Le maire de Dakar considère que les députés de la majorité ont foulé les règles qui régissent le fonctionnement de l’Assemblée nationale. Barthélemy Dias annonce qu’il est à l’Hémicycle pour représenter le Peuple et il le fera dignement. Mais également, il fera face à tout projet de loi qui ne participe pas à l’épanouissement des Sénégalais.
Un baptême du feu particulièrement rude pour les nouveaux députés. Après l’élection du président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, ce lundi, sur un rythme difficile, le maire de Dakar est revenu sur les péripéties de cette journée, qui restera, sans doute, l’un des jours les plus marquants de l’histoire de la 14ème législature. Dans un live sur sa page Facebook, hier, Barthélemy Dias s’est lavé à grande eau en tirant sur la majorité et une «certaine presse» qui, selon lui, travaille à manipuler l’opinion. Mais il ne s’arrête pas là, car le maire de Dakar s’en est aussi pris aux «soi-disant députés» de l’opposition qui, à l’en croire, s’érigent en donneurs de leçons de morale ou en mannequins, mais qui sont des aigris doublés de jaloux. «Vous êtes mal placés pour donner des leçons», leur a-t-il rétorqué. Barthélemy Dias considère qu’un opposant se «reconnaît par sa posture, son discours et son attitude».
Thierno Alassane Sall et Pape Djibril Fall apprécieront. Voulant rétablir la vérité, il explique : «Lorsque nous nous présentions devant les Sénégalais pour rendre publique notre candidature, nous avions promis que notre présence ne souffrirait d’aucune insuffisance et c’est ce que nous allons faire les deux ans à venir.» Avant de poursuivre : «Hier (lundi), vous avez montré que votre majorité c’est grâce à la gendarmerie que vous l’avez obtenue et non grâce à vos soi-disant 83 députés», a-t-il ironisé. Le maire de Dakar est formel et il ne compte pas déroger à sa ligne de conduite. «Je suis à l’Hémicycle pour représenter le Peuple et je le ferai dignement», a lancé le député-maire.
S’adressant aux députés de la majorité, Barthélemy Dias considère qu’ils ont foulé aux pieds les règles qui régissent le fonctionnement de l’Hémicycle. Dans un discours cru, il a averti la supposée majorité. «Vous respecterez les Sénégalais, et quel qu’en soit le prix. La récréation est terminée», a-t-il soutenu. Barthélemy Dias a encore brandi l’article 51 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale sur l’entrée en fonction du député.
A l’en croire, les députés-ministres devaient tout simplement démissionner d’un de leurs postes, 8 jours après la proclamation des résultats définitifs par le Conseil constitutionnel. Rappelant que les députés de l’opposition n’avaient pas dans leurs enveloppes, le bulletin portant son nom lors de l’élection du président de l’Assemblée nationale. Le maire de Dakar a terminé par réaffirmer son engagement à faire face à tout projet de loi ne participant pas à l’épanouissement des Sénégalais.
MACKY SALL-MIMI TOURÉ, CHRONIQUE DE RELATIONS HEURTEES
Faut-il le rappeler, les relations entre Macky Sall et son ancienne cheffe du gouvernement ont toujours été en dents de scie.
Battue dans son bureau de vote à Kaolack, Mimi Touré, la tête de liste de Bby, se voyait déjà comme la première femme à diriger l’Assemblée nationale. Seulement, le Président Macky Sall a décidé de faire confiance à Amadou Mame Diop pour le Perchoir et Oumar Youm pour la présidence du groupe parlementaire de Benno bokk yaakaar. Une situation vécue comme une trahison par Mimi Touré, qui s’est indignée de ce choix dans la presse.
Faut-il le rappeler, les relations entre Macky Sall et son ancienne cheffe du gouvernement ont toujours été en dents de scie. En effet, figure de la traque des biens supposés mal acquis, Mimi est récompensée par Macky Sall qui fait d’elle sa Première ministre en succédant à Abdoul Mbaye. Elle fera 10 mois à la Primature avant de céder la place à Mahammed Boun Abdallah Dionne. Ainsi, de juillet 2013 à mai 2019, elle sera mise au placard à cause de sa défaite à Grand-Yoff aux Locales de 2014. En effet, revigorée par la traque des biens supposés mal acquis, Mimi Touré avait imposé son autorité comme Première ministre. Un caractère qui a fini de lui faire des ennemis, au sein même de son parti.
Malgré ces faits, Macky Sall, qui lorgne le fauteuil de Khalifa Sall, alors maire sortant de Dakar, a misé sur l’aura de la dame de fer. Un pari risqué que Mimi Touré a accepté. Seulement, elle n’avait pas calculé les conséquences d’une défaite à Dakar. Battue par Khalifa Sall, elle ravale sa fierté et se fait rare. Entre temps, Macky Sall est passé à d’autres options, au point de l’oublier.
Aminata Touré aura besoin de faire un tapage médiatique pour se retrouver dans les bonnes grâces de Macky. Une critique acerbe de la place des alliés au sein de la mouvance présidentielle lui ouvre les portes du Conseil économique, social et environnemental (Cese). Mais ce ne sera que de courte durée. Macky Sall, qui a convaincu Idrissa Seck, classé deuxième à la Présidentielle de 2019, n’a pas hésité à limoger sa camarade de parti pour faire de la place à son nouvel allié. Une situation que Mimi Touré a mal digérée. Elle ne se préoccupe de suivre la ligne de son parti. Pour elle, Macky Sall en est à son dernier mandat et ne peut briguer un troisième en 2024. Et elle le fait savoir à qui veut l’entendre alors que Macky Sall avait clairement ordonné à ses proches de ne plus s’épancher sur ce sujet.
Mme Touré multiplie les sorties médiatiques et défend sa position, qui est à l’opposé de la ligne de l’Apr. Au moment de passer le témoin à son successeur au Cese, elle refuse de prononcer le nom de Macky Sall en signe de désapprobation. La suite se passe de commentaire.
