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10 août 2025
PAR Farid Bathily
CELTIIS BÉNIN, UN OPÉRATEUR 100% BÉNINOIS SUR LE MARCHÉ DE LA TÉLÉPHONIE
Le nouvel opérateur promet des offres innovantes. Un pari pour le gouvernement au regard de la précédente initiative de l’État plombée par la mauvaise gestion et des critiques récurrentes adressées aux acteurs GSM par les consommateurs
Après le Sud-Africain MTN et le Marocain Moov, le Bénin dispose désormais d’une troisième figure de la téléphonie mobile, une initiative promue par l’État béninois. Baptisé Celtiis Bénin, l’opérateur a officiellement lancé ses activités le 21 octobre 2022 à Cotonou.
Le nouvel opérateur promet, entre autres, une couverture réseau de 80% du territoire dès l’entame de ses activités ; un tarif de retrait de 1% sur les transactions financières via mobile communément appelées « Mobile money » et une communication gratuite entre abonnés du segment fixe.
Immense défi
Autant de promesses destinées à séduire des consommateurs jusque-là ballottés entre MTN et Moov, sans vraiment obtenir pleine satisfaction. Outre leur coût élevé, la qualité des services proposés par ces opérateurs est souvent décriée au Bénin. La ministre du Numérique, Aurélie Adam Soulé Zoumarou, a d’ailleurs insisté à la fois sur la disponibilité de la fourniture des services et le niveau d’excellence de ces derniers parmi les grandes attentes du public vis-à-vis de Celtiis.
Le défi se révèle donc de taille. D’autant que le duopole MTN-Moov se partage le marché des communications électroniques au Bénin à raison de 60 et 40% de parts respectivement, selon de récentes données de l’Autorité de régulation des communications électroniques et de la Poste (Arcep) du Bénin.
Redynamiser le secteur des télécoms
Ce troisième opérateur téléphonique est une œuvre de la Société béninoise d’infrastructures numériques (SBIN), entreprise publique née de la volonté du président Patrice Talon de restructurer l’écosystème national des télécommunications. Le secteur était, en effet, marqué par des années de mauvaise gestion. Une situation qui a fait
péricliter plusieurs de ses acteurs, dont l’opérateur historique Libercom et sa maison-mère Bénin Télécoms Infrastructures.
Cette dernière a cédé la place à la SBIN en 2018. La nouvelle structure fut ensuite placée sous gestion déléguée de la Société nationale des télécommunications (Sonatel), opérateur historique du Sénégal trois ans plus tard. L‘objectif décliné par les autorités béninoises à travers cette décision consiste à "redynamiser le secteur du numérique et faire de Cotonou un hub des innovations technologiques en Afrique".
MTN et Moov restent pour l’heure silencieux face à la communication agressive du nouvel arrivant. Les consommateurs espèrent quant à eux que l’arrivée de ce dernier va ouvrir la voie à une véritable concurrence à leur bénéfice.
UNE CROISSANCE AU DESSUS DE LA MOYENNE SUBSAHARIENNE
Le Sénégal affiche une croissance économique située actuellement entre 4 et 5%, au dessus de la moyenne des pays d’Afrique Subsaharienne, a fait savoir, jeudi, le chef de division des études régionales au Département Afrique du FMI, Luc Eyraud.
Le Sénégal affiche une croissance économique située actuellement entre 4 et 5%, au dessus de la moyenne des pays d’Afrique Subsaharienne, a fait savoir, jeudi, le chef de division des études régionales au Département Afrique du FMI, Luc Eyraud.
’’Le Sénégal aujourd’hui à une croissance qui est au-dessus de la moyenne des pays d’Afrique subsaharienne, entre 4 et 5%’’, a-t-il déclaré lors de la présentation du rapport du FMI sur les perspectives économiques régionales en Afrique subsaharienne.
Le rapport intitulé ’’sur la corde raide’’ table ’’sur un ralentissement économique assez fort dans la région, lié à un ensemble de chocs mondiaux qui ont affecté l’Afrique subsaharienne’’, a ainsi laissé entendre Luc Eyraud, présentant les grandes lignes de cette étude.
La reprise économique en Afrique subsaharienne ‘’a connu un coup d’arrêt brutal’’, selon le rapport.
‘’L’année dernière, l’activité a rebondi en Afrique subsaharienne, ce qui a porté la croissance du PIB en 2021 à 4,7 %. Malheureusement, cette année, la croissance devrait ralentir de plus de 1 point de pourcentage, à 3,6 %, car un ralentissement international et une hausse spectaculaire de l’inflation mondiale se propagent dans une région déjà éprouvée par une série ininterrompue de chocs’’, selon le document.
L’étude souligne que ‘’le renchérissement des produits alimentaires et de l’énergie pénalise les populations les plus vulnérables de la région, et les déséquilibres macroéconomiques s’approchent de niveaux inédits depuis des décennies’’.
Il en découle, selon le responsable du FMI, ‘’une plus grande vulnérabilité de l’économie’’, avec des perspectives dans la région de l’Uemoa ‘’plus fortes que dans l’Afrique en moyenne notamment parce que certains pays ont une bonne gestion macroéconomique et encore un niveau de soutien par les Etats de l’activité économique qui reste assez fort.’’
