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10 août 2025
LA RTS, LE SOLEIL ET L’APS INVITÉS À ADOPTER DE NOUVELLES REFORMES
L'accès des membres de l'opposition aux médias publics, notamment la RTS, le soleil et l'APS, a été au cœur des débats organisés hier par le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (CORED)
Le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (CORED) a organisé un ‘’Cas d’école’’ sur les médias publics, notamment la RTS, le Soleil et l'APS. Au cours des échanges, plusieurs intervenants, dont l’ancien Directeur général du quotidien national «Le Soleil», Cheikh Thiam, ont relevé la partialité de ces médias dans le traitement de l'information politique. D'où son invite à de nouvelles réformes permettant à l’opposition d’accéder à ces outils publics.
L'accès des membres de l'opposition aux médias publics, notamment la RTS, le soleil et l'APS, a été au cœur des débats organisés hier par le Conseil pour l’observation des règles d’éthique et de déontologie dans les médias (CORED). Convaincus qu'une telle situation sape les règles de la déontologie ainsi que de la démocratie, les panelistes invitent les dirigeants des médias publics à réfléchir sur les mécanismes permettant de résoudre cette problématique.
Un avis partagé par l'ancien directeur du quotidien «Le Soleil», Cheikh Thiam qui estime que le problème de fond est lié au traitement de l'information politique. « Le reproche qu’on fait souvent aux médias publics, c’est le traitement de l’information publique, parce qu’on juge que ces médias d’Etat ne permettent pas à l’opposition de s’exprimer valablement dans les médias publics. Ce reproche est fait et c’est une réalité », indique l'ancien boss du journal «Le Soleil». Puisque l’opposition est représentée, ajoute-t-il, elle doit pouvoir être aussi présente dans les médias publics. «Le débat va se poursuivre.
Le Cored et les organisations faîtières de la presse vont se rapprocher des autorités pour voir comment améliorer les choses parce qu’aujourd'hui, si l'opposition n'arrive pas à s'exprimer dans les médias publics, elle va utiliser les réseaux sociaux avec tout ce que cela comporte comme dérive», ajoute Cheikh Thiam.
A ses yeux, il urge d’apporter une solution à cette lancinante question. «Il faudrait encadrer tout cela et réfléchir, par exemple au niveau de la RTS, à faire revenir certaines vieilles émissions politiques comme ‘’Plurielles’’ et autres grandes émissions politiques qui permettaient par exemple à des personnalités de l’opposition de s’exprimer», indique l’ancien directeur général du quotidien de Hann.
S’agissant par ailleurs de la nomination du Directeur général des medias publics, Cheikh Thiam estime que cela devrait se faire par appel à candidature comme au Bénin ou au Mali. «Des propositions avaient été faites dans le cadre du nouveau code de la presse, mais ces propositions ont été expurgées du document. Mais des journalistes sénégalais qui travaillaient sur ce code avaient proposé que la nomination se fasse par appel à candidature. Maintenant, on espère que les pays limitrophes vont inspirer un jour le Sénégal», affirme Cheikh Thiam qui animait le premier panel sur les valeurs et les missions des medias publics.
A souligner qu’il co-animait cette rencontre avec l’ancien Directeur général de l’Agence Presse Sénégalaise (Aps), Mamadou Koumé, l’ancien Directeur général de la Rts Matar Sylla ainsi que l’ancien journaliste de la Rts, Martin Faye
CAN 2025, LA CAF RELANCE L'APPEL A CANDIDATURE
La Confédération Africaine de Football (Caf) lance un nouvel appel à candidatures pour l’organisation de l’édition 2025 de la Coupe d’Afrique des Nations.
La Confédération Africaine de Football (Caf) lance un nouvel appel à candidatures pour l’organisation de l’édition 2025 de la Coupe d’Afrique des Nations.
C’est toute une procédure. Déjà la Caf appelle ses associations membres à une manifestation d’intérêt pour accueillir la compétition continentale. Il est transmis à ces pays les détails du processus de sélection.
La Caf a ainsi établi un échéancier. Elle fixe la date limite de soumission du formulaire de déclaration d’intérêt au 11 novembre 2022. Cinq jours plus tard, elle clôture l’envoi des documents de candidature aux associations membres ayant manifesté leur intérêt.