Des bonnes volontés vont réussir par la suite à recoller les morceaux entre Macky Sall et son ancienne cheffe du gouvernement. Le président de la coalition Bby a fait d’elle la tête de liste de son camp pour les Législatives du 31 juillet passé. Elle a sillonné le Sénégal et réussi à avoir plus d’un million 500 mille voix. Seulement, elle ne se retrouve qu’avec 82 députés sur les 165. Une «défaite» qu’elle assimile à une victoire au point de réclamer le Perchoir. Cette fois, le divorce semble consommé. La cadence de rupture semble s’être trop accélérée pour Mimi Touré qui «ne va pas démissionner de son poste de députée». Menace ou manœuvre politique pour s’imposer encore comme Première ministre ? La question va être vidée dans les semaines à venir.
MIMI – MACKY, RELATION DÉPITÉE
Mimi Touré se savait détestée par les députés de l’opposition, qui n’en voulaient pas au perchoir. Elle savait aussi ne pas faire l’unanimité dans son camp. Et elle avait été la première à demander de laisser carte blanche à Macky pour décider
Mimi Touré se savait détestée par les députés de l’opposition, qui n’en voulaient pas au Perchoir. Elle savait aussi ne pas faire l’unanimité dans son camp. Et elle avait été la première à demander de laisser carte blanche à Macky pour décider. Si elle contestait ledit choix, elle aurait pu le dire avant-hier dans l’Hémicycle, au lieu de déverser sa bile dans les tweets.
La nouvelle fronde de Mimi Touré rencontre une forte incompréhension de la part de ses camarades de parti, de même que de la part de certains députés de la Coalition Benno bokk yaakaar. Ils n’ont cessé de relever dans l’attitude de Mimi Touré, ce qu’ils considèrent comme des positions incohérentes.
Certains députés soulignent que le samedi 20 août dernier, lorsque le Président Macky Sall avait reçu les députés à la Salle des banquets du Palais de l’avenue Senghor, «Mimi Touré a été la première à prendre la parole pour demander à ses collègues de donner carte blanche au Président Macky Sall pour le choix du président de l’Assemblée et des membres du Bureau. Elle avait indiqué que, de la même manière qu’ils lui avaient fait confiance pour dresser la liste des députés, les élus devaient renouveler cette confiance et lui laisser les mains libres dans ce choix». Ce qui permet à l’un des élus de Benno de déclarer : «On peut considérer que, du moment qu’il avait été convenu de donner carte blanche au Président, toute promesse antérieure que ce dernier aurait pu faire à l’un d’entre nous devenait caduque.»
Mieux encore, le séminaire de Saly a été l’occasion pour les élus de Benno, de réitérer leur souhait de laisser carte blanche à leur leader. Et il a été convenu des méthodes pour sécuriser le vote et s’assurer qu’aucune voix de Benno ne serait perdue, au regard de la majorité étriquée qui était la leur. C’est ainsi qu’il a été mis en place le système des procurations.
Huit chefs de groupe ont été désignés, qui supervisaient chacun une dizaine de personnes. C’est ainsi que, pour le groupe des «Barons du parti», que l’on avait aperçu assis tous au premier rang de l’Hémicycle, Farba Ngom avait été désigné superviseur. A lui avaient été remises les procurations de chacun. D’ailleurs, quand les enveloppes de vote ont été remises aux députés, les membres du groupe ont remis les leur à Farba Ngom. Et à aucun moment, cela n’a semblé poser problème à Mimi Touré.
Même quand, en fin de matinée, le nom du président désigné par Macky a commencé à circuler, Mimi était restée zen et souriante. Elle n’a montré aucun signe de mécontentement. Ce n’est qu’à 17h, en disant qu’elle voulait rentrer, que Mimi aurait dit à Farba Ngom qu’elle voulait récupérer sa procuration, et les deux sont sortis ensemble de la salle. Mais elle n’a jamais dit officiellement dans la salle, qu’elle s’opposait au choix de Amadou Mame Diop.
Par ailleurs, et c’est l’incohérence de la dame, si Mimi Touré ne voulait pas voter pour le candidat de Macky, elle n’aurait pas dû quitter la séance et devait exprimer son vote de manière claire. Car à ce moment, la procuration n’aurait pas été opérante.
De plus, les députés de Benno estiment que Macky leur a enlevé une grosse épine du pied en ne désignant pas Mme Touré. «Des députés de Wallu nous avaient assuré qu’ils étaient disposés à soutenir le candidat de Benno, à condition que ce ne fût pas Mimi. Une position qui était d’ailleurs partagée par des députés de Yaw que nous avions approchés. Et cela, tous les membres de notre groupe parlementaire le savaient. Même le Président en a été informé.» Macky Sall, dans le secret de ses cogitations, a dû privilégier une certaine recherche de l’apaisement.
Mais c’est le revirement de Aminata Touré qui, aujourd’hui, devient problématique pour ses camarades de parti et ses collègues députés.
Par Yoro DIA
INDIGNATION ILLÉGITIME
Ce que nous avons vu à l’Assemblée nationale est le reflet de ce que le pays est devenu sur le plan politique et intellectuel. Le débat est l’âme de la démocratie. Au Sénégal, le débat n’est pas pauvre. Il n’existe presque pas
Je m’étonne de l’indignation et de l’étonnement des Sénégalais devant le spectacle que nos honorables députés nous ont offert lors de l’installation de la XIVe législature. Nous sommes dans un système de démocratie représentative et les députés sont nos représentants et sont donc à l’image de ceux qu’ils représentent et qui les ont élus pour les représenter. Le spectacle de l’installation de la XIVe législature est simplement ce que nous sommes devenus.
Sur le plan politique, le Sénégal est passé à l’indépendance, du débat des agrégés avec Léopold Sédar Senghor, Cheikh Anta Diop, Abdoulaye Wade, à Karim Xrum Xrax. Pour le Parlement, on est passé des aristocrates sur le plan intellectuel comme Fara Ndiaye du Pds, Abdourahim Agne du Ps, Ousmane Ngom du Pds, Djibo Ka de l’Urd, aux gladiateurs et insulteurs. La Société civile qui, heureusement, était entrée par effraction dans le débat public, dans la marche vers la première alternance 2000 et avait beaucoup contribué à l’éveil de la conscience citoyenne, est devenue aujourd’hui un repaire de rentiers de la tension.