’’Aujourd’hui, on a 120 millions de personnes en Afrique subsaharienne qui sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, soit plus d’une personne sur dix, tandis que la dette publique dans la région subsaharienne a augmenté de façon très significative et a doublé sur les dix dernières années en passant de 30% à 60% du PIB’’, a indiqué M. Eyraud.
Selon lui, il urge pour les pays concernés de lutter davantage contre l’insécurité alimentaire et faire des mesures de soutien aux populations les plus vulnérables’’, mais aussi ‘’limiter l’inflation’’, à travers un ‘’rééquilibre des finances publiques’’.
Il leur a également demandé de relever ’’’les défis du changement climatique’’, lequel, dit-il, ‘’affecte beaucoup la région avec une augmentation de phénomènes météorologiques extrêmes tels que la désertification dans le Sahel à des cyclones et les inondations’’.
’’Et donc, les pays doivent réellement saisir cette opportunité, de changer leur modèle de croissance et de s’adapter pour développer une économie verte plus forte, plus résiliente et bénéficier de très fortes dotations des économies de la région en ressources naturelles’’, a-t-il expliqué.
Pour sa part, la ministre de l’Economie, du Plan et de la Coopération, Oulimata Sarr, a souligné qu’il faut ’’aller vers l’option de la diversification économique d’autant plus que nos économies se caractérisent par une prédominance de l’exportation des matières premières’’.
’’Je suis convaincu de la pertinence d’orienter nos investissements dans le processus de transformation collective, afin que nos pays réussissent à tirer le plein potentiel de l’abondante dotation en ressources naturelles et humaines du continent’’, a-t-elle déclaré.
LE SENEGAL VISE LE 7EME CIEL À LA CAN DE BEACH SOCCER
7ème titre ! C’est l’objectif visé par les poulains de Mamadou Diallo qui affrontent ce vendredi 28 octobre, en finale de la coupe d’Afrique des nations de Beach Soccer, les Pharaons d’Egypte au niveau complexe sportif de Vilankulo de Mozambique
Le Sénégal a fait un pas important vers la revalidation de son titre, le 7ème de son histoire dont le 4ème d’affilée. Ce, après avoir battu le pays hôte, le Mozambique 3-2 dans la deuxième demi-finale de la Coupe d'Afrique des Nations de Beach Soccer 2022. Pour atteindre un tel objectif, les Lions doivent venir à bout des Pharaons d’Egypte qui jouent leur première finale dans cette compétition. Ce sera à partir de 13 h 30 dans la ville touristique de Vilankulo qui a été déclarée depuis le 21 octobre dernier, capitale du sport sur le sable, avec l'inauguration du complexe sportif de Vilankulo, construit dans un ancien jardin d'enfants de la ville.
7ème titre ! C’est l’objectif visé par les poulains de Mamadou Diallo qui affrontent ce vendredi 28 octobre, en finale de la coupe d’Afrique des nations de Beach Soccer, les Pharaons d’Egypte au niveau complexe sportif de Vilankulo de Mozambique. En demi-finale, les coéquipiers de Babacar Fall s’étaient défaits du pays hôte (3-2). Nelson (10'et 21') a inscrit le doublé pour le Mozambique, tandis que Souleymane Coly (1-2) et Babacar Fall (2- 2) ont égalisé pour les Sénégalais, Mamadou Sylla ayant inscrit le troisième but.
Les Lions du pays de la Téranga vont donc affronter l'Egypte à 13h 30, (15h30, heure locale), en finale ce vendredi 28 octobre. Les Pharaons, rappelle-t-on, avaient battu le Maroc 5-4 dans l'autre demi-finale. Ce sera la première fois pour l'Egypte qui n'a pas encore soulevé le trophée tant convoité. Il s'agira également de la reprise de la finale disputée entre l'Égypte et le Sénégal, dans la Coupe COSAFA, en préparation de la CAN Beach Soccer. Le Sénégal s'était imposé 5-4 face aux Égyptiens.
Dans le même temps, dans le match pour la troisième place, les hôtes affrontent les Marocains, également vendredi, à 12 h GMT, (14h00, heure locale). L'Ouganda a terminé le tournoi avec une honorable cinquième place au classement général après avoir battu ses homologues malawites 4-1 aux tirs au but après 6-6 en prolongation. Ce match avait pour but de qualifier les cinquième et sixième places de la compétition. Un format introduit pour permettre aux équipes de disputer le plus grand nombre de matchs possible. Ce fut un match dramatique et intense du début à la fin. En phase de groupe, les Ougandais ont été éliminés de la course au titre par les Pharaons, tandis que le Malawi est tombé aux pieds du Maroc.
Il s'agissait de la troisième rencontre entre le Mozambique et le Sénégal. La première a eu lieu lors de la finale du mois de mai, où le Mozambique s'est incliné 5-4.
La deuxième, en septembre de cette année, où les Mozambicains ont affronté les Sénégalais et ont perdu, par 5-4, dans un match de la Coupe COSAFA-2022, qui s'est tenue en septembre à Durban, en Afrique du Sud.
Les Sénégalais sont arrivés à Vilankulo en tant que triples champions d'Afrique, ayant gagné en 2016, 2018 et 2021. Pour participer à cette édition, ils ont éliminé le Cameroun par un score cumulé de 16-4 après avoir gagné, 7-3, à domicile et 9-1, à l'extérieur.