A la date du au 16 décembre 2022, la Caf précise qu’elle ne recevra plus de soumission d’offre pour les associations membres. Tous les documents de candidature et d’organisation devront également être disponibles.
Elle procédera ensuite à une visite d’inspection des infrastructures des pays intéressés. Après cette étape, le comité exécutif de la Caf donne rendez-vous le 10 février 2023 pour désigner le et/ou les pays hôtes devant organiser la Can 2025.
ABOU THIAM DIT NGAARI LAAW CELEBRE LES «GEANTES INVISIBLES» DU FOUTA
C’est le combat d’une vie… artistique. Depuis 1992, l’artiste Abou Thiam, Ngaari Laaw, incorpore la condition féminine dans les thèmes de ses chansons.
Ce week-end, la commune de Pété a accueilli une grande cérémonie pour la célébration des femmes appelées les «Géantes invisibles». Avec ses partenaires, le musicien Abou Thiam, Ngaari Laaw, a honoré 5 grandes dames du Fouta pour leur engagement et leur action à l’endroit d’autres femmes, en leur permettant de devenir des exemples dans le leadership économique.
C’est le combat d’une vie… artistique. Depuis 1992, l’artiste Abou Thiam, Ngaari Laaw, incorpore la condition féminine dans les thèmes de ses chansons. Avec le tube sorti en 1992, Rewbé Fouta, qui résiste encore à l’usure du temps, le natif de Ngouye (à 3 km de Pété) chantait la promotion du leadership féminin, l’émancipation de la femme au Fouta. Trente ans après, Ngaari Laaw a vu sa vision se concrétiser avec des femmes devenues incontournables dans divers domaines au Fouta.
Ainsi, le conseiller culturel du maire de Pété a décidé d’honorer 5 femmes-leaders lors d’une cérémonie sous le haut parrainage de l’adjointe au maire de Pété, Haby Ousmane Gadio : il s’agit de Coura Ly, Hapsatou Yéro Dème dite Djinda, Guithiel Sarr, Nafi Ba et Aïssata Samba Sow. Ngaari Laaw les appelle les «Géantes invisibles», qui ont mis leur énergie pour l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant, la promotion de la culture, l’autonomisation des femmes dans l’agriculture irriguée dans des localités différentes des départements de Podor et Matam. Bref, elles sont pionnières dans tous ces domaines.
Ngaari Laaw a trouvé un jour pour les rendre visibles en les décorant devant les populations et les autorités politiques des départements de Podor et Matam, pour les services rendus au Fouta et aux femmes de cette partie du Sénégal. Ces 5 femmes sont «géantes» pour avoir persévéré pour devenir des exemples à suivre dans le leadership féminin, mais aussi pour avoir ouvert la voie à d’autres femmes à mettre leurs compétences au service de leur terroir. Le travail énorme effectué par ces 5 femmes, loin des caméras, a fait qu’elles n’ont pas une reconnaissance nationale. Abou Thiam, Ngaari Laaw, répare «cette injustice» en célébrant ces «Géantes invisibles» pour faire la promotion de leur leadership.
LES OPERATEURS PRIVES STOCKEURS RECLAMENT LEUR DÛ À L’ETAT
La Fédération nationale des opérateurs privés stockeurs et transporteurs du Sénégal (Fnopst) a fait face à la presse samedi dernier, pour demander à l’Etat de rembourser les crédits dus à ses membres dans les délais indiqués
La Fédération nationale des opérateurs privés stockeurs et transporteurs du Sénégal (Fnopst) a fait face à la presse samedi dernier, pour demander à l’Etat de rembourser les crédits dus à ses membres dans les délais indiqués.
«Nous invitons l’Etat du Sénégal, à travers le ministère de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire, à éponger ces crédits, d’autant plus que c’est avec ces fonds qu’il sera possible de faire une bonne campagne de commercialisation», a déclaré le président de la Fnopst. Modou Fall a indiqué que le remboursement des dettes était l’une des conditions du bon déroulement de la prochaine campagne de commercialisation des récoltes.