On est passé de Mame Adama Guèye et ses jurys citoyens pour auditer les candidats à la Présidentielle et créer ainsi le débat, à l’inquisition du «Professeur» Cheikhou Oumar Diagne et à l’ignominie permanente de la double peine que les médias imposent à la famille du juge Babacar Sèye avec la présence médiatique de Clédor Sène. Ce monsieur, condamné pour le meurtre d’un juge constitutionnel, n’a pas sa place dans le débat public. L’image de Guy Marius Sagna, debout sur les tables de l’Hémicycle, illustre ce que le Sénégal de Senghor et Me Lamine Guèye est devenu. Ce n’est pas un problème de règlement intérieur ni de civisme, mais un simple problème d’éducation.
Nous sommes loin du Parlement britannique où une simple table sépare depuis des siècles, le Premier ministre du chef de l’opposition, ou du Congrès américain où, lors de l’assaut sur le Capitole, les furies sont venues de l’extérieur. Ce que nous avons vu hier à l’Assemblée est le reflet de ce que le Sénégal est devenu sur le plan politique, mais aussi sur le plan intellectuel. C’est pourquoi j’avais dit dans ces colonnes il y a quelques mois, que la grosse polémique intellectuelle entre le philosophe Souleymane Bachir Diagne et l’écrivain Boubacar Boris Diop était comme des vestiges d’un Sénégal qui n’existe plus, comme les ruines du Parthénon ou du Colisée qui témoignent de la grandeur de la Grèce et de la Rome antique.
Le spectacle de l’Assemblée nationale se joue de façon quotidienne dans la circulation, surtout au niveau des ronds-points, devenus de véritables labos de sociologie de l’incivisme. Le débat est l’âme de la démocratie. Au Sénégal, le débat n’est pas pauvre. Il n’existe presque pas. S’il existait, on en poserait un sur Guy Marius Sagna qui demandait le 13 mars 2012 sur sa page Facebook, «un référendum d’autodétermination de la Casamance avec l’accord du Mfdc». La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens, nous dit Clausewitz. La politique de profanation et de désacralisation de l’Etat et de nos institutions n’est rien d’autre que la continuation de la guerre du Mfdc par d’autres moyens politiques.
La XIVème législature tient déjà ses promesses. C’est déjà une Assemblée de rupture car c’est la première fois qu’un député se met debout sur la table et c’est aussi la première fois, ou l’une des rares fois, que les Forces de l’ordre interviennent dans l’Hémicycle depuis les évènements de 1962. «Le militant agissant comme député en votant dans un sens ou un autre, engage, au-delà du parti, la Nation tout entière… Le parti est une fraction du pays, il n’a autorité et juridiction que sur ses militants, tandis que les députés Ups et d’autres, en votant dans un sens ou un autre, engagent l’ensemble du pays.» Ainsi parlait, le 26 février 1963, le président Lamine Guèye devant le juge d’instruction comme témoin, comme le rapporte Ousmane Camara dans son livre Mémoires d’un juge africain.
Dans les années 1960, la fragilité de nos institutions a été compensée par la grandeur des hommes politiques qui voulaient hisser le Sénégal à leur niveau, alors qu’aujourd’hui, des institutions très solides compensent le manque de relief des acteurs. L’exception sénégalaise a été possible grâce à des hommes exceptionnels comme Senghor, Wade, Cheikh Anta Diop, Me Lamine Guèye, qui n’auraient jamais imaginé que le débat descendrait au niveau de Karim Xrum Xrax ou Kounkandé, car de leur temps, il y avait une frontière entre le marbre du Sénat et la poussière du Colisée.
Par Mary Teuw NIANE
ET DIEU SAUVERA ENCORE LE SÉNÉGAL
Il y a soixante ans les gendarmes envahissaient l’hémicycle. Ce funeste événement, aucun esprit sain n’avait à l’esprit qu’il pouvait se répéter. Hier nous nous attendions à des ruptures.
Il y a soixante ans les gendarmes envahissaient l’hémicycle. Ce funeste événement, aucun esprit sain n’avait à l’esprit qu’il pouvait se répéter. Hier nous nous attendions à des ruptures.
Nous fûmes tous déçus et choqués que la Cérémonie solennelle d’installation de la 14ème législature fut le jour funeste de la réédition de l’arrivée massive des gendarmes dans l’hémicycle. Le peuple en décidant d’une issue étriquée inédite des élections législatives avait lancé une injonction de dialogue pour une nouvelle respiration démocratique que devaient porter le pouvoir, la classe politique et particulièrement les nouveaux députés.
Les nouveaux députés avaient la noble mission d’éradiquer les mauvaises habitudes et attitudes constatées de leurs prédécesseurs, de bâtir les ruptures que le peuple souhaitait et d’être des modèles pour notre jeunesse et notre société. Le pouvoir devait aussi être exemplaire en construisant un dialogue positif avec tous les acteurs politiques pour le seul intérêt de notre pays. Aucun dialogue ne fut noué avant cette cérémonie d’installation des députés.
Le Président de la République est le Gardien de la Constitution, comme aimait le répéter le doyen El Hadj Mansour Mbaye. Il lui incombe donc le leadership dans la construction des conditions et d’un espace de dialogue sincère dans l’intérêt de notre pays. Il est du devoir particulièrement des forces politiques d’accepter de répondre à l’appel du Chef de l’État et d’apporter leurs contributions à ce que les discussions soient productives.
Les problèmes soulevés hier et les scènes honteuses devant les télévisions du monde entier risquent de se répéter avec plus d’arrogance et de violence. Ce pays, qui fut un pays phare de ressources humaines compétentes, d’intelligence politique et de leadership démocratique de sa classe politique, a perdu son aura. Il se morfond désormais dans les faits divers des extravagances, des démesures, des outrances et de l’envie jamais assouvie de pouvoir, de stations, de népotisme et de sinécures de ses politiciens. Le Sénégal est un pays béni.
Cet héritage de nos ancêtres n’est pas éternel. Prions encore pour que les prières de nos Saints soient nos intercesseurs auprès de Dieu pour qu’Il irrigue d’humilité, de patience et de sagesse le cœur de nos dirigeants et de nos politiciens et qu’Il insuffle définitivement la culture de la paix et du dialogue dans leurs esprits. L’Assemblée nationale doit être l’Arbre à palabre de la République.
