre disposition ce texte parce dit-il, il y a des éléments manquants, dont la certification du de la Cour des comptes. Notre groupe parlementaire avait déposé, par l’intermédiaire de son président, une lettre au niveau de la Cour des comptes adressée au président de cette juridiction pour lui demander où est-ce qu’ils en sont avec ce projet de loi de règlement. Mais dans sa lettre de réponse que nous avons reçu le dimanche 30 octobre dernier, le président de la Cour des comptes nous a dit qu’ils travaillent sur la base, donc des délais de dépôt de document. Et que le gouvernement n’a pas déposé à temps le projet de loi de règlement. Donc, contrairement à ce que le gouvernement avait voulu nous faire croire en renvoyant la faute du retard dans la transmission de ce document au député, à la Cour des comptes, le président de cette juridiction nous a dit clairement que le retard qui a été accusé n’est pas de leur responsabilité. Donc, le gouvernement a cherché à mouiller la Cour des comptes alors que c’est lui qui est à l’origine de ce retard pour n’avoir pas déposé le document à temps pour permettre à la Cour d’effectuer convenablement son travail de vérification de la conformité des dépenses.
Pourquoi persistez-vous sur ce document ? Pourquoi ?
La loi de règlement est un dispositif indispensable dans le travail de contrôle parlementaire de l’action du gouvernement. Nos prédécesseurs avaient voté un budget, il est tout à fait normal avant de voter un autre budget pour le gouvernement, de vérifier comment le budget de 2021 a été exécuté. C’est la loi qui le dit, c’est un impératif, il nous faut savoir à quel taux, ce budget a été exécuté et qu’est-ce qui a été fait avec l’argent du contribuable sénégalais mis à la disposition du gouvernement par l’Assemblée nationale. Si, on n’a pas la loi de règlement, on ne peut que douter de la sincérité du budget qu’on présente. En plus, nous ne faisons que nous appuyer sur la loi notamment les dispositions du règlement qui disent de façon claire que dès l’ouverture de la session ordinaire, la loi de règlement doit être mise à la disposition des députés. Donc, nous ne faisons que demander l’application du règlement intérieur qui le dit. C’est aussi simple que ça.
De l’avis d’anciens parlementaires, votre demande d’ouverture d’une enquête parlementaire sur l’affaire ducontrat 45 milliards d’achat d’équipements militaires au ministère de l’environnement souffre des vices de procédure qui plombent sa mise en œuvre. Que répondez-vous ?
Nous, nous sommes fondés sur le règlement intérieur pour faire demande d’une enquête parlementaire, on verra bien. Nous ne pouvons pas nous lever comme ça pour écrire une demande d’ouverture d’une enquête parlementaire sans pour autant voir si cela est conforme au règlement intérieur. Nous attendons de voir. De toute façon, j’ai reçu tout à l’heure la réponse du président de l’Assemblée nationale me disant qu’il accuse réception de ma lettre de demande d’ouverture d’une enquête parlementaire et que, conformément aux règlements intérieurs, il va nous revenir. Donc, nous attendons de voir.
Votre groupe parlementaire et celui de Wallu mènent chacun ses activités en solo. Est-ce la fin de l’esprit d’inter-coalition ?