Selon lui, seul le ministère est en mesure de dire avec exactitude le montant à rembourser.
«On nous doit beaucoup d’argent pour la campagne 2021-2022, pour celle qui va bientôt démarrer aussi», a-t-il dit, en précisant que des membres de la Fnopst ont fourni des engrais et semences à l’Etat à crédit. Et maintenant, l’Etat doit tout faire pour éponger les factures impayées…
Pour le président de la Fnopst, mettre à disposition les fonds est essentiel en cette période de campagne agricole. «C’est nous qui devons acheter les graines d’arachide. On ne peut pas devoir de l’argent aux banques et retourner les voir pour de nouveaux prêts, sans le remboursement des précédents», a-t-il martelé.
Ainsi, après avoir affirmé que le délai indiqué pour le règlement de la dette n’est pas encore dépassé, un représentant du ministère de l’Agriculture, de l’équipement rural et de la souveraineté alimentaire a, quant à lui, rassuré les opérateurs, leur promettant que les paiements auront «bientôt lieu», dans le délai indiqué.
CONTRAT D'ARMEMENT DE 45 MILLIONS, LE FORUM CIVIL EXIGE LA LUMIÈRE
Abdoulaye Daouda Diallo et Abdou Karim Sall sont invités par le Forum civil à s’expliquer sur le contrat d’armement d’un coût de 45 milliards révélé par un consortium de journalistes d’enquête.
Abdoulaye Daouda Diallo et Abdou Karim Sall sont invités par le Forum civil à s’expliquer sur le contrat d’armement d’un coût de 45 milliards révélé par un consortium de journalistes d’enquête.
Les quotidiens Libération, Les Echos et le site impact.sn ont repris une enquête de Organized crime and corruption reporting project (Occrp), regroupement de journalistes d’enquête et de centres d’enquête fondé en 2006, sur un contrat d’armement d’un montant de 45 milliards de francs Cfa impliquant le ministère de l’Environnement et le ministère des Finances et du budget, dirigés respectivement, au moment des faits, par Abdou Karim Sall et Abdoulaye Daouda Diallo. Vu la « gravité extrême » des faits soulevés, le Forum Civil estime, que le gouvernement du Sénégal ne « saurait garder le silence car, ils concernent la gestion problématique de l’argent du contribuable en relation avec des acteurs cités dans des activités de ventes illicites d’armes, sources de criminalité transfrontalière ».
Dans un communiqué, Birahime Seck et ses camarades « trouvent qu’il n’est pas acceptable que le Sénégal, au vu de sa stature et de son image internationale, soit cité dans ce type de relations contractuelles impliquant ses plus hautes autorités, sans apporter des explications claires et exhaustives ». Ainsi, la section sénégalaise de Transparency international, invite le chef de l’Etat à demander aux ministres Abdoulaye Daouda Diallo et Abdou Karim Sall d’« éclairer les Sénégalais sur la teneur du contrat incriminé ».
Le Forum civil invite le procureur de la République à « s’autosaisir de cette affaire qui pourrait affecter gravement l’image du pays en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux, de financement du terrorisme ».
L’organisation de lutte pour la bonne gouvernance appelle Alioune Ndoye, actuel ministre de l’Environnement à « faire le point sur l’existence des armes achetées, sur la base du principe de la continuité du service public ». Birahime Seck et Cie dénoncent les « agressions répétitives » aux principes de la transparence. « Le principe de transparence est foulé au pied au profit d’une opacité résultant de la destruction du système de régulation des marchés publics. Ce qui a pour conséquence gravissime, la sécrétion calamiteuse de formes de contractualisation douteuses et dangereuses préjudiciables à la bonne image traditionnelle du Sénégal sur la scène internationale », décrit le Forum civil.
De plus, s’indigne le communiqué, la domiciliation de l’Autorité de régulation des marchés publics (Armp) à la Présidence de la République constitue un « signal fort de valorisation de la mauvaise gouvernance dans le système des marchés publics au Sénégal ». Il s’y ajoute, souligne le Forum civil, « l’absence de légalité et de légitimité du Directeur Général de l’Armp-Arcop qui a fini son mandat depuis 2017 ».