Le Sénégal compte plusieurs joueurs de classe mondiale, notamment le défenseur Ninou Diatta, qui a marqué 12 buts lors de la Coupe du monde d'octobre dernier en Russie, et les joueurs Laye Mandione et Raoul Mendy, qui ont marqué 10 buts chacun lors du même tournoi.
REACTIONS APRES LES DEMI-FINALES
ABINEIRO USSACA, SÉLECTIONNEUR DU MOZAMBIQUE :
"Nous avions bien lu la leçon mais, à un moment donné, l'émotion a pris le dessus sur les joueurs. Nous avons commis des fautes inutiles dans des zones dangereuses et cela a été crucial pour que le Sénégal remporte le match. Cependant, dans les matchs à haute pression, il est normal que des situations similaires se produisent. Le Sénégal est une meilleure équipe que nous. Ils ont cinq joueurs qui font partie du top 10 mondial. Nous devons garder la tête haute et continuer à travailler pour atteindre un meilleur niveau que celui que nous avons actuellement".
MAMADOU DIALLO, ENTRAÎNEUR DU SÉNÉGAL
"Nous l'avons fait. C'était un match très difficile et ce n'était pas facile. Je suis heureux que nous ayons réussi. Ce n'était pas facile parce que quand vous jouez avec le Mozambique, l'organisateur de ce tournoi, et ils n'ont jamais organisé quelque chose de la FIFA, c'est la première fois qu'ils le font, et ils voulaient gagner et pour nous, je savais que ce serait très difficile et j'ai préparé mes jeux et je leur ai dit que ce serait difficile pour les joueurs, pour la fédération"
par Assane Gueye
L’ART DE POSER DE MAUVAIS DIAGNOSTICS
Il faut s’étonner de ceux qui s’étonnent de la pagaille générée par les réseaux sociaux. L’internet est curieusement le seul domaine au monde qui n’est pas régulé. C’est là tout le problème.
Il faut s’étonner de ceux qui s’étonnent de la pagaille générée par les réseaux sociaux. L’internet est curieusement le seul domaine au monde qui n’est pas régulé. C’est là tout le problème. Les États, pas tous, ont été aveuglés jusqu’à abandonner une partie de leur souveraineté. Face aux développeurs d’algorithmes, ils sont étonnamment timorés, voire impuissants. Une victime des médias sociaux les avait déjà qualifiés de « poubelle ». Le Président Macky Sall les assimile à un « cancer ».
Il est certain qu’on est en présence d’une jungle que l’absence de règles fait prospérer. Les anonymes qui ne font que débiter des insanités font preuve de lâcheté. Le courage, c’est faire comme les Tatars dont chaque flèche portait le nom de son archer. Autre facteur de la déliquescence, les opérateurs qui écoulent les connexions font des profits immodérés. Mais ne font rien pour modérer les propos outranciers et images obscènes. Plus inquiétant encore, la connectivité matin midi soir dégrade la santé mentale de la jeunesse.
Un bon diagnostic est un début de guérison. Le Sénégal peut-il se permettre de rechuter dans l’atmosphère de médiocrité du 3ème mandat. Le principal concerné n’a dit ni oui ni non. C’est le manque de clarté et le dilatoire qui augmentent la tension. Le pire est que cela donne le sentiment que le pays n’a pas bougé d’un iota depuis 2011 à l’époque du reniement de maître Wade. Le phare démocratique est un canular démocratique.
Les assises de réflexion sur la paix et la sécurité en Afrique tenues à Dakar ont brillé par la guerre à fleurets mouchetés que se livrent le Mali et la France sur toutes les tribunes du monde. Ils ont pollué et parasité le forum sans évoquer les vraies causes du manque de sûreté et de quiétude. La corruption est le mal absolu. C’est ce qui fait le lit des instabilités, des inégalités et des injustices. C’est le terreau du terrorisme et de la délinquance kaki qui finit par s’habituer aux délices du pouvoir.
Le pouvoir législatif sénégalais, le 14eme du genre est atypique dans sa composition. Il ne va pas rompre les habitudes. Les contingences matérielles auront leur pesant d’or. Les députés ne roulent pas pour la sobriété. Ils veulent leurs gros véhicules gourmands en carburant. Qui polluent et causent accidents et embouteillages.
Les honorables ne sont pas les seuls à ne se soucier que de leur petit confort. L’intérêt général est mort de sa belle mort au Sénégal. Seul compte le bonheur individuel qui est la plus grande illusion qui soit. Le bonheur est toujours collectif. Les îlots de prospérité dans l’océan de malheur sont une impasse. À l’Assemblée nationale, l’urgence se trouve dans la modernisation de son vieux bâtiment, de ses outils de travail, du mobilier et des micros. Aucun des derniers Présidents de l’institution n’a d’ailleurs pris la peine de la moderniser. Le sens des priorités, le bon diagnostic et l’esprit de méthode font grandement défaut au Sénégal.
Par Théa Ollivier
LA BATAILLE DE LA SOCIETE CIVILE CONTRE LES OGM EST LANCEE AU SENEGAL
En juin, la loi sur la biosécurité, votée sans débats par l’Assemblée nationale sortante, a ouvert la porte aux organismes génétiquement modifiés, jusque-là interdits.