Mary Teuw NIANE
ancien ministre
Par Abdourahmane DIOUF
L’HEURE DE CHANGER DE RÉPUBLIQUE
Dans 567 jours, le 3 avril 2024, Macky Sall va faire sa passation de pouvoirs. Il ne sera plus président de la République du Sénégal. C’est acté ! C’est inéluctable Irréversible ! Il ne faudrait pas que la République sombre avec lui
Dans 567 jours, le 3 avril 2024, le président Macky Sall va faire sa passation de pouvoirs. Il ne sera plus président de la République du Sénégal. C’est acté ! C’est inéluctable Irréversible ! Il ne faudrait pas que la République sombre avec lui. Il n’a pas le droit de faillir. Et nous avons l’obligation de veiller.
Mais transmettre le pouvoir, dans ces conditions de cacophonie institutionnelle, nous emmènera un autre Macky Sall qui se prendra pour plus illustre que la République. Au-delà des défaillances individuelles incontestables de nos dirigeants, nous devons humblement constater que notre démocratie a atteint ses limites. Nous ne sommes plus d’accord sur rien. Nous réglons nos problèmes politiques par la violence, par le mensonge, par la calomnie et par le complot. Nous ne réfléchissons plus pour l’intérêt général. C’est l’heure de la détestation de tous par tous.
Amorcer la période de la gestion de notre pétrole et de notre gaz, dans cette crasse chienlit institutionnelle, est un suicide programmé. C’est offrir notre pays à des prédateurs extérieurs sur un plateau. C’est refuser de nous aligner sur les demandes légitimes de notre peuple. C’est échouer dans nos ambitions patriotiques déclamées.
Nos institutions sont aujourd’hui complètement dévoyées :
1. Notre Président de la République écrase toutes les autres institutions et les vide de leur substance. Il ne parvient pas à lire et à décrypter les messages des électeurs et à s’aligner correctement sur les attentes de son peuple. On a comme l’impression que tout cela est fait à dessein et procède d’une intention maligne;
2. Notre justice est aux ordres. Elle nous a déjà placé dans un malaise permanent en se mettant volontairement aux ordres. Elle a déjà failli dans la sélection des candidats censés diriger notre pays. Et elle se dirigerait tout droit vers une forfaiture téléguidée d’une troisième candidature indue ;
3. Notre Assemblée nationale a été équilibrée par la force des choses, sur injonction du peuple qui a fait sa commande.
Mais personne ne semble comprendre le message. Les images de notre Assemblée du Lundi 12 Septembre 2022 nous renvoient au pire des Afriques du 20e siècle et à l’Amérique Latine des années soixante-dix. Nous nous sommes réveillés avec la gueule de bois en nous posant des questions sur notre avenir.
Le Sénégal n’a pas fait tout ce chemin démocratique pour échouer aussi lamentablement et s’ouvrir les portes du chaos. Ce qui se dessine dans ce pays donne des frissons et fait peur. Si nous ne sommes pas inquiets de notre pays, c’est qu’on ne nous a pas bien expliqué le cauchemar que nous vivons.
Il est vital de nous reprendre en mains et de poser les actes urgents suivants :
1. Avant la nomination de son Premier Ministre, le Président de la République doit prononcer un discours officiel à la nation, pour annoncer sa non candidature pour 2024 ;
2. Il devra nommer un Premier ministre consensuel qui procède d’une lecture lucide des résultats des élections législatives, qui garantit une transition civile sereine et qui nous prépare aux défis de civilisation de 2024 ;
3. Un Agenda de réinvention de nos institutions est mis en place et devra être conclu avant Février 2024. Nous pourrons nous appuyer sur l’existant. Nous pourrons faire un mixte entre les assises nationales (écrémées et mises à jour), les réformes de la CNRI, et les exigences d’une démocratie de concordance qui promeut le dialogue, la concertation et le patriotisme au-delà de tout soupçon.
4. Par un autre consensus fort et pragmatique, nous devons parvenir à une Nouvelle République Sénégalaise qui nous rassemble et qui nous ressemble. Nos institutions seront réinventées à notre image. Nous assainirons les mœurs politiques et nous instaurerons, définitivement un débat d’idées digne de notre pays. Le mandat présidentiel qui démarre en Avril 2024 devra démarrer sur de nouvelles bases.
Mettre fin à la République du Sénégal pour l’avènement d’une Nouvelle République Sénégalaise est un impératif de survie. Nous sommes habitués à la stratégie du bord du gouffre sans en payer le prix, pouvoir comme opposition. Cette fois ci, nous y sommes presque. C’est le moment ou jamais de se ressaisir et de mettre le Sénégal au-dessus de nos personnes. Demain, il sera déjà trop tard !
MAME ABDOUL AZIZ SY DABAKH : «25 ANS DÉJÀ» !
14 septembre 1997 - 14 septembre 2022, Ce mercredi 14 septembre 2022, à Tivaouane, un hommage digne de son rang sera rendu à l’Homme de Dieu d’une dimension exceptionnelle, El Hadji Abdoul Aziz Sy « Dabakh », 4ème khalife général des Tidianes
Ce mercredi 14 septembre 2022, à Tivaouane, un hommage digne de son rang sera rendu à l’Homme de Dieu d’une dimension exceptionnelle, El Hadji Abdoul Aziz Sy « Dabakh », 4ème khalife général des Tidianes qui a consacré toute sa vie durant au service exclusif d’Allah et de son Prophète Seyidina Mouhamed (Psl). Plusieurs milliers de fidèles venus des quatre coins du monde iront se recueillir au mausolée du Saint homme qui accéda au titre de khalife de la Tidjaniya le 13 mai 1957. Un anniversaire qui sera marqué entre autres par des récitals du Saint coran.
On se rappelle qu’à la disparition de cet apôtre de la paix, la famille chérifienne du Maroc avait demandé que sa dépouille soit à côté de celui de Cheikhna Cheikh Ahmed Tidiane Cherif (RTA), du fait que Mame Abdou « est un exemple à laisser à la postérité et un héritage inépuisable et intarissable à sauvegarder ».