LA CAOPA SONNE L’ALERTE
Les usines productrices de farine et d’huile de poisson menacent l’avenir des communautés côtières africaines, avertit la Confédération africaine de pêche artisanale (Caopa)
Les usines productrices de farine et d’huile de poisson menacent l’avenir des communautés côtières africaines, avertit la Confédération africaine de pêche artisanale (Caopa) qui se penche depuis hier sur le thème : «Pour une aquaculture artisanale durable, complémentaire à la pêche artisanale africaine.»
La sardinelle joue un rôle-clé dans l’alimentation humaine et la création d’emplois. Mais si on n’y prend garde, ce filet de sécurité alimentaire risque d’être sérieusement menacé à cause de la surexploitation, mais également à cause de l’implantation des usines de farine et d’huile de poisson. «En Afrique de l’Ouest, ce sont nos sardinelles, en état de surexploitation, qui sont en déperdition, transformées en farine et en huile pour l’exportation, souvent pour nourrir des poissons d’aquaculture en Nor¬vège, en Chine ou en Turquie. Alors qu’elles jouent un rôle-clé dans l’alimentation humaine, la création d’emplois, et soutiennent l’économie ouest-africaine. La raréfaction actuelle de cette ressource se ressent au niveau du panier de la ménagère, mais aussi au niveau des sites de débarquement et de transformation. Il est de plus en plus difficile pour les femmes transformatrices d’avoir accès à cette matière première», a alerté le président de la Confédération africaine de pêche artisanale (Caopa). Gaoussou Guèye intervenait hier, lors d’un atelier dont le thème est : «Pour une aquaculture artisanale durable, complémentaire à la pêche artisanale africaine.»
Il déplore aussi l’implantation des fermes aquacoles industrielles intensives. Lesquelles, dit-il, font perdre à la pêche artisanale, des territoires en mer et sur terre, qu’elle occupe pour ses activités. «L’introduction de l’aquaculture industrielle dans des zones hautement productives comme les lagunes, les deltas, les marais, les zones de mangroves, détruit ces écosystèmes et amoindrit leurs capacités de production alimentaire, empêchant l’exercice des activités traditionnelles de pêche», déplore M. Guèye.
C’est pourquoi, compte tenu de ces enjeux, la Caopa considère que le développement d’une aquaculture à base de farine de poisson menace l’avenir des communautés côtières africaines. Pour le président de la confédération, «nourrir les poissons de l’aquaculture industrielle avec de la farine provenant des poissons sauvages est un modèle industriel qui aggrave la surpêche et l’insécurité alimentaire en Afrique». «Nous nous opposons aussi à des initiatives qui proposent d’attribuer un écolabel à l’industrie de la farine de poisson en Afrique de l’Ouest. Il est pour nous injustifiable qu’une aquaculture dépendant de la farine de poisson, concurrence les pêcheurs pêchant pour la consommation humaine, soit déclarée durable, y compris à travers un système de labellisation. A l’op¬posé de ce modèle, une aquaculture artisanale, complémentaire à la pêche artisanale, peut aussi aider à répondre à certains défis», précise M. Guèye.
Interpellée sur l’exploitation des petits pélagiques pour la farine de poisson utilisée dans l’aquaculture, la Directrice générale de l’Agence nationale de l’aquaculture, Dr Téning Sène, relève que les pêcheurs adhèrent au développement de l’aquaculture artisanale, c’est-à-dire pratiquée de façon durable, écologique, de façon à ne pas menacer la pêche artisanale. Elle a rappelé que les usines de pêche artisanale installées au Sénégal étaient pour valoriser les coproduits de pêche. Toutefois, plaide-t-elle, l’Etat doit réglementer de façon à ce que les usines n’utilisent pas les produits qui devraient être utilisés par les pêcheurs et les femmes transformatrices.