En juin, la loi sur la biosécurité, votée sans débats par l’Assemblée nationale sortante, a ouvert la porte aux organismes génétiquement modifiés, jusque-là interdits.
Dans son jardin à Thiès, ville située à 60 km à l’est de Dakar, Ibrahima Seck fait pousser des aubergines, des gombos et de l’hibiscus. Des produits destinés à sa consommation personnelle et tous issus de semences paysannes locales. «Cette diversité risque de disparaître si les semences génétiquement modifiées rentrent au Sénégal», s’inquiète l’agriculteur, qui cultive aussi des légumes bios dans ses douze hectares de champ, à 80 km de là.
Le coordonnateur de la Fédération nationale pour l’agriculture biologique (Fenab) se bat aujourd’hui pour que le président Macky Sall ne promulgue pas la nouvelle loi sur la biosécurité qui ouvre la porte aux organismes génétiquement modifiés (OGM). Votée le 3 juin, sans débats, par l’Assemblée nationale sortante quelques semaines avant les élections législatives, elle a provoqué l’indignation de la société civile.
Depuis 2009, une loi interdisait d’importer ou de mettre sur le marché des OGM, « susceptibles de provoquer une dégradation de l’environnement ou un déséquilibre écologique, ou de nuire à la santé humaine ou animale ». Mais cette disposition était un « frein au développement des activités liées aux OGM », selon le rapport de la nouvelle loi sur la biosécurité, qui a pour objectif de « tirer le maximum de profit des avantages qu’offre la biotechnologie moderne ».
Il s’agit pour le Sénégal de « s’ouvrir aux innovations et à l’univers de l’intelligence artificielle avec l’utilisation des OGM, tout en prenant en compte les impératifs de sécurité », indique le même rapport, citant l’ex-ministre de l’environnement et du développement durable, Abdou Karim Sall, limogé lors d’un remaniement ministériel en septembre.
En août, Ousseynou Kassé, directeur général de l’Autorité nationale de la biosécurité (ANB, bras technique du ministère de l’environnement, qui a rédigé le texte législatif) affirmait dans la presse sénégalaise que les OGM seraient un moyen de lutter contre le changement climatique en développant des semences résistantes au stress hydrique, à la salinité des sols, aux hautes températures ainsi qu’à certaines maladies et ravageurs. Tout cela dans le but d’un meilleur rendement.
LE BURKINA, EXEMPLE A NE PAS SUIVRE
Des arguments qui retiennent l’attention de Mamadou Ndiaye, coordonnateur de l’Union maraîchère des Niayes, une zone très fertile située à 80 km au nord de Dakar. Dans son champ, il utilise des semences autorisées par l’Etat, sans vraiment savoir si elles sont importées, OGM ou non reproductibles.
«Les agriculteurs se préoccupent d’abord de la productivité et de la résistance des semences afin d’améliorer les conditions de vie de leur famille. Si ces variétés améliorent nos revenus, nous serons preneurs », affirme-t-il, faisant confiance aux autorités pour définir si les OGM sont dangereux ou non. Son seul regret : le manque d’inclusion des agriculteurs dans les travaux autour de cette nouvelle régulation, qu’il aurait souhaité plus transparente.
Les organisations de la société civile représentatives du secteur agricole déplorent elles aussi que la loi n’ait pas été débattue à l’Assemblée et qu’elle ait été rédigée sans concertation avec les premiers concernés. Contactés par Le Monde pour connaître les raisons de ce vote précipité, ni le ministère de l’environnement ni l’ANB n’ont donné suite.
«Les OGM ne sont pas la solution, contrairement à l’agroécologie, qui permet de cultiver sainement de manière durable », lance Sidy Ba, porte-parole du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) : « Il faudrait plutôt renforcer les capacités des chercheurs sénégalais pour produire de meilleures semences locales, reproductibles et adaptées au changement climatique. » Le militant réfute l’argument de l’ANB selon lequel le Sénégal est en retard sur les biotechnologies, contrairement au Burkina Faso.
Ce pays est plutôt l’exemple à ne pas suivre, assure Ibrahima Seck, de la Fenab. De fait, le coton burkinabé a perdu en valeur et en qualité après l’introduction en 2009 d’une nouvelle variété OGM controversée, résistante aux attaques de ravageurs. La taille de la fibre s’est progressivement réduite et, depuis 2016, sa production a même été suspendue par les autorités burkinabées.
« La science n’est pas encore en mesure d’assurer que les OGM permettront un meilleur rendement sur le long terme, ni de garantir qu’ils n’auront pas d’impact sur la santé humaine, animale et végétale », met en garde Amadou Kanouté, directeur de l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev Africa), basé à Dakar : « Nous nous inquiétons aussi pour la biodiversité, car si des OGM servent à lutter contre certains nuisibles ou contre la salinité des terres, quel sera l’impact sur les oiseaux ou les abeilles ? »
DISPARITION DES SEMENCES PAYSANNES
Un autre risque est d’entraîner la disparition des semences paysannes traditionnelles, essentiellement utilisées pour les cultures céréalières comme le mil, le sorgho ou le maïs. Dans la pratique, la grande majorité des producteurs gardent une partie de leur récolte pour produire leurs propres semences – même si légalement, seules celles qui sont certifiées et inscrites dans le catalogue officiel peuvent être vendues.