Vous savez, ce n’est pas pour rien qu’on a des groupes parlementaires différents. Si, on voulait rester et faire bloc, on allait créer un seul groupe parlementaire. L’objectif de l’Inter coalition, c’était de montrer aux sénégalais que le Président Macky Sall n’est plus majoritaire dans ce pays. Mais, quand on vient à l’Assemblée, les groupes se constituent comme le dit le règlement intérieur, par affinité, par obédience politique… Aujourd’hui, ces groupes font le travail chacun de son côté puisque Wallu c’est Wallu et Yewwi c’est Yewwi. D’ailleurs, beaucoup disaient que l’intercorrélation n’existe pas. Mais, il faut savoir que c’était une stratégie qu’on a mise en place pour affaiblir le président Macky Sall, c’est ça qui a été fait, mais quand nous venons à l’Assemblée nationale, chaque groupe parlementaire effectue le travail qu’il a à faire. L’inter corrélation n’est pas une coalition politique parce que la coalition est formalisée. Cependant, je dois préciser que nous poursuivons le travail pour la réalisation de l’objectif qui nous avait poussé à mettre sur pieds cette stratégie électorale qui est l’inter coalition. Sur beaucoup de points, effectivement, nous travaillons ensemble. La preuve, c’est dans le bureau du vice-président du groupe parlementaire de Wallu que je vous accorde cet entretien. Ceci pour vous montrer les bonnes relations que nos deux groupes entretiennent dans le cadre de l’opposition. Nous travaillons ici, à l’Assemblée nationale de la façon la plus intelligente possible et il n’y a pas de différence entre Wallu et Yewwi au contraire, ça se passe très bien au niveau de l’Assemblée nationale. Vous avez remarqué également à chaque fois que mon collègue, vice-président du groupe Wallu, Bara Dolly prend la parole, il dit que c’est nous qui avons la majorité.
Le chef de l’Etat vous a-t-il cour-cuité sur la question relative à la restauration des droits civiques et politiques avec son projet d’amnistie annoncé ?
C’est un engagement que nous avons pris au niveau des deux coalitions de restaurer les droits de vote de Karim Wade et Khalifa Sall. Notre démarche n’est pas la même que celle du Président Macky Sall sur cette question. Sa décision soudaine de vouloir faire voter une loi d’amnistie est peut-être motivée par une volonté d’anticiper sur ce que nous comptons faire à l’Assemblée nationale parce que, comme vous l’avez dit, nous avons la majorité et que, si nous déposons cette proposition de loi, elle va forcément passer. Maintenant, on attend de voir ce qu’il va nous amener. Mais, je dois préciser que si le président de la République nous présente un projet de loi d’amnistie fourretout pour en faire profiter à ces compagnons qui ont été épinglés dans beaucoup de domaines pour malversations et autres, nous allons le rejeter en votant contre. Ce, d’autant plus qu’on a tous entendu Karim Wade dire par le biais de ses proches qu’il demande plutôt la révision de son procès et non une loi d’amnistie. De son coté, Khalifa Ababacar Sall non plus n’a pas fait une demande dans ce sens. Lors de la campagne électorale, on avait dit, une fois qu’on aura la majorité, on va les remettre leur droit maintenant, comment on va procéder, c’est à la conférence des leaders des deux coalitions de répondre à cette question.
Quel commentaire faites-vous sur cette audition annoncée de votre leader Ousmane Sonko dans le cadre de l’affaire sweet beauté ?
Je n’ai aucun commentaire à faire sur cette convocation du président Ousmane Sonko. Nous attendons de voir ce que ça va donner. Cependant, je veux juste rappeler que les gens oublient que c’est lui-même (Ousmane Sonko) qui a exigé que ce dossier-là soit rouvert et que rapidement qu’il soit vidé parce qu’il n’acceptera pas qu’une fois, qu’il commence sa campagne pour la présidentielle de 2024 qu’on essaie de le perturber en le convoquant. Donc, c’est lui-même qui a tout fait pour que ce dossier soit remis sur la table. Rappelez-vous, c’est après sa sortie dans les médias où il avait annoncé qu’il ne va plus émarger chez le doyen des juges qu’on a commencé la même semaine l’audition des protagonistes du dossier. Il ne reste que lui et c’est tout à fait normal qu’il soit attendu. Je le dis, tout le monde sait que ce dossier est vide. Absolument rien ne peut être reproché au Président Sonko. Au contraire, la machine doit être déclenchée pour poursuivre ces gens qui sont derrière ce complot maléfique qui a coûté la vie à des Sénégalais et d’importants dégâts matériels.