LE SÉNÉGAL, UNE SOCIÉTÉ VIOLENTE
C’est comme si tuer une femme est la chose la plus banale au Sénégal. Inconsciemment, l’homme a commencé se sentir frustré devant cette femme qui va et qui vient. À ce rythme, toutes les femmes sont en danger - ENTRETIEN AVEC KEN BUGUL
Dans les premières années de la crise casamançaise, les femmes de la région avaient opté pour une manifestation radicale de leur ras-le-bol en se présentant sans vêtement face aux Forces de l’ordre. Aujourd’hui, le contexte est tout aussi lourd de violence et l’écrivaine de renommée, Ken Bugul, n’exclut pas de recourir au même procédé pour dire son ras-le-bol face aux meurtres récurrents de femmes au Sénégal.
Ces derniers jours, le Sénégal a connu une série continue de meurtres de femmes. Comment réagissez-vous à cela ?
Depuis l’assassinat de la jeune fille dont on a retrouvé le corps vers Kaolack, près de chez moi, je suis révoltée. Ça pouvait être une de mes nièces. Ensuite, une 2e parce qu’elle n’a pas d’enfant, son mari la tue, et une 3e, balle en pleine tête, une 4e… il y a eu une manifestation à Saint-Louis où les femmes se sont réunies dans une rue, où les femmes se sont assises autour de 7m de percale, pour exprimer leur ras-le-bol, leur révolte. Ce qui m’horripile le plus, c’est le fait qu’il n’y ait aucune mention de ces crimes. Ça n’a pas fait l’objet d’une réaction des autorités politiques de ce pays, la ministre de la Femme, du gouvernement en général, le chef de l’Etat, des autorités religieuses, des partis politiques. C’est comme si tuer une femme est la chose la plus banale au Sénégal et dans l’indifférence totale. Il faut absolument faire quelque chose pour que ça s’arrête. Il faut marquer le coup, parce qu’à ce rythme, toutes les femmes sont en danger, nos filles, nos petites filles sont en danger et la société est en danger.
Il y a eu plusieurs cas de violence sur lesquelles on n’a pas réagi. N’avez-vous pas l’impression que ces meurtres sont la suite logique de cela ?
L’indifférence ! Avant, il y avait même plus de réactions, mais devant cette succession, je ne comprends pas le silence. Les radios et télés en parlaient, on faisait des éditions spéciales. Mais là, c’est l’indifférence et c’est ce que je trouve révoltant. Il faut quand même porter un coup fort, organiser des manifestations dans tout le pays. Je n’ai pas encore vu un programme spécial sur ça, à part ce que le Comité des féministes du Sénégal a fait à Saint-Louis. On va passer à autre chose après ça, et ce n’est pas normal.
On a l’impression que la société sénégalaise est devenue très violente et que cette violence est en premier dirigée contre les femmes…
La société sénégalaise a toujours été violente, ça ne date pas d’aujourd’hui. C’est une société violente, parce que c’est une société répressive. Moi qui suis née il y a très longtemps, j’avais réalisé déjà cela très jeune. A 5 ans, ma mère m’avait laissée. C’est violent ça ! Et à 11, 12 ans, dès qu’une fille a ses règles, on pense déjà à la marier. Il y a même quelqu’un qui avait été identifié dans mon village et j’avais refusé. Et il y a toute cette morale : attache bien ton pagne, etc. Ce sont des violences psychologiques. C’est une société violente en plus d’être répressive, une société avec de la morale. Et maintenant, c’est la violence physique qui est apparue quand les femmes ont commencé à s’émanciper, à aller à l’école. Quand elles ont commencé à gagner un peu d’argent, quand elles ont osé s’exprimer un peu dans les médias. Déjà du temps de la Fédération des associations féminines du Sénégal (Fafs), qui était dirigée par Annette Mbaye d’Erneville, ensuite Aminata Mbengue Ndiaye, le volet des violences physiques commençait à apparaître parce que les femmes sortaient, se regroupaient, etc. Où tu étais ? Pourquoi tu rentres à cette heure ? Ensuite des gifles. Tout simplement parce que la femme commençait à regarder un programme à la télé, parlait avec sa copine ou osait se regrouper. C’était dans les années 75 je pense, et à partir des années 80, 90, où les femmes ont commencé à être des productrices de développement et de richesse, ont commencé à gagner par elles-mêmes de petits sous, il y avait violences physiques suivies de divorces. Mais maintenant, la violence est passée à une vitesse supérieure. C’est assassiner des femmes maintenant.