L’histoire nous enseigne qu’en quatre jours d’intervalle, le 25 et le 29 mars 1957, Tivaouane a perdu Seydi Aboubacar SY, premier khalife de Seydi El Hadji Malick SY qui avait succédé à son père en 1922, ainsi que son jeune frère El Hadji Mansour SY alors âgé de 57 ans. D’aucuns crurent alors que la Tarikha Tidjane allait connaître une longue période de léthargie. Mais le Créateur, dans son infinie grandeur, gratifia la « Khadara » (Communauté des Tidjanes) d’un soufi imbu de paix, social, discret, courtois et doté d’une culture encyclopédique pour mener à bon port la Tarikha de Cheikh Ahmed Tidiane et propager la Sunna (tradition) du Prophète Mohamed (PSL).
Par sa présence rassurante et son attachement à la lettre et à l’esprit du Coran et de la Sunna, El Hadji Abdoul Aziz SY a su être à la hauteur des nombreux espoirs en lui placés lorsqu’il accéda au Khalifat.
Fils du pionnier du tidjanisme au Sénégal, El Hadj Maodo Malick Sy et de Sokhna Safiétou Niang, Mame Abdou Aziz Sy « Dabakh » (le généreux en wolof), l’Inoubliable né à Tivaouane en 1904, année de l’inauguration de la Grande Mosquée de Tivaouane (signe prémonitoire ou heureux hasard du calendrier, et arraché à l’affection du monde entier ce 14 septembre 1997, troisième khalife général des Tidianes (1957-1997), sans doute le plus connu de sa lignée, tient sa réputation de sa générosité et sa mission de contribuer à l’unité entre confréries et au dialogue islamo-chrétien.
Incontestablement dans tous les cœurs, la particularité du Saint homme, c’est qu’en plus d’avoir eu la chance d’être éduqué par son père, ses grands frères, de faire ses humanités auprès de Moukhadams et compagnons de son père de la trempe de Serigne Mouhamadoul Haddy TOURE de Fass, devait, plus tard, en bon « Doomu-Sokhna » (fils de famille maraboutique), parcourir les centres d’excellence du pays pour parfaire sa culture, notamment l’université de Tivaouane et le Daara de Mbacoumé, en plein cœur du Cayor.
A 26 ans, armé d’une solide formation, il partit pour Saint-Louis, naguère haut lieu du savoir et passage obligé pour les férus de « Risâla » et de « Bayân » où il eut comme tuteur Serigne Birahim DIOP auprès de qui il resta pendant sept ans.
Effacé et discret jusqu’à son dernier souffle, preuve s’il en est d’une modestie sans égale et d’un recul pour les choses d’ici-bas, Serigne Abdou s’est toujours considéré comme un simple disciple parmi ceux de son vénéré père et guide. Grand parmi les grands de la Umma et de la Tarikha Tidiane, digne continuateur de l’œuvre de Aboul Abass Ahmad Tidiane et de ses « fils spirituels » Cheikh Mouhamadoul Khaly, Cheikh Oumar Foutiyou, Alpha Mayoro WELE et El Hadji Hadji Malick SY, Moulaye DABAKH avait toute sa vie durant une seule et unique préoccupation : inculquer aux croyants le respect des dogmes inaliénables de l’enseignement du prophète Mohamed (PSL). C’est ainsi qu’il s’est investi de toutes ses forces, malgré le poids de l’âge et une santé fragile, dans la construction de la grande mosquée de Tivaouane qui a été l’œuvre majeure de son khalifat. L’humilité, n’est-ce-pas le fort des grands hommes ?
Serigne Abdou a su mettre en place un réseau relationnel dont la densité ne lui servit, qu’à baliser le chemin en vue d’atteindre le seul objectif qui trouvait grâce à ses yeux : cimenter la Umma islamique pour la rendre moins vulnérable et contribuer au respect mutuel entre confréries. « Dabakh », un agriculteur hors pair «Dabakh» possédait aussi plusieurs concessions agricoles, en particulier dans la région de Saint-Louis, dont l’exploitation était assurée par ses talibés. Il s’illustra non seulement par son érudition mais aussi par ses prêches, son engagement pour la cause islamique, ses nombreux écrits en arabe et une importante biographie de son père, El Hadj Malick Sy.
En dirigeant les Chœurs des talibés de son père, il s’est fait une popularité sans faille. Ainsi «Moulaye Dabakh» comme l’appelaient affectueusement les disciples, faisait autorité de par sa sagesse et sa culture. Républicain jusqu’au bout des ongles, l’homme de Dieu ne se taisait quand sa société était en danger. Toujours demandant aux chefs religieux de tenir un langage de vérité à leurs disciples. Au pouvoir temporel, il a toujours rappelé que rien n’allait plus dans ce pays en raison des hommes faux, corrompus et malhonnêtes exploitant honteusement les populations. Pacifique dans l’âme, le patriarche de Tivaouane-la-pieuse était un véritable régulateur social qui a su, tout au long de son khalifat, s’impliquer pour éviter que le Sénégal bascule dans le chaos.
TOUBA ACCUEILLE DES MILLIERS DE NOUVEAUX MUSULMANS PAR JOUR
Cheikh Ahmadou Bamba fait encore rayonner l’islam
Zaynab SANGARÈ (Envoyée spéciale à Touba) |
Publication 14/09/2022
Croire que presque tout a été dit sur la vie et l’œuvre du fils de Mame Mor Anta Sali et de Mame Diarra Bousso, c’est l’esprit d’un homme perdu dans un océan de savoir. Cheikh Ahmadou Bamba gardera toujours ce statut du plus grand révolutionnaire africain de l’islam. Car, malgré cette profonde période de crise et de perte des valeurs, des centaines de nouveaux musulmans dont plusieurs occidentaux sont enregistrés par jour à Touba. Rappelé à Dieu le 19 juillet 1927 à Diourbel, ce grand érudit de l’islam est plus que jamais vivant au moment où l’islam souffre d’un vide historique causé par des attaques islamophobes dans le monde entier.
Avant le 21e siècle, les grandes batailles des héros de l’islam occupaient toutes les actualités mondiales. Á la différence, de nos jours, ce monde semble être dans les oubliettes avec des « générations libertines » qui ont tendance à s’éloigner de plus en plus de la religion à cause des algorithmes mondains. Au moment où on remarque de nouvelles formes de « luttes » dénommées «Djihadisme, terrorisme» entre autres pratiques qui entachent cette aussi belle religion qui mène vers la quintessence absolue, les œuvres de ces immortels héros de l’islam continuent de faire vivre l’islam. Pourtant, à l’approche de chaque magal de Touba, nous remarquons sans y prêter attention, une masse de conversions à l’islam dans la ville sainte. Dans la majorité de ces convertis, nous avons tendance à voir des occidentaux, Européens et Américains. Ce qui fait partie des facteurs montrant l’immortalité de Cheikh Ahmadou Bamba á travers ces phonèmes analysés dans ces témoignages des convertis et chercheurs.