« A cause de croisements naturels, les OGM pourraient faire muter nos semences locales, développées par nos grands-parents depuis des siècles », prédit Ibrahima Seck, qui dit redouter une standardisation des semences et de l’alimentation. « Les semences OGM non reproductibles vont nous rendre dépendants d’une poignée de multinationales étrangères qui dominent le marché mondial de la biotechnologie », poursuit le producteur, converti à l’agroécologie au milieu des années 1980.
Alors que le nouveau président du Kenya, William Ruto, vient d’autoriser les OGM dans son pays, Amadou Kanouté, de Cicodev Africa, insiste pour que les instances régionales telles que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ou l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) se saisissent du sujet. « Beaucoup de pays en Afrique sont sous la même pression des partenaires techniques et financiers et des multinationales pour abroger les lois restrictives et créer un environnement favorable à l’introduction des produits OGM », constate-t-il.
Mais au Sénégal, la bataille se joue désormais au niveau du Parlement pour les organisations désireuses que la loi ne soit pas promulguée. « Si le chef de l’Etat nous ferme la porte, nous avons encore une fenêtre d’opportunité avec la nouvelle Assemblée nationale, qui est un peu plus équilibrée. Nous irons à la rencontre des nouveaux députés quel que soit leur bord politique pour que la loi soit abrogée », annonce Amadou Kanouté, dénonçant un projet contraire aux orientations du Plan Sénégal émergent vert (PSEV), qui prône la transition écologique et la souveraineté alimentaire.
Théa Ollivier
(DaKar, Correspondance) (leMONDe.Fr/aFrIQUe)
UN MAL PROFOND
Le système éducatif dans la plupart des pays africains, notamment en Afrique subsaharienne, est confronté à de multiples crises à juguler en urgence pour arriver à une éducation inclusive et transformatrice et à un système performant
Dakar, 27 oct (APS) – Le système éducatif dans la plupart des pays africains, notamment en Afrique subsaharienne, est confronté à de multiples crises à juguler en urgence pour arriver à une éducation inclusive et transformatrice et à un système performant, a estimé la Coordonnatrice régionale du Réseau Africain de campagne pour l’Education pour tous (ANCEFA, en anglais).
Les pays africains font face à de multiples défis en matière d’éducation, au nombre desquels la pauvreté, les conflits, la crise sanitaire, les aléas climatiques mais également une crise de contenu des apprentissages pour adapter l’éducation aux besoins des communautés, a-t-elle souligné.
Elle a également relevé une ‘’crise de compétences puisque le système éducatif ne forme pas pour les métiers dont le continent a besoin’’.
La coordinatrice de ANCEFA faisait une présentation sur les ‘’défis de l’Education en Afrique’’ lors du 11éme Forum Politique régional et d’apprentissage, à l’initiative du Réseau Africain de campagne pour l’éducation.
‘’Il y a un grand nombre de chômeurs diplômés qui ne peuvent ni n’être employés ni créer leur propre emploi posant le problème de l’adéquation emploi- formation’’, a-t-elle insisté devant les délégués de coalitions nationales pour l’éducation pour tous venus d’une vingtaine de pays d’Afrique.
S’interrogeant sur ‘’quelle éducation pour quel profil’’, elle a souligné que ‘’l’école moderne est combattue dans certaines communautés comme véhiculant des valeurs venues d’ailleurs’’.
Pour la spécialiste en éducation, ‘’malgré l’obligation de fournir un cycle d’enseignement complet de 12 ans (1année pré primaire, primaire et secondaire), les coûts de l’éducation continuent d’impacter la capacité des parents à scolariser leurs enfants’’.
‘’Dans au moins 20 pays, principalement en Afrique subsaharienne, peu de jeunes filles rurales pauvres terminent leurs études secondaires, et seules 11 % des filles les plus pauvres des pays touchés par la crise terminent leur scolarité’’, a-t-elle ajouté.
En plus dans les zones de conflit, ‘’la multiplication des attaques contre les écoles, notamment dans la zone Afrique de l’Ouest et du Centre avec plus de 12400 écoles fermées (Juin 2022), constitue un grand défi’’.
Face à tous ces défis, signale-t-elle, l’Organisation des Nations Unies a tenu au mois de septembre 2022 un Sommet sur la Transformation de l’Education pour ‘’galvaniser la volonté politique au plus haut niveau avec la définition de pistes d’action’’.
A l’issue du Sommet, une déclaration de la jeunesse a invité à ‘’l’action sur l’égalité de genre et l’inclusion, sur le financement de l’éducation’’.
‘’Le suivi des engagements du Sommet sur la Transformation de l’éducation nécessite une société civile forte et une voix des jeunes audible’’, a-t-elle relevé.
Ainsi le 11éme Forum politique régional porte sur le thème ‘’le rôle de la jeunesse africaine dans l’éducation inclusive, émancipatrice et transformatrice basée sur les droits à l’ère numérique’’.
L’objectif entre autres pour le Réseau africain de campagne pour l’éducation pour tous est ‘’d’explorer le programme et les approches de transformation de l’éducation dans un contexte régional à travers une sélection d’études de cas nationales’’.