Où faut-il chercher les racines de cette violence ?
Les facteurs endogènes, c’est peut-être la situation des hommes. Inconsciemment, l’homme a commencé se sentir frustré devant cette femme qui va et qui vient. Surtout quand je vois des femmes de mon village qui font un petit commerce et arrivent à s’en sortir, et qu’on dise qu’elles sont émancipées ! Mais elles sont toujours à la maison, elles travaillent toujours, sont dans des ménages très compliqués, mais elles ont de petits business, vont acheter des choses à Kaolack ou Dakar, qu’elles viennent revendre. Et les hommes se sont sentis humiliés parce que compte tenu de la précarité économique, elles contribuaient à améliorer la nourriture. Toutes ces générations d’enfants nés depuis les années 90 à nos jours, on le voit avec les lutteurs et les chanteurs, un enfant qui réussit jusqu’à l’université, dit d’abord, je remercie ma mère. Pareil pour le lutteur, le chanteur, etc. On ne se rend pas compte, mais le père… De notre temps, c’était le père, ensuite la mère. Barké baye comme on disait, mais maintenant c’est le contraire. La mère est célébrée par toute une génération, parce que ces jeunes ont été élevés par les recettes du petit commerce qu’elles ont fait.
C’est la fragilité des hommes qui se manifeste donc…
En plus des facteurs internes, psychologiques. Mais les facteurs exogènes qui sont des influences, il y a les violences à la télévision. Les mardis, on regardait des pièces de théâtre avec les Daraay Kocc, etc. Les programmes étaient éducatifs et humoristiques avec les Abou Camara, les Makhouredia Guèye et Baye Peul. Mais maintenant, les séries sénégalaises… il y a cette violence dans les médias, les séries américaines et l’instabilité dans la sous-région qui favorisent la circulation des armes. Tous ces facteurs exogènes n’influent pas sur la violence, mais permettent de commettre un meurtre tout de suite.
Il y a aussi le silence des religieux…
Les hommes politiques, les religieux musulmans comme chrétiens, les associations de femmes, tout le monde doit se lever, se révolter. Quelqu’un m’a dit hier que les violences contre les femmes, ce sont les féministes qui doivent s’en occuper. C’est qui les féministes ? Ce sont nos enfants qui sont assassinés. Il y a tous ces facteurs et en face, l’impunité et la banalisation des meurtres de femmes, comme si les femmes les gênaient ! Moi en tout cas, je suis prête à me mettre toute nue, de la Place de l’indépendance à l’Obélisque, au Rond-point Yoff et devant la présidence de la République, pour exprimer toute l’horreur que je ressens face à ces meurtres de femmes de plus en plus récurrents et de plus en plus dans l’indifférence et l’impunité totale.
LE CORPS DES FEMMES SERT D’ARENE DE LUTTE
Pour être violente, la société sénégalaise l’est. Les meurtres de femmes s’ajoutent au spectacle triste de ces très jeunes enfants livrés à la rue. La face hideuse d’une société qui n’assume pas ses tares
Pour être violente, la société sénégalaise l’est. Les meurtres de femmes s’ajoutent au spectacle triste de ces très jeunes enfants livrés à la rue. La face hideuse d’une société qui n’assume pas ses tares.
La société sénégalaise est violente. Et cette violence est surtout dirigée contre les femmes et les enfants. Comme le répète souvent la chercheure sénégalaise, Maram Guèye, c’est une société qui a «glamourisé» la souffrance des femmes.
Et selon Adama Sow, les germes de cette violence sont profondément implantés dans notre déterminisme culturel. «La conception que nous avons, c’est que brimer ou battre la femme, c’est accepté. Il est coutumier de battre sa femme, mais les voisins ne réagissent même pas. La violence est en nous», s’indigne Adama Sow. «On sait qu’on vit dans des sociétés violentes, et ça ne date pas d’aujourd’hui. Faire mal, tuer sont devenus des actes banals, mais ce n’est pas normal. Et ce qui est énervant, c’est de vouloir en faire une question de féministes. Dès qu’on tue une femme, les gens demandent où sont les féministes ! Mais tout le monde, hommes et femmes, doit se lever pour dénoncer quand une femme est tuée. Religieux, politiciens, artistes, tous doivent dénoncer. Une femme tuée, c’est beaucoup de gens autour dont la vie est bouleversée, sa famille, ses enfants, etc.», dénonce Coumba Touré.