L’expansion et la vivification de l’islam toujours en effervescence à Touba
Se convertir à l’islam reste un acte inexplicable selon Asma, une jeune chrétienne, la vingtaine que nous avons retrouvée chez un petit fils de Cheikh Ahmadou Bamba á Touba, ce mardi 12 septembre 2022. La jeune fille vient juste de se convertir à l’islam, elle affirme qu’après avoir prononcé la première phrase qui est l’attestation de foi «Shahada»: Achhadou an lâ illâha illa-llâh, wa-achhadou an na Mouhammadan rassoûlou-llâh » ce qui signifie « j’atteste qu’il n’a pas de divinité en dehors de Dieu et j’atteste que Muhammad est le Messager de Dieu », elle s’est sentie purifiée et son cœur était rempli de joie, ce qui lui a valu ses chaudes larmes. Asma est désormais nommée Mame Awa Bousso, la mère de Serigne Fallou Mbacké, fils de Cheikh Ahmadou Bamba.
Après des échanges avec Asma, nous avons aussi vu deux couples américains, les Clark et Hall qui se sont convertis à leur tour auprès d’un grand marabout de la ville sainte. Interpellés, ils nous ont juste dit que Serigne «Touba amoul morom», qu’ils sont fiers d’être musulmans.
Réagissant sur la question, comment avezvous connu l’islam, Cheikh Ahmadou Bamba et la ville sainte de Touba? Madame Clark, nous répond que son mari a rêvé de Cheikh Ahmadou Bamba en noir et blanc. Un mois après, ils sont allés en vacance à Ibiza où ils ont rencontré un jeune commerçant noir qui avait cette même photo au cou. Alors, le mari s’est approché du jeune homme pour lui demander les origines de cet homme en noir et blanc sur le collier. Le jeune leur a expliqué toute l’histoire. Ainsi, ils ont commencé à faire des recherches, sept mois plus tard, ils ont décidé de venir au grand Magal de Touba. Arrivés à la grande mosquée, ils ont eu ensemble confirmation de toutes ces envies de devenir musulmans qui leur hantait l’esprit. Raison pour laquelle, ils sont ici aujourd’hui pour réaliser leur rêve de se convertir en musulmans et de devenir des «mourides sadikhs.». M. Clark ajoute qu’il n’a jamais été aussi heureux de toute sa vie et qu’il compte partager ce bonheur avec qui voudra á son retour aux États- Unis.
Pour le couple Hall, c’est à force de se documenter sur le terrorisme et le djihadisme qu’ils ont fini par comprendre la richesse de cette religion de paix qu’ils viennent d’adopter avec fierté. Tout pour dire qu’il y a des centaines de convertis par semaine à Touba et en marge du grand Magal, ces chiffres connaissent une hausse impressionnante.
D’après Djibril Cissé, chercheur, « l’ascension de l’islam ne souffre pas à Touba, que ça se parle ou pas, nous observons une forte affluence vers la religion grâce à Cheikh Ahmadou Bamba qui nous montre toujours des signes de vie à travers des milliers d’anecdotes que nous vivons tous les jours dans ces lieux saints». D’après le chercheur, cette affluence des Européens et des Américains dans la religion à travers Cheikh Ahmadou Bamba mérite de grands questionnements.
Les paroles de cheikh Ahmadou Bamba qui restent toujours une force catalyseur dans les cœurs
Dans son Panégyrique «Mîmiya» Cheikh Ahmadou Bamba témoigne son attachement indéfectible à Dieu et à son Envoyé (Paix et Salut sur Lui). « J’ai totalement disposé mon intégralité à un SEIGNEUR sans pareil de connivence avec Celui (le Prophète) dont l’amour est scellé dans mon cœur. Je me suis totalement soumis à un SEIGNEUR sans égal de connivence avec Celui dont la voie est exempte de corruption. Je me suis totalement abandonné à un SEIGNEUR qui se passe de tout secours, de connivence avec Celui dont la confession est l’Islam depuis toujours. Je me suis totalement remis à un SEIGNEUR sans commencement, de connivence avec Celui qui est devenu pour moi une protection et un appui. Je me suis totalement voué à un SEIGNEUR trop Grand pour enfanter de connivence avec Celui dont le panégyrique me procure l’impeccabilité Je me suis totalement destiné à un SEIGNEUR au-dessus d’un motif de connivence avec Celui dont la sollicitude à mon égard m’a attiré les bienfaits. Je me suis totalement fié à un SEIGNEUR Trop Haut pour avoir un exemple de connivence avec Celui qui est exempt de tous les défauts. Je me suis totalement abandonné aux soins du MAÎTRE des mondes de connivence avec Celui qui s’est montré fier de mon service devant les Grands et leur suite. Je me suis totalement dévoué à l’Eternel de connivence avec notre plus louangé (Ahmad) le Flambeau des générations présentes, futures et passées. Je me suis totalement consacré au Durable qui a matérialisé mes vœux de connivence avec Celui qui a définitivement supprimé le mal. Je me suis totalement dévoué aux soins d’un guide qui m’a octroyé la bonne guidance de connivence avec Celui qui m’a apporté du lait et de la viande. Ces phrases de Serigne Touba font partie des plus marquants que beaucoup de disciples témoignent d’une forte alchimie en lisant cela» disait-il.
L’auteur des multiples khassidas, reste toujours vivant pour l’islam au 21eme siècle…
Pour preuve, il a esquissé dans un de ses khassaid que même loin des yeux, il restera toujours au service l’islam, des paroles confirmées par des faits et anecdotes. En effet, répondant à une question sur le mystère qui enveloppe largement sa vie face aux multiples manigances, complots et autres volontés de se défaire de lui qui ont échoué, le fondateur du mouridisme, avec humilité leur a répondu « Inna Abdane khadimane la yarim » « je ne suis qu’un esclave du TOUT PUISSANT, Serviteur du Prophète (PSL) travaillant éternellement pour l’islam ».