Il s’agit également au cours des échanges de deux jours de partager et acquérir des connaissances et des compétences sur la promotion du droit à l’éducation au 21ème siècle, en utilisant les différentes solutions numériques qui peuvent être utilisées en Afrique pour atteindre les laissés-pour-compte.
LE FMI SONNE L’ALERTE À PROPOS DES SUBVENTIONS À L'ÉNERGIE
Les subventions à l’énergie au compte de l’année 2022 pèsent lourd sur les finances publiques
Les subventions à l’énergie au compte de l’année 2022 pèsent lourd sur les finances publiques. En effet, elles passent de 150 milliards FCFA de termes de prévisions à plus de 750 milliards de projections en fin d’année 2022. D’où l’appel à un meilleur ciblage des subventions, conseille le représentant résident, à Dakar du Fonds monétaire international (FMI).
La politique énergétique du Sénégal ratifiée en septembre 2016 au lendemain de l’accord de Paris en vertu de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (Ccnucc) est certes bonne, mais elle est pesant sur les finances publiques, constate le représentant résident du Fonds monétaire international (Fmi) à Dakar, Mesmin Koulet-Vickot.
En effet, «avant avec la guerre en Ukraine, le gouvernement avait prévu une enveloppe de 150 milliards pour la subvention à l’énergie. En juin dernier, cette enveloppe a été portée à 300 milliards et selon nos dernières projections les subventions à l’énergie vont coûter plus de 750 milliards à l’Etat du Sénégal en 2022», a-t-il alerté hier, jeudi 27 octobre, à Dakar en marge de la présentation de l’édition d’octobre 2022 du rapport sur les perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne, intitulé : «Sur la corde raide».
A cette occasion la parole a été donnée aux économistes, enseignants-chercheurs et chefs d’entreprises d’analyser des thèmes comme : Renforcer la sécurité alimentaire en Afrique subsaharienne ; gérer l’incertitude des prix du pétrole et la transition énergétique dans les pays exportateurs de pétrole ; lutter contre la hausse de l’inflation en Afrique subsaharienne et l’innovation en matière de monnaies numériques en Afrique subsaharienne. Une subvention qui apparait énorme aux yeux du Fmi, car, cette somme représente environ «4,6% du Produit intérieur brut (Pib)», explicite le représentant résident de l’Institution de Bretton Woods. «Nous recommandons à l’Etat de mieux cibler ces subventions qui sont régressives parce que touchant les couches les plus aisées de la population. En clair, orienter ces subventions vers les ménages les plus vulnérables. Le gouvernement y travaille et nous l’encourageons à poursuivre ce chemin», a salué Mesmin Koulet-Vickot
BEACH SOCCER, VERS UN SEPTIÈME SACRE CONTINENTAL
L’équipe nationale de beach soccer du Sénégal, va tenter, face à l’Egypte, ce vendredi, à Vilankulos (Mozambique), de décrocher un septième titre continental, le quatrième d’affilée.
Dakar, 28 oct (APS) - L’équipe nationale de beach soccer du Sénégal, va tenter, face à l’Egypte, ce vendredi, à Vilankulos (Mozambique), de décrocher un septième titre continental, le quatrième d’affilée.
La finale de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de beach soccer est prévue à partir de 13h30mn GMT. Elle sera précédée à 12h de la rencontre pour la troisième place devant opposer le Maroc au Mozambique, pays hôte de la compétition.
Le Sénégal, nation la plus titrée de la compétition, avec six trophées remportés, joue sa huitième finale continentale, la cinquième consécutive.
Les Lions ont gagné les éditions de 2008, 2011 et 2013. Ils ont également été vainqueurs des trois dernières éditions 2016, 2018 et celle de 2021 jouée au Sénégal.
L’équipe national du Sénégal a participé à sept éditions de la Coupe du monde de beach soccer et est qualifiée pour une nouvelle participation à la compétition mondiale de beach soccer.
Le Sénégal avait déjà battu l’Egypte (6 - 4) en phase de poule qu’il partageait avec l’Ouganda et Madagascar.
En match d’ouverture de cette CAN, les Lions avait étrillé (10 - 1) les Cranes de l’Ouganda avant de terraser Madagascar (8 - 4).
Mercredi, en demi-finale, le Sénégal a sorti, le pays hôte de la compétition sur un score de 3 buts à 2.
L’AFFAIRE DU CONTRAT DE VENTE D’ARMES ET LA QUESTION D’UNE TROISIÈME CANDIDATURE DE MACKY SALL À LA UNE DE LA REVUE DE PRESSE DE L'APS CE VENDREDI
Le contrat de vente d’armes au ministère de l’Environnement et l’initiative de la société civile contre une troisième candidature de Macky Sall sont largement commentés par les quotidiens parvenus vendredi à l’APS.
Dakar, 28 oct (APS) - Le contrat de vente d’armes au ministère de l’Environnement et l’initiative de la société civile contre une troisième candidature de Macky Sall sont largement commentés par les quotidiens parvenus vendredi à l’APS.