Le même constat est fait aussi par Dr Rama Salla Dieng, maîtresse de conférences à l’Université d’Edimbourg au Royaume-Uni. «Je me rends compte à chaque fois qu’il y a une sorte de schizophrénie. La société est tellement dans le masla, dans les apparences, alors qu’elle est profondément violente, patriarcale et que le corps des femmes sert d’arène de lutte, de domination d’un sexe sur l’autre. Et le féminicide est le paroxysme de cette violence-là. Que chaque jour, notre corps soit mutilé, que nous soyons tuées juste du fait de notre genre ou de notre sexe, n’est pas acceptable», indique-t-elle.
Avant d’en arriver là, les meurtriers sont pourtant passés par différents stades. Le plus souvent, l’on parle de violences conjugales répétées, de confrontations physiques dans lesquelles la femme est toujours sermonnée. A elle, revient le rôle de la «mougnkat», celle qui doit supporter. Et le silence de la famille vient renforcer ce carcan d’insécurité tissé par la société tout entière. «Beaucoup de victimes sont allées à la police maintes fois sans résultats, parce qu’on leur dit d’arranger les choses en complicité avec la famille. C’est un problème d’hommes, pas un problème de femmes», indique Ndèye Debbo Seck, éducatrice et féministe. Que faire ? Comme dans d’autres pays, propose Adama Sow, il faut mettre en place des dispositifs de prévention. «Il faut prévenir les féminicides et en parler. Les médias doivent jouer un rôle important. L’année dernière, quand il y a eu près de 250 féminicides en France, ils en ont parlé, ils ont mis en place des numéros courts avec les commissariats et les gendarmeries, et même des bracelets. Il y a un certain nombre de dispositifs qui existent dans beaucoup de pays et l’Etat pouvait s’en inspirer. Mais ne rien faire, ça me gêne», souligne Adama Sow.
par Courani DIARRA
AVOIR LES HOMMES À L’USURE
Le mariage tue l’amour !? Du jeu de séduction, lorsque les tourtereaux roucoulent jusqu’à ce que leurs deux corps « passent aux aveux » en se rencontrant, comme le chante si bien le Québécois Pierre Lapointe
Le mariage tue l’amour !? Du jeu de séduction, lorsque les tourtereaux roucoulent jusqu’à ce que leurs deux corps « passent aux aveux » en se rencontrant, comme le chante si bien le Québécois Pierre Lapointe, tout est excitant, exaltant même, encore plus dans les souvenirs ! Le conte de… faits est beau, du premier regard échangé au premier baiser hésitant, le cerveau imprime sans cesse, commandant aux membres des comportements… aimantés ! Choisir, c’est écarter les autres. Pour l’une, rarement pour l’autre, qui s’arroge le droit de papillonner partout et d’empoisonner ainsi la vie de sa compagne. D’où l’importance pour l’épouse d’exister sans avoir à être définie par son statut matrimonial, le nom de l’époux. Exister pour soi. En tant qu’individu, parallèlement à son mari. S’aimer, se respecter, s’estimer. Mais avoir la liberté de rester ou de partir. A la base, le mariage est un contrat de compagnonnage qui inclut dans ses avenants, la latitude de le réviser ou de le dissoudre. Ce que je trouve pédant, c’est la formule « vous aimer et vous chérir jusqu’à ce que la mort vous sépare ». C’est un peu narguer le destin qui sait si bien se montrer capricieux pourtant.