Des décennies après sa disparition pourtant de nombreux témoignages affluent au quotidien, expliquant comment le Saint homme a sorti les uns et les autres d’une situation périlleuse.
A titre d’exemple, l’histoire de cet émigré qui contre toute attente retourne au Sénégal pour demander à sa famille d’aller ensemble à Touba pour un acte d’allégeance religieuse. Son père ébahi par cette attitude d’un fils qui ne s’était rapproché d’aucune confrérie a essayé de le tempérer, pour ensuite lui demander le pourquoi de cette ferveur. Son histoire, il l’a racontée avec des larmes, faisant frémir toute une famille…
Perdu quelque part en Europe dans une zone à risque, en pleine nuit, avec sa voiture en panne, il dit s’être souvenu des paroles d’un talibé qui expliquait comment des années après sa mort, le Saint Homme l’avait tiré d’un pétrin presque synonyme de mort.
C’est ainsi qu’il fit des prières pour invoquer à la fin le secours du fondateur du mouridisme. Et surprise, sorti de nulle part, une voiture s’est rapprochée de lui avec la voix d’un homme lui demandant d’ouvrir le coffre pour en tirer ce dont il a besoin. Aussitôt après la voiture a redémarré, avec son chauffeur, sans attendre des remerciements ou commentaires…
Son père fondit en larmes avant de demander à la toute famille de suivre le chemin de son fils ainé….
MACKY PREMIER RESPONSABLE DU DÉSORDRE NOTÉ PLACE SOWETO !
Il n’est pas courant dans une démocratie, on l’admettra, d’assister à l’élection d’un président de l’Assemblée nationale sous l’arbitrage de gendarmes présents dans l’hémicycle en nombre à peine moins réduit que celui des députés !
Il n’est pas courant dans une démocratie, on l’admettra, d’assister à l’élection d’un président de l’Assemblée nationale sous l’arbitrage de gendarmes présents dans l’hémicycle en nombre à peine moins réduit que celui des députés ! c’est pourtant cette image lamentable et digne des pays sous régimes militaires que notre pays a offerte au reste du monde ce lundi.
Une des causes du désordre constaté, c’est le refus des députés de l’opposition de permettre que les ministres en exercice élus députés prennent part au vote. Il a fallu plusieurs heures de débats passionnés, d’invectives, d’empoignades, d’insultes et autres chahuts pour que l’ont pût enfin procéder au vote. Après l’appel à la rescousse des gendarmes pour qu’ils arbitrent les opérations électorales !
Si une telle situation était inédite c’est parce que, tout simplement, dans les précédentes législatures, les usages voulaient que le Gouvernement fût formé d’abord et l’Assemblée installée après. Hélas, parce qu’il voulait contrer d’éventuelles frondes dans son camp et donner des raisons d’espérer aux ténors de celui-ci en leur faisant miroiter la possibilité de devenir ministres en cas de non-présence dans le bureau de l’institution sise Place Soweto, le président de la République a cru devoir chambouler ces usages qui avaient si bien fonctionné jusque-là. En inversant le calendrier c’est-à-dire en faisant procéder d’abord à l’installation des députés nouvellement élus avant de former son Gouvernement. C’est cette inversion qui a donné le triste charivari de lundi dernier.
Selon donc l’excellente tradition qui prévalait jusque-là, les députés nommés ministres envoyaient leurs lettres de démission un ou deux jours avant la date prévue pour l’ouverture de la législature. Les services de l’Assemblée nationale convoquaient alors les suppléants des démissionnaires qui patientaient dans une salle attenante le jour J. A l’ouverture de la séance, le doyen d’âge procédait à l’appel nominal des députés. Après quoi, il déclarait à peu près ceci : « j’ai reçu les lettres de démission de nos collègues X, Y et Z. L’Assemblée prend acte de leurs démissions. » Puis, on demandait aux huissiers de faire entrer les suppléants devenus députés qui étaient accueillis avec des applaudissements par les collègues. L’élection du président de l’Assemblée nationale pouvait intervenir à la suite de ces formalités. Inutile de dire que, dans le passé, il n’y avait pas beaucoup de candidats au Perchoir en raison de la supériorité écrasante de la majorité présidentielle. De ce point de vue, une candidature de l’opposition relevait de la prétention. Une seule fois, peut-être, il y a eu un challenger au candidat de la majorité et c’est lorsque feu Abdoulaye Faye du Parti démocratique sénégalais (Pds) avait décidé de défier Youssou Diagne désigné par les instances du parti libéral auquel il appartenait du reste…
De sources proches de l’administration de l’Assemblée nationale, s’il y a plusieurs candidatures, les bulletins doivent effectivement comporter des noms. En cas de candidature unique, le bulletin rouge traduit le vote contre. S’il y a plusieurs prétendants, le « oui » est remplacé par les feuilles comportant les noms des candidats.
Une chose intéressante aurait pu se passer lundi dernier à l’Assemblée nationale si l’opposition avait pris part au scrutin et voté comme un seul bloc contre le candidat du pouvoir. Pour rappel, si aucun candidat n’obtient la majorité absolue au premier tour, le règlement dispose qu’un second est organisé avec les deux candidats arrivés en tête. Dans ce cas, une majorité relative suffit pour être déclaré vainqueur. Sauf que, lundi, si donc l’opposition n’avait pas boudé et si Mimi avait voté contre le candidat de son camp — on nous dira qu’avec des « si » on pourrait mettre Paris en bouteille ! —, Dr Amadou Mame Diop n’aurait pas pu être élu faute de majorité absolue. Et un second tour était impossible faute d’adversaire tandis qu’un troisième tour n’est simplement pas prévu par les textes ! Dans ce cas, il aurait fallu recommencer le scrutin un autre jour ! Hypothèse d’école, bien sûr, mais qui aurait tout aussi bien pu se vérifier il y a deux jours…
Un charivari signé Macky Sall
Pour éviter le désordre monstre noté lundi, il aurait suffi au président de la République de prendre un décret de dissolution du gouvernement avant l’ouverture des travaux de l’Assemblée nationale. N’étant plus ministres, en tout cas provisoirement, Abdoulaye Daouda Diallo, Abdoulaye Saydou Sow et Mariama Sarr auraient pu prendre part légalement au vote pour le choix du président de l’Assemblée nationale. Après quoi, en cas de reconduction au Gouvernement, ils pourraient continuer leur mission.