‘’Le scandale ou supposé comme tel autour de l’acquisition d’un marché d’armement qui ne serait pas régulier tient en haleine le Sénégal. Et c’est parce que le montant, 45, 3 milliards, et les acteurs impliqués dans cette opération, comme Petit Boubé, diminutif de Aboubacar Hima, l’acquéreur, le ministère de l’Environnement, ne passent pas inaperçus’’, écrit le quotidien Bës Bi.
Dans cette affaire ‘’qui n’a pas fini de révéler tous ses secrets, il y a aussi ce mutisme légitimé et légalisé quand il s’agit de l’Armée’’, souligne la publication, notant que ‘’tout est dans +Secret défense+ qui rend inaccessible les informations. Mais dans cette histoire, la curiosité c’est l’acquisition des armes par le ministère de l’Environnement’’.
Selon l’OCCRP (Consortirum international de journalistes d’investigation), le contrat passé sans appel d’offres porte sur l’achat de fusils d’assaut, de pistolets semi-automatiques et de munitions pour un montant de 45 milliards de francs Cfa.
Le fournisseur, Lavie Commercial Brokers, appartient au Nigérien, Aboubakar Hima, dit ‘’Petit Boubé’’ qui serait mis en cause dans des affaires de détournement et de corruption dans des contrats de vente d’armes au Nigeria et au Niger.
Le quotidien se fait écho de ‘’la défense de l’Etat’’ et écrit : ‘’L’Etat se défend dans l’affaire des armes et convoque la loi’’.
Dans un communiqué, le porte-parole du gouvernement soutient que le contrat a été passé ‘’conformément à la règlementation en vigueur’’.
‘’Il a été approuvé par les services compétents de l’Etat, sous le sceau du +secret défense+ conformément aux dispositions du décret 2020-876 du 25 mars 2020 complétant l’article 3 du décret 2014 -1212 du 22 septembre 2014 portant Code des marchés publics, modifié par le décret 2022-22 du 7 janvier 2020 qui exclut du champ d’application du Code des marchés publics les travaux, fournitures, prestation de services et équipements réalisés pour la Défense et la sécurité du Sénégal et classé +Secret Défense+ qui sont incompatibles avec les mesures de publicité exigées par le code des marchés publics’’, dit-il.
Abdou Karim Fofana a tenu à préciser que ‘’le ministère de l’Environnement est fondé à passer des contrats d’armement au profit des Directions en charge des Eaux, Forêts, Chasses, Conservation des Sols et Parcs nationaux qui sont assimilés aux forces de sécurité et de défense conformément au décret N°2021-563 du 10 mai 2021’’.
Mais pour Libération, ‘’le communiqué du gouvernement n’a apporté aucune réponse par rapport aux zones d’ombres entourant ce contrat signé par le ministère de l’Environnement’’.
Selon la publication, ‘’au-delà de l’utilisation abusive du +Secret défense+ dans cette affaire, 4 questions, les plus essentielles demeurent sans réponse’’.
Par exemple, Libération s’interroge ‘’comment le ministère de l’Environnement a-t-il pu contracter avec une société en lien avec le sulfureux homme d’affaires nigérien Aboubacar Hima dit Petit Boubé qui est suspecté de détournement de 76 milliards de francs Cfa dans son propre pays en plus d’être sous le coup d’un mandat d’arrêt du Nigéria qui n’a pas été exécuté par le Sénégal où le mis en cause est venu au moins deux fois entre septembre et août 2022’’.
Dans L’Observateur, le porte-parole du gouvernement déclare qu’’’à ce jour, aucune ressource publique n’est engagée’’ dans cette opération de vente d’armes.
L’initiative de la société civile ‘’contre un 3ème mandat’’ de Macky Sall est largement relayée par les quotidiens dont Sud Quotidien qui note que ‘’la société civile appelle le chef de l’Etat à faire une déclaration ouverte pour lever toute équivoque et installer définitivement le Sénégal dans des conditions de sérénité, de paix et de stabilité durables’’.
Selon Enquête, ‘’la société civile dit Non à un troisième mandat’’. ‘’Alioune Tine, Y en a marre et cie avertissent Macky Sall’’, dit Vox Populi.
Le Soleil met en exergue la cérémonie de pose de première pierre par le chef de l’Etat des Classes préparatoires aux grandes écoles à Thiès et titre : ‘’Le Sénégal poursuit sa quête d’excellence’’.
A cette occasion, Macky Sall a ‘’loué la qualité du système éducatif national’’, selon Le Témoin. ‘’Macky Sall exalte l’excellence et le savoir’’, dit L’As.
« JAMM A GËN 3EME MANDAT » SUR LES TRACES DU M23
«Jamm a Gën 3ème mandat » (la paix vaut mieux qu’un troisième mandat) ! Telle est la nouvelle initiative lancée hier, jeudi 27 octobre, par des organisations de la société civile sénégalaise pour barrer la route à une troisième candidature de Macky Sall
Nando Cabral GOMIS et Papa Moussa Camara (Stagiaire) |
Publication 28/10/2022
Souvent cité comme un exemple de démocratie en Afrique, le Sénégal ne semble pas pour autant exempt de tout défaut. La preuve, le lancement hier, jeudi 27 octobre, par des organisations de la société civile sénégalaise de l’initiative « Jamm a Gën 3ème mandat » pour barrer la route à une troisième candidature du Président Macky Sall, onze années après la naissance du M23 qui a mené la lutte contre la troisième candidature du Président Abdoulaye Wade de juin 2011 à février 2012.