Arrêtons de subordonner la vie d’une épouse à celle du mari. Notre temps de vie est compté. Et c’est déjà assez compliqué pour certaines femmes de s’infliger la double peine d’abandonner son patronyme pour porter le nom d’un autre homme et d’en assurer la perpétuité en s’effaçant. Pas question pour elles de se suffire à des mots pour exorciser les maux qui les taraudent, encore moins de se résigner. « Quand on refuse, on dit non », pour emprunter l’expression d’Ahmadou Kourouma. Le corps d’une femme ne peut être vandalisé, son âme bafouée, sa vie écourtée pour avoir dit : « Stop ! Je ne veux plus de cette vie-là ! ». Elle ne doit pas être comptable de la faiblesse ou de la lâcheté de son conjoint. Elle ne demande qu’à vivre ! Et pouvoir respirer, espérer ! Donner le temps à son union de grandir dans la tolérance. Cela passe impérativement par commettre des erreurs, les reconnaître/accepter et les pardonner/classer. Sachons écouter nos sœurs, les épauler, en arrêtant de balancer les fatidiques banalités du genre : « Seykat dafay mougn » (une bonne épouse doit endurer (se plier ?) ou « Lima dathie doko dathie » (j’ai vu pire). Une jeune sœur venant de l’arrière-pays m’a avoué, il y a quelques jours que les femmes en milieu rural vivent des situations pires qu’à Dakar, qu’elles sont maltraitées et lorsqu’elles trouvent la force de s’enfuir du domicile conjugal, victimes de la violence du mari, elles y sont renvoyées, plus vulnérables que jamais, sans aucune autre forme de procès, au nom de la sacralité du mariage. Lorsqu’elles meurent des coups du tortionnaire, le drame est souvent étouffé en raison du « soutoureu » (sacro-sainte discrétion).
Par sororité, des femmes, considérées influentes, à tout le moins placées à des positions privilégiées, devraient porter le plaidoyer, dénoncer les féminicides et sensibiliser les filles à s’opposer à toute forme de violence : l’intimidation, la manipulation, la flagellation et j’en passe ! Marième Faye Sall, épouse du chef de l’Etat, Aminata Touré et Mame Madior Boye, anciennes Premières ministres, Aminata Mbengue Ndiaye, présidente du Hcct, les ministres femmes, les femmes « visibles » : stars de la chanson, sportives, comédiennes… doivent donner de la voix, organiser la riposte. Par exemple, faire des dons : maisons de transition (logement d’urgence et service d’orientation), terrains, bijoux ou argent pour financer l’assistance aux sœurs confrontées aux sévices de leur partenaire. Certaines victimes n’ont pas où aller, personne vers qui se tourner, aucune main tendue. Elles auraient certainement voulu écrire leur légende personnelle, impacter leur famille, leur quartier, la nation. Être inspirantes, remporter des batailles.
Les déesses sont immortelles ; les hommes, recyclables. Messieurs, ressaisissez-vous et hissez vos partenaires sur un piédestal. Cela ne vous grandira que davantage ! Les actes de violence sont légion et se taire équivaut à s’y complaire. Nous ne pouvons plus avancer à pas feutrés. Nous ferons du bruit et c’est ainsi que nous aurons les hommes, à l’usure.
LE NOUVEAU PLAN DE VOL HEBDOMADAIRE D’AIR SÉNÉGAL
Après l’annonce polémique de la suspension de ses vols vers Libreville-Cotonou-Douala, Air Sénégal est revenue sur sa décision par une note informant de la reprise de cette ligne.
Après l’annonce polémique de la suspension de ses vols vers Libreville-Cotonou-Douala, Air Sénégal est revenue sur sa décision par une note informant de la reprise de cette ligne. Dans ce nouveau programme de continuité, Bés bi a appris que la compagnie sénégalaise a finalement modifié ses plans en raison de deux vols par semaine devant desservir cette partie de l’Afrique centrale. Un changement que son directeur général, Alioune Badara Fall et son équipe entendent mettre en œuvre à compter du 30 octobre prochain. Pour rappel, c’est le 10 octobre dernier que la direction d’Air Sénégal, pour une « faiblesse de performances financières », avait annoncé sa volonté de suspendre cette destination. Il s’en était suivie une levée de boucliers de la part des Sénégalais installés dans ces pays. Dans le tollé, une lettre de protestation était parvenue au nouveau Premier ministre, Amadou Ba, invité à intervenir pour une reprise des vols. Il s’est fait certainement entendre…