En fait, contrairement à ce qui a été entendu ici ou là, ceux qui ont huit jours pour démissionner après l’installation de l’institution pour démissionner, ce sont ceux qui exercent une fonction publique non élective comme le dit l’article 110 du règlement intérieur. « En conséquence, dit cet article, toute personne visée à l’alinéa précédent (souligné par nous) élue à l’Assemblée nationale est remplacée dans ses fonctions et placée dans la position prévue à cet effet dans les huit jours qui suivent son entrée en fonction… » L’alinéa précédent en question, c’est celui qui dit que « L’exercice de toute fonction publique non élective est incompatible avec le mandat de député ». Quant aux ministres, leur sort est réglé par l’article 109 qui dit ceci dans son unique alinéa : « Le mandat de député est incompatible avec la qualité de membre du Gouvernement (article LO 165 du Code électoral). » De ce point de vue, on donc dire que les députés de l’opposition avaient raison en soulevant ce point sous forme de motion préjudicielle lundi dernier. Seulement voilà, à force de faire les zouaves et de verser dans la surenchère, les bagarres et les comportements puérils, ils ont transformé ce qui aurait dû être une arme fatale pour le pouvoir en un boomerang qui leur est revenu en pleine figure ! Mais encore une fois, le responsable de cette situation inédite et scandaleuse, c’est le président de la République qui, pour des calculs politiciens, a choisi d’inverser l’agenda qui, jusque-là, était en vigueur de manière si heureuse dans l’installation des députés nouvellement élus !
L’OPPOSITION IMPOSE LA COHABITATION À LA MAJORITÉ
Sur les huit membres du bureau, hormis le président, Benno Bokk Yakaar et l’opposition obtiennent chacune 4 fauteuils de vice-président.
Au-délà des perturbations notées hier, qui n’étaient cependant pas de la même ampleur que celles de ce lundi 12 septembre à l’occasion de l’élection du président de l’Assemblée nationale, l’opposition a pu récolter les fruits de sa performance électorale du 31 juillet dernier. En effet, elle a finalement réussi à imposer une parfaite cohabitation parlementaire avec la majorité. On parle d’un partage parfait. Puisque sur les huit membres du bureau, hormis le président, Benno Bokk Yakaar et l’opposition obtiennent chacune 4 fauteuils de vice-président.
Le partage fut aussi équitable pour les postes de questeurs (1 pour BBY et 1 pour Pastef), pour les secrétaires élus (3 BBY et 3 Wallu-Yewwi). Une situation inédite dans l’histoire de l’Assemblée nationale qui a toujours vu les majorités mécaniques successives des partis au pouvoir et de leurs alliés dicter leurs lois à l’opposition obligée de se contenter de la portion congrue.
Il a fallu 48 heures pour l’installation complète du bureau de la 14ème législature. Malgré quelques perturbations notées hier encore, l’installation s’est poursuivie avec l’élection des vice-présidents, des secrétaires élus et des deux questeurs. Une suspension de plus de trois heures a été observée pour permettre aux trois présidents de groupes parlementaires de discuter de la position des postes alloués à la coalition Yewwi Askan wi.
La prochaine séance plénière de l’Assemblée nationale est prévue mardi prochain. Comparée à celle de lundi, lors de la première journée de l’installarion de la 14ème législature, la séance d’hier a été marquée par une nette baisse de tension. Ce même si des perturbations ont encore été notées. Celle qui a attiré le plus l’attention a été la tentative de vote par procuration de Farba Ngom, le “griot du Président” pour Aminata Touré.
A l’appel du nom de Mimi, qui avait boudé la séance comme la veille et n’était donc pas dans l’hémicycle, Farba Ngom s’est levé et a prétendu avoir reçu la procuration de sa camarade de parti. Ce qu’ont réfuté les députés de l’opposition qui se sont rués vers le maire des Agnams pour l’empêcher de voter. Ahmed Aidara, en premier, s’est mis devant le député et “griot du Président” pour lui barrer la route. Ont suivi des discussions passionnées autour de l’existence ou non de la procuration. Devant l’urne, des députés de l’opposition comme Abass Fall, Bathélémy Diaz et autres ont fait bloc pour, ont-ils indiqué, “sécuriser” le vote.
Guy Marius Sagna s’empare de l’urne, finalement un partage équitable effectué
Comme lundi, Guy Marius Sagna s’est emparé de l’urne qu’il a emportée avec lui. La caisse de couleur marron sera remise à sa place par son président de groupe parlementaire, Birame Soulèye Diop, afin de permettre à l’élection des huit vice-présidents de se poursuivre. L’ancien ministre de la Santé et l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr, hérite du fauteuil de 1er vice-président de l’Assemblée. Il est suivi dans l’ordre d’Aida Sow Diawara, du Docteur Malick Diop et Yeta Sow tous de la coalition Benno Bokk Yakaar.
Suivent les deux vice-présidents de Yewwi Askan wi que sont Modou Bara Gaye et Fatou Guèye. Mamadou Lamine Diallo de Wallu Sénégal et Gnima Goudiaby de YAW bouclent la boucle. Le vote des secrétaires élus a suivi celui des vice-présidents. Ils sont au nombre de six. Ainsi Ndèye Lucie Cissé, Karim Sène et Astou Ndiaye ont été élus pour le compte de la mouvance présidentielle.
Pour YAW, Babacar Mbaye et Awa Diène ont été élus et Abdoulaye Diop pour Wallu Sénégal. Au niveau de la questure, un seul changement. Aïcha Touré de l’opposition devient deuxième questeure de l’Assemblée nationale. Elle va seconder Daouda Dia, qui occupe ce poste depuis la 12ème législature. Le frère du milliardaire Harouna Dia reste donc à ce poste pour la troisième législature de suite.
Après l’installation du bureau de l’Assemblée nationale, le président, le Docteur Amadou Mame Diop, a demandé aux trois présidents de groupes et aux non inscrits qui sont au nombre de deux, notamment Pape Djibril Fall et Thierno Alassane Sall, de lui remettre les noms des députés candidats à la présidence des commissions permanentes. La prochaine séance est prévue le mardi 20 septembre prochain.