«Jamm a Gën 3ème mandat » (la paix vaut mieux qu’un troisième mandat) ! Telle est la nouvelle initiative lancée hier, jeudi 27 octobre, par des organisations de la société civile sénégalaise pour barrer la route à une troisième candidature de l’actuel locataire du Palais de République, Macky Sall lors de la présidentielle de 2024. A l’occasion de ce lancement, les responsables de l’initiative « Jamm a Gën 3ème mandat » ont également publié une lettre ouverte adressée au Président Macky Sall. Dans cette correspondance, ils invitent notamment l’actuel chef de l’Etat à respecter la Constitution, la parole donnée et à ne pas présenter sa candidature à l’élection présidentielle de 2024. Il s’agit de : AfrikaJom Center, Y’en A Marre, AfricTivistes, LEGS Africa, Ligue Sénégalaise de défense des Droits de l’Homme (Lsdh), Rencontre africaine des droits de l’homme (Raddho), Forum Social Sénégalais, FRAPP France Dégage, Union démocratique des enseignantes et enseignants du Sénégal (Uden), Cos-M23.
SENEGAL : UNE DEMOCRATIE SUR LE PAPIER?
Il faut dire que cette nouvelle initiative « Jamm a Gën 3ème mandat » (la paix vaut mieux qu’un troisième mandat)remet au gout du jour le débat sur la fragilité de la démocratie sénégalaise. Très souvent cité comme un exemple de démocratie apaisée dans une région ouest africaine voire africaine abonnée aux changements anti démocratiques du pouvoir, cette exception démocratique Sénégalaise semble, cependant, être plus le fruit d’un esprit patriotique des forces militaires sénégalaises que de l’engagement de nos hommes politiques. La preuve, ce débat en cours sur la troisième candidature de l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall à l’origine de cette initiative de la société civile qui intervient onze ans après le lancement officiel du mouvement du 23 juin (M23) par des organisations de la société civile sénégalaises et des partis politiques de la grande coalition d’opposition Benno Siggil Sénégal.
«JAMMA GËN 3EME MANDAT» SUR LES PAS DU M23
Lancé le lundi 27 juin 2011 au lendemain des manifestations violentes qui ont abouti au retrait du projet de loi instaurant l’élection simultanée du président et du vice-président de la République avec seulement une majorité requise de 25 % des suffrages exprimés, le M23 avait pour objectif de poursuivre le combat pour le départ du président Abdoulaye Wade, soupçonné de vouloir briguer un troisième mandat nonobstant la limitation qu’il fait inclure dans la nouvelle constitution adoptée en 2001 et ses nombreux engagements à faire deux mandats. Ainsi, de juin 2011 jusqu’à la veille de la présidentielle de février 2012, plusieurs manifestations ont été ainsi organisées par des responsables du M23 dont certaines avaient occasionné plusieurs blessés mais également des morts. La principale requête des responsables du M23 lors de ces manifestations était que le Président Wade s’engage par écrit à ne pas être candidat à la présidentielle de 2012, parce qu’il avait déjà effectué deux mandats. Le Conseil constitutionnel, appelé à trancher cette question en dernier lieu, au cas où le président Wade déciderait à forcer sa candidature était également mis en garde contre toute validation de cette candidature par les responsables du M23.
DE«WADE DEGAGE» A MACKY «JAMMA GËN 3EME MANDAT»
Aujourd’hui, onze ans après ces événements, voilà le Sénégal encore miné par le débat portant sur la question de troisième candidature que l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall, avait pourtant dit résoudre à travers la révision constitutionnelle qu’il a initiée en mars 2016. D’ailleurs, pour marquer la rupture avec son prédécesseur dont la troisième candidature a installé le Sénégal dans une longue période de tension politique, l’actuel chef de l’Etat s’était engagé à réduire la durée de son premier mandat de 7 à 5 ans avant de faire marche arrière après un avis du Conseil constitutionnel en 2016. Et pour se conformer à ses autres engagements vis-à-vis du peuple sénégalais, il a fait réviser la Constitution de 2001 qui limitait déjà le nombre de mandats présidentiels à deux en verrouillant cette disposition à travers une réécriture de l’article 27 : « nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs ».
En effet, membre fondateur du M23, Macky Sall était très engagé sur le terrain de la contestation de la troisième candidature de son ex-mentor dans le Parti démocratique sénégalais et le régime libéral au même titre que feu Amath Dansokho, feu Ousmane Tanor Dieng, Moustapha Niasse et Abdoulaye Bathily pour ne citer que ceux-là. Des leaders politiques membres de la grande coalition Benno Siggil Sénégal avec qui il a formé l’actuelle coalition majoritaire au pouvoir, Benno Bokk Yakaar entre les deux tours de la présidentielle de 2012 pour une nouvelle gouvernance politique basée sur la charte de gouvernance des Assises nationales qui prône la limitation des mandats présidentiels à deux. Cependant, alors qu’il a affirmé, à plusieurs occasions, son incapacité à briguer une troisième candidature en 2024, de plus en plus les partisans du Président Sall, sous prétexte que sa candidature relève d’une demande sociale, l’incitent à se représenter en 2024.